CURRICULUM Schweiz Med Forum 2005;5:459–464 463
– groupe 1: présence de virus dans le myocarde
sans aucune réaction immunologique;
– groupe 2: présence de virus dans le myocarde
avec une réaction immunologique positive;
– groupe 3: absence de virus dans le myocarde
et absence de réaction immunologique;
– groupe 4: absence de virus dans le myocarde
en présence d’une réaction immunologique.
Les groupes 1 et 2 représentent des patients dont
l’atteinte est liée de façon prédominante à la per-
sistance de la virémie avec une réaction immu-
nologique pouvant être absente, ou partielle.
Dans ce dernier cas, la réponse immunologique
antivirale est détectable mais n’est pas suffisante
pour éradiquer le virus. Ces deux groupes de pa-
tients pourraient donc répondre à un traitement
antiviral par interféron par exemple, le problème
principal étant l’état virémique persistant. Les
patients du groupe 3 ne présentant ni virus dans
le myocarde ni réaction immunologique détecta-
ble, sont ceux dont l’étiologie de la CMD n’est ni
virale ni immunologique, mais par exemple
ischémique ou infiltrative: le traitement est alors
déterminé par la pathologie de base à l’origine
de la cardiopathie. Le groupe 4 représente
des patients ayant éliminé leur virus par une
réaction immunologique adéquate ou, plus fré-
quemment, qui n’ont jamais présenté de virémie
significative. Des auto-anticorps circulants anti-
myocardiques pourraient être responsables de la
dysfonction myocardique persistante. Un traite-
ment immunosuppresseur peut alors se révéler
efficace.
Ce concept est à l’origine d’une étude multicen-
trique en cours testant cette hypothèse. Cette
évaluation nécessite: a) une recherche du virus
par PCR dans le myocarde recueilli par BEM de
façon systématisée; b) une détermination de la
présence d’anticorps antimyocardiques circu-
lants. Les traitements spécifiques pourraient
alors être de 3 types: interféron-asi le virus est
présent; immunosuppresseur en cas de réaction
immunologique de type auto-immun; perfusion
d’immunoglobulines quand le virus est présent
mais avec une réaction immunologique insuffi-
sante. Cette attitude thérapeutique ne peut être
retenue systématiquement tant que son bénéfice
clinique n’est pas démontré. En dehors d’une
étude prospective dans ce domaine, il n’y a pas
d’indication reconnue à la BEM dans la mesure
où il n’existe pas de traitement spécifique de rou-
tine dont le bénéfice clinique soit démontré, que
cela soit dans le cadre d’une CMD évoluant
depuis plus de 6 mois ou dans celui d’une myo-
cardite aiguë.
Le cas particulier de la cardiopathie du péripar-
tum est à évoquer dans la mesure où il n’existe
pas actuellement de traitement reconnu. L’im-
munosuppression pourrait apporter un bénéfice
dans 50% des cas environ, à condition que la
BEM démontre un infiltrat inflammatoire signi-
ficatif [20]. Le risque d’un traitement immuno-
suppresseur associant corticothérapie et aza-
thioprine ou ciclosporine chez une femme ayant
souvent bénéficié d’une césarienne, intervention
l’exposant à des problèmes de cicatrisation et/ou
à une augmentation du risque d’infection, doit
toutefois être pris en compte.
Conclusions
L’indication à une BEM de routine est retenue
pour le suivi après transplantation cardiaque et
l’évaluation de la cardiotoxicité des anthracycli-
nes. La plupart des autres pathologies peuvent
être identifiées par une autre procédure compor-
tant moins de risques. Dans d’autres situations
cliniques susceptibles d’être diagnostiquées par
une BEM, il n’existe souvent pas de traitement
efficace. Les résultats des études actuellement en
cours à la recherche d’une étiologie virale ou en-
tretenue par un mécanisme auto-immun modi-
fieront peut-être l’approche des CMD. Un traite-
ment spécifique selon l’étiologie pourrait alors
modifier le pronostic de cette atteinte. La cardio-
myopathie du péripartum reste une situation
particulière dont la prise en charge diagnostique
et thérapeutique est à discuter de cas en cas.
Remerciements
Nous remercions le Dr Louis Guillou, Professeur
ordinaire, et le Dr Igor Letovanec de l’Institut
Universitaire de Pathologie de Lausanne pour les
illustrations.
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