Insertion des jeunes non scolarisés en difficulté 4
3. Pistes de réflexion.
Les réflexions qui suivent sont le résultat de quatre années d'observation, d'études et d'enquêtes à la
fois auprès de responsables des politiques publiques, des professionnels concernés et des jeunes.
3.1. Observer plus finement les trajectoires biographiques et les logiques d'insertion des
jeunes.
Les dispositifs publics en direction des jeunes ont été dans un premier temps indifférenciés puis
individualisés, or le pari de l'individualisation ne peut plus être tenu en raison de l'effet de masse du
public accueilli dans les structures d'accueil. Je pense donc qu'il faille améliorer la connaissance des
trajectoires, des besoins, et des potentialités des jeunes afin de saisir leurs propres stratégies et dans
l'optique d'ajuster les politiques publiques qui s'y adressent. Une approche par profils types de
trajectoires offre une approche médiane entre l'approche indifférenciée et l'approche individualisée.
L'étude "Trajectoire de vie et logique d'insertion" est l'aboutissement de trois années de travail en
collaboration avec les opérateurs de terrain et quelques chercheurs dans le domaine de la jeunesse
(DUBAR, MAUGER et BOUAMAMA). Elle s'est conclue par un rapport (SI AMER, TOUZE, 1995) qui
définit cinq profils types de trajectoires très différenciés et souligne l'absence de réponse publique
auprès de toute une partie de la jeunesse. L'offre d'insertion si elle est unique est inadaptée et
excluante.
3.2. Réintroduire le point de vue des jeunes.
L'étude "Logique de formation et référentiel d'évaluation" (NOËL, VOLPONI, 1996) nous a permis
de redonner la parole aux jeunes dans l'acte de formation : ils sont bien souvent les oubliés de
l'évaluation. Cela nous a permis d'observer que, pour eux, la qualité de la formation repose avant
tout sur la qualité relationnelle avec le formateur qui se traduit par de la rigueur, de l'écoute, un
soutien, un accompagnement et un traitement égalitaire. Le second élément à souligner est la valeur
presque mythique du stage en entreprise qui marque le passage dans la communauté des "gens
normaux". Au niveau de la pédagogie à mettre en oeuvre auprès de ce même public : l'acte de
formation doit permettre au jeune de se positionner au regard de trois processus :la
conscientisation (démystifier le monde de l'entreprise, identifier les services sociaux environnants,
apprendre à capitaliser l'expérience) ; l'appropriation, activation des acquis professionnels,
activation des acquis sociaux....la mobilisation des ressources et la contractualisation avec de
nombreux partenaires pour développer droits et devoirs d'une citoyenneté en construction, c'est-à -
dire de développer ses capacités dans le domaine de l'estime de soi, du positionnement social et de
la préparation dans l'avenir. Là où l'objectif d'insertion professionnelle est omniprésent, les
jeunes réclament à être reconnus comme des citoyens à part entière.
3.3. Evaluer les dispositifs publics en cherchant à mesurer le degré d'exclusion généré .
En France l'offre actuelle d'insertion n'offre pas de place aux jeunes les plus en difficulté. La
suppression du programme de Préparation Active à la QUalification et à l'Emploi crée un vide dans
l'offre d'insertion. Toute une frange du public jeune en voie de précarisation (public sésentarisé)
glisse peu à peu des dispositifs d'insertion vers les dispositifs d'hébergement d'urgence, d'accueil
médicalisé. L'exclusion des dispositifs d'insertion génère d'autres exclusions en matière d'accès aux
soins, à la protection sociale, au logement. Une offre d'insertion globale mériterait d'être
développée. A cet égard une expérience conduite dans le département du Gard auprès de jeunes dits
en Grande Difficulté mériterait l'attention des décideurs régionaux et nationaux (NOËL, 1994).
Il s'agit de développer un approche globale et mobiliser un partenariat large.
Le processus d'insertion se construit autour de l'économique, du social et de la citoyenneté. Cela
signifie que toute action d'insertion doit produire une avancée vers ces trois objectifs, dont chacun
détermine une logique d'intervention : l'acquisition d'un poste de travail conditionne la logique de
placement ; la socialisation du jeune structure la logique d'accompagnement ; la formalisation
d'un savoir acquis ordonne la logique de certification (NOËL, VOLPONI, 1996). Si la poursuite des
trois logiques est l'idéal pédagogique de toute action, nous avons observé que le plus souvent ceux-