La dilatation-torsion de l`estomac du chien

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MJA / dimanche 2 août 2015 / Question de développement
La dilatation-torsion de l’estomac du chien
Danielle Frei-Perrin, vétérinaire
Parmi les urgences rencontrées souvent de nuit, on retrouve l’affection de la dilatation-torsion de
l’estomac du chien. C’est une urgence médicale et chirurgicale, grave, puisque sans une rapide prise
en charge, le chien meurt.
Comment cette urgence peut-elle se produire?
Pour déjà bien comprendre comment cela est possible, il faut tout d’abord se représenter l’estomac
du chien anatomiquement.
L’estomac est simple (monogastrique), de contenance de 0.5 à 7 litres selon les races de chiens. On
peut se l’imaginer comme un gros haricot. Il est très peu fixé dans la cavité abdominale, par un
ligament, le petit et le grand omentum (sortes de filets) qui ne stabilisent pas beaucoup, surtout en
ce qui concerne le grand, la continuité des organes digestifs (œsophage et intestin) et la rate.
Lors de dilatation–torsion de l’estomac, il est toujours incertain si l’estomac gonfle puis de tord ou si
la torsion a lieu puis la dilatation se produit. Mais au final, ce syndrome apparaît toujours de façon
brutale et rapide. Le pylore (le lieu de vidange de l’estomac, la sortie) qui est à droite et
ventralement passe par-dessus dans le sens des aiguilles d’une montre et remonte vers la cardia,
(l’entrée de l’estomac), en-haut à gauche. Le grand filet et la rate suivent en général le mouvement.
Mais pourquoi souvent la nuit ?
Les causes de cette affection sont multifactorielles.
On sait que certaines races à poitrail profond sont prédisposées, dogue, st-Bernard, briards, mais il
peut arriver que des petites races soient aussi concernées.
Parmi les facteurs prédisposants, on trouve le facteur diététique, un seul repas quotidien, gros, le
soir suivi par une prise de boisson importante. Du mouvement peu après favorise énormément le
risque. Mais d’autres facteurs sont suspectés de jouer également un rôle, puisqu’actuellement les
mesures diététiques sont de plus en plus gérées de façon optimale et pourtant nous rencontrons
toujours ce type d’urgence la nuit. Un rôle est à chercher du côté de la gastrine, de la production de
gaz de fermentation, de laxité des ligaments autour de l’estomac, de tumeurs, et surtout de
dysfonctionnements myoélectriques entraînant des anomalies de contraction et donc de vidanges.
Et pourquoi est-ce si grave ?
Un état de choc s’installe rapidement. La pression de l’estomac comprime la veine porte et la veine
cave caudale, donc 2 vaisseaux sanguins très importants pour le reflux du sang vers le cœur. S’ensuit
une hypotension artérielle et une diminution du débit cardiaque. En ajoutant la compression et les
stases veineuses, ainsi que différents types de choc selon les tissus atteints, les organes vitaux sont
en état d’hypoxie, donc en danger de mort.
Et quels sont les signes ?
Le chien est soudainement nerveux, ne se pose pas, ou il cherche comment se mettre, il halète
beaucoup, salive, peut tenter de vomir sans réussir et souvent on observe une augmentation
soudaine de la taille de l’abdomen. Ce syndrome est extrêmement douloureux.
Que doit-on faire dans ce cas ?
Ne pas laisser souffrir le chien et contacter rapidement son vétérinaire. Comme cela arrive souvent la
nuit, il faudra trouver un vétérinaire en urgence. Généralement, le vétérinaire traitant habituel laisse
sur son répondeur téléphonique un numéro de téléphone pour les urgences, donc au lieu de perdre
du temps à chercher sur internet, téléphoner à son vétérinaire traitant en se munissant d’un papier
et crayon est la 1ère chose à faire. Il faut aussi se préparer à emmener le chien chez le vétérinaire
urgentiste, celui-ci ne se déplace pas et ne peut de toute façon rien faire s’il n’est pas au cabinet,
manque de matériel et de médicaments. Cela représenterait une perte de temps inutile.
Que peut faire le vétérinaire ?
En premier, confirmer le diagnostic et informer les propriétaires.
Le traitement est d’abord médical pour tenter de stabiliser au plus vite l’état de choc car une
opération fait souvent suite, soit immédiatement soit après quelques heures.
Donc il y a 4 phases dans la prise en charge après le diagnostic : Traitement du choc et prévention du
syndrome de la re-perfusion (médicaments, perfusions à haut débit), décompression de l’estomac
(sonde), réduction de la torsion (chirurgie), prévention de la récidive (chirurgie, gastropéxie).
Mais aussi, selon l’âge du chien, d’autres pathologies concomitantes ou s’il s’agit d’une récidive, et
sachant que cette prise en charge est également d’un certain prix (2500-3500.-), une euthanasie peut
parfois être effectuée.
Et comment est le pronostic du traitement ?
Les connaissances au sujet de cette affection évoluent encore et améliorent toujours le pronostic, en
principe grâce à une meilleure gestion des perfusions et une meilleure connaissance de technique de
gastropéxies. Autrefois, une mortalité de 90% était décrite, actuellement on arrive à 30%. Les
premiers jours post-opératoires sont très critiques, mais pour la suite, c’est le risque de récidive qui
est fortement craint. Sans gastropéxie, le risque de récidive se situe vers 70-80% et avec une
gastropéxie il diminue à 10%.
Conclusion
La dilatation-torsion de l’estomac du chien fait toujours peur, et ne peut pas forcément toujours se
prévenir, mais les techniques médicales et chirurgicales de prise de charge ainsi que les services
d’urgence des vétérinaires mis en place ces dernières années ont considérablement amélioré le
pronostic. Mais il est vital d’être rapide dans son intervention, que ce soit pour une opération ou
pour une euthanasie, car le chien SDTE est terriblement en souffrance.
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