• Les conséquences de la globalisation des marchés, de la construction progressive du Marché Unique
des services financiers et des mutations technologiques conduisent la COB à développer son action
internationale.
S’agissant de la régulation du marché financier européen,l’initiative de la Présidence française a conduit
la COB à participer activement aux travaux du Groupe des Sages présidé par Monsieur Alexandre
Lamfalussy, dont les conclusions, qui rejoignent pour l’essentiel nos propres analyses,ont été entérinées
par le Conseil Européen de Stockholm.
La COB a, par ailleurs, apporté son concours aux activités du Forum Européen des Commissions de
Valeurs Mobilières (FESCO), dans le triple domaine de l’élaboration de propositions de réformes
soumises à la Commission Européenne, de la construction d’un corpus harmonisé de standards et de
règles de conduite pour les régulateurs, et de la coopération nécessaire à la surveillance des marchés.
L’action internationale s’exerce également au sein de l’Organisation Internationale des Commissions de
Valeurs (OICV) dont il faut souligner l’importante décision de validation des standards comptables
essentiels de l’IASC, prélude à la réforme de cette organisation et au choix communautaire de
reconnaissance de ses normes internationales pour les entreprises européennes cotées.
Il faut, par ailleurs, souligner l’importance stratégique de la constitution d’Euronext, regroupement des
entreprises de marché française, belge et néerlandaise, qui appelle, de la part des régulateurs des trois
pays, la mise en œuvre de dispositifs originaux de coopération pour accompagner le déploiement de
la première bourse européenne. Par delà l’intégration des systèmes opérationnels de transaction, de
compensation et de règlement-livraison, se pose en effet le problème de l’harmonisation, voire de
l’unification des règles de marché.
Je voudrais,enfin, mentionner l’implication de la COB dans la coopération technique avec ses homologues
de marchés émergents, en Europe Centrale (et plus spécialement en Pologne) et en Afrique du Nord.
• Toutes les actions engagées ou conduites en 2000 trouveront leur prolongement dans le programme
d’action de 2001.Deux circonstances particulières influenceront cependant les travaux à venir de la COB.
La première concerne, bien sûr, le projet de constitution d’une autorité unique des marchés financiers,
regroupant COB,Conseil des Marchés Financiers (CMF) et Conseil de Discipline de la Gestion Financière
(CDGF). Je forme le vœu que ce projet, que je crois nécessaire compte tenu, notamment, des évolutions
internationales, puisse être mené à bien dans les meilleurs délais et conditions.
Pour autant, la COB ne saurait adopter une attitude passive et attentiste et se doit d’accompagner et de
favoriser les progrès de la Place de Paris. La seconde circonstance tient précisément au lancement, dès
le début de l’année dernière, d’un exercice interne de réflexion sur ses missions, ses méthodes et ses
moyens. Les chocs de l’an 2000 et le projet de réforme ont en fait accéléré ce processus,si bien que de
nombreux chantiers sont en cours, parmi lesquels je voudrais plus spécialement citer :
– une vaste consultation de place sur les procédures de visa des opérations financières des
entreprises, destinée à en rénover la méthodologie et, sans doute, à modifier la répartition des devoirs
et des responsabilités des divers intervenants (émetteurs, intermédiaires, régulateur) ;
– une réflexion sur les contrôles à exercer en matière de sociétés et de produits de gestion pour
compte de tiers, et sur les systèmes de rémunération en vigueur dans cette industrie ;
– la participation aux travaux législatifs relatifs aux nouvelles régulations économiques, à la réforme
du démarchage, au régime d’émission des valeurs mobilières ;
– la régulation d’Euronext ;
– la construction d’un système européen de régulation cohérent avec le Marché Unique et la Monnaie
Unique, et particulièrement la préparation du passage aux normes comptables internationales ;
– la modernisation et le déploiement de notre propre communication, notamment sur la
“jurisprudence” de la COB, et sur l’assistance aux épargnants (plus spécialement sur le passage à
l’euro fiduciaire).
Plus généralement,la Commission s’est attachée,en concertation avec les acteurs de la Place,à compléter,
actualiser, clarifier ou moderniser, selon le cas, les dispositifs réglementaires et techniques propres à
assurer la transparence du marché : il s’agit, par exemple, des modalités de communication des
entreprises en cas de changement de prévisions de résultats, des concepts utilisés pour rendre compte
de la “création de valeur”,ou des outils de diffusion de l’information (notre banque de données “Sophie”,
notre site Internet)…
Par ailleurs, d’importants progrès ont été accomplis, en coopération avec le Conseil National de la
Comptabilité, pour moderniser les normes comptables et, en partenariat avec la Compagnie Nationale
des Commissaires aux comptes, pour préciser les règles déontologiques applicables à une profession
dont l’intervention est essentielle au regard de la fiabilité de l’information financière des entreprises, et
dont l’indépendance doit être garantie. Le Comité de déontologie de l’indépendance, créé en 1999 et
présidé par M.Yves Le Portz, s’est ainsi affirmé au cours de l’année 2000 comme l’un des instruments
essentiels de la crédibilité de la profession française de l’audit.
• L’industrie française de la gestion des capitaux a connu en 2000 une nouvelle année de croissance :
+ 18% et 1 300 milliards d’euros gérés au 31 décembre 2000. Elle s’est maintenue, dans le domaine de
la gestion collective, au premier rang en Europe. Par delà l’exercice quotidien de sa mission d’agrément
des opérateurs et des produits financiers, la COB s’est attachée à accompagner ou à favoriser les
évolutions juridiques et techniques de cette profession stratégique pour l’avenir de la Place : il faut, à ce
titre, signaler les travaux relatifs à la réglementation et à la déontologie des fonds de capital risque,
l’innovation des OPCVM “indiciels” cotés sur le marché, et la nouvelle loi sur l’épargne salariale. Sur ce
dernier point, il faut espérer que cette loi, outre l’élargissement bienvenu du champ de l’épargne
salariale aux PME, favorise l’investissement en actions. C’est, en effet, l’une des fragilités persistantes du
marché français, soulignée de longue date dans les rapports de la COB, que l’insuffisante proportion de
l’épargne domestique, pourtant abondante, investie dans les actions des entreprises françaises. Il en
résulte une forte dépendance du marché français à l’égard des fonds étrangers (au demeurant utiles à
notre économie) qu’il s’agisse de capitalisation boursière des entreprises ou d’évolution des cours.
• La protection de l’épargne s’exerce, enfin, par la double activité de surveillance des opérations et de
traitement des courriers soumis à la COB par les investisseurs.
L’année 2000 aura été, sur le premier point, particulièrement contrastée. Les diligences des enquêteurs
ont conduit la COB à se saisir, ou à saisir le Parquet ou les autres autorités compétentes, de plusieurs
rapports, dont certains d’importance significative, identifiant des agissements susceptibles de relever
de procédures disciplinaires, administratives, ou pénales. L’un d’entre eux a mis en cause deux
collaborateurs de la COB. Cette situation – sans précédent depuis la création de la COB – a conduit à
leur licenciement pour faute grave et à leur mise en examen.
La procédure de sanction, que des textes législatifs et réglementaires imposaient à la COB de suivre, a
été une nouvelle fois remise en cause par la Cour d’Appel de Paris, au regard de l’interprétation des
exigences de la Convention Européenne de Sauvegarde des Droits de l’Homme. Cette décision a motivé
l’interruption de plusieurs instances et nécessité une nouvelle réforme, intervenue en août dernier.
Ces événements ont, bien entendu, provoqué diverses turbulences qui se sont apaisées à partir de
l’automne, la Commission étant alors en situation de reprendre le cours normal de son activité dans ce
secteur sensible.
Le service juridique et le médiateur ont, par ailleurs, été saisis d’un nombre élevé de plaintes et litiges.
L’évolution du rôle et de la charge de la COB en la matière a justifié une réforme structurelle qui
distingue plus clairement les tâches d’expertise juridique à vocation consultative ou réformatrice et la
fonction d’assistance aux particuliers et de médiation,ces deux missions étant complétées par les tâches
de prévention, de pédagogie et d’information que la COB s’attache à conduire au bénéfice des
épargnants.
RAPPORT ANNUEL 2000