céline corteel et cécile avezarD-roger126
L’aspect grammatical, d’autre part, dépend largement du temps au-
quel le verbe est conjugué : « L’aspect grammatical dénit le mode
de présentation du procès tel qu’il est indiqué essentiellement par les
marques grammaticales (temps morphologiques, semi-auxiliaires, ad-
verbes d’aspect…). » (Gosselin, 1996, p. 10) Ainsi, « on parle d’as-
pect grammatical quand l’information aspectuelle est encodée par des
morphèmes grammaticaux » (Stanojević & Ašić, 2010, p. 108). Van
Raemdonck et Meinertzhagen (2011, p. 300), qui dénissent l’aspect
comme « une catégorie grammaticale indiqu[ant] la vision que l’énon-
ciateur a du déroulement du procès décrit », considèrent par ailleurs
que cette notion fait « partie intégrante de la carte d’identité des tiroirs
verbaux » (Van Raemdonck & Meinertzhagen, à paraitre).
Allant dans ce sens, Vet (2010, p. 20) pose que « l’aspect [de phase]
est une forme grammaticale (grammaticalisée) qui indique de quelle
phase du procès le locuteur parle ». Tout procès se compose ainsi de
plusieurs phases successives, que Vet schématise de la façon suivante :
1) phase préparatoire, 2) début du procès, 3) phase médiane, 4) n du
procès et 5) phase résultative (exprimée par la séquence avoir / être +
participe passé).
Cette analyse rejoint celle de Gosselin (2010, p. 27), pour qui « tout
procès possède virtuellement cinq phases, deux phases externes et trois
phases internes » : les phases externes (1 et 5) sont nommées respecti-
vement « phase préparatoire » et « phase résultante », les phases internes
(2, 3 et 4) sont les phases « initiale, médiane et nale ».
Dans ce qui suit, nous verrons que différents faits de langue gagne-
raient à être étudiés en classe sous l’angle de l’aspect grammatical,
en ce qu’ils permettent de situer le procès, en l’envisageant selon son
déroulement.
Nous nous intéresserons ici particulièrement aux phénomènes sui-
vants :
— L’étude des temps composés : les données dont nous rendons
compte suggèrent que la majorité des élèves a l’intuition que les temps
composés, construits à partir des auxiliaires avoir ou être et du par-
ticipe passé du verbe, situent le procès à la phase 5 de son déroule-
ment, présentée par Vet comme la phase « résultative ». La distinction
entre temps simples et temps composés gagnerait alors à être abordée
au regard de l’opposition entre aspect inaccompli et aspect accompli.
Selon le contexte, ces temps composés pourront revêtir une valeur tem-
porelle (d’antériorité) et/ou aspectuelle (d’accompli), nous y revien-
drons (cf. 2.1.2).