Les finances des collectivités locales au Maroc

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Les finances des collectivités locales
au Maroc
Essai d'une approche globale des finances locales
Histoire et Perspectives Méditerranéennes
Collection dirigée par Jean-Paul Chagnollaud
Dans le cadre de cette collection, créée en 1985, les éditions
L'Harmattan se proposent de publier un ensemble de travaux concernant le
monde méditerranéen des origines à nos jours.
Déj à parus
Yves SUDRY, Guerre d'Algérie: les prisonniers des djounoud, 2005.
Samya El MECHAT, Les relations franco-tunisiennes.
Histoire d'une
souveraineté arrachée. 1955-1964, 2005.
M. FAIVRE, Conflits d'autorités durant la guerre d'Algérie, 2004.
A. BENDJELID,
J.C. BRULE, J. FONTAINE,
(sous la dir.),
Aménageurs
et aménagés
en Algérie:
Héritages
des années
Boumediene et Chadli, 2004.
Jean-Claude ALLAIN (Textes réunis par), Représentations du Maroc
et regards croisés franco-marocains,
2004.
Ali KAZANCIGIL (dir.), La Turquie au tournant du siècle, 2004.
Ibtissem BEN DRillI, La norme virginale en Tunisie, 2004.
Clément STEUER, Susini et l'O.A.S., 2004.
Arnel BOUBEKEUR, Le voile de la mariée. Jeunes musulmanes, voile
et projet matrimonial en France, 2004.
Mohamed SOUALI, L'institutionnalisation du système de l'enseignement
au Maroc. Evaluation d'une politique éducative, 2004.
Camille RISLER, La politique culturelle de la France en Algérie
(1830-1962),2004.
Maxime AIT KAKI, De la question berbère au dilemme kabyle.
Décompositions
et recompositions identitaires en Afrique du Nord à
l'aube du XXIe siècle, 2004.
Mourad FAHER, Approche critique des représentations
de l'Islam
contemporain,2003.
Taoufik SOUAMI, Aménageurs de villes et territoires d'habitants: un
siècle dans le Sud algérien, 2003
Paul SEBAG, Une histoire des révolutions du royaume de Tunis au
XVIr siècle, 2003.
Pierre-Alain CLAISSE, Les Gnawa marocains de tradition loyaliste, 2003
Patrick KESSEL, Le peuple algérien et la guerre, 2003.
Philippe CARDELLA, Notes de voyage à Chypre -Opuscule, 2003.
Jilali CHABIH
Les finances des collectivités locales
au Maroc
Essai d'une approche globale des finances locales
L'Harmattan
5-7,rue de l'ÉcolePolytechnique
75005 Paris
FRANCE
L'Harmattan Hongrie
Kossuth L. u. 14-16
1053 Budapest
HONGRIE
L'Harmattan Italia
Via Degli Artisti, 15
10124 Torino
ITALIE
cgL'Harmattan, 2005
ISBN: 2-7475-7942-5
EAN : 9782747579421
AITachés si tôt, tous, égrenés les uns après les autres, séparément ou ensemble, dans un intervalle si court, abandonnant
malgré eux ceux qui les aimaient, bouleversés par le déchirement, pleurant leur départ à jamais.
Désonnais, rien n'est plus à sa place, rien n'est plus comme
avant, tout se passe comme si, la vie, sans eux, n'avait pas de
sens. Mais, elle est là, comme toujours, se déroule, tristement
monotone, tristement banale et insignifiante.
Toute collectivité* où les valeurs sont bafouées*, les repères
confus, les éléments du renouveau balayés, précipite
immanquablement sa propre désagrégation.
...
-
~
Qu elle soit une collectivité locale~nationale ou internationale.
...ow
Qu'elles soient des valeurs morales, sociales ou politiques, c'est-à-dire
conduite, de gestion, d~administration ou de gouvernement.
de
Introduction générale
Notion et problématique
des fmances locales
Les finances des collectivités locales désignent, selon une définition
étroite, les opérations de «paiement », d'« argent », de règlement,
l'ensemble des recettes et des dépenses, ou encore l'exécution des
droits et obligations financiers desdites collectivités.
Selon une acception large, les finances des collectivités locales
englobent toutes les activités ayant directement ou indirectement
trait à l'ensemble des opérations financières de ces unités
décentralisées: analyse des recettes et des dépenses, étude de la
monnaie et de l'argent, moyens financiers, cadre budgétaire et
politique financière (processus et programmation budgétaire,
gestion administrative, financière et comptable, patrimoine,
trésorerie, autofinancement et risque financier)l.
De ce point de vue, les finances des collectivités locales seraient
ainsi directement impliquées à la fois dans l'économie publique
locale (économie financière, monétaire, infrastructure...)2, dans la
sociologie locale (sociologie urbaine et rurale, acivisme et
électoralisme financiers...)3, dans la géographie locale (ressources
forestières, tertiaires ou tarifaires, électrification et adduction d'ea~
communes urbaines, suburbaines ou rurales...)4, dans l'histoire
1..Les moyens fmanciers comprennent les ressources, les dépenses et la trésorerie,
le cadre institutionnel: le budget~ la comptabilité et l' administration fiscale~ et la
politique f'mancière : l'organisation, l'exercice ainsi que l'orientation du pouvoir
financier local, cf pour plus de détails 1. Chab~ Les aspects financiers de la
décentralisation territoriale au Maroc, thèse, Paris, 1993 ; G. Fomerand, L'audit
des C. L. en France et dans les pays francophones, LGDJ, Paris, 1991; M.
Bouvier, Les finances locales, LGDJ, SC00., 1998 ;
2...P. Guerrier, D. Bauchard, Economie financière des C.L., A. Colin, Paris, 1972.
3...J. C. Ducros, Sociologie financière, PUP, Paris, 1982.
4. V. P. Pascon, Le Haouz de Marrakech, thèse, Paris, 1975 ; M. Sabraoui, La
fiscalité et l'aménagement régional: le cas du Maroc, DES, ENAP, 1984 ; F.
Clerc, Le financement de l'agriculture marocaine, BESM, 1959 ; C. Gruson, 1.
Cohen, Tarification des services publics locaux, La Documentation Française,
1983 ; M. Bouvier, Finances locales, LGDJ, 3céd., 1995.
7
locale (organisation financière berbère, makhzénienne, sous le
protectorat.
5
. .) .
Elles seraient aussi nécessairement solidaires d'autres catégories de
finances appartenant à la même famille qu'elles, comme les
finances de l'Etat, les finances des entreprises et établissements
publics6, les finances de la sécurité sociale, les finances de la
société internationale.
L' « ubiquité» et la quantification des finances locales font d'elles
le paramètre fondamental pour toute étude objective de ces unités
décentralisées7. Ainsi l'étude de cette institution locale aussi variée
soit-elle et sous toutes ses formes (décentralisation, self-government, selbstverwaltung, risorgimento, aI-Iamarkaziya...)8 a-t-elle
régulièrement fait appel à l'élément financier pour déterminer la
nature et l'authenticité de ladite institution locale.
En conséquence l'élément financier, en raison de sa valeur
franchement explicative du degré de différenciation des collectivités locales d'un Etat à l'autre et de leur niveau réel d'autonomie
financière, a souvent occupé une place primordiale dans la théorie
5_
V. A. Laraoui, L 'histoire du Maghreb, F. Maspero, 1970 ; G. Camps, Aux
origines de la Berbérie, rites et monuments funéraires, Paris, 1961 ; E. MichauxBellaire~L'organisation des finances au Maroc~ Archives marocaines, vol. xr,
n° 2, 1967; R. Montagne, Les Berbères et le Makhzen dans le sud du Maroc,
Paris, Alcan, 1930; S. Ben Bachir, L'organisation administrative locale au Maroc,
thèse, Lyon, 1969.
6. V. P. Amselek, Le budget de l'Etat sous la pe République, LGDJ, 1967 ; M.
Paul, Les finances de l'Etat, Economica, 1981 ; M. Loze, Finances publiques
marocaines, les finances de l'Etat, éd. La Porte, Rabat, 1973 ; M. Virally, L'ONU
d'hier à demain, éd. Le Seuil, Paris, 1961 ; P. Guillen, Les milieux d'affaires et le
Maroc à l'aube du xr's. Revue historique, avr. 1963, p. 397 ; R Poidevin,
Finances et relations internationales 1887-1914~ A. Colin, Paris, 1970 ; A. G.
Delion, L'Etat et les entreprises publiques, Sirey, 1959 ; B. Rahoui, Le secteur
~ubliC dans l'économie marocaine, 3e cycle, INS~ Rabat, 1979.
- V. P. Amselek, Les aspects financiers de la décentralisation en France, Rev.
Adm, 1979 ; P. M. Gaudemet, Les aspects financiers de la régionalisation en
Europe, DF, Paris, 1974 ~1. Chabih, Les aspects financiers. .., ibid.
8_ V. G. LangrO<LLe gouvernement local, fondement ou apprentissage de la
démocratie, RIHPC n° 3, 1952, 2esérie; S. Flogaïtis, La notion de décentralisation
en France, en Allemagne et en Italie, thèse, Paris, 1979 ; F. Ben Achour Moussa,
La notion de lamarkaziya, son succès et ses limites, AAN, 1977, p. 345 ; Kh.
Kabbani, Al lamarkaziya et le problème de son application au Liban, préf. de
Salim Hoss, Beyrouth, Oucidâl, 1981.
8
de l'institution locale9. Théorie qui, en approfondissant, par ailleurs,
la dimension financière de cette institution, c'est-à-dire par la
considération dans son ensemble des moyens financiers, matériels
et humains compris, du cadre budgétaire et comptable, de la
politique, de l'économie, comme composante détenninative à côté
des autres composantes, sociologique, géographique, historiquelO de
cette institution locale, parvient à réhabiliter, et par le fait même à
ériger, cette collectivité territoriale en unité à part entière, au même
titre que l'Etat, l'entreprise ou le ménagell. Ains~ les collectivités
locales ont-elles aujourd'hui en tant qu'opérateurs de proximité un
rôle important à jouer en matière de développement durable local
(infrastructure, aménagement du territoire, services publics locaux,
écologie, investissement, emploi, rapprochement de l'administration
des administrés, démocratie Iocale)12.
Cependant un tel rôle ne saurait être pleinement assumé sans la
réalisation et la coexistence de ces trois éléments qui sont d'ailleurs
indissociablement liés: la responsabiIisation et la motivation des
ressources humaines locales, une relative décentralisation politique,
9. M. Poisson, Audit et collectivités territoriales, PUF, 1989 ; G. Fomerand,
L'audit des C. L..., Revue FFP n° 13, Finances communales et décentralisation,
n° 30, Trésorerie et endettement des collectivités locales; E. Schell, La
privatisation des services publics locaux, Conférence sur la gestion et le
financement de la décentralisation, Abidjan, sept. 1989 ; B. Théret, Endettement,
fiscalité et équipements collectifs, Statistiques et études financières, n° 29, 1977.
10_
v. J. Chab~ Réflexions sur la décentralisation et sa place dans le processus
graduel des modes d'organisation du pouvoir dans les sociétés globales,
Marrakech, 1998.
Il. La comptabilité nationale distingue en général six unités institutionnelles:
sociétés et quasi-sociétés non financières (établissements publics, sociétés
d'économie mixte, sociétés privées, syndicats patronaux, sociétés de course,
associations de tourisme sociaL hôpitaux privés non lucratifs), institutions
financières (établissements de crédit, gestionnaires de portefeuilles, agents de
change, organismes de placement collectif en valeur mobilières: SICA V, Fonds
communs de placement, sociétés d'investissement), entreprises d'assurance,
administrations publiques (Etat, C.L.~ S.S.) administrations privées (cuItes,
syndicats de travaillems, comités d'entreprises, partis politiques, fondations à
caractère humanitaire), ménages (entreprises individuelles comprises), v. Comptes
et indicateurs économiques, Rapport sur les comptes de la Nation, 1999, INSEE.
12. P. Guerrier, D. Bauchard, Economie financière des collectivités locales, A.
Colin, 1972; J. C. Ducros, Sociologie financière, PUF, 1982; P. H. Derycke, G.
Gilbert, Economie publique locale, Economica, 1988 ; B. Fustier, Etude empirique
sur la notion de région homogène, 1978; A. 1. Khintchine, Desserte d'un grand
nombre d'usagers, Dunod, Paris, 1969 ; 1. Chab~ Les aspects financiers... , op. ci!.
9
et enfin une réelle autonomie financière, autrement dit, un
personnel compétent et responsable, une autonomie de décision et
une autonomie financière, ce que 1~on peut résumer en tennes de
politiques publiques en gouvernance locale13.
S'agissant des aspects financiers, objet principal de la présente
étude, force est de constater que ceux-ci épousent nécessairement la
réalité profonde de l'Etat où ils sont implantés, laquelle réalité est
nécessairement pluridimensionnelle.
Désormais la problématique est clairement posée: elle consiste à
étudier la réalité financière locale dans sa globalité, c'est-à-dire dans
toutes ses composantes: géographique, historique, économique et
sociologique.
Donc notre approche en la matière consistera à aborder les finances
locales au Maroc globalement, c'est-à-dire situées dans leur
environnement, quant au point de vue, et selon un ordonnancement
intégrati( quant à la méthode utilisée.
On aura ainsi la disposition suivante:
Chapitre
Chapitre
Chapitre
Chapitre
I:
II :
ill :
IV :
Géographie des finances locales
Histoire des fmances locales
Economie des finances locales
Sociologie des finances locales
13_ J. Chab~ Les aspects financiers..., ibid. A. Ouezzani, La gestion municipale,
MDES, Rabat, 1981 ; Etudes de finances publiques, Mélange P.M. Gaudemet
notamment p. 503-597 ; 1. P. Gaudin, L'action publique, Sociologie et politique,
Dalloz, p. 47-79; Etre gouverné, études en l'honneur de Jean Leca, Presses de
Sciences Politiques.
10
Chapitre I : Géographie des finances locales
marocaines
Situé à l'Ouest de L' Aftique du Nord avec une très longue façade
sur l'océan Atlantique: plaines côtières des régions du Gharb et de
Sous, le Maroc oille des paysages variés. TIest, au nord, un pays au
relief très montagneux: chaîne du Ri£: massif de l'Atlas. Grâce à
son altitude, sa latitude et ses reliefs, le Maroc est plus 8lTosé que le
reste du Maghreb. Les trois chaînes de l'Atlas (Moyen-Atlas, HautAtlas, Anti-Atlas) fonnant un véritable château d'eau avec de longs
oueds permanents coulant vers l'Atlantique (Bou Regreg, Oum
Rebia, Sebou, Sous, Tensift) et vers la Méditerranée (Moulouya) ;
leurs cours sont régularisés par la construction de grands barragesréservoirs dont la réserve totale et le taux de remplissage, qui
peuvent varier, selon le taux de pluviométrie, du simple au double,
sont respectivement de 9 119 millions de m3 et 79 % en 1997 et de
6 345 millions de m3 et 55 % en 1998, permettant l'irrigation de
larges périmètres profitant essentiellement à de grandes plantations
d'agrumes spécialisées dans les cultures d'exportation.
Le Maroc est plus étendu que la France, puisque sa superficie est
actuellement de l'ordre de 716 000 km2 grâce à la récupération des
territoires du sud dont la superficie est de 266 000 km2. fi est
composé à plus de 60 % par des zones désertiques et arides au sud
(Sahara) et à l'est (Région Orientale), et n'a que deux voisins: à
l'est l'Algérie, au sud la Mauritanie, et abrite deux enclaves
espagnoles dans son propre territoire: Ceuta et Melilla.
Le climat quL selon Max Sorre (Les fondements biologiques de la
géographie humaine, 1943, in P. George, Dictionnaire de la
géographie, Paris, PUF, 1974, p.79 ), est « l'ambiance atmosphérique constituée par la série des états de l'atmosphère au-dessus
d'un lieu dans leur succession habituelle» ou, selon Le Petit
Robert, l' « ensemble des circonstances atmosphériques et météorologiques propres à une région du globe» trouve toute sa force
dans la géographie du Maroc, puisqu'il s'exprime selon les régions
de manières différentes.
II est méditerranéen au nord, avec des hivers relativement froids et
humides et des étés chauds et secs, océanique à faibles variations
Il
thenniques sur la façade atlantique; de montagne, avec humidité et
précipitations, dans la région du Rif et de l'Atlas; sahélien, avec
chergui ou sirocco, dans le sud; désertique, aride, dans le Grand
Sud et semi continental, avec de grands écarts de températures, et
des variations des masses d'air, dans l'est.
Le secteur primaire (agriculture, forêt, pêche) et particulièrement
l'agriculture (cultures de céréales, élevage) est très tributaire des
aléas météorologiques dont l'impact trop grand sur la croissance et
l'effet sur les récoltes peut provoquer des écarts de croissance
jusqu'à 19 points d'une année sur l'autre, donnant ainsi une idée
fausse de la situation réelle du pays; puisqu'il varie, de ce fait,
entre 10 % et 20 % du PNB et occupe 40 % environ de la
population active.
La pêche rapportée à la populatio~ soit 26 kg par habitant,
représente pour les captures globales entre 1 200 000 et 1 800 000
tonnes, soit 600 000 tonnes péchées par la flotte marocaine et
600 000 à 1 200 000 tonnes pêchées par la flotte étrangère.
L'exportation de poissons (en conserve ou congelés) et des sousproduits (poudre, farine de poissons) représente 8 % de l'ensemble
des exportations.
Le secteur secondaire constitué principalement par les mines
(phosphate, argent, plomb, charbo~ cuivre), l'industrie de transformation (transfonnation du minerai de phosphate en produit pur et
en ses dérivés: acide phosphorique et engrais chimiques) de
Khouribga, de Youssoufia et de Bou Craa, l' agroaIimentaire et le
textile, représente 31 % du PNB et occupe 23 % de la population
active.
Le secteur tertiaire, c'est-à-dire les services de manière générale, où
le commerce, l' administratio~ les professions libérales et l' artisanat
de façon détaillée, représente 49 % du PNB et occupe 38 % de la
population active.
Cette diversité dans la géographie tant physique qu 'humaine du
Maroc, affectant à la fois l'espace régional, urb~ rural et social,
n'a pas été suffisamment prise en compte, bien souvent, quant à la
géographie financière locale et ce aussi bien par le législateur que
par le chercheur.
12
Car la géographie des finances locales marocaines ne saurait être
réductible à une vision « monothéiste» du législateur, ni à des
représentations «manichéistes» du chercheur. Elle est complexe,
.
.
14
composite et contmue .
Bien que le texte de la loi relatif à l'organisation communalelS
dispose dans son article 1eral. 2 que les communes « sont divisées
en communes urbaines et en communes rurales »16, la volonté du
législateur néanmoins est d'unifier le régime juridique applicable à
ces entités territoriaIes17. Cette unifonnisation escamoteuse de
différences, thèse légiste, apparaît aussi bien dans l'organisation
administrative qu'en matière financière et fiscale18.
Les représentants de la seconde thèse se sont toujours arrangés pour
plier la réalité marocaine, en dépit de sa complexité, à leurs
schèmes manichéens;
en la scindant en catégories opposées,
lesquelles sont traitées dans une dynamique dichotomique, voire
conflictuelle. Ainsi, on a pu constater, suivant des approches historique, politique, géographique, économique, juridique et financière
la contraction du vécu marocain en antagonismes: Arabe / Berbère,
14_Une société dite « composite» est une société où la formation économique et
sociale est le produit d'un brassage de plusieurs modes de production: capitaliste,
makhzénien (caïdal compris), féodaL tribal, patriarcal, mode de production sacrosaint des chorfa et zawiya; v. P. Pasc~ La formation de la société marocaine,
BES~ 1971 ; N. Bouderbala et P. Pascon, Le droit et le fait dans la société
composite, BESM, n° 117, 1970.
15. Les provinces et préfectures au nombre de 49 au départ et de 61 aujourd'hui
(2004) sont plutôt, en raison de la prépondérance des éléments déconcentrés (caïds,
pachas, gouverneurs, walis), des collectivités centralisées que des unités
effectivement décentralisées, v. paragraphe suivant.
16. Dahir portant loi n° 1-76.583 du 30-9-1976, B. O. n° 3335 bis du 1-10-76, p.
105 ; v. dans le même ordre d'idées A. Benjello~ Analyse du dahir du 30 sept.
1976 relatifà l'organisation communale, RJPEM, n° 3, 1977, p. 249.
17.A. Sedjari, Les structures administratives territoriales et le développement local
au Maroc, thèse, Rabat, 1981, p. 75 ; M. Rousset, et al., Droit administratif
marocain, 4e 00., Rabat, 1984, p. 190 ; M. El Yaâgoubi, Le droit administratif
marocain, t. 1, Rabat, 1987, p. 83.
IS. Dahir portant loi n° 1-76-584 du 30-9-1976 relatif à rorganisation des finances
des collectivités locales et de leurs groupements, B. O. n° 3335 bis du 1-10..76, p.
1057 ; une seule exception à cette uniformité de l~organisation communale
concerne le président du conseil communal de Rabat. Les attributions de celui-ci
sont exercées par le gouverneur (autorité centralisée), art. 67 du dahir de 1976.
13
Bled-es-siba / Bled-el-makhzen19, «Maroc utile / Maroc inutile »,
secteur traditionnel/secteur
moderne, ville/ campagne et le rôle
prédateur de la première, communes rurales / communes urbaines,
.
20
communes fIChes / communes pauvres, etc.
La géographie du Maroc en général, et celle des finances locales en
particulier, ne sauraient s'accommoder d'une vision monothéiste ou
manichéenne. Elles sont composites et continues. Composites dans
le sens où elles intègrent plusieurs réalités. Continues, dans la
mesure où les différentes réalités composantes de l'ensemble
géographique sont extrêmement imbriquées les unes dans les autres.
Et le dualisme conceptuel urbain / rural ne saurait rendre compte de
la réalité financière et fiscale des collectivités locales marocaines,
19_ Bled-es-siba et Bled-el-makhzen sont deux catégories juridiques créées par le
pouvoir central précolonial qui qualifiait ainsi les tribus qui reconnaissaient son
autorité politique (Bled-el-makhzen) ou celles qui la niaient (Bled-el-siba) ; v. A.
Laroui, La notion de territoire, in Lamalif, n° 74 ; M. Naciri, Pouvoir de
commande1l1£nt,
espace roral et modernisation du Maroc, in Etat, pouvoir et
espace dans le Tiers-Monde, PUP, 1977, p. 65.
20_
Cet antagonismetrouve ses originesdans l'état précolonialavec l'opposition de
Bled-es-siba et Bled-el-makhzen. Les ethnologues, sociologues et hommes
politiques de la colonisation ont opéré dans la même optique avec l'opposition
entre les Arabes et les Berbères, entre le « Maroc utile» et le « Maroc inutile» ;
nos chercheurs actuels n'arrivent pas encore souvent à se débarrasser de cette
conception dualiste. Cf D. Ben Ali, Essai d'analyse de la formation économique et
sociale marocaine, thèse, Grenoble, 1977 : l'auteur scinde f'espace en deux
entités: B.S B.M. ; A. Belel, A. Agourram, Les problèmes posés par la politique
agricole dans une économie dualiste, BESM, 1984 ; M. Bentahar, Que faire des
médinas, BESM, n0118, p. 120; l'auteur parle du conflit des concepts (Maghrébins
/ Européens) ; M. Rousset, L'aménagement du territoire et la régionalisation au
Maroc, BIIAP, n° 31, 1974, p. 55.
S'agissant de l'opposition entre la ville et la campagne et le rôle exploiteur et
prédateur de la ville, cette position a déjà été celle de K. Marx dans L 1déologie
allemande, et dans Le capital, de Henri Lefebre dans Le droit de la ville, de M.
CasteIls dans La question urbaine. En ce qui concerne le Maroc, cf A. Sedjari, Les
structures administratÏves... op. ci!. p. 75 ; K M. Ouriachi, La campagne
marocaine: exploitation économique et marginaUsation sociale, thèse, ERESS,
Paris~ 1981 ; v. aussi Al Assas n° 46, oct- novo 1982.
Pour ce qui est de la dichotomie rural/urbain,
communes rurales / communes
urbaines, communes riches / communes pauvres, etc., voir A. Sedjar~ ibid., p. 74;
M, Rousset, D. Basri, A. BeIhaj, 1. Garagnon, Droit administratif marocain, op.
cil. p. 190 et S. M. El Yaâgoubi, Le droit administratif marocain, op. cit. p. 83 ; F.
El Kbir, Le régime financier de la commune marocaine, op. cit. p. 139; A. B.
Zemrani, La décentralisation à l'épreuve des finances communales, in RMFPE,
1988-1989, p. 59.
14
combien com~lexe, pour ne considérer que ce biais, objet de la
présente étude
1.
Les deux fonnules : communes rurales et communes urbaines sont
vagues et insuffisantes. Vagues, tout d'abord, parce que d'une part
les concepts d'« urbain)} et de «rural» peuvent embrasser des
réalités aussi multiples qu'hétérogènes (habitat rural, village,
bourgade, bourg, commune rurbaine, cité, ville... )22.D'autre part, il
est difficile de dire quand finit le rural et quand commence l'urbain
(urbanisation lâche des zones rurales loin des villes ou à proximité
des villes (rurbanisation), canton, demi-canton, division temtoriale,
division cadastrale, agglomérations urbaines. .. )23~
Insuffisantes ensuite, parce que, au delà de la différenciation qui
caractérise chacune des deux catégories et leur interpénétration
réciproque24, l'on trouve des formes intermédiaires d'habitat que
21_P. Pasco~ La main d'oeuvre et l'emploi dans le secteur traditionnel, BESM
n° 123, 1971, p. SI ; le même auteur, Le Haouz de Marrakech, thèse, Paris, 1975 ;
H. Van der Kloet, Inégalité dans les milieux ruraux, Institut de Recherche des
Nations Unies pour le Développement Social~ Genève, 1975; F. Navez
Bouchanine, Cours de sociologie rorale et urbaine, Faculté de Droit de Fès, 1983 ;
L. OussaIah, Maroc utile / Maroc inutile')Approche méthodologique de la stnlcture
spatiale de l'économie marocaine, Rev. Droit et Economie, 1985, p. 77; 1. Berque,
Maghreb, histoire et sociétés, 00. Duculot, SNED Alger, 1974, p. 18.
22_
L~hétérogénéité des modes de production d'une société composite donnée ne
saurait empêcher leur continuité, v. P. Pasco~ La main-d'oeuvre et l'emploi dans
le secteur traditionnel, article précité. p. 127.
23_ fi faut bien s'entendre sur la notion d'urbanisation dans les pays sousdéveloppés en général et dans le Maroc en particulier. En effet, celle-ci est
départagée entre deux grandes tendances: la première conçoit l'urbanisation
comme une action volontariste menée sur un milieu donné afm de le transformer
en un espace urbanisé. Ainsi l'urbanisation, pour le discours dominant, est perçue
comme un mouvement de croissance de populations vivant dans les villes et de
multiplication des centres urbains. La seconde, et c'est le point de vue des sociologues, perçoit l'urbanisation comme un processus de transformation qualitative et
quantitative de la société dans sa globalité (F. Navez Bouchanine, Cours de
sociologie rurale et urbaine, op. cil.). Ensuite, il existe plusieurs formes intermédiaires entre le rural et l'urbain: ruralisation de l'urb~ urbanisation squelettique
du rural ou le problème des centres dits d'urbanisation primaire, douars-urbains ou
urbanisation dite «sauvage », etc. : J. Hensens, Enquête nationale sur 1'habitat
rural traditionnel au Maroc, BESM, n° 118, 1970, p. 99; le même auteur, Où
vont l'urbanisme et l'architecture au Maroc? ; M. Bentahar, Vie quotidienne en
banlieue marocaine, BESM, n° 147-148~ p. 47 et 117.
24. F. Navez Bouchanine, Cours de sociologie rurale et urbaine, op. cit.
15
})26ou
l'on qualifie de «douars-urbains })25,de «douars-spontanés
d'habitats « semi-urbains »27. En partant de simples constatations
géomorphologiques nous dirions que la géographie des finances
locales marocaines ne saurait, pour être plus proche de la réalité, se
contenter de cette distinction sommaire: finances locales rurales /
finances locales urbaines. Notre typologie géographique des
finances locales tentera de rendre compte de la réalité financière et
fiscale des collectivités territoriales dans leur ensemble à partir de la
réalité globale. Nous préférerons ainsi utiliser la terminologie
«ensemble rural»~ «ensemble semi-urbain », « ensemble urbain ».
De la sorte nous soulignerons non seulement la différenciation
catégorielle qui caractérise chaque ensemble28 mais aussi leur
continuité et complexité29.
25_ J. Hensens~ Où vont l'urbanisme et l'architecture au Maroc? art. préc. p. 119.
26. A. Assermo~Marrakech
et ses douars spontanés~ BESM~ n° 118~1970.
27_
Nous qualifions ce type intermédiaire d'habiter de semi-urbain; le type
d'habiter des douars d'El Merja dans la banlieue de Fès (préfecture de Zouagha
Moulay Yacoub) est significatif à cet égard. Par ailleurs nous regrettons le fait que
certains sociologues défmissent l'espace rural à partir de critères et concepts
urbanistiques : monde rural peu ou pas urbanisé~ monde rural pénétré par
l'urbanisation (F. Navez Bouchanine, Cours de sociologie rurale et urbaine, op.
cit.) car nous estimons que la société rurale, pour être mieux connue, doit être
appréhendée à partir de sa propre réalité. La notion de «ruralisme» développée
par certains sociologues cadre mieux cette réalité (J. Dethier~ 60 ans d'urbanisme
au Maroc, l'évolution des idées et des réalisations, BESM~n° 118, 1970, p. 5).
28_ P. Pascon, Le Haouz de Marrakech, thèse, Paris, 1975; H~ Van er Kloet,
Inégalités dans les milieux ruraux, Institut de Recherchesdes Nations Unies pour
le Développement Social, Genève, 1975 ; M. Naciri, Pouvoir de commandement,
espace mral et modernisation au Maroc, in Etat, pouvoir et espace dans le TiersMonde, Paris, PUP, 1977, p. 65 ; F. Navez Bouchanine, Cours de sociologie rurale
et urhaine, op. cil. M Naciri,Inégalilés...op. cit. BESM, 1978~p. 193.
29_
1. Dethier~ 60 ans d'urbanisme au Maroc, A. Asserm~
Marrakech et ses
douars spontanés, M. Bentahar~ Constrnire avec le peuple de Hassan Fathy, in
BES~ n° 118~ p. 5~ 81 et 123; S. Mouline, La ville et la maison arabomusulmanes~ J. Hensens, Armature urbaine, évaluation des grands pôles urbains
du système national, B. Ghermani et 1. Pegurier, Profils socio-économiques
urbains du Tensift, M Jole~Les villes et la politique de recherche française au
Maroc, BESM, n° 147, p. I, 15, 65 et 149 ; Urbanisation d'un bidonville: Bor}
Moulay Omar~ Meknès, BESM, 1959, p. 255 ; 1. Pegurier~ L'intégration urbaine
dans le sud-ouest marocain, BES~ 1976, p. 133 ; R. Aujar~ Problème de
l'habitat nlraI dans la province d'Agadir, BESM, 1957-1958; M. Allaoui,
Transformations dans un village de l'Anti-Atlas, BESM, 1979, p. 23.
16
Section I : Géographie
rurale des finances locales
Dans l'ensemble rural, les structures financières et fiscales des
collectivités décentralisées, leurs nature et productivité sont
fonction de plusieurs variables.
Il s'agit tout d'abord du milieu physique. En effet, les données
biocIimatiques (sécheresse de f'atmosphère, intensité de l'insolation, faible ou forte hygrométrie, brutalité et / ou rareté des
précipitations, etc.) et la structure géologique des terres (nature des
sols) tant du point de vue pédologique et agrologique (couverture
végétale, terres arables ou incultivables, érosion aquatique ou
éolienne, etc.) que du mode d'irrigation (irrigation pluviale quand
elle existe, grande hydraulique ou petite et moyenne hydraulique)
ont une grande influence sur le rendement économique, donc fiscal
de ces collectivités et sur leur comportement dépensier30.
Vient ensuite le potentiel fiscal et la superficie de matière
imposable: superficies forestière, cultivée, superficie du parcours,
effectif du cheptel, importance des souks hebdomadaires, circulation des biens et prestations, urbanisation, pénétration des flux
30_
P. Pasco~ Agriculture, faillite et perspectives., Lamalif n° 145., 1983; R
Dumont., Les irrigations à travers le monde et au Maroc., et La te"e et l 'homme en
Haute Moulouya., BES~ 1960-1961~ respectivement., p. 267 et 281 ; S. Amin., Le
Maghreb moderne., éd de Minuit., 1970.,p. 9 et s. F. Oualalou., Propos d'économie
marocaine., SME~ Rabat., 1980.,p. 207 - 208 ; J. C. Martinez., P. di Malta., Droit
budgétaire., p. 479 et s. M. Naciri., L'aménagement de l'espace territorial au
Maroc:
lieux d'autonomie et centralisation étatique, A. Claisse, Stratégies
d'aménagement et supports sociaux au Maroc, AAN., 1983.,respectivement p. 225
et 243 ; G. Nicolas, Essai sur les struchlres économiques et sociales des tribus
Chaouia., BESM., 1962-1963, p. 41 ; B. Badie., Le développement politique, 4e éd.,
coll. Politique comparée, éd. Economica., 1988, p. 147 et s. M. Rousset,
L'aménagement du territoire et la régionalisation au Maroc, BIIAP, n° 31, 1974,
p. 479 ; A. Miaoui, Le développement économique mral du Rif occidental: un
modèle d'administration de mission, DES, ENAP, 1984 ; M. Sahraoui, La fiscalité
et l'aménagement régional... ibid. Iff Colloque national sur les collectivités
locales, Meknès, 1986; 1. C. Santucci, Chronique marocajne~ AAN, 1983, p. 807;
L. Jaidi, Chronique marocaine, AAN, 1980., p. 637 ; F. Ghilès, Note sur
l'endettement international des pays du Maghreb, AAN, 1982, p. 453 ; B. Munier,
L'économie marocaine en 1966, AAN, 1966, p. 401; M. Maataoui, Régionalisation
et développement: cas de l'économie marocaine, DEA, Paris I, 1978; H. El
Malki, Le développement intégré de l'ensemble économique arabe, RJPEM, n° 1,
1976, p. 159.
17
monétaires, établissements de crédit, etC.3ILe taux de productivité
de cette variable est en étroite corrélation avec le milieu physique.
La troisième variable enfin est relative au nombre de contribuables
et à leurs facultés contributives. Car ce sont les activités de ceuxCi32qui forment les structures économiques et financières de la
collectivité considérée: répartition et densité de la population,
mode de faire--valoir~techniques de production et mode d'exploitation prédominan~ systèmes de tenure des terres, etc.33L'influence
de cette variable sur la conduite budgétaire de la collectivité
concernée, tant en ce qui touche ses ressources et ses charges que sa
capacité d'endettement, est indubitable34.
31. La forêt marocaine, La société marocaine pour le droit de l'environnement,
1988, éd. Afrique Orient, M.Ellatifi, La forêt source d'énergie, Al Assas, n° 35-36,
1981, Au secours de la forêt marocaine, Al Assas, n° 41, 1982 ; Ir Colloque
national sur les C. L.~ Raba~ 1979~p. 253 et 261 ; M. Nacir~ Etat, pouvoir et
espace dans le Tiers-Monde, p. 83 ; A. Ben Amour, Intermédiation financière et
développement économique du Maroc~ éd Maghrébines~ p. 291.
32_ Avec les autres variables, bien entendu.
33_
Le système agraire au Maroc présente une extraordinaire diversité de statuts et
de régimes juridiques: les grandes catégories les plus évidentes sont les terres
makhzéniennes (domaniales), les terres de jemaâ (terres collectives inaliénables
appartenant à des communautés tribales), les terres Melk (propriété privée), les
terres guich (la propriété éminente de cette catégorie revient au Makhzen et
l'usufruit est acquis à des tribus guenières comme Chrarda, Oudaia, Ouled Jamaa,
Cheraga etc., les afftanchissant de tout impôt en échange du service militaire), les
terres habous (fondation pieuse), et enfin « la fuma», (la ferme), d'origine
coloniale~ et gérée selon les méthodes capitalistes. Celle-ci subsiste toujours sous
différentes formes: v. J. Dresc~ R Dumont, J. Berque, J. Marthelot, Y. Goussault~
M. Ben Bar~ RéfOrme agraire au Maghreb, F. Maspéro~ Paris , 1%3 ; A. Grar,
Les stnlctures agraires dans la Chaouïa (Ouled Satti), BES~ n° 117, 1970, p.
41 ; G. Lazarev, Les concessions foncières au Maroc, BESM, n° 123, 1971, p. 43 ;
P. Pascon~ Considérations préliminaires sur l'économie des exploitations agricoles
familiales, RJPEM n° 3, 1977, p. 75 ; F. Navez Bouchanine, Cours de sociologie
rurale et urbaine, op. cit. P. Pasco~ N. Bouderbal~ M. Chraïbi, La question
agraire au Maroc~ BES~ n° 133~ 1971 ; G. Fay, Les conditions d'un véritable
développement rural, BESM, n° 132, 1976, p. 121 ; F. Clerc, Le financement de
11agriculture marocaine~ BESM, 1959~p. 393.
34_
M. Sahraoui, La fiscalité et l'aménagement régional... op. cit. P. di MaI~
Droit budgétaire, op. cit. p. 479 ; A. B. Zemrani, La fiscalité face au développement économique et social du Maroc, Rabat, 1982, p. 60 et 109 ; Kh. Jarmouni,
Le système fiscal communal, ENAP, 1978, p. 3 ; A. Alda, La décentra/isahon à
l'épreuve: cas de la ville de Salé~Rabat, 1980, p. 32 et s. 1. Atoubi, Les ressources
financières locales, ENAP, 1987, p. 57 et 73.
~
18
Eu égard à toutes ces considérations, la typologie géographique des
finances locales dans l'ensemble ruraI se répartit en deux grandes
zones: finances locales des zones agrologiques et d'élevage,
finances locales des zones forestières et pastorales.
~ 1 : Finances
locales des zones agrologiques et d'élevage
Les finances locales des zones agrologiques se subdivisent ellesmêmes en trois régions: finances locales des régions humides et
subhumides, finances locales des régions arides et semi-arides,
finances locales des régions sahariennes et présahariennes. Chacune
de ces trois régions a ses particularités, ses besoins prioritaires et un
type de ressources propres qui lui rapporte davantage. Toutefois,
faute d'investigations élargies de ces trois types de régions, nous
nous en tenons pour le moment à quelques exemples qui restent tout
de même très significatifs.
En effet, les ressources propres de la zone agrologique et d'élevage
proviennent essentiellement de deux types d'imposition: la taxe
d'abattage d'animaux et les droits perçus sur les souks
hebdomadaires. Le rendement de ces deux taxes reste tributaire du
potentiel agricole, des aléas de la climatologie et des besoins réels
de chacune des trois régions35.
Aussi les communes rurales agrologiques et d'élevage de la région
de Fès notamment la préfecture de Fès et la province de My
Yacoub, par exemple, qui sont une cinquantaine: Ouled Tayeb,
Sidi Harezem, Ain Bi~ Ajajra, Sidi Daoud, Mikkès, Mn Bou Ali,
Mn Chke( SbOO Ro~
Mn Qançar~ Ouled Mimoun, Ras
3S..L. Malek, Les Beni Ahmed: potentialités locales et développement du centre
Tleta (province de Chefchaouen), Faculté de droit, Rabat, 1985, p. 182 et s. 1er
Colloque national sur C.L., Marrakech, 1977, p. 125, 131, 138 et 145 ; Ir
Colloque national sur les CL.~ Rabat, 1979, p. 271 ; Iff Colloque national sur les
collectivités locales, Meknès, 1986 (bilan et perspective de la décentralisation), p.
49 et s. S. Ben Bachir~ L'organisation administrative locale au Maroc~ thèse,
Lyon, 1969, p. 224 et s. F. El Kbir, Le régime financier de la commune marocaine,
Casablanc~ éd Maghrébines, 1980, p. 139; La réforme fiscale au Maroc, Actes
du colloque national de la réfOrme fiscale, Rabat, 1983~ p. 137; Les finances
publiques au Maroc, 1989, RFFP, p. 5 ; La décentralisation à l'épreuve des
finances communales, RMFFP, 1988-1989, p. 59; M Ali Mekouar, Les zones
humides en droit marocain, Rev. Marocaine de droit et d'économie du développement, n° 15, 1987, p. 119 ; H. Popp, Les périmètres irrigués du Gharb, BESM,
1979, p. 119 ; H. BeIfquih et A. Fadloullah, Le Bassin versant de la Tassaoute
supérieure,AûES~, 1977,p. 135.
19
Tabouda, Azzab~ Aghbalou Aqorar, Ain Sebaâ Lajrout: Bir TamT~ Ain Cheggag (D. n° 2-98-953 du 31 déc.1998 fixant la liste
des cercles, caïdats et communes, B. O. n° 4654 du 7-1-1999) sontelles caractéristiques de ce type d'activité. Puisque dans toutes ces
communes, on peut constater la prédominance de l'une de ces trois
activités économiques: la culture céréalière et légumineuse alimentaire, donc production céréalière et légumineuse, l'élevage bovin,
donc production laitière et fourragère, la culture de l'olivier et de
rosacées, donc production ftuitière et agro-industrielle (huileries,
surgélatio~ conserveries).
Les ressources financières provenant des produits agricoles de ces
collectivités sont principalement les taxes d'abattage d'animaux, de
stabulation, d'entreposages fiigorifiques, les droits d'accès aux
marchés de bestiaux, et d'entrée de produits et marchandises aux
lieux de vente publique (dahir nOI-89-187 du 21 nov. 1989 portant
promulgation de la loi n° 30-89 relative à la fiscalité des collectivités locales et de leurs groupements).
On donnera ainsi à titre indicatif le montant des taxes prélevées sur
les produits agricoles (P) dans certains souks ruraux (S) de la région
de Fès (Les interventions économiques des CL, Faculté de droit et
d'économie, Fès, 1993).
Figure 1
Produit/Souk
S.I
-5.2
-S.3
4dh1q
-S.4
8.5
Grains
5 dhlq
5db/q
3dh1q
4dh1q
Légumnes
Fruits
Fruits secs
Olives
Figues
2dh1q
6dh1q
50db/pick-up 2db/eaisse 3db/q
4db/q
4db/q
4db/q
4dh1q
Elevage
Bovins
Ovins
Chevaux
Asins
Caprins
Lapins
ISOdb/camion
-
5dh1q
ldb/q
4dh1q
4dh1q
10db/tête lOdhlt
5db/t
5dh1tête
20db/t
5dh1tête
5db/t
1dhlt
3db/q
5dh!q
3db/q
20db/t
5db/t
20db/t
5dh1tête lOdhlt
Idhltête
5dh1t
Idhlt
O~5db/t
7db/tête
7db/tête
I db/tête
20
12dh1t
6db/t
12db/t
6db/t
O~5db/t
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