Université de Rouen UFR Sciences de l'Homme et de la Société Département des Sciences de l'Éducation Master 2ème année Sciences de l'Éducation Mention « Métiers de la formation » Parcours Ingénierie et Conseil en Formation (ICF 2010-2011) La douleur animale dans le cursus des étudiants vétérinaires : le rôle des représentations sociales Sylvain DERNAT N° étudiant : 21010815 Sous la direction de Stéphane SIMONIAN Septembre 2011 Remerciements : A Stéphane Simonian, pour ses apports pertinents, ses conseils et sa disponibilité. A Thierry Roger, pour son accueil, son aide et ses explications pour me faire comprendre l'enseignement vétérinaire. Aux enseignants et personnels du campus vétérinaire pour les sympathiques et nombreux échanges que nous avons partagé et qui m'ont permis d'enrichir mon approche. Aux étudiants, pour leur participation aux différentes étapes de l'étude et pour leur gentillesse. A ma compagne, pour son soutien tout au long du chemin de ce mémoire. « Le langage ordinaire enferme dans son vocabulaire et sa syntaxe toute une philosophie pétrifiée du social toujours prête à resurgir » E.Durkheim Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 Sommaire Introduction.....................................................................................................................................5 1) Douleur animale et enseignement vétérinaire : un contexte complexe......................................7 1.1) Enjeu pour l'enseignement vétérinaire d'une analyse psychosociale..................................7 1.2) La formation des étudiants vétérinaires............................................................................12 1.3) La question de la douleur animale....................................................................................20 2) Comprendre le lien entre représentations sociales et formation...............................................27 2.1) La représentation sociale ou l'image de la cellule se construisant par interaction............28 2.2) Représentations sociales en formation : une relation de réciprocité.................................34 3) Une étude à visée descriptive par triangulation........................................................................38 3.1) Les réseaux d'associations.................................................................................................39 3.2) La sélection par choix successifs par blocs.......................................................................44 3.3) La méthode par Induction de Scénario Ambigu................................................................47 4) Résultats de l'étude sur les étudiants vétérinaires.....................................................................50 4.1) La recherche du contenu sur échantillons appariés...........................................................50 4.2) Structuration de la représentation .....................................................................................60 4.3) Éléments de centralité.......................................................................................................63 4.4) Données par critères sociodémographiques......................................................................65 5) Analyse et préconisations en ingénierie de formation..............................................................65 5.1) Cursus vétérinaire et représentations sociales : des conclusions à tirer............................66 5.2) Préconisations pour l'ingénierie de formation du cursus vétérinaire................................72 Conclusion.....................................................................................................................................78 Listes des références bibliographiques :.......................................................................................80 Table des illustrations....................................................................................................................84 Table des matières.........................................................................................................................85 Table des annexes..........................................................................................................................87 Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 4/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 Introduction Le premier jour de classe, souvent, l'enseignant demande à ses élèves de remplir une feuille, sur laquelle ils inscriront des références les concernant (état civil, professions des parents...). Au même moment, dans une formation professionnelle, le formateur fait un tour de table en début de séquence, pour connaître le métier, les motivations, les besoins ou encore les enjeux de chacun. Ces actes qui peuvent sembler tenir de la coutume sont pourtant essentiels. La connaissance du public est l'un des maillons fondamental pour assurer la qualité de l'enseignement apporté. Ainsi, de nos jours, l'étude des populations formées (âge, genre, origines sociale et géographique...) est de plus en plus un champ d'analyse important de l'ingénierie de formation. Celle-ci permet d'éviter les obstacles de compréhension voire de les solutionner. Le formateur a alors « les cartes » pour éviter un échec. En effet, personne n'est identique face à l'apprentissage : on se repose sur un acte de communication où celui qui reçoit le message se heurte à la fois à un « bruit » dans sa réception (compte tenu de l'environnement dans lequel il est) mais aussi un filtre de compréhension. Ce filtre est issu, entre autres, de son groupe social qui possède ses us, ses enjeux et ses représentations. Les sciences de l'éducation s'appuient ainsi sur la psychologie sociale pour comprendre ce point car elle tisse des liens importants avec l'éducation et la formation au travers de l'étude des groupes, de l'influence et de la cognition sociale (Monteil, 1990). Ce champ offre alors un point de vue idéal pour voir comment un individu ou un groupe va se positionner vis-à-vis d'une formation dans une société de plus en plus complexe. Société où les objets des enseignements ou des formations se télescopent régulièrement avec l'actualité : management du stress, enseignement de l'Histoire ou de la Biologie, travail sur la prévention... C'est le cas notamment de l'enseignement vétérinaire qui a subi des évolutions majeures ces quarante dernières années. Ainsi, depuis la Seconde Guerre Mondiale, les relations liant l'homme à l'animal ont fondamentalement changé par des facteurs dus au développement économique et social. D'une part, l'agriculture s'est basée sur une industrie puissante et moderne. De nouvelles formes d'élevage sont ainsi Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 5/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 apparues, sur un mode d'organisation industriel, afin d'assurer l'approvisionnement en produits animaux (viandes, lait, œufs) d'un marché de plus en plus urbain. D'autre part, cette urbanisation a éloigné une population citadine des réalités des campagnes avec en parallèle un développement très fort du nombre d'animaux de compagnie. Cela a conduit la population à adopter une nouvelle vision de l'animal, notamment au travers du rejet de la souffrance, et de la prise en charge et du traitement de la douleur. Ces trente dernières années ont vu apparaître la condamnation de pratiques (élevage intensif, expérimentation...) sur des revendications éthiques, sociétales ou juridiques. C'est donc dans ce contexte que l'enseignement vétérinaire doit interagir et la question du traitement de la douleur animale devient alors un enjeu essentiel : valeur centrale de la profession vétérinaire, elle est aussi une valeur centrale de la société. L'enseignement doit alors faire face à cet entremêlement. C'est ici que la compréhension du public apprenant devient une étape « phare ». Connaître la manière dont les étudiants cons truisent leur vision de la douleur animale en fonction de l'environnement va permettre de fournir des voies d'amélioration significative au cursus global. Le campus vétérinaire de VetAgro-Sup à Lyon fournit ainsi un terrain d'étude idéal. Première école vétérinaire au monde au 1 8e siècle, elle a dans son histoire subit l'ensemble des transformations du métier vétérinaire. Aujourd'hui encore, la transformation du public étudiant y est un défi pour l'amélioration du contenu des apprentissages d'un métier à la fois traditionnel et moderne. L'étude visera donc à comprendre la vision des étudiants vétérinaires par rapport à ce point « clé » de leur cursus qu'est la douleur animale. En s'appuyant sur des éléments descriptifs du contexte, sur des apports théoriques de la psychologie sociale appliquée aux sciences de l'éducation et plus spécifiquement sur les représentations sociales ; il s'agira ici par l'établissement d'une méthodologie reposant sur des outils d'analyse éprouvés, de voir les résultats marquants qui peuvent émerger et de les traduire en préconisations applicables à l'ingénierie de formation de l'enseignement vétérinaire. Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 6/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 1) Douleur animale et enseignement vétérinaire : un contexte complexe A l'intersection entre un savoir théorique complexe et l'évolution de la société, le vétérinaire doit être capable de mobiliser de nombreuses compétences selon des situations variées. La douleur animale s'insert ainsi comme une valeur centrale de cette complexité. Sujet prépondérant du métier puisqu'au centre de la pratique quotidienne, elle est sujette à la fois à de vastes connaissances mais également à une pratique contextuelle qui dépend à la fois de la perception du praticien mais également de la perception des acteurs autour de lui : clients, éleveurs, inspecteurs vétérinaires, biologistes... Acteur profondément ancré dans son environnement, le vétérinaire doit être capable de mêler exercice professionnel et perception d'une réalité changeante en fonction de l'actualité. L'enseignement vétérinaire doit donc répondre à cet enjeu par une formation complète de populations d'étudiants en pleine mutation. 1.1) Enjeu pour l'enseignement vétérinaire d'une analyse psychosociale De la formation des premiers vétérinaires à Lyon au 18e siècle par Claude Bourgelat pour soigner les chevaux militaires, en passant par la prévention des maladies des élevages intensifs pendant le 19e et le 20e siècle, jusqu'à l'essor des animaux de compagnie à la fin du 20e siècle, la civilisation a beaucoup évolué sur sa vision du traitement médical des animaux. Aujourd'hui, le bien-être animal est devenu un enjeu majeur, objet de toutes les attentions. Les acteurs du monde animal et leur travail sont alors scrutés profondément pour voir si ils correspondent aux acceptions que l'on juge recevable. Scruter les étudiants vétérinaires revient alors à prendre une démarche psychosociale, permettant de comprendre leurs représentations sociales de la douleur animale, objet de notre étude, et de comprendre ainsi son intérêt dans la formation au regard du contexte. On ne peut donc vraisemblablement pas, dans ce type d'analyse, déconnecter une formation du contexte dans lequel elle évolue. Ainsi, la psychologie sociale étudie les rapports entre les pratiques pédagogiques et les représentations qui y gravitent. On a, d'une part, l'étude de l'influence des représentations sur les techniques pédagogiques et de l'autre, l'influence que les techniques ont sur les représentations. Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 7/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 On fait alors reposer l'analyse sur deux fondements centraux selon l'acception de la plupart des auteurs du champ : chaque individu a sa propre conception de la réalité, qu'il construit à partir de processus cognitifs et sociaux, et d'autre part, le fonctionnement de cet individu (actions, pensées, sentiments) est influencé socialement par les personnes qui l'entourent. On prend ainsi en compte trois schémas de fonctionnement de création de cette réalité qui entre en jeu : le conservatisme (les idées, les impressions ont tendance à persister et sont lentes à se modifier), l'accessibilité (l'information la plus accessible est celle qui a le plus d'impact sur notre comportement et nos émotions), superficialité et profondeur (selon la motivation de l'individu pour un sujet, il le traite de manière plus ou moins aboutie). Les individus (ou groupes d'individus) adaptent donc leurs comportements face à des situations pour lesquelles ils créent des représentations : de soi, de la tâche, des autres et du contexte (Abric 2001) 1.1.1) Acceptions utilisées des termes fondamentaux abordés dans cette étude : Afin d'être en accord sur la terminologie des principaux termes abordés dans cette étude, il est intéressant d'en rappeler brièvement les acceptions qui seront adoptées dans l'ensemble du présent document. Elles ont été choisies pour leur caractère neutre afin d'éviter toute interaction négative dans l'analyse. Toutefois, dans le développement de cette étude de nombreux éléments permettront d'enrichir cellesci. 1.1.1.1) Le vétérinaire A l'origine, le vétérinaire qualifie ce qui a rapport aux soins des animaux. Pour Froget (2006), il est entre la médecine humaine et l'agriculture ; la médecine vétérinaire se situe dans le cadre élargi des relations de l'homme et de l'animal. Il va au delà de sa fonction initiale de garantir une des réponses aux besoins nutritionnels de l'homme en soignant également majoritairement des animaux de compagnie. Il joue aussi un rôle spécifique dans l'utilisation d'espèces et de lignées sélectionnées et la préservation des équilibres naturels. Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 8/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 1.1.1.2) La douleur animale Selon l'acception de Le Bars (2002) La douleur animale est une expérience sensorielle, aversive, déclenchée par une atteinte réelle ou potentielle, qui provoque des réactions motrices et végétatives protectrices, conduit à l’apprentissage d’un comportement d’évitement et peut modifier le comportement spécifique de l’espèce, y compris le comportement social. On utilise une façon un peu détournée pour définir la douleur chez l’animal, parce qu’il est impossible de connaître ce que ressent l’autre, surtout lorsque ce dernier ne peut communiquer. 1.1.1.3) La représentation sociale D'une manière générale, la notion de représentation apparaît sous différentes formes selon le contexte dans lequel elle est utilisée, elle peut ainsi être scientifique, politique... (Lefebvre, 1980). Cependant, on peut souligner une conception particulière qui nous intéresse ici, c'est la conception dite psychologique. On va alors considérer la représentation comme l'aptitude d'un individu à se représenter un objet, une théorie, une personne qui est absente de manière métaphorique selon ses souvenirs, ses valeurs et ses idées. Ainsi, pour Moscovici (1961), il s'agit de connaissances « naturalisées », dont la fonction est de « rendre familier l'étrange » en permettant aux concepts inhabituels de prendre place dans les cadres familiers de notre pensée. 1.1.2) La douleur animale est bien une représentation sociale des étudiants vétérinaires L'un des points principaux ici est que l'on considère la douleur animale comme génératrice d'une « imagerie collective » et donc de représentations sociales. Pour étayer ce point, on peut se baser sur les cinq caractéristiques qui sont à démontrer avant toute démarche exploratrice d'une thématique sur les représentations sociales (Moliner, 1993). Tout d'abord, il faut considérer un groupe d'individus puisque l'on est dans le cas d'une représentation sociale : on prend ici les étudiants vétérinaires. Puis, l'objet étudié doit être polymorphe, c'est-à-dire qu'il change, en totalité ou en partie, de forme ou de sens selon les personnes et les groupes : ce qui est le cas ici. En effet, il est aisé de prendre comme acquis que la douleur animale n'est pas une Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 9/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 conception identique selon des individus : il suffit pour cela de se baser sur les différents débats médiatiques concernant les conditions de vie des animaux, sur lesquels on reviendra un peu par la suite. L'objet doit alors permettre aux membres du groupe d'afficher une certaine cohésion ou une identité. La manière dont les étudiants vétérinaires et par extension les vétérinaires comprennent la douleur animale est un moyen de se reconnaître au sein du groupe. Il en va de même chez les groupes parallèles qui se reconnaissent dans leurs définitions : les associations de protection animale, les éleveurs... D'autre part, l'objet étudié doit être un enjeu dans la société. Pour cela, l'argument précédent s'applique encore (Mariotti, 2003). Dans nos sociétés modernes, la condition animale fait ainsi partie des enjeux importants. La maîtrise de la définition qui est communément traduite à la majorité des individus est alors prépondérante. On rejoint ici le quatrième point de la dynamique sociale. En effet, l'enjeu doit évoluer dans le temps au même titre que la représentation sociale. Là encore, il est aisé de voir que la notion de douleur animale n'a pas la même acception pour les individus aujourd'hui qu'il y a une trentaine ou une cinquantaine d'années et ce quelque soit le groupe d'appartenance. Enfin le dernier critère est celui d'orthodoxie. Ainsi, l'objet de la représentation sociale ne doit pas être défini dans un système qui le contrôle et le régule. Sur ce point, on ne peut toutefois pas passer sous silence la réglementation qui régit l'expérimentation animale ou encore le droit qui caractérise les actes répréhensibles envers les animaux ; mais il ne s'agit en aucun cas de définir précisément la douleur animale. On se rapproche ici de la notion humaine où de la même manière une définition règlementaire n'existe pas de manière officielle mais interagit avec un encadrement plus ou moins clair. L'exemple des accompagnements de fin de vie et du droit à mourir illustre parfaitement cela. 1.1.3) Intérêt d'étudier les représentations sociales en formation initiale chez des étudiants vétérinaires. Il est toujours fondamental de ne pas oublier que le fait d'apprendre n'est pas un acte isolé mais qu'il s'établit dans un environnement social. Ainsi, la relation entre un enseignant et des étudiants n'est pas une simple transmission d'informations mais bien une interaction (Gilly, Roux, Trognon 1999). Celle-ci entraîne alors un Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 10/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 décalage entre ce qui est prévu et ce qui se passe réellement dans l'apprentissage, qui s'explique par le fait que la communication est une des voies fondamentales de production et de transmission des représentations comme l'indique la psychologie sociale (Ghiglione, 1999). Ces représentations sont alors significatives d'expériences spécifiques de l'individu qui manifestent une imbrication de celles-ci dans un « méta-système » de référence. Pour les étudiants vétérinaires, le fait d'avoir vécu ou non dans un environnement rural pourra, par exemple, impliquer une connaissance différente de l'environnement de formation et mettre en avant un type de représentation sociale spécifique. Ici, on s'attachera à analyser si une population ayant les mêmes caractéristiques modifie ses représentations sociales et si la formation mais aussi le fait de faire partie d'un groupe d'étudiants a un impact. Les représentations sociales qui seront l'objet de l'analyse de cette étude expliciteront notamment la signification que les étudiants donnent à l'enseignement apporté. C'est par ce biais qu'il est intéressant de se pencher sur le rôle de l'impact de l'enseignement sur le système de valeurs. Ces représentations permettent de mieux comprendre comment est perçu l'enseignement. On peut ainsi mieux appréhender le rôle que les représentations sociales jouent dans la situation d'apprentissage et notamment en donnant des solutions pédagogiques pour surmonter certains problèmes posés. C'est l'un des objectifs appliqués de cette étude. Plus précisément, le modèle CIPP (Stufflebeam, 1980), montre que l'on se place ici dans la partie « Contexte » d'une démarche d'analyse de la formation. Ce qui est intéressant est alors de s'attacher à voir la formation comme un système total et de comprendre les pressions s'exerçant de l'extérieur sur le système par l'environnement Cela permet ainsi de résoudre certains problèmes inhérents à l'environnement de la formation, mais également de satisfaire les besoins et de saisir les occasions favorables au maintien ou au développement du système de formation. Ainsi, en pratique pédagogique avec les représentations, plusieurs conditions sont nécessaires pour qu'un étudiant décide de modifier l'une de ses conceptions et s'oriente vers une pratique professionnelle efficace. Il doit d'abord ne plus trouver Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 11/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 d'intérêt pour sa conception initiale de la réalité. La nouvelle conception apprise ensuite doit lui sembler réaliste par rapport à son cadre de valeurs. La conception initiale perd son statut pour être remplacée par celle plus proche du discours scientifique (Hewson et Thorley, 1989). Le dernier temps est que la nouvelle conception lui permet de résoudre des problèmes se présentant à lui et devient ainsi enrichissante et motivante. Pour notre objet d'étude, on peut très bien imaginer de manière purement théorique que l'enseignant demande à l'étudiant ou au groupe d'expliciter sa vision du traitement de la douleur animale. Puis il présente une démonstration opposée au système de valeurs exprimé. L'insatisfaction des étudiants par rapport à la représentation tend alors à aller naturellement vers celle présentée (MacBeth 2000). Concrètement, le formateur (ou l'enseignant) doit créer un conflit dans la perception (et donc les représentations) que l'apprenant a du sujet. 1.2) La formation des étudiants vétérinaires Comprendre la formation des étudiants vétérinaires passe à la fois par l'analyse du public apprenant et de ses caractéristiques sociodémographiques mais également du contenu de la formation et de son articulation au fil des années. 1.2.1) Le public des étudiants vétérinaires C'est un public globalement homogène par ses caractéristiques mais qui a connu une très forte mutation ces trente dernières années tant au niveau du genre, que de l'origine sociale ou géographique des étudiants mais aussi de l'accès au sein des études vétérinaires. Aujourd'hui, le profil type de l'étudiant vétérinaire est : une étudiante citadine de parents cadres ou assimilés et ayant suivi le parcours classique par une classe préparatoire post-bac. C'est donc un profil qui va à l'encontre de l' « image d'Épinal » du jeune garçon rural ayant vécu près des animaux de la ferme ou ayant suivi un père vétérinaire. 1.2.1.1) Genre et âge Ainsi, le public des étudiants vétérinaires est essentiellement féminin. C'est le changement majeur dans la structuration du groupe des étudiants qui s'opère depuis 20 ans (Sans, 2011). De 140 femmes vétérinaires en 1970, on observe une Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 12/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 augmentation progressive du nombre d'étudiantes. De 10 à 30% dans les années 1970 à 1980, le taux de femmes admises au concours d’entrée aux écoles vétérinaires est passé à 60 à 75% de 2000 à 2008 (Langford, 2009). Ce n'est pas une exception française puisqu'aux États-Unis, le taux de féminisation du cursus est de 95%. Ainsi, en première année pour 2010-2011, le taux de féminisation au campus vétérinaire de VetAgroSup à Lyon est de 84 % avec 99 filles pour 19 garçons. Cette tendance se situe dans le mouvement global qui s'observe dans l'enseignement supérieur, avec une féminisation accrue des filières d'excellence comme les grandes écoles, notamment dans les sciences de la vie (biologie, agronomie, zootechnie...) 1.2.1.2) Catégories socioprofessionnelles des parents et milieux de vie L'autre point remarquable est l'origine socioprofessionnelle des parents. Il y a une trentaine d'année, la majeure partie des étudiants était issue de familles d'agriculteurs, voire de vétérinaires . Aujourd'hui, ces catégories ont quasiment disparu. Sur l'école de Lyon, seuls 4 étudiants sont issus de parents agriculteurs et 2 de parents vétérinaires sur les 118 étudiants de 1ère année. Ainsi, la majorité des parents sont issus des catégories socioprofessionnelles supérieures (professions libérales de santé, professions de l'enseignement, ingénieurs...). Près de 80% des étudiants ont au moins un parent cadre et 65%, deux parents cadres. Les étudiants viennent donc majoritairement d’un milieu social relativement aisé, le père ayant le plus souvent un poste élevé (ingénieur, cadre) ou étant son propre patron, et la mère assurant un deuxième revenu parfois moins important (milieu ouvrier, professions intermédiaires) mais renforçant le confort financier de la famille. Cette tendance est confirmée nationalement sur l'ensemble des écoles vétérinaires (Sans, 2011). Les études nationales montrent également que les étudiants sont majoritairement des citadins vivant dans des milieux urbains ou péri-urbains. Ainsi seuls 22% des étudiants des quatre écoles vétérinaires avaient, en 2009, vécus majoritairement dans une ville de moins de 20000 habitants (Langford, 2009). Ici encore, on peut imaginer que la relation des étudiants au monde vétérinaire est principalement liée à la médecine vétérinaire de ville (concernant majoritairement les animaux de compagnie). La relation aux autres types de pratique (rural, recherche...) est donc Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 13/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 plus limitée au quotidien. 1.2.1.3) Cursus précédant l'entrée à l'école vétérinaire L'accès aux écoles vétérinaires s'effectue comme pour les autres grandes écoles nationales par un concours. Les étudiants peuvent être issus de trois filières. La filière classique (79% au sein du campus lyonnais en 2010/11) se fait après une classe préparatoire BCPST (Biologie, Chimie, Physique, Sciences de la Terre) postbac en deux années qui permet l'accès également, sur classement, aux grandes écoles d'agronomie (ENSA et ENITA). Une autre filière concerne les étudiants ayant validé un DEUG universitaire de Biologie et une classe préparatoire d'un an suivie également d'un concours (9,2% en 2010/11). Enfin, la troisième filière concerne des étudiants de BTS ou DUT des domaines de biologie ou d'agronomie, les modalités étant identiques à la filière précédente (7,5 % en 2010/11). Le concours, quelque soit la filière ne peut être passé que deux fois. Il est à noter que chaque année un élève par promotion est accepté sur dossier selon son parcours (formation initiale et expérience professionnelle). Cette différence de formation initiale est importante car elle suggère un « background » différent entre étudiants. Ainsi, à la différence des étudiants majoritaires ayant effectué le parcours classique par une classe préparatoire en deux ans, les étudiants étant passé par un DEUG et surtout par une filière DUT ou BTS peuvent avoir eu l'occasion d'acquérir des connaissances voire de pratiquer sur les animaux de laboratoire. Ils peuvent alors avoir une approche spécifique de leur enseignement. Leurs différences d'âge et d'expériences peuvent également leur amener une vision plus riche de certains éléments enseignés. A noter également que la classe préparatoire permet, outre les écoles vétérinaires, de présenter l'entrée des autres écoles supérieures du Ministère de l'Agriculture. Ici, il est intéressant de voir, au niveau national, que 96% des étudiants ont mis les écoles vétérinaires comme premier choix, et même 25% d'entre eux comme seul choix (Sans, 2011). Cela montre un fort attachement des étudiants à cette filière par rapport aux autres débouchés possibles. Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 14/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 1.2.2) Le cursus de formation : organisation pédagogique Le cursus de la formation des étudiants vétérinaires est défini par un référentiel. Le référentiel de diplôme reprend l’ensemble des connaissances qui permettent de répondre aux exigences fixées dans le référentiel professionnel, défini avec les représentants de la profession. Celui-ci est établi par le Ministère de l'Agriculture (DGER) après échanges avec les enseignants et les vétérinaires libéraux. Le référentiel de diplôme décrit les connaissances et aptitudes indispensables en terme de savoirs, de savoir-faire et de savoir-être que doit posséder un diplômé sortant d’une École vétérinaire afin de lui permette d’intervenir de manière autonome. Il y a donc un vrai lien en théorie entre la pédagogie utilisée dans l'enseignement dispensé et la pratique professionnelle telle qu'elle sera effectuée par la suite. L'un des éléments essentiels à retenir est que l'enseignement vétérinaire ne couvre pas l'ensemble des espèces animales, mais les principales rencontrées dans la pratique. L'enseignement couvre ainsi essentiellement les chiens, les chats, les chevaux, les animaux de rente (porcins, lapins, bovins, caprins et ovins) et un peu les NAC (Nouveaux Animaux de Compagnie : furets, reptiles, ...). A contrario d'une croyance fortement ancrée, le vétérinaire ne sait pas soigner l'ensemble des animaux mais ceux rencontrés de manière fréquente. Comme en médecine humaine, il dispose de confrères « référents » spécialisés sur certaines espèces ou certaines pathologies ou pratiques. Le cursus s'articule donc autour de ces seules espèces animales. 1.2.2.1) Près de trois ans d'apprentissage des savoirs... Au sein du campus vétérinaire de Lyon, l'articulation de l'enseignement vétérinaire s'effectue en deux temps. Le premier temps est constitué par un apprentissage essentiellement théorique. Ainsi, de la première année jusqu'en fin de troisième année, les étudiants suivent des cours magistraux (CM) et des travaux dirigés (TD) ou pratiques (TP) pour acquérir l'ensemble des connaissances nécessaires à la pratique vétérinaire. Il existe également des travaux dirigés non présentiels (TDNP), qui sont des créneaux de temps réservés aux étudiants pour réviser les cours ou effectuer des recherches bibliographiques. A noter que, comme à l'université, les Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 15/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 cours magistraux ne sont pas obligatoires. L'évaluation se fait par des examens de fin de semestre par unité d'enseignement. Il n'y a pas de mécanisme de compensation. Si l'étudiant échoue à une unité, il doit obligatoirement passer un rattrapage en septembre de l'année universitaire suivante pour le valider. Si il échoue à nouveau, il redouble alors l'année. Cependant, il pourra suivre les cours de l'année suivante mais devra repasser les examens manqués, et ne sera pas considéré comme appartenant à l'année suivante. Ainsi, les cours se répartissent de la manière suivante : Années CM TD TP TDNP 1ere année 402h 263h 63h 116h 2e année 405h 265h 32h 143h 3e année 426h 151h 55h 38h Tableau 1 : Répartition des volumes horaires des étudiants au cours des trois premières années du cursus vétérinaire (source : programme pédagogique 2010/2011) La première année aborde les bases de l'ensemble des éléments du cursus (nutrition, anatomie, parasitologie, virologie...) ainsi que de l'informatique et de l'anglais. Ici, la douleur animale n'est pas abordée à proprement parler, mais plutôt au travers d'éléments ponctuels dans différents cours. La deuxième année continue les éléments de première année. Elle apporte également des modules nouveaux (dermatologie...) et des aspects de médecine et chirurgie vétérinaires (pathologie infectieuse, chirurgie générale...). La douleur animale est traitée de manière un peu plus poussée sur certains modules, comme sur les cours relatifs à l'expérimentation animale ou à l'étude du système nerveux. Néanmoins, là encore, on ne la retrouve que dans des éléments ponctuels au fil du cursus. Enfin, la troisième année termine la formation théorique des étudiants en offrant notamment des modules par espèces d'animaux (carnivores domestiques, animaux de rentes, équidés). C'est dans cette année que l'anesthésiologie est abordée ainsi que les soins intensifs et donc à ce moment-là que les étudiants abordent le plus d'éléments théoriques directement en lien avec la douleur animale tel que nous l'avons évoqué précédemment. Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 16/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 Pour terminer sur ce point, cette période est ponctuée par six stages qui couvrent différents éléments de découverte du monde vétérinaire. En première année, les étudiants vont sur une exploitation laitière (chez un exploitant et non avec un vétérinaire), puis auprès d'un élevage de monogastriques (volailles, lapins ou porcs). Entre la 1ère année et la seconde, les étudiants doivent effectuer un stage libre en clinique ou dans un autre type de pratiques (services vétérinaires, laboratoires...). En 2e année, les étudiants font un stage dans une clinique à majorité rurale puis, entre la 2e année et la 3e année, le même type de stage que dans l'entre année précédente. 1.2.2.2) ...et la même durée de pratique clinique Le second semestre de 3e année marque pour les étudiants l'entrée en clinique. En effet, le campus vétérinaire dispose d'un centre hospitalier d'études vétérinaires (CHEV) qui permet de former les étudiants directement au contact des clients tout en étant encadrés par des enseignants. Pendant ce semestre ils sont alors soumis à 273h de rotations cliniques dans les différents services du centre hospitalier avec également des gardes pendant les week-ends. Les deux années suivantes se concentrent essentiellement dans l'activité clinique avec également des rotations. Dès la troisième année les étudiants effectuent leur activité clinique par groupe de 6 ou 7 étudiants qui s'associent par affinités et ce, pour des raisons d'organisation, de bon entente. Chaque groupe effectue hebdomadairement (ou sur plusieurs semaines parfois) une activité au sein d'un service de l'école. L'activité clinique peut s'effectuer de nuit selon la rotation. Chaque rotation répond à un emploi du temps précis pour la semaine où chaque journée est découpée en période selon les activités à effectuer. Ainsi, même si les étudiants ne voient pas les mêmes cas selon leur groupe, ils effectuent malgré tout les mêmes tâches au sein de chaque service. En fin de 4e année, les étudiants obtiennent le DEFV (Diplôme d'Études Fondamentales Vétérinaires). Celui-ci permet d'exercer en tant qu'assistant vétérinaire mais ne permet pas d'exercer de manière libérale à son compte. Enfin, la dernière année, dite d'approfondissement, donne lieu à la rédaction par les étudiants d'une thèse vétérinaire. Pendant cette année (ou si ils l'ont commencé plus Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 17/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 tôt), les étudiants sont également amenés à effectuer des activités de bibliographie et/ou de recherche. Cette thèse donne lieu à l'attribution du doctorat vétérinaire qui permet alors la pratique de l'exercice libéral de l'activité après inscription à l'ordre des vétérinaires. 1.2.2.3) Les autres éléments hors cursus : formation initiale, emplois étudiants... Pour bien comprendre l'enseignement, il est important d'ajouter à cette partie des éléments hors cursus qui peuvent participer à l'apprentissage des étudiants mais également à construire leurs représentations. Tout d'abord, il existe au sein du campus vétérinaire de nombreux clubs étudiants qui participent à la vie de l'établissement. Outre des thèmes traditionnels (organisation de fêtes, activités sportives...), il existe également de nombreuses activités en lien avec les animaux. Ainsi, il existe des associations qui étudient les animaux sauvages, d'autres l'aquariophilie ou encore l'apiculture, un club d'agility et de dressage pour les chiens, une autre association s'occupe du chenil de l'école qui accueille les animaux des étudiants pendant leurs activités éducatives, une autre sert à relayer les étudiants auprès des poulains en clinique, ou à soigner les animaux des SDF dans un dispensaire... Toutes ces activités contribuent à la construction de l'identité des étudiants et à percevoir leur environnement différemment. De plus, les étudiants peuvent aussi s'inscrire auprès d'associations professionnelles par spécialité (l'AFVAC Jr pour les animaux de compagnie, l'AVEF Jr pour les chevaux, ...) et participer à des travaux pratiques et à des séminaires sur différents cas. Ensuite, les étudiants pratiquent également hors campus à de nombreuses activités en lien avec les animaux. Ainsi nombre d'étudiants font partie de clubs d'équitation et ont quelquefois leur cheval non loin de l'établissement. Certains sont également juges pour des concours (course, beauté...), éducateurs, compétiteurs avec leurs animaux ou sont actifs bénévoles pour des associations de protection des animaux comme la SPA. Enfin, le dernier élément qui n'est pas à négliger est les emplois étudiants. En effet, le campus vétérinaire propose aux étudiants des emplois pour s'occuper des différents animaux des animaleries. Ainsi, certains étudiants participent surtout à Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 18/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 l'entretien, mais aussi aux actes et aux protocoles de recherche sur les animaux dès la première année de manière rémunérée. Il y a donc un certain nombre d'étudiants qui pratiquent auprès des animaux tout au long de l'année. D'autres étudiants effectuent également des tâches d'Auxiliaire Spécialisé Vétérinaire (ASV) en cabinet libéral et leur permet de pratiquer pour certains avant l'entrée en clinique pendant la scolarité. 1.3.2.4) Choix de filières pendant le cursus Cette dernière partie vise un point essentiel pour chaque étudiant pendant le cursus : le choix de la filière d'approfondissement. En effet, chaque étudiant doit choisir une filière en fin de 4e année dans laquelle il se spécialise. Cette spécialisation traduit là encore une autre tendance de l'enseignement vétérinaire qui émerge ces vingt dernières années. De nos jours, il y a une très faible partie des étudiants qui choisi la pratique rurale ou de production animale, et ce dans tous les pays industrialisés (Sans, 2011). Pourtant, la demande est forte dans ce secteur. Certaines causes sont avancées comme la faible sélection, à l'entrée des écoles, d'étudiants souhaitant s'orienter vers cette voie ou la faiblesse des politiques publiques pour inciter les jeunes à s'installer dans ce domaine. L'un des effets majeurs de cette baisse de praticiens est le risque sanitaire par manque d'un maillage suffisant pour satisfaire les besoins de tous les professionnels du secteur (Chenoweth, 2004). On observe de la même manière un très faible investissement des étudiants vers les secteurs de la recherche, qui même si ils ne sont pas vecteurs de nombreux emplois, peuvent toutefois fournir des opportunités intéressantes selon les profils. Les études des dernières promotions françaises et notamment à VetAgro-Sup montrent la confirmation de ces tendances. Ainsi, on observe en cours de cursus entre 2005 et 2008, sur les mêmes promotions des quatre écoles françaises, une diminution du nombre d'étudiants souhaitant s'investir dans d'autres domaines que le carnivore domestique au profit de celui-ci. (Langford, 2009). La dominante carnivore devient la tendance majoritaire lourde qui va jusqu'à poser des difficultés de recrutement pour les autres filières et des activités d'enseignement parfois difficiles à tenir. Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 19/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 1.3) La question de la douleur animale L'étude vise ici à montrer la représentation sociale que les étudiants vétérinaires se font de la douleur animale au fil de leur cursus. La question de la douleur animale peut, au premier abord, apparaître comme une question technique qui relève essentiellement des sciences naturelles et de la médecine vétérinaire pour comprendre son fonctionnement mais également les moyens de la prévenir ou de la réduire. Pourtant, cette question soulève aujourd’hui un débat dans la société qui voit s’affronter des points de vue divers et souvent antagonistes. Il est donc nécessaire de connaître à la fois le savoir théorique enseigné aux vétérinaires mais également les débats publics sur le sujet, afin d'appréhender les approches qui seront décrites par les étudiants et de comprendre leurs constructions. 1.3.1) Ce que l'on entend par douleur animale pour un vétérinaire La douleur est quelque chose de difficile à définir, mais une partie est commune à l'homme et à l'animal (Junot, 2010). Elle implique plusieurs composantes : une composante émotionnelle (liée à la singularité de chaque patient) et une composante liée à l’agression des tissus. On peut ainsi définir la douleur comme une « expérience sensorielle et/ou émotionnelle désagréable causée par une atteinte tissulaire réelle ou potentielle qui provoque des réactions motrices et végétatives protectrices conduisant à la modification du comportement spécifique de l’individu». L’impossibilité de communiquer n’exclut en rien la possibilité que l’individu ressente une douleur et nécessite un traitement antalgique adéquat. On a donc une composante sensorielle, dépendante du système nerveux sensitif et une composante émotionnelle, liée au fait que personne ne réagit de la même manière à un stimulus douloureux. De plus, l’atteinte tissulaire peut être potentielle : c’est le cas lorsqu’on appréhende la douleur avant même d’en faire l’expérience (notion de mémoire de la douleur). On a le ressenti d’une douleur sans aucune agression. C’est le cas également dans la notion de douleur fantôme (certaines personnes continuent à souffrir de leur jambe alors qu’on les a amputé). En résumé, on peut dire que la douleur est : • un phénomène protecteur (lors de douleur aiguë) qui permet à l’organisme de Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 20/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 réagir et de pouvoir se soustraire au stimulus dangereux. Ce phénomène peut devenir pathologique si la douleur n’est pas traitée (douleur chronique). • une considération multi‐espèce : tous les mammifères possèdent à peu de choses près le même système nociceptif. On peut partir du principe que tout ce qui nous fait mal fera mal à un animal. • un processus pouvant avoir des conséquences très délétères sur l’animal. On distingue alors plusieurs typologies de douleur. On a ainsi des différences entre douleur physiologique et douleur pathologique, entre localisations anatomiques (douleur viscérale ou somatique), selon la durée (aiguë ou chronique), selon l'origine (douleur inflammatoire par excès de nociception : traumatisme, chirurgie... ; neuropathique : lésion des nerfs ; psychogène : difficilement objectivable chez des animaux) La douleur chez l'animal va agir comme un stress entraînant des réactions physiologiques et psychologiques. Elle peut alors entraîner de nombreuses conséquences cliniques : - Des complications respiratoires - Des complications cardiovasculaires - Des complications myo‐arthro‐squelettiques - Des complications gastro‐intestinales - Des complications infectieuses et métaboliques Mais les manifestations les plus connues et les plus visibles (même pour les non spécialistes) restent les altérations comportementales. On note ainsi une altération des mouvements corporels (difficulté à supporter son poids, refus de bouger ou de changer de posture, adoption d'une posture antalgique c'est-à-dire soulageant la douleur) ; des vocalisations (plaintes, gémissements, grognements, sifflements, aboiements, miaulements…) et des changements soudains (passage de l'animal indifférent qui se laisse faire à l'agressivité impliquant des morsures, par exemple). Pour le vétérinaire, il ne faut pas oublier également que la douleur peut être Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 21/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 spontanée (dans le cas d'une maladie notamment) mais également induite par l'homme. Dans le cas de cette étude, il est important de voir que l'homme peut induire de la douleur à l'animal (mauvais traitement, expérimentation animale, élevage), mais qu'il en va de même pour le vétérinaire. Ainsi dans l'exercice de son activité, le vétérinaire est amené à induire de la douleur pour effectuer des diagnostics, pour soigner l'animal mais également pour des opérations de convenance (castration...). Le vétérinaire n'est finalement pas un acteur neutre visà-vis de la douleur. 1.3.2) Douleur animale et société moderne Il y a de nos jours une sensibilité grandissante de nos sociétés à la douleur des animaux, qui se manifeste dans de multiples situations : l’expérimentation animale, la maltraitance des animaux de compagnie, les spectacles vivants, tels que le cirque, et l’élevage des animaux destinés à l’alimentation humaine. Cela provoque alors un échange difficile entre tous les partis : les inconditionnels de l’émancipation animale qui refusent toute exploitation des animaux, les partisans d’aménagements pour améliorer les conditions de vie des animaux et les acteurs économiques qui mettent en avant les contraintes financières dans leur secteur d’activité. Ainsi, de nombreux changements survenus ces trente dernières années expliquent l'état actuel de la question (Le Neindre, 2009) : - Alors que la douleur était dans le passé considérée comme en partie inévitable, des solutions existent désormais pour la réduire sinon pour l’éliminer. - Le public s’est éloigné des animaux de ferme et des réalités de l’élevage. La population des villes n'a que des relations très rares avec les animaux de ferme et ne cotoît de manière régulière que des animaux familiers dont le statut est différent. - Les impératifs dans les nombreux secteurs de production animale ont conduit à mettre en place des systèmes qui suscitent de nombreuses interrogations. - Les différents groupes ayant des enjeux dans le débat autour de l'animal sont de plus en plus nombreux. Autrefois, seul l'éleveur prenait des décisions, alors que de nos jours tous les maillons de la chaîne (distributeur, grossiste, consommateurs) Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 22/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 ainsi que d'autres partis (lobbys, associations de protection) sont actifs dans le débat. De plus, récemment, les sciences humaines et sociales ont montré que la question de la douleur animale est traitée par un grand nombre de disciplines dont l’histoire, l’anthropologie, la philosophie, le droit, l’économie et la sociologie. Ces approches différentes pointent la difficulté d’isoler la notion de douleur des animaux d’autres concepts tels que la souffrance et le bien-être animal. Elles convergent dans leurs conclusions sur l’importance accordée aux conditions de vie des animaux par des acteurs issus de milieux très différents et sur un constat de rejet de la douleur, qu’elle affecte l’homme ou les animaux placés sous sa responsabilité. Chronologiquement, la douleur, qu’il s’agisse de l’homme ou de l’animal, est un objet de recherche récent. Les recherches sur la douleur chez l’homme apparaissent de façon significative dans les années soixante-dix, avec une croissance continue dans le temps des publications, ce qui a probablement eu un effet d’entraînement pour les recherches sur la douleur animale. L’objet d’étude central est la compréhension des mécanismes physiologiques de la douleur à des fins de sédation. L’analyse de la physiologie de la douleur chez les animaux dans cette expertise a donc conduit à élargir le cercle des disciplines habituellement mobilisées sur cette question en associant aux neurobiologistes et aux physiologistes, des éthologues, des vétérinaires et des zootechniciens. La compréhension du phénomène dans la société s'articulera ici autour de trois items majeurs du débat : l'expérimentation animale, les animaux d'élevages et les mouvements de protection des animaux. 1.3.2.1) Douleur animale et expérimentation : entre réalité et mythe Dans les débats modernes, lorsque l'on parle de douleur animale, on revient très fréquemment sur le thème de l'expérimentation animale. L'une des meilleures manières de définir ce qu'est l'expérimentation animale est de se baser sur sa définition dans la directive européenne du 24 novembre 1986 qui concerne les dispositions relatives à la protection des animaux utilisés dans ce type d'activité. Ainsi, l'expérimentation animale y est définie comme « toute utilisation d’un animal à des fins expérimentales ou à d’autres fins scientifiques susceptibles de causer à cet animal des douleurs, des souffrances, de l’angoisse ou des dommages Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 23/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 durables ». On voit bien ici que l'expérimentation animale est définie notamment par rapport à la notion de douleur animale qui intéresse cette étude. On peut se baser également sur la définition de l'article R214-87 du code rural qui retranscrit en droit français la précédente directive et qui permet de la replacer dans notre contexte de formation professionnelle des étudiants vétérinaires. Elle précise ainsi, que les expériences sur des animaux menées dans la recherche et l'enseignement ou la formation professionnelle sont licites. Par ces définitions, on se rend bien compte que la loi caractérise l'expérimentation animale comme l'action d'utiliser des animaux à des fins scientifiques ou pédagogiques et de leur causer, entre autres, de la douleur. A partir des définitions précédentes, on peut alors commencer à définir ce que l'on entend par douleur dans le cadre de l'expérimentation animale. « Une expérience commence au moment où un animal est préparé pour la première fois aux fins d’utilisation et se termine lorsque aucune observation ne doit plus être faite ; la suppression des douleurs, des souffrances, de l’angoisse ou des dommages durables du fait de l’utilisation efficace d’un anesthésique, d’un analgésique ou d’une autre méthode ne place pas l’utilisation d’un animal en dehors du champ d’application de la présente définition. » C'est une notion intéressante car elle montre que la fin de la souffrance en expérimentation n'est pas nécessairement la fin de l'expérimentation. Dans les années 50, les chercheurs ont créé des protocoles d'étude de la douleur et mettent en place des indicateurs objectifs de suivi de celleci. La douleur devient alors quantifiable et normalisable, c'est une donnée scientifique qu'il est nécessaire d'appréhender. La limitation de la douleur animale dans l'expérimentation ne se fait ainsi pas sur des critères de sensibilité humaine inhérents à chaque individu. La méthode des 3R (pour, en français : Réduire, Remplacer, Raffiner; Russel et Burch, 1959) encore utilisée aujourd'hui, se base sur ce type d'indicateurs. Enfin, la directive européenne du 22 septembre 2010 rappelle que l'utilisation d'animaux n'est pas bannie mais raisonnée. Un aspect intéressant dans notre cadre est la mise en exergue de différences entres races d'animaux notamment au niveau de la sensibilité à la douleur ou de la capacité à produire des résultats fiables et reproductibles à d'autres espèces. Toutefois, pour bien comprendre l'enjeu de l'expérimentation animale aujourd'hui en Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 24/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 France, on ne peut faire l'impasse sur ce qu'elle véhicule puisque c'est un sujet assez sensible. De plus, s'attarder sur ce point est essentiel pour comprendre notre analyse des représentations sociales par la suite. De manière factuelle, dans un rapport de la commission européenne en 2003 sur l'expérimentation animale, l'utilisation d'animaux à des fins de recherche ou d'expérimentation a représenté environ 10 millions de vertébrés dans les pays de l'UE. 80 % de ces animaux étaient des rongeurs ou des lapins. En 2008, un sondage d’opinion réalisé à la demande du GIRCOR (Groupe Interprofessionnel de Réflexion et de Communication sur la Recherche) auprès de 1003 personnes révèle que seulement 19% des personnes sont opposées à l’utilisation d’animaux pour la recherche contre les maladies graves mais que 42% sont opposées à leur utilisation pour la fabrication de vaccin. On peut ainsi penser que les individus sont plus enclin à tolérer la recherche sur les animaux pour soigner une maladie grave qui a une dimension morale forte, que la mise en application pour la production d'un vaccin. Cette tension pour l'expérimentation animale s'est par ailleurs vérifiée récemment avec l'article « Cobayes sans collier » paru le six octobre dernier dans l'hebdomadaire l'Express. L'article faisait état d'une nouvelle disposition dans la dernière directive européenne déjà citée, selon laquelle des animaux errants, chiens et chats, pouvaient être utilisés à des fins expérimentales. Cet article entraîna la levée d'une vive protestation que la communauté scientifique essaya de calmer. Ceci en expliquant point par point l'article qui faisait état de l'utilisation d'animaux errants uniquement dans le cadre de recherche de transmission de maladies de ce type d'animaux à l'homme, comme cela est déjà le cas. L'expérimentation et tout ce qui touche à la douleur animale n'est donc pas un élément qui laisse insensible la population et génère des prises de position à partir d'informations complètes et/ou incomplètes. 1.3.2.2) Les élevages On trouve ici de nombreux travaux (Le Neindre, 2009) mais qui correspondent plus au bien-être qu'à la douleur. Ainsi, plusieurs enquêtes montrent que les consommateurs sont très intéressés par le bien-être animal et sont prêts à payer un Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 25/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 prix plus élevé pour des produits ayant été obtenus avec des traitements plus respectueux des animaux. Toutefois, il est démontré également qu'il existe une différence sensible entre les déclarations et les comportements d'achats réels. Il y a donc ici soit un manque d'information du consommateur sur le traitement des animaux destinés à l'alimentation ; soit également une dualité chez l'individu à avoir un réflexe citoyen, qui consiste à avoir des valeurs pour le traitement convenable de tous les animaux, et dans un même temps une volonté de payer des produits moins chers, quelque soit le mode de production. L'analyse des perceptions de la population montre ainsi une contradiction entre un mode de vie et une fin agréable pour l'animal et sa considération économique. D'autre part, les consommateurs associent également bien-être animal, non pas comme un rejet de la douleur chez celui-ci, mais plus comme une définition large englobant les normes sanitaires, conséquences environnementales, la qualité des produits... Cependant, le public reste également attaché à sa culture propre de l'animal, une « tradition française » et les récents débats sur les abattages rituels dans les religions juive et musulmane illustrent cela. La douleur animale acceptable est celle issue de méthodes d'élevage ou d'abattage tels qu'on les pratique habituellement dans notre société et ce même si on ne les connaît pas. De la même manière, l'insertion de nouvelles solutions de gestion de la douleur au sein des systèmes de production comme les biotechnologies ou de nouvelles molécules pharmacologiques pouvant présenter des risques de résidus dans les animaux, peuvent connoter une baisse du bien-être de l'animal chez le consommateur. 1.3.2.3) Les mouvements de protection des animaux Ces mouvements sont apparus plus tard en France qu'en Allemagne ou au RoyaumeUni ou encore aux États-Unis avec la SPA qui fut créé en 1845. Cependant, depuis le 19e siècle, de nombreuses associations présentant des projets similaires se sont créés. Outre un éventail et une diversité de propos et d'opinions qui continuent à augmenter aujourd'hui, ces structures ont conservé une composition sociale de leurs adhérents assez constante. Cela nous intéresse particulièrement ici, car comme cela sera présenté par la suite, elle correspond à la structure de recrutement des étudiants Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 26/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 vétérinaires. Ainsi, les adhérents proviennent dans leur grande majorité de classes sociales moyennes ou supérieurs, issus de familles ayant fait des études longues et habitant en ville. Cela explique entre autre un intérêt tardif pour les animaux de rente puisque la première association concernant ces animaux n'a vu le jour qu'en 1961. Lorsque l'on étudie de manière globale les idées défendues par les différents mouvements, on se rend compte d'une grande diversité dans les rapports à l'animal et à la prise en charge de sa douleur. On peut néanmoins les classer en deux catégories (Le Neindre, 2009) : – des partisans plutôt modérés qui souhaitent réformer les systèmes (de production, d'adoption, la législation) pour améliorer les conditions de vie des animaux. – des partisans plus radicaux qui rejettent toute relation à l'animal par l'homme, qu'ils jugent pourvoyeuse inéluctable de douleur pour celui-ci. Il faut rendre l'animal à la nature. L'animal est ici vu comme un esclave. L'autre élément qu'il est utile de comprendre est le mode d'action (là encore le parallèle avec les étudiants vétérinaires se retrouve par certains éléments dans leurs mouvements d'associations) : – des actions qui visent directement le sort des animaux en les recueillant, les protégeant ou en les soignant, – des actions de sensibilisation de l'opinion par le militantisme (campagnes d'informations, tracts, pétitions) ou la pédagogie dans les écoles, – des groupes de pression et des lobbys auprès des pouvoirs publics (État, Europe...) ou professionnels (notamment vétérinaire), – des actions violentes contre des intérêts économiques (laboratoires, fourreurs, éleveurs...) dont certaines sont parfois assimilées à du terrorisme. 2) Comprendre le lien entre représentations sociales et formation On pourrait remonter à Émile Durkheim (1898) qui fut parmi les premiers à décrire la notion de représentation collective. A sa suite, de nombreux auteurs se sont Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 27/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 penchés sur ce concept et l'ont fait évoluer en étudiant notamment les phénomènes psychiques de constitution. En France, la mise en place du terrain de recherche des représentations sociales fera bien la différence avec la représentation individuelle (Moscovici, 1961). On va montrer le rôle de la représentation sociale dans la société moderne à la fois dans leurs interfaces avec la réalité chez les individus et les conséquences qu'il existe sur les communications interpersonnelles, mais également sur les actions et les choix ou encore l'appréhension de la nouveauté. La différence avec l'idéologie est alors importante pour ne pas assimiler les représentations sociales à un autre champ d'analyse. En effet, la représentation est sous un angle que l'on peut qualifier de « micro » et l'idéologie de « macro » (Jodelet, 1989).De manière méthodologique, il est mis en exergue la possibilité des représentations sociales comme un ensemble régi par un principe organisateur (une norme par exemple), structure qui organise l'ensemble des éléments de l'objet étudié. La question de recherche étudiera donc le lien entre les représentations sociales et la formation au travers de plusieurs concepts fondamentaux : la boucle d'apprentissage, la structuration de la représentation sociale, la question de l'ancrage et son rôle dans un groupe donné. 2.1) La représentation sociale ou l'image de la cellule se construisant par interaction Une représentation sociale s'articule comme une cellule : un noyau central entouré d'un système périphérique qui se construit avec son environnement via son ancrage et son objectivation. 2.1.1) Noyau central et système périphérique La représentation sociale s'organise entre un noyau qui est structuré par des éléments stables et non-négociables et une périphérie où ils sont à l'inverse instables et négociables et qui font l'interface avec la réalité (Abric, 2001). L'exemple célèbre utilisé est celui de l'artisan où les éléments du noyau sont « travailleur manuel », « amour du métier », « travail personnalisé », « travail de qualité » et « apprenti ». Ce sont les éléments indispensables de la représentation. Ainsi, l'artisan qui n'effectue pas un travail manuel ne peut alors être perçu comme appartenant à ce métier. Dans un groupe donné, on aura ainsi des éléments relevant du noyau central Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 28/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 et d'autres secondaires et périphériques. Cela est important dans notre analyse car on peut ainsi voir émerger sur des mêmes éléments décrits par les étudiants plusieurs représentations de la douleur animale pouvant influencer leur apprentissage des compétences décrites précédemment. 2.1.1.1) Le noyau central La représentation sociale se construit autour de son noyau qui la stabilise et l'unifie pour assurer sa cohérence dans le temps. En effet, il est celui qui résiste le plus aux changements dans le temps. Lorsqu'une représentation voit un changement au sein de son noyau central, c'est qu'il y a en fait création d'une nouvelle représentation. Ainsi, pour que l'on considère deux représentations sociales différemment, il faut considérer une construction différente de leur noyau central; sinon elles sont identiques (Abric, 1984) Le noyau assure alors deux fonctions (Abric, 2001) : « génératrice » en assurant la constitution, le sens et la valeur et « organisatrice » en définissant les liens entre les éléments de la représentation. A partir du noyau, on peut alors déterminer deux types de représentation (Flament, 1987) : « autonome », le principe organisateur est au niveau de l'objet de la représentation ou « non autonome » où le noyau se situe hors de la représentation dans un autre objet où elle se rattache. 2.1.1.2) Les éléments périphériques Ces éléments permettent les échanges avec le réel. Ils sont la partie « mouvante » de la représentation. Le noyau central leur donne la hiérarchie : plus ils sont proches de celui-ci, plus ils sont importants dans sa signification; plus ils en sont éloignés, plus ils jouent un rôle d'explicitation (Abric, 2001). Ainsi, l es éléments périphériques assurent trois fonctions : – « concrétisation » , ils rendent la représentation concrète face à la réalité. Ils marquent les détails et créent « une ambiance » autour du contexte. (Ehrlich ; 1985). – « régulation » : ils permettent l’adaptation de la représentation à des situations ou des éléments nouveaux en attribuant à ces éléments des statuts de priorité dans la représentation (plus ou moins majeur) Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 29/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 – « défense » :. Ils sont « le pare-choc » de la représentation (Flament, 1987) en protégeant le noyau central des changements : pour changer la représentation, ce sont ces éléments qui se modifieront en premier. 2.1.1.3) La zone muette Par ailleurs, il existe une zone muette de la représentation (Abric, 2001). Ainsi, certains éléments du noyau ne seraient pas exprimables par les individus car donnant une mauvaise image d'eux ou laissant apparaître des valeurs de leur groupe d'appartenance non divulguables. Cet élément est fondamental pour notre analyse car le sujet de la douleur animale de manière générale, et plus particulièrement dans le cadre de l'expérimentation, est sensible. Certains étudiants peuvent ainsi cacher des éléments mettant en exergue des opinions, anti-vivisection par exemple, peu appropriées à des études vétérinaires. Toutefois, il faut noter la difficulté de faire émerger la zone muette du fait qu'elle n'est pas verbalisée. 2.1.2) Le processus de construction de la représentation sociale. A partir des éléments structurants de la représentation sociale, il est nécessaire d'analyser et de comprendre les mécanismes permettant sa construction : l'ancrage au sein du système de valeur et l'objectivation pour la rendre moins abstraite, qui l'intègre alors dans un « habitus ». 2.1.2.1) L'ancrage des représentations sociales Les différents éléments de contenus (centraux ou périphériques) qui forment une représentation sociale peuvent trouver un sens par l'analyse de relations « symboliques » qu'il existe entre acteurs sociaux. C'est la notion d'ancrage (Doise, 1984) : une représentation sociale est toujours imbriquée dans des aspects plus généraux, propres à un champ social. Cet ancrage peut alors prendre plusieurs formes. On retrouve cela dans la conception que les individus ont des positions ou catégories sociales (par exemple entre hommes et femmes) et par extension le lien qui existe entre représentations sociales et appartenances à une catégorie sociale. Plus près encore de notre objet d'étude sur la douleur animale, il peut intervenir Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 30/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 sous forme de croyances ou valeurs générales. Ces croyances n'ont pas nécessairement l'adhésion de la totalité de la population mais elles trouvent un écho dans un grand nombre de relations sociales. On se rapproche ici de la différence faite entre représentation sociale et idéologie (Jodelet, 1989), même si ce dernier terme n'est pas tout à fait approprié ici. En effet, la représentation est sous un angle que l'on peut qualifier de « micro » et l'idéologie de « macro ». L'une porte sur un objet (par exemple la maladie mentale). A l'inverse, l'idéologie « macro » porte sur différents objets dont les limites sont floues. Il n'y a pas de différence entre ce que l'on peut interpréter ou non. Dans le cas de l'ancrage, il y a un « système » et un « méta-système » qui peut être « la croyance dans un monde juste » ou « l'égalitarisme » qui influencent alors les représentations sociales. Pour notre étude, cela pourrait être « la croyance en une société sans souffrance » ou « l'égalité de traitement hommes/animaux », c'est-à-dire l'anthropomorphisme, ces valeurs étant le produit de l'environnement social des individus. La notion d'ancrage concerne l'enracinement social de la représentation. Elle articule les trois fonctions de base de la représentation : fonction cognitive d'intégration de la nouveauté, fonction d'interprétation de la réalité, fonction d'orientation des conduites et des rapports sociaux. Afin d'illustrer ce propos, on peut prendre la manière dont les chercheurs communiquent auprès du grand public. Ainsi, lorsqu'ils essaient de faire comprendre un phénomène, ces chercheurs utilisent souvent des théories scientifiques, économiques ou politiques qui agissent alors directement sur les individus. En effet, le public interprète, comprend et adapte les théories proposées en fonction de l'angle sous lesquelles il les aborde (par un angle religieux, politique, philosophique...) qui est propre à sa culture et ses valeurs. Il ancre ainsi le propos du chercheur. De manière récente, l'exemple de la question des expérimentations possibles sur des embryons humains est éclairante. En effet, l'angle d'analyse pour comprendre cette question de société n'est pas identique selon les personnes. Certaines lui donnent ainsi un sens religieux ou idéologique (la religion l'interdit, un embryon est un être humain, on ne peut donc le manipuler), d'autres un sens scientifique (cela fera progresser la médecine) et d'autres encore un sens éthique ou Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 31/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 philosophique (quand peut-on considérer un embryon comme étant humain). En plus de permettre d'exprimer les rapports sociaux, la représentation par l'ancrage va également les créer. Ainsi, les représentations fournissent des grilles de lecture communes aux membres d'une même société. Les représentations vont agir comme médiateur entre les membres d'un groupe et entre le groupe et la société. L'ancrage va donc donner des cadres dans lesquels l'individu va se situer. Il permet alors de donner des conclusions rapides sur un problème donné en fonction de son champ social. Cependant, le processus d'ancrage étant un processus de construction qui se base sur un contenu déjà existant, il peut modifier les autres représentations en faisant bouger leurs contenus et leurs limites. 2.1.2.2) L'objectivation de la représentation L'autre point important dans la construction d'une représentation, après l'ancrage, est son objectivation. Celle-ci consiste en l'opération qui rend chez le sujet les éléments abstraits concrets et donc de matérialiser chez celui-ci les mots issus de son environnement ou de son champ social comme le souligne Moscovici (1976). Pour illustrer ce propos, on peut reprendre des exemples célèbres. Ainsi, le concept de masse est souvent passé sous silence car on préfère parler de poids car c'est une notion plus facile à définir et comprendre. Les notions scientifiques sont ainsi souvent dissoutes afin de mieux appréhender leurs contours. L'individu prend le concept comme l'indicateur du phénomène (Jodelet, 1997). Dans le langage courant, l'appendicite est ainsi devenue l'opération chirurgicale qui consiste à enlever l'appendice alors qu'il s'agit en fait de l'inflammation ou du gonflement de celui-ci. Ainsi, l'objectivation d'un objet scientifique va se dérouler en trois phases (Jodelet, 1997) : – une sélection constructive. L' individu trie les informations en fonction de critères culturels (on retrouve ici l'aspect de l'ancrage) et normatifs (on ne retient que ce qui est en phase avec son système de valeurs). Ces informations sont alors séparées de la théorie scientifique, l'individu se les approprie puis les réintègre comme des éléments de son propre mode de pensée pour les maîtriser. Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 32/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 – une schématisation structurante. Il se forme ainsi un « noyau figuratif » : l'individu va se construire une image structurée du concept qui va correspondre avec ses propres valeurs sociales et avec sa culture. – une naturalisation. Le modèle structurant imaginé par l'individu devient concret pour lui car il lui permet d'ordonner tous les éléments qu'il a dû assimiler, qui deviennent alors signifiant pour lui. On passe de quelque chose d'abstrait et lointain à une évidence acquise où les éléments scientifiques s'intègrent dans sa réalité : il y a généralisation. La naturalisation est ainsi la phase la plus importante du processus, car dans la société, les relations entre groupes vont se faire grâce à elle. Ainsi, le mot que l'on donnera à l'autre groupe va figer son statut et sa situation vis-à-vis de son groupe d'origine. Ce modèle de reconstruction de la réalité permet de comprendre l'origine des représentations sociales chez les individus. 2.1.2.3) L'influence des facteurs socio-démographiques : un « habitus » dans les représentations sociales C'est donc au travers des processus d'objectivation et d'ancrage que l'on rejoint la notion d' « habitus ». On retrouve ici la conception de Bourdieu (1981) concernant la reproduction sociale. Au niveau des représentations, c'est un point qui est étudié avec attention notamment dans un ancrage de l'habitus qui influencerait une différence significative de jugement des professions entre les étudiants. Ainsi, les représentations sociales, tout comme l’habitus, sont modifiées par les rapports sociaux alors qu'inversement elles participent à leur structuration. De la même manière, elles sont le regroupement d'éléments qui concernent un objet social (attitudes, valeurs, images, opinions, préjugés, décisions), qui sont modifiés dans le temps via des processus de construction, déconstruction, reconstruction. D'autre part, le lien avec l'habitus se fait car les deux concepts reposent sur les liens fortss entre rapports sociaux et organisation cognitive individuelle des personnes. Ainsi, on insiste sur des facteurs influençant la nature des choix en matière de cheminement scolaire ou d'orientation qui se reportent à des moments différents de la vie des individus. On analyse alors les décisions de s'orienter vers telle ou telle Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 33/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 filière en fonction de l'histoire des personnes. Pour les étudiants vétérinaires, le choix de cette poursuite vient donc d'un « habitus » de la représentation du métier transmis par leurs environnements propres. Ainsi l’expérience « non-scolaire » n'est pas le fait que de la période actuelle mais bien de tout le passé de l'étudiant : l’expérience antérieure acquise, en particulier par son milieu familial d’origine ou encore le contexte, qui vont agir sur la subjectivité de l'individu à percevoir les enseignements qui lui sont donnés (Christofides, Cirello et Hoy, 2001). 2.2) Représentations sociales en formation : une relation de réciprocité Structuration et processus de construction des représentations sociales sont souvent liés à l'apprentissage. L'éducation joue alors un rôle à double entrée. L'apprenant utilise à la fois ses représentations pour aborder les éléments transmis et dans le même temps, ces nouveaux éléments viennent questionner ses représentations. Ce principe repose notamment sur l'effet de la boucle d'apprentissage qui fournit une base théorique à cette étude. 2.2.1) L'élément de contact : la boucle d'apprentissage. L'un des aspects essentiels de l'apport des théories par rapport à cette étude est la notion de réflexivité. Ainsi, l'acquisition de nouvelles compétences ne peut être appréhendée sans le ressort par lequel l'individu comprend et perçoit comment il agit. Comprendre une situation, c'est construire une représentation conceptuelle qui permet d'agir sur la situation avec efficacité. On en fait une analyse par la boucle d'apprentissage expérientielle (Kolb, 1984). L’apprentissage expérientiel est un processus par lequel des connaissances sont créées à partir d’une transformation de l’expérience. Les nouvelles connaissances résultent de la saisie (préhension) de l'expérience et de sa transformation. L'un des apports intéressants est que l'on introduit le fait que comprendre une situation c’est en construire une représentation conceptuelle qui permette d’agir sur elle (Le Boterf, 2003). Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 34/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 Figure 2 : Représentation de la boucle d'apprentissage (source : Le Boterf, 2003) Les deux moments de conceptualisation et de mise en pratique sont ceux où les capacités cognitives de l'individu sont mises en avant et où on peut aisément imaginer que les représentations sociales viennent interagir directement. L'apprentissage en double boucle (Argyris, 1977) insère ce phénomène dans le sens où les résultats interrogent (et se font interroger par) les représentations de l'individu. La compétence est alors dépendante de trois axes (Le Boterf, 2003) : l'axe de l'activité (le savoir-faire en action), l'axe des ressources que l'on est capable de mobiliser et l'axe de la réflexivité. C'est sur ce dernier axe qu'il semble intéressant d'étudier l'interaction avec les représentations sociales. Figure 3 : Représentation de l'apprentissage en double boucle (source : Le Boterf, 2003) Ce questionnement réflexif permet d'interroger non seulement un individu mais aussi un groupe social ou une organisation (Zarifian, 1999).On peut faire ici le lien Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 35/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 avec notre contexte d'étude par plusieurs analyses. Ainsi, l'insertion de la représentation au sein de la boucle experientielle va agir comme un modérateur de l'apprentissage de l'étudiant. Celle-ci influence donc son raisonnement. Certaines représentations vont servir de base aux raisonnements des étudiants sous forme de modèles théoriques qui vont prendre la place des modèles enseignés. La partie centrale d'une représentation devient alors le cadre de référence. Les représentations des étudiants peuvent même trouver une cohérence dans certains cas où elles sont pourtant en contradiction avec ce qui est attendu : « deux corps touchent le sol au même moment car il y a très longtemps quelqu'un a fait cette expérience et ils sont arrivés en même temps » (Champagne, 1980). Ces représentations prennent naissance notamment par des idées et conceptions couramment répandues, qui ont été identifiées par la psychologie cognitive : animisme, généralisation, coefficient de réalité donné à un phénomène jugé « naturel »... et dans notre cas, anthropomorphisme, très important avec la douleur animale. Il semble essentiel, pour finir, d'étudier le rapport entre l'acquisition de compétences et la formation initiale comme cela est le cas dans notre contexte. En effet, la formation est à la fois productrice de connaissances mais également de compétences. Ces compétences particulières permettent aux étudiants qui n'ont pas encore de pratique professionnelle de maîtriser des raisonnements abstraits et de prendre de la distance vis-à-vis des actions et de leur environnement. Ces compétences « d'arrière-plan » (Zarifian, 1999) permettent alors à un étudiant d'analyser les situations professionnelles dans lesquelles il se trouvera par la suite. De plus, il faut aussi considérer de manière plus « pragmatique » les connaissances apprises que l'on mobilise directement dans le travail. Cette mobilisation n'est alors pas une simple application des connaissances mais une transformation de celles-ci dans la compétence. Ainsi, il n'y a pas de "base de connaissances" que l'on peut utiliser de manière neutre : celle-ci se base forcément sur des paradigmes et des cadres d'interprétation issus de représentations, qui agissent alors sur la compétence par la boucle réflexive. Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 36/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 2.2.2) Des fonctions explicites qui agissent sur la formation et inversement. Les représentations sociales répondent à quatre fonctions (Abric 1994) qui se traduisent dans un contexte d'apprentissage. La fonction de savoir : il s'agit des connaissances partagées par un groupe d’individus à propos de divers objets sociaux. Des étudiants vont ainsi partager les mêmes représentations sociales de leur champ d'étude. Une fonction d'identité : les individus et les groupes se situent dans le champ social grâce à leurs représentations qui sont compatibles aux systèmes de normes et de valeurs (Mugny et Carugati ; 1985). Le groupe des étudiants vétérinaires créé son identité propre autour de ses représentations sociales. Une fonction d'orientation en prescrivant des comportements et des actions selon les situations : l'attitude face à la douleur animale en est un bon exemple. Enfin, une fonction justificatrice dans le sens où les individus vont justifier des comportements ou des prises de position par la représentation en pérennisant la différence entre les groupes (Abric, 1994). 2.2.3) L'interaction entre représentation sociale et cursus de formation dans le cursus des étudiants vétérinaires Les éléments précédents permettent de mettre en avant les points essentiels de la problématique. La recherche porte sur l'interaction d'une représentation sociale avec l'apprentissage. Le public cible est celui des étudiants vétérinaires de VetAgro-Sup. L'objet spécifique d'étude est la douleur animale. La littérature scientifique permet de souligner les facteurs impactant la représentation sociale en formation (boucle d'apprentissage) ainsi que les éléments structurants d'une représentation sociale (éléments centraux, périphériques, interactions, zone muette) et le méta-système dans lequel elle évolue (ancrage). L'originalité de la recherche par rapport aux éléments existants doit donc permettre de montrer comment la représentation sociale du thème traité va agir de manière plus ou moins importante sur la formation. On peut donc formuler la problématique de recherche ainsi : « De quelle manière les représentations sociales de la douleur animale évoluent dans la formation des étudiants vétérinaires ? » Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 37/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 2.2.4) La recherche d'un « effet formation » Les hypothèses sont les réponses possibles à la problématique de recherche. Pour les formuler, il est nécessaire de s'appuyer sur les faits et les théories décrits précédemment. On a donc ici deux éléments constitutifs fondamentaux. D'une part, la formation s'inscrit dans un environnement social où s'ancrent les représentations des étudiants. D'autre part, la boucle d'apprentissage réinterroge et modifie les représentations et les systèmes de valeurs des apprenants. Le contexte du cursus vétérinaire sous-tend ces deux éléments. Voici donc l'hypothèse principale qui sera à vérifier dans le cadre de l'étude : Le cursus d'enseignement vétérinaire modifie la représentation sociale de la douleur animale des étudiants. Cette hypothèse répond aux critères de scientificité exigés : formulation affirmative (et non interrogative), précision du type de relation entre les variables (corrélation, causalité, directionnalité), parcimonie (formulation brève et directe), formulation opérationnelle, réfutabilité et testabilité (ressources disponibles), a déquation avec le corpus théorique sur lequel elle se base. Cependant, on a aussi souligné que les représentations sociales sont ancrées dans des systèmes plus larges qui peuvent influencer fortement la perception des étudiants de l'apprentissage apporté et donc jouer de manière significative sur les représentations sociales. Une hypothèse secondaire à vérifier sera donc de voir si : Les représentations sociales des étudiants sont ancrées dans un système de valeurs plus global. 3) Une étude à visée descriptive par triangulation L'étude qui est menée doit permettre de mettre en exergue les différents éléments constitutifs des représentations sociales (centraux et périphériques) liés à la douleur chez les animaux dans un échantillon apparié d'étudiants et de leurs ancrages. Une analyse effectuée sur les étudiants des différentes années du cursus permettra ainsi d'apprécier l'évolution et la transformation possibles des représentations sociales dues à la formation. Pour cela, l'analyse s'effectuera par triangulation (Denzin, 1978) à la fois : Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 38/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 théorique (on s'appuiera sur l'analyse du noyau central, de l'ancrage et de la boucle d'apprentissage), des données (observées et issues d'enquêtes sur le public des étudiants vétérinaires) et méthodologique. Cette triangulation permettra de valider les résultats par la combinaison de différents éléments qui vérifieront la stabilité et la pertinence des observations, même si celles-ci sont sur de petits effectifs. Ainsi, il se dégage un fonctionnement en deux étapes. Dans un premier temps, des tests d’association pour accéder au contenu de la représentation. Il s’agit de rechercher les éléments susceptibles d’entrer dans le champ de la représentation et de dégager ceux qui sont significatifs du groupe d’individus étudié. Dans un second temps, une analyse plus large en deux phases. Un test de choix successifs par blocs pour repérer la structure de la représentation. Cette méthode permet d’explorer la relation qui unit deux à deux les éléments qui composent le contenu de la représentation. D'autre part, un questionnaire par la méthode ISA, pour identifier le noyau central et le système périphérique. Ainsi, cette approche pluri-méthodologique se justifie car « il n’existe à l’heure actuelle aucune technique permettant de recueillir conjointement ces trois éléments, ce qui signifie très clairement que l’utilisation d’une technique unique n’est pas pertinente pour l’étude d’une représentation, mais que toute étude de représentation doit nécessairement se fonder sur une approche pluriméthodologique, articulée en trois étapes » (Abric, 1994a, 79). 3.1) Les réseaux d'associations Une première partie de l'étude consiste donc à soumettre les différents étudiants à des entretiens semi-directifs utilisant le réseau associatif (De Rosa, 2003). Cette technique permet alors de faire émerger la structure, les contenus et la polarité des représentations sociales notamment par l'analyse prototypique (Vergès, 1992). Les indices de fréquence, polarité et position permettant de faire ressortir pour chaque terme produit collectivement l'insertion dans la représentation sociale. Cette technique est très utile ici car même si elle ne permet pas de saisir l'ensemble des dimensions d'une représentation, elle favorise, sur un petit échantillon et dans un temps relativement court, l'accès à la majorité des contenus symboliques de la représentation ainsi que sa hiérarchisation. Pour cela, on utilise un stimulus, qui Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 39/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 peut être un mot, une expression, un texte court, une phrase, un proverbe, un dessin, un matériel vidéo ou musical et on demande aux individus de noter tous les mots ou expressions qui leur viennent à l’esprit à l’évocation de ce stimulus. On peut ensuite récolter les différents mots, phrases ou expressions écrits par les individus autour de l’expression stimulus ainsi que leur hiérarchisation. Cette méthode présente l’intérêt d’être facile à administrer. Son caractère ouvert et sans structuration la rend plus intéressante que d'autres méthodes telles des questionnaires semi-directifs ou des entretiens ouverts plus difficilement exploitables (De Rosa ; 2003). En outre, cette méthode ne crée pas de sentiment d’inquiétude dans la mesure où le sujet ne se sent pas évalué puisqu’il lui est préalablement expliqué qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses. La simplicité d’administration et de compréhension facilite ainsi l’accès aux croyances, connaissances et opinions vis-à-vis de l’objet étudié. Enfin, elle ne comporte pas de restriction au niveau de l’âge, de la culture et du niveau d’étude. Chaque individu qui y répond est sur un pied d'égalité, évitant par conséquent les biais de compréhension. 3.1.1) Le public cible On s'attache ici à accéder au contenu de la représentation sociale. Compte tenu des contraintes d'examens, de stages et rotations cliniques des étudiants, il est décidé d'analyser, pour la première phase, uniquement les étudiants de 1ere année et de 4e année. On part de l'hypothèse ici, compte tenu des éléments décrits précédemment, que les étudiants de 1ere année ne sont que peu influencés par la formation puisqu'elle n'est que de six mois au moment du réseau d'association (mars 2011). A l'inverse les étudiants de 4e année ont reçu le contenu théorique entier et pratiquent depuis plus d'une année en clinique. Ils sont donc sensés maîtriser l'ensemble de la théorie. En analysant ces deux populations, on peut donc aisément imaginer que si l'on doit trouver un « effet formation » sur la représentation sociale, celui-ci doit être en mesure d'apparaître sur les premiers éléments émergents du réseau d'association. 3.1.2) Constitution des échantillons appariés Sur le terrain, on part dans un premier temps, d'une segmentation des populations Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 40/101 Sylvain Dernat afin d'obtenir Master ICF 2010 – 2011 dans chaque promotion d'étudiants, des populations aux caractéristiques socio-démographiques relativement homogènes permettant d'obtenir des échantillons appariés. En effet, compte tenu des contraintes de temps inhérentes à cette étude, cette première partie d'accès au contenu doit avoir un temps et une population d'étude plus limités pour permettre la mise en place par la suite des autres étapes et leurs traitements. C'est ainsi que l'appareillage d'échantillons d'étudiants offre une solution efficace et fiable pour palier à cette contrainte. Les représentations sociales qui émergent et évoluent (potentiellement) entre les différentes promotions sont ainsi plus facilement imputables à un effet formation, la population ayant les mêmes caractéristiques. En effet, les représentations sont fortement liées à l'appartenance et à la position sociales (François, 2004). Ainsi, sur un petit échantillon, si l'on effectue de manière aléatoire l'étude, on risque d'avoir non pas une mais plusieurs représentations concomitantes. Les éléments recueillis risquent alors de désigner plusieurs représentations différentes. La segmentation s'effectue selon les critères permettant de retenir un échantillon suffisamment significatif dans les deux promotions d'étudiants. Afin de garder des échantillons de mêmes caractéristiques, les étudiants sélectionnés répondront aux critères suivants : être une femme (Khi2 Mac Nemar : 45,3629, ddl : 1, P : 1.637e-11), ayant un baccalauréat scientifique (Khi2 Mac Nemar : 95,2381, ddl : 1, P : 2.2e-16), ayant passé le concours A (Khi2 Mac Nemar : 37,7232, ddl : 1, P : 8.153e-10), ayant au moins un des deux parents cadres (Père : Khi2 Mac Némar : 3,3613, ddl : 1, P : 0.06674, Mère : Khi2 Mac Nemar : 3,7373, ddl : 1, P : 0.05321) et ayant vécu majoritairement dans un milieu urbain ou périurbain (Khi2 Mac Némar : 20,7568, ddl : 1, P : 5.215e-06). Seul l'âge sera alors variant dans les critères puisqu'il s'agit de deux promotions à 3 années d'écart dans le cursus. Afin de constituer des échantillons suffisamment significatifs, il est retenu de prendre au moins 20 étudiants dans chacune des promotions permettant ainsi d'avoir un taux de 17% (1A) et 19% (4A). Ces vingt étudiants de chaque promotion pourront de plus être jugés représentatifs puisque répondants aux critères les plus Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 41/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 significatifs globalement pour les étudiants vétérinaires : on revient ici sur le caractère homogène de l'ensemble des étudiants. Les deux populations possèdent les caractéristiques suivantes : 1A NOMBRE SEXE CONCOURS BAC 1A 4A 119 106 % % H 19 24 16,0 22,6 F 100 82 84,0 77,4 A 96 89 80,7 84,0 B 12 10 10,1 9,4 C 10 6 8,4 5,7 SP 1 1 0,8 0,9 S 117 103 98,3 97,2 AUTRES CSP 4A Père Mère Vie majoritairement 2 3 1,7 2,8 Cadres 71 70 59,7 66,0 Profession Int 15 5 12,6 4,7 Employés/ouvriers 11 14 9,2 13,2 Agriculteurs, Commerçants, Artisans 10 10 8,4 9,4 Sans Emploi 13 7 10,9 6,6 Cadres 49 48 41,2 45,3 Profession Int 33 19 27,7 17,9 Employés/ouvriers 10 14 8,4 13,2 Agriculteurs, Commerçants, Artisans 6 4 5,0 3,8 Sans Emploi 21 21 17,6 19,8 Urbaine 24 34 20,2 32,1 Péri-urbaine 64 46 53,8 43,4 Rurale 31 26 26,1 24,5 Tableau 4 : Répartition sociodémographiques des étudiants de 1ere et 4e année (source : service de scolarité VetAgro-Sup, année 2010/2011) A partir de ces données, il a été demandé au service de la Scolarité de convoquer l'ensemble des étudiants répondant à ces caractéristiques, identifiés sur un fichier anonyme. Les étudiants avaient un lien internet vers un agenda en ligne sur lequel ils pouvaient se positionner pour un créneau d'entretien avec leur numéro d'étudiant. La scolarité a ainsi identifié qu'il y avait bien 40 étudiants (20 en 1ere année et 20 Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 42/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 en 4e) correspondant aux critères et préservant ainsi leur anonymat. 3.1.3) Description de l'outil utilisé et conditions d'entretien Le réseau d'association s'effectue sur deux éléments distincts : douleur animale spontanée et douleur animale induite. Le choix de ces termes, en collaboration avec les enseignants, permet de couvrir deux domaines et deux aspects très distincts de la douleur animale et offre ainsi un champ plus large. On a ainsi la douleur qui est ou non provoquée par l'homme. Cela permet de couvrir un large spectre de termes pouvant être exprimés par les étudiants. Le but étant de collecter le plus grand nombre de termes pouvant exprimer la représentation, on prend ici une option qui permet en plus d'interroger la vision de l'étudiant de 4e année sur sa vision du vétérinaire car comme il l'aura vu dans ses cours ou sa pratique clinique, la douleur peut être induite par le vétérinaire. Le questionnaire se répartit en deux feuillets. Une expression stimulus se trouve sur chacun des feuillets. La première expression à être donnée à l'étudiant a toujours été « douleur spontanée ». L'autre expression, « douleur induite », était donnée à la fin du travail sur l'expression précédente. L'étudiant n'avait pas connaissance de ce deuxième stimulus auparavant. Avant de commencer, il était rappelé à chaque répondant les consignes qui étaient également disponibles sur un support écrit pendant le travail de réponse. Pour chacune des expressions, et en suivant la méthodologie proposée par De Rosa, il a été demandé aux étudiants de noter spontanément les mots qui leur venaient à l’esprit lorsqu’ils lisaient l’expression stimulus. Afin de recueillir un maximum d'éléments, aucune limite minimum ou maximum de mots n'était imposée. Cela permettait d'éviter à l'étudiant d'effectuer une présélection des mots avant l'écriture. En même temps, les étudiants devaient numéroter au fur et à mesure l’ordre d’apparition des mots ou expressions qui leur venaient à l’esprit. Dans un second temps, chaque étudiant devait lier (ou non) les mots ou expressions écrits qui lui semblaient être proches ou « aller ensemble ». Puis, il était demandé de donner à chaque mot ou expression noté une valeur positive, négative ou neutre selon le sens que le répondant lui accordait par rapport à l'expression stimulus. Enfin, il devait numéroter chacun des mots (en chiffres Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 43/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 romains pour faire une différence) selon leur ordre d’importance par rapport au stimulus : du plus important au moins important. Après le travail sur les expressions stimulus, il a été demandé à chaque étudiant des informations concernant son genre, âge, année d'étude dans le cursus, voie d'entrée en école vétérinaire (concours d'accès), milieu (urbain, péri-urbain et rural) et région d'origine, profession des parents et également filière pressentie. Ces données permettaient de vérifier si les étudiants correspondaient bien aux critères fixés. Tous les entretiens des réseaux d'associations ont été menés au sein même du Campus Vétérinaire afin de rendre plus facile l'accessibilité pour les étudiants et permettre également d'éviter l'appréhension de se rendre dans un endroit inconnu. Ces entretiens se sont déroulés dans un bureau neutre (ni salle d'enseignement, ni bureau d'enseignant) qui est le même pour tous les répondants, situé dans une aile isolée du site. Ils se sont ainsi toujours passés dans le calme. Ils se sont répartis sur une période d'un mois, d'avril à mai 2011, dans la journée entre 8h et 18h, en dehors des heures de cours, donc sur le temps libre des étudiants. L'exploitation des données des réseaux d'associations, qui sera vue par la suite, a ainsi permis la construction de la seconde partie de l'étude se basant sur les choix successifs par blocs et la méthode ISA. 3.2) La sélection par choix successifs par blocs Ici, on cherche à explorer la relation qui va unir deux à deux les éléments du contenu de la représentation. Cette méthode permet, et c'est son principal intérêt, de mettre en exergue la structure de la représentation au sein du groupe étudié en rendant compte de son organisation. Elle permet également de sous tendre des hypothèses et à moindre mesure des hypothèses de « centralité » de certains éléments constitutifs de la représentation étudiée. De manière approfondie, ce que l'on va étudier par cette méthode, c'est la « saillance » et la « connexité » existants entre les différents éléments de la représentation (Molinier, 1994). On entend par « saillance » le fait qu'un terme va être cité plus souvent dans le discours des répondants et qu'il va de plus être jugé Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 44/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 plus important par eux. Cela va ainsi permettre d'effectuer une structuration verticale de la représentation en comparant cette « saillance » entre termes. De l'autre côté, la « connexité » va montrer la possibilité d'un élément d'être plus ou moins en relation avec les autres. Ainsi, deux thèmes relativement proches ou « connexes » seront probablement traités de la même manière par les répondants vis-à-vis de la représentation. Pour cela, on présente une liste de 25 mots aux étudiants. Cette liste a été établie au regard du traitement des données en réponse aux réseaux d’association. De la même manière que pour la phase précédente, le choix successif par blocs est une méthode simple pour le répondant puisqu'il n'a qu'à construire une hiérarchie en fonction de son propre avis. Il n'y a pas de question ouverte demandant une réflexion trop longue et là encore, le caractère simple de compréhension permet de mettre tous les répondants sur un biais d'égalité et d'éviter là encore un biais de compréhension de l'exercice. 3.2.1) Le public cible : choix des promotions A la différence de la partie précédente, il ne s'agit plus d'accéder au contenu mais à la structure de la représentation. La contrainte majeure ici était que, compte tenu du planning des étudiants sur la fin de l'année, il n'était pas possible d'effectuer cette partie pendant la période de cours. Le choix a donc été porté, en accord avec la scolarité, de l'effectuer pendant la période de fin d'année répartie entre examens finaux et séminaires selon les années dans le cursus. Cependant, l'autre partie complémentaire, la méthode ISA, devant se dérouler sur la même période, il a fallu faire un choix sur les promotions devant répondre aux choix successifs par blocs. Le contenu ayant émergé sur les 1ère et 4e année, la structuration a été orientée vers les 2e année et les 5e année pour deux raisons. D'une part, cela permet de voir si l'on retrouve des résultats orientés de la même manière que sur les petits échantillons précédents mais avec des étudiants différents. D'autre part, c'est par l'analyse ISA que l'on recherche principalement la centralité sur les promotions d'origine du contenu (1ere et 4e année). On reste cependant sur le même partage avec une promotion ayant vu un peu plus de théorie (pas encore complète en 2e Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 45/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 année) mais pas de pratique et une promotion ayant terminé son cursus et donc prête à entrer dans le monde professionnel. 3.2.2) Construction et conditions de recueil du questionnaire La construction du questionnaire s'est faite par la sélection des 20 mots les plus significatifs du contenu de la représentation exprimés lors du réseau d'association. La détermination s'est faite en fonction des critères de prototypie des mots (c'est-àdire la fréquence d'apparition du mot et son rang) comme cela est démontré dans le chapitre suivant. On s'est basé sur l'ensemble des mots exprimés à la fois avec « douleur spontanée » et « douleur induite » puisque le but de ces deux expressions était d'exprimer le maximum d'éléments concernant la douleur animale. A ces mots, il a été ajouté, à la demande des enseignants, cinq mots pas ou peu exprimés, directement liés aux notions théoriques vues pendant le cursus sur la douleur animale. Ces cinq mots ont été : anticipation, aversion, protection, raisonnement et signal. Le but de cette demande était de voir si ces mots fondamentaux de la théorie sur la douleur animale pouvaient être choisis par les étudiants notamment en fin de cursus si ils étaient proposés. On peut penser à un biais d'analyse mais on le prendra ici plutôt comme une complémentarité de l'analyse permettant de voir comment les étudiants se positionnement directement face à des éléments du cursus (le chapitre suivant montre par ailleurs qu'il n'y a pas eu une influence significative de ce biais d'analyse). Cette autre analyse permet ainsi une interrogation complémentaire sur l'ingénierie de la formation des étudiants vétérinaires par rapport à leurs représentations. Il a donc été demandé aux étudiants des deux promotions de constituer des groupes ou des « blocs » d’items leur paraissant aller ensemble. Ils ont d’abord sélectionné les cinq items les plus représentatifs selon eux de la « douleur animale », puis les cinq items les moins représentatifs parmi les 20 mots restants. Ils ont ensuite procédé de la même façon avec les 15 items restants. Il restait donc cinq items en dernier ayant une valeur centrale. Cinq blocs de taille identique ont été obtenus. Une valeur a été attribuée à chaque item selon son appartenance à l’un des cinq blocs (les cinq premiers items les plus caractéristiques ont une valeur de +2, les Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 46/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 cinq premiers items les moins caractéristiques ont une valeur égale à -2, les deux blocs suivants se voient affecter les valeurs de +1 et -1, les items du dernier bloc ont la valeur de 0). Ici, les étudiants devaient donc faire des « va et vient » entre les mots les plus significatifs pour eux et les mots les moins significatifs. L'avantage de cette pratique est d'éviter au répondant de renvoyer à la fin de la hiérarchisation les mots qui le dérangent le plus, en l'obligeant à les sélectionner ou non dès le début. On peut se poser néanmoins la question de l'ordre de présentation des mots dans le document fourni aux étudiants. Un effet bien connu est d'accorder la primeur des premières réponses aux mots apparaissant au début ou en fin de liste. C'est une question légitime qui peut supposer un biais. Afin d'y pallier, il a ainsi été procédé à un tri aléatoire informatique de manière à ne pas influencer les réponses. Le questionnaire a donc été soumis aux étudiants, en fin de cursus au mois de juin. Pour les étudiants de 2e année, il s'agissait du dernier examen final sur table, une fois la copie rendue ; pour les étudiants de 5e année, il s'agissait d'un séminaire sur le mandat sanitaire (le thème n'a pas de lien avec la douleur animale). Là encore, l'anonymat a été respecté puisque le questionnaire a été remis à chaque étudiant par le service de scolarité en début d'épreuve ou de séminaire et récupéré en fin de celui-ci. Les seuls éléments demandés en plus sur le questionnaire ont été les mêmes que pour les réseaux d'associations et cela afin de pouvoir analyser les variables socio-démographiques. 3.3) La méthode par Induction de Scénario Ambigu Dans un autre temps, concomitant à l'analyse par blocs, il a été possible d'utiliser les résultats de l'analyse de contenus du réseau d'association pour faire une investigation d'une autre nature, là encore par questionnaire. Elle sert également de manière quantitative sur une masse plus importante d'étudiants à vérifier le caractère central des éléments de la représentation. Ici, on peut alors trouver un approfondissement idéal aux résultats de la première phase. La méthode utilisée alors est l'Induction par Scénario Ambigu (ISA, Molinier, 1993). Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 47/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 L'hypothèse principale de cette méthode est que si un lien avec la représentation est attribué à un item uniquement lorsque celle-ci est explicitement exprimée, alors on peut supposer que cet item présente un caractère central dans la représentation. Ainsi, on peut dire que dans la population observée, il y a un lien permanent entre l'item et l'expression de la référence de la représentation (Molinier, Rateau, Cohen Scali, 2002). Le principe est de mettre en évidence les éléments de centralité sur la base d'un scénario inducteur ambigu. A moindre mesure, cette technique permet dans un même temps, de déterminer la saillance des éléments supposés contenus dans la représentation de la douleur animale. On retrouve alors ici une complémentarité avec la méthode précédente dont les effets étaient inverses (détection principalement de la saillance et la structure et à moindre mesure de la centralité) On a soumis ainsi à deux promotions d'étudiants, un texte identique à caractère ambigu, relatif à la douleur animale : une situation professionnelle à laquelle est confronté un vétérinaire. 3.3.1) Le public cible : choix des promotions On se réfère ici aux mêmes critères de contraintes que précédemment. Pour les arguments déjà énumérés, on a donc choisi d'étudier ici les populations de 1ere et 4e année. En effet, celles-ci ayant déjà participé pour partie au réseau d'association qui a fourni les éléments de contenu, il était plus logique de demander aux mêmes promotions les éléments de centralité puisque les étudiants sont au même niveau du cursus de formation. 3.3.2) Définition du scénario La difficulté de la méthode ISA réside majoritairement dans l'écriture du scénario. En effet, il doit être facile et rapide de compréhension, mais suffisamment ambigu pour interroger l'étudiant. Le thème de recherche étant la représentation de la douleur animale chez les étudiants vétérinaires au fil du cursus, il a été décidé de constituer un texte relatif à une situation professionnelle d'un vétérinaire. Afin de coller au maximum avec la réalité, les enseignants ont pu participer à l'écriture du Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 48/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 scénario. Tout d'abord, le choix de l'animal a été primordial, puisque celui-ci devait pouvoir correspondre à toutes les situations professionnelles (animal de compagnie, de rente ou d'expérimentation). Dans ce cadre, l'exemple du lapin s'est imposé rapidement. Ensuite, la pathologie devait être synonyme ou non de douleur. Le choix s'est porté sur une « anomalie à une patte » qui peut être issue d'un accident, d'une manipulation, d'une maladie ou tout simplement un élément congénital bénin. Enfin, le scénario devait apporter une certaine ambiguïté sur le traitement. Ici, il a été choisi de préciser que l'animal était envoyé par un confrère (d'où la notion d'induction de douleur par l'autre vétérinaire) et qu'il refusait tout examen (on retrouve le processus théorique de douleur avec la phase d'évitement : le lapin se souvient qu'il a eu mal). Le texte retenu a donc été : « Vous êtes vétérinaire, on vous amène un lapin, vu par un confrère précédemment, qui présente une anomalie d'une patte depuis plusieurs jours. L'animal refuse tout examen de votre part. » Ce scénario ne laissait pas entendre le lieu de déroulement de l'action d'où l'ambiguïté sur la condition de l'animal. Ainsi, seule la dernière phrase a changé de manière aléatoire à 50% sur chaque promotion. On avait soit « Il y a manifestation de douleur » ou « Pourtant, il n'y a pas de manifestation de douleur ». L'avantage de ce scénario est aussi dans le fait qu'il met l'étudiant dans une situation plus professionnelle que dans les deux méthodes précédentes où il est plus fait appel à sa spontanéité. Être dans une situation de vétérinaire que les étudiants de fin de 4e année connaissent mieux, puisque pratiquant en clinique, est ainsi susceptible de faire émerger les différences de représentations au fil du cursus. 3.3.3) Les conditions de recueil des questionnaires A la suite de la lecture du scénario, les étudiants devaient lire une série de 25 affirmations issues des échantillons du réseau d'association. Les mots utilisés dans les affirmations étaient les mêmes que ceux utilisés dans le choix successif par blocs afin de rester cohérent au niveau des résultats. Ici encore, les 5 mots proposés par les enseignants ont donc été repris. Chaque étudiant devait alors sélectionner les cinq expressions qui selon lui correspondaient le mieux à la situation puis les Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 49/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 classer hiérarchiquement. Ainsi les mots n'apparaissant significatifs que pour les étudiants ayant eu la phrase de fin sur la présence de douleur, peuvent être considérés comme centraux. La hiérarchisation permet également de les classer par l'analyse prototypique. Le questionnaire était également soumis aux étudiants, en fin de cursus, au mois de juin. Pour les étudiants de 1ere année, il s'agissait du dernier examen final sur table, à la fin de celui-ci ; pour les étudiants de 4e année, il s'agissait d'un séminaire sur la radioprotection (le thème n'a pas de lien avec la douleur animale). Là encore, l'anonymat a été respecté puisque le questionnaire a été remis à chaque étudiant par le service de scolarité en début d'épreuve ou de séminaire et récupéré en fin de celui-ci. Les seuls éléments demandés en plus sur le questionnaire ont été les mêmes que pour les réseaux d'associations et les choix successifs par blocs, et cela afin de pouvoir analyser les variables socio-démographiques. 4) Résultats de l'étude sur les étudiants vétérinaires Les résultats dans cette partie font état des différentes méthodes présentées précédemment. Pour chacune des méthodes, plusieurs techniques d'analyse sont utilisées en fonction des besoins et des contraintes : analyses sémantiques, prototypiques ou statistiques. Au niveau des effectifs, les réseaux d'associations portent sur 40 étudiants (20 en 1ere année et 20 en 4e), l'analyse par choix successifs par blocs sur 188 étudiants (109 en 2e année, 79 en 5e) et enfin la méthode ISA porte sur 214 étudiants (114 en 1ere année et 100 en 4e). 4.1) La recherche du contenu sur échantillons appariés Les réseaux d'associations sur échantillons appariés permettent de faire ressortir un contenu riche. Ainsi, c'est au total 326 mots ou expressions qui ont été exprimés au moins une fois par les étudiants des deux années. Le stimulus « douleur spontanée » a généré la production de 251 mots chez les étudiants de 1ere année et 167 en 4e année. Pour « douleur induite », la production est de 257 mots en 1ere année et 201 mots en 4e année. Les étudiants de 4e année ont donc été un peu moins prolixes que leurs homologues de 1ere année. Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 50/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 D'une manière simple, si l'on compare directement les fréquences des mots par année et par stimulus, on obtient le tableau suivant qui permet de faire émerger une base brute du contenu de la représentation. Échantillon de 1A sur spontanée (n=20) Échantillon de 4A sur spontanée (n=20) Échantillon de 1A sur induite (n=20) Échantillon de 4A sur induite (n=20) Terme le plus saillant MALTRAITANCE 12 fois SOUFFRANCE 10 fois MALTRAITANCE 16 fois EXPERIMENTATION 13 fois Termes saillants Soin 11 fois Vétérinaire 9 fois Blessure 9 fois Médicament 7 fois Accident 7 fois Vétérinaire 9 fois Chirurgie 7 fois Analgésie 6 fois Vétérinaire 11 fois Soin 11 fois Punition 7 fois Expérimentation 7 fois Élevage 10 fois Maltraitance 9 fois Chirurgie 8 fois Vétérinaire 8 fois Termes relativement saillants Pathologie 5 fois Maltraitance 5fois Chirurgie 6 fois Abattoir 7 fois Morsure 5 fois Antalgique 5 fois Homme 5 fois Éthique 7 fois Traitement 4 fois Élevage 5 fois Souffrance 7 fois Injection 4 fois Accident 5 fois Analgésie 6 fois Combat 4 fois Tableau 5 : Tableau synthétique des fréquences issus de l'analyse par réseaux d'associations Cela permet de voir rapidement que certains termes reviennent de manière régulière quelque soit le stimulus utilisé et ce, sur les deux échantillons. Ainsi, les termes « maltraitance » et « vétérinaire » sont récurrents avec des fréquences assez élevées. Si on regarde par année de cursus cette fois, on voit que les deux termes précédents sont cités très majoritairement avec également le mot « soins ». Pour les 4e année, même si les deux premiers mots sont cités de nombreuses fois, on voit également l'émergence d'autres termes comme chirurgie, analgésie ou souffrance qui connotent un vocabulaire différent. Enfin, au niveau des stimulus, il est intéressant de noter que chez les deux échantillons de promotions, la « douleur induite » fait appel aux mots « expérimentation » et « élevage ». 4.1.1)L'analyse sémantique L'analyse fait appel au logiciel d'analyse textuelle Tropes. Ce logiciel utilise des techniques de classification sémantique et de génération de thesaurus qui se rapprochent de la linguistique anglo-saxonne. Sa particularité est d'exploiter activement l'Analyse Propositionnelle du Discours (APD, Ghiglione, 1985) et l'Analyse Cognitivo-Discursive (ACD, Ghiglione, 1995). Il s'appuie sur une analyse morphosyntaxique, un lexique et un réseau sémantique pour catégoriser des textes. Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 51/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 On utilise l'analyse sémantique pour comprendre la teneur du discours et les catégories de mots utilisés afin de voir quel groupe émerge le plus et donc vers quelles catégories de mots ont va aller lors de l'évocation de la représentation. 4.1.1.1) Le contenu sémantique global Au niveau global, l'analyse de Tropes montre immédiatement la prévalence de deux catégories de mots quelque soit le cas : « médecine et santé » et « comportements et sentiments ». Leurs taux de prévalence sont nettement supérieurs aux autres catégories, ce qui caractérise clairement le contenu de la représentation vers ces deux tendances. On a donc un accent qui est clairement mis dans l'expression de la représentation vers un vocabulaire médical correspondant au domaine professionnel étudié mais également à un critère plus « sentimental ». On note cependant qu'entre les promotions, l'accent est bien plus nettement mis sur le vocabulaire médical que sur les sentiments en 4e année qu'en 1ere où les deux catégories sont quasiment égales. On a même une inversion de la tendance en 1ere année avec le stimulus « douleur induite ». Pour compléter ce point, l'analyse des différentes distributions des catégories des échantillons par des tests de Wilcoxon pour échantillons appariés montre que l'on ne peut pas accepter l'hypothèse selon laquelle les distributions sont strictement identiques, et donc que les échantillons n'ont pas répondu d'une manière semblable au niveau sémantique. Ainsi, à un seuil de 90%, on a V = 36, p-value = 0.01403 pour la distribution de « douleur spontanée »; V = 141, p-value = 0.06321 pour la distribution de « douleur induite », et V = 125, p-value = 0.08482 pour la distribution de l'ensemble des valeurs. On notera toutefois que la distribution « spontanée » tend à trouver une distribution sensiblement équivalente à un seuil de 90%. C'est donc bien sur le stimulus de « douleur induite » et par la prévalence des mots de « médecine et santé » sur les mots de « comportements et sentiments » dans cette catégorie chez les 4e année que la différence de distribution s'opère. Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 52/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 Douleur spontanée Douleur induite Ensemble Catégories de mots 1A % 4A % 1A % 4A % 1A % 4A % Médecine et santé 25 23,4 19 23,8 22 17,3 18 22,0 47 20,1 37 22,8 Comportements et sentiments 24 22,4 15 18,8 27 21,3 9 11,0 51 21,8 24 14,8 Sous totaux groupes principaux 49 46 34 42,5 49 39 27 33 98 42 61 38 Animaux et végétaux 7 6,5 3 3,8 12 9,4 2 2,4 19 8,1 5 3,1 Caractéristiques 6 5,6 6 7,5 6 4,7 7 8,5 12 5,1 13 8,0 Crise et conflits 5 4,7 2 2,5 3 2,4 1 1,2 8 3,4 3 1,9 Politique et société 4 3,7 3 3,8 10 7,9 2 2,4 14 6,0 5 3,1 Sciences et techniques 4 3,7 4 5,0 6 4,7 7 8,5 10 4,3 11 6,8 Corps 3 2,8 3 3,8 3 1,3 3 1,9 Personnes et groupes sociaux 3 2,8 1 1,3 4 3,1 2 2,4 7 3,0 3 1,9 Agriculture et environnement 1 0,9 1 1,3 4 3,1 3 3,7 5 2,1 4 2,5 Entreprises et industries 1 0,9 1 1,3 2 1,6 1 1,2 3 1,3 2 1,2 Finance et commerce 1 0,9 1 1,3 2 2,4 1 0,4 3 1,9 Forces et quantités 1 0,9 1 1,3 1 1,2 1 0,4 2 1,2 Immobilier et habitat 1 0,9 1 1,2 1 0,4 1 0,6 Sports et loisirs 1 0,9 1 1,2 2 0,9 2 1,2 1 0,6 Alimentation et vie pratique 1 1,3 1 1,3 Arts et culture 1 0,8 0 1 0,8 1 0,4 0 Communication et médias 1 1,3 2 1,6 1 1,2 2 0,9 2 1,2 Enseignement et éducation 1 1,3 3 2,4 1 1,2 3 1,3 2 1,2 1 1,2 0 1 0,6 1 1,2 1 1 0,6 2 2,4 0 2 1,2 Géographie et pays Machines et outils 1 0,8 Sexe et sexualité Temps Autres concepts non-définis 20 Total 107 18,7 16 20,0 80 0,4 1 0,8 1 1,2 1 0,4 1 0,6 22 17,3 18 22,0 42 17,9 34 21,0 127 82 234 162 Tableau 6 : Tableau synthétique des fréquences et proportions des éléments sémantiques de l'analyse par réseaux d'associations Il est intéressant de noter également la faible apparition de deux catégories dont on aurait pu imaginer une plus forte présence dans le recueil chez des étudiants vétérinaires : animaux et végétaux et sciences et techniques. 4.1.1.2) Le contenu sémantique dans les deux principales catégories de mots Il est intéressant de voir au niveau sémantique comment se répartissent les mots Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 53/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 exprimés au sein des deux catégories principales. Au niveau « Médecine et santé », il y a une prévalence légitime des termes de médecine vétérinaire quelque soit le stimulus ou l'année. Cependant, on peut noter ensuite une plus grande variété des mots chez les 4e année qu'en 1ere où se sont essentiellement les maladies et les lésions qui sont citées. Médecine et santé Spontanée 1A Induite % 4A % 1A Ensemble % 4A % 1A % 4A % Médecine vétérinaire 5 4,7 6 7,5 7 5,5 6 7,3 12 5,1 12 7,4 Maladies 5 4,7 6 7,5 5 3,9 3 3,7 10 4,3 9 5,6 Lésions 5 4,7 2 2,5 2 1,6 1 1,2 7 3,0 3 1,9 Pharmacie et pharmacologie 3 2,8 4 5,0 2 1,6 3 3,7 5 2,1 7 4,3 Infections 1 0,9 0,0 3 2,4 0,0 4 1,7 0 0,0 Vie et mort 2 1,9 0,0 1 0,8 1,2 3 1,3 1 0,6 Santé 1 0,9 0,0 1 0,8 0,0 2 0,9 0 0,0 Soins médicaux 1 0,9 1,3 1 0,8 2 2,4 2 0,9 3 1,9 Autres termes de santé 1 0,9 0,0 0,0 2 2,4 1 0,4 2 1,2 Lieux de soins 1 0,9 0,0 0,0 0,0 1 0,4 0 0,0 Ensemble des mots 107 1 80 127 1 82 234 162 Tableau 7 : Tableau synthétique des fréquences et proportions des éléments sémantiques de l'analyse par réseaux d'associations pour la catégorie « médecine et santé » Comportements et sentiments Spontanée Induite Ensemble 1A % 4A % 1A % 4A % 1A % 4A % Sentiments 9 8,4 7 8,8 10 7,9 3 3,7 19 8,1 10 6,2 Comportements 8 7,5 6 4,7 3 3,7 14 6,0 3 1,9 Agressivité et brutalité 4 3,7 2 2,5 6 4,7 3 3,7 10 4,3 5 3,1 Jugements et appréciations 2 1,9 2 2,5 3 2,4 5 2,1 2 1,2 2 1,6 2 0,9 1 0,4 3 1,9 1 0,6 Sensations Cognition et connaissance 1 Perception Ensemble des mots 107 0,9 3 3,8 1 1,3 80 127 82 234 162 Tableau 8 : Tableau synthétique des fréquences et proportions des éléments sémantiques de l'analyse par réseaux d'associations pour la catégorie « comportements et sentiments » Au niveau de la catégorie « comportements et sentiments », on observe la prévalence des termes correspondant à des sentiments notamment sur le stimulus « spontanée ». Les étudiants de 1ere année ayant plus utilisé cette catégorie, leur Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 54/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 vocabulaire est plus varié notamment avec de nombreux termes correspondant à des éléments de comportement. A noter que les mots ayant trait à l'agressivité et à la brutalité représentent moins de 5% de l'ensemble quelque soit la situation. Les mots sont ainsi plus tournés vers une notion d'empathie lorsque l'on parle de douleur animale. 4.1.2) Analyse de polarité Comme indiqué dans la méthodologie du réseau d'association, on a demandé aux répondants de donner à chaque mot cité une polarité, en lui donnant +, - ou 0, selon que par rapport stimulus, le mot lui apparaît positivement, négativement ou neutre. A partir de cela, il est possible de calculer un indice de polarité (De Rosa, 2003) qui va mesurer alors l'attitude implicite prise lors des réponses. Cet indice a pour calcul une formule qui pondère le nombre de polarité sur la base du nombre total des mots associés par chaque étudiant (ce nombre n'étant pas fixe puisque chacun avait la possibilité d’associer tous les mots qu’il voulait). On a ainsi : P = (N° mots positifs – N° mots négatifs)/N° total de mots associés Selon l'auteur de la méthode, cet indice varie entre – 1 et + 1. Si P est compris entre -1 et -0,05, cela indique que la plupart des mots est connotée négativement. Si P est compris entre -0.04 et +0.04, cela indique que les mots positifs et ceux négatifs ont tendance à être égaux. Si P est compris entre + 0.05 et + 1, cela indique que la plupart des mots est connotée positivement. On obtient ainsi pour cette étude des valeurs de P chez les étudiants qui donnent le tableau suivant : Cas étudié : Moyenne de P Écart type de Valeur minium P Valeur maximum 1A, spontanée -0,03 0,47 -1 0,86 4A, spontanée 0,06 0,32 -0,78 0,33 1A, induite -0,15 0,35 -0,81 0,58 4A, induite -0,07 0,31 -0,75 0,4 Tableau 9 : Tableau synthétique de l'analyse de polarités entre promotion de 1ere et 4e année L'avantage est que ce sont les étudiants eux mêmes qui attribuent les valeurs de Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 55/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 polarité, ce qui donne donc une valeur réelle à l'analyse. On voit ici que globalement les étudiants de l'échantillon de 1ere année ne connotent ni positivement ni négativement le stimulus « spontanée ». Chez les 4e année, le terme est connoté positivement mais vraiment très faiblement. Par contre, pour le stimulus « induite », on note une connotation sensiblement négative pour les deux promotions même si celle-ci est beaucoup plus marquée en première année. Il apparaît toutefois dans tous les cas des écarts-types assez élevés, ce qui montre une forte dispersion des échantillons autour des moyennes calculées. Une différence sensible se remarque aussi sur les maxima et minima qui sont beaucoup plus élevés. Pour terminer sur ce point, les indices de polarité peuvent aussi être calculés en lien avec l’ordre d’évocation des mots du premier au dernier mot associé. Grâce à cela, il est possible de comprendre la tendance qui affecte les répondants au fur et à mesure de l'évocation. En plus de la tendance globale calculée précédemment, cela permet de l'analyser de manière chronologique (De Rosa & Kirchler, 2001). Pour cela, on calcule l'indice de polarité de tous les premiers mots des répondants puis chaque mot successivement. Ensuite, avec les données, o n utilise la méthode des moindres carrés qui permet de tracer une droite de régression linéaire qui donne la tendance suivie par les facteurs de polarité. Sur les graphiques ci-dessous, on observe qu'à l'évocation on retrouve les mêmes tendances dans les deux échantillons de promotions. Pour le stimulus « spontanée » la polarité est globalement neutre tout au long de l'évocation alors qu'elle va clairement vers le positif pour le stimulus « induite » (cela est plus fortement marqué en première année). L'un des éléments intéressants est de comparer ce résultat avec la hiérarchisation des mots. En effet, ici quelque soit le stimulus, on va toujours de l'aspect négatif vers le positif sauf pour les 4e année avec la douleur induite où la tendance inverse s'applique. Ainsi, même si à l'évocation cela n'est pas toujours marqué, le classement montre que cognitivement les étudiants connotent toujours d'abord négativement la douleur animale sauf dans un cas pour l'induite où il y a une tendance différente qui peut marquer un changement dans le raisonnement. Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 56/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 0,4 0,4 0,3 0,3 0,2 0,2 1er mot 3e mot 5e mot 7e mot 9e mot 0,1 2e mot 4e mot 6e mot 8e mot 10e mot 0 1A Induite -0,1 Régression -0,2 linéaire pour 1A Induite -0,3 1A Spontanée -0,4 -0,5 -0,6 Régression linéaire pour 1A Spontanée 0,1 0 2e mot 4e mot 6e mot 8e mot 10e mot4A Induite -0,1 Régression 1er mot 3e mot 5e mot 7e mot 9e mot linéaire pour -0,2 4A Induite -0,3 4A -0,4 -0,5 -0,6 0,4 0,4 0,3 0,3 0,2 0,2 0,1 0,1 0 0 Spontanée Régression linéaire pour 4A Spontanée -0,28 -0,11 -0,11 0,5 0,08 1A Spontanée -0,28 -0,11 -0,11 0,5 0,08 4A Induite C -0,1 -0,1 -0,72 -0,33 0 0,06 0,29 -0,72 -0,33 0 0,06 0,29 Régression C linéaire pour -0,2 Régression -0,2 4A Induite C linéaire pour -0,3 4A 1A Spontanée -0,3 -0,4 -0,5 -0,6 C 1A Induite Régression linéaire pour 1A Induite -0,4 -0,5 -0,6 Spontanée C Régression linéaire pour 4A Spontanée C Figures 10 : Représentations graphiques de l'analyse de polarité issue des réseaux d'associations par évocation et hiérarchisation entre les promotions de 1ere et 4e année Les droites de régression montrent la tendance chronologique de la polarité des mots hiérarchisés par les étudiants, 4.1.3) Prototypie et coefficient de corrélation L'analyse prototypique a été proposée par Verges (1992) pour rendre plus facile la lecture des représentations sociales à partir d'analyses utilisant des évocations de mots (hiérarchisées ou non) par les répondants. Le principe de cette technique consiste en une analyse croisée de la fréquence d'évocations des mots mais également du rang qui leur a été attribué par les répondants. Le rang utilisé peut être Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 57/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 celui de l'évocation ou de la hiérarchisation. Toutefois, on prend le partie ici de se baser sur la hiérarchie qui est structurellement plus fiable que l'évocation (Abric, 2003). En effet, même si le fait de laisser libre court à l'étudiant pour trouver les mots, il n'est pas fiable de dire que cognitivement les premiers mots évoqués seront forcément ceux qui sont le plus représentatif pour lui, car des interférences peuvent intervenir au moment de l'évocation. Une reconfiguration des réponses a donc été effectuée sur les 10 premiers mots hiérarchisés par les étudiants. Il a été retenu 10 mots car la moyenne globale de réponses est d'environ 10 mots pour chacune des promotions. Un calcul de fréquence a alors été opéré pour chacun des mots selon le stimulus et l'année dans le cursus. Il en a été de même pour le calcul du rang moyen de hiérarchisation. A la suite de cela, il est calculé pour chaque cas la fréquence et le rang moyen global. On peut alors construire un tableau de prototypie mettant en avant les éléments les plus importants de la représentation. Très rapidement, on voit qu'en première année comme en quatrième, la notion de maltraitance apparaît importante sur les échantillons d'étudiants. A l'inverse, le mot vétérinaire qui avait une forte fréquence n'est pas classé dans les premiers mots hiérarchiquement (sauf en douleur spontanée chez les 4e année). On voit ainsi apparaître des éléments différents entres stimulus et promotions. Pour la douleur « spontanée », les étudiants de 1ere année s'attachent plus à la cause (accident, blessure et à moindre mesure combat, morsure, mal-être et chute) et les 4e année à la manifestation ou au traitement (souffrance, analgésie et à moindre mesure : choc, nociception, urgence). Au niveau de la douleur « induite », on voit une tendance commune aux promotions à s'attacher à montrer des situations jugées génératrices de ce type de douleur où l'homme a une place centrale avec le mot prépondérant d' « expérimentation » ; auquel vont s 'ajouter « élevage », « homme », « propriétaire », « sadisme », « éthique ». Les tableaux suivants illustrent donc ces éléments : Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 58/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 Fréquence moyenne : Rang Moyen : Fréquence > 5,18 3,93 Fréquence moyenne : Rang Moyen : Rang < Rang > Rang < Maltraitance Accident Blessure Soin Vétérinaire Médicament Maltraitance Vétérinaire Fréquence > Expérimenta- Chirurgie Pution Homme nition Elevage Combat Morsure Patholo- Injection TraiFréquence < gie Mal-être tement Plaie Chute UrAnalgésie gence Blessure Cause Erreur Violence Propriétaire MaFréquence < ladie Accident Combat Coups Peur Santé Fréquence moyenne : Rang Moyen : Fréquence moyenne : Rang Moyen : Rang < 4,81 4,22 Rang > Souffrance Vétérinaire Chirurgie AnFréquence > Analgésie talgique Maltraitance Fréquence < 4,45 4,95 Blessure Choc Nociception Urgence Traitement Seuil Propriétaire Anti-inflammatoire Injection Rang > Laboratoire Psychologique Bienêtre Analgésique Injection Euthanasie 6,38 4,69 Rang < Rang > Expérimentation MaltraiFréquence > tance Élevage Vétérinaire Souffrance Éthique Chirurgie Analgésie Abattoir LaboFréquence < Sadisme ratoire Hébergement Injection Figures 11 : Représentations par tableaux de l'analyse prototypique issue des réseaux d'associations entre 1ere (haut) et 4e année (bas) par stimulus (spontanée : gauche, induite : droite) A la suite de cette construction et afin de pouvoir extraire pour les méthodologies suivantes le contenu principal de la représentation, il a été procédé aux calculs des coefficients de corrélation. Ce coefficient s’obtient en effectuant le rapport entre le rang moyen et le nombre d’occurrences, obtenus pour chaque item. On retrouve donc ici le principe de l'analyse prototypique. Plus la valeur du coefficient est faible, plus les éléments considérés font vraisemblablement partie de la représentation de façon certaine. Vingt items significatifs de la population étudiée ont alors été identifiés pour les besoins de l'analyse : Il s’agit des mots suivants : « Abattoir, Accident, Antalgie, Anti-inflammatoire, Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 59/101 Sylvain Dernat Blessure, Master ICF 2010 – 2011 Chirurgie, Élevage, Éthique, Expérimentation, Homme, Injection, Laboratoire, Maltraitance, Nociception, Propriétaire, Punition, Soins, Souffrance, Traitement, Vétérinaire » 4.2) Structuration de la représentation Ici on vise, comme indiqué précédemment à comprendre la structure de la représentation à partir des premiers éléments extraits des réseaux d'associations. On va donc rechercher la « saillance » et la « connexité » des différents éléments qui permettront de comprendre l'organisation au sein de la représentation (Molinier, 1994). 4.2.1) Analyse de « saillance » Pour la saillance, il a été additionné le total des valeurs attribuées par les étudiants sur chaque items. Ce score a ensuite été divisé par le nombre d'étudiants du groupe analysé (la promotion). Ainsi, plus le score était élevé, plus celui-ci a un caractère « saillant » dans la représentation. Le tableau présente donc les résultats après le recueil auprès des promotions de 2e année et de 5e année selon les modalités présentées en méthodologie. Au niveau des éléments saillants (en vert), on retrouve des termes identiques sur les deux promotions (sauf pour « accident » et « antalgie ») avec les termes « maltraitance » et « souffrance » qui restent encore très marqués comme sur les échantillons appariés. Au immédiatement l'émergence niveau de des mots éléments communs les plus rejetés, on voit une fois encore. Le mot « vétérinaire » apparaît comme rejeté. Chez les échantillons appariés, il était fréquent mais plutôt à un rang inférieur, ce qui marque ainsi une même tendance. Un autre élément très intéressant est le rejet massif des mots proposés par les enseignants et qui sont issus de la théorie de la douleur animale, et ce même en 5e année. Les étudiants n'associent donc pas quelque soit la partie du cursus, des mots de la théorie à ceux de la représentation. Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 60/101 Sylvain Dernat 1. Antalgie 2. Traitement 3. Maltraitance 4. Homme 5. Punition 6. Nociception 7. Anticipation 8. Blessure 9. Chirurgie 10. Vétérinaire 11. Élevage 12. Protection 13. Aversion 14. Raisonnement 15. Laboratoire 16. Signal 17. Accident 18. Abattoir 19. Souffrance 20. Propriétaire 21. Antiinflammatoire 22. Expérimentation 23. Injection 24. Éthique 25. Soins Master ICF 2010 – 2011 2e année 0,75 -0,46 1,54 -0,44 0,15 1,21 -0,67 1,54 0,22 -0,69 0,16 -1,01 -0,26 -1,34 -0,46 -0,98 0,86 0,22 1,72 -0,88 5e année 1,54 -0,25 1,04 -1,03 -0,56 1,59 -0,44 1,10 0,91 -0,37 -0,48 -0,53 -0,73 -1,46 -0,80 -0,97 0,47 0,16 1,61 -1,06 Eccart -0,79 -0,21 0,50 0,58 0,70 -0,38 -0,23 0,44 -0,69 -0,32 0,64 -0,48 0,48 0,12 0,34 -0,01 0,39 0,06 0,11 0,18 -0,13 0,30 -0,64 -0,08 -0,66 0,52 -0,20 -0,62 0,67 -0,13 -0,65 0,51 -0,02 -0,75 -0,53 Tableau 12 : Tableau synthétique des fréquences et écarts de fréquences de l'analyse de saillance issue de la méthode de choix successifs par blocs pour les promotions de 2e et 5e année. Enfin dans les écarts exprimés, les étudiants de 5e année ont plébiscité des mots de la pratique vétérinaire pure, « antalgie », « chirurgie », « anti-inflammatoire » par rapport aux 2e année. A l'inverse, la promotion de 5e année a beaucoup moins retenu les mots liés aux conséquences de l'activité humaine sur la douleur animale que la promotion de 2e année : « maltraitance », « homme », « punition », « élevage », « expérimentation ». Cela montre une évolution dans la conception des étudiants. Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 61/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 4.2.2) Analyse de « connexité » par matrice de similitude Au niveau de la connexité, il a été calculé des « indices de similitude » qui sont le rapport entre le nombre de cooccurrences entre deux items et le nombre de sujets qui se sont exprimés. On effectue l'opération sur chaque paire d'items, ce qui permet d'établir une matrice de similitude (Molinier, 1994). Plus l’indice de similitude est proche de 1, plus les items concernés sont connexes. 1 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 0,17 0,36 0,24 0,22 0,42 0,2 0,39 0,25 0,16 0,21 0,13 0,19 0,08 0,15 0,14 0,28 0,27 0,53 0,13 0,28 0,27 0,1 0,23 0,15 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 0,2 0,35 0,19 0,18 0,61 0,27 0,39 0,33 0,32 0,27 0,28 0,2 0,08 0,16 0,11 0,34 0,23 0,62 0,16 0,47 0,27 0,2 0,49 0,3 0,13 0,08 0,06 0,18 0,04 0,13 0,09 0,11 0,09 0,11 0,04 0,03 0,13 0,03 0,09 0,08 0,19 0,01 0,18 0,13 0,06 0,16 0,05 0,14 0,14 0,15 0,39 0,15 0,27 0,22 0,18 0,14 0,14 0,15 0,01 0,13 0,08 0,23 0,23 0,44 0,14 0,28 0,24 0,16 0,28 0,14 0,08 0,35 0,04 0,18 0,01 0,1 0,11 0,08 0,06 0,05 0,06 0,01 0,06 0,08 0,06 0,09 0,22 0,08 0,11 0,06 0,08 0,14 0,06 0,04 0,34 0,16 0,23 0,09 0,15 0,08 0,1 0,05 0,06 0,09 0,01 0,05 0,01 0,14 0,06 0,2 0,03 0,1 0,1 0,09 0,14 0,06 0,17 0,43 0,32 0,24 0,27 0,42 0,28 0,29 0,24 0,22 0,22 0,06 0,16 0,13 0,33 0,25 0,65 0,19 0,42 0,3 0,23 0,43 0,25 0,08 0,14 0,08 0,07 0,2 0,14 0,13 0,15 0,1 0,11 0,13 0,03 0,05 0,04 0,15 0,09 0,24 0,04 0,19 0,06 0,08 0,18 0,1 0,19 0,48 0,29 0,26 0,42 0,15 0,25 0,19 0,16 0,14 0,16 0,04 0,14 0,13 0,32 0,19 0,46 0,11 0,28 0,19 0,14 0,33 0,16 0,08 0,24 0,15 0,11 0,22 0,12 0,26 0,19 0,15 0,11 0,16 0,04 0,08 0,09 0,25 0,14 0,33 0,11 0,25 0,14 0,11 0,19 0,14 0,06 0,19 0,13 0,15 0,19 0,08 0,19 0,1 0,18 0,13 0,1 0,04 0,13 0,04 0,14 0,14 0,28 0,06 0,2 0,16 0,06 0,23 0,14 0,08 0,26 0,17 0,17 0,19 0,07 0,22 0,14 0,07 0,1 0,04 0,01 0,1 0,08 0,15 0,14 0,29 0,09 0,19 0,11 0,08 0,16 0,09 0,07 0,12 0,06 0,06 0,14 0,06 0,09 0,1 0,06 0,06 0,03 0,05 0,06 0,05 0,18 0,11 0,24 0,04 0,2 0,09 0,05 0,22 0,08 0,05 0,24 0,08 0,1 0,19 0,07 0,18 0,07 0,04 0,07 0,04 0,01 0,06 0,04 0,08 0,04 0,2 0,09 0,09 0,1 0,09 0,13 0,06 0,05 0,07 0,03 0,03 0,07 0,06 0,08 0,05 0,03 0,03 0,04 0,04 0,01 0,03 0,04 0 0,04 0,01 0,04 0,01 0,01 0,05 0,03 0,06 0,19 0,12 0,14 0,2 0,06 0,23 0,08 0,1 0,14 0,02 0,07 0,05 0,04 0,08 0,1 0,22 0,03 0,13 0,15 0,06 0,11 0,04 0,07 0,11 0,09 0,05 0,12 0,08 0,15 0,06 0,04 0,05 0,02 0,08 0,04 0,06 0,08 0,05 0,14 0,06 0,09 0,04 0,06 0,08 0,05 0,1 0,37 0,22 0,23 0,31 0,11 0,39 0,19 0,11 0,2 0,05 0,13 0,04 0,18 0,12 0,15 0,39 0,08 0,25 0,1 0,1 0,23 0,14 0,09 0,39 0,23 0,2 0,31 0,11 0,29 0,18 0,09 0,18 0,08 0,15 0,01 0,14 0,05 0,26 0,32 0,08 0,22 0,16 0,09 0,18 0,06 0,2 0,65 0,4 0,34 0,58 0,2 0,61 0,31 0,21 0,31 0,12 0,27 0,09 0,28 0,19 0,46 0,4 0,2 0,44 0,3 0,22 0,41 0,25 0,05 0,18 0,15 0,07 0,17 0,08 0,15 0,09 0,12 0,04 0,02 0,03 0,03 0,04 0,03 0,1 0,13 0,17 0,11 0,1 0,06 0,1 0,04 0,1 0,28 0,15 0,15 0,25 0,08 0,29 0,17 0,12 0,15 0,08 0,13 0,04 0,11 0,07 0,14 0,15 0,36 0,06 0,19 0,14 0,32 0,22 0,1 0,33 0,16 0,2 0,23 0,09 0,33 0,15 0,1 0,16 0,05 0,14 0,04 0,13 0,11 0,26 0,24 0,42 0,09 0,18 0,1 0,18 0,1 0,05 0,24 0,17 0,15 0,16 0,04 0,18 0,06 0,06 0,08 0,01 0,05 0,03 0,11 0,06 0,12 0,11 0,25 0,06 0,1 0,14 0,16 0,06 0,13 0,24 0,11 0,13 0,27 0,1 0,2 0,11 0,09 0,09 0,06 0,13 0,05 0,13 0,07 0,17 0,17 0,3 0,08 0,15 0,16 0,05 0,22 0,08 0,1 0,06 0,05 0,13 0,06 0,16 0,1 0,07 0,09 0,05 0,04 0,04 0,06 0,05 0,09 0,06 0,16 0,06 0,15 0,06 0,03 0,09 Tableau 13 : Matrice de similitude de l'analyse de saillance issue de la méthode de choix successifs par blocs pour les promotions de 2e (bas) et 5e année (haut). On obtient donc le tableau précédent qui permet de voir rapidement quels sont les éléments qui présentent la plus grande connexité c'est-à-dire ayant été cités en même temps comme les plus significatifs de la représentation par les étudiants. La matrice présente donc les résultats pour les deux promotions avec celle de 5e année sur la partie haute et celle de 2e année en partie basse. Les chiffres en abscisse et ordonnée correspondent aux codes des mots repris de la partie précédente. Les résultats en surbrillance correspondent dans chaque cas aux 5% présentant la plus Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 62/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 grande connexion. Au niveau de la 2e année, on retrouve les termes saillants majoritairement connectés, « maltraitance » et « souffrance » notamment. On retrouve ici en plus des mots comme « abattoir » et « expérimentation » liés à « souffrance » qui reviennent à l'idée issue des réseaux d'associations selon laquelle les étudiants en début de cursus associent la douleur animale avec des pratiques humaines. Au niveau de la 5e année, là encore on retrouve l'idée issue de l'échantillon de 4e année avec une association plus grande des termes saillants avec des termes issus de la pratique vétérinaire comme « antalgie » ou « antiinflammatoire » ou encore la notion d' « éthique ». La conjonction de la saillance et de la connexité des items permet donc d’envisager une structuration autour de termes principaux. Ils sont communs aux promotions de début de cursus et de fin de cursus et autour de ceux-ci gravitent, selon la période du cursus, des mots ayant un lien avec les activités de l'homme avec l'animal ou avec la pratique de la médecine vétérinaire. Afin de confirmer ces éléments, il est donc fondamental de confirmer les critères centraux de la représentation. 4.3) Éléments de centralité Le but de la méthode ISA est de donner la vision sur la centralité de la représentation en opposant dans un scénario la présence ou non de celle-ci. Ce qui est intéressant de voir, c'est la différence entre les réponses selon le scénario. 4.3.1) Observations des différences de fréquences Si la fréquence d'un item est nettement supérieure lorsque la représentation est clairement indiquée par rapport à la situation où elle n'apparaît pas, on estime que l'item est central de la représentation. On observe donc, dans le tableau suivant, qu'en première année, les étudiants ont mis en avant très nettement la notion de « souffrance » qui apparaît donc comme centrale de la représentation et à moindre échelle « blessure » ou « antalgie ». Pour la promotion de 4e année, on retrouve la notion de « souffrance », avec ici la notion Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 63/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 d'« antalgie » qui est aussi prépondérante et à moindre échelle la notion de « nociception ». Mots 1. Expérimentation 2.Maltraitance 3. Antalgie 4. Signal 5. Protection 6. Chirurgie 7. Injection 8. Accident 9. Souffrance 10. Elevage 11. Abattoir 12. Anticipation 13. Vétérinaire 14. Homme 15.Blessure 16.Laboratoire 17. Traitement 18. Propriétaire 19.Soins 20. Raisonnement 21. Ethique 22.Antiinflammatoires 23. Punition 24. Nociception 25. Aversion Promotion de 1ere année Stimulus Douleur Sans stimulus douleur Fréquence Rang Moyen Fréquence Rang Moyen 0 0,02 5 0,04 4 0,03 3,5 0,29 3,38 0,1 2,17 0,27 2,8 0,55 1,97 0,11 4,17 0,14 2,38 0,04 5 0,02 5 0,04 4,5 0,07 4,5 0,05 3,67 0,16 3,44 0,91 1,49 0,48 2,43 0 0,07 3,75 0 0,03 3 0,32 4,17 0,43 3,08 0,05 5 0,14 3,88 0,02 1 0,1 3,5 0,55 2,97 0,26 3,4 0,02 2 0,03 3,5 0,61 3,74 0,48 3,61 0,57 3,5 0,67 2,46 0,86 2,56 0,69 2,98 0 0,09 4,4 0,07 4 0,07 3,5 0,05 0 0,11 0,04 4 3,67 4 0,07 0,02 0,12 0,16 4,25 5 4,14 3,33 Écart -0,02 0 0,18 -0,28 -0,03 0,02 -0,03 -0,1 0,43 -0,07 -0,03 -0,11 -0,08 -0,09 0,29 -0,02 0,12 -0,1 0,17 -0,09 0 -0,02 -0,02 -0,01 -0,12 Promotion de 4e année Stimulus Douleur Sans stimulus douleur Fréquence Rang Moyen Fréquence Rang Moyen 0,02 5 0,04 5 0,12 4,5 0,04 2 0,69 3,08 0,33 3,63 0,13 1,14 0,17 3,25 0,08 2,25 0,23 2,55 0 0,02 5 0,13 2,43 0,21 4,1 0,12 4,67 0,23 3,27 0,77 2 0,4 2,42 0 0 0,02 1 0,04 2,5 0,19 4,6 0,4 2,74 0,06 3,33 0,19 2,78 0 0,02 4 0,37 3,16 0,33 3,06 0 0,04 4 0,42 3,27 0,48 3,48 0,5 2,77 0,5 1,75 0,75 2,85 0,73 2,77 0,04 3,5 0,06 3,33 0,1 3,8 0,1 4,4 0,25 0,02 0,19 0 3,77 5 3,4 0,21 0,02 0,08 0,1 4 3 2,5 3,2 Tableau 14 : Tableau synthétique de l'analyse de centralité par méthode ISA effectuée sur les promotions de 1ere et 5e année L'élément le plus central de la représentation des étudiants est donc bien la notion de « souffrance » qui n'est pas transformée au fil du cursus et que l'on a retrouvé marquante dans chacune des méthodes. 4.3.2) Cas particuliers des réponses à la méthode ISA Malgré la preuve de la centralité de l'item « souffrance », la méthode ISA semble apporter un élément supplémentaire à l'analyse de la représentation de la douleur animale. En effet, les résultats obtenus sur les deux filières ne correspondent pas aux résultats obtenus précédemment sur les autres méthodes. Ainsi, en première année, outre l'item « souffrance », les valeurs ayant eu une fréquence élevée lorsque Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 64/101 Écart -0,02 0,07 0,36 -0,03 -0,15 -0,02 -0,07 -0,11 0,37 0 -0,02 -0,2 -0,13 -0,02 0,03 -0,04 -0,06 0 0,02 -0,02 -0,01 0,04 0 0,11 -0,1 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 la notion de douleur était activée sont « soins », « traitement » ou encore « signal » et « antalgie ». On a une mise en exergue par ces étudiants d'éléments qui concernent la pratique vétérinaire et non plus les activités humaines comme précédemment. Ces items bénéficient de plus de rang moyen nettement inférieur à la moyenne globale. La même tendance s'observe en 5e année, ce qui corrobore ici les résultats antérieurs. La mise en situation sur un cas plus professionnel (le scénario) a ainsi rapproché les résultats des étudiants de début de cursus de ceux de fin de cursus. Ce résultat montre ainsi un passage dans les différentes années du cursus qui est permis grâce à la possibilité chez l'étudiant d'accéder à un contenu plus professionnel. Ainsi, d'une vision « primaire » à son entrée dans l'établissement, le fait de se retrouver face à une mise en situation professionnelle, à donner à l'étudiant l'occasion de se projeter sur son activité future qui l'a conduit à adopter une représentation qui reprend alors les éléments qui sont adoptés par les étudiants de fin de cursus quelque soit la méthode d'investigation. 4.4) Données par critères sociodémographiques Les différentes méthodes utilisées au cours de cette étude ont toutes fait l'objet au moment du recueil des données de collectes d'éléments de caractérisation sociodémographiques. Cependant, on ne retrouve aucune variable qui est significativement différente selon les critères suivants : genre, concours d'origine, milieu géographique d'origine (rural, péri-urbain, urbain), professions des parents et filière choisie ou pressentie. Significativement, on peut dire que les étudiants ont globalement la même représentation de la douleur animale. Cela traduit l'idée d'une culture commune, qui évolue de la même manière pendant le cursus. Un seul point d'attention est que l'enquête a eu lieu quasiment après un an d'enseignement pour les 1ere année, ce qui a déjà pu changer les réponses apportées. 5) Analyse et préconisations en ingénierie de formation L'étude menée sur les étudiants vétérinaires a donc permis de faire émerger un « effet formation » sur leurs représentations. Effet qui se traduit notamment par une Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 65/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 transformation via une professionnalisation de l'étudiant qui va alors modifier son approche de la douleur animale et la faire rapprocher de ce qu'elle est ensuite en fin de cursus. L'étudiant reste néanmoins ancré dans son champ social qui encadre sa subjectivation dans un « habitus » de pensée. Ce constat se traduit alors en terme d'ingénierie de formation par certaines mesures pouvant être mises en place pour tenir compte de ces paramètres. 5.1) Cursus vétérinaire et représentations sociales : des conclusions à tirer En tout premier lieu, il est donc nécessaire de s'intéresser aux différents résultats issus de l'étude et à l'analyse que l'on peut en donner eu égard au contexte dans lequel ils se sont révélés. 5.1.1) Un effet « formation » avéré sur une représentation structurée La « douleur animale » apparaît, au sortir de cette étude, comme une représentation bien structurée chez les étudiants vétérinaires et répondant aux critères théoriques du champ d'analyse. On peut même dire qu'elle est formée de plusieurs représentations qui évoluent au gré du cursus de formation. Ainsi, d'un premier cadre formé autour de la notion « maltraitance » et de « souffrance » et qui voit graviter des éléments d'un langage plus sensible (liés aux sentiments et aux comportements) et lié à l'activité humaine, on passe sur la base des mêmes notions centrales à un langage plus « médicale » relatif à des actes vétérinaires et beaucoup moins sensible. Ces différents éléments montrent bien la structure propre des représentations, et les différents rôles des éléments, ainsi que sa construction : l'intervention du processus de subjectivation mais également de la compréhension de la boucle d'apprentissage. Au niveau structurel, la persistance d'un noyau représentationnel tout au long du cursus montre que celui-ci assure bien ses fonctions « génératrice » et « organisatrice » en donnant un sens et des « valeurs » continues à celles-ci. Le noyau permet alors d'organiser les mêmes éléments tout en gardant un lien commun structurel. Dans ce temps, le fond de la représentation de la douleur animale reste le même chez l'étudiant. Les vecteurs de polarité traduisent toujours une primo-vision Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 66/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 très négative que ce soit dans le sens même des éléments centraux que dans le sens global de la représentation. D'une même manière, les éléments périphériques traduisent clairement la même correspondance avec la théorie. En début de cursus, les étudiants viennent avec des éléments issus de la période précédant l'entrée en formation. Ces éléments vont alors changer pour assurer la prise en compte des éléments nouveaux que fournissent le cursus (régulation) et pour leur permettre de prendre une signification acceptable avec la nouvelle réalité (concrétisation), tout en assurant la conservation du noyau central (défense). Les termes médicaux et vétérinaires utilisés en périphérie en fin de cursus sont alors des moyens efficaces pour assurer l'interface avec la réalité que les éléments plus sensibles de début de cursus n'arrivent plus à satisfaire. C'est dans ce changement des éléments périphériques que se traduit la construction de la représentation telle qu'on peut la définir théoriquement. En effet, par ces éléments périphériques, il est facile de se rendre compte du processus de sélection constructive des éléments fournis par les enseignements qui sont alors séparés de la théorie, qui sont appropriés par l'étudiant qui les réintègrent comme des éléments de son propre mode de pensée pour les maîtriser. La structuration de ces éléments autour du même noyau central va lui permettre d'assurer les fonctions à la représentation. Il se forme alors une représentation tout à fait « naturalisée » que l'étudiant exprime facilement car lui permettant de la replacer dans un contexte général et de l'échanger à la fois avec ses pairs et avec les autres groupes. C'est ainsi que l'on passe par un contenu plus médical qui replace la douleur animale dans un schéma de référence semblable entre étudiants et se prêtant bien à la conservation de la centralité puisque ne la remettant pas en cause. C'est dans ce passage que l'on retrouve alors l'importance de la boucle d'apprentissage qui a permis la réinterrogation de la représentation initiale. C e questionnement réflexif a ainsi permis d'interroger non seulement un individu mais aussi un groupe social. On peut faire ici le lien par plusieurs analyses. L'insertion de la représentation au sein de la boucle experientielle a influencé le raisonnement des étudiants. La partie centrale est restée le cadre de référence et les nouveaux modèles Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 67/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 théoriques enseignés ont pris la place des éléments périphériques pré-existants en les remettant en cause. Pour illustration, l'étudiant qui entre en clinique et qui pratique un acte ayant trait à la douleur réinterroge à la fin de celui-ci le modèle théorique qui lui a fait faire l'action en plus de réinterroger l'action elle-même. Si ce modèle n'est pas en phase avec son vécu, il le modifie. La persistance de l'élément central n'est alors pas un frein car l'individu est capable de trouver une cohérence dans certains cas qui peuvent paraître en contradiction (exemple des étudiants de physique). On a alors synthétiquement : Effet formation : boucle d'apprentissage Périphérie orientée vers la sensibilité Périphérie orientée vers le vocabulaire médical et vétérinaire Persistance du noyau central : souffrance, maltraitance Figure 15 : Représentation schématique du changement dans la représentation sociale de la « douleur animale » entre le début et la fin du cursus vétérinaire 5.1.2) L'existence d'une représentation professionnelle coexistante L'utilisation de la méthode ISA a permis grâce à sa méthodologie particulière, de distinguer des représentations sociales de représentations que l'on peut qualifier de plus « professionnelles ». Cette particularité observée peut se comprendre comme Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 68/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 un mouvement de passage de l'état « social » à l'état « professionnel » de la représentation. Les étudiants différencient ainsi leurs propres visions personnelles de celles qui est en cours dans leur activité professionnelle. C'est un résultat intéressant car cela fait émerger dans le raisonnement de l'étudiant la possibilité de la notion de professionnalisation qui se manifesterait dans la transformation des représentations. On rejoint alors ici les résultats de Lac et Ratinaud (2004) qui étaient arrivés à ces conclusions sur un public d'animateurs et d'enseignants. Cet élément est renforcé par l'idée que dans les observations, on a au final une représentation des étudiants de début de cursus en situation professionnelle qui tend à aller vers la représentation sociale des étudiants de fin de cursus qui elle se différencie moins entre les méthodes. Ainsi, il y a chez les étudiants de début de cursus la construction d'un nouvelle sorte de représentation qui leur permet d'aborder leur métier futur. La professionnalisation serait ici une sorte de passage permettant de passer d'une représentation à une autre par des allers-retours au cours de la formation. Comme le soulignent Lac et Ratinaud, il y a par ce processus une transformation collective du groupe (les étudiants vétérinaires) et de l'objet de la représentation. Pour eux, on peut ainsi dire que l'on passe par le professionnel pour accéder au social. Malgré le changement des items en périphérie, le noyau central ne s'étoffe guère. Il n'y a donc pas eu glissement de la périphérie vers le noyau central. Il y a bien modification de la représentation et, dans ce cadre théorique, construction d'une nouvelle représentation chez les étudiants. Cette modification peut être associée à une professionnalisation du groupe dans son rapport à son métier et donc une professionnalisation de la représentation de l’objet « douleur animale ». On peut faire appel au concept d'implication professionnelle active (Mias, 1998) à la fois du groupe et de l'étudiant. Lorsque les étudiants entrent en formation, les discours tenus ont fait apparaître la perte du contrôle sur la représentation (comme on l'a vu précédemment). Les étudiants vont alors essayer de pallier le manque de repères et de sens par la formation. Il suit alors le mouvement de changement de la représentation sociale. Dans un premier temps, le nouveau sens construit, crée un Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 69/101 Sylvain Dernat nouveau système Master ICF 2010 – 2011 de représentations qui devient parallèle à la pratique professionnelle en clinique générant ainsi à nouveau du contrôle sur le système de valeurs des individus. Cette professionnalisation va alors créer une représentation professionnelle qui va d'abord s'inscrire à côté de la représentation sociale puis peu à peu prendre sa place au fil du cursus en clinique. On retrouve ici aussi les résultats de Lac et Ratinaud qui soulignaient la coexistence de représentations différentes d’un objet au sein d’un même échantillon. Ces représentations se distinguent en fonction des contextes dans lesquels l’objet est évoqué (personnel ou professionnel) : ce qui est le cas avec la douleur animale. De manière schématique : Représentation sociale Nouvelle Représentation sociale Représentation sociale Représentation Professionnelle Entrée dans le cursus Déroulement du cursus Sortie du cursus Figure 16 : Représentation schématique du changement dans la représentation sociale de la « douleur animale » par l'étape intermédiaire de la représentation professionnelle. 5.1.3) Une identité propre aux étudiants vétérinaires proche d'un « habitus » de représentation Un dernier résultat intéressant est l'ancrage des représentations chez les étudiants vétérinaires. En effet, on retrouve une culture collective dépassant les disparités sociodémographiques. Les différents éléments de contenus (centraux ou périphériques) qui forment la représentation sociale des étudiants en début ou fin de cursus peuvent trouver un sens par l'analyse de relations « symboliques » qui Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 70/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 existent. On retrouve bien l'ancrage dans l'imbrication avec des aspects plus généraux. Les items exprimés dans le recueil de contenus ou dans les classements dans les méthodes suivantes traduisent le lien qui existe entre représentations sociales des étudiants vétérinaires et appartenances à une catégorie sociale. Ainsi, le recrutement homogène d'étudiants se ressent dans la vision de la douleur animale. Mais l'homogénéité ne semble pas être seulement « sociodémographique » mais également cognitive dans les schèmes de pensée. D'une manière concrète, l'absence de différence dans les résultats entre hommes et femmes, ruraux et urbains ou encore enfants de cadres et d'autres catégories montre l'existence d'un « méta »système, que l'on peut qualifier d'« habitus » pour rejoindre les éléments théoriques. Il y a une sorte de cadre global où s'articulent des valeurs propres à ce groupe. Ces valeurs sont issues entre autres, comme il en a été fait cas auparavant, des valeurs militantes pour le droit des animaux qui se fondent dans des populations ayant des structures démographiques similaires à celles des étudiants. La pérennisation des éléments « souffrance » et « maltraitance » illustrent parfaitement cela. Il n'y a ainsi pas eu d'assimilation de la théorie dans ces éléments caractéristiques (aversion, évitement, processus) mais une conservation des valeurs répondant au cadre global de pensée des étudiants : « une société sans souffrance », « l'égalité de traitement entre hommes et animaux ». Les étudiants ont ainsi assimilé les théories en fonction d'un angle de vue propre à leur culture. La douleur n'est pas en premier lieu un phénomène physiologique qui s'explique scientifiquement, mais un phénomène qui traduit des tensions en terme d'enjeux sur le traitement des animaux. D'une manière informelle et complètement interprétative de cela, la teneur des échanges avec les étudiants lors des réseaux d'associations est une bonne illustration. Ainsi, la représentation basée sur le cadre global crée une grille de lecture pour lire la société et interagir avec d'autres individus ou groupes. Pendant des discussions post-tests avec les étudiants, il était fréquent de voir souligner, pour montrer une illustration de la douleur animale, un exemple de maltraitance animale Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 71/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 vu ou entendu ; l'animal ayant toujours eu à subir une souffrance très forte. En aucune manière les étudiants n'ont eu à parler de phénomènes d'apprentissage ou d'évitement ou d'éléments physiologiques. Le processus d'ancrage est bien ici un processus de construction qui s'est basé sur un contenu déjà existant et qui a modifié la représentation en faisant bouger son contenu et ses limites. 5.2) Préconisations pour l'ingénierie de formation du cursus vétérinaire L'analyse des résultats de l'étude effectuée sur les étudiants vétérinaires permet de donner un certain nombre de préconisations qui peuvent être mises en place dans le cadre du cursus. Cela passe notamment par trois éléments : la compréhension constante des représentations sociales des étudiants, l'approfondissement des liens avec le monde professionnel et la meilleure prise en compte des changements de la structure sociodémographique de la population étudiante et de son champ social. 5.2.1) Un cursus générateur de représentations sociales à analyser La douleur animale, valeur centrale chez le vétérinaire génère une imagerie collective forte chez les étudiants. Celle-ci évolue pendant le cursus mais pas toujours complètement dans le sens de l'enseignement. L'environnement sociétal joue pour beaucoup dans cette évolution. La démarche pédagogique doit ainsi comprendre de manière constante ses représentations pour pouvoir les faire évoluer. Cela est vrai pour la douleur animale mais il est aisé de l'imaginer également pour d'autres items qui ont une importance fondamentale dans l'enseignement vétérinaire : éthique, bien-être... Il est donc important de les analyser tout au long de la présence des étudiants afin de prendre en compte leurs spécificités, de faire évoluer les contenus et de rectifier également les enseignements tout au long du cursus. Cette action peut donc s'insérer dans le système Analyse-Conception-Réalisation-Evaluation (Ardouin, 2010). Au niveau de l'Analyse, il s'agit comme dans le cadre de cette étude de faire l'état du contenu des représentations des étudiants. Les méthodes simples à mettre en place et efficaces utilisées ici peuvent ainsi être réinvesties assez simplement. On Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 72/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 peut imaginer que chaque année les étudiants de première année répondent à leur arrivée aux questionnaires de choix successifs par blocs basés sur les résultats des années précédentes. Une autre manière est d'envisager des analyses d'un échantillon d'étudiants de première année par les réseaux d'associations. Quelque soit la méthode envisagée, les résultats permettront de mieux appréhender les représentations des étudiants et d'orienter les enseignements. Cela concerne alors la partie Conception- Réalisation. Comme on l'a souligné, de manière pédagogique, on peut faire évoluer une représentation vers le « but » recherché par l'enseignant. Soit par un renforcement de la représentation si celle-ci coïncide avec le besoin (même si elle n'est pas complètement en prise avec la réalité) ; soit par une remise en cause des valeurs fondamentales de la représentation qui, ne se trouvant plus en phase avec la conception de la réalité devra se transformer et adopter, par les apports des cours, une structuration correspondant à ce qui est voulu par l'enseignant. Enfin, la partie Évaluation va aussi être prépondérante car elle permettra de voir les effets de la formation et de les corriger au fur et à mesure dans les promotions ou entre les promotions. On retrouvera alors la notion de boucle continue de la formation puisque cette évaluation réinterrogera la première partie qui réinterrogera à son tour la conception et la réalisation de la formation. 5.2.2) Une approche professionnelle à privilégier Le passage par la représentation professionnelle est ainsi le produit des représentations sociales des étudiants et des perspectives professionnelles diffusées par les enseignants au travers des cours ou dans la pratique clinique. L'écart grandissant entre les deux systèmes représentationnels provoque alors une déstabilisation et une adoption de la représentation professionnelle. Cette étude a montré que représentations et perspectives professionnelles se rejoignent pour favoriser la poursuite des études. Le rôle joué par les enseignants apparaît important car ils sont porteurs des perspectives professionnelles. De la manière d'aborder les enseignements va alors permettre d'orienter les étudiants vers l'attitude attendue. C'est ici que le choix de certaines modalités d'apprentissage va être générateur de cette orientation. Même si par la construction de leur cursus Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 73/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 (théorie + clinique), les étudiants ont accès à un contenu riche et diversifié, il est possible de s'arrêter néanmoins sur trois aspects. Dans un premier temps sur l'apport de cas pratiques par des TP ou TD. L'un des éléments qui différencie le campus vétérinaire de Lyon des autres campus est le plus faible nombre de TP directement sur des animaux, effectués par les étudiants durant les deux premières années. Même si globalement, sur l'ensemble du cursus, on retrouve un équilibre, il est possible de suggérer une importance plus grande à la pratique dès les premières années. Ainsi, il serait intéressant dès le début du cursus, d'arriver à intégrer dans un même mouvement l'acte de travail qui se rapproche de la pratique vétérinaire (établir un diagnostic, effectuer un acte sur un animal...), l'analyse de sa pratique par l'étudiant et l'acte d'apprentissage. Si on se base sur la logique de « navigation professionnelle » (Le Boterf, 2007), ce type de construction correspond à la rencontre de situations variées qui ne sont possibles que dans le cadre de « cours magistraux ». D'autres moyens de former les étudiants peuvent être propices à passer par cette vision de perspective professionnelle : l’autoformation accompagnée peut être utilisée sur les heures dites TDNP où un enseignant ou un professionnel peut servir de relais au questionnement des étudiants notamment si ces heures peuvent être utilisées pour la rédaction de mémoire sur des thèmes donnés par exemple en lien avec l'actualité; les situations de travail simulées et/ou accompagnées qui permettent à l'étudiant d'approcher la pratique dés le début du cursus; les voyages d'étude accompagnés par des enseignants. Même si cela existe de manière ponctuelle, de nombreuses visites en groupe auprès de divers professionnels peuvent mieux aider à appréhender le futur. Enfin, le partage direct avec des professionnels par des retours d’expérience, des partages de pratique ou des rencontres peuvent aider à mieux comprendre la réalité de son emploi. Ainsi, pour illustrer l'intérêt de ces pratiques on peut prendre le cas des ingénieurs de centrales nucléaires (Pastré, 1999) qui apprennent en formation un « modèle épistémique » de l’installation. Lorsqu'ils sont ensuite dans la situation réelle, celleci est insuffisante et ils se construisent un « concept pragmatique ». Ce concept est construit dans les échanges avec les autres membres de l'équipe ou de l'entreprise et par le feedback des situations de travail. Pour faire fonctionner de manière optimale Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 74/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 son système, l'ingénieur va alors utiliser à la fois les éléments de théorie appris en formation et le concept pragmatique. La transposition au cas des étudiants vétérinaires peut donc se faire par la complémentarité entre les apports théoriques et les méthodes pédagogiques citées précédemment. Dans un second temps, il est possible de questionner l'articulation des stages du cursus et leur encadrement. Le cursus vétérinaire comprend, comme on l'a signifié auparavant, plusieurs stages tout au long du parcours. C'est un élément important car il permet également d'aller à la rencontre de situations variées qui ne sont pas accessibles en cours magistraux ou en TD/TP. L'expérience du stage est fortement significative et ancre les représentations avec beaucoup plus de profondeur, ce qui comme on l'a vu dans cette étude, joue un rôle prépondérant. De manière factuelle, les étudiants voient dans le stage un élément moteur pour se projeter dans l'avenir. Dans une étude récente, ils sont ainsi plus des deux tiers à estimer que ces stages ont influencé la construction de leur parcours professionnel pendant le cursus (Langford, 2009) Il est intéressant de formuler deux points sur lesquels la manière d'aborder les stages peut être améliorer. Sur l'articulation des stages. En effet, les élèves de première année effectuent en premier lieu, deux stages dans l'année chez des éleveurs (ruminants puis monogastriques), avant même pour certains d'être rentré chez un vétérinaire. Même si il est indéniable que cela permet de mieux connaître l’environnement et de constater les limites du travail de l'éleveur dans le soin aux animaux (ce qui peut consolider la vocation de devenir vétérinaire), il semble plus opportun d'effectuer ces stages plus loin dans le cursus. En effet, d'une part les étudiants n'ont pas approché le contenu des enseignements et ne sont pas capables de prendre suffisamment de distance pour se projeter face à un métier futur. D'autre part, ils n'ont pas une conscience suffisante de l'environnement économique (pourquoi un éleveur abat l'animal plutôt que de le soigner) pour s'enrichir des échanges. Ces stages devraient être plus judicieusement placés en troisième année, notamment à être plus proche du choix de filière. Sur les stages, l'autre élément concerne l'encadrement. Ainsi, les étudiants doivent rendre compte de chaque stage à un enseignant référent à la fin de celui-ci (mais il n'y a qu'un seul rapport de stage Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 75/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 en 1ere année, les autres ne font pas l'objet de rendu). Toutefois, l'enseignant ne suit pas les étudiants sur le lieu de stage et ne sait pas également si l'étudiant est bien assidu et si il échange suffisamment. Il serait possible d'envisager des visites par les enseignants référents (ou des appels aux stagiaires et aux maîtres de stage) afin d'assurer le lien avec le cursus, aider l'étudiant à bien se positionner et bénéficier des échanges avec les professionnels (ce qui actuellement n'est pas assuré pour tous les stages et tous les étudiants). Enfin, le dernier point sur cette vision de la « professionnalisation » du cursus peut être, toujours dans une notion d'encadrement, un tutorat par un professionnel, tout au long des cinq années d'études, qui peut aider l'étudiant à se positionner par rapport à ses compétences. En effet, la construction identitaire de l'étudiant (qui est influencé et influence les représentations sociales) se joue à la fois par la projection dans l'avenir mais aussi par la mise en perspective dans le contexte professionnel des objets de reconnaissance du groupe qui ici peuvent être les compétences (Dubar, 1991). L'apport du professionnel sur ce que l'étudiant peut faire ou sait faire va lui fournir un positionnement dans le groupe professionnel auquel il souhaite appartenir. Cette professionnalisation accompagnée permet à la fois d'atteindre l'intention de l'organisation, qui est de former les étudiants de la meilleur manière, mais également de satisfaire le « jeu identitaire » de reconnaissance de l'étudiant par lui-même et par son environnement. Le tuteur est là pour aider la personne à surmonter ses difficultés. Il joue un rôle de « traduction culturelle ». (Wittorski, 2007). 5.2.3) Une formation en phase avec sa société Un dernier point de préconisation, qui est peut-être le plus ambitieux, peut se concevoir comme la mise en rapport de l'enseignement vétérinaire avec la société dans laquelle il se pratique. Ainsi, on voit dans la lecture des programmes pédagogiques que cet enseignement est souvent vu dans son sens purement théorique et pratique (dont on ne peut faire abstraction bien entendu). Toutefois, comme on l'a vu, le vétérinaire est un acteur profondément ancré dans sa société et les futurs professionnels que sont les étudiants n'échappent pas à cette règle. Il y a Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 76/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 donc un véritable intérêt à faire prendre conscience aux étudiants des différents aspects du monde qui les entoure. L'ancrage des étudiants dans un modèle de pensée identitaire, comme l'analyse des représentations de la douleur animale le suggère, peut conduire le futur professionnel qu'est l'étudiant à ne pas bien approcher le monde qui l'entoure. Ici, l'apport des sciences humaines et sociales peut avoir un effet bénéfique à deux niveaux. Au niveau de la pratique professionnelle, l'étudiant est confronté à des situations critiques avec les acteurs qui l'entourent (euthanasie, maladies, contrôles sanitaires défavorables...) et n'est pas toujours à même d'interagir correctement. En effet, même si les stages ou les périodes cliniques peuvent lui faire apprendre « sur le tas », un enseignement peut servir de bases théoriques sur lesquelles l'étudiant pourra s'appuyer. Il est possible d'imaginer des modules de communication et de psychologie, conçus à la fois par des spécialistes des domaines et par des enseignants-vétérinaires qui peuvent s'insérer dans la 3e année de cursus. Ces modules permettront notamment par des mises en situation de favoriser l'échange entre l'étudiant vétérinaire et les personnes hors de son groupe d'appartenance : adaptation du langage (termes employés...), anticipation des réactions, empathie... Un autre niveau peut être vu de manière plus « macro » afin de faire réfléchir l'étudiant sur son environnement. La prise de conscience peut alors se faire à plusieurs niveaux pour là encore mieux insérer sa pratique professionnelle en prenant en compte plusieurs dimensions. Une dimension philosophique (quelle éthique je souhaite appliquer dans mon métier), une dimension culturelle (comment l'animal est vu dans la société, comment mon métier est perçu...) et une dimension sociale et économique (que représente un animal pour un éleveur, quelle est la structure des salaires dans mon pays et comment comprendre les facteurs influençant les choix de traitement des animaux...). Là encore, le partage entre spécialistes des différents domaines et enseignants-vétérinaires apportera à l'étudiant un atout supplémentaire de son monde et permettra de mieux mettre l'enseignement en perspective par rapport à ses représentations sociales. Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 77/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 Conclusion A l'heure où les sociétés modernes s'interrogent sur le rôle que doivent jouer les acteurs du monde animal, l'enseignement vétérinaire se trouve au cœur du débat. La douleur animale, élément central dans la vie professionnelle du vétérinaire en est ainsi une parfaite illustration. Caractérisée par un solide savoir théorique, elle est aussi un enjeu et un sujet de débats sensible dans la société qui influence l'apprentissage de l'étudiant. D'un côté, outil du diagnostic qui se définit par des phénomènes physiologiques précis, elle est également au cœur des controverses qui agitent l'expérimentation animale et les systèmes de productions entre les différents partis prenantes et notamment les mouvements de protection animale. Pédagogiquement, les étudiants vétérinaires intègrent après un concours d'entrée national, une école offrant cinq années de cursus qui s'articulent entre cours théoriques, travaux pratiques ou dirigés, mais également pratique en clinique et stages. D'une nature très homogène, cette population d'étudiants est pourtant issue d'un profond changement depuis trente ans marqué par une forte féminisation et une forte proportion d'étudiants citadins et/ou issus de classes sociales supérieures. Ainsi, l'utilisation dans cette étude de la psychologie sociale, appliquée aux sciences de l'éducation, a été un moyen d'essayer de comprendre l'influence que cet environnement complexe peut avoir sur l'apprentissage des éléments théoriques et surtout dans leur intériorisation par les étudiants. Pour cela, l'étude a visé la recherche d'un « effet formation » sur la représentation sociale de la douleur animale des étudiants, c'est-à-dire la manière dont cette représentation évolue dans le cursus et comment elle est transformée (ou non) par la formation. C'est donc au travers d'une méthodologie en deux temps que l'analyse a été effectuée au sein du campus vétérinaire de VetAgro-Sup à Lyon. La première partie a consisté à recueillir le contenu de la représentation sociale de la douleur animale sur un échantillon apparié d'étudiants représentatifs issus de deux promotions en début et fin de cursus (n=40). Pour cela, il a été mis en place des entretiens utilisant les réseaux d'associations. A partir de là, une deuxième partie a permis d'effectuer l'analyse à partir du recueil précédent afin d'en dégager la structure et les éléments centraux au fil du cursus. Ici, l'analyse a utilisé à la fois un questionnaire se basant Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 78/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 les choix successifs par blocs sur deux promotions de début et fin de cursus (n=188) et un questionnaire utilisant la méthode ISA (n=214) sur deux autres promotions de mêmes caractéristiques. Sur la base des résultats de l'étude on peut ainsi dire que, sur la population de référence, on retrouve un effet de la formation sur la représentation sociale, mais également l'inverse. En effet, lorsque celle-ci arrive au sein de l'établissement, la représentation des étudiants a plutôt tendance à s'associer à un vocabulaire de « sentiments » et à se centrer autour de deux items que sont la « maltraitance » et la « souffrance ». On retrouve ainsi une structuration propre aux discours de protection animale ayant cours dans les milieux sociaux correspondant à la structure de recrutement des étudiants. Avec l'avancée dans le cursus, les étudiants transforment alors la représentation en utilisant un vocabulaire plus « médical » et plus distancié. Cependant, ils conservent les mêmes items de centralité. La population étudiée a ainsi transformé la représentation tout en en gardant une valeur centrale propre à sa culture d'appartenance. Il y a une pérennisation d'un « habitus » de la représentation, non influencé par l'apprentissage. Toutefois, la transformation périphérique s'est elle opérée par l'intervention d'une professionnalisation issue de la formation. Ces éléments incitent alors à formuler des préconisations pour l'enseignement vétérinaire : une étude renforcée des représentations sociales des étudiants (et pas que de la douleur) tout au long du cursus, une mise en avant de modalités pédagogiques plus « professionnalisantes » et enfin un appui sur les sciences humaines et sociales pour faire le lien entre sciences fondamentales et société. L'enseignement vétérinaire se doit donc de bien connaître son public et l'environnement complexe qui l'entoure . C'est un enjeu majeur où le rôle de l'ingénierie de formation est primordial. 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Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 83/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 Table des illustrations Tableau 1 : Répartition des volumes horaires des étudiants au cours des trois premières années du cursus vétérinaire (source : programme pédagogique 2010/2011)..........................................16 Figure 2 : Représentation de la boucle d'apprentissage (source : Le Boterf, 2003)......................35 Figure 3 : Représentation de l'apprentissage en double boucle (source : Le Boterf, 2003)..........35 Tableau 4 : Répartition sociodémographiques des étudiants de 1ere et 4e année (source : service de scolarité VetAgro-Sup, année 2010/2011)................................................................................42 Tableau 5 : Tableau synthétique des fréquences issus de l'analyse par réseaux d'associations.....51 Tableau 6 : Tableau synthétique des fréquences et proportions des éléments sémantiques de l'analyse par réseaux d'associations ..............................................................................................53 Tableau 7 : Tableau synthétique des fréquences et proportions des éléments sémantiques de l'analyse par réseaux d'associations pour la catégorie « médecine et santé »...............................54 Tableau 8 : Tableau synthétique des fréquences et proportions des éléments sémantiques de l'analyse par réseaux d'associations pour la catégorie « comportements et sentiments ».............54 Tableau 9 : Tableau synthétique de l'analyse de polarités entre promotion de 1ere et 4e année...55 Figures 10 : Représentations graphiques de l'analyse de polarité issue des réseaux d'associations par évocation et hiérarchisation entre les promotions de 1ere et 4e année...................................57 Figures 11 : Représentations par tableaux de l'analyse prototypique issue des réseaux d'associations entre 1ere (haut) et 4e année (bas) par stimulus (spontanée : gauche, induite : droite) ...........................................................................................................................................59 Tableau 12 : Tableau synthétique des fréquences et écarts de fréquences de l'analyse de saillance issue de la méthode de choix successifs par blocs pour les promotions de 2e et 5e année...........61 Tableau 13 : Matrice de similitude de l'analyse de saillance issue de la méthode de choix successifs par blocs pour les promotions de 2e (bas) et 5e année (haut).....................................62 Tableau 14 : Tableau synthétique de l'analyse de centralité par méthode ISA effectuée sur les promotions de 1ere et 5e année.....................................................................................................64 Figure 15 : Représentation schématique du changement dans la représentation sociale de la « douleur animale » entre le début et la fin du cursus vétérinaire.................................................68 Figure 16 : Représentation schématique du changement dans la représentation sociale de la « douleur animale » par l'étape intermédiaire de la représentation professionnelle.....................70 Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 84/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 Table des matières Introduction.....................................................................................................................................5 1) Douleur animale et enseignement vétérinaire : un contexte complexe......................................7 1.1) Enjeu pour l'enseignement vétérinaire d'une analyse psychosociale..................................7 1.1.1) Acceptions utilisées des termes fondamentaux abordés dans cette étude :................8 1.1.1.1) Le vétérinaire.......................................................................................................8 1.1.1.2) La douleur animale..............................................................................................9 1.1.1.3) La représentation sociale.....................................................................................9 1.1.2) La douleur animale est bien une représentation sociale des étudiants vétérinaires.....9 1.1.3) Intérêt d'étudier les représentations sociales en formation initiale chez des étudiants vétérinaires...........................................................................................................................10 1.2) La formation des étudiants vétérinaires............................................................................12 1.2.1) Le public des étudiants vétérinaires..........................................................................12 1.2.1.1) Genre et âge.......................................................................................................12 1.2.1.2) Catégories socioprofessionnelles des parents et milieux de vie........................13 1.2.1.3) Cursus précédant l'entrée à l'école vétérinaire...................................................14 1.2.2) Le cursus de formation : organisation pédagogique..................................................15 1.2.2.1) Près de trois ans d'apprentissage des savoirs.....................................................15 1.2.2.2) ...et la même durée de pratique clinique............................................................17 1.2.2.3) Les autres éléments hors cursus : formation initiale, emplois étudiants............18 1.3) La question de la douleur animale....................................................................................20 1.3.1) Ce que l'on entend par douleur animale pour un vétérinaire.....................................20 1.3.2) Douleur animale et société moderne.........................................................................22 1.3.2.1) Douleur animale et expérimentation : entre réalité et mythe.............................23 1.3.2.2) Les élevages.......................................................................................................25 1.3.2.3) Les mouvements de protection des animaux.....................................................26 2) Comprendre le lien entre représentations sociales et formation...............................................27 2.1) La représentation sociale ou l'image de la cellule se construisant par interaction............28 2.1.1) Noyau central et système périphérique.....................................................................28 2.1.1.1) Le noyau central................................................................................................29 2.1.1.2) Les éléments périphériques ...............................................................................29 2.1.1.3) La zone muette...................................................................................................30 2.1.2) Le processus de construction de la représentation sociale........................................30 2.1.2.1) L'ancrage des représentations sociales..............................................................30 2.1.2.2) L'objectivation de la représentation...................................................................32 2.1.2.3) L'influence des facteurs socio-démographiques : un « habitus » dans les représentations sociales...................................................................................................33 2.2) Représentations sociales en formation : une relation de réciprocité.................................34 2.2.1) L'élément de contact : la boucle d'apprentissage.......................................................34 2.2.2) Des fonctions explicites qui agissent sur la formation et inversement......................37 2.2.3) L'interaction entre représentation sociale et cursus de formation dans le cursus des étudiants vétérinaires...........................................................................................................37 2.2.4) La recherche d'un « effet formation ».......................................................................38 3) Une étude à visée descriptive par triangulation........................................................................38 Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 85/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 3.1) Les réseaux d'associations.................................................................................................39 3.1.1) Le public cible...........................................................................................................40 3.1.2) Constitution des échantillons appariés......................................................................40 3.1.3) Description de l'outil utilisé et conditions d'entretien...............................................43 3.2) La sélection par choix successifs par blocs.......................................................................44 3.2.1) Le public cible : choix des promotions.....................................................................45 3.2.2) Construction et conditions de recueil du questionnaire.............................................46 3.3) La méthode par Induction de Scénario Ambigu................................................................47 3.3.1) Le public cible : choix des promotions.....................................................................48 3.3.2) Définition du scénario...............................................................................................48 3.3.3) Les conditions de recueil des questionnaires ...........................................................49 4) Résultats de l'étude sur les étudiants vétérinaires.....................................................................50 4.1) La recherche du contenu sur échantillons appariés...........................................................50 4.1.1)L'analyse sémantique..................................................................................................51 4.1.1.1) Le contenu sémantique global...........................................................................52 4.1.1.2) Le contenu sémantique dans les deux principales catégories de mots..............53 4.1.2) Analyse de polarité....................................................................................................55 4.1.3) Prototypie et coefficient de corrélation.....................................................................57 4.2) Structuration de la représentation .....................................................................................60 4.2.1) Analyse de « saillance »............................................................................................60 4.2.2) Analyse de « connexité » par matrice de similitude..................................................62 4.3) Éléments de centralité.......................................................................................................63 4.3.1) Observations des différences de fréquences..............................................................63 4.3.2) Cas particuliers des réponses à la méthode ISA........................................................64 4.4) Données par critères sociodémographiques......................................................................65 5) Analyse et préconisations en ingénierie de formation..............................................................65 5.1) Cursus vétérinaire et représentations sociales : des conclusions à tirer............................66 5.1.1) Un effet « formation » avéré sur une représentation structurée................................66 5.1.2) L'existence d'une représentation professionnelle coexistante ..................................68 5.1.3) Une identité propre aux étudiants vétérinaires proche d'un « habitus » de représentation.......................................................................................................................70 5.2) Préconisations pour l'ingénierie de formation du cursus vétérinaire................................72 5.2.1) Un cursus générateur de représentations sociales à analyser....................................72 5.2.2) Une approche professionnelle à privilégier...............................................................73 5.2.3) Une formation en phase avec sa société....................................................................76 Conclusion.....................................................................................................................................78 Listes des références bibliographiques :.......................................................................................80 Table des illustrations....................................................................................................................84 Table des annexes..........................................................................................................................87 Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 86/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 Table des annexes Annexe 1 : Exemples de réponses aux réseaux d'associations.................................................88 Annexe 2 : Questionnaire par choix successifs par blocs.........................................................90 Annexe 3 : Questionnaire par méthode ISA.............................................................................91 Annexe 4 :Données synthétiques des réseaux d'associations stimulus « spontanée ».............92 Annexe 5: Données synthétiques des réseaux d'associations stimulus « induite »..................94 Annexe 6: Données synthétiques de l'analyse par choix successifs par blocs.........................96 Annexe 7: Données synthétiques de l'analyse par méthode ISA..............................................97 Annexe 8: Données synthétiques par genre..............................................................................98 Annexe 9: Données synthétiques par milieux de vie................................................................99 Annexe 10: Données synthétiques par filières.......................................................................100 Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 87/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 Annexe 1 : Exemples de réponses aux réseaux d'associations Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 88/101 Sylvain Dernat Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation Master ICF 2010 – 2011 89/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 QUESTIONNAIRE A DESTINATION DES ETUDIANTS VETERINAIRES (Cela ne vous prendra que quelques minutes. Merci par avance de votre application dans les réponses apportées.) 1) Remplissez les informations suivantes en cochant les cases R : - Vous êtes en : 1A £ /2A £ / 3A £ / 4A £ / 5A£ - Vous êtes : Un Homme £ / Une Femme £ - Vous avez (ans) : 19 et - £ / 20 £ / 21 £ / 22 £ / 23 £ / 24 £ / 25 £ / 26 £ / 27 et + £ - Au cours de votre vie, vous avez vécu majoritairement dans des milieux (exemples) : Urbains (Lyon, Tassin...) £ /Péri-urbains (Marcy l'Etoile, Sain-Bel...) £ / Ruraux (Montrottier...) £ - Vous avez passé le concours : A (prépa) £ / B (universités) £ /C (DUT/BTS) £ /Autres voies £ - La catégorie socio-professionnelle de vos parents (1ère case père, 2e case mère) : 1) Agriculteurs et exploitants (secteur primaire) £ £ 2) Artisans, commerçants et chefs d’entreprises £ £ 3) Cadres, professions intellectuelles supérieures, professions libérales £ £ 4) Professions intermédiaires £ £ 5) Employés et ouvriers £ £ 6) Retraités et autres personnes sans activité professionnelle £ £ - Vous avez choisi ou vous aimeriez choisir la filière : Carnivore £ / Rurale £ / Équine £ / Mixte à dominance Carnivore £ / Mixte à dominance Rurale £ /Mixte à dominance Équine £ / Inspection vétérinaire £ / Recherche £ / Autres £ 2) Consignes : Thème « LA DOULEUR ANIMALE » : Voici une liste de 25 mots : – Parmi les mots proposés, cochez dans la première colonne (A) les 5 mots qui, selon vous, sont le PLUS en rapport avec le thème proposé. – Ensuite cochez dans cinquième colonne (B) parmi les 20 mots restants, 5 autres mots qui, selon vous, sont le MOINS en rapport avec le thème proposé. – Puis cochez dans la deuxième colonne (C) parmi les 15 mots restants 5 autres mots qui, selon vous, sont le PLUS en rapport avec le thème proposé. – Maintenant cochez dans la quatrième colonne (D) parmi les 10 mots restants 5 autres mots qui, selon vous, sont le MOINS en rapport avec le thème proposé. – Enfin, cochez dans la colonne (E) les 5 mots restants RAPPEL : Ce n'est pas un examen, il n'y a pas de réponse type. Mots \ Colonnes A C E D B Mots \ Colonnes A C E D B 1. Antalgie £ £ £ £ £ 14. Raisonnement £ £ £ £ £ 2. Traitement £ £ £ £ £ 15. Laboratoire £ £ £ £ £ 3. Maltraitance £ £ £ £ £ 16. Signal £ £ £ £ £ 4. Homme £ £ £ £ £ 17. Accident £ £ £ £ £ 5. Punition £ £ £ £ £ 18. Abattoir £ £ £ £ £ 6. Nociception £ £ £ £ £ 19. Souffrance £ £ £ £ £ 7. Anticipation £ £ £ £ £ 20. Propriétaire £ £ £ £ £ 8. Blessure £ £ £ £ £ 21. Anti-inflammatoire £ £ £ £ £ 9. Chirurgie £ £ £ £ £ 22. Expérimentation £ £ £ £ £ 10. Vétérinaire £ £ £ £ £ 23. Injection £ £ £ £ £ 11. Élevage intensif £ £ £ £ £ 24. Éthique £ £ £ £ £ 12. Protection £ £ £ £ £ 25. Soins £ £ £ £ £ 13. Aversion £ £ £ £ £ Annexe 2 : Questionnaire par choix successifs par blocs Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 90/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 QUESTIONNAIRE A DESTINATION DES ETUDIANTS VETERINAIRES (Cela ne vous prendra que quelques minutes. Merci par avance de votre application dans les réponses apportées) 1) Remplissez les informations suivantes en cochant les cases R : - Vous êtes en : 1A £ /2A £ / 3A £ / 4A £ / 5A£ - Vous êtes : Un Homme £ / Une Femme £ - Vous avez (ans) : 19 et - £ / 20 £ / 21 £ / 22 £ / 23 £ / 24 £ / 25 £ / 26 £ / 27 et + £ - Au cours de votre vie, vous avez vécu majoritairement dans des milieux (exemples) : Urbains (Lyon, Tassin...) £ /Péri-urbains (Marcy l'Etoile, Sain-Bel...) £ / Ruraux (Montrottier...) £ - Vous avez passé le concours : A (prépa) £ / B (universités) £ /C (DUT/BTS) £ /Autres voies £ - La catégorie socio-professionnelle de vos parents (1ère case père, 2e case mère) : 1) Agriculteurs et exploitants (secteur primaire) £ £ 2) Artisans, commerçants et chefs d’entreprises £ £ Cadres, professions intellectuelles supérieures, professions libérales £ £ 4) Professions intermédiaires £ £ Employés et ouvriers £ £ 6) Retraités et autres personnes sans activité professionnelle £ £ - Vous avez choisi ou vous aimeriez choisir la filière : Carnivore £ / Rurale £ / Équine £ / Mixte à dominance Carnivore £ / Mixte à dominance Rurale £ /Mixte à dominance Équine £ / Inspection vétérinaire £ / Recherche £ / Autres £ 3) 5) 2) Consignes : Lisez le court texte ci-dessous puis cocher R dans le tableau les cinq (et seulement cinq) items qui vous semblent le mieux convenir à la situation (il ne s'agit pas de faire un diagnostic). Ensuite, classez ces items de 1 à 5 (en l'indiquant dans la case correspondante à droite de la coche) par ordre de pertinence : 1 étant le plus pertinent et 5 le moins pertinent. Rappel : Ce questionnaire n'est pas un examen et il n'y a pas de réponse type, toutes les combinaisons sont possibles, choisissez celle qui vous convient. Vous êtes vétérinaire, on vous amène un lapin, vu par un confrère précédemment, qui présente une anomalie d'une patte depuis plusieurs jours. L'animal refuse tout examen de votre part. Il y a manifestation de douleur. Items : Coche Classer r les 5 cinq items items choisis Items : Coche r cinq items 1. C'est un animal d'expérimentation £ 14. La situation est due à l'homme £ 2. On peut parler de maltraitance £ 15. Il y a blessure £ 3. Il faut administrer des antalgiques £ 16. Il s'agit d'un laboratoire £ 4. Il faut analyser le signal £ 17. Il faut un traitement £ 5. Il y a protection £ 18. Il faut voir le propriétaire £ 6. Il faut réaliser une chirurgie £ 19. Il faut lui prodiguer des soins £ 7. Une injection est nécessaire £ 20. L'animal effectue un raisonnement £ 8. La situation est due à un accident £ 21. C'est une question éthique £ 9. Il y a souffrance de l'animal £ 22. Il faut administrer des anti-inflammatoires £ 10. L'animal est issu d'un élevage intensif £ 23. La situation est due à une punition £ 11. L'animal est destiné à l'abattoir £ 24. On parle de nociception £ 12. L'animal agit par anticipation £ 25. L'animal fait une aversion £ 13. On interroge le rôle du vétérinaire £ Classe r les 5 items choisi s Annexe 3 : Questionnaire par méthode ISA Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 91/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 Échantillon de 1ere année Échantillon de 4e année Rang moyen Rang moyen Rang moyen Rang moyen classement apparition classement Fréquences apparition SPONTANNEE Fréquences SPONTANNEE 1 6 3 Abandon 2 6 6 Aboiements 1 14 20 Aboiement 2 2,5 3,5 Accident 7 4 3,43 Accident 1 6 5 Action 1 10 3 Analyse 1 13 13 Agility 1 1 12 1 4 1 Agressivité Animaux de labo 1 5 2 Agressivité 6 2,5 2,83 Analgésie 2 7,5 6,5 Aide 1 6 6 Angoisse 1 2 6 Anesthésie 5 4 5,4 Antalgique 3 6,33 7 3 4,33 5 Anti-inflammatoire Anti-douleur/Analgésie 1 1 6 Anti-inflammatoire 1 1 2 Arthrose 1 13 16 Argent 1 5 5 Asepsie 1 16 6 Attachement 1 6 3 Atrophie 1 4 5 Associations 2 5,5 4 Bien être 1 5 10 Attaque 4 4 4,5 Blessure 1 10 3 Atténuer 1 4 4 Blouses blanches 3 8,67 11,67 Bien-être 1 5 8 Boucherie 9 4,22 3,33 Blessure 1 8 5 Cage 1 7 2 Braconnage 1 7 7 Calme 1 12 5 Boiterie 1 5 7 Causes 1 6 4 Captivité 7 3,29 4,57 Chirurgie 4 5,75 3,5 Causes 4 5,5 3,5 Choc 1 8 4 Cage 1 7 9 Chronique 1 4 7 Claquage 1 2 6 Combat 1 1 9 Colique 1 2 9 Compréhension 1 21 14 Collier étrangleur 1 8 7 Confinement 4 4,5 4,5 Combat/Bagarre 1 3 4 Corticoïdes 2 6 6 Comportement 1 12 12 Course 1 9 6 Compréhension 1 6 6 Cris 1 11 9 Connaissance 2 4 3,5 Dangerosité, Danger Decryptage 1 9 9 Conscience 1 6 6 1 2 12 Coups 1 3 4 Diagnostic 2 5 7 Chat 1 5 10 Droits 2 5 11 Chien 1 1 5 Echelle 1 4 13 Chirurgie 1 8 6 Education 1 1 5 Choc 1 6 9 Eleveur 4 7,75 6,25 Chute 1 8 1 Emotion 1 9 11 Cochon 1 3 8 Espèce 1 15 10 Cri 2 5 2 Ethique 1 18 7 Cruauté 1 4 6 Étirement 1 6 5 Décision 1 7 8 Expérimentation 1 12 15 Déchirure 1 6 9 Frapper 1 8 9 Dent 1 4 5 Gestion 1 10 5 Détection 1 4 4 Gradation 2 5,5 4,5 Diagnostic 1 4 6 Halal 1 3 5 Direct 2 2,5 4,5 Injection 1 6 6 Dominance/Hiérarchie 1 7 5 Inspection 1 5 1 1 6 4 Interdit Douleur psycho 1 4 5 Douleur physique 1 1 3 Laboratoire 1 12 15 Djeeling (nom) 1 7 13 Lobying 1 7 2 Écoute 1 10 1 Mal être 1 10 7 1 8 7 Maladie Enervement 2 6,5 7,5 Environnement 5 3 3 Maltraitance 2 6 3,5 Ennui 1 3 6 Medecine 2 11,5 9 Euthanasie 3 4 6 Medicalisation/Medicament Exces Mefiance 1 10 13 1 6 6 1 7 6 Éviter 1 6 4 Modèle 2 2,5 2,5 Fracture 1 9 7 Morphine 1 1 8 Frappe 1 3 4 Morsure 1 5 2 Fuite 1 5 5 Musculaire 2 5 6,5 Gestion 1 3 8 Nausée 3 9,33 11,67 Griffure 4 5,25 3,5 Nociception 1 5 10 Guérir 1 1 9 Pas de douleur Annexe 4 :Données synthétiques des réseaux d'associations stimulus « spontanée » Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 92/101 Sylvain Dernat 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 2 3 2 11 7 1 5 1 1 2 1 1 2 2 4 1 1 2 1 1 5 1 3 1 1 1 1 2 2 1 1 1 1 1 11 1 1 1 1 1 2 1 1 1 1 4 2 1 3 1 1 1 9 1 7 15 1 17 9 11 7 9 3 14 4 4 9,5 3,55 5 9 6,8 7 2 10,5 9 7 5 9 10 3 8 8 8 11 7 11 7,67 1 8 3 13 2,5 10 13 8 11 9 5 4,45 5 1 11 20 3 4 4 2 9 8 5,75 6 10 6,33 8 10 14 5,89 4 Master ICF 2010 – 2011 4 8 2 9 9 1 9 7 7 12 4,5 2,67 7,5 4,18 7,86 10 5,6 11 11 3 1 19 4,5 8 10,5 8 6 6,5 3 7 6 9 6 6 2 2 13 3,5 9 14 6 2 11 5 7,45 6 1 14 11 3 5,5 9 4 5 15 7 8 3 5 10 9 7 4,56 6 Homme Honnêteté Hôpitaux Hurlement Immédiat Incompréhension Impressionnant Imprévisible Infection Insectes Mal Mal-être Maladie Maltraitance Médicament Milieu Morsure Mort Mur Mutilation Non-durable Opération Panique Peur Piqure / Injection Prise en charge Problème articulaire Propriétaire Protection Pansement Pathologie Physiologie Plaie Punition Relation Rejet Rupture Santé Sang Science Sensible Seuil SIAMU Soigner Soin Solitude Souffrance Sport Strangulation Stress Symptômes Surveillance Rapidité Recherche test Traitement Toc Triste Urgences Vache Variable Vérité Vétérinaire Vigilance Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 1 1 1 1 3 1 2 4 1 1 1 2 1 1 1 1 2 4 2 1 10 1 1 1 1 4 1 3 1 1 9 1 1 5 5 4 9 4,33 11 5 5,25 11 4 10 8,5 9 13 4 8 4 5,5 3,5 9 4,8 4 9 7 6 4,5 7 5 5 8 4,56 3 4 5 7 5 8 4,67 12 5,5 7,25 11 7 4 10,5 4 9 1 1 7 7,25 5 2 2,9 5 10 7 10 4,75 9 4,33 4 3 3 6 5 Pathologie Pénible Perception Phisiothérapie Piqûre Prise de conscience Prise en charge Propriétaire Psychologie Punition Reflexion Reglementation Réhabilitation Rémanence Responsabilité Retrait Sensibilité Seuil Soins Solution Souffrance SPA Stress Systeme nerveux Test Traitement Tristesse Urgence Variabilité Vertébrés Vétérinaire Vieillesse Zootechnie 93/101 Sylvain Dernat Fréquences 1 1 1 1 4 1 1 2 1 3 1 1 1 2 1 1 1 2 3 3 1 1 1 1 1 2 3 1 1 5 1 1 1 1 1 1 1 1 2 2 1 1 1 2 1 1 1 1 1 2 1 4 1 1 1 1 1 3 3 1 1 2 1 1 1 6 1 1 1 1 4 1 Master ICF 2010 – 2011 Échantillon de 1ere année Rang moyen Rang moyen INDUITE apparition classement 16 6 Abandon 10 5 Abattoirs 9 8 Abreuvement 10 6 Accueil 4,5 8 Accident 7 14 Age 5 2 Agression 6 7,5 Agressif 7 9 Aide 7 9,67 Anti-douleur/Analgésiques 9 14 Anesthésie 15 13 Anthropomorphisme 9 19 Apprentissage 4 7,4 Associations 6 6 Atténuer 9 3 Bactérie 1 10 Barriere 7,5 9,5 Bénéfique 7,33 6,5 Bien-être 5 3,5 Blessure 7 12 Boiteries 10 9 Bouc émissaire 3 2 Braconnage 3 2 Cancer 4 4 Captivité 13 12 Castration 6,33 4,33 Cause 12 13 Chat 11 12 Chien 6,4 5,6 Chirurgie 5 20 Choc 16 14 Chronique 11 4 Cirque 15 15 Cochon 7 22 Collier étrangleur 8 7 Contagion 6 3 Compréhension 7 9 Comportement 8,5 8,5 Contamination 4,5 3 Coups 1 2 Cruauté 10 9 Défense des animaux 8 6 Diagnostic 7,5 2,5 Dispute/combat 5 9 Domination/Hiérarchie 6 4 Douleur 13 12 Droits 8 13 Écrasement 8 3 Education 7,5 7 Effets 5 9 Effrayé 8,75 5 Élevage intensif 9 6 Énervement 11 7 Enfermement 4 3 Entourage 7 8 Entrainement 9 5 Enlever l'animal 1,67 3,33 Environnement 6 4,67 Erreur 2 1 Éthique 3 16 Éthologie 8 9 Euthanasie 12 5 Évaluation 12 10 Evitable 3 1 Évitement 4,67 4,33 Expérimentation 5 11 Faim 12 17 Frapper 3 1 Gestion 16 18 Griffure 1,75 3,25 Homme 12 5 Incendie Fréquences 1 7 2 1 1 6 2 2 1 1 1 1 3 1 1 1 1 8 1 1 1 1 1 1 3 1 1 10 1 7 3 1 1 1 1 13 1 1 1 1 1 1 3 2 1 1 1 3 2 1 1 1 1 4 1 1 2 1 9 1 1 1 1 1 1 1 2 1 1 1 1 1 Échantillon de 4e année Rang moyen Rang moyen INDUITE apparition classement 7 7 Abattage 7,14 7,14 Abattoir 9 9 Accidentel 6 7,25 Action 10 4,75 Age 6,5 6,5 Analgésie 11,5 11,5 Anesthésie 10 10 Antalgique 13 5,4 Anticipation 2 3 Asepsie 7 2,83 Autoinfligée 5 4,57 Bien être 3,33 3,33 Blessure 2 9 Cage 6 6 Cancérologie 14 14 Chasse 3 3 Chimique 6 6 Chirurgie 3 3 Choc 5 5 Chronique 7 7 Corrida 2 2 Coupure 11 11 Cout 6 6 Descartes 8,33 8,33 Droits 9 10 Ecornage 14 14 Éducation 6,4 6,4 Élevage 9 9 Espèce 5,14 5,14 Éthique 10,67 10,67 Euthanasie 2 2 Examen clinique 3 3 Examen complémentaire 2 2 Expérience 5 6 Expérimentateur 2,31 2,31 Expérimentation animale 3 3 Femme (vs H) 3 3 Froideur 6 6 Geste 8 8 Gestion 4 4 Gradation 10 8 Halal 7,67 7,67 Hébergement 1,5 1,5 Homme 3 3 Incision 3 3 Incompréhension 4 4 Induction 3,67 3,67 Injection 8,5 8,5 Inspection 1 1 Intention 3 3 Interdiction 4 4 Intérêt 4 4 Intubation 3,5 3,5 Laboratoire 6 6 Limites 9 9 Lobying 11 11 Mal être 8 8 Maladresse 5,22 5,22 Maltraitance 16 16 Manipulation 4 4 Mécanique 4 4 Méchanceté 7 7 Médicaments 4 9 Mesure 2 2 Modèle 4 4 Nature 4 4 Nociception 3 3 Origine 7 7 Paliers 9 9 Pathologie 4 4 Pharmacie 12 12 Postopératoire Annexe 5: Données synthétiques des réseaux d'associations stimulus « induite » Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 94/101 Sylvain Dernat 1 1 1 1 1 3 2 1 1 2 2 1 1 15 1 1 1 1 1 1 1 2 1 1 1 2 2 1 2 1 1 1 1 1 2 1 2 6 1 1 1 1 1 1 1 1 2 1 1 1 2 10 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 2 1 1 1 1 1 1 10 1 3 2 12 3 3 20 5,33 9 2 2 4 2,5 3 19 3,07 14 6 15 5 8 2 2 10 21 10 12 7 8,5 6 4 6 4 11 8 8 6,5 4 3,5 5 6 13 10 6 18 8 4 5 8 10 10 6 8 6,6 10 3 1 7 5 5 17 12 6 5 4 7 12,5 7 1 5 4 14 15 7,3 8 3 Master ICF 2010 – 2011 3 12 5 2 13 5,67 8,5 10 1 1,5 2,5 5 11 4,28 3 10 1 3 6 2 11 9 14 9 3 6,5 4 9 7,5 4 1 9 4 5 1 4 5,5 7,67 8 11 16 6 9 9 4 7 4,5 12 3 10 7,5 8,2 8 10 1 7 5 12 6 7 7 4 15 10 14 8 2 6 7 14 5 6 2 2,33 Infection Intérieur Involontaire Isolement Kinésithérapie Laboratoire Loi Long terme Loups Maladie Mal-être Malheureux Manipulation Maltraitance Motivation Messagers Mutilation Négligence Non-respect Nuisance Justice Opération Ostéopathie Parasite Particulier Pathologie Peur Pitié Piqure / Injection Pratique Préméditation Previsible Privation Production Propriétaire Protection Psychologique Punition Rapidité Rat Réadaptation réglementation Rejet Repos Respect Sensibilité Santé Sanction Seuil Soif Soigner Soin Solitude Sonde Souffrance Soumission SPA Sport Strangulation Stress Structure Suivi Toc Thérapeutique Traitement Transmission Traumatisme Utilisation Vaccin Vache Vengeance Vétérinaire Virus Violence Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 1 2 1 1 2 1 1 1 3 1 1 2 3 2 2 3 1 7 1 1 1 1 1 1 1 2 1 1 8 1 1 2 10 11,5 2 9 7,5 8 5 10 8,33 5 5 8,5 5 6 7,5 7,67 12 5,29 5 11 4 3 11 5 4 4 5 7 5,38 2 2 9,5 10 11,5 2 9 7,5 8 5 10 8,33 5 5 8,5 5 6 7,5 7,67 12 5,29 5 11 4 3 11 5 4 4 5 7 5,38 2 2 9,5 Pré-opératoire Prévention Prise en charge Protection Protocole Punition Raffinement Recherche Reglementation Reprehensible Respect Responsable Sadisme Science Seuil Soins Solution Souffrance Souris Stress Subi Surveillance Tans-opératoire Tolérance Traitement Traumatisme Urgence Variabilité Vétérinaire Vicieux Violence Volonté/Volontaire 95/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 2e année Mots Nombres de réponses par blocs 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 A 52 6 72 6 15 62 6 70 17 6 11 7 9 0 3 0 36 16 90 4 13 12 1 23 7 B 14 23 1 25 17 5 33 0 12 31 11 58 26 64 20 37 5 11 1 37 18 6 28 24 39 C 17 21 28 13 34 25 14 31 35 11 38 12 29 7 20 8 40 30 11 8 21 37 18 19 19 D 11 37 2 23 14 7 33 3 21 36 21 20 23 25 34 41 8 16 2 38 25 16 34 26 27 E 15 22 6 42 29 10 23 5 24 25 28 12 22 13 31 23 20 36 5 22 32 38 28 17 17 Nombres par polarité A+C B+D 69 25 27 60 100 3 19 48 49 31 87 12 20 66 101 3 52 33 17 67 49 32 19 78 38 49 7 89 23 54 8 78 76 13 46 27 101 3 12 75 34 43 49 22 19 62 42 50 26 66 Fréquence par polarité A+C B+D 0,63 0,23 0,25 0,55 0,92 0,03 0,17 0,44 0,45 0,28 0,80 0,11 0,18 0,61 0,93 0,03 0,48 0,30 0,16 0,61 0,45 0,29 0,17 0,72 0,35 0,45 0,06 0,82 0,21 0,50 0,07 0,72 0,70 0,12 0,42 0,25 0,93 0,03 0,11 0,69 0,31 0,39 0,45 0,20 0,17 0,57 0,39 0,46 0,24 0,61 5e année Mots Nombres de réponses par blocs 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 A 62 6 31 1 2 60 5 34 26 7 6 5 4 0 2 0 13 6 60 1 18 4 0 33 8 B 5 16 1 33 23 0 19 2 4 20 18 20 30 56 20 32 4 8 2 33 3 9 16 11 12 C 10 21 29 5 17 12 14 28 34 12 10 11 11 7 6 10 29 30 12 4 21 17 12 16 20 D 2 21 7 22 19 6 21 5 6 15 24 23 17 10 33 23 10 13 1 24 10 23 29 7 22 E 0 15 11 18 18 1 20 10 9 25 21 20 17 6 18 14 23 22 4 17 27 26 22 12 17 Nombres par polarité A+C B+D 72 7 27 37 60 8 6 55 19 42 72 6 19 40 62 7 60 10 19 35 16 42 16 43 15 47 7 66 8 53 10 55 42 14 36 21 72 3 5 57 39 13 21 32 12 45 49 18 28 34 Fréquence par polarité A+C B+D 0,91 0,09 0,34 0,47 0,76 0,10 0,08 0,70 0,24 0,53 0,91 0,08 0,24 0,51 0,78 0,09 0,76 0,13 0,24 0,44 0,20 0,53 0,20 0,54 0,19 0,59 0,09 0,84 0,10 0,67 0,13 0,70 0,53 0,18 0,46 0,27 0,91 0,04 0,06 0,72 0,49 0,16 0,27 0,41 0,15 0,57 0,62 0,23 0,35 0,43 Annexe 6: Données synthétiques de l'analyse par choix successifs par blocs Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 96/101 Sylvain Dernat Mots 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 Master ICF 2010 – 2011 1ere année Sans stimulus douleur Avec stimulus douleur Écart de Nombre Nombre fréquence d'occurrences Rang moyen Fréquences d'occurrences Rang moyen Fréquences entre stimulus 1 5,00 0,02 0 0,00 -0,02 2 3,50 0,03 2 4,00 0,04 0,00 6 2,17 0,10 16 3,38 0,29 0,18 32 1,97 0,55 15 2,80 0,27 -0,28 8 2,38 0,14 6 4,17 0,11 -0,03 1 5,00 0,02 2 5,00 0,04 0,02 4 4,50 0,07 2 4,50 0,04 -0,03 9 3,44 0,16 3 3,67 0,05 -0,10 28 2,43 0,48 51 1,49 0,91 0,43 4 3,75 0,07 0 0,00 -0,07 2 3,00 0,03 0 0,00 -0,03 25 3,08 0,43 18 4,17 0,32 -0,11 8 3,88 0,14 3 5,00 0,05 -0,08 6 3,50 0,10 1 1,00 0,02 -0,09 15 3,40 0,26 31 2,97 0,55 0,29 2 3,50 0,03 1 2,00 0,02 -0,02 28 3,61 0,48 34 3,74 0,61 0,12 39 2,46 0,67 32 3,50 0,57 -0,10 40 2,98 0,69 48 2,56 0,86 0,17 5 4,40 0,09 0 0,00 -0,09 4 3,50 0,07 4 4,00 0,07 0,00 4 4,25 0,07 3 4,00 0,05 -0,02 1 5,00 0,02 0 0,00 -0,02 7 4,14 0,12 6 3,67 0,11 -0,01 9 3,33 0,16 2 4,00 0,04 -0,12 4e année Sans stimulus douleur Avec stimulus douleur Écart de Nombre Nombre fréquence d'occurrences Rang moyen Fréquences d'occurrences Rang moyen Fréquences entre stimulus 2 5,00 0,04 1 5,00 0,02 -0,02 2 2,00 0,04 6 4,50 0,12 0,07 16 3,63 0,33 36 3,08 0,69 0,36 8 3,25 0,17 7 1,14 0,13 -0,03 11 2,55 0,23 4 2,25 0,08 -0,15 1 5,00 0,02 0 0,00 -0,02 10 4,10 0,21 7 2,43 0,13 -0,07 11 3,27 0,23 6 4,67 0,12 -0,11 19 2,42 0,40 40 2,00 0,77 0,37 0 0,00 0 0,00 0,00 2 2,50 0,04 1 1,00 0,02 -0,02 19 2,74 0,40 10 4,60 0,19 -0,20 9 2,78 0,19 3 3,33 0,06 -0,13 1 4,00 0,02 0 0,00 -0,02 16 3,06 0,33 19 3,16 0,37 0,03 2 4,00 0,04 0 0,00 -0,04 23 3,48 0,48 22 3,27 0,42 -0,06 24 1,75 0,50 26 2,77 0,50 0,00 35 2,77 0,73 39 2,85 0,75 0,02 3 3,33 0,06 2 3,50 0,04 -0,02 5 4,40 0,10 5 3,80 0,10 -0,01 10 4,00 0,21 13 3,77 0,25 0,04 1 3,00 0,02 1 5,00 0,02 0,00 4 2,50 0,08 10 3,40 0,19 0,11 5 3,20 0,10 0 0,00 -0,10 Annexe 7: Données synthétiques de l'analyse par méthode ISA Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 97/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 Données par genre pour la méthode par choix successifs par blocs Mots Occurrences par blocs et genre 2e année Occurrences par blocs et genre 5e année H F H F H F H F H F H F H F H F H F H F A A B B C C D D E E A A B B C C D D E E 1 10 42 2 12 2 15 1 10 3 12 13 49 0 5 2 8 0 2 0 0 2 1 5 4 19 2 19 6 31 5 17 1 5 5 11 4 17 3 18 2 13 3 11 61 0 1 4 24 1 1 2 4 5 26 0 1 6 23 1 6 3 8 4 2 4 3 22 2 11 4 19 7 35 0 1 8 25 0 5 5 17 2 16 5 3 12 3 14 7 27 1 13 4 25 0 2 3 20 4 13 5 14 3 15 6 10 52 1 4 5 20 0 7 2 8 10 50 0 0 3 9 2 4 0 1 7 1 5 2 31 5 9 5 28 5 18 0 5 4 15 3 11 3 18 5 15 8 11 59 0 0 7 24 0 3 0 5 11 23 0 2 3 25 0 5 1 9 9 3 14 2 10 6 29 3 18 4 20 8 18 1 3 5 29 0 6 1 8 10 1 5 8 23 1 10 4 32 4 21 1 6 5 15 6 6 0 15 3 22 11 3 8 0 11 7 31 6 15 2 26 0 6 5 13 1 9 4 20 5 16 12 1 6 8 50 2 10 4 16 3 9 1 4 1 19 1 10 8 15 4 16 13 1 8 2 24 5 24 3 20 7 15 0 4 4 26 2 9 3 14 6 11 14 0 0 10 54 1 6 2 23 5 8 0 0 12 44 1 6 0 10 2 4 15 0 3 1 19 2 18 9 25 5 26 0 2 2 18 0 6 10 23 3 15 16 0 0 7 30 1 7 7 34 3 20 0 0 5 27 3 7 4 19 3 11 17 4 32 3 2 3 37 1 7 7 13 5 8 1 3 3 26 1 9 5 18 18 4 12 3 8 6 24 2 14 3 33 1 5 3 5 7 23 1 12 3 19 19 12 78 0 1 5 6 1 1 0 5 11 49 0 2 3 9 0 1 1 3 20 2 2 6 31 1 7 7 31 2 20 0 1 8 25 1 3 4 20 2 15 21 1 12 5 13 3 18 4 21 5 27 4 14 0 3 6 15 2 8 3 24 22 1 11 1 5 5 32 4 12 7 31 0 4 3 6 1 16 4 19 7 19 23 0 1 6 22 3 15 4 30 5 23 0 0 2 14 3 9 7 22 3 19 24 6 17 1 23 3 16 8 18 0 17 3 30 2 9 3 13 3 4 4 8 25 2 5 9 30 2 17 3 24 2 15 0 8 2 10 4 16 4 18 5 12 Données par genre pour la méthode ISA Mots HD H SD FD 1er année F SD HD H SD FD 4e année F SD 1 2 0 1 0 0 0 0 1 2 3 0 1 2 1 1 0 4 2 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 2 1 0 0 0 0 5 0 0 3 0 0 4 0 1 3 5 0 0 0 0 1 0 1 7 3 1 1 3 3 0 2 5 3 1 4 0 4 9 7 1 3 1 0 1 3 14 14 6 2 2 3 46 0 0 15 3 1 27 1 33 29 43 0 4 3 0 5 2 5 25 5 0 3 6 25 4 0 20 5 5 11 2 24 30 33 4 1 3 1 6 6 7 2 1 0 2 1 8 0 0 2 1 0 5 0 4 4 6 1 1 0 0 4 0 5 2 3 1 2 1 4 0 1 2 3 0 3 1 6 3 8 1 1 1 0 1 1 28 5 3 0 5 5 31 0 1 8 2 0 14 0 18 21 32 1 4 13 1 6 0 11 6 8 0 8 10 15 0 1 17 6 1 13 1 17 21 27 2 4 9 1 3 4 (H : hommes, F : femmes, D : stimulus douleur, SD : sans stimulus douleur) Annexe 8: Données synthétiques par genre Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 98/101 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 Données par milieux de vie pour la méthode par choix successifs par blocs Mots Occurrences par blocs et milieu de vie 2e année Occurrences par blocs et milieu de vie 5e année U R U R U R U R U R U R U R U R U R U R A A B B C C D D E E A A B B C C D D E E 1 34 18 5 9 9 8 9 2 11 4 47 15 4 1 8 2 2 0 0 0 2 6 0 14 9 13 8 17 20 18 4 4 2 16 0 16 5 15 6 10 5 3 43 29 0 1 19 9 1 1 5 1 23 8 1 0 25 4 6 1 6 5 4 3 3 17 8 9 4 16 7 23 19 1 0 24 9 4 1 18 4 14 4 5 6 7 7 41 4 8 21 2 11 4 20 6 1 13 25 12 10 9 13 4 8 5 20 6 2 13 17 6 14 12 4 9 2 45 5 0 15 0 20 0 15 3 0 4 13 11 9 4 1 5 13 4 18 6 2 3 13 1 14 5 0 6 (U : milieux 8 9 10 11 12 13 43 11 3 6 4 4 27 6 3 5 3 5 0 9 22 6 34 16 0 3 9 5 24 10 18 20 9 24 7 21 13 15 2 14 5 8 3 15 22 15 14 14 0 6 14 6 6 9 4 13 12 17 9 13 1 11 13 11 3 9 29 17 4 4 3 4 5 9 3 2 2 0 2 2 19 11 15 22 0 2 1 7 5 8 19 30 7 8 7 9 9 4 5 2 4 2 3 5 11 19 21 14 2 1 4 5 2 3 8 7 20 19 15 12 2 2 5 2 5 5 urbains et péri-urbains, R : 14 15 16 0 2 0 0 1 0 41 13 24 23 7 13 2 11 4 5 9 4 15 24 24 10 10 17 10 17 16 3 14 7 0 2 0 0 0 0 42 13 25 14 7 7 6 4 6 1 2 4 9 26 17 1 7 6 4 16 13 2 2 1 milieu rural) 17 21 15 5 0 26 14 4 4 12 8 8 5 3 1 26 3 7 3 17 6 18 8 8 8 3 23 7 9 7 20 16 5 1 4 4 25 5 11 2 16 6 19 56 34 0 1 6 5 1 1 5 0 48 12 2 0 7 5 1 0 3 1 20 3 1 22 15 5 3 25 13 13 9 1 0 28 5 2 2 16 8 14 3 21 7 6 9 9 11 10 19 6 22 10 15 3 2 1 16 5 9 1 19 8 22 10 2 5 1 21 16 9 7 23 15 3 1 6 3 14 3 18 5 20 6 23 1 0 17 11 9 9 22 12 19 9 0 0 13 3 11 1 19 10 18 4 24 16 7 13 11 15 4 13 13 11 6 28 5 8 3 10 6 5 2 10 2 25 5 2 25 14 12 7 16 11 10 7 6 2 10 2 15 5 16 6 14 3 Données par milieux de vie pour la méthode ISA Mots UD U SD RD 1ere année R SD UD U SD NRD 4e année R SD 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 0 1 13 9 3 1 2 0 35 0 0 11 3 1 21 1 22 23 32 0 1 2 4 19 6 1 4 6 19 3 2 18 5 5 10 2 19 27 26 4 0 1 3 6 3 1 0 3 16 0 0 7 0 0 10 0 12 9 16 0 0 0 2 13 2 0 0 3 9 1 0 7 3 1 5 0 9 12 14 1 1 5 30 7 4 0 7 5 32 0 0 9 3 0 15 0 19 20 33 1 1 2 12 6 6 1 6 11 16 0 0 16 6 1 13 0 17 18 30 1 0 1 6 0 0 0 0 1 8 0 1 1 0 0 4 0 3 6 6 1 1 0 4 2 5 0 4 0 3 0 2 3 3 0 3 2 6 6 5 2 (U : urbains et péri-urbains, R : ruraux, D : stimulus douleur, SD : sans stimulus douleur) 21 4 2 0 2 3 4 2 1 22 3 3 0 1 10 10 3 0 23 0 1 0 0 1 1 0 0 Annexe 9: Données synthétiques par milieux de vie Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 99/101 24 4 5 2 2 8 3 2 1 25 1 6 1 3 0 3 0 2 Sylvain Dernat Master ICF 2010 – 2011 Données par filières souhaitées (2e) ou choisies (5e) pour la méthode par choix successifs par blocs Mots Occurrences par blocs et filières 2e année Occurrences par blocs et filières 5e année C R E C R E C R E C R E C R E C R E C R E C R E C R E C R E A A A B B B C C C D D D E E E A A A B B B C C C D D D E E E 1 18 16 12 5 7 2 5 8 3 5 2 4 8 5 0 36 18 6 1 3 1 5 2 2 1 2 1 0 0 0 (C : 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 3 29 3 8 25 2 24 3 1 6 4 3 0 0 0 8 9 35 1 1 25 2 5 18 4 28 9 3 4 2 5 0 1 0 17 4 30 3 1 14 1 2 13 0 11 5 1 1 1 1 0 1 0 7 3 18 0 8 0 12 4 0 15 0 6 14 4 19 9 25 7 17 3 3 0 14 11 1 6 7 4 7 0 5 8 5 20 12 17 7 12 2 4 1 11 3 0 5 5 1 6 0 1 7 0 11 5 16 4 5 0 3 0 8 6 10 5 16 8 4 14 10 3 16 3 10 2 10 3 18 14 3 5 7 8 4 11 10 6 7 11 4 11 7 11 4 7 4 9 11 4 2 7 6 4 3 5 4 8 8 3 7 2 7 1 2 0 9 3 2 1 14 1 10 3 3 12 2 11 18 6 11 7 10 13 12 2 4 0 15 13 0 9 6 2 13 1 5 10 7 5 6 10 12 16 5 5 2 13 6 1 3 4 2 5 0 2 5 7 4 5 4 7 10 1 4 0 8 10 1 11 10 5 8 1 11 5 9 4 12 4 10 9 10 11 3 6 6 4 17 9 4 8 2 8 13 11 4 4 7 11 6 5 14 1 9 4 0 8 7 0 6 2 5 5 6 3 3 0 7 6 4 8 1 4 4 17 1 1 35 3 17 11 4 2 3 3 0 0 0 6 2 34 0 0 11 0 0 18 1 11 8 1 3 2 1 0 1 0 6 2 18 1 2 3 0 1 6 1 5 5 2 1 0 0 0 0 0 0 0 6 0 11 0 16 10 0 9 2 1 13 9 12 19 33 8 20 2 3 1 21 4 1 9 6 0 7 0 2 7 7 6 7 14 8 6 1 3 1 7 1 0 6 5 0 2 0 1 0 2 2 4 6 4 5 1 2 0 2 11 19 1 9 5 4 18 21 5 5 7 4 2 4 4 17 18 6 3 7 5 3 7 3 5 8 8 5 4 3 3 3 1 5 9 8 2 0 3 3 1 1 2 4 2 4 2 1 1 2 2 1 1 2 3 4 1 9 3 14 11 2 11 2 6 8 17 11 8 6 21 14 7 8 0 12 7 5 3 7 3 5 8 8 5 4 3 3 3 1 5 9 8 2 0 4 3 2 2 2 3 2 0 3 1 3 3 1 2 2 1 0 0 5 8 4 11 12 1 16 4 4 13 10 10 9 2 10 5 11 12 2 7 5 6 6 5 0 4 3 5 6 4 5 7 3 3 5 6 5 2 8 0 1 1 1 0 0 1 0 3 5 4 1 1 3 2 6 5 0 2 filière canine ou mixte canine, R : rurale ou mixte rurale, E : équine ou mixte équine) 21 2 3 5 7 7 4 8 8 4 9 9 3 15 11 5 8 2 6 1 2 0 11 8 1 3 8 1 20 5 2 22 6 2 3 1 4 0 13 13 8 3 8 3 18 11 7 3 0 0 6 3 0 10 3 3 12 3 2 12 8 5 23 0 1 0 10 10 6 5 7 3 14 12 5 12 8 7 0 0 0 11 2 2 8 3 1 12 3 4 12 7 3 24 13 4 4 9 10 3 5 9 4 7 10 7 7 5 3 19 9 5 4 5 2 7 5 2 5 5 0 8 3 1 25 2 3 0 15 12 8 9 6 3 10 10 5 5 7 5 5 2 1 4 4 2 13 5 2 11 5 2 10 4 3 Données par filières souhaitées (1ere) ou choisies (4e) pour la méthode ISA Mots 1 2 3 4 CD 0 0 7 7 C SD 1 1 5 14 RD 0 0 5 3 R SD 0 0 1 12 ED 0 1 3 4 1ere année E SD 0 0 0 6 CD 0 3 20 2 C SD 0 0 6 3 RD 0 1 8 3 R SD 1 2 7 3 ED 0 1 4 1 4e année E SD 1 0 1 2 (C : filière canine ou mixte canine, R : 5 6 7 8 9 3 0 2 2 18 3 1 2 5 12 2 2 0 1 19 3 0 0 2 8 0 0 0 0 10 1 0 2 2 7 0 0 5 5 25 1 1 5 7 8 2 0 2 0 7 7 0 5 2 7 1 0 0 1 5 3 0 0 2 2 rurale ou mixte rurale, 10 11 12 13 14 15 16 0 0 4 1 1 14 1 0 1 13 3 3 6 1 0 0 10 0 0 8 0 1 0 4 2 2 5 1 0 0 3 2 0 6 0 3 1 7 3 1 2 0 0 0 3 1 0 11 0 0 0 5 1 0 7 0 0 1 4 1 0 6 0 0 1 8 7 1 6 1 0 0 2 1 0 1 0 0 1 5 1 0 3 1 E : équine ou mixte équine, D : douleur) 17 18 9 12 10 16 12 13 9 14 10 7 7 9 18 14 10 5 2 5 10 13 1 4 2 4 stimulus 19 20 19 0 18 3 14 0 10 2 11 0 10 0 22 0 12 0 9 2 15 1 5 0 5 2 douleur, 21 22 23 24 25 2 1 0 1 1 1 2 0 5 4 1 1 0 3 1 2 2 0 2 3 0 1 0 2 0 1 0 1 0 2 3 8 0 5 0 0 6 1 1 0 2 1 0 2 0 1 2 0 2 3 0 2 0 1 0 4 0 0 1 0 SD : sans stimulus Annexe 10: Données synthétiques par filières Mémoire de Master 2 en Sciences de l'Éducation 100/101 Université de Rouen Département de Sciences de l'Éducation Mémoire de Master 2 Métiers de la formation, parcours Ingénierie et Conseil en Formation DERNAT Sylvain « La douleur animale dans le cursus des étudiants vétérinaires : le rôle des représentations sociales » Directeur de mémoire : Stéphane Simonian Résumé : Apprendre à traiter la douleur animale est un élément essentiel du cursus des étudiants vétérinaires. Toutefois, la douleur animale est un objet social complexe, au centre de nombreux enjeux, et vecteur d'une imagerie collective riche . Cela influence alors fortement l'apprentissage des étudiants qui se construisent une représentation sociale de celle-ci. Trois enquêtes à partir d’entretiens (n=40) et de questionnaires (n=214 et n=188) ont ainsi été réalisées afin d’étudier l'évolution de la représentation sociale de cet objet dans le cursus. Cela permet de mettre en évidence que, malgré un effet de la formation qui change structurellement la représentation, notamment par l'existence d'une représentation professionnelle concomitante, les valeurs centrales de celle-ci restent invariantes et ancrées dans un « habitus » culturel. Ainsi, la connaissance des représentations sociales apparaît comme un outil de compréhension des modes d'apprentissages permettant d'orienter l'ingénierie de formation du cursus vétérinaire. Abstract : Animal pain is a major problem in the curriculum of veterinary education. However, it is a complex social subject that generates much debate in society. Thus, students are influenced by their social representations from their socio-demographic characteristics as in the concept of "habitus." This study explores this theme by using a methodology of interviews (n = 40) and questionnaires (n = 214 and n = 188) to understand the role of learning in the construction of representations. It appears that students are changing the outskirts of the representation of animal pain in the curriculum, with a passage by a professional representation, but they retain the central features . For engineering training, it gives many ways to improve veterinary education Mots clés : cursus vétérinaire, psychologie sociale, boucle d'apprentissage, ingénierie de formation, représentations