Smashed Gandini Juggling Tout public à partir de 6 ans 6 – 8 février Cité Marina Montefusco Jeune public à partir de 3 ans 12 – 20 février La Maladie de la famille M. Fausto Paravidino Comédie-Française 13 – 17 février Les Criminels Ferdinand Bruckner Richard Brunel 13 – 15 mars L’Otage Le Pain dur Paul Claudel Thomas Condemine 15 – 22 mars Passione in due Emio Greco Pieter C. Scholten Avec le CDC 2 – 3 avril Personne(s) … Une exposition de théâtre de Bérangère Vantusso 8 janvier – 28 février Théâtres d’invention Une exposition de Dominique Pichou 13 – 30 mars Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées www.tnt-cite.com © Ludovic des Cognets / Design: Studio Apeloig / Licences spectacle 1-1045623, 2-1045624, 3-1045625 Direction Agathe Mélinand – Laurent Pelly 2 Smashed Gandini Juggling Grande salle Mercredi 6 février / 14h30 / 19h30 Jeudi 7 février / 19h30 Vendredi 8 février / 20h30 Cité Marina Montefusco Petit théâtre Mercredi 13 février / 15h30 / 17h30 Samedi 16 février / 15h30 / 17h30 Dimanche 17 février / 15h30 / 17h30 Mercredi 20 février / 15h30 / 17h30 La Maladie de la famille M Les Criminels Ferdinand Bruckner Richard Brunel Grande salle Mercredi 13 mars / 19h30 Jeudi 14 mars / 19h30 Vendredi 15 mars / 20h30 L’Otage et Le Pain dur Paul Claudel Thomas Condemine Passione in due Emio Greco et Pieter C.Scholten Petit théâtre Mardi 2 avril / 20h Mercredi 3 avril / 20h Jeudi 4 avril / 20h Personne(s)... installation pour un théâtre mobile Bérangère Vantusso Petit théâtre Dans tout le théâtre Vendredi 15 mars / 20h / L’Otage Samedi 16 mars / 20h / Le Pain dur Dimanche 17 mars / 16h / Intégrale L’Otage et le Pain dur Mardi 19 mars / 20h / L’Otage Mercredi 20 mars / 20h / Le Pain dur Jeudi 21 mars / 20h / L’Otage Vendredi 22 mars / 20h / Le Pain dur Du 8 janvier au 28 février Du mardi au samedi de 13h à 19h les jours sans spectacle Fermeture au début de la représentation les jours de spectacle Théâtre d’invention Fausto Paravidino Dominique Pichou Grande salle Dans tout le théâtre Mercredi 13 février / 19h30 Jeudi 14 février / 19h30 Vendredi 15 février / 20h30 Samedi 16 février / 20h30 Dimanche 17 février / 16h Du 13 au 30 mars Du mardi au samedi, de 13h à 19h, les jours sans spectacle Fermeture au début de la représentation, les jours de spectacle Contact presse Marie Attard Nathalie Gasser [email protected] [email protected] 05.34.45.05.22 06.07.78.06.10 3 Du 6 au 8 février 2013 SMASHED Gandini Juggling Regard(s) 3 Les Insensés Tout public à partir de 6 ans Avec Sean Gandini Kati Ylä-Hokkala Jon Udry Malte Steinmetz Niels Seidel Kim Huynh Iñaki Sastre Owen Reynolds Sakari Mannistö Conception Sean Gandini et Kati Ylä-Hokkala Éclairage Mark Jonathan Durée : 30mn ou 1h (version longue) Production : Aline Angeli / Gandini Juggling Assistante : Tara Boland Spectacle créé en résidence au National Theatre de Londres en juillet 2010 pour le festival annuel « Watch This Space » dirigé par Angus McKechnie, puis à La Brèche, Cherbourg en mars-avril 2011. L’art du jonglage Smashed est une pièce de danse-théâtrejonglage pour neuf jongleurs sélectionnés pour leur approche perfectionniste du jonglage et leurs compétences d’acteurs. Mélangeant des techniques de jonglages à la théâtralité, les artistes créent une série d’images cinématographiques inspirées par la grande chorégraphe Pina Bausch, récemment disparue. À travers Smashed, les directeurs artistiques Kati Ylä-Hokkala et Sean Gandini présentent aux spectateurs un monde subjectif, déformant violemment la réalité pour obtenir des émotions fortes et transmettre de manière singulière leurs humeurs et leurs points de vue sur le monde. Composée d’une suite de tableaux vivants, cette performance illustre entre autres les guerres, les relations tendues, les amours et l’innocence perdus, la nostalgie, mais aussi la désuétude de la très British tasse de thé de l’après-midi. Smashed, qualifié de « théâtre-jonglage », en référence au « théâtre-danse » de Pina Bausch, trouve son point culminant dans la scène finale mêlant catharsis et destruction. La Compagnie Gandini Juggling Gandini Juggling a été créée par Kati Ylä-Hokkala et Sean Gandini pour célébrer l’art du jonglage sous toutes ses facettes, nourrie par l’idée que le jonglage est un art vivant et excitant. Pendant les dix-huit dernières années, les Gandini ont joué plus de quatre mille performances dans plus de quarante pays et sont constamment programmés dans le monde pour leur jonglage virtuose et leur chorégraphie remarquable. Sean Gandini et Kati Ylä-Hokkala créent la compagnie en 1992. Cette annéelà, les Gandini Juggling font partie de la fête du festival « Spring Loaded Dance » au Théâtre The Place à Londres, réalisé dans le cadre de Woking Dance Umbrella. Ils remportent le prestigieux prix « International Perfomancepreis » à Konstanz et créent une trilogie de danse et de jonglage chorégraphiée par Gill Clarke. Entre 1995 et 2001, la compagnie réalise notamment une installation au Circus Space de Londres, avec huit jongleurs, toujours considérée par le jonglage comme la plus complexe jamais réalisée. Les Gandini jouent également dans le Millénium Dôme, effectuant plus de mille représentations, et construisent diverses pièces et appareils de jonglage, y compris The Cube, le seul cube à jongler en verre du monde. Ils tournent, entre autres, aux Etats-Unis et Sean Gandini reçoit une bourse du « Wellcome Trust », pour sa recherche sur les liens entre le jonglage et les mathématiques. Le spectacle Smashed, quant à lui, est développé lors de trois résidences entre 2010 et 2012 : la première au Theatre National de Londres en 2010, puis à La Brèche, Pôle National des arts du cirque de Basse-Normandie/ CherbourgOcteville durant le Spring 2011 et, en janvier 2012 au Royal Opera House de Covent Garden. La compagnie a alors le privilège de travailler avec l’éclairagiste d’opéra et de ballet Mark Jonathan pour les représentations au London International Mime Festival 2012. Depuis 2012, Smashed a été joué dans plus de soixante-dix villes d’Europe. Une tournée est programmée dans plusieurs festivals et scènes nationales en France, mais également en Suisse, Espagne, Angleterre, Hollande, Allemagne, Belgique, ou encore au Luxembourg. 4 Du 13 au 20 février 2013 CITÉ Marina Montefusco Compagnie Le Clan des Songes Jeune public à partir de 3 ans Manipulation et jeux Isabelle Ployet Erwan Costadau Marina Montefusco Création figurines et images Marina Montefusco Musique originale Laurent Rochelle Création lumières, montage des images, régie technique Erwan Costadau Scénographie, fabrication des décors, graphisme, communication Jean-Louis Sagot Conception et réalisation des parties textiles, assistance à la fabrication des personnages et des accessoires Isabelle Ployet Costumes Valérie Gosselin Coproduction : Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées, Scène nationale d’Albi et Centre Culturel de Ramonville Avec le soutien de la Région Midi-Pyrénées, de la DRAC Midi-Pyrénées et du Conseil Général de la Haute-Garonne. Un spectacle visuel et poétique pour les tout petits Après La Nuit s’en va le jour, et Fragile accueilli au TNT en avril 2011, la compagnie Le Clan des Songes conclut sa trilogie pour le jeune public avec une fantaisie sur le thème de l’univers urbain et en inventant un spectacle où les sons et les images sont en osmose pour créer la magie d’une déambulation imaginaire. Un personnage se promène dans une ville. Il lève les yeux, il regarde les fenêtres des hauts immeubles qui l’entourent. Elles sont colorées, elles s’ouvrent ou se ferment, s’agrandissent et l’entraînent dans une rêverie... Le petit humain suit le cours du soleil qui est encore plus haut que les gratte-ciels. Il s’abandonne à sa rêverie et invite le spectacteur à se laisser porter à son tour par ses émotions. Mon spectacle est une ville. Dans ma ville je me promène à travers les images les yeux éblouis je vois pousser les tours de la cité nouvelle. Dans ma ville le soleil court libre dans le ciel. Il est mon ami. Derrière ma fenêtre libre je l’observe si beau si haut en changeant. Il m’inquiète quand il frôle la tour pointue. On dirait un ballon fragile prêt à éclater. Le soir dans ma ville Les fenêtres ouvrent les yeux, sont-elles vivantes ? m’épient-elles ? Ma ville a une musique . Le jour je me laisse emporter par le rythme effrené La nuit les sons s’espacent et sa voix se tait Ma ville est un spectacle. Marina Montefusco 5 Du 13 au 17 février 2013 LA MALADIE DE LA FAMILLE M Fausto Paravidino Comédie Française Théâtre du Vieux Colombier Texte et mise en scène Fausto Paravidino Traduction de Caroline Michel Avec Christian Blanc Pierre Louis-Calixte Marie-Sophie Ferdane Benjamin Jungers Suliane Brahim Nâzim Boudjenah Pierre Hancisse Denis Chouillet Décor Laura Benzid Costumes Anne Autran Lumières Pascal Noël Musique originale Denis Chouillet Assistante à la mise en scène Caroline Michel Durée 1h40 Production : Comédie Française / Théâtre du Vieux-Colombier L’Arche est éditeur et agent théâtral du texte représenté. Spectacle présenté avec le soutien de la Caisse d’Epargne Midi-Pyrénées La banlieue élargie de l’Occident Se reconnaître L’idée du théâtre qui me plait – et je vais prendre le risque de citer Hamlet, tant pis – c’est celle où les acteurs tendent un miroir à la nature ; pour moi le théâtre doit être un lieu où le public se reconnaît. Alors, du point de vue de l’interprétation et surtout de la mise en scène, ce qui m’intéresse, ce n’est pas un grand théâtre d’idées où l’on voit des choses extraordinaires destinées à surprendre le public. Je préfère que les artistes utilisent leur art pour créer, tous ensemble, quelque chose de très petit, de très délicat, mais qui soit révélateur de l’âme humaine. Quand je vais au théâtre, j’aime m’apercevoir que le metteur en scène a découvert quelque chose à mon sujet, au sujet des gens. Une chose que je savais déjà, mais que je n’avais pas vue représentée. Tant que cette chose que je connais je ne la vois pas représentée, je me sens seul. Quand je la vois sur scène, j’ai un sentiment de communion. Cette représentation n’a rien à voir avec le réalisme. À ce propos, rien n’est plus différent de la réalité que le reality show. Le reality show est une banalisation de la réalité. Il montre des personnes qui font semblant d’être normales. Ce faisant, elles mettent en scène l’art de la banalité. Or chaque personne est singulière. Et si les acteurs sont plus intéressants que les personnes des reality shows c’est parce qu’ils ont été entraînés à reconnaître la singularité des personnes. Ce qui m’intéresse donc est un parcours de stylisation, de compression, parce que l’écriture est une compression des canons de la réalité autant que l’art de l’interprétation. Mais l’objet que j’aime voir stylisé et compressé, naturellement, c’est la réalité. Parce que c’est le seul monde qui m’intéresse : je ne crois pas en Dieu et je n’ai pas encore rencontré d’extra-terrestres. Étranges maladies Il y a beaucoup de maladies dans cette pièce. Chaque personnage en a une différente. D’une façon générale, ce ne sont pas des maladies d’ordre sanitaire mais plutôt celles qui arrivent dans le cabinet d’un médecin de campagne. Dans le cabinet d’un médecin de campagne, on voit toutes sortes de maladies et la plupart n’ont pas leur solution dans le codex pharmaceutique, pas plus qu’elles ne trouvent leur définition dans les manuels de pathologie. Je suis fils de deux médecins de campagne, j’ai grandi en entendant parler de toutes sortes de cas chez l’espèce humaine, et je suis un grand amateur de Tchekhov naturellement... Le point de vue de la pièce est donc celui du médecin, le narrateur, qui évoque ce dont souffre chacun des personnages, y compris lui. Mais comme l’indique le titre, il existe dans la pièce une maladie unificatrice, qui les contient toutes ; cette maladie a trait à la difficulté d’affronter un deuil. Cette famille a connu un décès et chacun de ses membres, à sa façon, a hystérisé – comme dirait Freud – l’élaboration de son deuil. Le mot et la chose peuvent avoir quelque chose d’assez menaçant pour le public ; d’un autre côté, « l’hystérisation » d’un deuil peut se faire de façon très amusante... malheureusement. La maladie qui unifie aussi les personnages extérieurs à la famille, les deux garçons et le médecin, c’est naturellement le besoin d’être aimé, propre à tous les êtres humains. En soi, le besoin d’être aimé n’est pas une maladie. Il en devient une ici dans la mesure où les personnages « pathologisent » leur peur de ne pas être capables d’aimer. Et puisqu’il s’agit d’une pièce de la seconde moitié du vingtième siècle, et même du début du vingt-et-unième, elle traite des difficultés de communication : c’est cette difficulté de communication qui provoque un malaise chez les personnages, qui fait naître en eux cette peur d’être incapables de manifester leur amour. En cela j’ai de la chance, parce que « ti amo » – terme qu’on emploie pour son ou sa fiancé(e) – et « ti voglio bene » – terme qu’on emploi pour ses parents, son frère ou sa sœur – se disent de la même manière en français : « je t’aime ». En italien, il y a une différence inutile entre « ti amo » et « ti voglio bene ». Fausto Paravidino 6 Du 13 au 15 mars 2013 LES CRIMINELS Richard Brunel Comédie de Valence De Ferdinand Bruckner Traduction Laurent Muhleisen Mise en scène Richard Brunel Avec Cécile Bournay Angélique Clairand Clément Clavel Murielle Colvez Claude Duparfait François Font Mathieu Genet Marie Kauffmann Martin Kipfer Valérie Larroque Sava Lolov Claire Rappin Laurence Roy Thibaut Vinçon Avec la participation de Nicolas Hénault et Gilbert Morel Scénographie Anouk Dell’Aiera Costumes Benjamin Moreau Lumières David Debrinay Son Antoine Richard Dramaturgie Catherine Ailloud-Nicolas Assistant à la mise en scène Caroline Guiela Nguyen Collaboration artistique Thierry Thieû Niang Durée 3h (avec entracte) Production : La Comédie de Valence, Centre Dramatique National Drôme - Ardèche Coproduction : CDDB – Théâtre de Lorient, Centre Dramatique National, La Comédie de Saint-Etienne, Centre Dramatique National, Théâtre du Nord – Théâtre National Lille - Tourcoing Région Nord - Pas de Calais Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National et le soutien de la région Rhône-Alpes (comédiens issus de l’Ecole de la Comédie de SaintEtienne) Le texte est publié aux Éditions Théâtrales. Le dialogue de l’épique et de l’intime Ici l’épique et l’intime se répondent, s’entrelacent étroitement sans que jamais la pièce soit didactique. L’épique car sans être explicitement nommés, les troubles d’une société en mutation sont bien là, ceux de la République de Weimar, entre le traumatisme de la défaite de 18 et les turbulences de la montée du nazisme. L’Histoire n’est pas un personnage, elle n’est pas un arrière-plan, elle est inscrite dans les comportements et les inconscients. Elle est comme ingérée. L’épique aussi dans le montage des scènes, acte qui impose une conscience organisatrice, un point de vue sur ce qui est narré. L’intime car Bruckner nous plonge dans des histoires d’argent, d’amour et de mort. Il nous immerge dans des tranches de vie qui, mises bout à bout, forment des destinées à défaut de constituer un Destin. Il les éclaire, les abandonne, les examine comme un éthologue. De fait, Bruckner ne tient pas un discours moral. Il ne juge pas ses personnages, il les met dans un espace et un temps donnés et regarde ce qu’il advient d’eux. Il les observe comme on observe les rats de laboratoire dans Mon Oncle d’Amérique d’Alain Resnais. Il écoute ce qu’ils disent avec l’attention d’un psychologue. Et pour que l’expérience menée soit plus dense et plus forte, il fragmente, il taille dans la linéarité et en même temps dans les chairs. Il crée de l’urgence. L’acte I, comme un film catastrophe, est construit à rebours, il mène inexorablement au meurtre qui déclenchera des ondes de choc dans l’immeuble, l’acte II est lui aussi tendu vers les verdicts des procès. L’acte III est le moment du Kairos, le temps de l’occasion opportune, celui du choix ultime et décisif que les personnages opèrent entre la vie, la fuite ou la mort. En outre, lorsque la parole devient discours, lorsque le personnage échappe à la fiction pour entrer dans le commentaire, ce dernier n’est jamais directement appliqué aux situations. Loin d’être social ou politique, il est philosophique. C’est comme si brutalement s’affirmait un écart entre l’expérience et la pensée, un écart sans médiation, une séparation irréductible. Bruckner maîtrise l’art du montage comme un cinéaste. Il a aussi comme tous les grands auteurs la mémoire absolue des répliques qui circulent dans la pièce d’un personnage à l’autre. Il construit les scènes comme des partitions musicales. Comme Tchekhov ou comme Ibsen, il les tapisse d’un sous-texte qui, une fois mis à jour par les comédiens, révèle ce que cachent les non-dits et les silences. Richard Brunel Catherine Ailloud-Nicolas 7 Du 15 au 22 mars 2013 L’OTAGE ET LE PAIN DUR Thomas Condemine TPN - Théâtre De Paul Claudel Mise en scène Thomas Condemine Avec Xavier Bazin Anne Benoit Thomas Condemine Marianne Fabbro Jean-Claude Jay Géraldine Martineau Anne Suarez Aymeri Suarez - Pazos Dramaturgie Isis Fahmy Scénographie, costumes Camille Vallat Lumière Tatiana Elkine Durée L’Otage : 1h50 Le Pain dur : 1h50 L’intégrale : 4h 10 (avec entracte) Production : TPN - Théâtre Coproduction : Comédie Poitou-Charentes, Centre Dramatique National ; La Rose des Vents, Scène Nationale de Lille Villeneuve d’Ascq ; TNT - Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées ; Le GRAND’R, Scène Nationale de la Roche-sur-Yon Avec la participation du Studio Théâtre de Vitry et de La Maison de la Poésie-Paris Remerciements à la Compagnie Bernard Sobel Drôle de ménage ! Drôle de ménage ! Ainsi s’exclame la vierge folle de Rimbaud dans son délire pour qualifier l’étrange lien qui l’unit à l’époux infernal. Et la vierge folle d’ajouter : « Plusieurs nuits, son démon me saisissant, nous nous roulions, je luttais avec lui » Quand j’essaie de mettre des mots sur le génie de Claudel, c’est souvent ce drôle de ménage ! qui me vient à l’esprit. Car c’est d’une lutte intérieure de ce genre que sont nés ses premiers drames : drames du Claudel catholique en lutte avec le Claudel poète. Le catholique voulant anéantir une part sauvage et animale de lui même dont le poète ne peut que peindre toute la force et la beauté. C’est un peu comme si en écrivant ses premiers drames, il mettait sur scène la corrida qui fait rage en son sein. Le voilà armé de toute son intelligence, en costume de lumière, face à un taureau imaginaire : sa propre rage,son animalité. Une lutte tragique et grotesque s’engage où chacun dans sa ferveur au combat poussera l’autre dans ses limites magnifiques. Mais Claudel lui-même dira que L’Otage et Le Pain Dur constituent une étape décisive de son œuvre. C’est âgé de 40 ans qu’il entame la conception de la première des deux pièces : il s’ouvre au monde, à la « vaste action extérieure » écrit-il. Claudel est désormais capable d’inscrire ses déchirements intérieurs dans une pensée du monde plus globale. Ainsi, son drame intérieur individuel, s’il est toujours présent dans les deux pièces, est désormais l’ingrédient d’un drame plus grand: un drame de l’Humanité.Si Claudel est toujours poussé à l’écriture par sa corrida intérieure, il a maintenant trouvé l’arène capable de la contenir, celle qui lui manquait pour partager pleinement sa bataille avec nous. Et cette arène c’est notre Histoire, et plus particulièrement cette période réactionnaire qui commence aux lendemains de la révolution de 89 et que le Printemps des Peuples de 1848 achèvera : la Restauration. Une période qui appartient à l’autre histoire de France : non pas celle qui a vu se succéder les philosophes des Lumières, la Révolution française, Juin 1848, la Commune de Paris, le Front populaire, la Résistance, la Libération et Mai 68; mais celle d’une France réactionnaire qui a connu la Restauration de 1815, les Versaillais, l’Union sacrée pendant la guerre de 14 (période de l’écriture de L’Otage), Pétain, les guerres coloniales, et aussi l’état de crise dans lequel nous vivons depuis quelques années. Mais celui qui préfèrera toute sa vie être « l’homme de la banquette avant plutôt que l’homme de la banquette arrière », ne se contente pas d’un constat d’échec; il regarde cette époque terrible de notre histoire avec les yeux passionnés du révolutionnaire ; il est confiant, tourné vers l’avenir. Dans L’Otage, en faisant de nous les témoins des derniers instants de la lutte révolutionnaire qui a commencé en 1789, il nous fait sentir combien elle a été vitale et décisive. Dans Le Pain Dur, il nous montre comment après une longue traversée du désert, la génération suivante fait renaître de ses cendres l’esprit révolutionnaire et donne le coup d’envoi au Printemps des Peuples de 1848. Avec son théâtre, Claudel nous rappelle que nous ne sommes pas seuls aujourd’hui, dans cette étape difficile de notre Histoire, à sentir brûler en nous un feu révolutionnaire. 8 Et ce feu, qui est peut être précisément ce qu’il y a en nous de meilleur et de plus profond, il nous exhorte à l’attiser pour ne jamais le laisser s’éteindre. Il ouvre le placard de ses premiers drames, en sort ses personnages poussiéreux et magnifiques, remplis de désirs et d’idéaux, et les expose à ce monde réactionnaire. Il les habille de costumes de lumière étriqués ( les spécialistes s’accordent à dire que jamais les costumes n’ont été si chargés de broderies de fil d’or que sous l’Empire et la Restauration), il les jette dans l’arène de l’histoire et les fait parader au son des marches impériales cuivrées. Les voilà à la merci des tumultes propres aux changements de régime, ces toreros magnifiques et ridicules. Ils sont là comme on nait dans une époque qu’on n’a pas choisie. Ils devront donner à voir leur bataille intérieure, pour trouver leur place dans le monde. Elle ne se fera qu’au terme d’une lutte entre leur raison et leurs désirs destructeurs, leur soif de conquête. Les versets claudéliens participent à la folie de ce spectacle étrange : leurs superbes envolées lyriques remettent sur pieds les toreros qui sont tombés, les arrachant au sol poussiéreux ; mais parfois l’arythmie ou la sécheresse du verset crée le déséquilibre ou la tétanie au moment crucial: c’est la catastrophe. C’est si sérieux et désespéré que ça en devient grotesque. Le rire qui s’échappe de nous à la vue de cette lutte étrange laisse place à des larmes de celles que seuls les clowns savent nous en faire verser. « Les toreros, dit Orson Welles, sont des acteurs à qui il arrive de vraies choses ». C’est ce que les comédiens vont s’amuser à faire. Ils vont sous nos yeux créer un monde spectaculaire, théâtralement historique, dans lequel il leur arrivera de « vraies choses ». Je pense qu’en assemblant un XIXème siècle réinventé et la pureté d’un rire ou d’une fêlure toute présente, nous pourrons toucher à quelque chose d’intemporel. Une chose qui, c’est certain, au moment du partage avec le public, deviendra inestimable. Thomas Condemine 9 Du 2 au 4 avril 2013 PASSIONE IN DUE Emio Greco et Pieter C.Scholten Coréalisation TNT / CDC Chorégraphie Emio Greco et Pieter C. Scholten Avec Emio Greco, Danse Franck Krawczyk, Piano Musique Bach / Krawczyk Durée 1h Production : ICKamsterdam /EG | PC et Plein Jour Spectacle co-accueilli avec le CDC, Centre de développement chorégraphique de Toulouse MidiPyrénées Une Passion selon Saint Matthieu Sur scène, le danseur et chorégraphe Emio Greco et Franck Krawczyk, compositeur, pianiste et accordéoniste. Ensemble, en sept différents temps, ils retraversent leur histoire commune, immergés dans La Passion selon SaintMatthieu de Jean-Sébastien Bach, librement adaptée par Krawczyk. Dans la puissance du piano et la mélancolie de l’accordéon, se réveillent la souffrance, la sensualité et le sacrifice dans le corps d’un seul danseur. Passione in Due est une nouvelle collaboration entre le compositeur et la compagnie EG PC et marque un retour à l’intimité des solos et duos, écriture fondatrice de l’aventure artistique des chorégraphes Emio Greco et Pieter C. Scholten. Le danseur et chorégraphe Emio Greco a été membre de la compagnie de Jan Fabre, avant de fonder avec Pieter C. Scholten la Compagnie : Emio Greco | PC en 1995. Ensemble, ils cherchent de nouvelles formes de danse et fusionnent des éléments classiques et contemporains pour forger un nouveau langage chorégraphique. Ils s’intéressent davantage aux rapports entre le corps et l’esprit qu’aux limites des possibilités physiques des danseurs. Emio Greco a signé de très nombreuses chorégraphies, parmi lesquelles The Assassin Tree en 2005, Hell en 2006, Purgatorio, in visione, solo sur la Passion selon Saint-Matthieu de Bach et Purgatorio, popopera pour six danseurs et Paradisio en 2009. Né dans une famille de musiciens autodidactes, Franck Krawczyk suit une formation classique à Paris et à Lyon avec Gilbert Amy où il enseigne actuellement la musique de chambre auprès de Jacques Aboulker (CNSMD). Le Festival d’Automne l’encourage très tôt à développer une activité de compositeur. Plusieurs de ses œuvres seront récompensées. Puis les rencontres fortes et l’amitié (Christian Boltanski et Jean Kalman, Peter Brook et Marie-Hélène Estienne, Emio Greco et Pieter C. Scholten, Sonia Wieder-Atherton, Laurence Equilbey) vont l’inciter à approfondir la relation de la musique avec d’autres arts. Plus directe, libre et imprévisible. Ses dernières collaborations sont Polvere, concerto pour violoncelle avec S. Wieder-Atherton pour Monumenta 2010-Christian Boltanski, Une Flûte enchantée d’après Mozart avec P. Brook et M.H. Estienne, Passione in Due d’après Bach avec E. Greco. 10 Du 8 janvier au 28 février 2013 PERSONNE(S) Bérangère Vantusso et Marguerite Bordat Depuis 2006, je crée des spectacles où se côtoient acteurs et marionnettes hyperréalistes, tous étant finalement des « fausses personnes ». Pour créer Kant de Jon Fosse, Les Aveugles de Maeterlinck et Violet de Jon Fosse, Marguerite Bordat et moi-même avons conçu 19 marionnettes de tailles diverses. Ce sont elles que vous découvrirez en visitant Personne(s). Pendant les répétitions, j’évoque souvent le principe du roman-photo, indiquant par là qu’une scène sera traitée de manière strictement immobile, le texte venant se poser sur une image fixe. C’est alors au spectateur d’investir l’espace théâtral en imaginant les liens entre les corps et les paroles. C’est ce principe de romanphoto que j’ai souhaité développer dans cette installation, Personne(s) met en scène un théâtre de figures immobiles qui existe avant tout dans la conscience du spectateur. L’idée commune à tous les espaces de l’installation est celle de l’être suspendu entre deux états : l’immobilité et le mouvement, le silence et la parole, l’enfance et l’adolescence, la vieillesse et la mort. Notre réel n’est jamais stable, d’un instant à l’autre, il reste relatif et insaisissable. Chaque espace propose un personnage en équilibre autour duquel s’organisent des éléments qui instaurent, eux aussi, un rapport trouble au réel : animaux empaillés, faux oiseaux, fac similé de nature, reconstitutions. Bérangère Vantusso La Chambre Autour de Kristoffer « C’est un jour comme celui-ci, un peu plus tard, un peu plus tôt, que tout recommence, que tout commence, que tout continue. » Georges Perec, Un homme qui dort « Autour de la création de la marionnette, il y a des gestes précis et rythmés, des silences mêlés de discussions, des visages pensifs qui réfléchissent la lumière. Je regarde des ouvrières qui s’attachent à un ouvrage gigantesque. Les gestes m’échappent, les regards sont concentrés, les mains agiles et les corps graphiques au milieu de l’atelier avec sa lumière dure. Entre août et décembre 2006, la marionnette a grandi, elle deviendra bientôt un enfant, un pantin qui s’appelle Kristoffer et qui rêve d’infini et de géant.» Ivan Boccara La Chambre est conçue en boucle. Chaque boucle est une succession de courts textes (environ 7 minutes), et dure 50 minutes dans son intégralité. Les textes peuvent être entendus séparément les uns des autres. N’hésitez pas à entrer, même pour quelques instants… Les Oiseaux « Il m’est arrivé de croire qu’un vieillard immobile vivait, en réalité, d’une vie plus profonde, plus humaine et plus générale que l’amant qui étrangle sa maîtresse. » Maurice Maeterlinck 11 Du 13 au 30 mars 2013 THÉÂTRES D’INVENTION Dominique Pichou « Dédales en ses murs » Peintre, scénographe de théâtre et d’opéra, Dominique Pichou invente une exposition d’œuvres singulières à visiter en un parcours poétique : des théâtres imaginaires qui sont autant de lieux pour des représentations à inventer. De pièces en pièces, les yeux pénètrent de subtils agencements de balsa, cordelettes, cartons peints, dressés comme des scènes à notre imaginaire. Allusives, mais surtout fantastiques, elles appellent moins à notre savoir qu’à notre rêverie. C’est aussi l’éloge de l’architecte et scénographe à l’univers du théâtre en tant qu’édifice et machine, et son hommage au « métier », à ceux qui, depuis la coulisse, le fabriquent. Dominique Pichou, pouvez-vous nous présenter votre travail, les « Théâtres d’Invention » ? Cette exposition est un parcours. J’y invite les spectateurs à me suivre dans le théâtre : le théâtre comme lieu, à la fois édifice et machine. Je vais leur montrer quelques directions, mais surtout, laisser leur imaginaire les guider parmi ces murs, ces charpentes, aux cintres, dans les dessous, dans ce monde qui est celui de l’illusion et du mystère... pour moi, comme scénographe, c’est une escapade que je fais, en liberté, dans les marges de mon métier ! Et la maquette ? Quel sens a-t-elle pour vous ? Prend-elle ici un statut particulier ? La maquette est traditionnellement, l’outil privilégié du scénographe (je dis traditionnellement, car il existe maintenant, des systèmes informatiques de modélisation 3d qui prennent la relève des maquettes de carton !), un outil de recherche d’abord, et un outil de communication ensuite. Mais ce n’est qu’un outil ! J’ai dû en fabriquer pas loin d’une centaine au fil des années, toujours avec un très grand plaisir. J’ai constaté la joie que procurent ces petits édifices de carton et de balsa à ceux qui les regardent. un sourire émerveillé vient éclairer leurs visages, qui semble remonter de très loin : des contrées de l’enfance où sont les trains électriques, les soldats de plomb, les crèches, les vitrines de noël et les maisons de poupée ! Dans les « théâtres d’invention », n’étant lié à aucune obligation de réel, j’ai pu lui tordre un peu le nez, à la maquette, et en tirer quelques effets qu’elle ne révèle pas d’ordinaire. Ainsi j’ai pris toute liberté avec la notion d’échelle et me suis amusé, aussi, à quelques effets d’optique : miroirs, kaléidoscopes, mise en abyme... Il n’y a pas de personnages dans vos théâtres ? Non, en effet ! ou enfin, très peu, car il y a Icare ! Le ou les bonhommes que je pourrais introduire seraient fixes et muets, le spectateur, lui, se glisse dans l’espace, il s’y promène et lui donne vie. Je mets, d’ailleurs, à sa disposition pas mal d’échelles, de coursives, de galeries, trappes, et autres marches : tout un inventaire de chemins à arpenter ! De plus, placer des personnages donnerait un repère d’échelle et je préfère ne pas fixer de mesure : cette imprécision est une liberté. C’est encore au spectateur de choisir, selon les repères qu’il voudra, s’il est dans le grand ou le petit ! Cette exposition est destinée à « tourner »... Pourquoi souhaitez-vous que ce soit d’abord, dans des théâtres ? Pour ajouter encore une nouvelle strate au jeu de mise en abyme (et en boites) dans lequel je veux entraîner les spectateurs ! Depuis quand portez-vous ce projet et quelle en a été la genèse ? J’ai lancé les bases concrètes du projet en 2008, mais il m’a fallu, par la suite, mettre tout cela un peu de côté pour me consacrer à plusieurs spectacles. Fin 2010, Maurice Xiberras, directeur de l’Opéra de Marseille, a remis le projet en selle, et m’a permis d’en réaliser une première partie pour la montrer à son public ! Mais à dire vrai, cette idée fait son chemin dans ma tête depuis beaucoup plus longtemps : je viens de retrouver une coupure de presse de 1995 dans laquelle, déjà, j’évoque un projet de ce type. La région Aquitaine m’avait, à l’époque, proposé de monter une expo rétrospective de mon travail de scénographe et costumier, j’avais dit : « d’accord! mais, en plus, je réaliserai des maquettes pour l’occasion, sans rapport avec des spectacles ayant existé... ». La commande s’est, par la suite, transformée et l’exposition n’a pas vu le jour... Pourquoi ce titre : « Théâtres d’Invention » ? L’expo aurait pu s’appeler « théâtres imaginaires » ou «théâtres rêvés » ou « de papier »... je me suis arrêté sur cette formule qui est un hommage discret à Piranèse et à ses « carceri d’invenzione »... Entretien / 29 janvier 2011 Propos recueillis par Monique Phidouci RENSEIGNEMENTS PRATIQUES LIEU DES REPRÉSENTATIONS TNT - Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées 1 rue Pierre Baudis 31000 Toulouse TARIFS Plein 25€ Abonnés 9.5 à 15€ Réduits* 14€ Jeune public de 7 à 14€ Entrée libre pour les expositions * Le tarif réduit est réservé aux étudiants, aux moins de 26 ans et aux demandeurs d’emploi ACCUEIL ET LOCATION Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées 1, rue Pierre Baudis - BP 50919 31009 Toulouse Cedex 6 du mardi au samedi de 13h jusqu’au début du dernier spectacle (13h à 19h les soirs de relâche) T 05 34 45 05 05 [email protected] Billetterie en ligne www.tnt-cite.com Crédits photographiques : © The Bridgeman Art Library / Smashed © Jean-Louis Sagot / Cité © Christophe Raynaud de Lage coll./ La Maladie de la famille M © Paco Ayala - Fotolia.com / L’Otage et le Pain dur © The Bridgeman Art Library / Passione in due © Polo Garat-Odessa / Personne(s) © Dominique Pichou / Théâtres d’invention