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1 of 1 05/06/2005 00:42
L’ ATTRACTION SÉMANTIQUE.
On parle d’un fauteur de trouble(s), des fauteurs de guerre(s). Diriez-vous : « un
fauteur de joie(s), des fauteurs de bonheur(s) » ?
Fauteur est emprunté au nom-adjectif latin fautor : « qui favorise, qui encourage… » ;
c’est le même radical que celui de faveur, favoriser , etc. ; aucun rapport avec faute,
fautif… ! A l’origine, il aurait pu s’appliquer aussi bien à une action louable qu’à une
action fâcheuse, voire criminelle. Mais il a subi l’influence de faute, et ne s’est plus
appliqué qu’à celui qui favorise ou encourage des actes fautifs, dangereux, néfastes…
Sémantiquement, il a été senti comme appartenant aux dérivés de faute. On a parlé
de « fausse étymologie », d’« étymologie populaire » ; les linguistes préfèrent :
« attraction sémantique ».
On observe d’autres accidents semblables.
forcené, qui fut d’abord forsené, n’a aucun rapport avec la force ; il signifie que le
sujet perd la raison, le sens (en a.fr. sen), qu’il est hors (a.fr. for, fors) du bon sens.
Mais l’attraction du mot voisin force a joué, sur la signification, et même sur
l’orthographe : on ne dirait pas : « un doux forsené ».
Péage signifie : point de passage ; même radical que pied, pédestre», etc.; mais il
arrive que certains passages soient soumis à une taxe ; ce fut banal pour des ponts; à
l’entrée des villes, les octrois n’ont disparu que récemment, mais nos autoroutes
conservent la tradition, et au péage, on sort sa monnaie ou sa carte de crédit ! Bien
qu’étymologiquement notre mot n’ait aucun rapport avec payer, paie, payement… ce
voisinage a joué son rôle d’attraction, et il serait surprenant de parler d’un « péage
gratuit ». Essayez ?
Un glissement de sens différent : compendieusement signifie « en résumant, de façon
brève ». Mais cet adverbe pompeux évoque plutôt le contraire. Un orateur qui
annoncerait qu’il va traiter compendieusement son sujet serait compris à l’inverse.
Vous avez trouvé ici quelques exemples curieux d’attraction sémantique. En voici un
autre exemple, notre verbe éconduire. « J’ai demandé à être reçu par le directeur,
mais j’ai été éconduit ». Vous avez compris : j’ai été poliment refusé, et renvoyé à la
sortie.
Il y avait en ancien et en moyen français un verbe escondire, formé de deux
préfixes latins, ex- et con- et du verbe dire. Cela signifiait « donner une excuse,
s’excuser, refuser ». – Attraction de conduire, et éconduire, est né, issu d’une erreur,
et a pris le sens actuel : « refuser, rejeter une demande, renvoyer un solliciteur ».
Pallier, c’est cacher ce qu’on ne doit pas voir, jeter le manteau (pallium) sur
ce qui ne doit pas être vu ; atténuer ». Un mal que la médecine ne peut guérir, elle
tâche de le pallier.Par attraction de parer à qqch, on lit souvent un « pallier à qqch ».
A éviter soigneusement !
FAUSSES ATTRACTIONS.
Des petits malins ont imaginé que « les remèdes de bonne femme » étaient à
l’origine des remèdes « de bonne fame », c.à d. de bonne réputation, et qu’il y aurait
eu attraction du nom homophone femme. Erreur ! – Des esprits aussi ingénieux
affirment que dans : « la fête bat son plein », le mot son n’est pas un adjectif
possessif, mais un nom. Pure invention.
Quant à au temps (pour moi), devenu autant… , c’est une attraction qui a
passé dans l’usage ; voyez notre LEXIQUE, page AUTANT.
Orthonet http://www.sdv.fr/orthonet/pages/informations/WFRAN.htm
1 of 1 05/06/2005 00:36
Ce mot est-il « français » ?
« Le mot X existe-t-il » ?
Rappelons d’abord que s’il s’agit d’un terme très rare, Orthonet remercie d’avance le
questionneur de préciser s’il s’agit d’un nom, d’un adjectif, d’un verbe…, dans quel
contexte ou quelle, situation il l’a trouvé, et s’il peut formuler une hypothèse sur son
sens. - La question est en général posée à propos d’un mot qui «n’est pas dans le
dico».
S’il ne figure dans aucun de nos répertoires, il s’agit en général d’un néologismes dont
Orthonet doit s’efforcer d’apprécier la présence dans l’usage, ou les chances d’entrer
dans l’usage, et par la suite dans la nomenclature des futurs dictionnaires.
Très souvent, ce sont des composés ou dérivés de mots connus, dont la formation est
régulière, mais dont l’utilité est récente : verbes en re-, adjectifs en –able, adverbes
en –amment ou –emment, adjectifs verbaux en –ant naissent à mesure qu’une
fonction nouvelle en exige la formation. .
On nous demande souvent si un mot est « admis ». Par qui ? A part les commissions
de terminologie, qui donnent des avis sur des termes techniques, les auteurs de
dictionnaires (y compris celui de l’Académie française) sont les seuls et les premiers à
estimer si un néologisme mérite de prendre place dans leur nomenclature. Il n’y a pas
d’autre autorité qualifiée pour ce genre de décision. D’autre part, ces décisions
peuvent ne pas être les mêmes dans les différents pays francophones.
« Le mot (proaction, start-up, bronca, kamikase, blitz, pizzaiolo, oued, etc.) est-il
français ? » Une telle question signifie assez clairement : ce mot (étranger) fait-il
désormais partie de vocabulaire français ? Là encore, il s’agit d’apprécier sa présence
et son utilité dans l’usage, et surtout dans l’usage des médias.
La question est parfois : « Peut-on l’employer ? » Chacun (professionnel de
l’écriture, ou simple usager de notre langue) est maître de son vocabulaire. Orthonet
peut donner des appréciations, des conseils, mais non décider à votre place du
contenu et des limites de votre vocabulaire.
Entre les mots qui existent sûrement, ceux qui existent peut-être, ceux qui
pourraient exister et ceux qui ne peuvent pas exister, les limites sont incertaines et
mouvantes.
Le lexique d’une langue vivante n’est pas un ensemble fini.
Orthonet http://www.sdv.fr/orthonet/pages/informations/WIMPR.htm
1 of 1 05/06/2005 00:43
DES IMPERATIFS EN -S
DEUX DES TREIZE
« Tu te retires à la campagne ? Goûtes-y le calme, et profites-en bien ! »
Ces deux pronoms adverbiaux, en et y, font partie de nos 13 mots qui ont une
particularité : d’être ou de pouvoir être « conjoints » au verbe, comme l’explique
notre page des Treize Mots.
Leur emploi après un impératif a valu de nombreuses questions à Orthonet. Certains
bons francophones, à l’aise dans l’usage oral, mais prudents quand ils doivent écrire
ce qu’ils savent prononcer, avaient de soudaines inquiétudes. Faut-il écrire : « des
gâteaux, donne-z-en à ton frère » ? et certains allaient jusqu’à risquer ce Z après «
donne-moi » !
Alors, « quelle est la règle ? »
Elle est très simple, et concerne les seuls impératifs terminés par une voyelle : donne,
ouvre, cueille, va, etc. Et elle concerne seuls nos deux pronoms-adverbes.
Quand cette rencontre se produit (donne + en - va + y) , l’impératif « prend un –s »,
comme on dit, un –s qui se prononce et s’écrit.
Et cela devient : « Donnes-en – Vas-y ».
En fait, ces impératifs n« « prennent » rien du tout ! Cet S n’est pas une prothèse,
comme le –t- de va-t-il; il fait partie de la forme verbale.
En ancien français, ils hésitaient entre deux formes, l’une sans –s final, l’autre avec.
Les grammairiens de la Renaissance, attentifs aux étymologies, mais soucieux de
conjugaisons homogènes, ont opté pour la forme sans –s.
Mais devant nos deux pronoms, la prononciation exigeait la forme en –s, et il fallut
admettre cette exception dans la graphie.
Les formes donnes, ouvres, cueilles, vas font partie de la conjugaison ; ce sont des
variantes de donne, ouvre, cueille, va, qui ne sont utilisées que suivies de
en ou y.
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FÉMINISATION DES FONCTIONS
QUESTIONS ET RÉPONSES
1)« Quel est le féminin de « successeur » ? - Il n’y en a pas. Ce n’est ni un titre, ni une fonction, mais une «
situation ». Dans ce cas, la distinction du genre – donc du sexe – ne semble pas indispensable, et l’usage
peut se contenter d’un genre unique. . C’est ainsi qu’un homme peut être « la victime » d’un accident dont
une femme est « le témoin ». Celle-ci peut être « vainqueur » d’un mal dont l’homme a été « la proie ».
Donc pas besoin d’un féminin pour témoin, prédécesseur, auteur, etc.
2)Certains avancent que des néologismes comme « auteure, professeure, procureure » sont illégitimes,
parce que les seuls noms en –eur, féminin -eure sont d’anciens comparatifs latins ; ce qui est en effet le cas
de « meilleur, prieur, majeur, mineur, supérieur, inférieur, antérieur, postérieur ».- Mais on objectera qu’en
français seul « meilleur » est resté un comparatif ; que les autres sont des adjectifs ou des noms sans
particularité sémantique ; que leur origine commune n’est connue que des étymologistes, les usagers n’en
ayant aucune conscience ; que le type –eur/-eure peut donc servir de modèle au même titre que
–eur/-euse.
3) Quand on parle des habitants, des commerçants, des clients, des étrangers, des députés, etc., on sait
que ces appellations concernent des personnes des deux sexes.Mais on ne dirait pas " un habitant, mère de
deux enfants ", ni " un étranger, fille d’immigrés ", ni " un client de la sage-femme ".La langue a besoin,
quand il ne s’agit plus du sens général, mais des individus, de mots féminins, et elle crée " habitante,
étrangère, cliente",etc. A mesure que des dignités, des professions, des fonctions jadis masculines sont
devenues accessibles aux femmes, on a vu naître ainsi des mots comme " étudiante, institutrice, directrice,
historienne, championne… ".
4)Pourquoi le nom " députée ", déjà dans l’usage, est-il refusé par l’Académie française ? Jusqu’à la fin du
19e s., les femmes ne faisant pas d’études, beaucoup de fonctions n’avaient qu’un nom masculin : c’est le
cas, dans Littré (1863-77) et dans la 7e éd. de l’Académie (1878), pour étudiant, bachelier,docteur,
historien, latiniste, chimiste, chirurgien, notaire, avocat, magistrat, juge, député, sénateur, ministre,
ambassadeur, etc. De même pour des professions non universitaires (artiste, journaliste, militaire,
photographe, écrivain), des qualités comme arbitre, champion... La 8ème édition de l’Académie (1935) a
donné un féminin à la plupart de ces noms (sauf géomètre, expert, militaire, notaire…); la 9ème refuse
encore le féminin à arbitre, aumônier, auteur, chef, chirurgien, écrivain, militaire… et, systématiquement,
aux fonctions d’Etat : ambassadeur, consul, député, conseiller (municipal, régional), juge, ministre... Mais
les autres dictionnaires, à partir de 1900, enregistrent l’évolution sociale : il leur suffit souvent, dans la
mention n.m., de supprimer le m.
POUR ET CONTRE
En France surtout, la féminisation rencontre des oppositions de principe.
a) Beaucoup de femmes tiennent au titre masculin (Mme X, avocat au barreau de…, député de…) ; mais
cette réserve devient rare.
b) Le masculin, " genre non marqué ", vaut pour les deux sexes ; c’est exact quand le terme, pluriel ou
singulier, est pris dans son sens général : " les clients – les voisins – les Anglais… ; le client du
commerçant… ", mais cela n’a jamais empêché la création spontanée de féminins quand une fonction
cessait d’être réservée aux hommes.
c) C’est pourtant la motivation de l’opposition catégorique de l’Académie, dont la 9e éd. du Dictionnaire, en
cours, n’accepte que le masculin (voir l’article GENRE) pour ambassadeur (sauf fig., ou épouse), conseiller
(sauf privé), député, juge, magistrat, maire, ministre, etc.
d)Le gouvernement, lui, féminise ses ministres et les députés ; le Journal officiel et la Documentation
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française connaissent des professeure, procureure, consule, etc. Plusieurs de ces féminins deviennent
courants (au Québec plus qu’en France) dans la presse et dans l’usage.
NOTE
Le Dictionnaire de l’Académie française, dans sa 9e édition, article MINISTRE, comporte une mise en garde
: " L’emploi du féminin dans La Ministre, qui est apparu en 1997, constitue une faute d’accord résultant de
la confusion de la personne et de la fonction ".
A quoi on peut objecter que cet emploi n’est pas un fait d' « accord », au sens grammatical de ce terme ;
que plutôt qu’une " confusion " entre deux notions, c’est une distinction entre la fonction, traduite par le
masculin, " genre non marqué " (voir l’article GENRE), et la personne, dont le sexe est exprimé par le genre
; distinction qui n’a une application en langue que quand des fonctions, jusqu’alors masculines, sont
accessibles aux femmes.
La féminisation dans l’usage et dans les dictionnaires.
La langue française a l’avantage de disposer de plusieurs dictionnaires « de langue », accessibles au grand
public, et très consultés : volume unique, vendu en librairie, mais aussi dans les grandes surfaces, en
édition annuelle. Ils suivent de près l’évolution du vocabulaire, et peuvent dans bien des cas l’orienter.
Orthonet, souvent consulté sur des féminins néologiques, ne manque jamais de citer la solution des
dictionnaires récents. Or ceux-ci doivent-ils suivre l’usage ? ou le précéder et l’orienter ?
Les lexicographes doivent-ils attendre qu’une femme, en Francophonie de préférence, exerce la chirurgie
oour admettre dans leurs nomenclatures la forme chirurgienne, qui ne pose aucun problème de
morphologie ? Ou faut-il, en attendant cette révélation, garder l’entrée : chirurgien n.m. ?
Tant qu’on n’a pas rencontré, fût-ce en Belgique, de femme actionnant un carillon, le féminin carillonneuse
est-il proscrit ?
Certains pensent que dans le monde actuel, où se dénomment chaque semaine des spécialités nouvelles en
–iste ou en –logue, et même en -eur/-euse, ces néologismes naissent avec les deux genres, et il est normal
de les entrer comme noms, plutôt que comme « n.masc. ».
REMARQUE. Orthonet attend avec intérêt des nouvelles d’une ou de plusieurs carillonneuses, et ne
manquera pas de vous rassurer sur la réalité de ce féminin, encore ignoré par nos dictionnaires.
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