S P A L M + SPECTACLE PERFORMANCE ARTS VISUELS LECTURE MUSIQUE AUTRE FORME REVUE DE PRESSE actøral 16 festival des arts et des écritures cøntempøraines 25 octobre - 5 novembre 2016 - Montréal 1 MISE EN ESPACE ON A PARLÉ DU FESTIVAL ACTORAL.16 À MONTRÉAL... • DANS LA PRESSE ÉCRITE INTERNATIONALE Le Devoir - Mélanie Carpentier - 22 octobre 2016 24h - 25 octobre 2016 Le Devoir - Catherine Lalonde - 27 octobre 2016 • SUR LE WEB Voir.ca - Philippe Couture - 5 mai 2016 Et baam - Malorie D’Emmanuelle - 26 septembre 2016 Mat.TV - Sébastien Bouthillier - 24 octobre 2016 Mat.TV - Sébastien Bouthillier - 25 octobre 2016 Mouvement.net - Moïra Dalant - 26 octobre 2016 Revue Jeu - Christian St Pierre & Smaranda Olcèse - 26 octobre 2016 Lepetitjournal.com - 26 octobre 2016 Montreal157 - 26 octobre 2016 Le Devoir - Catherine Lalonde - 27 octobre 2016 Mat.TV - Sébastien Bouthillier - 27 octobre 2016 tourisme-montreal.org - Robyn Fadden - 27 octobre 2016 La Presse - Mario Cloutier - 28 octobre 2016 Mat.TV - Sébastien Bouthillier - 28 octobre 2016 Un Fauteuil pour l’Orchestre - Jean Hostache - 28 octobre 2016 DFDanse - Brigitte Manolo - 29 octobre 2016 Infopresse - 30 octobre 2016 Le Devoir - Catherine Lalonde - 31 octobre 2016 La Devoir - Mélanie Carpentier - 3 novembre 2016 Unidivers - 3 novembre 2016 Sors-tu ? - Gilles G. Lamontagne - 24 novembre 2016 • SUPPLÉMENTS SPÉCIAL ACTORAL Jeu n° 160 - Spécial actoral Montréal - Octobre 2016 • À LA RADIO ICI Radio Canada Première - Emission Le 15-18 avec Hubert Colas & Danièle de Fontenay - 24 octobre 2016 Choq - Emission Danscussions avec Pamina de Coulon & Alexander Vantournhout - 25 octobre 2016 Emission Le Retour d’Anne-Marie Kirouac avec Danièle de Fontenay & Hubert Colas - 26 octobre 2016 Emission La Matinale de Mayssoun Tadlaoui avec Marie Brassard - 27 octobre 2016 CISM - Emission Le Cubicule - 28 octobre 2016 2 DANS LA PRESSE ÉCRITE INTERNATIONALE 3 Le Devoir Quotidien montréalais Le 22 octobre 2016 Par Mélanie Carpentier REVUE Devoir - Le Devoir - 22 oct. 2016 - Page #40 DE PRESSE - ACTORAL LE DEVOIR, Dimanche 22 octobre 2016 4 RuGicomm • 514 759 0494 • [email protected] 24H, Mardi 25 octobre 2016 24h Quotidien montréalais Le 25 octobre 2016 5 Le Devoir Quotidien montréalais Le 27 octobre 2016 Par Catherine Lalonde Devoir - Le Devoir - 27 oct. 2016 - Page #15 REVUE DE PRESSE - ACTORAL LE DEVOIR, Jeudi 27 octobre 2016 6 RuGicomm • 514 759 0494 • [email protected] SUR LE WEB 7 Voir.ca Site québécois Le 5 mai 2016 Par Philippe Couture URL : https://voir.ca/scene/2016/05/05/les-chiens-de-navarre-et-meg-stuart -de-retour-a-lusine-c-en-2016-2017/ SCÈNE LES CHIENS DE NAVARRE ET MEG STUART DE RETOUR À L’USINE C EN ᐕᘲ☢̆㌶㐵ᰚ耂耂ᐕᘲ☢̆㌶㐵ỒĜ L’Usine C dévoile aujourd’hui 4 des pièces qui seront à l’afⴀ휄che dès l’automne. Les Chiens de Navarre, Meg Stuart, Virginie Brunelle et Angela Konrad sont les noms qui annoncent la couleur d’une nouvelle saison. L’Usine C accueillera également, pour une deuxième édition montréalaise, le festival Actoral fondé à Marseille par Hubert Colas. (https://voir.ca/scene/2016/05/05/les-chiens-de-navarre-et-meg-stuart-dePhilippe Couture (https://voir.ca/auteur/pcouture/) Photo : Les armoires normandes / P. 5 mai 2016 Lebruman retour-a-lusine-c-en-2016-2017/attachment/macbeth/) Que les afⴀ휄cionados de l’irrévérence se réjouissent, Les chiens de Navarre ACTORAL MONTRÉAL, ouvriront la saison pour une deuxièmeDEUXIÈME année consécutiveÉDITION ! Ce petit rituel ! automnal désormais couru, promet cette année encore quelques truculences L’Usine C et le festival Actoral s’associent à nouveau pour présenter un scéniques, alorsqui quebâtit la meute la plusentre déjantée de France se évènement inédit des ponts les créateurs leslance plus avec audacieux du délectation l’explorationFondé des affres de l’amour et du sexe. l’on en croit Québec et de ladans francophonie. en 2001 à Marseille, par leSimetteur en les Hubert échos d’outre-Atlantique, cettedonné nouvelle intitulée Lesetarmoires Kolik Face au scène Colas qui nous avait lescréation mémorables une pièce hautement jouissive.contemporaines Présenté en première , le festivalest Actoral interroge les écritures dans nordtous les murnormandes américaine du 21 au Parmi 23 septembre ! annoncées cette année deux solos domaines artistiques. les surprises de haut vol: Aneckxander d’Alexander Vantournhout et Bauke Lievens, où danse et acrobatie se fondent dans le corps métamorphique d’un jeune trublion de la scène belge, et Texte M., un monologue vertigineux sur la liberté, écrit et interprété par Hubert Colas dont le théâtre radical frappera une fois de plus. La collaboration entamée en 2014 entre Danièle de Fontenay et le metteur en scène marseillais poursuit ainsi allègrement son cours et promet encore de belles découvertes pour cette deuxième édition d’Actoral Montréal qui prendra d’assaut l’Usine C du 25 octobre au 5 novembre. Programmation complète à venir. 8 Et Baam Blog Online Le 26 septembre 2016 Par Malorie D’Emmanuelle URL : http://etbaam.com/et-si-on-parlait-culture/2016/09/actoral-la-diversite-emergente/ Actoral : la diversité émergente | Et Baam ! 25/09/2016 Le festival, né à Marseille en 2001 sous la houlette d’Hubert Colas, défend les arts et les écritures contemporaines. Il s’exporte pour la seconde fois à Montréal. Actoral est un festival fleuve consacré à la jeune création : une programmation variée, avec expositions, concerts et danse, qui se déroulera pendant trois semaines à Marseille puis 10 jours à Montréal. Hubert Colas explique sa volonté « d’interroger les écritures contemporaines dans le champ le plus large, le plus original et de valoriser les échanges culturels ». Quant au choix de la programmation, elle se fait par des affinités, des connaissances, de l’intuition et des rencontres. C’est le plasticien Théo Mercier qui parraine l’édition Marseillaise. Il sera présent au Musée d’Art Contemporain à Marseille avec son exposition The Thrill is gone jusqu’au 29 janvier. Il présentera aussi sa performance Radio Vinci Park à Montréal. Marseille­Bruxelles Parmi les spectacles proposés à Marseille, un temps sera consacré à la découverte de courants artistiques belges. Le fondateur du festival explique : « Il y a une dualité géographique en Belgique, entre la Flandre et la Wallonie. Une situation intéressante à faire connaître au public marseillais au travers de ces travaux ». Une envie d'ouvrir à la scène émergente doublée de la volonté de faire venir des grandes figures belges, comme le dessinateur et performer Jan Fabre ou le chorégraphe Jan Martens. Marseille­Montréal Dix jours seulement après l’édition marseillaise c’est la montréalaise qui s’ouvrira à l'Usine C. « En ce moment nous travaillons à distance mais comme nous sommes sur une biennale cela se prépare sur du long terme ». Les voyages et les échanges d’artistes ont permis la naissance de ce festival : « C’est en me rendant là-bas an tant que metteur en scène que j’ai pu parler du festival, du travail de défense des artistes et de l’émergence ». Une rencontre qui a amené à la création de cet événement grâce à l’investissement de l’Usine C qui reçoit des artistes en résidence. Bien que les programmations diffèrent, on retrouve des similitudes. « Des artistes sont communs aux deux éditions, nous souhaitions présenter une œuvre de Théo Mercier à Montréal. Et Fanny De Chaillé, actuellement au Québec, sera en 2017 à Marseille ». Montévidéo vecteur de lien Si ces rencontres sont possibles c’est aussi grâce à Montévidéo, lieu des résidences marseillaises qui permet des échanges entre structures et la préparation sereine des artistes. « C’est le cœur de la programmation et un lieu privilégié pour la création ». Le festival Actoral se déroule du 27 septembre au 15 octobre à Marseille et du 25 octobre au 5 novembre à Montréal. 9 Mat.TV Site québécois Le 24 octobre 2016 Coup d’envoi d’Actoral Par Sébastien Bouthillier URL : http://www.mattv.ca/coup-denvoi-dactoral/ BY SEBASTIEN BOUTHILLIER · OCT 24, 2016 Le festival débute par 4 spectacles à l’Usine C ce soir et demain © Bart Grietens (Aneckxander) Par : Sébastien Bouthillier Actoral, le Festival international des arts et des écritures contemporaines francophones, réunit des artistes émergents au regard inédit ou singulier. Arts visuels, performance, danse, théâtre et littérature se déploient jusqu’au 5 novembre. Ce soir et demain, l’Usine C présente quatre premiers spectacles, sans compter le stationnement souterrain où campe le décor sinistre de Radio Vinci Park, plus qu’un show de boucane. Son cou démesurément long lui vaut le surnom d’Aneckxander. Ses bras aussi, des bras interminables, impossibles à soustraire au regard. C’est pourtant ce que recherche l’acrobate et danseur Alexander Vantournhout en explorant la plasticité de son corps dans sa nudité sculpturale. Sur les trois variations d’un morceau de piano d’Arvo Pärt et muni de quelques objets, cet homme procède à son autoportrait bizarre, mais captivant par son originalité. Son sens du sacrifice motive­t­il ses acrobaties? Le chorégraphe Lorenzo de Angelis se déclare Haltérophile, celui qui prend en charge. Il soulève le poids de l’animal public et de la fragilité qui émerge de sa carapace, qu’il casse. Les spectateurs se trouvent près 10 de lui sur scène, en cercle disjoint, ce qui isole chacun des autres et leur offre une perspective unique sur Actoral, le Festival international des arts et des écritures contemporaines francophones, réunit des artistes émergents au regard inédit ou singulier. Arts visuels, performance, danse, théâtre et littérature se déploient Mat.TV jusqu’au 5 novembre. Ce soir et demain, l’Usine C présente quatre premiers spectacles, sans compter le Site québécois stationnement souterrain où campe le décor sinistre de Radio Vinci Park, plus qu’un show de boucane. Le 24 octobre 2016 Son cou démesurément long lui vaut le surnom d’Aneckxander. Ses bras aussi, des bras interminables, Par Sébastien Bouthillier URL : http://www.mattv.ca/coup-denvoi-dactoral/ impossibles à soustraire au regard. C’est pourtant ce que recherche l’acrobate et danseur Alexander Vantournhout en explorant la plasticité de son corps dans sa nudité sculpturale. Sur les trois variations d’un morceau de piano d’Arvo Pärt et muni de quelques objets, cet homme procède à son autoportrait bizarre, mais captivant par son originalité. Son sens du sacrifice motive­t­il ses acrobaties? Le chorégraphe Lorenzo de Angelis se déclare Haltérophile, celui qui prend en charge. Il soulève le poids de l’animal public et de la fragilité qui émerge de sa carapace, qu’il casse. Les spectateurs se trouvent près de lui sur scène, en cercle disjoint, ce qui isole chacun des autres et leur offre une perspective unique sur l’animal dansant. Dans son improvisation, de Angelis aguiche le public par ses jeux d’adresse, quelques paroles ou le silence. © CHA Production (Haltérophile) Lorenzo de Angelis déambule ensuite dans les rayons de Médail Décor, un magasin de tissus d’ameublement. Il dédouble Vincent Thomasset, qui retisse les liens avec l’enfant qu’il a été. Ce dernier réussit le défi de parler des choses sans les évoquer grâce à sa démarche aussi expressionniste qu’humoristique. La finesse de la trame sonore sélectionnée pour cette séquence biographique pudique restaure l’ambiance nostalgique de l’enfance, le garçon maintenant jeune homme savait qu’il deviendrait artiste et rien d’autre. 11 Mat.TV Site québécois Le 24 octobre 2016 Par Sébastien Bouthillier URL : http://www.mattv.ca/coup-denvoi-dactoral/ © Flavie Laleu (Fire of emotions) Avec ingénuité, Pamina de Coulon relie Pytagore, Einstein, la science­fiction et la « sorcellerie capitaliste » dans un déluge effervescent de paroles dont jaillit Fire of emotions : Genesis. Parce qu’elle désire voyager dans le temps, elle retient les aspects irrationnels de la science pour soulever le doute sur les narrations acceptées de notre réalité, qui exercent un monopole sur notre vision du monde. Pour son voyage cosmique, elle monte en classe comique : dans la bouche de Pamina de Coulon, le jargon scientifique s’entend comme si elle récitait une fantaisie. Aneckxander, Haltérophile, Fire of emotions : Genesis et Médail Décor, les 25 et 26 octobre à l’Usine C. Crédit photo : Bart Grietens (Aneckxander), CHA Production (Haltérophile) et Flavie Laleu (Fire of emotions) 12 Mat.TV Site québécois Plus qu’un show de boucane Le 25 octobre 2016 Plus qu’un show de boucane Par Sébastien Bouthillier URL : http://www.mattv.ca/plus-quun-show-de-boucane/ BY SEBASTIEN BOUTHILLIER · OCT 25, 2016 BY SEBASTIEN BOUTHILLIER · OCT 25, 2016 Actoral transforme un parkingsouterrain en arène Actoral transforme un parkingsouterrain en arène © Erwan Fichou Par : Sébastien Bouthillier © Erwan Fichou Un parking souterrain, la nuit. Odeur pneumatique, effluves carboniques. Dans cet espace clos, une arène Par : Sébastien Bouthillier délimitée par des barrières. Une rencontre improbable entre un danseur travesti et un motard cascadeur sur Un parking souterrain, la nuit. Odeur pneumatique, effluves carboniques. Dans cet espace clos, une arène sa monture. Affrontement au rythme du clavecin. Décadence de la civilisation? délimitée par des barrières. Une rencontre improbable entre un danseur travesti et un motard cascadeur sur « Radio Vinci Park est une rencontre dans un parc de stationnement chargé de fantasmes et d’angoisses, sa monture. Affrontement au rythme du clavecin. Décadence de la civilisation? explique le plasticien et metteur en scène Théo Mercier, c’est une ode à l’amour impossible, un spectacle « Radio Vinci Park est une rencontre dans un parc de stationnement chargé de fantasmes et d’angoisses, forain, un combat de chiens, une corrida, une scène mythologique… » explique le plasticien et metteur en scène Théo Mercier, c’est une ode à l’amour impossible, un spectacle La motocyclette révèle le souci du metteur en scène pour l’anthropomorphisation des objets. Comme si en forain, un combat de chiens, une corrida, une scène mythologique… » devenant humains, les objets connaissent les mêmes enjeux de société que nous : vieillissement La motocyclette révèle le souci du metteur en scène pour l’anthropomorphisation des objets. Comme si en démographique, questions de genre, lutte des classes, etc. devenant humains, les objets connaissent les mêmes enjeux de société que nous : vieillissement Anthropologue, ethnographe ou touriste féru de géopolitique, Théo Mercier explore le monde réel et le monde démographique, questions de genre, lutte des classes, etc. inexistant. Il part en quête de l’authenticité de la nature dans une culture de production sérielle d’objets de Anthropologue, ethnographe ou touriste féru de géopolitique, Théo Mercier explore le monde réel et le monde consommation de masse. inexistant. Il part en quête de l’authenticité de la nature dans une culture de production sérielle d’objets de consommation de masse. 13 Mat.TV Site québécois Le 25 octobre 2016 Par Sébastien Bouthillier URL : http://www.mattv.ca/plus-quun-show-de-boucane/ Il invite à oublier l’univocité des objets, car en remettant en question leur statut, il pave la voie vers leur équivocité, voire leur plurivocité jusqu’à la confusion, puis la perte du sens du geste de l’artiste dans son œuvre. Théo Mercier a conçu Radio Vinci Park avec François Chaignaud. Celui­ci danse dans les endroits les plus inusités, en plus de réaliser des performances et des concerts surprenants. L’opérette, la littérature érotique, le hulla hoop l’inspirent, et il a collaboré avec la drag queen Rumi Missabu. En 2009, avec Cecilia Bengolea, il emporte le prix de la révélation chorégraphique de la critique. Le cascadeur Cyril Bourny et la claveciniste Marie­Pierre Brébant l’accompagnent dans l’arène. Actoral, le Festival des arts et des écritures contemporaines, propose de découvrir jusqu’au 5 novembre des artistes qui remettent en question leur art. Radio Vinci Park, les 25 et 26 octobre au parking Indigo de la Cité internationale. Crédit photo : Erwan Fichou Texte révisé par : Annie Simard 14 Mouvement.net Magazine culturel interdisciplinaire Le 26 octobre 2016 De Moïra Dalant URL : http://www.mouvement.net/teteatete/entretiens/recherche-dinconfort (/) Tu iras la chercher (texte de Guillaume Corbeil) de Florian Pautasso © p. D. R. Entretiens Théâtre (/teteatete/entretiens) Recherche d’inconfort « La représentation n’a pas pour but de montrer, dire, assurer, mais plutôt de perdre un peu, d’effleurer la sphère intime peut-être. » Rencontre avec l’auteur-metteur en scène Florian Pautasso qui vient de partir pour le Canada où il présente Tu iras la chercher dans le cadre du festival Actoral. Par Moïra Dalant publié le 26 oct. 2016 Florian Pautasso évite l’écueil d’affirmer trop clairement et trop fièrement un propos. Pas de discours mais des détours poétiques. Tout est plus souterrain qu’il n’y paraît. Cela va sans dire que la représentation n’a pas un but précis, pas de mission, ces noms sont trop brutaux, il s’agit chez le jeune auteur/metteur en scène d'éviter les lignes droites et les raccourcis, et d’interroger la courbe et l’indicible… Tout se joue dans l’inédit ou le non­dit et dans l’invisible. Dans votre travail, le « je » est au centre. De quel « je » s’agit­il ? 15 festival Actoral. Par Moïra Dalant publié le 26 oct. 2016 Mouvement.net Magazine culturel interdisciplinaire Florian Pautasso évite l’écueil d’affirmer trop clairement et trop fièrement un propos. Pas de discours mais Le 26 octobre 2016 des détours poétiques. Tout est plus souterrain qu’il n’y paraît. Cela va sans dire que la représentation n’a De Moïra Dalant pas un but précis, pas de mission, ces noms sont trop brutaux, il s’agit chez le jeune auteur/metteur en URL : http://www.mouvement.net/teteatete/entretiens/recherche-dinconfort scène d'éviter les lignes droites et les raccourcis, et d’interroger la courbe et l’indicible… Tout se joue dans l’inédit ou le non­dit et dans l’invisible. « Les individus qui deviennent des artistes sont souvent distordus par leur vie. Des gens étranges, « qui Dans votre travail, le « je » est au centre. De quel « je » s’agit­il ? « Les individus qui deviennent des artistes sont souvent distordus par leur vie. Des gens étranges, « qui n’ont pas supporté quelque chose » comme le dit Valère Novarina. J’aime travailler avec des gens qui font « Les individus qui deviennent des artistes sont souvent distordus par leur vie. Des gens étranges, « qui n’ont pas supporté quelque chose » comme le dit Valère Novarina. J’aime travailler avec des gens qui font avec leur étrangeté, sans en faire un étendard. Chez les acteurs, je n’aime pas trop les « je » qui se n’ont pas supporté quelque chose » comme le dit Valère Novarina. J’aime travailler avec des gens qui font avec leur étrangeté, sans en faire un étendard. Chez les acteurs, je n’aime pas trop les « je » qui se connaissent et se maîtrisent trop bien, ça m’angoisse. Je trouve que le théâtre n’est vraiment pas l’endroit avec leur étrangeté, sans en faire un étendard. Chez les acteurs, je n’aime pas trop les « je » qui se connaissent et se maîtrisent trop bien, ça m’angoisse. Je trouve que le théâtre n’est vraiment pas l’endroit où prouver que l’on sait des choses sur soi et sur les autres. C’est l’endroit du danger, de l’accident et de la connaissent et se maîtrisent trop bien, ça m’angoisse. Je trouve que le théâtre n’est vraiment pas l’endroit où prouver que l’on sait des choses sur soi et sur les autres. C’est l’endroit du danger, de l’accident et de la surprise. Dans mes spectacles, je fais en sorte que l’acteur, quand il joue, soit en train de faire une où prouver que l’on sait des choses sur soi et sur les autres. C’est l’endroit du danger, de l’accident et de la surprise. Dans mes spectacles, je fais en sorte que l’acteur, quand il joue, soit en train de faire une expérience, avec le présent et sur lui­même. Une expérience qui le défie et qui le remette en question. Il surprise. Dans mes spectacles, je fais en sorte que l’acteur, quand il joue, soit en train de faire une expérience, avec le présent et sur lui­même. Une expérience qui le défie et qui le remette en question. Il est à un point inconfortable, et pourtant je lui demande d’avancer quand même, sur ce fil, d’aller plus loin, expérience, avec le présent et sur lui­même. Une expérience qui le défie et qui le remette en question. Il est à un point inconfortable, et pourtant je lui demande d’avancer quand même, sur ce fil, d’aller plus loin, même si ce qu’il fait ou dit se révèle être à un endroit totalement inconnu pour lui au bout d’un moment, est à un point inconfortable, et pourtant je lui demande d’avancer quand même, sur ce fil, d’aller plus loin, même si ce qu’il fait ou dit se révèle être à un endroit totalement inconnu pour lui au bout d’un moment, qu’il se met à parler ou à bouger bizarrement. Le théâtre c’est l’endroit de la curiosité. même si ce qu’il fait ou dit se révèle être à un endroit totalement inconnu pour lui au bout d’un moment, qu’il se met à parler ou à bouger bizarrement. Le théâtre c’est l’endroit de la curiosité. qu’il se met à parler ou à bouger bizarrement. Le théâtre c’est l’endroit de la curiosité. Quand j’écris, je cherche aussi à faire une expérience, toujours, « être autre ». Par exemple traverser une Quand j’écris, je cherche aussi à faire une expérience, toujours, « être autre ». Par exemple traverser une situation que je n’ai pas vécue dans la réalité. Une expérience amoureuse, une expérience qui met ma vie Quand j’écris, je cherche aussi à faire une expérience, toujours, « être autre ». Par exemple traverser une situation que je n’ai pas vécue dans la réalité. Une expérience amoureuse, une expérience qui met ma vie en danger, où dont je ne suis pas capable dans ma propre vie par pudeur ou par peur. Tout ce qui est situation que je n’ai pas vécue dans la réalité. Une expérience amoureuse, une expérience qui met ma vie en danger, où dont je ne suis pas capable dans ma propre vie par pudeur ou par peur. Tout ce qui est transgressif donne des sensations au goût unique – dans ces instants on se sent exister intensément, on en danger, où dont je ne suis pas capable dans ma propre vie par pudeur ou par peur. Tout ce qui est transgressif donne des sensations au goût unique – dans ces instants on se sent exister intensément, on se sent très fort « soi ». transgressif donne des sensations au goût unique – dans ces instants on se sent exister intensément, on se sent très fort « soi ». se sent très fort « soi ». Comment est­ce que vous débutez un nouveau projet ? Comment est­ce que vous débutez un nouveau projet ? Comment est­ce que vous débutez un nouveau projet ? « Très souvent, ça part d’une intuition, d’un constat intime. Mes projets trouvent une base très simple, « Très souvent, ça part d’une intuition, d’un constat intime. Mes projets trouvent une base très simple, très concrète – pour Flirt, ma précédente création, il s’agissait pour les acteurs d’essayer de vivre un « Très souvent, ça part d’une intuition, d’un constat intime. Mes projets trouvent une base très simple, très concrète – pour Flirt, ma précédente création, il s’agissait pour les acteurs d’essayer de vivre un moment intense avec les spectateurs. Notre foyer, la prochaine, s’interroge sur deux projets de vie très concrète – pour Flirt, ma précédente création, il s’agissait pour les acteurs d’essayer de vivre un moment intense avec les spectateurs. Notre foyer, la prochaine, s’interroge sur deux projets de vie extrêmes : une maison extraordinaire dont sa créatrice ne sortirait jamais, et un voyage sans retour. moment intense avec les spectateurs. Notre foyer, la prochaine, s’interroge sur deux projets de vie extrêmes : une maison extraordinaire dont sa créatrice ne sortirait jamais, et un voyage sans retour. Chaque projet est différent mais chacun se place à un endroit de nœud intime, politique et esthétique fort extrêmes : une maison extraordinaire dont sa créatrice ne sortirait jamais, et un voyage sans retour. Chaque projet est différent mais chacun se place à un endroit de nœud intime, politique et esthétique fort selon moi. Fort et contradictoire, ambigu. Chaque projet est différent mais chacun se place à un endroit de nœud intime, politique et esthétique fort selon moi. Fort et contradictoire, ambigu. selon moi. Fort et contradictoire, ambigu. Avant de commencer une pièce, je vérifie vite si la matière sur laquelle je vais travailler présente des Avant de commencer une pièce, je vérifie vite si la matière sur laquelle je vais travailler présente des aspérités, des contradictions, en bref : si elle me pose problème. En ce qui concerne la commande Avant de commencer une pièce, je vérifie vite si la matière sur laquelle je vais travailler présente des 1, j’ai pris ma décision en imaginant Stéphanie Aflalo – aspérités, des contradictions, en bref : si elle me pose problème. En ce qui concerne la commande qu’Hubert Colas m’a passé pour Actoral 2015 aspérités, des contradictions, en bref : si elle me pose problème. En ce qui concerne la commande qu’Hubert Colas m’a passé pour Actoral 20151, j’ai pris ma décision en imaginant Stéphanie Aflalo – comédienne avec qui je travaille beaucoup – le jouer. J’avais l’intuition qu’une concordance se ferait, entre qu’Hubert Colas m’a passé pour Actoral 20151, j’ai pris ma décision en imaginant Stéphanie Aflalo – comédienne avec qui je travaille beaucoup – le jouer. J’avais l’intuition qu’une concordance se ferait, entre moi, ce texte et elle. Ma première écriture de plateau, Quatuor violence, s’est construite avant tout sur une comédienne avec qui je travaille beaucoup – le jouer. J’avais l’intuition qu’une concordance se ferait, entre moi, ce texte et elle. Ma première écriture de plateau, Quatuor violence, s’est construite avant tout sur une intuition de distribution. Avec quatre comédiens (que je n’avais pas tous vu jouer) et un axe : notre moi, ce texte et elle. Ma première écriture de plateau, Quatuor violence, s’est construite avant tout sur une intuition de distribution. Avec quatre comédiens (que je n’avais pas tous vu jouer) et un axe : notre rapport intime à la violence, c’est tout. Pour résumer, il y a mon intuition, la distribution, et puis tout le intuition de distribution. Avec quatre comédiens (que je n’avais pas tous vu jouer) et un axe : notre rapport intime à la violence, c’est tout. Pour résumer, il y a mon intuition, la distribution, et puis tout le reste en découle – la mise en scène, l’univers sonore, visuel… rapport intime à la violence, c’est tout. Pour résumer, il y a mon intuition, la distribution, et puis tout le reste en découle – la mise en scène, l’univers sonore, visuel… reste en découle – la mise en scène, l’univers sonore, visuel… Vous aimez mettre en mot et en scène des petites choses de l’invisible… Vous aimez mettre en mot et en scène des petites choses de l’invisible… Vous aimez mettre en mot et en scène des petites choses de l’invisible… « Oui, si on pense en terme d’expérience, le théâtre permet plein de réactions chimiques mystérieuses. « Oui, si on pense en terme d’expérience, le théâtre permet plein de réactions chimiques mystérieuses. J’aime bien les essayer, les étudier, sans jamais les comprendre absolument. Si on superpose telle image et « Oui, si on pense en terme d’expérience, le théâtre permet plein de réactions chimiques mystérieuses. J’aime bien les essayer, les étudier, sans jamais les comprendre absolument. Si on superpose telle image et telle musique, tel et tel propos, une réaction se fait, forte et indicible. J’aime faire parler le silence, faire J’aime bien les essayer, les étudier, sans jamais les comprendre absolument. Si on superpose telle image et telle musique, tel et tel propos, une réaction se fait, forte et indicible. J’aime faire parler le silence, faire qu’il soit parfois plus loquace que lorsque l’acteur parle. Et puis le rapport au public est dur parfois, très telle musique, tel et tel propos, une réaction se fait, forte et indicible. J’aime faire parler le silence, faire qu’il soit parfois plus loquace que lorsque l’acteur parle. Et puis le rapport au public est dur parfois, très dur, mais aussi insaisissable, multiple et secret. Les vraies réactions chimiques ce sont celles­là, celles qui qu’il soit parfois plus loquace que lorsque l’acteur parle. Et puis le rapport au public est dur parfois, très dur, mais aussi insaisissable, multiple et secret. Les vraies réactions chimiques ce sont celles­là, celles qui se déroulent à l’intérieur les spectateurs, corps ou tête ou les deux, pendant le temps de la représentation dur, mais aussi insaisissable, multiple et secret. Les vraies réactions chimiques ce sont celles­là, celles qui se déroulent à l’intérieur les spectateurs, corps ou tête ou les deux, pendant le temps de la représentation ou après, une fois sorti de la salle, ou bien après encore, et on ne saura jamais vraiment ce qui s’y passe. se déroulent à l’intérieur les spectateurs, corps ou tête ou les deux, pendant le temps de la représentation ou après, une fois sorti de la salle, ou bien après encore, et on ne saura jamais vraiment ce qui s’y passe. ou après, une fois sorti de la salle, ou bien après encore, et on ne saura jamais vraiment ce qui s’y passe. 16 Une dernière question concernant votre écriture de textes et de mises en situation. Est­ce une Mouvement.net Magazine culturel interdisciplinaire Le 26 octobre 2016 De Moïra Dalant URL : http://www.mouvement.net/teteatete/entretiens/recherche-dinconfort « Au sein de ma compagnie, j’ai commencé par monter des textes que j’écrivais intégralement. L’expérience d’écriture, j’aime la mener seul. Cette solitude a du sens : j’écris de ma propre décision, sans demander à personne, sans être dépendant de quelqu’un d’autre. Et, seul, je peux aller loin. Il n’y a que moi­même pour m’interrompre. Ce moment ménagé pour l’écoute de soi, j’y tiens beaucoup. Mais c’est insuffisant et j’ai aussi besoin des autres. L’autre permet d’aller à la rencontre d’une contradiction. Au début on défend ce qui nous appartient, notre « œuvre », de manière un peu butée. Et au fil des années j’ai appris à aimer le fait d’être contredit, de devoir remettre en question l’écrit par le regard d’un autre, en la personne de l’acteur par exemple. C’est par là que je suis venu à l’écriture de plateau. Avec Quatuor violence, mon envie était de faire théâtre de ma rencontre avec les acteurs, nos désirs mis en commun, et non pas d’imposer mon propre désir par le biais d’un texte. Dans la prochaine création, Notre foyer, je travaille à conjuguer ces deux formes d’écriture. C’est passionnant. 1. Il s’agissait de monter un des textes du Québécois Guillaume Corbeil, le choix de Florian Pautasso s’est fixé sur Tu iras la chercher. > Les plans de notre foyer, performance autour de la future création Notre foyer a été présentée le 20 octobre à Paris (Zoa) > Tu iras la chercher, (texte de Guillaume Corbeil), les 28 et 29 octobre à L’usine C, Montréal, Canada (Actoral) > Une maquette de Notre foyer, les 9 et 10 novembre au JTN, Paris (Fragment(s)) > La création du spectacle Notre foyer aura lieu en avril 2018 aux Subsistances, Lyon 17 Revue Jeu Revue québécoise Le 26 octobre 2016 De Christian St Pierre URL : http://revuejeu.org/2016/10/26/hubert-colas-memoire-fantome/ Hubert Colas : mémoire fantôme PAR CHRIST IAN SAINT­ PIERRE CO MMENTAIRES Hubert Colas : mémoire fantôme 26 O CTO BRE 2016 PAR CHRIST IAN SAINT­ PIERRE CO MMENTAIRES 0 0 26 O CTO BRE 2016 À l’occasion du festival Actoral, qui se déroule à l’Usine C du 25 octobre au 5 novembre, Hubert Colas présente Texte M, un spectacle créé à Toulouse en 2015. On y découvre un homme qui a retrouvé la liberté, mais qui est hanté par le souvenir de son asservissement. On dit que le solo vertigineux écrit et À l’occasion du festival Actoral, qui se déroule à l’Usine C du 25 octobre au 5 novembre, Hubert Colas interprété par Colas « nous fait pénétrer à l’intérieur d’un esprit qui, malgré ses peurs et ses présente Texte M, un spectacle créé à Toulouse en 2015. On y découvre un homme qui a retrouvé la hallucinations, finit par s’ouvrir à l’Autre ». liberté, mais qui est hanté par le souvenir de son asservissement. On dit que le solo vertigineux écrit et interprété par Colas « nous fait pénétrer à l’intérieur d’un esprit qui, malgré ses peurs et ses hallucinations, finit par s’ouvrir à l’Autre ». Dans quel contexte Texte M a t­il été écrit et créé en 2015 ? La pièce a été écrite en réponse à une commande pour Dans quel contexte Texte M a t­il été écrit la commémoration de l’abolition de l’esclavage, lancée et créé en 2015 ? par un artiste, Moïse Touré, sensible à mon propre La pièce a été écrite en réponse à une commande pour parcours. J’ai des origines guyanaises et je suis la commémoration de l’abolition de l’esclavage, lancée descendant d’esclaves, pour une partie de ma famille. par un artiste, Moïse Touré, sensible à mon propre Je suis un mélange de cultures, mon grand­père est Hervé Bellamy parcours. J’ai des origines guyanaises et je suis algérien, ma mère est métisse. Le fait d’avoir vécu mon descendant d’esclaves, pour une partie de ma famille. enfance avec des images différentes, le fait de savoir Je suis un mélange de cultures, mon grand­père est Hervé Bellamy que dans ma famille il y a eu des esclaves m’a porté vers une écoute et un regard différents. Cette pratique 18 algérien, ma mère est métisse. Le fait d’avoir vécu mon liée aux écritures et à l’imaginaire fait qu’il y a quelque chose chez moi qui entend les problématiques du enfance avec des images différentes, le fait de savoir et créé en 2015 ? La pièce a été écrite en réponse à une commande pour Revue Jeu la commémoration de l’abolition de l’esclavage, lancée par un artiste, Moïse Touré, sensible à mon propre Revue québécoise Le 26 octobre 2016 parcours. J’ai des origines guyanaises et je suis De Christian St Pierre descendant d’esclaves, pour une partie de ma famille. URL : http://revuejeu.org/2016/10/26/hubert-colas-memoire-fantome/ Hervé Bellamy Je suis un mélange de cultures, mon grand­père est algérien, ma mère est métisse. Le fait d’avoir vécu mon enfance avec des images différentes, le fait de savoir que dans ma famille il y a eu des esclaves m’a porté vers une écoute et un regard différents. Cette pratique racisme. Quand on parle, quand on écrit, quand on vit, nous ne nous exprimons pas seulement avec notre liée aux écritures et à l’imaginaire fait qu’il y a quelque chose chez moi qui entend les problématiques du racisme. Quand on parle, quand on écrit, quand on vit, nous ne nous exprimons pas seulement avec notre corps présent, avec lequel nous vivons depuis notre naissance, mais aussi avec un corps passé, que nous racisme. Quand on parle, quand on écrit, quand on vit, nous ne nous exprimons pas seulement avec notre corps présent, avec lequel nous vivons depuis notre naissance, mais aussi avec un corps passé, que nous héritons de nos parents et arrière­grands­parents, toute une mémoire enfouie, cachée, prête à resurgir. Cette corps présent, avec lequel nous vivons depuis notre naissance, mais aussi avec un corps passé, que nous héritons de nos parents et arrière­grands­parents, toute une mémoire enfouie, cachée, prête à resurgir. Cette mémoire fantôme agit pour moi en tant qu’artiste, elle est active dans mes projets, charrie des peurs héritons de nos parents et arrière­grands­parents, toute une mémoire enfouie, cachée, prête à resurgir. Cette mémoire fantôme agit pour moi en tant qu’artiste, elle est active dans mes projets, charrie des peurs ancestrales, physiques, elle crée du trouble, de l’écrit et du regard. mémoire fantôme agit pour moi en tant qu’artiste, elle est active dans mes projets, charrie des peurs ancestrales, physiques, elle crée du trouble, de l’écrit et du regard. ancestrales, physiques, elle crée du trouble, de l’écrit et du regard. Qu’est­ce qui vous a inspiré ce monologue ? De quels enfermements est­il Qu’est­ce qui vous a inspiré ce monologue ? De quels enfermements est­il question ? Qu’est­ce qui vous a inspiré ce monologue ? De quels enfermements est­il question ? question ? Ce texte ne raconte pas effectivement la fin de l’esclavagisme, mais pose la question de savoir ce qu’est un Ce texte ne raconte pas effectivement la fin de l’esclavagisme, mais pose la question de savoir ce qu’est un être qui se retrouve en liberté, alors que son passé est agi par des forces plus sombres, plus obscures. Si on ne Ce texte ne raconte pas effectivement la fin de l’esclavagisme, mais pose la question de savoir ce qu’est un être qui se retrouve en liberté, alors que son passé est agi par des forces plus sombres, plus obscures. Si on ne lui a pas appris à être libre, qu’est ce que cela provoque dans un corps ? Il y va, non pas du plaisir, mais de être qui se retrouve en liberté, alors que son passé est agi par des forces plus sombres, plus obscures. Si on ne lui a pas appris à être libre, qu’est ce que cela provoque dans un corps ? Il y va, non pas du plaisir, mais de l’angoisse de la liberté. Tenter d’être en société et dans une société qui l’a rejeté devient une nouvelle forme lui a pas appris à être libre, qu’est ce que cela provoque dans un corps ? Il y va, non pas du plaisir, mais de l’angoisse de la liberté. Tenter d’être en société et dans une société qui l’a rejeté devient une nouvelle forme d’enfermement. l’angoisse de la liberté. Tenter d’être en société et dans une société qui l’a rejeté devient une nouvelle forme d’enfermement. d’enfermement. Pourquoi avoir choisi de jouer vous­ Pourquoi avoir choisi de jouer vous­ même ce texte ? Pourquoi avoir choisi de jouer vous­ même ce texte ? même ce texte ? Sans que ce soit auto­biographique, l’histoire de Texte Sans que ce soit auto­biographique, l’histoire de Texte Mrésonnait en moi. Retrouver la place de l’acteur, en Sans que ce soit auto­biographique, l’histoire de Texte Mrésonnait en moi. Retrouver la place de l’acteur, en tant que metteur en scène, permet de mieux Mrésonnait en moi. Retrouver la place de l’acteur, en tant que metteur en scène, permet de mieux comprendre sur le plateau des choses qu’on a parfois tant que metteur en scène, permet de mieux comprendre sur le plateau des choses qu’on a parfois tendance à oublier. Il était important pour moi de comprendre sur le plateau des choses qu’on a parfois tendance à oublier. Il était important pour moi de revivre cette expérience et de pouvoir en témoigner tendance à oublier. Il était important pour moi de revivre cette expérience et de pouvoir en témoigner auprès de mes compagnons, de comprendre comment revivre cette expérience et de pouvoir en témoigner auprès de mes compagnons, de comprendre comment dire très peu des choses à un acteur qui lui ouvrent auprès de mes compagnons, de comprendre comment dire très peu des choses à un acteur qui lui ouvrent néanmoins un paysage. dire très peu des choses à un acteur qui lui ouvrent néanmoins un paysage. néanmoins un paysage. Hervé Bellamy Hervé Bellamy Hervé Bellamy Comment le spectacle est­il reçu ? Qu’est­ce qu’il déclenche ? Comment le spectacle est­il reçu ? Qu’est­ce qu’il déclenche ? Comment le spectacle est­il reçu ? Qu’est­ce qu’il déclenche ? Texte M est encore tout frais : nous l’avons joué seulement deux fois pour l’instant. La pièce commence à Texte M est encore tout frais : nous l’avons joué seulement deux fois pour l’instant. La pièce commence à trouver le chemin de sa liberté, les spectateurs ont entendu cette forme d’humour paradoxale qu’a ce texte. Texte M est encore tout frais : nous l’avons joué seulement deux fois pour l’instant. La pièce commence à trouver le chemin de sa liberté, les spectateurs ont entendu cette forme d’humour paradoxale qu’a ce texte. Dans l’errance de cette personne il y a toujours une distance humoristique avec cette souffrance d’être libre. trouver le chemin de sa liberté, les spectateurs ont entendu cette forme d’humour paradoxale qu’a ce texte. Dans l’errance de cette personne il y a toujours une distance humoristique avec cette souffrance d’être libre. Dans l’errance de cette personne il y a toujours une distance humoristique avec cette souffrance d’être libre. Propos recueillis par Smaranda Olcèse. Propos recueillis par Smaranda Olcèse. Propos recueillis par Smaranda Olcèse. Texte M 19 Lepetitjournal.com Site francophone Le 26 octobre 2016 URL : http://www.lepetitjournal.com/montreal/montreal/breves/ 261251-delicat-pulse-serie-de-performances-a-la-fonderie-darling DELICAT PULSE – Série de performances à la Fonderie Darling La Fonderie Darling organise une série de performances en lien avec l’exposition Délicat Pulse de Julie Favreau, qui sera présentée dans la grande salle de La Fonderie Darling jusqu’au 27 novembre 2016. L’exposition de Julie Favreau, est composée de sculptures, d’une vidéo projetée sur grand écran et d’une série de photographies. L’artiste utilise des arts visuels, de la chorégraphie, du cinéma, de la performance et de la dramaturgie. Délicat Pulse devient aussi un terrain de jeu investi par Volmir Cordeiro, Adva Zakai, et Emily Wardill, trois performeurs invités par Julie Favreau. Trois soirées de performances seront présentées, à 18h, le 27 octobre, 4 novembre, et 24 novembre. Une table ronde aura lieu le 27 octobre de 12h30 à 14h au Café de l’Usine C, dans le cadre du Festival Actoral, dont Julie Favreau est marraine depuis l’édition 2016. (www.lepetitjournal.com/montreal), mercredi 26 octobre 2016 Pour plus d'informations: La Fonderie Darling Adresse: 745 rue Ottawa Montréal, QC, H3C 1R8 20 Montreal157 un blogue de ServicesMontreal.com Le 26 octobre 2016 URL : http://montreal157.blogspot.fr/2016/10/autour-de-delicat-pulse-de-julie-favreau.html AUTOUR DE DÉLICAT PULSE DE JULIE FAVREAU AUTOUR DE DÉLICAT PULSE DE JULIE FAVREAU Jeudi 27 OCTOBRE 2016, 18h Jeudi 27 OCTOBRE 2016, 18h Vendredi 4 NOVEMBRE 2016, 18h Vendredi 4 NOVEMBRE 2016, 18h Jeudi 24 NOVEMBRE 2016, 18h Jeudi 24 NOVEMBRE 2016, 18h Performances à la Fonderie Darling La Fonderie Darling vous convie à une série de performances ainsi qu’à une table ronde, en lien avec l’exposition Délicat Pulse de Julie Favreau. La Fonderie Darling vous convie à une série de performances ainsi qu’à une table Jeudi 27 octobre, 18h ronde, en lien avec l’exposition Délicat Pulse de Julie Favreau. Doux, Julie Favreau + Anne Thériault Présentée dans la grande salle de La Fonderie Darling jusqu’au 27 novembre 2016, l’exposition Délicat Pulse de Julie Favreau est composée de sculptures, Performance inédite, Adva Zakai d’une vidéo projetée sur grand écran et d’un corpus de photographies, l’artiste Programme double Présentée dans la grande salle de La Fonderie Darling jusqu’au 27 novembre s’intéressant à la charge évocatrice et symbolique qu’un geste peut révéler par Au travers du corpus d'œuvres qui forme l'exposition Délicat Pulse, Julie Favreau l’interaction avec un objet. 2016, l’exposition Délicat Pulse de Julie Favreau est composée de sculptures, questionne les limites des corps et des objets, joue avec les ombres et les non­ dits, révèle la puissance de l’intime dans notre rapport à nous­mêmes, à l’espace d’une vidéo projetée sur grand écran et d’un corpus de photographies, l’artiste La pratique de l'artiste se situant à la croisée des arts visuels, de la chorégraphie, et aux autres. Écrite en collaboration avec Anne Thériault, la performance Doux s’intéressant à la charge évocatrice et symbolique qu’un geste peut révéler par du cinéma, de la performance et de la dramaturgie, Délicat Pulse devient ainsi un prend comme points de départ l'érotisme, les sens et la matière. terrain de jeu investi par Volmir Cordeiro, Adva Zakai et Emily Wardill, trois l’interaction avec un objet. performeurs invités par Julie Favreau et la commissaire Marie Frampier à Adva Zakaï, chorégraphe, performeuse et commissaire, explore différents champs dialoguer avec l’installation et les œuvres de l’artiste montréalaise. de la performance. Au travers d’un dialogue constant entre le corps et le langage, La pratique de l'artiste se situant à la croisée des arts visuels, de la chorégraphie, elle interroge les notions d’expérience et de performance dans le cadre Trois soirées de performances seront présentées à la Fonderie Darling à 18h, le d’expositions soumises à des modes participatifs et des dispositifs scéniques. du cinéma, de la performance et de la dramaturgie, Délicat Pulse devient ainsi un 27 octobre (Julie Favreau avec Anne Thériault ; Adva Zakai), le 4 novembre Invitée par l'artiste et la commissaire, Zakaï révèlera et déstabilisera l’espace (Volmir Cordeiro) et le 24 novembre (Emily Wardill). Une table ronde aura terrain de jeu investi par Volmir Cordeiro, Adva Zakai et Emily Wardill, trois d'exposition et le travail de Julie Favreau lors d'une performance caractérisée par également lieu le 27 octobre de midi 30 à 14h au Café de L’Usine C, dans le l’humour et la simplicité propre à son travail. performeurs invités par Julie Favreau et la commissaire Marie Frampier à cadre du Festival Actoral pour lequel Julie Favreau est la marraine de l’édition dialoguer avec l’installation et les œuvres de l’artiste montréalaise. 2016. Jeudi 4 novembre, 18h Ciel, Volmir Cordeiro Table­Ronde au Café de L’Usine C Volmir Cordeiro présente Ciel (2012), le premier solo qu'il signe en tant qu'auteur. Trois soirées de performances seront présentées à la Fonderie Darling à 18h, le Jeudi 27 octobre, 12h30 à 14h (Restauration sur place) Cordeiro cherche à y éprouver les solitudes de celles et ceux que la vie a Points de rencontre : arts visuels et arts vivants 27 octobre (Julie Favreau avec Anne Thériault ; Adva Zakai), le 4 novembre condamné à affaiblir, disparaître, dérailler. Ses recherches portent sur les (Volmir Cordeiro) et le 24 novembre (Emily Wardill). Une table ronde aura représentations des marginaux. Organisée dans le cadre de l’exposition Délicat Pulse, en partenariat avec les également lieu le 27 octobre de midi 30 à 14h au Café de L’Usine C, dans le conférences ICI de l’École des arts visuels et médiatiques de l’UQAM, l’Usine C et Jeudi 24 novembre, 18h le festival Actoral cadre du Festival Actoral pour lequel Julie Favreau est la marraine de l’édition Performance inédite, Emily Wardell Au travers d’objets, de films et de vidéos, Emily Wardill convoque des 2016. Les artistes discuteront de projets récents mettant en exergue leurs pratiques personnages charismatiques et crée des narrations basées sur l’illusion, les jeux interdisciplinaires mêlant les langages de la chorégraphie, du théâtre, des arts de miroir, l’hypnose, le double. La théâtralité est omniprésente, au travers des visuels et de l’écriture. Table­Ronde au Café de L’Usine C décors, des costumes et des dialogues. Wardill entrera en dialogue avec l’exposition de Julie Favreau pour faire ressortir les liens entre sa démarche et celle de l’artiste montréalaise. Jeudi 27 octobre, 12h30 à 14h (Restauration sur place) Intervenants : Emma Waltraud Howes, Hanna Sybille Muller, Adva Zakai, Julie Favreau et Anne Thériault Points de rencontre : arts visuels et arts vivants Modératrice : Manon De Pauw Organisée dans le cadre de l’exposition Délicat Pulse, en partenariat avec les conférences ICI de l’École des arts visuels et médiatiques de l’UQAM, l’Usine C et le festival Actoral Les artistes discuteront de projets récents mettant en exergue leurs pratiques interdisciplinaires mêlant les langages de la chorégraphie, du théâtre, des arts visuels et de l’écriture. Intervenants : Emma Waltraud Howes, Hanna Sybille Muller, Adva Zakai, Julie Favreau et Anne Thériault Modératrice : Manon De Pauw Performances à la Fonderie Darling 21 Le Devoir Quotidien montréalais Le 27 octobre 2016 Par Catherine Lalonde URL : http://www.ledevoir.com/culture/danse/483138/consentement ARTS VIVANTS «Est­ce que je peux vous toucher?» Apprendre à lire les faux oui et les vrais non que génère cette question pas si simple, avec le chorégraphe Lorenzo De Angelis 27 octobre 2016 | Catherine Lalonde | Danse Photo: Guillaume Levasseur Le Devoir La danseuse Maya Milet interprète la chorégraphie «Haltérophilie», créée par Lorenzo De Angelis. « Est­ce que je peux vous toucher ? » demandait en début de semaine à l’Usine C le chorégraphe et danseur Lorenzo De Angelis à certains des dix spectateurs assis en cercle autour de lui. L’un d’eux a longuement hésité, mi­figue mi­raisin. Un autre a répondu un franc oui, prêt à s’engager sur ce ring où l’artiste, avec sa performance Haltérophile, tentait de mouvoir, dans tous les sens du terme, le public. Un troisième, un homme, a dit oui, alors que tout son corps, bras croisés, front baissé, criait l’inverse. Réflexion sur le consentement et ses complexités avec un artiste qui a inclus cette notion dans son travail. Il y a dans votre performance, où vous dansez tour à tour pour une personne à la fois et où vous invitez les spectateurs à agir avec vous, une part importante laissée au consentement, au libre arbitre, au choix que fera le spectateur, non ? Je ne l’avais jamais nommé, mais c’est vrai que c’est une grosse part du travail. Je travaille plus directement sur le partage et le don, l’idée étant de jouer pour une personne à la fois, et encore plus, de jouer la personne. D’être à la hauteur de ce qui se joue là, réellement, dans cette rencontre. Et pour ça, il me faut arriver à être le plus ouvert et le plus patient possible, et attendre, vraiment, les réponses qu’on va me faire. Comment approchez­vous le spectateur ? Comment allez­vous le chercher ? 22 Réflexion sur le consentement et ses complexités avec un artiste qui a inclus cette notion dans son travail. Il y a dans votre performance, où vous dansez tour à tour pour une personne à la fois et où vous invitez les spectateurs à agir avec vous, une part importante laissée au consentement, au Le Devoir libre arbitre, au choix que fera le spectateur, non ? Quotidien montréalais Le 27 octobre 2016 Je ne l’avais jamais nommé, mais c’est vrai que c’est une grosse part du travail. Je travaille plus Par Catherine Lalonde directement sur le partage et le don, l’idée étant de jouer pour une personne à la fois, et encore plus, de URL : http://www.ledevoir.com/culture/danse/483138/consentement jouer la personne. D’être à la hauteur de ce qui se joue là, réellement, dans cette rencontre. Et pour ça, il me faut arriver à être le plus ouvert et le plus patient possible, et attendre, vraiment, les réponses qu’on va me faire. Comment approchez­vous le spectateur ? Comment allez­vous le chercher ? Par un mélange de tact et de délicatesse, mais aussi de surprise. Car il s’agit de déjouer l’approche sociale qui fait que notre cerveau va paramétrer la rencontre très vite et trouver alors une solution facile et connue. Il s’agit de ne pas prendre à partie le spectateur, de ne pas le prendre en otage, de ne pas forcer quoi que ce soit et de respecter les messages que je reçois et que j’interprète forcément. Je vérifie chaque fois si on comprend bien la même chose, lui et moi ; si on ne comprend pas, je vérifie qu’on est bien deux à ne pas comprendre, et c’est déjà une chose partagée. Je ne veux jamais aller plus loin que ce qu’il m’autorise, et je l’invite à être responsable de son rôle : s’il dit non, je considère qu’il n’en veut pas ; s’il dit qu’il en veut moins ou plus, il s’engage. Il est responsable de ce qu’il va recevoir, et j’aime cette responsabilité partagée. Comment interprétez­vous les faux oui et les faux non, et ces moments où le corps semble dédire les mots ? Une réponse mitigée est une belle chose, et j’ai envie de laisser exister ça, et le doute, le malaise, et qu’on accepte d’être dans le malaise. Ça me semble important de pouvoir aborder la richesse comportementale. Ce n’est pas parce qu’on veut quelque chose qu’on doit l’obtenir tout de suite ; ce n’est pas parce que quelqu’un accepte que je le touche que je dois le toucher. Laisser exister cette histoire en puissance, c’est parfois beaucoup plus fort que de le faire de façon basique. Mais si je sens un malaise, je transforme tout de suite. J’arrête. Ou je pose réellement la question à la personne : « Est­ce que ça va ? On continue ? Tu as envie d’autre chose ? » On est dans une société qui nous pousse à dire « Oui ! Cool ! Yes ! J’fais ci, j’fais ça » et où les « Je ne fais pas ça », « Je suis prudent », « J’hésite », « Je ne fais pas de mal » sont moins valorisés. Mais ce sont aussi de belles choses, qu’il faut savoir respecter. Est­ce à dire qu’il est socialement plus valorisé de dire oui que non ? On est dans une société qui nous force un peu à l’abnégation, où on nous apprend de plus en plus à supporter des choses malgré nous. Et qui nous encourage de moins en moins à sublimer ; on nous vend plutôt du plaisir, du profit et de la jouissance immédiate, tout le temps. Ce que j’apprends aux danseurs qui doivent me remplacer, c’est que même si le spectateur dit oui, on peut faire autre chose. Il y a toute une richesse de comportements possibles, tellement de façons de poursuivre la relation, tellement de choses à inventer… Je crois que l’art et la créativité ont un rôle à jouer, qu’ils permettent de revitaliser une créativité des comportements pour réenrichir une relation au monde, aux autres et à soi. Et cette relation à soi est importante : si on n’est pas capable d’inventer autre chose que les désirs qu’on nous vend, effectivement on va toujours être dans un échec blessant qui risque de nous pousser à une prise de pouvoir excessive. L’imagination pourrait donc être une clé ? Totalement. Il y a d’autres possibilités. Si on doit parler de sexualité et de jouissance, il y a potentiellement une richesse de plaisirs sensuels et relationnels en dehors de ce qu’on nous vend de très basique, qu’on nous dit censé être un rapport sexuel satisfaisant. Il y a tant d’autres choses à vivre. Mais pour ça, il faut être créatif, être attentif à soi­même et à ce qu’on trouve dans les angles morts de ce que nous propose une société qui a besoin de normer des comportements pour vendre plus facilement. Comment inviter quelqu’un à être plus créatif ? J’utilise beaucoup le silence et l’immobilité. Juste en regardant une personne, sans rien faire. Le cerveau étant une machine à créer du sens, à le générer et à le dégénérer jusqu’à ce qu’il soit satisfait, rien que par cet acte de ne pas faire, on le rend créatif. On est alors obligé d’inventer autre chose. Haltérophile était présentée dans le cadre du festival Actoral. 23 Mat.TV Félix­Antoine Boutin magique, pas logique Site québécois Le 27 octobre 2016 Félix­Antoine Boutin magique, pas logique Par Sébastien Bouthillier BY SEBASTIEN BOUTHILLIER · OCT 27, 2016 URL : http://www.mattv.ca/fab/ BY SEBASTIEN BOUTHILLIER · OCT 27, 2016 Petit guide pour disparaître doucementau festival Actoral Petit guide pour disparaître doucementau festival Actoral © Félix­Antoine Boutin Par Sébastien Bouthillier © Félix­Antoine Boutin Félix­Antoine Boutin fabule un monde enchanté où poésie, bricolage et origami le remplacent sur scène Par Sébastien Bouthillier quand il disparaît. Dans son spectacle présenté au festival Actoral, Petit guide pour disparaître Félix­Antoine Boutin fabule un monde enchanté où poésie, bricolage et origami le remplacent sur scène doucement, le jeune homme allie l’introspection psychanalytique à la philosophie existentielle. En entrevue à quand il disparaît. Dans son spectacle présenté au festival Actoral, Petit guide pour disparaître MatTv, le prolifique créateur de 27 ans se dévoile à l’aube du festival consacré à l’exploration et aux œuvres doucement, le jeune homme allie l’introspection psychanalytique à la philosophie existentielle. En entrevue à en chantier en danse, théâtre et littérature jusqu’au 5 novembre à l’Usine C. MatTv, le prolifique créateur de 27 ans se dévoile à l’aube du festival consacré à l’exploration et aux œuvres Une question a déclenché la création de ton spectacle… en chantier en danse, théâtre et littérature jusqu’au 5 novembre à l’Usine C. Oui, comment disparaître sur scène? J’ai ouvert plusieurs horizons en partant de cette simple question. À la Une question a déclenché la création de ton spectacle… manière d’un scientifique, j’ai exploré des hypothèses, testé une foule de trucs et développé du matériel durant Oui, comment disparaître sur scène? J’ai ouvert plusieurs horizons en partant de cette simple question. À la deux ans sur le thème de la disparition. manière d’un scientifique, j’ai exploré des hypothèses, testé une foule de trucs et développé du matériel durant Comment y réponds­tu? deux ans sur le thème de la disparition. Par la poésie parce qu’elle permet de laisser de côté l’ego, de mieux se comprendre comme être humain. La Comment y réponds­tu? société impose qu’on se définisse tôt dans la vie, notamment quant au choix de carrière dès l’école Par la poésie parce qu’elle permet de laisser de côté l’ego, de mieux se comprendre comme être humain. La secondaire. Pourtant, je ne me comprends pas tellement et je trouve que c’est bien, une occasion pour me société impose qu’on se définisse tôt dans la vie, notamment quant au choix de carrière dès l’école questionner. secondaire. Pourtant, je ne me comprends pas tellement et je trouve que c’est bien, une occasion pour me questionner. 24 Dans mon spectacle, en plus de la poésie textuelle, je crée des images porteuses de sens. Mon idée consiste à proposer un univers de réflexion où je soulève des questions sans rien affirmer. Par l’émerveillement, j’espère que le public s’appropriera ma réflexion. Le théâtre est un espace de magie exceptionnel où la Mat.TV capacité du public à se laisser surprendre dépasse celui d’autres médias. Site québécois Le 27 octobre 2016 Au quotidien, qui es­tu? Par Sébastien Bouthillier (Éclats de rire) Hors de mon rôle, je pense aussi en métaphores au jour le jour! Je commence à moins URL : http://www.mattv.ca/fab/ prendre en pleine figure les choses… Rassurez­vous, je suis heureux et j’ai des amis! Il y en a un qui a craint que je me suicide quand j’ai parlé de disparaître, mais ma disparition n’a rien à voir avec la mort. D’ailleurs, je démantèle l’aura négative entourant la disparition, car de l’effacement de soi émane l’altruisme, des pensées Te considères­tu trop sensible? plus grandes et un souci de la collectivité. Oui, je suis sensible : je réagis fortement aux situations. À mes yeux, c’est positif même si passer à travers la vie me semble parfois lourd. Malheureusement, je déplore qu’il faut le cacher dans notre monde d’efficacité, alors que la base de mon métier consiste à ressentir. Quel lien tires­tu entre sensibilité, enchantement et magie dans Petit guide pour disparaître doucement ? Ah! La poésie est mon cheval de bataille! Je crois au pouvoir de la poésie car, grâce à elle, en ne posant pas de jugement définitif sur les choses concrètes, je parviens à mieux percevoir une réalité plus juste, nuancée et ouverte à l’interprétation. Dans mon spectacle, en plus de la poésie textuelle, je crée des images porteuses de sens. Mon idée consiste à proposer un univers de réflexion où je soulève des questions sans rien affirmer. Par l’émerveillement, j’espère que le public s’appropriera ma réflexion. Le théâtre est un espace de magie exceptionnel où la capacité du public à se laisser surprendre dépasse celui d’autres médias. Au quotidien, qui es­tu? (Éclats de rire) Hors de mon rôle, je pense aussi en métaphores au jour le jour! Je commence à moins prendre en pleine figure les choses… Rassurez­vous, je suis heureux et j’ai des amis! Il y en a un qui a craint que je me suicide quand j’ai parlé de disparaître, mais ma disparition n’a rien à voir avec la mort. D’ailleurs, je démantèle l’aura négative entourant la disparition, car de l’effacement de soi émane l’altruisme, des pensées plus grandes et un souci de la collectivité. © Odile Gamache et Félix­Antoine Boutin Que fabrique­tu, Félix­Antoine Boutin? Depuis mes débuts, j’incorpore l’artisanat dans mes pièces parce que le travail de la matière est un travail sensible qui m’approche de moi­même. Le geste de construire un objet sur scène, je le trouve chaleureux. Dans Petit guide pour disparaître doucement, il y a des moments de bricolage. Mais que deviens­tu après ta disparition? Le spectacle commence avec des gestes concrets que je pose sur scène, puis d’autres choses me remplacent au fur et à mesure que je disparais. Mais c’est choses­là disparaissent à leur tour… Ce qui advient ensuite est de l’ordre de l’ouverture. Et si nous comparons avec Animal mort, ton précédent spectacle… Dans ce spectacle­là, les personnages se transformaient pour devenir une autre chose. Maintenant, mon personnage s’efface pour que vivent de plus en plus de choses. Le phénomène devient exponentiel. À qui t’adresses­tu? Au plus de gens que possible. Les adultes s’y retrouveront puisque j’évoque des thèmes universels, les expériences marquantes, le deuil, les épreuves à surmonter, la relation avec les autres… Et comme je vois le monde à partir de mon vécu de jeune homme de 27 ans, ma génération risque de s’y retrouver aussi. À © Odile Gamache et Félix­Antoine Boutin 25 Marseille, la pièce figure au parcours des lycéens et les images interpellent autant ce public. au fur et à mesure que je disparais. Mais c’est choses­là disparaissent à leur tour… Ce qui advient ensuite Le spectacle commence avec des gestes concrets que je pose sur scène, puis d’autres choses me remplacent est de l’ordre de l’ouverture. Mais que deviens­tu après ta disparition? au fur et à mesure que je disparais. Mais c’est choses­là disparaissent à leur tour… Ce qui advient ensuite Et si nous comparons avec Animal mort, ton précédent spectacle… Le spectacle commence avec des gestes concrets que je pose sur scène, puis d’autres choses me remplacent est de l’ordre de l’ouverture. au fur et à mesure que je disparais. Mais c’est choses­là disparaissent à leur tour… Ce qui advient ensuite Et si nous comparons avec Animal mort, ton précédent spectacle… est de l’ordre de l’ouverture. au fur et à mesure que je disparais. Mais c’est choses­là disparaissent à leur tour… Ce qui advient ensuite Et si nous comparons avec Animal mort, ton précédent spectacle… Le spectacle commence avec des gestes concrets que je pose sur scène, puis d’autres choses me remplacent est de l’ordre de l’ouverture. Dans ce spectacle­là, les personnages se transformaient pour devenir une autre chose. Maintenant, mon Et si nous comparons avec Animal mort, ton précédent spectacle… est de l’ordre de l’ouverture. Dans ce spectacle­là, les personnages se transformaient pour devenir une autre chose. Maintenant, mon au fur et à mesure que je disparais. Mais c’est choses­là disparaissent à leur tour… Ce qui advient ensuite Et si nous comparons avec Animal mort, ton précédent spectacle… personnage s’efface p our que vivent de plus en plus de choses. Le phénomène devient exponentiel. Dans ce spectacle­là, our que vivent de plus en plus de choses. Le phénomène devient exponentiel. les personnages se transformaient pour devenir une autre chose. Maintenant, mon Site québécois Et si nous comparons avec Animal mort, ton précédent spectacle… personnage s’efface p Dans ce spectacle­là, les personnages se transformaient pour devenir une autre chose. Maintenant, mon est de l’ordre de l’ouverture. Et si nous comparons avec Animal mort, ton précédent spectacle… personnage s’efface p our que vivent de plus en plus de choses. Le phénomène devient exponentiel. Le 27 octobre 2016 Dans ce spectacle­là, les personnages se transformaient pour devenir une autre chose. Maintenant, mon À qui t’adresses­tu? personnage s’efface p our que vivent de plus en plus de choses. Le phénomène devient exponentiel. Dans ce spectacle­là, les personnages se transformaient pour devenir une autre chose. Maintenant, mon À qui t’adresses­tu? Par Sébastien Bouthillier Et si nous comparons avec Animal mort, ton précédent spectacle… personnage s’efface p Dans ce spectacle­là, our que vivent de plus en plus de choses. Le phénomène devient exponentiel. les personnages se transformaient pour devenir une autre chose. Maintenant, mon À qui t’adresses­tu? personnage s’efface p Au plus de gens que our que vivent de plus en plus de choses. Le phénomène devient exponentiel. possible. Les adultes s’y retrouveront puisque j’évoque des thèmes universels, les URL : http://www.mattv.ca/fab/ À qui t’adresses­tu? personnage s’efface p our que vivent de plus en plus de choses. Le phénomène devient exponentiel. Au plus de gens que possible. Les adultes s’y retrouveront des thèmes universels, les Dans ce spectacle­là, les personnages se transformaient pour puisque devenir j’évoque une autre chose. Maintenant, mon À qui t’adresses­tu? expériences marquantes, le deuil, les épreuves à surmonter, la relation avec les autres… Et comme je vois le Au plus de gens que possible. Les adultes s’y retrouveront puisque j’évoque des thèmes universels, les À qui t’adresses­tu? expériences marquantes, le deuil, les épreuves à surmonter, la relation avec les autres… Et comme je vois le Au plus de gens que possible. Les adultes s’y retrouveront puisque j’évoque des thèmes universels, les personnage s’efface p our que vivent de plus en plus de choses. Le phénomène devient exponentiel. monde à partir de mon vécu de jeune homme de 27 ans, ma génération risque de s’y retrouver aussi. À À qui t’adresses­tu? expériences marquantes, le deuil, les épreuves à surmonter, la relation avec les autres… Et comme je vois le Au plus de gens que possible. Les adultes s’y retrouveront puisque j’évoque des thèmes universels, les monde à partir de mon vécu de jeune homme de 27 ans, ma génération risque de s’y retrouver aussi. À expériences marquantes, le deuil, les épreuves à surmonter, la relation avec les autres… Et comme je vois le Marseille, la pièce figure au parcours des lycéens et les images interpellent autant ce public. Au plus à de gens que possible. jeune Les adultes s’y retrouveront puisque j’évoque des thèmes universels, les monde partir de mon vécu de homme de 27 ans, ma génération risque de s’y retrouver aussi. À À qui t’adresses­tu? expériences marquantes, le deuil, les épreuves à surmonter, la relation avec les autres… Et comme je vois le Marseille, la pièce figure au parcours des lycéens et les images interpellent autant ce public. Au plus à de gens que possible. jeune Les adultes s’y retrouveront puisque j’évoque des thèmes universels, les monde partir de mon vécu de homme de 27 ans, ma génération risque de s’y retrouver aussi. À expériences marquantes, le deuil, les épreuves à surmonter, la relation avec les autres… Et comme je vois le Marseille, la pièce figure au parcours des lycéens et les images interpellent autant ce public. monde à partir de mon vécu de jeune homme de 27 ans, ma génération risque de s’y retrouver aussi. À Mes œuvres sont accessibles à tous sans que je nivelle par le bas. Animal mort, spectacle difficile à capter, a expériences marquantes, le deuil, les épreuves à surmonter, la relation avec les autres… Et comme je vois le Marseille, la pièce figure au parcours des lycéens et les images interpellent autant ce public. Au plus à de gens possible. Les adultes s’y retrouveront j’évoque universels, monde partir de que mon vécu de jeune homme de 27 ans, ma puisque génération risque des de thèmes s’y retrouver aussi. les À Mes œuvres sont accessibles à tous sans que je nivelle par le bas. Animal mort, spectacle difficile à capter, a Marseille, la pièce figure au parcours des lycéens et les images interpellent autant ce public. été le plus apprécié par vécu ceux de qui jeune sortaient au théâtre première fois. risque Ils s’y rendaient peut­être sans monde à partir de mon homme de 27 pour ans, la ma génération de s’y retrouver aussi. À Mes œuvres sont accessibles à tous sans que je nivelle par le bas. Animal mort, spectacle difficile à capter, a expériences marquantes, le deuil, les épreuves à surmonter, la relation avec les autres… Et comme je vois le Marseille, la pièce figure au parcours des lycéens et les images interpellent autant ce public. été le plus apprécié par ceux qui sortaient au théâtre pour la première fois. Ils s’y rendaient peut­être sans Mes œuvres sont accessibles à tous sans que je nivelle par le bas. Animal mort, spectacle difficile à capter, a convier à voir des idées préconçues. Je tends la main au public pour le créations pointues, mais qui les Marseille, la pièce figure au parcours des lycéens et les images interpellent autant ce public. été le préconçues. plus apprécié par tends ceux qui sortaient au théâtre pour la première fois. risque Ils s’y de rendaient peut­être sans monde à partir de mon vécu de jeune homme de 27 le ans, ma génération s’y retrouver aussi. À Mes œuvres sont accessibles à tous sans que je nivelle par le bas. Animal mort, spectacle difficile à capter, a convier à voir des idées Je au public pour pointues, mais qui les été le plus apprécié par ceux la qui main sortaient au théâtre pour la première fois. créations Ils s’y rendaient peut­être sans toucheront. Mes œuvres sont accessibles à tous sans que je nivelle par le bas. Animal mort, spectacle difficile à capter, a convier à voir des idées préconçues. Je tends la main au public pour le créations pointues, mais qui les Marseille, la pièce figure au parcours des lycéens et les images interpellent autant ce public. été le plus apprécié par tends ceux qui main sortaient au théâtre pour la première fois. créations Ils s’y rendaient peut­être sans toucheront. Mes œuvres sont accessibles à tous sans que je nivelle par le bas. Animal mort, spectacle difficile à capter, a convier à voir des idées Je au public pour le pointues, mais qui les été le préconçues. plus apprécié par ceux la qui sortaient au théâtre pour la première fois. Ils s’y rendaient peut­être sans toucheront. convier à voir des idées préconçues. Je tends la main au public pour le créations pointues, mais qui les Tu évoques Marseille, où as­tu créé ton spectacle? été le plus apprécié par ceux qui sortaient au théâtre pour la première fois. Ils s’y rendaient peut­être sans toucheront. Mes œuvres sont accessibles à tous sans que je nivelle par le bas. Animal mort, spectacle difficile à capter, a idées préconçues. Je tends la main au public pour le convier à voir des créations pointues, mais qui les Tu évoques Marseille, où as­tu créé ton spectacle? toucheront. idées préconçues. Je tends la main au public pour le convier à voir des créations pointues, mais qui les Tu évoques Marseille, où as­tu créé ton spectacle? été le plus apprécié par ceux qui sortaient au théâtre pour la première fois. Ils s’y rendaient peut­être sans toucheront. À Bruxelles, dans un laboratoire de recherche fondamentale, L’L, grâce à un partenariat avec Actoral. Depuis Tu évoques Marseille, où as­tu créé ton spectacle? toucheront. À Bruxelles, dans un laboratoire de recherche fondamentale, L’L, grâce à un partenariat avec Actoral. Depuis idées 2014, préconçues. Je tends la main au entre public Montréal pour le convier à voir des pointues, mais qui les Tu évoques Marseille, où as­tu créé ton spectacle? mars en alternant mensuellement et la Belgique, je créations vis ma première expérience de À Bruxelles, dans un laboratoire de recherche fondamentale, L’L, grâce à un partenariat avec Actoral. Depuis Tu évoques Marseille, où as­tu créé ton spectacle? mars 2014, en alternant mensuellement entre Montréal et la Belgique, je vis ma première expérience de À Bruxelles, dans un laboratoire de recherche fondamentale, L’L, grâce à un partenariat avec Actoral. Depuis toucheront. création en Europe. La production a débuté au printemps dernier. Elle représente la dernière phase durant Tu évoques Marseille, où as­tu créé ton spectacle? mars 2014, en alternant mensuellement entre Montréal et la Belgique, je vis ma première expérience de À Bruxelles, dans un laboratoire de recherche fondamentale, L’L, grâce à un partenariat avec Actoral. Depuis création en Europe. La production a débuté au printemps dernier. Elle représente la dernière phase durant mars 2014, en alternant mensuellement entre Montréal et la Belgique, je vis ma première expérience de laquelle j’ai assemblé les éléments du casse­tête avec les gens de confiance qui m’entourent. À Bruxelles, dans un laboratoire de recherche fondamentale, L’L, grâce à un partenariat avec Actoral. Depuis création en Europe. La production a débuté au printemps dernier. Elle représente la dernière phase durant Tu évoques Marseille, où as­tu créé ton spectacle? mars 2014, en alternant mensuellement entre Montréal et la Belgique, je vis ma première expérience de laquelle j’ai assemblé les éléments du casse­tête avec les gens de confiance qui m’entourent. À Bruxelles, dans un laboratoire de recherche fondamentale, L’L, grâce à un partenariat avec Actoral. Depuis création en Europe. La production a débuté au printemps dernier. Elle représente la dernière phase durant mars 2014, en alternant mensuellement entre Montréal et la Belgique, je vis ma première expérience de laquelle j’ai assemblé les éléments du casse­tête avec les gens de confiance qui m’entourent. création en Europe. La production a débuté au printemps dernier. Elle représente la dernière phase durant Tu te compares à un scientifique dans son laboratoire … et la Belgique, je vis ma première expérience de mars 2014, en alternant mensuellement entre Montréal laquelle j’ai assemblé les éléments du casse­tête avec les gens de confiance qui m’entourent. À Bruxelles, dans un laboratoire de recherche fondamentale, L’L, grâce à un partenariat avec Actoral. Depuis création en Europe. La production a débuté au printemps dernier. Elle représente la dernière phase durant Tu te compares à un scientifique dans son laboratoire … laquelle j’ai assemblé les éléments du casse­tête avec les gens de confiance qui m’entourent. création en Europe. La production a débuté au printemps dernier. Elle représente la dernière phase durant Tu te compares à un scientifique dans son laboratoire … et la Belgique, je vis ma première expérience de mars 2014, en alternant mensuellement entre Montréal laquelle j’ai assemblé les éléments du casse­tête avec les gens de confiance qui m’entourent. Il s’agit d’un véritable laboratoire créatif où je travaille avec des installations et de la performance. Une matière Tu te compares à un scientifique dans son laboratoire … laquelle j’ai assemblé les éléments du casse­tête avec les gens de confiance qui m’entourent. Il s’agit d’un véritable laboratoire créatif où je travaille avec des installations et de la performance. Une matière création en Europe. La production a débuté au printemps dernier. Elle représente la dernière phase durant Tu te compares à un scientifique dans son laboratoire …j’écris énormément sans fil conducteur pour dépasser textuelle riche et plutôt complexe en résulte. Comme Il s’agit d’un véritable laboratoire créatif où je travaille avec des installations et de la performance. Une matière Tu te compares à un scientifique dans son laboratoire …j’écris énormément sans fil conducteur pour dépasser textuelle riche et plutôt complexe en résulte. Comme Il s’agit d’un véritable laboratoire créatif où je travaille avec des installations et de la performance. Une matière laquelle j’ai assemblé les éléments du casse­tête avec les gens de confiance qui m’entourent. mes habitudes, explorer de nouveaux territoires et développer des images scéniques, mon défi consiste à Tu te compares à un scientifique dans son laboratoire …j’écris énormément textuelle riche et plutôt complexe en résulte. Comme sans fil conducteur pour consiste dépasser Il s’agit d’un véritable laboratoire créatif où je travaille avec des installations et de la performance. Une matière mes habitudes, explorer de nouveaux territoires et développer des images scéniques, mon défi à textuelle riche et plutôt complexe en résulte. Comme j’écris énormément sans fil conducteur pour dépasser livrer un spectacle en ne conservant que l’essentiel. Je vous propose donc de venir voir Petit guide pour Il s’agit d’un véritable laboratoire créatif où je travaille avec des installations et de la performance. Une matière mes habitudes, explorer de nouveaux territoires et développer des images scéniques, mon défi consiste à Tu te compares à un scientifique dans son laboratoire… textuelle et explorer plutôt complexe en résulte. Comme énormément sans fil venir conducteur pour dépasser livrer un riche spectacle en ne conservant que l’essentiel. j’écris Je vous propose donc de voir Petit guide pour Il s’agit d’un véritable laboratoire créatif où je travaille avec des installations et de la performance. Une matière mes habitudes, de nouveaux territoires et développer des images scéniques, mon défi consiste à disparaître doucement. textuelle et plutôt complexe en résulte. Comme j’écris énormément sans fil venir conducteur pour dépasser livrer un riche spectacle en ne conservant que l’essentiel. Je vous propose donc de voir Petit guide pour mes habitudes, explorer de nouveaux territoires et développer des images scéniques, mon défi consiste à disparaître doucement. textuelle et plutôt complexe en résulte. Comme j’écris énormément sans fil venir conducteur pour dépasser livrer un riche spectacle en ne conservant l’essentiel. Je vous propose donc de voir Petit pour Il s’agit d’un véritable laboratoire créatif où je travaille avec des installations et de la performance. Une matière mes habitudes, explorer de nouveaux que territoires et développer des images scéniques, mon défi guide consiste à disparaître doucement. livrer un spectacle en ne de conservant l’essentiel. Je vous propose donc de venir voir Petit pour __________ mes habitudes, explorer nouveaux que territoires et développer des images scéniques, mon défi guide consiste à disparaître doucement. textuelle et plutôt complexe en résulte. Comme énormément sans fil venir conducteur pour dépasser livrer un riche spectacle en ne conservant que l’essentiel. j’écris Je vous propose donc de voir Petit guide pour __________ disparaître doucement. livrer un spectacle en ne conservant que l’essentiel. Je vous propose donc de venir voir Petit guide pour __________ mes habitudes, explorer de nouveaux territoires et développer des images scéniques, mon défi consiste à disparaître doucement. Prolifique auteur et metteur en scène, Félix­Antoine Boutinaligne les pièces depuis sa graduation de l’École __________ disparaître doucement. Prolifique auteur et metteur en scène, Félix­Antoine Boutinaligne les pièces depuis sa graduation de l’École livrer un spectacle en ne conservant que l’essentiel. Je vous propose donc de venir voir Petit guide pour __________ nationale de théâtre en 2012 : Prolifique auteur et metteur en scène, Félix­Antoine Boutinaligne les pièces depuis sa graduation de l’École __________ nationale de théâtre en 2012 : Prolifique auteur et metteur en scène, Félix­Antoine Boutinaligne les pièces depuis sa graduation de l’École disparaître doucement. __________ nationale de théâtre en 2012 : Prolifique auteur et metteur en scène, Félix­Antoine Boutinaligne les pièces depuis sa graduation de l’École – Animal mort (2016) nationale de théâtre en 2012 : Prolifique auteur et metteur en scène, Félix­Antoine Boutinaligne les pièces depuis sa graduation de l’École – Animal mort (2016) __________ nationale de théâtre en 2012 : Prolifique auteur et metteur en scène, Félix­Antoine Boutinaligne les pièces depuis sa graduation de l’École – Animal mort (2016) nationale de théâtre en 2012 : – Dévoilements simples (2015) – Animal mort (2016) nationale de théâtre en 2012 : – Dévoilements simples (2015) Prolifique auteur et metteur en scène, Félix­Antoine Boutinaligne les pièces depuis sa graduation de l’École – Animal mort (2016) – Dévoilements simples (2015) – Animal mort (2016) – Koalas (2014) – Dévoilements simples (2015) nationale de théâtre en 2012 : – Animal mort (2016) – Koalas (2014) – Dévoilements simples (2015) – Koalas (2014) – Dévoilements simples (2015) – Archipel (150 haïkus avant de mourir encore) (2014) – Koalas (2014) – Animal mort (2016) – Dévoilements simples (2015) – Archipel (150 haïkus avant de mourir encore) (2014) – Koalas (2014) – Archipel (150 haïkus avant de mourir encore) (2014) – Koalas (2014) – Orphée karaoké (2014) – Archipel (150 haïkus avant de mourir encore) (2014) – Dévoilements simples (2015) – Koalas (2014) – Orphée karaoké (2014) – Archipel (150 haïkus avant de mourir encore) (2014) – Orphée karaoké (2014) – Archipel (150 haïkus avant de mourir encore) (2014) – Message personnel (2013) – Orphée karaoké (2014) – Koalas (2014) – Archipel (150 haïkus avant de mourir encore) (2014) – Message personnel (2013) – Le sacre du printemps (2013) – Orphée karaoké (2014) – Message personnel (2013) – Orphée karaoké (2014) – Message personnel (2013) – Archipel (150 haïkus avant de mourir encore) (2014) – Orphée karaoké (2014) En outre, Pierre Lapointe, Alex Nevsky, Josha, Jean­François Malo et Sophie Cadieux l’ont chacun invité – Message personnel (2013) – Message personnel (2013) – Orphée karaoké (2014) à collaborer avec eux. – Message personnel (2013) Mat.TV – Message personnel (2013) Comme interprète, Félix­Antoine Boutin a apparu au cinéma dans Chameau, lion, enfant de Stéphane Beaudoin et Un comte pour enfants de Renée Beaulieu, mais aussi au théâtre dans le Ventriloque de Larry Tremblay. __________ 26 tourisme-montreal.org Blog officiel du tourisme à Montréal Le 27 octobre 2016 Par Robyn Fadden URL : http://www.tourisme-montreal.org/blog/things-to-do-in-montrealoctober-28-to-november-3-2/ THINGS TO DO IN MONTRÉAL: OCTOBER 28 TO NOVEMBER 3 Posted on October 27th, 2016 by Robyn Fadden. As the cool weather begins, Montréal knows exactly what to do about it: eat, drink and have some seasonal fun. Restaurant week MTLàTABLE kicks off, Halloween parties for all tastes abound, and new art, theatre, dance and music show off the city’s diverse cultural side. Stage and screen In dance, see Les Grands Ballets’s Roméo & Juliette on Oct. 28, Danse Danse’s presentation of the Nederlands Dans Theater performing pieces by choreographers Paul Lightfoot, Sol León and Crystal Pite, Nov. 1­5, and experiments in contemporary dance at Actoral.16 at Usine C, to Nov. 5. In theatre: love reigns in the true story of Prom Queen: The Musical at the Segal Centre; Teesri Duniya Theatre’s dark comedy The Refugee Hotelplays at the Segal too; family theatre company Geordie stages mysterious tale The Halloween Tree written by Ray Bradbury, Oct. 29­30; Talisman Theatre’s excellent production of intensely emotional Canadian drama Yukonstyle stuns at Theatre La Chapelle to Oct. 29; a journey of romance through parallel worlds awaits in Constellations at Centaur Theatre; and sing and shout along to Richard O’Brien’s The Rocky Horror Show at Mainline to Oct. 29 or see the movie at The Rocky Horror Picture Show Halloween Ball at The Imperial. In film, the Au Contraire Film Festival screens animated shorts on Oct. 28, while on Nov. 3 the ever­illuminating Cinemania festival of French­language films (all with English subtitles!) opens with Nicole Garcia’s From the Land of the Moon. And coming soon: the high­energy magic of Cirque du Soleil’s OVO at the Bell Centre Nov. 29 to Dec. 4 – tickets, including family packs, are on sale now. Eat, drink and play Eat well and explore the city at the same time during Montréal’s decadent restaurant week MTLàTABLE when 150 restaurants offer multi­course prix­fixe menus at incredible prices. Get an insider’s perspective in our Survival guide to MTLàTABLE and then choose places to dine and party, where to taste dishes of the world, neighbourhood restaurants to try, fabulous hotel restaurants, Languedoc wines and SAQ wine events, tours and cheese events, chocolate creations and more. Walk it all off among the changing leaves in the city’s quaint neighbourhoods and big parks, through Old Montréal and on multimedia tour Cité Mémoire, and among public art downtown among the skyscrapers. On Oct. 28, drink and eat local at Oktoberfest in the outdoor biergarten of the Olympic Stadium Esplanade. And get in on the new hockey season action as the Montréal Canadiens take on the Toronto Maple Leafs on Oct. 29 and the Vancouver Canucks on Nov. 2 at the Bell Centre. Live music Friday night brings the sweet soulful sounds of Earth, Wind & Fire to the Bell Centre, Canadian new­wave rockers Platinum Blonde to L’Astral, the heavy guitar vibes of Halestorm and Lita Ford to Metropolis, indie rock supergroup TUNS featuring Chris Murphy of Sloan to Divan Orange and the ska­punk of L.A.’s The Interrupters to Café Campus. On Saturday, get your dance­pop shoes on for Tegan and Sara at Metropolis and earplugs in for Belfast punks Stiff Little Fingers and local legends The Nils at Théâtre Corona, plus west­coast electro dudes LANY at Théâtre Fairmount, the good indie­folk­rock folks of Royal Canoe at La Vitrola, and the fun British art­pop sound of Kero Kero Bonito and local stars She­Devils at L’Astral. Starting Oct. 29, all kinds of music and dance from the Arab world enlivens several of the city’s venues during the Festival du Monde Arabe de Montréal, including an opening show 27 by Abeer Nehme and Oktoecho ensemble in a tribute to Syria at Place des Arts, Algerian pop singer Amel Zen at Le La Presse Quotidien montréalais Le 28 octobre 2016 Par Mario Cloutier URL : http://plus.lapresse.ca/screens/1a9cf18a-4c00-4ef8-90a3-a162ecf129f8%7C_0.html FESTIVAL ACTORAL FESTIVAL ACTORAL FUSIONS À PROFUSION FUSIONS À PROFUSION Les disciplines artistiques sont solubles dans le grand tout des arts vivants. Fondé à Marseille, le festival Actoral est ce laboratoire où se rencontrent littérature, danse, Les disciplines artistiques sont solubles dans le grand tout des arts vivants. Fondé à théâtre, arts visuels et musique. Profusion de fusions en vue, telle la Marseille, le festival Actoral est ce laboratoire où se rencontrent littérature, danse, performance Doux de l’artiste visuelle Julie Favreau avec la danseuse Anne théâtre, arts visuels et musique. Profusion de fusions en vue, telle la Thériault ce soir à la Fonderie Darling. Une programmation de formes courtes performance Doux de l’artiste visuelle Julie Favreau avec la danseuse Anne décloisonnées, surprenantes, que nous font découvrir le fondateur du festival, Hubert Colas, et la directrice artistique de l’Usine C, Danièle de Fontenay. Thériault ce soir à la Fonderie Darling. Une programmation de formes courtes décloisonnées, surprenantes, que nous font découvrir le fondateur du festival, MARIO CLOUTIER Hubert Colas, et la directrice artistique de l’Usine C, Danièle de Fontenay. LA PRESSE À l’Usine C demain et samedi MARIO CLOUTIER IO SONO ROCCO LA PRESSE PETIT GUIDE POUR DISPARAÎTRE DOUCEMENT SALVATORE CALCAGNO (THÉÂTRE) FÉLIX­ANTOINE BOUTIN (THÉÂTRE) On a pu voir le travail étonnant de Salvatore IO SONO ROCCO Calcagno à La Chapelle (La vecchia vacca ) en Un texte poétique sur le « je » et le « nous ». « 2015. « Actoral, ce sont des créateurs de leur [Félix­Antoine Boutin] est très jeune, mais je époque, d’ici et de chez nous en Europe, dit le sens qu’il a cette nécessité de l’avenir, note SALVATORE CALCAGNO (THÉÂTRE) fondateur du festival, Hubert Colas. Leur écoute Hubert Colas. Il écrit sur les dépôts du monde. On a pu voir le travail étonnant de Salvatore du monde est importante et leur travail contient Les codifications du sens depuis 30 ans sont une source biographique dans plusieurs cas, un Calcagno à La Chapelle (La vecchia vacca ) en normées. Félix­Antoine travaille en dehors de impact du passé qui a une résonance dans le 2015. « Actoral, ce sont des créateurs de leurces codes. Il restitue une émotion sur laquelle il présent. C’est le cas de Salvatore Calcagno qui est impossible de mettre des mots dans un époque, d’ici et de chez nous en Europe, dit le travaille sur la mémoire. Il le fait très bien, avec premier temps. Les artistes d’aujourd’hui sont fondateur du festival, Hubert Colas. Leur écoute humour. » plus proches des arts visuels. » du monde est importante et leur travail contient À l’Usine C demain et samedi À l’Usine C les 1er et 2 novembre une source biographique dans plusieurs cas, un impact du passé qui a une résonance dans le DISSIDENCES présent. C’est le cas de Salvatore Calcagno qui travaille sur la mémoire. Il le fait très bien, avec FANNY DE CHAILLÉ (DANSE) ALEXANDRA BADEA ET MARIE BRASSARD humour. » (THÉÂTRE) « C’est une écriture à la fois chorégraphique et CHUT théâtrale avec une métaphore sur les chutes, À l’Usine C demain et samedi explique Hubert Colas. Fanny de Chaillé a un parcours atypique. Elle s’intéresse beaucoup à la littérature, mais elle travaille cette fois avec la CHUT plasticienne Nadia Lauro. Celle­ci a fabriqué un tapis en 3D ! Les artistes d’Actoral sont tous transversaux. Il n’y a plus de frontière entre les FANNY DE CHAILLÉ (DANSE) formes d’art. » Marie Brassard a mis en scène un texte de la Française Alexandra Badea, Dissidences , mettant en vedette des finissants d’une école de théâtre. « Elle a réussi un travail formidable, estime la directrice de l’Usine C. On crée ainsi des liens entre les étudiants d’ici et de là­bas. On veut que notre collaboration Montréal­ Marseille serve de tremplin pour les jeunes. » « C’est une écriture à la fois chorégraphique et À l’Usine C demain et samedi théâtrale avec une métaphore sur les chutes, À l’Usine C les 4 et 5 novembre À l’Usine C demain et samedi explique Hubert Colas. Fanny de Chaillé a un PETIT GUIDE POUR DISPARAÎTRE BAMBI ET CO. parcours atypique. Elle s’intéresse beaucoup à DOUCEMENT 28 la littérature, mais elle travaille cette fois avec la OLIVIA ROSENTHAL ET ANTOINE FÉLIX­ANTOINE BOUTIN (THÉÂTRE) plasticienne Nadia Lauro. Celle­ci a fabriqué un ALEXANDRA BADEA ET MARIE BRASSARD (THÉÂTRE) Marie Brassard a mis en scène un texte de la La Presse Française Alexandra Badea, Dissidences , Quotidien montréalais mettant en vedette des finissants d’une école de Le 28 octobre 2016 théâtre. « Elle a réussi un travail formidable, Par Mario Cloutier estime la directrice de l’Usine C. On crée ainsi des liens entre les étudiants d’ici et de là­bas. URL : http://plus.lapresse.ca/screens/1a9cf18a-4c00-4ef8-90a3-a162ecf129f8%7C_0.html On veut que notre collaboration Montréal­ Marseille serve de tremplin pour les jeunes. » À l’Usine C les 4 et 5 novembre BAMBI ET CO. OLIVIA ROSENTHAL ET ANTOINE OPPENHEIM (LECTURE MUSICALE) « Elle nous parle des films qu’on a tous vus comme Bambi , dit Danièle de Fontenay. C’est vrai, la mort de la mère nous attriste, mais comme Olivia le dit : “La mère pour Walt Disney, c’est aléatoire.” La mort dure une minute, puis le père apparaît et tout va bien, alors qu’on ne l’avait pas vu depuis le début du film. C’est très ludique, brillant, pendant qu’un musicien joue les musiques de film. » À l’Usine C le 5 novembre LA JAMÉSIE GENEVIÈVE & MATTHIEU (PERFORMANCE) En voilà deux qu’on aurait pu retrouver dans la programmation de la Biennale de Montréal. « On les adore », dit Hubert Colas. « Ils ont ouvert un centre de création à Rouyn où ils font une biennale des arts, ajoute Danièle de Fontenay. Ils sont fous braque, mais ils sont vraiment bons. Hubert les a présentés l’année dernière à Marseille. Un tabac ! Ils vont tourner en Europe. » À l’Usine C le 5 novembre Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez­le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+. 29 Mat.TV Actoral surprend : 3 spectacles audacieux Site québécois Le 28 octobre 2016 Actoral surprend : 3 spectacles audacieux Par Sébastien Bouthillier URL : http://www.mattv.ca/actoral-surprend-avec-3-spectacles-audacieux/ BY SEBASTIEN BOUTHILLIER · OCT 28, 2016 BY SEBASTIEN BOUTHILLIER · OCT 28, 2016 Io sonno Rocco, Tu iras la chercher et Chut continuent le festival Io sonno Rocco, Tu iras la chercher et Chut continuent le festival © Els De Nilrhok (Io sonno Rocco) © Els De Nilrhok (Io sonno Rocco) Par Sébastien Bouthillier Par Sébastien Bouthillier La deuxième édition montréalaise d’Actoral, le festival des arts vivants où les artistes de l’avant­garde occupent et explorent la scène, présente trois autres spectacles aujourd’hui et demain à l’Usine La deuxième édition montréalaise d’Actoral, le festival des arts vivants où les artistes de l’avant­garde C. Performance, théâtre et arts visuels se déploient en révélant la richesse de l’imagination des créateurs. occupent et explorent la scène, présente trois autres spectacles aujourd’hui et demain à l’Usine C. Performance, théâtre et arts visuels se déploient en révélant la richesse de l’imagination des créateurs. Le jeune et prometteur metteur en scène Salvatore Calcagno, né en 1990, présente Io sonno Rocco (Tu dors Rocco), où mort et beauté s’affrontent. Après la guitare, le piano et le chant lyrique, il se tourne vers le Le jeune et prometteur metteur en scène Salvatore Calcagno, né en 1990, présente Io sonno Rocco (Tu dors théâtre, le meilleur moyen pour assouvir ses préoccupations rythmiques et visuelles, voire ses obsessions Rocco), où mort et beauté s’affrontent. Après la guitare, le piano et le chant lyrique, il se tourne vers le pour la lumière, la couleur et le détail. Son premier spectacle, La Vecchia Vacca (La vieille vache), a été primé théâtre, le meilleur moyen pour assouvir ses préoccupations rythmiques et visuelles, voire ses obsessions Meilleure découverte aux Prix de la critique 2013. pour la lumière, la couleur et le détail. Son premier spectacle, La Vecchia Vacca (La vieille vache), a été primé Meilleure découverte aux Prix de la critique 2013. Calcagno élabore ce spectacle sophistiqué, un drame mimé, après le décès de son père, quand il découvre deux morceaux d’Ennio Morricone sur des vinyles usés. L’intensité des émotions déclenchées par la musique Calcagno élabore ce spectacle sophistiqué, un drame mimé, après le décès de son père, quand il découvre du compositeur incite l’artiste à inventer des mouvement pour les représenter sur scène. Le résultat s’avère deux morceaux d’Ennio Morricone sur des vinyles usés. L’intensité des émotions déclenchées par la musique du compositeur incite l’artiste à inventer des mouvement pour les représenter sur scène. Le résultat s’avère 30 Mat.TV Site québécois Le 28 octobre 2016 Par Sébastien Bouthillier URL : http://www.mattv.ca/actoral-surprend-avec-3-spectacles-audacieux/ être le « mimodrame contemporain » chorégraphié qui découle de son fantasme comme s’il nous lisait à voix basse une page de son journal intime. Un danseur de l’opéra de Paris (Axel Ibot), une soprano (Elise Caluwaerts) et une actrice (Sophie Sénécaut) l’interprètent. © Andrés Donadio (Tu iras la chercher) Dans un monologue qu’il a rédigé, récité à la deuxième personne, Guillaume Corbeil accomplit un tour de force théâtral. Tu iras la chercher devient une expérience poétique vécue par le spectateur, qui suit l’histoire d’une femme (Stéphanie Aflalo) envolée pour Prague sur un coup de tête, à la poursuite d’une autre… Sauf qu’elle se poursuit elle­même! Dans le rêve éveillé que constitue sa fuite, elle demeure prisonnière d’une existence où elle ne retrouve plus son identité. La constante comparaison de soi à des images factices s’avère un exercice aussi aliénant qu’inquiétant selon l’auteur, assisté de Florian Pautasso à la mise en scène. 31 Mat.TV Site québécois Le 28 octobre 2016 Par Sébastien Bouthillier URL : http://www.mattv.ca/actoral-surprend-avec-3-spectacles-audacieux/ © Fanny de Chaillé (Chut) Enfin, avec son humour absurde, Fanny de Chaillé projette sur le sol un tapis anamorphique, inventé par la plasticienne Nadia Lauro. La scène acquiert un relief insoupçonné à cause de la déconcertante projection. Dans Chut, l’espace devient ainsi l’endroit idoine pour jouer avec le déséquilibre. Peut­être que l’interprète, Grégoire Monsaingeon, chutera s’il omet de prendre garde – de regarder – avant de poser le pied… Devant l’immensité du territoire, l’individu semble rapetissé jusqu’à devenir minuscule pour de Chaillé, qui évoque notre rapport à la réalité par une question d’échelle. Le burlesque de son spectacle exploite le décalage entre l’ambiance amusante du jeu d’équilibre et la gravité du propos. Le festival Actoral, créé à Marseille en 2001, se réclame par la diversité des formes artistiques qu’il célèbre. Depuis 2014, une édition montréalaise biennale le complète outre­Atlantique pour marquer l’ouverture des frontières des artistes de la francophonie. Io sonno Rocco, Tu iras la chercher et Chut à l’Usine C les 28 et 29 octobre. Crédits photos : Els De Nilrhok (Io sonno Rocco), Andrés Donadio (Tu iras la chercher) et Fanny de Chaillé (Chut) 32 Un Fauteuil pour l’Orchestre Site culturel français Le 28 octobre 2016 Par Jean Hostache URL : http://unfauteuilpourlorchestre.com/aneckxander-de-alexander-vantournhoutet-bauke-lievens-a-lusine-c/ Aneckxander, de Alexander Vantournhout et Bauke Lievens, à l’Usine C. Oct 28, 2016 | Commentaires fermés sur Aneckxander, de Alexander Vantournhout et Bauke Lievens, à l’Usine C. ƒƒƒ article de Jean Hostache © Bart Grietens Surnommé « Aneckxander », Alexander au long cou, au corps fascinant, monstrueusement­angélique, propose pour le Festival Actoral de l’Usine C une performance rare est absolument époustouflante. Il s’agit d’une étude sur le corps humain. Un corps ici atypique, capable de se tordre, de se désarticuler, de se condenser à l’extrême, nous donnant le sentiment que la chair pourrait prendre la qualité d’une matière comme le gaz, le caoutchouc ou encore le diamant brute. Le sentiment qui guette constamment le spectacle admirant cette acrobate de génie, est de l’ordre d’une hallucination totale. On a de la peine à croire les prouesses qui se déroulent sous nous yeux, qui sont pourtant bien réelles est bien incarnées. Réelles car il s’agit de performance, où l’illusion théâtrale et la bonne veille machine fabulatrice n’ont pas leur place au plateau. Où contemple une nudité bien réelle, qui se heurte dans le mouvement, qui fait choc et joue à la fois avec nos craintes et notre désir malsain de violence. Il y a quelque chose de tragiquement drôle dans ce corps qui se cherche, qui vient découvrir autant ses possibilités multiples et hors du commun que ses limites, qui viennent bousculer et couper net le mouvement de virtuosité. Pourtant les limites sont à prendre à une échelle qui ne sont en aucun cas celles de l’homme, tant ce qu’accomplit Alexander Vantournhout appartient à une sphère que nous ne connaissons pas et que nous avons plaisir à venir découvrir. Nous parlerons de sa présence très forte au plateau, de ses regards enfantins et touchants adressés un à un au public comme autant d’amis bienveillants, de sa qualité de corps à la fois animale, rebelle à la gravité, de ce corps sculptural qu’il métamorphose comme une peinture de Francis Bacon. Au cours du spectacle certain objets, plaqués ici comme des prothèses, viennent habiller la nudité pour ajouter une dimension monstrueuse et contraignante à la performance. Sur une musique enregistrée en temps réelle sur un piano électrique, Alexander réalisera à plusieurs reprises une variation de mouvements complexes dont les motifs accentuent la tension au fil de ces prothèses qu’il se rajoute et s’impose dans la répétition. Un Sisyphe contemporain qui s’essouffle sous le poids des choses et qui continue de nous heurter profondément. Une proposition radicale qui laisse le spectateur bouche bée par la beauté qui lui fait face, comme dans combat où dès le premier regard nous savons que nous sommes pris. 33 DFDanse Site culturel québécois Le 29 octobre 2016 Par Brigitte Manolo URL : http://www.dfdanse.com/article2171.html PAS LE TEMPS DE RELIRE MÉDAIL DÉCOR DE VINCENT THOMASSET PRÉSENTÉ PAR L’USINE C DANS LE CADRE D’ACTORAL Sous prétexte de revisiter ses premières expériences textuelles, Vincent Thomasset pénètre l’univers quincailler de la boutique Médail décor que tenait son grand­père. À la suite du danseur Lorenzo de Angelis qui se faufile dans la mémoire de l’artiste, le public lit entre les lignes le hiatus permanent entre souvenir, biographie et réflexion active. La performance Médail décor , conçue et narrée par Vincent Thomasset, et incarnée en compagnie de Lorenzo de Angelis, est une digression ludique et stimulante sur le temps de la parole et son décalage d’avec la pensée et l’écriture. Le spectacle démarre par un monologue à la va­vite sur ce qui amène la thématique : soit une énumération des détours carriéristes de l’artiste depuis son initiation au babillage enfantin, puis aux langues, à la prose et au théâtre (en bifurquant par l’ambition, la honte, la séduction, le découragement). Au travers des années, les mots ont initié toute une gamme de sentiments, pas nécessairement plus facile à nommer qu’à vivre. Orateur sous projecteur, un brin confus et malhabile, l’auteur s’aide de ses mains pour exprimer ce qui relève d’anecdotes et remonte à trop loin. S’installe immédiatement un double langage de phrases et de signes, appuyé de postures et de déplacements. Hormis cette vibration physique du sens, le discours est faussement maladroit : déjà il calcule sa durée, ses inachèvements et ses effets. Dix minutes à mitrailler le passé, sur un débit tout juste assez rapide et articulé pour s’y perdre et s’y retrouver. La page lignée de la performance est dressée, avec déjà des gribouillis et coins cornés. Concrètement, lunettes sur le nez, feuillets en main, assis en penseur ou droit derrière un pupitre, le comédien 34 étudie plusieurs courts textes écrits de lui, qu’il livre en empruntant des procédés abordés en prologue : une diction de voix de synthèse sur un ton excessivement neutre, ou l’apprentissage par cœur d’une série La performance Médail décor , conçue et narrée par Vincent Thomasset, et incarnée en compagnie de Lorenzo de Angelis, est une digression ludique et stimulante sur le temps de la parole et son décalage d’avec la pensée et l’écriture. Le spectacle démarre par un monologue à la va­vite sur ce qui amène la thématique : soit une énumération des détours carriéristes de l’artiste depuis son initiation au babillage Siteenfantin, puis aux langues, à la prose et au théâtre (en bifurquant par l’ambition, la honte, la séduction, le culturel québécois découragement). Au travers des années, les mots ont initié toute une gamme de sentiments, pas Le 29 octobre 2016 nécessairement plus facile à nommer qu’à vivre. DFDanse Par Brigitte Manolo Orateur sous projecteur, un brin confus et malhabile, l’auteur s’aide de ses mains pour exprimer ce qui relève URL : http://www.dfdanse.com/article2171.html d’anecdotes et remonte à trop loin. S’installe immédiatement un double langage de phrases et de signes, appuyé de postures et de déplacements. Hormis cette vibration physique du sens, le discours est faussement maladroit : déjà il calcule sa durée, ses inachèvements et ses effets. Dix minutes à mitrailler le passé, sur un débit tout juste assez rapide et articulé pour s’y perdre et s’y retrouver. La page lignée de la performance est dressée, avec déjà des gribouillis et coins cornés. Concrètement, lunettes sur le nez, feuillets en main, assis en penseur ou droit derrière un pupitre, le comédien étudie plusieurs courts textes écrits de lui, qu’il livre en empruntant des procédés abordés en prologue : une diction de voix de synthèse sur un ton excessivement neutre, ou l’apprentissage par cœur d’une série d’appositions à se mettre en bouche comme une mélodie fredonnée. En marge, le corps sinueux de Lorenzo de Angelis apparaît d’abord emmitouflé, comme annotation du texte, s’efface puis revient en rampant, se frayant une place illustrative ou incitative selon les chapitres. Parfois sous­texte, contexte, surtitre, doublure, accentuation, emphase ou refus, la succession de poses appuie ou infléchit le dire. Cela va du « lipsynch » aux mimiques concentrées jusqu’à l’aparté physique. L’enchaînement de situations qui s’en suit élabore sur plusieurs notions liées à l’énonciation ­ telles que la mémorisation, la récitation, la répétition pour soi. Tout cela est nommé sans vraiment le dire, en le mimant ou en l’exprimant (dans le sens forçant du terme). Et à quoi servent ces piles de boîtes en plastique coloré, si ce n’est l’évocation d’un monde primaire d’enfance dans lequel l’accumulation de savoirs devient autant d’obstacles encombrants à une expression claire et libre de soi ? Dans leurs actions dissonantes se lit un effet de rythme, une figuration des façons d’énoncer. En fin de course par exemple, alors que Thomasset reprend un fil de pensée qui s’agite, incompris et pris dans le vertige d’une réflexion sur le temps, la simultanéité et la détermination, De Angelis se prend pour un cheval au trot, bientôt au galop, dont les longues pattes ambitionnent des sauts entre les piles, franchissent les barrières avant une ruade incontrôlée. L’accélération, son jeu sonore, évoquent une langue hâtive, qui s’enfourche en voulant tout dire et penser d’un même élan. En réponse à ce talent d’interprétation et de précision gestuelle, les mouvements de Vincent Thomasset sont plus brouillons, raturés, balbutiants, sorte d’archive manuscrite et immédiate de la présence en scène. Dans cet exercice de ton et de diction, les hésitations, redondances et autres fausses notes sont partie intégrante du jeu et sorte de mise en abîme du sujet. Il s’agit en réalité d’une partition précise, chiffrée à la lettre et au lapsus près, profilée par la ligne corporelle du danseur et la rythmique des déplacements. Un autre épisode, épistolaire, met en relief les écarts de style caractéristiques d’une correspondance entre un garçon nonchalant en camp de vacances et ses parents rassurants. Les soupirs, les ellipses, les exagérations et euphémismes se traduisent dans les arythmies de diction, et laissent entendre une maturité, des sentiments, une personnalité en changement. Échos de points de vue différents. Ces jeux de focalisation sont renforcés par un travail sonore réfléchi, déployé à grandeur de scène. Alors que le récit décrit des déferlantes, celles­ci se déchaînent par­dessus tête. Quand un acteur simule la pensée à voix haute, le son surgit de façon quasi divine et intérieure. Les variations de sources, de qualité du son, les modulations de distance, les bruitages et la spatialisation d’ensemble témoignent d’une attention dirigée vers le public, son emplacement et ses perceptions. Ils matérialisent, somme toute, la chaîne physique de la communication : entre origine, message, transmission et réception. Au fil de son leitmotiv à huit notes "Pla­fond Mon­sieur I­ci Voi­là", Médail décor époussette les étagères d’un grenier du langage, ses signes silencieux, ses jeux de mots endormis : vestiges de non­dits signifiants et constructifs de l’adulte. La prestation invite à une plus grande réflexion sur le temps de l’action, les notions d’immédiateté et de prédiction, et bien sûr l’interprétation. La tricherie tout compte fait. Car nous nous racontons nos vies la plupart du temps, leurs événements que nous réfléchissons instantanément plutôt que d’y être momentanément suspendus. Instant après instant. 35 9 14 0 INFOPRESSE Site québécois Le 30 octobre 2016 URL : http://www.infopresse.com/article/2016/10/30/4-sorties-culturelles-a-ne-pas-manquer 4 sorties culturelles à ne pas manquer 0 9 14 Danse, théâtre, exposition et projections numériques sont à l’honneur. Infopresse vous propose ses coups de cœur culturels de la semaine. Théâtre// Petit guide pour disparaître doucement – les 1er et 2 novembre dans le cadre d’Actoral à l’Usine C Se confronter à l’identité collective Danse, théâtre, exposition et projections numériques sont à l’honneur. Infopresse vous propose ses coups de cœur culturels de la semaine. Théâtre// Petit guide pour disparaître doucement – les 1er et 2 novembre dans le cadre d’Actoral à l’Usine C Se confronter à l’identité collective Petit guide pour disparaître doucement confronte le rapport du soi au collectif. Guidé par le désir d’une empathie infinie, le metteur en scène Félix­Antoine Boutin invente le sommaire d’une démarche par laquelle le «je» pourrait se sublimer, pour ensuite se fondre dans un «nous» en faisant appel à des souvenirs, réels et fantasmés. Danse // Nederlands Dans Theatre – du 1er au 5 novembre 36 dans le cadre de la programmation de Danse Danse à la Place Le Devoir Quotidien montréalais Le 31 octobre 2016 Par Catherine Lalonde URL : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/483459/ symbole-et-politique-la-sorciere-grain-de-sable-dans-le-rouage-capitaliste LE RETOUR DES SORCIÈRES Un grain de sable dans le rouage capitaliste 31 octobre 2016 | Catherine Lalonde | Actualités en société Photo: Flavie Leleu Pamina de Coulon Les grandes chasses au sortir du Moyen Âge auraient, selon certaines théories, produit un terreau fertile à l’éclosion du capitalisme néolibéral. La résurgence des sorcières, ces grains de sable dans le discours rationnel, annoncerait­elle la révolution inverse ? « Au­delà [du fait] de poursuivre ces femmes aux savoirs qui faisaient peur, les chasses aux sorcières ont été une manière d’instaurer comme seul bon sens acceptable la rationalité froide et non sensuelle, » explique en entrevue l’auteure et performeuse Suisse Pamina de Coulon. Elle a beaucoup réfléchi à la figure de la sorcière et à sa pertinence politique actuelle, et l’expliquait fin octobre dans son monologue au festival Actoral à Montréal. « Au Moyen Âge, poursuit­elle, les communautés étaient très soudées, avec des terres mises en collectivité ; en créant un climat de suspicion et de dénonciation, en montant les gens les uns contre les autres, on a atomisé ces communautés jusqu’à l’individu, figure valorisée depuis. Ce qui a fait un super terreau pour la révolution industrielle et capitaliste. » C’est par la lecture de Mona Chollet, puis de La sorcellerie capitaliste, d’Isabelle Stengers et Pierre Pignarre (La Découverte, 2005), que madame de Coulon a commencé à penser la sorcière. « Les auteurs expliquent leur concept du capitalisme comme système sorcier. Plusieurs autres cultures, des peuples colonisés, ont parlé de cette impression que les Blancs étaient possédés par une espèce de pouvoir capable de les capturer, qui réduit et mobilise la pensée et la critique. » 37 Le Devoir Quotidien montréalais Le 31 octobre 2016 Par Catherine Lalonde URL : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/483459/ symbole-et-politique-la-sorciere-grain-de-sable-dans-le-rouage-capitaliste Les auteurs présentent ensuite ces féministes nord­américaines actuelles qui, pour s’émanciper des carcans proposés par les féministes blanches, se présentent comme des sorcières néopaïennes. « Elles repensent de nouveaux rituels, parce que c’est une manière de reprendre le pouvoir, au­delà de la prise de conscience. Elles proposent de se remobiliser. » Stengers et Pignarre parlent de créer l’événement. « Ainsi, les gens s’emparent d’un problème qui les concerne, ils deviennent proactifs et se le réapproprient, en faisant un livre, une rencontre, un rituel, un spectacle. » Exactement ce que fait Pamina de Coulon avec son spectacle Fire of Emotions : Genesis, même si ce n’était pas son intention de création. Passer par le bas Mais ces actions ne s’avèrent­elles pas plus symboliques que d’aller manifester ou occuper Wall Street ? « Ce n’est pas un système d’exclusion : on n’a pas à choisir la manifestation OU le rituel ; on peut penser en superposition, avec des ET », rétorque Pamina de Coulon, de sa manière rationnelle d’inviter l’irrationnel. Pour elle, le blocage qu’a d’abord fait la Wallonie dans l’accord de libre­échange UE­Canada est un geste sorcier : être l’improbable grain de sable, revendiquer le droit de dire non, retrouver « cette soudaine capacité d’agir, cette mobilité soudaine… » Ce mouvement des nouvelles sorcières, selon celle qui est maintenant belge, démontre une prise par le bas, « une façon d’aller du côté des oppressés et des vaincus. D’aller en solidarité. Je pense que le mouvement est symptôme de plusieurs années à penser le monde autrement, comme par les études post­ coloniales, post­genres, ou le black feminism. » Toutes ces manières, poursuit­elle, de penser depuis l’ailleurs, de se trouver à l’intersection de la femme, du surnaturel, de la pauvreté. « Et de trouver par cette figure une émancipation. Une figure qu’on ne prend peut­être pas au sérieux, qui est un peu mystique­chou. Sauf qu’une fois qu’on a toutes repris conscience de notre propre pouvoir, on va être difficiles à ébranler, à maîtriser, à immobiliser. » Mais le côté mystique ? « Pour moi, c’est une idée conceptuelle que le pouvoir intérieur. Dans le carcan du système capitaliste, les mots pour penser le monde sont galvaudés, froids, très utilisés par la science dure. Aller chercher un vocabulaire qui empêche la mise à distance — parler sorcières et émotions, comme Frédéric Lordon va parler des affects du capitalisme (La société des affects, 2013), est intéressant, et c’est un terrain où on peut surprendre le capitalisme. » 38 Le Devoir Quotidien montréalais Le 3 novembre 2016 Par Mélanie Carpentier URL : http://www.ledevoir.com/culture/theatre/483740/ actoral-comment-disparaitre-completement ACTORAL Comment disparaître complètement 3 novembre 2016 | Mélanie Carpentier | Théâtre Photo: Hervé Bellamy Prise de vue tirée de la pièce «Texte M.» de Hubert Colas « Je veux disparaître », confessait Félix­Antoine Boutin à son public à l’Usine C mardi, lançant la deuxième et dernière semaine d’activités d’Actoral à Montréal. Le présage d’un suicide scénique annoncé ? Petit guide pour disparaître doucement est plutôt la fascinante déconstruction d’une identité se volatilisant dans une forêt de mots et d’images à caractère méditatif. « Je ne comprends pas de qui je parle lorsque je prononce “ je ” », continue l’artiste québécois seul sur scène, chandail illustrant une nature boréale pittoresque sur le dos. Plus tout à fait personnage dans ce monologue éclaté, le « je » de l’acteur s’éclipse peu à peu pour se fondre dans un « nous » prédateur. Pour se redéfinir, hors de question de se fier à l’Histoire qui « se construit dans un trou de mémoire ». Ici, on choisit de se réinventer au fil de micro­histoires et de haïkus portés par une scénographie simple et ingénieuse. Dans ce récit entrelaçant impeccablement voix préenregistrée et textes projetés, on discernera de petits électrochocs (« regarde­nous ne pas être »). On s’amuse d’ailleurs à chercher des sens cachés dans ces images de pendus qui se transforment en gentils fantômes du passé. Ce poème scénique existentiel et romantique est d’une grande beauté visuelle avec ces maisons de papier, métaphores de l’identité qu’on croit solidement fondée, pouvant brûler et se froisser en un instant. Et, en miroir, des bonshommes allumettes ironiquement immolés par le feu. La proposition reste assez cérébrale (presque universitaire, a­t­on envie de dire). Une intellectualité qui n’enlève rien au charme provocateur de cette invitation à ne plus se définir, portant de façon ludique à réfléchir, mais ne générant pas de véritable engagement émotif. 39 Le Devoir Quotidien montréalais Le 3 novembre 2016 Par Mélanie Carpentier URL : http://www.ledevoir.com/culture/theatre/483740/ actoral-comment-disparaitre-completement Relevons pourtant la fantastique image finale de ce terrain de jeu. Sur le tapis où apparaît, comme dessiné dans le sable, le slogan « Je suis invisible » (écho au « Je suis Charlie » et « Je suis Paris » ?), l’auteur finit par s’éclipser pour laisser place à un groupe de personnes hétérogène. Des petites roches et des figures miniatures aux voiles noirs sont déposées sur le sol. On laissera à la discrétion de chacun l’interprétation de ces petits fantômes traversant un désert parsemé d’embûches, balayées d’un coup de vent. Chacun creuse son trou En contrepoint des magiques envolées de Félix­Antoine Boutin, Hubert Colas se terre dans une obscure austérité. C’est seul au fond d’un puits­écran circulaire et terreux qu’on retrouve le metteur en scène français. La densité de ce texte composé à l’origine pour commémorer l’abolition de l’esclavage demande une bonne endurance. Car, oui, ce texte s’endure sur la longueur comme une interminable traversée sur un bateau de pacotille. Le frigo plein, ce protagoniste « middle­class » paranoïaque est prisonnier de son trou, petit lopin de terre qu’il défend bec et ongles. Un espace de solitude où il perd toutes sensations, le corps anesthésié, en mal d’amour. Juste un peu en colère, mais pas trop. Surtout pas révolutionnaire ou rebelle. Parfois drôle, parfois nous tapant sérieusement sur les nerfs, le personnage interprété par le génial créateur frappe certaines cordes sensibles. Si bien qu’on finit par éprouver une certaine empathie pour cet ingénu caractère. Car s’il est insupportable, n’est­ce pas parce qu’on peut reconnaître en lui quelque chose de soi ? Avec nos virtuels outrages, nos illusions de liberté, pieds et mains démocratiquement liés. Pire encore peut être la complaisante politique de l’autruche. La tête enfouie dans son trou, ne sachant plus d’où vient véritablement le danger. Née dans le contexte européen actuel où la peur tend à justifier tous les moyens, jusqu’aux graves dérives autoritaires, la visée de Texte M. est ô combien pertinente. Bien sûr, il faut être prêt à l’écouter d’un bout à l’autre (en faisant fi du dédoublement de voix de l’acteur par son souffleur, audible depuis les premiers rangs). Politique aussi est The Call,du jeune Mathias Varenne. Un kaléidoscope en train de se faire s’avérant prometteur, visuellement intéressant, même si la conception sonore reste à travailler, notamment la voix du personnage d’étudiant qui reste statique derrière son livre ouvert et qui gagnerait à se mouvoir dans ce bel espace sculpté par les lumières. 40 Unidivers Site culturel français Le 3 novembre 2016 URL : https://www.unidivers.fr/rennes/toutes-les-chansons-que-jai-composees-de-jacob-wren/ Toutes les chansons que j’ai composées de Jacob Wren 4 novembre 2016 21:00 ­ 23:00 Toutes les chansons que j’ai composées de Jacob Wren, 4 novembre 2016 21:00, MAC Musée d’art contemporain de Montréal JACOB WREN / PME­ART Toutes les chansons que j’ai composées Le 4 novembre à 21h MAC La Biennale de Montréal en partenariat avec La Chapelle Scènes Contemporaines présente en collaboration avec l’Usine C dans le cadre du Festival actoral.16 Montréal Toutes les chansons que j’ai composées (Every Song I’ve Ever Written), un spectacle de Jacob Wren / PME­ART qui allie performance et musique, présenté pour la première fois en version intégrale (karaoké, solo, groupes, web). Toutes les chansons que j’ai composées de Jacob Wren was last modified: novembre 4th, 2016 by Festivals 2016 MAC Musée d’art contemporain de Montréal (https://www.unidivers.fr/lieu/mac­musee­dart­contemporain­de­montreal/) @Festival actoral Montreal Partager, c'est recevoir : (https://www.unidivers.fr/rennes/toutes­les­chansons­que­jai­composees­de­jacob­wren/?share=email&nb=1) (whatsapp://send?text=Toutes%20les%20chansons%20que%20j%E2%80%99ai%20compos%C3%A9es%20de%20Jacob%20Wren https%3A%2F%2Fwww.unidivers.fr%2Frennes%2Ftoutes­les­chansons­que­ jai­composees­de­jacob­wren%2F) (https://www.unidivers.fr/rennes/toutes­les­chansons­que­jai­composees­de­jacob­wren/#print) (https://www.unidivers.fr/rennes/toutes­les­chansons­que­jai­composees­de­jacob­wren/?share=telegram&nb=1) (https://www.unidivers.fr/rennes/toutes­les­chansons­que­jai­composees­de­jacob­wren/?share=skype&nb=1) (https://www.unidivers.fr/rennes/toutes­les­chansons­que­jai­composees­de­jacob­wren/?share=tumblr&nb=1) (https://www.unidivers.fr/rennes/toutes­les­chansons­que­jai­composees­de­jacob­wren/?share=pinterest&nb=1) (https://www.unidivers.fr/rennes/toutes­les­chansons­que­jai­composees­de­jacob­wren/?share=linkedin&nb=1) (https://www.unidivers.fr/rennes/toutes­les­chansons­que­jai­composees­de­jacob­wren/?share=twitter&nb=1) (https://www.unidivers.fr/rennes/toutes­les­chansons­que­jai­composees­de­jacob­wren/?share=facebook&nb=1) (https://www.unidivers.fr/rennes/toutes­les­chansons­que­jai­composees­de­jacob­wren/?share=google­plus­1&nb=1) (https://www.unidivers.fr/rennes/toutes­les­chansons­que­jai­composees­de­jacob­wren/) 41 + G O O G LE AG ENDA (H T T P:/ / W W W.G O O ART % 0 AT O UT E S + L E S + CH ANS O NS + Q UE + J % E 2 % 8 0 % 9 9 AI + CO MPO S % C3 % A9 E S % 0 AL E + 4 + NO VE MB RE + % C3 % A0 + 2 1 H % 0 AMAC+ % 0 AL A+ B I E NNAL E + DE + MO NT R% C3 % A9 AL + E N+ PART E NARI AT + AVE ART + Q UI + AL L I E + PE RFO RMANCE + E T + MUS I Q UE % 2 C+ PR% C3 % A9 S E NT % C3 % A9 + PO UR+ L A+ PRE MI % C3 % A8 RE + FO I S + CRITIQUE PUBLIÉ LE 24 NOVEMBRE 2016 @ 9H51 J’aime Sors-tu ? 2 RÉDACTION Site culturel québécois Gilles G. Lamontagne Le 24 novembre 2016 Critique théâtre, danse, classique Par Gilles G. Lamontagne URL : http://www.sorstu.ca/festival-actoral-a-lusinePHOTOS c-le-quebec-a-lhonneur-lan-prochain-a-marseille/ Courtoisie FESTIVAL ACTORAL À L’USINE C | LE QUÉBEC À L’HONNEUR L’AN PROCHAIN À MARSEILLE Avec son Festival Actoral étalé sur deux semaines, l’Usine C a accueilli dans ses trois salles une faune bigarrée d’artistes encore verts pris en flagrant délit d’initiés. Tantôt hirsute, tantôt lisse, toujours audacieuse et hors de contrôle, la programmation d’Actoral se compare à celle d’un Fringe, mais d’un Fringe aux critères relevés. Actoral (fusion des mots acteur et oral) est né à Marseille en 2001, à l’initiative de l’auteur et metteur en scène français Hubert Colas qui cherchait avec éclat à décloisonner les courants artistiques, les faisant se croiser, entrer en collision et s’influencer mutuellement. À tel point que le Festival de cette année, juste avant l’édition de Montréal, a proposé à son public téméraire pas moins d’une centaine de rendez­vous durant trois semaines dans 17 lieux. Théâtre, danse, musique, lecture, installation, performance, arts visuels et écriture scénique, tout y a passé. Après Montpellier et Paris, c’est grâce à la rencontre en 2012 entre Hubert Colas et Danièle de Fontenay, cofondatrice et directrice artistique de l’Usine C, que les liens se sont tissés en vue d’une réciprocité avec Montréal de talents émergents. Et de plus, qui ne sont pas forcément passés par les écoles de formation. « Nous avions ce rêve, dit en entrevue Danièle de Fontenay, d’un tremplin transatlantique qui se consacrerait uniquement à des écritures scéniques très contemporaines, et ce, dans toutes les formes d’art. C’est même une plasticienne, Julie Favreau, qui a été proclamée cette année marraine de l’événement. Ce qui me tient vraiment à cœur, ce sont les échanges d’artistes des deux côtés de l’Atlantique, la provocation et les chocs culturels autant que la complémentarité des différentes formes d’expression artistique. C’est important non seulement comme moyen de diffusion mais aussi en tant que témoin d’un travail en cours. » Avec un maigre budget ne dépassant pas les 150 000 $, cette édition à Montréal en était seulement la deuxième. On aura pu voir 18 spectacles et trois hors les murs originaires du Québec, de France, de Belgique, de Suisse et même pour un, des États­Unis. Des spectacles hétéroclites qui le plus souvent ne dépassaient pas une heure, ce qui permettait certains soirs d’enchaîner avec trois shows l’un après l’autre. même pour un, des États­Unis. Des spectacles hétéroclites qui le plus souvent ne dépassaient pas une heure, ce « Les salles étaient pleines, se réjouit Danièle de Fontenay, le public a répondu présent, ce qui est formidable compte tenu qu’il s’agit en grande partie d’artistes qui ne sont pas connus, avec des contenus à risque, et presque sans aucune publicité. La logistique de tout ça représente beaucoup de travail, c’est un vrai marathon. Il faut loger non seulement tous ces artistes, mais aussi les équipes techniques, et répondre aux besoins des uns et des autres. Mais je suis très contente du résultat. » Ce qui me tient vraiment à cœur, ce sont les échanges d’artistes des deux côtés de l’Atlantique, la provocation et les chocs culturels autant que la complémentarité des différentes formes d’expression artistique. Retour sur les spectacles de 2016 Seul en piste et dans le plus simple appareil, le Belge Alexander Vantournhout a ouvert le bal avec une performance cultivant l’ambiguïté entre acrobatie et danse. Juché sur ses plates­formes noires et avec des gants de boxe, son corps sculptural sous un éclairage cru et sans décor, le performeur au crâne rasé lançait au public 42 voyeur que nous étions devenus des regards amusés et désopilants. compte tenu qu’il s’agit en grande partie d’artistes qui ne sont pas connus, avec des contenus à risque, et presque sans aucune publicité. La logistique de tout ça représente beaucoup de travail, c’est un vrai marathon. Il faut loger non seulement tous ces artistes, mais aussi les équipes techniques, et répondre aux besoins des uns et des autres. Mais je suis très contente du résultat. » Sors-tu ? Site culturel québécois Le 24 novembre 2016 Ce qui tient vraiment à cœur, ce sont les échanges d’artistes des deux côtés de Par Gilles G.me Lamontagne l’Atlantique, la provocation et les chocs culturels autant que la complémentarité des différentes URL :formes http://www.sorstu.ca/festival-actoral-a-lusined’expression artistique. c-le-quebec-a-lhonneur-lan-prochain-a-marseille/ Retour sur les spectacles de 2016 Seul en piste et dans le plus simple appareil, le Belge Alexander Vantournhout a ouvert le bal avec une performance cultivant l’ambiguïté entre acrobatie et danse. Juché sur ses plates­formes noires et avec des gants de boxe, son corps sculptural sous un éclairage cru et sans décor, le performeur au crâne rasé lançait au public voyeur que nous étions devenus des regards amusés et désopilants. Photo par Bart Grietens. Dans la mise en scène du Français Florian Pautasso et sur un texte du Québécois Guillaume Corbeil, Tu iras la chercher était défendu par l’énigmatique Stéphanie Aflalo. Assise presque tout du long dans une sorte de carcan en bois, elle se parle à la deuxième personne de sa quête à Prague d’une autre femme que l’on soupçonne être elle­même. De sa voix envoutante, car elle chante aussi, les deux mains sur ses cuisses, observant les spectateurs pendant que son avion s’arrache du sol imaginaire qui la retenait captive. Autre exemple de cette dramaturgie créée en laboratoire où une idée en cache une autre qui en cache une autre, on aura pu voir les trois personnages de Io sono Rocco, du Wallon Salvatore Calcagno, se livrer à une chorégraphie complexe avec une grande table qu’ils déplacent selon les codes curieux d’une inquiétante danse des longs couteaux de cuisine. Sans le moindre doute, leur performance figurait comme l’une des plus originales du Festival. 43 Sors-tu ? Site culturel québécois Le 24 novembre 2016 Par Gilles G. Lamontagne URL : http://www.sorstu.ca/festival-actoral-a-lusinec-le-quebec-a-lhonneur-lan-prochain-a-marseille/ Crédit photo: ElsDeNilRHoK Sans oublier le délire verbal de l’Américain Ian Hatcher et sa propre poésie musicale qu’il désaccorde à la manière dadaïste, ou encore le duo terrible de La Jamésie, en une démonstration symbolique d’auto­destruction chez les peuples autochtones, saccageant méthodiquement et avec fureur leurs propres décors. Explorations de nouvelles formes artistiques, souvent par leur croisement, créations spontanées autant que réglées selon la mécanique abstraite du jeu pur, chocs des idées et des formes, renversements de concepts, Actoral est une ruche de talents qui ne demandent qu’à être découverts. Tout cela pour dire que le Festival Actoral 17 à Marseille l’an prochain mettra à l’honneur le Québec, avec toutes les palettes d’une avant­garde sans cesse à dépasser par ces curieuses bibittes que sont les artistes qui s’y adonnent et s’en réclament jusqu’au fin fond d’eux­mêmes. 44 DOSSIER SPÉCIAL SUR ACTORAL DANS LA REVUE JEU 45 JEU no 160 • 2016.3 46 40 ans RREE V UE DE T HÉ ÂT RE R E 1 65 70 Dossier ACTORAL Félix-Antoine Boutin Félix-Antoine Boutin Antonija Livingstone Guillaume Corbeil et Florian Pautasso Salvatore Calcagno Geneviève et Matthieu ENJEUX Evelyne de la Chenelière PROFIL Mathieu Leroux DANSE Virginie Brunelle 47 Jeu n° 160 - Spécial actoral Montréal - Octobre 2016 12 | DOSSIER : ACTORAL JEU 160 ACTORAL 48 Jeu n° 160 - Spécial actoral Montréal - Octobre 2016 JEU 160 DOSSIER : ACTORAL | 13 J’ ai d’abord été conquis par les spectacles d’Hubert Colas. Au Festival d’Avignon, en 2009, je me souviens d’avoir été profondément remué par Le Livre d’or de Jan. Je découvrais alors un auteur et un metteur en scène. Depuis, j’ai eu le bonheur de voir à l’Usine C trois autres de ses réalisations : Kolik de Rainald Goetz, Face au mur de Martin Crimp et Nécessaire et urgent d’Annie Zadek. DE MARSEILLE À MONTRÉAL Vous imaginez alors mon enthousiasme quand j’ai appris qu’Hubert Colas dirigeait à Marseille, depuis 2000, un festival consacré chaque automne aux écritures contemporaines. Après avoir assisté à la première édition montréalaise d’Actoral, en 2014, où une douzaine de spectacles ont été présentés, j’ai décidé que j’irais voir sur place, à Marseille, l’année suivante, de quoi il retournait. Je n’avais pas vu la ville depuis 2001. Élue Capitale européenne de la culture en 2013, elle avait pris, du point de vue des arts, une toute nouvelle ampleur. Du 24 septembre au 10 octobre, galvanisé par les créations et les installations, les gens et les idées, j’ai assisté à une vingtaine des 90 rendez-vous organisés aux quatre coins de la ville par Colas et son équipe. Ravi par mes rencontres avec Jonathan Capdevielle, Angélica Liddell et Milo Rau, mais aussi avec Félix-Antoine Boutin, Sophie Cadieux, Guillaume Corbeil, Geneviève et Matthieu, et Antonija Livingstone, j’ai proposé à la rédaction de Jeu un dossier sur Actoral. Le dossier du numéro que vous tenez entre vos mains est donc consacré à des artistes, la plupart sont Québécois, quelques-uns sont Français, mais il y a aussi une Canadienne basée en Allemagne et un Belge d’origine italienne. Ils ont en commun de présenter cet automne un spectacle à Montréal ou à Marseille, parfois même dans les deux villes, bien entendu à l’occasion d’Actoral. C’est la plus éloquente manière que j’ai trouvée de rendre compte de la circulation des œuvres et des artistes. Actoral est une courroie de transmission extraordinaire, du genre qui, j’en suis convaincu, si la volonté politique est au rendez-vous, pourrait bien devenir essentielle à notre écologie culturelle, une fenêtre sur le monde et un précieux outil de rayonnement pour les artistes québécois. Chaque automne depuis 2000, à Marseille, le festival Actoral propose à ses fidèles de communier avec « la richesse des écritures d’aujourd’hui ». Son fondateur et directeur artistique, Hubert Colas, invite des écrivains, des metteurs en scène, des chorégraphes, des plasticiens, des poètes et des cinéastes français et internationaux à partager leurs regards sur le monde. Depuis 2014, grâce à Danièle de Fontenay, Actoral connaît à l’Usine C une édition montréalaise, un rendezvous biennal qui expose les festivaliers à des découvertes emballantes en plus de contribuer au rayonnement des artistes québécois. Christian Saint-Pierre DANS LES COULISSES DE LA CRÉATION Le dossier s’ouvre sur une incursion dans l’univers du Québécois Félix-Antoine Boutin. En train de créer un Petit guide pour disparaître doucement, l’auteur, metteur en scène et comédien imagine un grand-père qu’il n’a pas connu, projette sur lui ses aspirations, ses réflexions et ses questionnements. Pour sa part, Andréane Roy nous fait découvrir la démarche de l’artiste de performance et chorégraphe canadienne Antonija Livingstone, qui présentera à Montréal Supernatural, un spectacle pour le moins pulsionnel, créé avec Simone Aughterlony et Hahn Rowe. Je m’entretiens ensuite avec Danièle de Fontenay et Hubert Colas pour en savoir plus sur les relations entre Actoral Marseille et Actoral Montréal. Dans le texte suivant, le Québécois Guillaume Corbeil et le Français Florian Pautasso témoignent de leur jumelage. Le premier a vu sa pièce, Tu iras la chercher, mise en scène par le second à Marseille en 2014. C’est une version plus longue de ce solo, défendue par la comédienne française Stéphanie Aflalo, qui sera présentée à Montréal. 49 Dans une retranscription des premières minutes de son spectacle Médail Décor, l’auteur et metteur en scène français Vincent Thomasset explique de quelle manière il est arrivé au théâtre. Avec un texte introspectif, le Belge Salvatore Calcagno nous fait entrer dans les répétitions de sa nouvelle création, Io sono Rocco. Le tandem Geneviève et Matthieu, des artistes de Rouyn-Noranda aussi drôles qu’iconoclastes, nous entraînent en Jamésie. Attachez bien votre tuque ! Finalement, le plasticien français Théo Mercier, parrain de la 16e édition marseillaise du festival, nous prépare à voir et à entendre Radio Vinci Park. Bonne lecture et longue vie à Actoral, à Marseille comme à Montréal ! • Félix-Antoine Boutin. © Charlie Marois et Joël Morin-Ben Abdallah 14 | DOSSIER : ACTORAL JEU 160 Petit guide pour disparaître doucement de Félix-Antoine Boutin, présenté coup sur coup à Marseille et à Montréal au festival Actoral en 2016. Sur la photo (répétition) : Félix-Antoine Boutin. © Odile Gamache 50 JEU 160 DOSSIER : ACTORAL | 15 Alors que son nouveau spectacle, Petit guide pour disparaître doucement, verra le jour à l’occasion du festival Actoral, à Marseille puis à Montréal, Félix-Antoine Boutin en profite pour explorer ici le thème de la disparition. Mon grand-père était magicien Félix-Antoine Boutin P uerto Vallarta, 1980. Mon grandpère meurt sous le soleil, en costume de bain sur la plage, son corps éteint de touriste cardiaque caressé par l’air chaud du Mexique. Avant sa mort, il hypnotisait. Littéralement. Il faisait des tournées sous le nom de Polo Thorez, en faisant faire des bruits de coq aux vieilles dames inconscientes. Il faisait aussi voler mon oncle, adolescent à l’époque, à l’horizontale, la tête appuyée sur un dossier de chaise. Mon oncle volait sous le regard ébahi du public. Mon grandpère était magicien. C’est dit. 51 Après sa mort, il a été rapidement rapatrié par avion puis enterré à Sherbrooke. Ensuite, sa femme, ma grand-mère, a développé les photos du voyage. Elle n’y a plus vu mon grand-père. Il avait disparu des photos, laissant à sa place des espaces remplis de paysages colorés, des trous inhabités à côté de ma grand-mère souriante. Ma grand-mère faisait partie de ceux que l’on pourrait appeler « les sceptiques ». Elle était terre à terre, ma grand-mère ; cartésienne même, je dirais. Elle était passionnée de généalogie ; elle avait rempli des dizaines de grands cahiers avec ses recherches. Enfant, j’adorais scruter ces ouvrages pendant des heures. 16 | DOSSIER : ACTORAL JEU 160 Peut-être que [mon grand-père] s’enterrait trop souvent, mort déjà de ne pas pouvoir être poreux. Et que, devant le ridicule du monde civilisé, Elle n’a jamais compris ce qui s’était passé. Troublée et muette devant les photos, il s’est volatilisé. Comme un manifeste elle a longtemps tenté de trouver une réponse. Son esprit n’a jamais été capable contre les définitions de concevoir une solution logique à cet événement surnaturel. Ce mystère a laissé qui ne veulent plus rien dire. un espace vide dans sa tête jusqu’à sa mort, 28 ans plus tard, comme une vapeur trouble dans son âme, un soupir tiède qui n’a jamais voulu se faire oublier. C’est peut-être le moyen que mon grandpère avait trouvé après son dernier souffle pour habiter celle avec qui il avait partagé sa vie. Pour ne pas finir, justement. Pour se trouver un petit tombeau de chair et de sang, et y dormir un peu, avant de s’envoler pour de bon, avec elle peut-être, celle qu’il a aimée sans doute, un jour. Pour laisser une trace en elle, mais disparaître quand même. Pour devenir une légende, sans avoir à exister, sans avoir de peau pour se contenir. Pour devenir une fable, un conte, qui pourra peutêtre traverser les époques, le temps. Pour se survivre hors des cahiers et de la généalogie. LES HYPOTHÈSES Peut-être qu’au contraire il a voulu se soustraire du monde pour de bon. Effacer son image pour être oublié rapidement. Peut-être qu’il voulait en finir pour vrai. Que trop longtemps il avait senti devoir brandir son identité comme un drapeau. Peut-être qu’au fond il avait toujours mieux saisi ce qui ne le définissait pas que ce qui le définissait. Peut-être qu’il n’avait jamais réussi à se caractériser, mon grand-père, qu’il avait eu conscience toute sa vie d’une pression extérieure qui le poussait à se cerner, à se délimiter. Mais qui limitait son existence aussi, probablement. Peut-être que mon grand-père ne voulait pas se barricader, justement, et que, dans un dernier effort, il a réussi à estomper l’image qu’on avait de lui. Parce qu’il ne croyait pas à la barrière entre le corps et l’esprit, qu’il aurait aimé « être » simplement, assumer le vertige de sa propre perméabilité et embrasser le trouble de ses espaces inconnus, changeants. Peut-être qu’il aurait voulu se déconstruire. Pour exister comme entité globale, sans appartenance à une identité définie. Il aurait voulu, en disant « je », dire ce qui est collectif et non ce qui est individuel. Il aurait voulu s’extraire de lui, pour capter ce qu’il y a de plus vaste, ce qui le dépasse et qui ne peut être saisi. Il aurait voulu se dérober à son individualité, pour tenter d’atteindre une humanité rassembleuse. Une identité qui s’étendrait sur l’univers en expansion. Pour se dilater toujours plus, sans avoir de contour pour la retenir. Peut-être que, comme moi, il était trop sensible, mon grand-père, et qu’il aurait voulu pouvoir habiter cette vulnérabilité avec sérénité. Peut-être qu’il recevait tout en pleine face et qu’il s’écroulait souvent. Parce que le monde était trop rigide peutêtre, et que mon grand-père aimait la poésie des choses, sans le savoir. Peut-être qu’il s’enterrait trop souvent, mort déjà de ne pas pouvoir être poreux. Et que, devant le ridicule du monde civilisé, il s’est volatilisé. Comme un manifeste contre les définitions qui ne veulent plus rien dire. Contre les prises de position factices qui ne font que gonfler l’ego et détruire le dialogue. Contre la guerre que l’on se fait au quotidien pour grandir, mais tout seul. Peut-être qu’il aurait trouvé qu’on ne se regarde pas assez souvent. Peut-être qu’au bilan final il a trouvé que sa vie avait été vaine et que, dans un geste ultime, il a voulu mettre un peu de poésie dans ce bas monde. Un peu d’imaginaire et de mystère, comme une respiration chaude sur la froideur du métal. 52 JEU 160 DOSSIER : ACTORAL | 17 Petit guide pour disparaître doucement de Félix-Antoine Boutin, présenté à Marseille et à Montréal au festival Actoral en 2016 (photo de répétition). © Odile Gamache 53 18 | DOSSIER : ACTORAL JEU 160 Un animal (mort), écrit et mis en scène par Félix-Antoine Boutin (Création Dans la Chambre), présenté au Théâtre d’Aujourd’hui à l’hiver 2016. Sur la photo : François Bernier. © Nans Bortuzzo LA FICTION Mon spectacle ne parle pas de mon grandpère. Il n’y est même pas évoqué. Je ne sais rien de lui. À part cette anecdote que j’ai peut-être inventée. Mort neuf ans avant ma naissance, mon grand-père n’a rien laissé qui se soit rendu jusqu’à moi. Sauf un autre prénom sur mon certificat de naissance, « Roger », un nom vieillot entre le « Joseph » et le « Félix-Antoine » qui a perdu son sens de n’avoir rien transmis. Une coquille vide à investir, peut-être. Je ne lui en veux pas, parce que quelque chose de lui m’habite sûrement sans que je le sache. Il a laissé un écran blanc immaculé, que l’on pourrait croire absent tellement il a été inutilisé. Pendant un instant, tout à l’heure, j’ai projeté sur lui mes propres désirs, mes propres réflexions, mes propres questionnements. Parce qu’il a fallu inventer. Inventer pour remplir ce que je ne connais pas. Remplir l’inconnu. Ce qui grandit sans cesse et qui ne peut être comblé. Remplir parce que je veux disparaître et que c’est en forgeant des forêts de fiction que je réussis à m’égarer pour ne plus me retrouver. Parce que je veux disparaître, oui. À cause de toutes les raisons que j’ai projetées précédemment sur mon grandpère vide. Parce qu’il faut s’inventer et se raconter tous les jours, je crois. Parce que nous ne sommes pas ce que nous croyons être et que c’est beau. Et qu’il faut s’y perdre. Parce qu’il faut se noyer, pour de bon. Pour ne plus se comprendre, parce qu’on ne s’explique pas de toute façon. Il ne faut pas se leurrer. Il faut arrêter de se croire et commencer à construire. Une construction irréelle qui pourrait devenir un grand château fabriqué de nos mains, avec les bouts de bois laissés par terre et avec les roches là depuis longtemps. Fabriquer une cathédrale imaginaire où se soustraire pour laisser la place à plus grand que soi, comme une conscience abstraite qui dépasse celui qui la conçoit. 54 J’invente des histoires pour ne plus exister. Pour me cacher sans doute. Je façonne des images où je peux me dissimuler. Comme dans le spectacle que je crée en ce moment, celui qui est la source de cet article. J’y invente un moi qui n’est pas moi, dans lequel je peux m’effacer. Un alter ego dans lequel je peux me réengendrer infiniment et ne plus être moi. Même si ce n’est pas possible, je le sais. Même si c’est une utopie. Mais les utopies sont faites pour être de courts échecs, non ? Des petites défaites qui font place à de nouveaux rêves ? Il faut se consoler et savoir que les petits naufrages deviennent souvent, avec le temps, sans qu’on le sache, de petites victoires muettes. C’est pourquoi je veux aussi embrasser l’échec, la faille de cet effacement. L’impuissance face à ce rêve qui devient un abysse où se perdre, et peut-être même s’évaporer doucement. C’est un fantasme au sens créatif du mot. Une extrapolation du réel, celui qui n’existe pas, de toute façon, car il est forgé par notre perception des choses. JEU 160 DOSSIER : ACTORAL | 19 Nos vies sont inexplicables, alors autant les déployer sur les possibles. Et les mettre face à l’impossible, aussi. Pour que la vie trouve des brèches dans l’insondable, y loge un nid où germer, pousser et prendre toute la place. Pour que la vie prenne toute la place. le sillonne, le crible et le perfore ; qu’une Avec maladresse et incohérence. éponge qui se gonfle et qui se vide au rythme de ses pas, qui, comme ça, se Avec incertitude et beauté. désagrège et se recompose avec de l’inédit. Une chose pénétrable qui se transforme au Avec tristesse et amour. cours des jours. Peut-être que je suis tout ce qui me sectionne pour édifier des choses Avec indiscipline et foisonnement. nouvelles qui ne seront plus moi. Nous Et tant qu’à percevoir les choses, autant les discerner avec inventivité. Avec magie et enchantement. LA MAGIE Parce qu’il faut s’absenter et laisser surgir le prodigieux. Nos vies sont inexplicables, alors autant les déployer sur les possibles. Et les mettre face à l’impossible, aussi. Pour que la vie trouve des brèches dans l’insondable, y loge un nid où germer, pousser et prendre toute la place. Pour que la vie prenne toute la place. Avec maladresse et incohérence. Avec incertitude et beauté. Avec tristesse et amour. Avec indiscipline et foisonnement. Parce que nous sommes tous l’enfant que nous avons été, et que cet enfant a été ligoté. Parce qu’il faut s’émerveiller encore ; s’émerveiller des choses simples et croire à ce que l’on rêve. Avoir la foi. Parce qu’on ne se rassemble plus devant ce qu’il y a d’énigmatique. Parce que les messes sont disparues, brûlées pour la liberté, et qu’elles ont emporté, avec elles, les territoires sacrés où l’on pouvait se recueillir, ensemble, devant ce qu’il y a d’obscur et de secret. Parce qu’on ne se rassemble plus devant la beauté du mystère. Parce qu’on ne peut plus être humble ensemble devant ce qu’il y a de plus grand. Parce que la logique a pris toute la place et que le surnaturel est rendu sensationnel, alors que s’élever devant ce qu’on ne comprend pas ne devrait pas être extraordinaire. Ça devrait être un geste quotidien, ça devrait faire partie de notre vie de tous les jours. Aussi, pour redonner un peu d’enchantement au monde, bientôt, moi aussi, je vais disparaître, comme par magie, devant vos yeux éblouis. Parce que je ne veux pas être qu’illusionniste. Peut-être que c’est ce que mon grand-père m’a laissé en héritage. Peut-être qu’un petit Polo Thorez m’habite depuis toujours et me dicte mon métier. Peut-être qu’il m’hypnotise depuis l’enfance, que je suis inconscient depuis tout ce temps. Peutêtre que c’est le bagage qui m’a été légué. Et que je dois transmettre moi aussi. Laisser au monde des rituels nouveaux, à remplir du présent. Provoquer la rencontre pour respirer l’instant. Encourager la réunion des masses avec des messes sans dieu. Sans dieu, mais avec tout le reste. Céder ma place à l’avenir aussi, en propulsant vers l’avant quelque chose du passé. Peut-être que nous sommes tous des passeurs et que c’est ce qui forme la colonne vertébrale de l’humanité. Peut-être qu’il faut se souvenir du futur, que c’est ce qui compose notre mémoire collective. Peut-être qu’il faut inspirer et avancer vers l’horizon, en étant poussés par l’expiration des fantômes des temps jadis. Peut-être qu’il faut que j’invente les temps anciens, tout ce qui se cache dans les cases derrière les noms des cahiers généalogiques de ma grand-mère ; qu’il faut aussi que j’imagine ce qui habitera les cases qui me suivront. Et comme ça, faire naître exponentiellement de nouvelles cases, les enfanter. Peut-être que c’est ce qui doit m’animer. Peut-être que c’est ce que je suis ; que je ne suis qu’un regard qui tente de traverser les siècles ; qu’un regard doucement et maladroitement confectionné par ce qui 55 sommes probablement des confettis sur le sol, poussés par le vent. Des confettis lancés par un magicien oublié. Et on fait des amas incontrôlables parfois. Et ça crée quelque chose. Et on se retrouve seul dans une flaque aussi, à certains moments. Et ça crée autre chose. Mon grand-père était magicien. Je l’ai décidé. Pas prestidigitateur. Magicien. Pas de trucages, pas d’illusions, pas de fauxsemblants, pas d’artifices. Je l’ai décidé. Il avait le pouvoir de partir en fumée, de s’évaporer et de traverser le temps. Mon grand-père était magique, c’est décidé. C’est donc une vérité. Comme toutes les autres que l’on génère. Pour se rassurer peut-être. Ma grand-mère, elle, a accouché de notre lignée en l’improvisant sur du papier. C’est comme ça qu’elle a mis au monde ses ancêtres aussi. C’est dit. Et moi. Moi… Ça reste à inventer. • Auteur et metteur en scène, directeur de la compagnie Création Dans la Chambre, Félix-Antoine Boutin a créé plusieurs spectacles depuis sa sortie de l’École nationale de théâtre en 2012. Mentionnons Un animal (mort) (2016), Les Dévoilements simples (strip-tease) (2015), Koalas (2014) et Orphée Karaoké (2014). Après une résidence de recherche de plus d’un an à L’L (Bruxelles) et à Montévidéo (Marseille), Petit guide pour disparaître doucement sera créé à l’automne 2016, à Marseille et à Montréal. 20 | DOSSIER : ACTORAL JEU 160 Antonija Livingstone dans Cat Calendar (2005), qu’elle a créé avec Antonia Baehr. © Daniel Adams ANTONIJA LIVINGSTONE : PENSER ET DANSER « ENTRE » 56 JEU 160 DOSSIER : ACTORAL | 21 Performeuse et chorégraphe, Antonija Livingstone se décrit plutôt comme quelqu’un qui « crée des choses avec la danse ou des choses qui dansent ». Quelque part entre l’Allemagne et Montréal, elle a accepté de nous parler de son parcours, de sa démarche et de Supernatural, le spectacle qu’elle a créé avec Simone Aughterlony et Hahn Rowe. Andréane Roy LE public montréalais connaît Antonija Livingstone grâce à Culture, Administration & Trembling (FTA 2014), A Situation for Dancing (FTA 2007), à ses collaborations avec Benoît Lachambre et à ses participations au festival Edgy Women depuis 1999. En France et ailleurs, elle se fait connaître avec son solo The Part (2004), mais surtout grâce à ses nombreuses collaborations avec Meg Stuart, avec qui elle danse depuis 2002 (en tournée actuellement avec Sketches/ Notebook). des échappées, des chemins de traverse, et j’ai appris à chorégraphier en autodidacte, sur le terrain. Grâce à un travail intense auprès du chorégraphe Benoît Lachambre, qui a été pour moi comme un grand frère, j’ai pu intégrer ma pratique hybride du mouvement et apprivoiser différents types de création collaborative. J’ai été conviée par Meg Stuart à rejoindre sa compagnie, en Europe, en 2002. J’ai dansé à la limite de mes capacités avec Meg, et cette exigence m’a appris à appréhender le corps comme un matériau, libéré des carcans des traditions et du genre. LE CORPS COMME MATÉRIAU Qu’est-ce qui vous a poussée à créer vos propres œuvres ? Comment la danse contemporaine est-elle entrée dans votre vie ? ANTONIJA LIVINGSTONE – Je n’aurais pas pu faire autre chose. C’était clair dès le début. J’avais des difficultés à l’école et un comportement revêche, mais l’étude des disciplines du mouvement m’attirait parce que c’était plus direct, cela répondait à mon besoin de travailler avec mon corps dans l’espace et le domaine de l’haptique, ce qui nous dirige forcément vers une autre forme d’intelligence et d’imagination. J’ai grandi au sein d’une famille de géologues dans les mines d’or du Yukon, mais j’ai développé une dévotion absurde pour le ballet, la contact improvisation, les arts martiaux et la danse dans les boîtes gaies. Malgré les blessures, les échecs et les doutes, la danse, dans ma vie, est là pour rester. L’éducation formelle et le milieu institutionnel ne m’ont jamais réussi. Cependant, j’ai rencontré des mentors iconoclastes à Vancouver, à New York et ailleurs. J’ai toujours trouvé 57 A. L. – Ma première création, la performance solo The Part (2004), était une proposition, comme un cadeau, destinée à mes chers collègues Benoît Lachambre, Vera Mantero et Meg Stuart. Il s’agissait d’exploiter les clichés du genre et de la représentation, notamment à travers les figures du père Noël et de la femme fatale, pour faire surgir la vie dans toute sa fluidité et sa complexité. Je joue encore The Part, et c’est toujours un défi. Je ne cherche surtout pas à reproduire une forme d’une création à l’autre. J’aime le travail in situ. Le discours, c’est l’œuvre en soi qui l’écrit. Elle définit aussi ses propres lois et critères. Je vois la danse comme une chose ou comme une composante d’une chose qu’il est possible d’utiliser pour produire une transformation. La danse est présente si elle est expérimentée à travers le prisme d’autre chose : une recherche du mouvement, une tâche, un (impossible) désir, un accident, un remède. 22 | DOSSIER : ACTORAL JEU 160 UNE APPROCHE « CURATORIALE » Vous avez toujours travaillé de manière collaborative et vous dites que vous approchez la chorégraphie comme une pratique de commissariat – vous employez plutôt le terme anglais curation, plus évocateur selon vous. D’où cela vient-il ? A. L. – J’ai été malade. L’étymologie du mot curare, duquel dérive le mot anglais curation, signifie « soumettre à une cure, guérir, prendre soin ». L’acte d’élaborer une cure requiert aussi de choisir les matériaux en fonction de leur qualité pour développer des recettes et des méthodes. J’ai eu besoin de traiter mes propres maladies. J’accorde beaucoup d’importance au processus. Quelles conditions de création chorégraphique vont améliorer ma qualité de vie ? Quelles technologies et expérimentations peuvent rendre les gestes « chorégraphiques » ? Je m’engage à découvrir de la danse dans les choses et les situations. Alors que commissariat est à la mode dans le milieu de l’art actuel, je dis non merci ! J’insiste sur la réappropriation de curation pour ses bienfaits particuliers. Je me suis donc davantage intéressée au concept d’exposition d’une pratique et au fait de considérer une proposition ou une étude comme une forme artistique en soi – inachevée, inachevable, crue. Objet amateur ou incomplet, peut-être, mais néanmoins conçu comme tel, délibérément. Si je choisis de travailler dans ce domaine, avec tout ce qui vient avec, notamment la précarité fondamentale du milieu des arts en général, j’aime en profiter (à entendre aussi dans un sens non monétaire) lorsque je performe. Ainsi, j’aime prendre mon temps et créer de l’espace pour des manières d’être qui sont importantes ou stimulantes. C’est aussi ce qui explique pourquoi j’ai été très soucieuse ces dernières années de supplanter l’« entreprise spectatoriale » (business of spectatorship) par une pratique du témoignage. Culture, Administration &Trembling d’Antonija Livingstone, présenté au FTA 2014, dans une installation de l’artiste visuelle Dominique Pétrin. © Stephen Thompson PRÉSENCES RARES ET DOUCEUR RADICALE Votre travail ébranle les normes, mais toujours avec tendresse. La pratique artistique est-elle pour vous un moyen de préserver des présences douces ou menacées ? A. L. – La question de la présence est au cœur de ma démarche. Qui et comment ? Quel corps ? Quels rapport et regard entre les corps sont présents ? Avec quelles connaissances et ignorances écrit-on, ensemble ? Comment travailler en détail et poétiquement les problématiques actuelles, notamment à travers mon affinité pour les présences rares et les pratiques en voie de disparition ? Par exemple, dans Culture, Administration & Trembling, j’ai creusé ces enjeux. Les propositions des collaboratrices, l’artiste visuelle Dominique Pétrin et la chorégraphe Jennifer Lacey, ont été essentielles à l’écriture de l’œuvre. L’écriture de la pièce repose sur cette collection de pratiques et de remèdes qu’on « performe » ensemble : plutôt comme une « manif » (le malebreastfeeding1, par 1. Pour plus de détails sur ce spectacle et les pratiques en question, notamment le malebreastfeeding, consulter mon article « Le commun, une utopie ? », paru dans Jeu 157, 2015.4, p. 20-25. 58 exemple). Il est vrai que quelques-uns ont peur des trois serpents qui manifestent avec nous – et que certains ont aussi peur du malebreastfeeding ! –, mais il y a souvent un effet homéopathique qui opère. Le danger imaginé est diminué, car le contact se fait dans une situation très harmonieuse. En Grèce antique, on attribuait aux serpents des vertus thérapeutiques : pensons au bâton d’Asclépios qui demeure un symbole de la médecine à ce jour. La fraîcheur du corps des serpents, puis la lenteur et la langueur avec laquelle ils se meuvent apaisent les gens souffrant d’épuisement nerveux. Les serpents nous amènent vers une temporalité différente. En tournée depuis les dernières années, j’observe comment Culture, Administration & Trembling nous touche et nous soigne tous. Que des gens profitent du trembling (tremblement), c’est de la vraie magie ! JEU 160 DOSSIER : ACTORAL | 23 Vos créations travaillent sur le rythme et la durée, nous entraînant dans un état de contemplation des corps en présence. Est-ce là une manière de faire contrepoint au monde dans lequel nous vivons, où tout s’atomise et s’accélère ? A. L. – Absolument. Le chaos est le terrain, et je travaille dans l’extrême simplicité, à partir du détail, de la qualité sculpturale et de l’intelligence sensible des corps. Je suis souvent intéressée par le presque rien. J’ai l’impression que c’est ce dont nous avons le plus besoin et que c’est même un geste très politique que nous pouvons poser aujourd’hui : prendre soin de cet espace contemplatif et se donner le temps de le faire. La douceur radicale est un idéal, mais, de toute façon, lutter et fêter (danser) vont souvent ensemble. SUPERNATURAL Supernatural, que vous présenterez à l’Usine C en octobre 2016, est une œuvre que vous signez avec Simone Aughterlony et Hahn Rowe. A. L. – Ce spectacle se distingue de mes autres collaborations en ce que nous avons bénéficié de ressources substantielles pendant un long processus en trio. Toutes les autres pièces que j’ai faites dans ma carrière ont été réalisées par périodes intensives très courtes. C’est très précieux de travailler avec de telles ressources, et le résultat le prouve bien. Heureusement, on tourne Supernatural souvent et dans des lieux très différents, notamment un jardin français classique, un stationnement à Los Angeles, un musée à Vienne pour une durée de six heures... Je suis une artiste tout terrain, sans doute. Au cœur de votre démarche, on observe une autre constante : l’exploration de la thématique des identités non binaires et le détournement des stéréotypes. Les théories queer semblent être une grande inspiration, notamment pour Supernatural. A. L. – Il me semble réducteur d’aborder mon travail du seul point de vue de la politique identitaire. Le queer est une façon de vivre, une affinité avec ce qui se trouve en périphérie. C’est une méthode, un humour – mais ce n’est pas le sujet de Supernatural ni de mon œuvre en général. Je veux plutôt parler de liberté, de transformation. Il serait trop littéral de dire que Supernatural ne parle que de sexualité et de déconstruction des genres. Nous utilisons les corps nus, comme les autres matières crues, en état de découverte. La reconnaissance de l’énergie érotique qui est partout présente nous permet d’aborder ces sujets sous la forme d’une proposition postpornographique, où nous comprenons que les plaisirs sont omniprésents et multiples. Qu’y a-t-il derrière le titre Supernatural ? Est-ce une allusion au paradoxe entre nature et artifice, comme en témoigne l’installation qui réunit en un même espace néons, tapis rose bonbon, hache et bûches de bois ? A. L. – C’est un rassemblement d’idées avant tout. Certes, nous avons échangé autour des ouvrages de Paul (Beatriz) Preciado, Manifeste contra-sexuel et Testo Junkie, ainsi que Queer Phenomenology de Sara Ahmed, pour ne nommer que ceux-là, mais la question du legs de la sexualité queer, anarchiste et féministe n’est pas la finalité de l’œuvre. Le titre provisoire, une proposition de Simone, était In disguise. Entre les étapes de création, j’ai passé beaucoup de temps seule dans les forêts de la ColombieBritannique, entourée de cèdres géants, et dans ma maison en Nouvelle-Écosse, au bord de la mer sauvage. C’est naturel, certes, mais c’est aussi au-delà… Quand on s’y retrouve, cela nous paraît surnaturel. 59 La question de la présence est au cœur de ma démarche. Qui et comment ? Quel corps ? Quels rapport et regard entre les corps sont présents ? Avec quelles connaissances et ignorances écrit-on, ensemble ? Comment travailler en détail et poétiquement les problématiques actuelles, notamment à travers mon affinité pour les présences rares et les pratiques en voie de disparition ? – Antonija Livingstone 24 | DOSSIER : ACTORAL JEU 160 60 JEU 160 DOSSIER : ACTORAL | 25 Supernatural de Simone Aughterlony, Antonija Livingstone et Hahn Rowe, présenté au festival Actoral à Marseille (2015) et à Montréal (2016). Sur la photo : Simone Aughterlony et Antonija Livingstone. © Jorge León On est très humble dans ce contexte, mais surtout pas déguisé. On est plutôt dévoilé, à nu. J’ai ramené cette idée de titre à mes collègues. Petit à petit, le développement conceptuel s’est ouvert à la pensée de Jane Bennett, auteure du livre Vibrant Matter : A Political Ecology of Things. En intégrant ce regard à notre travail, nous avons pris conscience de l’agencement des différents matériaux avec lesquels nous jouions et nous nous sommes interrogés sur leur résonance et leur présence, au sens de qualité, vibration et affect. À partir de là, nous avons inventé ensemble une pratique physique qu’on appelle new-sociation. C’est un travail de réorientation des sens et de déconstruction de la hiérarchie habituelle des corps et des actions au sein de notre environnement. Comment la qualité, la texture et la sonorité d’une chose peuventelles modifier la présence et la disposition des corps ? Par exemple, quand je fends du bois avec une hache, ce sont ces objets qui me « chorégraphient ». Supernatural témoigne de cette idée selon laquelle nous faisons partie d’un paysage, qui est à la fois naturel, artificiel et magique, et que nous pouvons coécrire ensemble, tout comme nous pouvons aussi être récrits par lui, nous tous, à nouveau. • Andréane Roy détient des baccalauréats en études théâtrales (Université du Québec à Montréal) et en littérature comparée (Université de Montréal). Elle est candidate à la maîtrise en théâtre (UQAM). Elle travaille aussi comme conseillère dramaturgique, auprès, notamment, de Christian Lapointe et de Hanna Abd El Nour. 61 26 | DOSSIER : ACTORAL JEU 160 Le centre Montévidéo à Marseille, lieu d’artistes où est établi le festival Actoral. © Pierre Gondard DE MARSEILLE À MONTRÉAL Pour en savoir plus sur la relation qui unit Actoral Marseille à Actoral Montréal, nous avons posé quelques questions à Hubert Colas, fondateur et directeur artistique du festival, et à Danièle de Fontenay, directrice artistique de l’Usine C. Christian Saint-Pierre 62 D anièle de Fontenay a été rapidement séduite par le caractère transversal du festival, qu’elle a découvert en 2012. « Actoral est transversal en ce qu’il permet la rencontre des écritures contemporaines dans tous les domaines des arts, explique la directrice artistique de l’Usine C, mais aussi en ce qu’il suscite des maillages artistiques entre des créateurs issus de champs d’expression fort différents. Cet événement international réunit des productions originales et novatrices à la fine pointe des recherches et des questionnements actuels sur l’art et la notion de représentation. J’y ai reconnu les mêmes préoccupations qui animent bon nombre de créateurs au Québec, ainsi que certains théâtres, à commencer par l’Usine C. » JEU 160 DOSSIER : ACTORAL | 27 L’Usine C accueille l’édition montréalaise d’Actoral. © Pierre Manning 63 28 | DOSSIER : ACTORAL JEU 160 « Tout en restant très attentifs aux formes émergentes, nous avons pu continuer le compagnonnage avec des artistes qui avaient fait partie de l’aventure dès le début et qui maintenant sont reconnus. Nous sommes restés fidèles à cette ligne de développement des nouvelles écritures dans tous les domaines pratiques. Je trouvais important que tous les Si la directrice artistique a choisi d’accueillir écrivains – qu’ils écrivent de la littérature, Actoral, c’est d’abord et avant tout pour artistiques. » de la poésie sonore ou des textes pour la favoriser la diffusion des créations québécoises et canadiennes en territoire francophone, pour que se produisent des échanges professionnels avec des créateurs de la France, de la Belgique ou de la Suisse. « La relation qui unit l’Usine C et Actoral est basée sur la confiance et la complicité, explique-t-elle. Elle nous permet de découvrir des artistes et de les faire découvrir. » La directrice précise que la circulation des productions ou des projets s’opère toujours sur la base d’un accord artistique, en tenant compte de la nature du projet et de ses besoins : « Ça peut être une résidence, comme celle qui nous relie à L’L à Bruxelles et à Montévideo à Marseille. Ça peut aussi être la création d’un texte inédit avec la participation de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD). Ou encore des productions déjà créées, qui tournent grâce à la collaboration du Conseil des arts et des lettres du Québec. Actoral donne l’occasion aux artistes québécois de tisser des liens avec des praticiens dynamiques et novateurs qui, comme eux, redéfinissent les genres et les formes de l’art actuel ailleurs dans la francophonie. Pour le public montréalais, c’est l’occasion de découvrir de nouveaux créateurs, et pour notre métropole culturelle internationale, celle de faire rayonner ses artistes à l’étranger. » DE MONTÉVIDÉO À ACTORAL Actoral est fondé à Marseille en 2000, dans la continuité de la création du Centre Montévidéo, qui répondait à la nécessité pour Hubert Colas d’avoir un lieu pour sa propre compagnie. « Ce lieu, explique-t-il, je souhaitais le partager, y inviter d’autres artistes. Le désir est né d’imaginer un moment où nous puissions réunir les artistes ayant bénéficié d’une résidence pour qu’ils présentent leurs projets en cours, des pistes de travail, des lectures. À l’époque, quelque chose dans les écritures de théâtre avait besoin de bouger, il était nécessaire d’ouvrir un lieu à Marseille qui puisse accueillir ces nouvelles scène – puissent trouver à Montévidéo un lieu où se rencontrer et se confronter les uns aux autres. Nous étions attentifs à de jeunes artistes qui pratiquaient ce qu’on appelle les nouvelles écritures scéniques. Montévidéo était ouvert aux nouvelles formes. Actoral a été imaginé comme un temps fort ; nous l’avons renouvelé l’année suivante. » – Hubert Colas Rapidement, il est apparu nécessaire d’interroger toutes les formes artistiques. « Le festival a grandi chaque année, la dynamique créée à partir de 2007 autour de la candidature de Marseille au titre de Capitale européenne de la culture a imposé Actoral dans le paysage culturel de la ville. Dès les premières éditions, j’ai souhaité que d’autres structures locales y soient associées. Depuis, Marseille a bougé. Actoral s’est posé dans plusieurs lieux, et le champ du contemporain est de plus en plus présent dans la ville. J’en suis très heureux. Tout en restant très attentifs aux formes émergentes, nous avons pu continuer le compagnonnage avec des artistes qui avaient fait partie de l’aventure dès le début et qui maintenant sont reconnus. Nous sommes restés fidèles à cette ligne de développement des nouvelles écritures dans tous les domaines artistiques. Actoral se développe maintenant dans d’autres villes, selon des affinités : à Toulouse, avec Jacky Ohayon au Théâtre Garonne et Pascal Papini au Théâtre Sorano ; à Montpellier, avec Rodrigo García à Humain trop humain ; et, bien sûr, à Montréal, avec Danièle de Fontenay à l’Usine C. » UN STIMULANT COUSINAGE Hubert Colas parle d’une véritable complicité avec Danièle de Fontenay. « Nous avons des échanges tout au long de l’année, précise-t-il. Par exemple, en ce moment, Marie Brassard est en résidence à Montévidéo et, dans deux mois, nous accueillons FélixAntoine Boutin. La première édition du festival à Montréal a été nourrie par une 64 écoute entre les deux continents. Le dialogue se poursuit, tout en élargissant les perspectives. Il ne s’agit pas simplement de présenter des pièces, mais aussi d’accompagner des artistes, ce qui implique de trouver d’autres lieux de diffusion que les nôtres pour qu’ils puissent produire et créer. Cette complicité s’est d’ailleurs élargie en intégrant L’L, un centre à Bruxelles qui soutient les artistes émergents. JEU 160 DOSSIER : ACTORAL | 29 Fire of emotions de Pamina de Coulon, qui sera présenté à Actoral Montréal en 2016. © Flavie Leleu Les échanges avec Danièle me permettent aussi de regarder les choses autrement. » Le directeur d’Actoral considère qu’il existe une effervescence toute particulière, spécifique au contexte québécois : « C’est une énergie qui me fait toujours revenir, continuer ce cousinage, rencontrer de nouveaux artistes qui joueront avec nous le jeu des cor- respondances. Ce n’est pas un hasard si Justin Trudeau a été élu comme premier ministre ! Il fait partie d’une nouvelle génération qui regarde en face le passé et nomme les choses, et je pense que ça fera un bien fou au pays et au monde s’il arrive à mener sa politique économique, culturelle et écologique. L’Europe se referme sur elle-même, comme s’il n’y avait plus de projet de civilisation, alors qu’elle 65 était vouée à lancer un élan de générosité, de préoccupation pour l’humanité. Les artistes en Europe offrent un reflet de cette situation et essaient de témoigner d’une certaine inquiétude. Tout ceci se retrouve d’une manière ou d’une autre dans les formes, les complémentarités, le désir d’ouverture. À Actoral, à Marseille ou à Montréal, nous sommes en quête de cela, dans un désir de partage. » 30 | DOSSIER : ACTORAL JEU 160 Howl de Mathias Varenne, qui sera présenté à Actoral Montréal en 2016. © Mathias Varenne OUVERT SUR LA FRANCOPHONIE Hubert Colas explique que la sélection des œuvres se fait lentement. « Ce sont des histoires d’accompagnement, précise-t-il. C’est ce qui donne la texture de chaque édition d’Actoral. Nous accompagnons Antonija Livingstone dans sa nouvelle création avec Nadia Lauro à Marseille et à Montréal, et nous allons présenter Supernatural, sa pièce précédente. C’est une façon de déployer son univers. Antonija sera d’ailleurs en résidence à Montévidéo en juillet. Nous avons des fidélités, il s’agit de prendre des risques et d’accompagner les artistes dans leurs prochaines créations. » Depuis quelques années, Hubert Colas développe des relations avec la francophonie, de manière à faciliter la circulation des œuvres : « Outre Montréal, nous travaillons avec la Suisse et la Belgique. Les artistes invités ont des écritures scéniques particulières. Je pense notamment à Toshiki Okada, mais aussi à Théo Mercier, qui est avant tout un plasticien, ou encore à Kate McIntosh, qui vient de la performance, tout comme Miet Warlop. Nous avons imaginé aussi des événements-rencontres entre deux artistes autour d’un projet d’une demi-heure, des préfigurations de futurs spectacles. L’édition 2016 est également marquée par la présence de deux monuments de la culture belge et flamande : Alain Platel et Jan Fabre. Ce dernier est rarement venu à Marseille. Il est à la fois plasticien, chorégraphe, metteur en scène. Ce type de maillage entre artistes à différents moments de leur parcours m’intéresse tout particulièrement. » 66 « À Montréal, précise Colas, il y aura des échos de la Belgique, notamment avec la présence de Salvatore Calcagno, qui est aussi au programme du Kunstenfestivaldesarts. Geneviève et Matthieu ont été produits à Actoral Montpellier, et ils seront à Montréal en octobre, pour revenir dans un an et demi à Marseille. Dans le cru 2016, il y aura aussi Vincent Thomasset, pour la première fois au Québec, Olivia Rosenthal, écrivaine qui présente son travail sous la forme de performances, Pamina de Coulon, Florian Pautasso, Mathias Varenne, Lorenzo De Angelis, Fanny de Chaillé, Alexander Vantournhout et Bauke Lievens. » • Les propos d’Hubert Colas ont été recueillis par Smaranda Olcèse. JEU 160 DOSSIER : ACTORAL | 31 UN ENDROIT OÙ L’ON VOIT À L’INTÉRIEUR DES GENS Guillaume Corbeil et Florian Pautasso Florian Pautasso dirige Stéphanie Aflalo dans Tu iras la chercher, un monologue de Guillaume Corbeil sur la vaste question de l’identité. Le metteur en scène français et l’auteur québécois reviennent sur les tenants et les aboutissants de leur rencontre. Tu iras la chercher de Guillaume Corbeil, mis en scène par Florian Pautasso et interprété par Stéphanie Aflalo (Les Divins Animaux), sera présenté à Actoral Montréal en 2016, après l’avoir été à Marseille en 2015. © Philippe Ulysse 67 32 | DOSSIER : ACTORAL JEU 160 LES MÉANDRES DE LA PENSÉE Florian Pautasso Ce projet est né d’une commande que m’a faite Hubert Colas, directeur du festival Actoral à Marseille. Il m’a proposé trois textes de Guillaume Corbeil : Cinq visages pour Camille Brunelle, Unité modèle et Tu iras la chercher, le monologue d’une femme aux prises avec sa perception d’elle-même et de ce qui l’entoure. L’aspect actif, mouvant de la langue, à la fois très concret et insaisissable, et cet autotutoiement déroutant qui rend incertain l’identité même de celle qui parle m’ont fait sentir qu’il pouvait se passer quelque chose entre ce texte et moi. C’est la perspective de proposer ce rôle à Stéphanie Aflalo qui a achevé de me convaincre de choisir Tu iras la chercher. Guillaume a dédié la pièce à une comédienne, et je trouve qu’on sent que ce texte est né d’une fascination. Je suis moi-même très sensible au travail avec les actrices ; j’ai plusieurs fois écrit pour elles. La présence intense de Stéphanie, son esprit retors, sa sensibilité et son intelligence m’ont laissé imaginer que sa rencontre avec cette écriture pouvait se faire avec un certain éclat. Elle est aussi une artiste entière : elle est metteure en scène et suit en parallèle des études de philosophie. J’ai besoin d’avoir en face de moi un artiste autonome, qui n’est pas dépendant de moi pour tisser des liens entre ce qu’il joue et le monde, entre ce qu’il a à défendre et sa propre intimité. Elle – c’est le nom du personnage – évolue dans une confusion de chaque seconde et remet en question peu à peu tout ce qui constitue la réalité : le paysage urbain qui l’entoure, mais aussi ses propres souvenirs, sa voix, son apparence, son comportement social. Cette vision du monde, qualifiée de « dépressive », constamment flottante, qui la gangrène insidieusement, nous avons essayé de la faire exister petit à petit et avec finesse. Il était important pour nous que le spectateur suive au plus près les méandres de la pensée de cette femme, même lorsqu’elle frôle la folie, sans pour autant la juger. L’interprétation est donc fragile, évoluant sur un fil ténu, dans une étrangeté latente. Le texte réveille une série de questions liées à ce qui constitue l’identité. Suis-je unique ? Ou suis-je la somme de multiples héritages assemblés ? Est-il possible d’être conforme à ce que l’on souhaiterait être ? Ce que je souhaite être, est-ce vraiment moi qui le souhaite ? Et puis, qui suis-je ? Le vertige de cette question tient aussi à l’angoisse qu’il n’y ait en réalité personne en coulisses derrière ce moi-noyau. Qu’en est-il de moi, 68 une fois ce moi dépossédé de sa voix, de ses gestes, de ses émotions, de ses souvenirs, et du pouvoir de ne pas douter ? Qu’en est-il de moi une fois ce moi vidé de tout ce qui le fondait et permettait de le reconnaître comme tel ? Ce sont d’ailleurs, entre autres, les problématiques identitaires similaires à celles que rencontre l’acteur qui ont intéressé Stéphanie dans ce texte. Au cours des répétitions, elle me parlait beaucoup du film Inland Empire de David Lynch. UNE FEMME EN LUTTE La femme de Tu iras la chercher est en perpétuelles action et interaction avec le monde social, et, pourtant, c’est sa parole intérieure qu’on nous donne à entendre. Quand Elle parle, elle peine à se reconnaître. JEU 160 DOSSIER : ACTORAL | 33 Tu iras la chercher de Guillaume Corbeil, mis en scène par Florian Pautasso. © Philippe Ulysse Il était important pour nous que le spectateur suive au plus près les méandres de la pensée de cette femme, même lorsqu’elle frôle la folie, sans pour autant la juger. L’interprétation est donc fragile, évoluant sur un fil ténu, dans une étrangeté latente. – Florian Pautasso Sophie Van Everdingen, subtils échos de souffles et de synthétiseurs, ainsi que les reflets lumineux verdâtres fluctuant dans l’étendue du plateau éclairé par Philippe Ulysse viennent aider à faire basculer imperceptiblement la représentation dans un autre degré de réalité, plus mystérieux, à la fois introspectif et transcendantal, puisqu’il s’agit pour le protagoniste d’une fusion d’un instant avec ce qu’on pourrait appeler l’image de son idéal. Agir conformément à ce qu’on attend d’elle lui est difficile. Dans ses pensées, elle est au cœur de questionnements existentiels et tente d’apparaître aux yeux des autres de la manière la plus convenue. Elle lutte pour que son apparence ne pose pas de problème, alors qu’intérieurement des problèmes cruciaux se posent, et violemment. Le théâtre, c’est ce lieu là, à la fois un lieu de société, et en même temps un endroit où l’on voit à l’intérieur des gens, où l’on dit à voix haute ce qui reste emmuré dans un contexte social. C’est de là que je tire la force théâtrale du texte. Je souhaitais que la traversée mentale et les chemins tortueux que cette femme emprunte soient au premier plan, soient ce à quoi le spectateur assiste. Ainsi, les effets visuels et sonores ont été pensés pour porter l’interprète, et teinter légèrement l’ambiance. L’espace duquel parle cette femme ne pouvait pas être clairement identifiable. J’ai préféré disposer un certain nombre d’éléments évocateurs : un espace réduit en panneaux de liège, des objets symboliques reliés par des fils épinglés, une grosse lampe industrielle braquée au-dessus de la tête de l’interprète. J’avais en tête un imaginaire policier et psychiatrique, comme si cette femme enquêtait sur elle-même, tentait d’établir le profil psychologique d’une personne recherchée à l’aide d’une série d’indices. Et c’est bel et bien ce qui se passe dans la pièce : il s’agit d’une traque. Au moment où la femme s’approche de son but et où le trouble de la personnalité s’accentue, l’environnement sonore de 69 Au festival Actoral, à Marseille, nous avons présenté une forme d’une trentaine de minutes. Montréal sera pour nous l’occasion de présenter une deuxième version plus longue, et, par la même occasion, d’oser davantage. • Florian Pautasso est comédien, auteur et metteur en scène. Il dirige la compagnie Les Divins Animaux, au sein de laquelle il a monté ses textes, dont Show funèbre à 7 voix. Il a également créé des spectacles écrits « au plateau », comme Quatuor Violence et Flirt. Sa prochaine création, Notre foyer, est prévue pour 2018. 34 | DOSSIER : ACTORAL JEU 160 Tu iras la chercher de Guillaume Corbeil, mis en scène par Sophie Cadieux et interprété par Marie-France Lambert (Espace GO, 2014). © Caroline Laberge 70 JEU 160 DOSSIER : ACTORAL | 35 UN LABYRINTHE D’IMAGES, DE DOUBLES ET DE MÊMES Si le cinéma fige sur la pellicule la version parfaite d’une scène, d’une histoire, le théâtre permet de faire coexister de multiples versions d’un être, d’une scène, d’une émotion… En fait, non seulement il le permet, mais c’est sa nature. – Guillaume Corbeil Guillaume Corbeil Il est toujours étrange de s’asseoir dans une salle pour recevoir un texte qu’on a écrit dans une mise en scène à laquelle on n’a pas participé. On débarque de l’avion, on dort un petit peu pour se remettre du décalage horaire et nous voilà assis dans un théâtre qu’on ne connaît pas, devant un décor qu’on n’a jamais vu de sa vie. Cette fois, je suis à Marseille, au festival Actoral. Hubert Colas et la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) ont arrangé un mariage entre le metteur en scène Florian Pautasso et moi autour de Tu iras la chercher. Dans une petite boîte en liège, l’actrice entame le spectacle. « Tu es là / Le dos droit / Les bras de chaque côté du corps. » Si je reconnais les mots qu’elle dit, mon texte me paraît aussi étranger. Il y a peut-être le fait que Stéphanie Aflalo, l’actrice, est beaucoup plus jeune que MarieFrance Lambert, qui a interprété Elle lors de la création à Espace GO. Il y a aussi la mise en scène, qui éclaire certains passages de nouvelles façons, qui crée un nouveau rythme, qui nous donne à entendre une nouvelle musique, un nouveau sens… Ce sont les mêmes mots, mais je jurerais entendre un tout autre texte. C’est cette idée qu’on avait explorée, Sophie Cadieux et moi, la première fois qu’on avait présenté ce monologue. Il s’agissait d’une série de quatre lectures, avec quatre actrices différentes, dans quatre lieux d’Espace GO : quai de déchargement (Marie-Pier Labrecque), vestiaire (Monia Chokri), salle de conférence (Sophie Vajda) et salle de répétition (Sophie Cadieux). Épaulée par Gaétan Paré, chacune mettait en scène son monologue. Après l’événement, plusieurs spectateurs nous ont avoué être convaincus que le texte présentait des différences d’une version à l’autre : certains passages auraient été coupés ici, d’autres auraient été ajoutés là… En vérité, c’étaient toujours les mêmes mots. Il y a là, je trouve, le sens même de l’interprétation : la partition a beau être identique, l’actrice, en se l’appropriant, crée une nouvelle œuvre. La manière dont elle s’y prend, sa voix, son intelligence émotive, tout ça ne modifie pas seulement la mise en scène, mais le sens du texte et, avec lui, l’histoire qui est racontée. Ce qui m’a particulièrement plu dans cette expérience, c’est qu’elle vient répondre à la problématique de Tu iras la chercher. Le personnage d’Elle se sent prisonnière des évidences et en vient à se demander comment exister en tant que sujet dans un labyrinthe d’images, de doubles et de mêmes. Ne sommes-nous pas tous la répétition d’une seule et même personne ? s’interroge-t-elle. Oui, notre expérience du monde est standardisée par un lot de modèles qu’on nous donne à rêver, mais en interprétant le monde, comme une actrice son texte, nous révélons notre singularité. UN AUTRE ÊTRE POSSIBLE Quand Sophie est passée de l’autre côté de la table pour mettre en scène mon texte, avec Marie-France Lambert dans le rôle d’Elle, nous avons cherché une façon d’utiliser le fruit de notre petit laboratoire. Sur la page privée Facebook qui nous servait de lieu de discussion, l’idée nous est venue de reprendre le texte, c’est-à-dire de le jouer deux fois. Ginette Noiseux, directrice artistique de GO, a d’abord cru que nous plaisantions, mais, bien vite, elle a compris notre sérieux et nous a laissés aller. MarieFrance Lambert, quant à elle, a demandé si, dans ce cas, elle pouvait avoir un cachet double, et nous lui avons dit non. Lors des premiers enchaînements, l’actrice n’avait aucune difficulté à jouer le texte une première fois. En entamant la reprise, des mots lui échappaient et elle inversait des passages. Elle venait pourtant de réciter son monologue sans aucune difficulté – elle 71 connaissait le texte. Mais la répétition le faisait changer. Comme si elle ne reprenait pas la première scène, mais devait en apprendre une nouvelle. À Marseille, dans mon fauteuil, dans une des salles de la Friche la Belle de Mai, ce n’est pas une autre facette de mon personnage que je découvre, mais un autre être possible. Les vêtements et la coiffure sont les mêmes, la femme qui est dedans est autre. Pendant la représentation, je m’émerveille de certains détails : « C’est vrai, elle peut être comme ça, aussi. » Je vais souvent voir et revoir mes spectacles et, chaque soir, j’espère assister à la représentation parfaite, à celle où il n’y aura pas d’erreur, où le rythme sera soutenu. Je pourrai alors l’enregistrer dans ma mémoire et me dire : ça y était, c’était ça. L’expérience des reprises me fait réaliser que le spectacle se trouve en vérité dans la somme de tous les possibles. Si le cinéma fige sur la pellicule la version parfaite d’une scène, d’une histoire, le théâtre permet de faire coexister de multiples versions d’un être, d’une scène, d’une émotion… En fait, non seulement il le permet, mais c’est sa nature. Dans la mise en scène de Florian, on ne joue le texte qu’une seule fois. Mais, en regardant le spectacle, je le fais dialoguer avec tous les autres que j’ai vus. Et si toutes ces Elle font la même chorégraphie sur un plancher de danse sociale, elles sont toutes uniques. • Diplômé en écriture dramatique à l’École nationale de théâtre, Guillaume Corbeil a écrit un recueil de nouvelles, L’Art de la fugue (L’instant même, 2011), un roman, Pleurer comme dans les films (Leméac, 2009), une biographie du metteur en scène André Brassard (Libre Expression, 2010) et une relecture de contes de fées, Trois princesses (Quartanier, 2016). Pour la scène, il a écrit : Nous voir nous (Cinq visages pour Camille Brunelle), Tu iras la chercher et Unité modèle. 36 | DOSSIER : ACTORAL JEU 160 Vincent Thomasset inaugure Médail Décor en tentant d’expliquer au public comment il en est arrivé là. Il parle très vite et bouge beaucoup. Ce texte est la retranscription approximative, d’après vidéo, de cette séquence improvisée. L’auteur, metteur en scène et comédien a choisi de garder la structure chaotique et les fautes de syntaxe inhérentes à ce type d’exercice. L’ARRIVÉE AU THÉÂTRE Vincent Thomasset Je vais essayer de vous dire un peu comment j’en suis arrivé là, aujourd’hui, à faire le spectacle qui va suivre devant vous. C’est toute une période qui a précédé, qui pourrait s’appeler : « L’arrivée au théâtre ». Vous allez comprendre comment. Forcément, si je remonte le plus en arrière possible, ça a commencé avec les premiers mots, peut-être, que j’ai entendus. Souvent, les premiers mots que j’ai entendus, quand j’étais gamin, c’était avant de m’endormir. On me chantait : « Plafond monsieur ici voilà. » Après, du coup, je me suis mis... Faut pas que j’aille trop vite... Mais je vais aller vite quand même. Après, je me suis mis à lire. Je me suis mis à lire, j’ai lu beaucoup d’histoires, jusqu’au moment où je suis tombé sur l’histoire qui a forcément influencé mon travail. Médail Décor de Vincent Thomasset, qui sera présenté à l’Usine C à l’automne 2016, à l’occasion d’Actoral. Sur la photo : Lorenzo De Angelis. © Julie Balagué 72 JEU 160 DOSSIER : ACTORAL | 37 73 38 | DOSSIER : ACTORAL JEU 160 Tout de suite, j’ai su que je ne voulais pas faire de théâtre. Je me suis dit que je devais attendre d’en avoir vraiment envie. Parce que, je voyais bien, mes amis metteurs en scène, chorégraphes, ils devaient trouver de l’argent, c’était beaucoup d’énergie, faut avoir des amis qui travaillent gratis, tout ça, plein de choses, et puis, quand tu trouves de l’argent, bien, il ne faut pas te planter, alors souvent, tu utilises de bonnes vieilles recettes. J’avais 12 ans, je lisais Poil de carotte, quand j’ai pris le bouquin interdit dans la bibliothèque de mes parents : ça s’appelait Treblinka. Treblinka, c’était quoi ? Ben c’était Treblinka, Seconde Guerre mondiale. En fait, je me rappelle d’une scène. Je m’en suis rappelé, il y a quelques années, quand j’ai commencé à faire mon boulot. Je me disais : mais pourquoi, lorsque je vois des spectacles, j’aime bien rentrer dans les histoires, partir loin, et, en même temps, je ressens le besoin de toujours voir comment ça se construit tout ça ? Donc, dans Treblinka, il y a une scène dont je me souviens, c’est l’arrivée en gare de Treblinka. Tu peux arriver de deux façons à Treblinka, soit tu sais que t’es mal barré, tu devines a priori comment tout ça va continuer, soit tu penses arriver en pays neutre, avec les valises et cætera. Pour rationnaliser les flux, ils avaient construit une gare, une fausse gare, un décor de gare, Médail Décor, avec de vraies fleurs, une fausse horloge... Du coup, les gens descendaient plus ou moins sereinement, après, c’était la suite. De l’usage de la fiction ! PAR ACCIDENT Ces choses-là, ça a forcément influencé mon métier. Ensuite, je me suis mis à écrire. J’ai vraiment écrit, mais écrit pour moi, genre poète maudit. J’étais artiste romantique, tout ce que j’écrivais était hyper important, je voulais mourir fou et cætera, et cætera. Je ne savais pas ce que je voulais faire de ma vie. Je suis tombé en dépression, pour ça et X raisons. Résultat, je me suis retrouvé en classe préparatoire littéraire, un truc pour l’élite, mais j’étais pas vraiment l’élite. Je me suis cassé la gueule. Je n’étais pas surdoué du tout. Je ne savais pas ce que je voulais faire. Et là, je suis sorti avec une fille qui faisait du théâtre. Du coup, j’ai découvert le théâtre par accident. Après, qu’est-ce qui s’est passé ?... J’ai voulu faire du théâtre. Donc, ça a commencé à me sortir de la dépression, de vouloir faire du théâtre, de vouloir aller quelque part. J’ai voulu faire du théâtre, j’ai présenté les concours, que je n’ai pas eus. J’ai fait beaucoup de petits boulots, six, sept années, huit années de petits boulots. J’ai écrit des textes, pas mal de textes. Je suis sorti petit à petit du romantique, ça s’est déplacé sur la fiction, un petit peu, j’ai écrit des monologues, je ne les ai jamais sortis, je ne les sortirai certainement jamais. Il y avait La Femme aux trous, L’Homme aux lunettes, des trucs comme ça, l’homme qui avait peur des mots avec des lunettes pour voir flou... Je n’ai pas réussi les concours. Qu’est-ce que j’ai fait ? Je suis allé voir des spectacles, je me suis formé « à l’école du regard ». En tant que spectateur, je ne me suis pas dit que j’allais faire artiste, chorégraphe, metteur en scène et tout ça. Non, pas du tout. En même temps, je me projettais dans plein de choses, jusqu’au moment où... Alors d’abord, avant tout, oui, il y a eu ce metteur en scène que j’ai rencontré, un auteur et metteur en scène à qui j’avais filé mes textes. Il m’a dit : « Ah, c’est pas mal, tout ça, viens faire des stages. » J’ai fait des stages, j’ai bossé professionnellement grâce à ça. Après, parallèlement à ça, à mon expérience de spectateur, j’allais voir du théâtre, j’étais fasciné par comment ça marche tout ça, la machine, les comédiens et 74 plein de choses. Petit à petit, j’ai bifurqué. J’ai eu de grands rendez-vous avec le théâtre, mais j’ai bifurqué. Au théâtre, trop souvent, on voulait me « parler des choses » – la guerre, l’amour, la mort, par la mise en scène, le texte, et cætera –, alors, du coup, je suis allé voir de plus en plus de danse, d’arts plastiques. Là, au moins, dans ce que j’allais voir, je pouvais plus facilement me faire mon propre chemin. Jusqu’au moment où j’ai appris que, dans un Centre chorégraphique national, il y avait un concours qui n’était pas réservé aux jeunes, donc je l’ai passé à 33 ans. Je suis rentré là-dedans, j’en ai 40 aujourd’hui, je suis rentré là-dedans et j’ai commencé à faire mes propres expériences. C’est quoi mes propres expériences ? Tout de suite, j’ai su que je ne voulais pas faire de théâtre. Je me suis dit que je devais attendre d’en avoir vraiment envie. Parce que, je voyais bien, mes amis metteurs en scène, chorégraphes, ils devaient trouver de l’argent, c’était beaucoup d’énergie, faut avoir des amis qui travaillent gratis, tout ça, plein de choses, et puis, quand tu trouves de l’argent, bien, il ne faut pas te planter, alors souvent, tu utilises de bonnes vieilles recettes. J’ai préféré prendre le temps de créer mes propres outils. Surtout, j’ai attendu d’avoir envie de faire des spectacles. Du coup, qu’est-ce qui s’est passé ? J’ai passé plein d’années, non pas à me planter, quoique... ! En tout cas, j’ai fait plein de performances, j’appelais ça des « expositions ». J’avais cherché ça dans le Dictionnaire historique de la langue française d’Alain Rey, c’est un super bouquin. Je vous le dis parce que vraiment, c’est super, il n’y a pas tous les mots, mais il y a les « mots racine », et j’avais cherché le mot « exposition ». JEU 160 DOSSIER : ACTORAL | 39 J’ai préféré prendre le temps de créer mes propres outils. Surtout, j’ai attendu d’avoir envie de faire des spectacles. EXPOSITIONS Les expositions, c’est super intéressant. D’abord, c’est l’exposition d’une œuvre, et moi, pendant les deux, trois premières années, j’ai travaillé sur les débuts, les prédébuts des pièces. Donc, « exposition d’une œuvre », après, ça voulait dire « abandonner ». Par exemple, lorsque tu « exposais ton enfant », à je ne sais plus quel siècle, ça voulait dire que tu l’abandonnais, au seuil de l’église, de la forêt, tu l’abandonnais, grosse métaphore de la création ! Après, c’était « l’exposition d’un bâtiment », sud, est et ouest. Il s’avère que je faisais, je disais que je faisais des Topographies des forces en présence, donc c’était parfait, le lieu, l’endroit dans lequel tu t’inscris. Enfin, plus récemment, c’est « l’exposition d’une marchandise », offre et demande. Là, ben c’est ça, vous êtes là, je suis là, on peut pas s’en extraire, de l’offre, de la demande et, voilà, marchandise ! Bref, ensuite, qu’est-ce que je voulais dire ? Donc, qu’est-ce que j’ai fait ?... J’ai écrit un texte, c’est le premier que j’ai écrit : Topographie des forces en présence. C’était le nom générique des performances, je le faisais dire par un logiciel de reconnaissance vocale pendant qu’on faisait des trucs physiques sur le plateau, ou plutôt dans des endroits plus ou moins improbables. Ensuite est arrivé le jour où j’ai eu envie de faire des spectacles. C’était en 2011. J’en avais marre de convoquer les gens pour voir des objets dont j’étais plus ou moins content. Je voulais aller plus loin, être capable de reproduire les choses. Dans Sus à la bibliothèque !, il y avait un chœur, et ça, c’était hyper bien. Après le logiciel de reconnaissance vocale, travailler avec un chœur, ça permettait d’aller plus loin, sans forcément tomber dans les problématiques de théâtre, savoir comment jouer, et caetera. C’était bien. J’étais avec Lorenzo, le danseur qui portait un anorak parce qu’on répétait, en général, dans des lieux qui étaient hyper froids. Du coup, je me suis dit que c’était bien pratique, ça lui permettait d’échapper au public tout en restant sur le plateau... Sus à la bibliothèque ! de Vincent Thomasset (2011). © Ilanit Illouz 75 40 | DOSSIER : ACTORAL JEU 160 C’était mon premier spectacle, mais quand même ! Après le chœur, c’était une reprise d’équitation. J’avais fait beaucoup d’équitation, c’est un art martial, dresser son cheval pour la bataille. Ça me permettait de mettre en jeu les rapports de force que j’avais connus en travaillant en tant qu’acteur. En tant qu’interprète, je savais ce que c’était que de bosser pour un metteur en scène, devoir se fondre dans le désir du metteur en scène, je trouvais ça pas mal de ramener ça à l’équitation. Ensuite, c’étaient Les Protragronistes, la deuxième pièce. Après le logiciel de reconnaissance vocale, le chœur, je passe en mode lecture. Les « protragronistes » ont disparu, je me retrouve seul. Lorenzo enlève enfin son anorak et finit par jouer avec une chambrière, un long fouet, pendant que je me protège derrière une botte de paille. Le troisième épisode, c’est quoi ? Petit à petit, j’arrive au théâtre, je commence même à apprendre des textes par cœur. On se retrouve juste Lorenzo et moi, le chœur a disparu, et là, vous allez voir, une espèce de groupe, de communauté qui arrive... Et puis, Médail Décor, c’est le magasin de mon grand-père, après la guerre, la Seconde Guerre mondiale. Époque trouble, passé trouble, je vous le dis là, mais j’en dis pas plus que ça. Voilà ! • Les Protragronistes de Vincent Thomasset (2012). Sur la photo : Lorenzo De Angelis.© Ilanit Illouz Depuis 2011, Vincent Thomasset a créé une série de spectacles intitulée La Suite : Sus à la bibliothèque !, Les Protragronistes et Médail Décor. En 2013, il crée Bodies in the Cellar à la Ménagerie de Verre (Paris). En 2015, il adapte pour la scène les Lettres de non-motivation de Julien Prévieux, puis reprend l’intégralité de La Suite au Centre Pompidou à l’occasion du Festival d’automne à Paris. 76 JEU 160 DOSSIER : ACTORAL | 41 Pour nous faire découvrir sa démarche, entrer dans sa vision du monde, Salvatore Calcagno a opté pour l’autoportrait. Depuis le plateau de sa nouvelle création, Io sono Rocco, le metteur en scène s’est entretenu... avec lui-même. Io sono Rocco de Salvatore Calcagno sera présenté à l’Usine C en 2016 à l’occasion du festival Actoral. Sur la photo : Chloé de Grom. © Michel Boermans Je suis Rocco Salvatore Calcagno 77 42 | DOSSIER : ACTORAL JEU 160 Je me suis rêvé metteur en scène pour pouvoir toucher à tout en même temps. Jouer et danser à travers le corps de mes performeurs, les mettre en lumière, en costumes, en musique… La Vecchia Vacca de Salvatore Calcagno, présentée à la Chapelle à l’hiver 2015. Sur la photo : Coline Wauters. © Michel Boermans « Création »... On peut dire que le mot résonne intensément pour moi, ces dernières semaines. Je suis « en plein dedans », comme on dit. On est en plein dedans.… Ce « on » très fort qui est l’une des raisons pour lesquelles j’ai commencé à faire du théâtre (ou, du moins, pour lesquelles j’ai continué). « On », c’était aussi mon amie Émilie Flamant, comédienne, et moi, notre décision commune d’en faire un métier, et toutes les collaborations qui ont suivi, renforçant plus encore notre amitié. Le théâtre : avant tout une histoire de rencontres… Je suis entré à l’Institut national supérieur des arts du spectacle et des techniques de diffusion (INSAS) à 18 ans ; j’étais le plus jeune de ma promotion. Mais ce retard à rattraper (je peux le dire aujourd’hui : je ne connaissais du théâtre que mes instincts), je crois l’avoir transformé en hypercuriosité, en hyperéveil à tout ce que l’école et les autres pouvaient m’apporter. Des salles de théâtre, je connaissais essentiellement ce qui était dans le programme scolaire et quelques précieux livres, prêtés par mon professeur. Aux examens d’entrée de l’INSAS, j’avais glissé au jury un convaincant « J’apprends vite », sur lequel j’ai toujours voulu tenir mes promesses. J’ai grandi en même temps que ces années d’école... jusqu’à la création de mon projet de fin d’études, La Vecchia Vacca, avec lequel on a tourné, notamment à Montréal, à la Chapelle. Aujourd’hui, quatre ans après ma sortie, je monte mon troisième spectacle, Io sono Rocco, qui sera présenté pour la première fois les 26, 27 et 28 mai au Kunstenfestivaldesarts. Il est la suite logique du travail entamé plus tôt. Au fur et à mesure des années, ma recherche (qui a commencé dans l’enfance, je crois, alors que j’étais fasciné par les spectacles de fin d’année du cours de danse de ma grande sœur) s’est concrétisée. Depuis Gnocchi (ma première forme, présentée à l’école, où il était question d’un « inceste culinaire », comme j’aime à en reprendre la formule), je construis une à une les pièces d’un puzzle plus grand, qui serait une sorte d’« explosion », de « condensé » de recherches, d’obsessions, de fantasmes. Par « obsessions », j’entends images, lumière, rythme, couleurs... Je me suis rêvé metteur en scène pour pouvoir toucher à tout en même temps. Jouer et danser à travers le corps de mes performeurs, les mettre en lumière, en costumes, en musique… Je n’ai pas de superobjectif à atteindre tout au bout, de « super-spectacle-consécration ». Il s’agit plutôt d’une lumière qui guide, découvre peu à peu des zones d’ombre et en plonge d’autres dans le noir ; le voyage étant finalement plus important que la destination. C’est un risque qui m’excite de plus en plus et avec lequel je flirte manifestement dans Io sono Rocco, où, par exemple, je travaille pour la première fois avec un danseur et une chanteuse d’opéra. Même si, dans cette recherche, je décline à nouveau des éléments qui me sont chers, comme la question de la maternité au cœur de La Vecchia Vacca, l’érotisme du Garçon de la piscine ou encore les tomates de Gnocchi… 78 JEU 160 DOSSIER : ACTORAL | 43 Le titre du spectacle, Io sono Rocco (« Je suis Rocco »), comme réaffirmation du moi (et par là du « nous ») peut d’ailleurs faire écho à la déferlante « Je suis Charlie » ou « Je suis Bruxelles ». C’est marrant, il y a presque quelque chose de schizophrène dans le fait de dire « Je suis »… IO SONO ROCCO Io sono Rocco, c’est d’abord la redécouverte, quelque temps après le décès de mon père, de ses vinyles d’Ennio Morricone. Depuis l’enfance, je suis fasciné par les vieux westerns, la retenue – et l’explosion à la fois – de sentiments très forts, qui se manifestent à travers le lyrisme des paysages ou des hardes de chevaux qui galopent. C’est incroyable comment, à travers des histoires finalement très simples, la tension peut être maintenue des heures durant… Et puis la puissance évocatrice de la musique est assez incroyable ! Sergio Leone a construit certains de ses films en partant de la musique et non l’inverse, comme cela se fait habituellement. La musique guide, structure le film, comme s’il s’agissait d’un « opéra muet ». On dit de mon théâtre qu’il est cinématographique ; je n’ai jamais caché mes références (Fellini pour la folie de ses personnages ou encore Visconti, qui justifie mes obsessions). Pour faire travailler les acteurs – comme pour mettre en espace à proprement parler –, j’utilise très souvent l’idée de caméra. Les personnages du Garçon de la piscine, par exemple, répondaient dans la première scène aux questions imaginaires et inaudibles d’une caméra. Dans Io sono Rocco, je me sers essentiellement de l’idée de caméra pour le jeu sensible des acteurs. Je dis à la comédienne : « Là, la caméra zoome sur ta main qui balaie tes cheveux », ou encore « Lorsque tu marches, la caméra te suit en travelling dans un parking désaffecté et le son de tes talons aiguilles résonne. » De la même manière, j’ai choisi de partir de la musique pour créer un « chapitre chorégraphié (et fantasmé) de mon journal intime », dont le cœur dramaturgique serait la question du deuil après une mort ou une séparation. Lorsque j’ai réécouté pour la première fois ces disques, j’ai eu une sensation très étrange. D’un coup m’est revenu en mémoire le silence très particulier qui a suivi le décès de mon père. Les gens étaient en mouvement, partaient ou arrivaient, mais dans un silence que je n’oublierai jamais. C’était comme si, pour la première fois, je pouvais entendre, sentir, et même saisir le silence. Dans Io sono Rocco, c’est l’un des axes sur lesquels nous travaillons. Sur le plateau, les êtres se mouvant silencieusement (mais, paradoxalement, accompagnés de musique) semblent suspendus dans le temps. Du western, je n’emprunte pas les histoires, mais les codes, les archétypes (des personnages très définis, presque caricaturaux, drôles sans que ce soit du ressort de la comédie). Puis quelque chose de l’ordre de la catharsis aussi, je crois… Dans les westerns, il y a toutes ces choses tentantes mais impossibles (ou du moins déconseillées) dans la vie : la division du monde entre bons et mauvais, l’idée de vengeance qui efface tout. Io sono Rocco, c’est l’histoire de la Mort (avec une majuscule ; elle sera interprétée par Chloé de Grom, comédienne dans tous mes spectacles) qui s’invite à la table de Rocco ; et de Rocco qui décide de la défier, dans un duel qui devient presque amoureux. En cela, je pense que le spectacle est politique, ou en tout cas au cœur de l’actualité. La mort prend plein de formes différentes : elle s’insinue 79 tantôt sournoisement, sous un déguisement, tantôt avec le visage de l’horreur… C’est un peu comme si, aujourd’hui, j’avais besoin de dire : « On n’a pas peur, on est plus forts, on va continuer à vivre et à avancer. » Ici, ce besoin se concrétise à travers les traits d’un héros. La scène comme possibilité de créer celui à qui on aurait dû penser avant, celui dont le dessein – et non des moindres – est de « tuer la mort ». S’il y arrive, sera-t-il libre et, si oui, à quel prix ? Le titre du spectacle, Io sono Rocco (« Je suis Rocco »), comme réaffirmation du moi (et par là du « nous ») peut d’ailleurs faire écho à la déferlante « Je suis Charlie » ou « Je suis Bruxelles ». C’est marrant, il y a presque quelque chose de schizophrène dans le fait de dire « Je suis »… Le deuil, c’est aussi cette nécessité d’un nouveau départ, ce besoin de renaissance, cette pulsion de vie. Je suis toujours émerveillé qu’à un décès dans une famille équivale souvent une naissance. A-ton toujours besoin de voir la mort pour regarder la vie ? Cette pulsion de vie ne pouvait être, selon moi, incarnée que par un danseur, car la danse a ce pouvoir de raconter avec force les états – sans les mots, mais en les vivant et, par là, en les dépassant presque. Parallèlement, il y a comme une volonté de ne « pas prendre position », possibilité que m’offre la danse… Puis aussi ce truc où le corps dit : « Je t’apprivoise... » 44 | DOSSIER : ACTORAL JEU 160 Io sono Rocco de Salvatore Calcagno. Sur la photo : Axel Ibot et Chloé de Grom. © Michel Boermans 80 JEU 160 DOSSIER : ACTORAL | 45 Dans mes précédents spectacles, je faisais déjà danser le corps de mes comédiens ; ici, je fais jouer Axel Ibot, danseur. Dans mon travail, il est question de gestes quotidiens comme puissants révélateurs des émotions, de qui on est. Quid d’une cigarette dans Le Garçon de la piscine ou de tartines beurrées à vive allure dans La Vecchia Vacca ? Pour Io sono Rocco, les mots sont lâchés : pantomime, mimodrame. C’est une forme idéale, qui non seulement engage le corps, mais peut être vecteur de rire, de poésie et d’absurdité. J’adore créer et montrer l’absurdité au théâtre. Le rire est très important pour moi : ça met ensemble, ça libère et, en même temps, ça fait réfléchir. ICI ET MAINTENANT Travailler avec un danseur (et la chanteuse lyrique Elise Caluwaerts) est l’une des raisons pour lesquelles j’évite le plus possible de parler de « spectacle » quand je parle de Io sono Rocco. Pas parce que ce n’en est pas un ou pour justifier une quelconque faiblesse, mais parce qu’il s’agit d’une recherche et que je souhaite l’assumer comme telle, jusque dans la façon dont cette recherche sera (concrètement) mise en lumière. Je veux qu’on soit dans l’ici et maintenant, et que tout serve cet ici et maintenant (le mette en évidence, le magnifie…), ce qui n’était pas le cas dans mes spectacles précédents, où je faisais surgir beaucoup de temps et d’espaces différents de ceux de la représentation. Cela n’enlève rien à l’idée de voyage qui m’est très chère, mais le présent de la performance est capital. Dans mon travail, il est question de gestes quotidiens comme puissants révélateurs des émotions, de qui on est. [...] Pour Io sono Rocco, les mots sont lâchés : pantomime, mimodrame. C’est une forme idéale, qui non seulement engage le corps, mais peut être vecteur de rire, de poésie et d’absurdité. En ce moment, nous sommes en répétition à Bruxelles, au Théâtre Varia, et ce, jusqu’au moment des représentations, fin mai. Cela fait suite à une première période de recherche à Montévidéo (Marseille) et à une première présentation de maquette au Théâtre de Vanves, à l’occasion du Festival Artdanthé. Je trouve toujours cela très délicat de présenter une étape de travail ; mais là, ça a été vraiment bénéfique. Puis ça a mis toute l’équipe à l’apogée de cette idée de hic et nunc. On a décidé de changer de salle à la dernière minute, la musique s’est arrêtée et les performeurs ont dû s’adapter et recommencer la proposition au début, l’accessoire d’Axel a explosé ! Et, pourtant, on est très heureux de cette première expérience publique ; j’y ai vu des choses que je n’aurais pas pu voir autrement et sur lesquelles je sais aujourd’hui qu’on peut travailler. Pour la première fois, j’ai vraiment vu jouer mes acteurs et perçu tout le potentiel comique que je soupçonnais et espérais ! • 81 Né à La Louvière dans une famille sicilienne, Salvatore Calcagno insuffle dans son théâtre une forte dimension autobiographique et populaire. Dans ses mises en scène, Le Garçon de la piscine, La Vecchia Vacca et maintenant Io sono Rocco, une écriture scénique millimétrée témoigne d’une obsession assumée pour le rythme, la couleur, la lumière, la forme et le détail. 46 DOSSIER : ACTORAL JEU 160 La |Jamésie de Geneviève et Matthieu, au Centre d’exposition de Rouyn-Noranda en 2015. La performance sera présentée à l’Usine C en 2016 à l’occasion du festival Actoral. © Nancy Belzil PINE, DÉPINE 82 JEU 160 DOSSIER : ACTORAL | 47 Formé en 1999 à Rouyn-Noranda, le duo amoureux Geneviève et Matthieu est connu pour son imaginaire débridé et débordant. Les créateurs de La Jamésie, un spectacle qui tient à la fois de la performance, de la chanson et de l’art plastique, nous entraînent ici dans leur folie. EN JAMÉSIE Geneviève et Matthieu 83 48 | DOSSIER : ACTORAL JEU 160 « Incognito, bien dans ma peau, je recommence ma vie à zéro. » Voilà. Pine, dépine, c’est ça. A vant de commencer à lire, ce serait le fun de mettre une chanson de Kashtin. Tu tapes ça dans YouTube et hop ! Hip hop. Ça ajoute à l’expérience, ça donne le ton. Est-ce que c’est possible d’ouvrir une porte sur l’univers ? « Incognito, bien dans ma peau, je recommence ma vie à zéro. » Voilà. Pine, dépine, c’est ça. Ouvrir des portes. C’est beau la vie, il faut pas manquer ça ! – Allô ! – Allô. « Parce que c’est de mingue au Témiscamingue, pis ça changera pas ! », qu’il dit Jean-Jacques. Surf and turf. Terre et mer. Pine, dépine. Partir. On était assez bien. 2009. Partis plus qu’un mois. On revenait d’un symposium. Dans la van, à la radio, entendu pour la première fois : la Jamésie. « Ostie que c’est beau comme nom ! » On s’est mis à rêver. Imagine. Jamaïque. Californie. Indonésie. Non, c’est pas ça. On s’est rendu compte qu’on parlait de météo locale. La Baie-James, on connaissait, oui. La Jamésie ? Non. « C’est pas un mot inventé ? » Imagine sans imagination. Une porte s’est ouverte dans notre espace mental. Encore 1 000 kilomètres pour nous rendre au kilomètre zéro. OSTIE En Jamésie. Tout a commencé. Entendu parler. Soleil en Jamésie. Si tu viens avec moi. Viens. On va y aller. Forêt vierge. « Be careful, very slippery », said George, our old inuk guide. L’idée qu’on se fait. Des filles rires. Et si on y était. Filles rires. Guide de lumière et forêt. Loin, encore plus loin. Nous chez vous. Vous chez nous. Toi mon tout mon toi. Toinou. La Jamésie, ostie. Huiles essentielles, l’huile essentielle. L’huile sur toile. Tshinanu, Tshinanu. Œuvre de vie. Livre de vie. Ma biographie. Choisi, choix, choisir. Huile essentielle. Fille éternelle. Une pancarte, en silence, un cri, un souhait. Tshinanu. Tshinanu. J’ai oublié mon nom. Je ne sais plus comment je m’appelle. La Jamésie, ostie ! Non, je ne monterai pas dans l’autobus du show-business. Et, s’ils sont loin, c’est peut-être pour pas être proches. Paradis perdu. Voir la terre en deux de deux. Gauche droite. Idle no more. Notre Plan Nord. Vivre avec les animaux. Vivre avec l’huile essentielle. L’huile essentielle. Vie éternelle. Ceux qui voyagent savent comment. On prend toujours un train pour quelque part. Se rendre au camp d’hiver no 2. Pine, dépine, « ostie qu’on dépine ! ». Se rendre au camp d’été no 1. Dire bye. Exagérer même pas salut pis bye. À la suite, à suivre. NU Artistiquement seul dans l’atelier. Fleur de corps nu. Évangéliste romantique. J’ai mal à l’aise. Naturistes dans un décor de fausses montagnes. L’idée d’être ensemble corps nus au creux d’une histoire. Collectivement sans visage. Tu pues, c’est plate, t’es tellement beau. Montre-moi ton Témis. Artistiquement seul dans l’atelier. Surréaliste forestier mésadapté. Étendus au nord de la Jamésie, espace vierge du monde entier. Là où la terre se sépare en deux. Crise d’apocalypse deux pour un. Trop pour rien simplement nus. L’économie de ne pas dépenser, ne pas acheter en gros. Vivre avec les animaux, les tordus, les exclus. Vivre avec les artistes. Artistiquement. Il n’est pas tard, il est encore tôt. Loin, c’est comme ne pas être proche. Tout dépend de comment on le dit. de maître trop pleine. Exposition. Majeure en cinéma, mineure en études médiévales. Seul au MuCEM. Seul dans l’atelier. On revient du Marais, 3e arrondissement, vue panoramique, paysage, disparaître. Prière de ne pas déranger, je suis en vacances. Paraît que ça se dit entre BGL, « poursuis ta démarche ». ON DIT ÇA Je le dis « sans censure ». C’est vrai que j’y pense. La Jamésie est partout. J’aime ce mot. On se le dit « sans censure ». Qu’on seul dise. Sans censure. Tel quel. Jasmin nous a appris à dire « les maudits artistes ». Asteure on dit ça. Maudits artistes. C’est comme le commissaire qui nous a dit l’autre jour : « Je ne suis pas bon pour écrire des textes d’exposition, je n’ai pas le temps non plus. » On a même vu une photo d’une gang de commissaires d’exposition qui faisait une table ronde. Le ministère. Mystère. On a déjà rencontré des élus pour savoir où en était un projet de rénovation urgente déposé au ministère de la Culture et des Communications. L’empire de la création. Au fur et à mesure, la source d’où jaillissent les dés de la destinée. Estce qu’il y a quelqu’un qui veut prendre ta place ? On dit ça de même. Geneviève et Matthieu discutent longuement devant le livre des secrets. « On pourrait continuer le texte comme ça. Comment ? Barré. Le pas retenu, le rejeté, le meilleur, ce premier jet. Mais comment on joue un texte barré ? Facile. » COMME DISAIENT LES QQISTES – L’art, Des gens se lèvent un peu, partout, un peu d’espoir demain. Dehors, c’est tranquille encore. Combien, artistiquement, il y aura de l’eau à boire ? À quatre pattes se bourrer la face d’eau, la face dans la rivière, la face pleine d’eau de source sûre. Témoin, on y est presque. Après-demain, peut-être que oui. Seul dans l’atelier. J’ai un artiste à donner. Trop romantique, trop nu. Ça pue le corps nu qui surchauffe. Éclairé par un spot à gauche. Clair-obscur d’une senteur de classe 84 c’est facile. GENEVIÈVE – Facile… Quel beau mot, quelle belle rime, un peu comme toi et moi ? MATTHIEU – Non, moi ça me fait penser à Rime. COMME DISAIENT LES QQISTES – Je suis un artiste. GENEVÈVE ET MATTHIEU – Ah oui, ah bon, pauvre con. JEU 160 DOSSIER : ACTORAL | 49 « Geneviève, tu es Hardy. » C’est vrai, j’ai le même double menton. L’amour est aveugle. Qui aurait cru. CRISS CROSS À MARSEILLE Geneviève et Matthieu marchent gaiement sur le chemin humain, trop humain. Une camionnette s’arrête et un homme s’écrit : « Bonjour les comédiens ! » On est partis à rire, c’est sûr. On a dit à Grégoire qu’on travaillait des beats hip-hop. En tout cas, ça nous faisait penser au hip-hop. Faire la rime avec hip-hop. Hop hip hip hop, reste, restauration. Criss, criss criss, criss cross. Hop hip hip hop, reste, restauration. Criss, criss criss, criss cross. Parce que le hip-hop, c’est ton ami. Comme dirait Téki Latex : « Tu sais, le hip-hop sera toujours là pour toi. » Parfait. Ça sonne. C’est rythme. « Le hiphop ne te lâchera pas. » Totalement down. Totally spice. Dream in. Fall in. Keep in. To back of love. Ça donne le goût de danser. Danse, Rico, danse. Comme y dit, danse, on a besoin de danser. Danse, Rico. On a le goût de danser. On a le goût de bouger. On a le goût de se masturber. Ça rime. Il y a une fille à La Sarre qui veut déménager à Rouyn, elle s’appelle Rime. Grégoire dit que je pourrais m’inspirer d’un homme noir pour mon prochain personnage. L’homme noir. La masse obscure. Il y a un lien à faire. Une rime à aimer. Fille de La Sarre, Rime. Il y a aussi l’homme nu et un homme nu à retrouver. « Tu peux même jouer Othello dans Shakespeare et faire référence à Stanislavski qui raconte que, quand il était débutant, il s’était mis du cirage noir pour jouer Othello… Oh ! Desdémone. Bon retour ! » J’aime ça qu’on me souhaite un bon retour. Un aller-retour et je reviens de Marseille. « Geneviève, tu es Hardy. » C’est vrai, j’ai le même double menton. L’amour est aveugle. Qui aurait cru. On trouve qu’en général le théâtre, c’est de même, théâtralement vôtre, c’est en général que ça se passe. Un peu comme la poésie, c’est plate mais c’est le fun. Il y a les rimes. Même quand ça rime pas, ça rime. C’est surprenant. Le théâtre, c’est pareil, ça crie, ça parle fort, ça prononce. C’est de même en général. On pourrait dire ça de pas mal toute. « Fuck toute », qu’y disent les jeunes. Je me demande combien de fois on écrit « Marseille » dans un livre sur Marseille. On peut dire « cette ville », ou « 2e ville de France », ou « 3e ville si Lyon est 2e cette année-là », ou tout simplement « Marseille ». COMME DISAIT UN AMI – L’art, c’est redondant. GENEVIÈVE ET MATTHIEU – Cliff oui ! • La Jamésie de Geneviève et Matthieu, au Centre d’exposition de Rouyn-Noranda en 2015. © Christian Leduc Geneviève et Matthieu sont ensemble depuis 1997. Inspirés par l’art et la vie, ils créent des performances, produisent des installations, des disques, ils organisent la Biennale d’art performatif de Rouyn-Noranda et s’investissent dans le centre d’artistes l’Écart. 85 50 | DOSSIER : ACTORAL JEU 160 Le plasticien Théo Mercier, parrain de la 16e édition marseillaise d’Actoral, nous parle de sa démarche et du spectacle qu’il présentera à Montréal, Radio Vinci Park. THÉO MERCIER : L’HUMAIN TENDU VERS L’OBJET Christian Saint-Pierre Le travail de Théo Mercier, plasticien né à Paris en 1984, s’appuie principalement sur l’objet. « Soit l’objet issu de ma propre fabrication, expliquet-il, soit l’objet trouvé, l’artefact, l’objet archéologique. J’ai l’impression que mon œuvre s’apparente parfois davantage au musée anthropologique, au musée des arts décoratifs ou au musée des arts populaires qu’au musée d’art contemporain. » Que ce soit en empruntant la forme de vanités, ces natures mortes à implication philosophique, représentations de la mort, ou sous la forme d’investigations autour de civilisations disparues, la notion de temps est partout dans le travail de Mercier. « Il m’arrive même de travailler sur des civilisations disparues avant d’être nées, lance-t-il. Je crée des objets qui seraient comme des pièces à conviction, à même de prouver une existence. Qu’ils soient rituels, décoratifs, modernes ou anciens, Radio Vinci Park de Théo Mercier, parrain de l’édition marseillaise d’Actoral en 2016. Son spectacle sera présenté ensuite à Montréal. Sur la photo : Cyril Bourny. © Erwan Fichou 86 JEU 160 DOSSIER : ACTORAL | 51 87 52 | DOSSIER : ACTORAL JEU 160 j’essaie toujours de leur donner l’illusion d’une véritable raison d’exister, un usage symbolique, esthétique ou purement pratique, une fonction fantasmée. » ANTHROPOLOGIE IMAGINAIRE Ainsi, la démarche de Théo Mercier est traversée par cette idée d’inventer des mondes de toutes pièces : « Je m’imagine parfois en tant qu’explorateur ramenant des trésors exotiques de terres inconnues. Dans une démarche proche de l’anthropologie imaginaire, j’invente des mondes qui se nourrissent du monde existant, qui entretiennent des frontières très fines avec le réel. Dans cette optique, je suis intéressé par des pratiques d’artisans, des rituels, des légendes. J’ai effectivement travaillé certains de mes objets de manière magique, au Mexique par exemple, dans des régions reculées, avec des gens qui utilisent des techniques ancestrales. » Il y a peu, avec une pièce intitulée Du futur faisons table rase, l’artiste a entrepris un travail performatif. « Je ne conceptualise pas en amont mes sculptures et mes objets plastiques, explique-t-il. Je ne pars jamais d’une page blanche ou d’un concept, mais d’un objet ou d’un espace, de quelque chose de physique. Dans les conditions données, alors que j’étais pensionnaire à la Villa Médicis, je me suis dit que, peut-être, je pourrais imaginer un spectacle. Cette pièce porte quelque chose de programmatique dans son titre même. Elle venait à l’encontre de ce que j’étais en train de vivre à ce moment-là, dans une ville comme Rome où le temps semble complètement figé. Entouré de musées, de vieilles sculptures, de vieilles peintures, de vieilles pierres, j’ai eu le désir de m’intéresser au présent et au vivant. » Le résultat est une fresque, faite de collages, « dont le déroulement dans le temps s’apparenterait à celui d’un curseur qui balaye la scène de gauche à droite ». « C’est un spectacle dont l’esthétique est en lien direct avec sa méthode de fabrication, explique Mercier. Il a pu se faire grâce à Pauline Jambet, Marlène Saldana et Jonathan Drillet, Sexy Sushi, Philippe Katerine (dans la deuxième version) et François Chaignaud, qui ont répondu à mon invitation. Il était destiné à avoir une vie très courte : il a été joué quatre fois ; il devait être joué seulement deux fois au départ. » La radio d’entreprise des Parkings Vinci, « leader européen du stationnement et l’un des joueurs majeurs en Amérique du Nord », a grandement intéressé, pour ne pas dire inspiré le créateur. « La mission de cette radio, précise-t-il, est de diffuser une atmosphère, je cite, “élégante et rassurante”. Son programme, composé par des musicologues, véhicule un certain vitalisme, des interprétations très enlevées, légères, et le volume est étudié de manière à ce qu’on puisse entendre si quelqu’un nous suit. D’emblée, dans son énoncé, cette radio raconte et accompagne le danger, en essayant de le faire oublier. » LE CASCADEUR, LE DANSEUR ET LA CLAVECINISTE Ainsi, Radio Vinci Park met en présence deux entités très fortes : « L’une est noire, masquée – le corps-machine du motard, gainé de cuir – et l’autre est blanche, très offerte, ouverte – le corps du danseur, déployant sa voix comme objet de parade. Leur dialogue reprend le mythe postindustriel de la rencontre impossible de l’homme et de la machine. J’aime aussi le parallèle entre la moto et le clavecin : des objets mécaniques d’une précision extraordinaire, qui demandent une grande maîtrise, des objets précieux, impeccables, bien huilés, qui parlent aussi du fétichisme des instruments, comme des prolongements du corps. Je souhaitais finalement rendre vivante la radio, lui donner une forme humaine par la présence de MariePierre Brabant. » À Montréal, l’artiste va présenter Radio Vinci Park, un duo entre François Chaignaud, danseur, et Cyril Bourny, cascadeur, accompagné par Marie-Pierre Brabant au clavecin. « C’est une rencontre dans un stationnement chargé de fantasmes et d’angoisses, explique Mercier, c’est une ode à l’amour impossible, un spectacle forain, un combat de chiens, une corrida, une scène mythologique… Tout le travail a consisté à dilater le plus possible la relation entre le motard et le danseur, pour laisser de la place aux spectateurs. Cette pièce part d’un lieu, le garage qu’était auparavant la Ménagerie de verre, à Paris, aujourd’hui un espace pluridisciplinaire dédié à la création contemporaine. Le parking est un élément de la cartographie urbaine tellement chargé de fantasmes et d’angoisses, une représentation des enfers contemporains. C’est un lieu de silence angoissant. » « C’est une rencontre dans un stationnement chargé de fantasmes et d’angoisses, [...] c’est une ode à l’amour impossible, un spectacle forain, un combat de chiens, une corrida, une scène mythologique… » – Théo Mercier 88 JEU 160 DOSSIER : ACTORAL | 53 Théo Mercier. © Assaf Shoshan Radio Vinci Park met en scène « un jeu fantastique, un lieu souterrain où tout peut s’incarner, se désincarner, prendre vie, mourir, renaître ». « Il s’agit d’objectifier le plus possible l’humain, explique Mercier, la silhouette immobile du motard évoquant la statuaire, une thématique qui existait déjà dans Du futur faisons table rase, où François Chaignaud incarnait cette suite de huit sculptures antiques. Par ailleurs, dans mon travail de sculpteur, j’ai davantage tendance à rendre l’objet vivant. Par exemple, dans la dernière exposition que j’ai faite au Mexique, j’ai invité une dizaine de mariachi qui imitaient des objets au milieu d’objets qui imitaient des humains. Cette tension entre l’animé et l’inanimé me passionne. Je crée des objets qui regardent du côté de l’humain. Je me rends compte que, dans mon travail de metteur en scène, je suis passionné par l’humain tendu vers l’objet. Les deux démarches se situent à la limite d’une impossibilité. Ce sont précisément ces zones d’impossibilité et de contradictions déjà fortement présentes dans mon travail de sculpture que je recherche dans mon travail de théâtre. » PERDUS DANS LE TEMPS L’artiste estime que son travail « se déplace en permanence entre le futur et le passé ». « J’essaie de proposer des objets perdus dans le temps, explique-t-il, fantastiques, dans le sens où ils n’ont ni géographie ni époque. Ce sont des hybrides qui entretiennent cette ambiguïté quant à leur provenance temporelle. Par exemple, Radio Vinci Park parle de quelque chose de très contemporain – de la moto, du souterrain, du parking – et, en même temps, ça pourrait être une scène antique, on ne saurait pas vraiment la situer 89 dans le temps. C’est quelque chose que j’essaie de plus en plus de développer dans mes objets : une incertitude quant à leur origine, leur authenticité, un jeu en permanence entre le vrai, le faux, le trompe-l’œil. » Dans sa prochaine création, La Fille du collectionneur, Théo Mercier va parler d’art, « en prenant comme entrée privilégiée l’œuvre, débarrassée de son contexte économique, de son contexte historique et surtout de la figure de l’artiste, une œuvre autonome, une œuvre flottante, métisse, autosuffisante, comme un organisme vivant, carnivore ». • Les propos de Théo Mercier ont été recueillis par Smaranda Olcèse. Festival actoral 3 impasse montévidéo - 13006 Marseille +33 (0)4 91 37 30 27 - www.actoral.org 90