Léopold II de Saxe-Cobourg-Gotha (1835 – 1909), deuxième roi des Belges
(1865 – 1909)
Une jeunesse itinérante
Fils de Léopold 1
er
et de Louise-Marie d’Orléans, le prince Léopold épouse, en 1853,
l’archiduchesse d’Autriche Marie-Henriette de Habsbourg-Lorraine… C’est le « mariage d’un
palefrenier (Marie-Henriette est passionnée d’équitation) et d’une religieuse » (le jeune
prince Léopold passait alors pour être timide et renfermé).
N’empêche qu’il a de la suite dans les idées… Sénateur de plein droit dès ses 18 ans, Léopold
insiste sur la nécessité d’agrandir les perspectives de développement de la Belgique, mais en
vain. En 1860, il il ramène une plaque de marbre trouvée à Athènes, sur laquelle il avait fait
graver : « Il faut à la Belgique une colonie » ; 28 ans plus tard, il écrit à son frère, le comte de
Flandre : « la patrie doit être forte, prospère, par conséquent posséder des débouchés à elle,
belle et calme ». Une autre déclaration est aussi révélatrice : « Il ne s’agit pas de nous établir.
Nos regards doivent embrasser de plus vastes horizons ». Il dira aussi : « La mer baigne nos
côtes, l’univers est devant nous »…Plus tard, il affirmera sa volonté de « planter
définitivement l’étendard de la civilisation sur le sol de l’Afrique centrale ».
Amateur de paysages nouveaux dès son adolescence, Léopold envisage des colonies pour la
Belgique, partout où c’est possible. Il a forcément la bougeotte, ce qui l’amène vers des
destinations diverses : le Portugal,Gibraltar, l’Afrique, les Indes, l’Indochine, Ceylan, la
Crète, la Chine, Alexandrie, l’Asie Mineure, la Grèce, la Sicile, l’Italie, la Suisse…au point
que l’ambassadeur d’Autriche disait que Léopold ne boitait qu’à Bruxelles… Précisons que
ses visées colonialistes s’intéressaient à l’Asie Mineure, aux îles Fidji et Salomon, à
l’Amérique, à l’île de Formose, aux Philippines et à la Chine.
L’indifférence de l’opinion belge à propos de la question coloniale
Avant et après l’avènement de Léopold II en 1865, le public, dans sa grande majorité, est
indifférent, voire hostile aux ambitions coloniales… Il faut préciser que la menace de
reconquête hollandaise pèse sur la jeune nation belge jusque 1839, et que les problèmes
sociaux et politiques sont considérables : fin de l’unionisme, le droit de vote, la misère
ouvrière, la revendication des « 8 heures », etc…sans oublier les visées expansionnistes de
Napoléon III.
Un rappel : l’ « African Association » 1788
En 1788, l « African Association » se crée à Londres. Il s’agit alors de coordonner les
explorations « modernes » du continent africain… Jusqu’alors, ces explorations étaient
intermittentes, sans méthode mains non sans buts : débouchés, étapes vers les Indes, traite des
Noirs, évangélisation… Le « commerce de la peau d’ébène », selon l’expression consacrée
pour désigner les esclaves noirs, était pratiqué, non seulement par les Européens, mais aussi
par certains musulmans esclavagistes, et par certains potentats africains n’hésitant pas à
vendre leurs compatriotes…C’était particulièrement le cas dans le Bas-Congo, et en Afrique
orientale : Soudan, Zanzibar… On sait que l’anglais Wilberforce, en 1807, et le français
Schoelcher, en 1848, avaient pu obtenir l’abolition de la traite des Noirs, déjà condamnée par
les Congrès de Vienne en 1815.
Il faut également insister sur le commerce de l’ivoire, qui aiguisait aussi certains intérêts peu
philanthropiques, alors que l’ « African Association », pénétrée de l’esprit des « Lumières »