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clone ? C’est l’ensemble des individus qui ont le même
patrimoine génétique, son origine pouvant être natu-
relle ou horticole. Les stolons d’un individu de fraisier
sauvage (Fragaria vesca) produisent naturellement un
clone ; un groseillier bouturé produit aussi un clone.
Chacun sait qu’un verger planté de cerisiers du même
clone produira beaucoup de fl eurs mais peu de fruits;
en revanche, si l’on suspend, dans l’un de ces arbres, une
branche fl eurie d’une autre variété, la récolte sera bonne !
La reproduction sexuée
Elle fait intervenir deux individus dotés de gènes dif-
férents mais compatibles ; elle donne une descendance
variée, dotée de capacités de résistance et d’adaptation
à des conditions diverses, voire nouvelles.
La diversité génétique favorise l’adaptation au chan-
gement. La diversifi cation des espèces se traduit, en
termes d’évolution, comme une réponse à la pression
de l’environnement. La reproduction sexuée est le
moteur majeur de la capacité d’évolution ; les relations
réciproques avec les animaux y contribuent.
La reproduction implique une fécondation ; la sexua-
lité en est le moteur. La fécondation est la fusion de
deux cellules sexuelles (gamètes) en une seule cellule
(œuf), qui se multipliera pour donner un individu nou-
veau, génétiquement original, unique.
La course à l’effi cacité
Fondamentalement, l’épisode sexuel résulte de la
fusion de 2 gamètes à n chromosomes (haploïdes)
génétiquement diff érents, au terme de laquelle se
développe un individu à 2n chromosomes (diploïde).
Un tel mode de reproduction existe chez les algues
depuis plus de 1,2 milliard d’années…
À l’apparition des ancêtres des fougères, vers -400Ma
(fi n cambrien), les cellules sexuelles femelles sont
protégées par un tissu, même s’il est encore fragile ;
mais les spermatozoïdes, nageurs, doivent toujours se
déplacer dans l’eau. Chez les fougères, apparaîtront les
racines nourricières et les vaisseaux transporteurs de
sève, grâce auxquels les végétaux terrestres acquièrent
de grandes tailles : leur territoire devient alors tridi-
mensionnel, ils conquièrent l’espace aérien, se libèrent
des contraintes de voisinage et accèdent à la lumière.
Au dévonien, avant -360 Ma, apparaît l’ovule, nouvelle
structure protectrice de la cellule sexuelle femelle :
la fi ne enveloppe du gamète femelle des fougères, l’ar-
chégone, est désormais intégrée dans un organe com-
plexe. Les spermatozoïdes, encore nageurs et presque
libres chez le ginkgo, sont désormais de mieux en
mieux protégés dans des grains de pollen que le vent
transporte; les anthères productrices de pollen sont à
l’écart des ovules. Chez ces plantes, la fécondation est
la simple fusion d’une cellule femelle et d’un sperma-
tozoïde ; l’œuf qui en résulte se développe en embryon
nourri par les tissus maternels (périsperme) que l’ovule
contient. Les ovules, après fécondation, deviennent des
graines abritant les jeunes ; en revanche, ces graines
ne disposent d’aucune protection, elles sont nues ; ces
plantes « à graines nues » sont les gymnospermes.
Ce sont des arbres, caractérisés par un tronc suscep-
tible de s’accroître en diamètre, ce qui augmente leur
capacité de transport de sève nourricière, autorise
le développement d’une large ramure et optimise
la conquête de l’espace aérien.
Au trias (-200 Ma) apparaissent les fl eurs. Les organes
mâles (étamines qui portent les anthères productrices
de pollen) et les organes femelles (ovules) y sont réu-
nis: les plantes ont désormais des fl eurs hermaphro-
dites ; c’est toujours le cas chez les plantes actuelles :
on sait que moins de 15 % des espèces ont des fl eurs
unisexuées, portées ou non par le même individu.
Les ovules ne sont plus nus, mais contenus dans une
enveloppe close (l’ovaire). Après fécondation, les
ovules deviendront des graines, contenues dans un
fruit : les plantes à fl eurs ont donc « des graines dans
un récipient » ; ce sont des angiospermes.
L’apparition de l’hermaphrodisme et du fruit s’accom-
pagne d’autres nouveautés, citons :
- Les interrelations avec les animaux.
Avant l’apparition des angiospermes, les relations
plantes/animaux étaient du domaine de la prédation.
Chez les angiospermes, ces relations se nouent à béné-
fi ce mutuel ; elles facilitent, en particulier, la pollinisa-
tion-fécondation et la dispersion des graines.
- La double fécondation.
On sait que la fécondation qui résulte de la fusion
de 2cellules à n chromosomes (haploïdes) est à l’ori-
gine de l’embryon. Au sein d’un seul et même ovule,
intervient une seconde fécondation dans laquelle
fusionnent deux cellules femelles haploïdes et un sper-
matozoïde: il en résulte un embryon triploïde inorga-
nisé, l’albumen, dont se nourrira l’embryon diploïde.
- Les plantes herbacées, creuset de l’évolution.
Ce sont des plantes de petite taille et souvent à vie
courte, qui ne développent pas de tronc. Chez ces
plantes, la durée d’une génération est courte, souvent
bien inférieure à une année ; les plantes herbacées
seraient-elles issues de formes néoténiques, capables
de fl eurir à un stade juvénile ? Le renouvellement
rapide des populations par la sexualité a accru les
potentialités évolutives : l’apparition des angiospermes
herbacées est encore aujourd’hui un moteur majeur
de la diversifi cation des plantes modernes.
- Les plantes herbacées et leur capacité d’adaptation.
Leur taille réduite, leurs bourgeons généralement sou-
terrains, leurs abondantes et fréquentes productions
de graines, confèrent aux plantes herbacées résistance
à des conditions défavorables et adaptation à des
conditions nouvelles.