12 LES INEGALITES DE RICHESSE AU NIVEAU MONDIAL Repérer les inégalités de richesse au niveau mondial La croissance se traduit en principe par une augmentation des revenus pourtant on constate au niveau mondial une aggravation des inégalités entre les pays les plus riches et les pays les plus pauvres. Les pays en développement (PED) eux-mêmes ont connu des évolutions très contrastées puisque si certains pays en développement dits « émergents », sont engagés dans une phase de rattrapage des pays avancés, d’autres, les pays les moins avancés (PMA), sont restés en dehors de l’augmentation de la richesse mondiale. I- LES INEGALITES ENTRE PAYS RICHES ET PAYS PAUVRES A- L’EVOLUTION DES INEGALITES 1- Le calcul de l’inégalité mondiale Il résulte de deux composantes : - les inégalités externes ou inégalités de richesse entre les pays, qui se mesurent par les écarts des revenus moyens de chaque pays. Le PIB par habitant est l’indicateur le plus utilisé pour apprécier les écarts de niveau de vie entre les pays. - les inégalités internes, qui résultent du partage des richesses dans un même pays. Ces inégalités se traduisent par les écarts de revenus entre les différentes catégories de population d’un même pays. La population d’un pays est divisée en groupes de 5 %, 10 % ou 20 % selon le critère du revenu et l’on compare les groupes extrêmes (les plus pauvres et les plus riches) pour apprécier l’importance des inégalités. 2- Le rôle de la mondialisation - La mondialisation, en développant les échanges et les investissements, favorise la croissance économique. Celle-ci devient facteur de développement si elle se traduit par la création d’emplois et la production de richesses. Dans le cas contraire, elle creuse encore l’écart entre riches et pauvres. - De plus en plus, la croissance doit prendre en compte les trois dimensions du développement durable : sociale, économique et environnementale. B. LA DIVISION ENTRE PAYS RICHES ET PAYS PAUVRES 1- Le mode de vie des pays riches La mondialisation ne semble pas capable de faire aboutir à un niveau de vie plus égalitaire au sein des peuples du monde qui ne peuvent atteindre le niveau et le mode de vie « occidental » du fait également de leurs propres conceptions du mode de vie. Ainsi, au niveau interne, la croissance, si l’on prend l’exemple chinois, renforce les inégalités car elle ne s’accompagne pas d’une redistribution au profit des plus pauvres. Les pays riches construisent leur prospérité justement sur ce point faible. 2- La pauvreté dans le monde La Banque mondiale retient un seuil de pauvreté absolu à 2 dollars par jour. On évalue que 50 % de la population mondiale vivent avec moins de 2 dollars par jour, dont 1,2 milliard de personnes qui vivent dans une pauvreté extrême. L’ONU a défini une sous-catégorie au sein des pays en développement qui regroupe les pays les plus pauvres : les pays les moins avancés (PMA). Ces pays appartiennent surtout aux continents africain et asiatique et sont au nombre de 50. Leur revenu national brut par habitant est inférieur à 900 dollars US. Ils sont très vulnérables économiquement. Les principales conséquences de la pauvreté sur les populations de ces pays sont la malnutrition, une espérance de vie réduite et l’analphabétisme. Les pays développés se sont engagés à aider prioritairement ces pays en leur accordant : - Une priorité dans l’allocation de leur aide publique au développement - Une préférence dans l’accès à leurs marchés. II- LE DECOLLAGE ECONOMIQUE DES PAYS EMERGENTS A- LE RATTRAPAGE DES PAYS DEVELOPPES 1- La croissance des pays émergents Les économies des pays émergents ont assuré plus de la moitié de la production mondiale depuis 2005. La croissance économique de ces pays représente plus de la moitié de l’augmentation du PIB mondial. Par exemple, la Chine a réussi à doubler le revenu réel par habitant en seulement dix ans alors que les États-Unis et le Royaume-Uni ont accompli la même performance en cinquante ans au cours de leur révolution industrielle. 2- Les gains de productivité des pays émergents Ils combinent à la fois des gains de productivité importants et des salaires plus faibles que ceux des pays développés. Cette amélioration de la productivité provient des effets du progrès technique. Ils tirent avantage de cette amélioration de la productivité de leur travail, qui favorise leurs exportations vers les pays développés, et les ménages des pays riches bénéficient d’importations moins coûteuses et améliorent ainsi leur pouvoir d’achat. 3- La libéralisation des économies émergentes De nombreux pays émergents ont réalisé des réformes pour ouvrir et libéraliser leur économie. En Chine, ces réformes suivent un double mouvement de libéralisation interne et d’ouverture au marché mondial. Parallèlement, le monopole d’État sur le commerce extérieur a été supprimé, ce qui a dynamisé les échanges extérieurs des entreprises privées. Le rôle du secteur privé dans l’économie s’est renforcé grâce à l’évolution du droit de la propriété privée. 4- Les pays émergents dans la globalisation financière Sur le plan financier, la mise en place de zones franches et l’abaissement des droits de douane ont permis le développement des IDE et des prises de participation dans les pays développés. Ce mouvement a été rendu possible par les rentrées financières des entreprises qui ont tiré parti de l’augmentation du cours des matières premières et de la performance de leurs marchés boursiers jusqu’à la mi-2008. C. LES EFFETS DE LA CROISSANCE SUR LES INEGALITES INTERNES La croissance soutenue de l’économie s’est accompagnée, dans certains pays, d’un accroissement des inégalités qui a conduit à des mouvements sociaux. Dans l’exemple chinois, l’écart de revenus entre les villes de la côte et les campagnes a explosé. Le chômage dans les campagnes et les anciennes régions industrielles du Nord et de l’intérieur est énorme, l’exode vers les villes riches n’est ralenti qu’au prix du maintien du système du passeport intérieur. Dans les zones où les anciennes entreprises d’État sont en voie de disparition, des mouvements se sont développés contre la disparition des filets de protection sociale du socialisme, et dans les villages contre la pression fiscale et les abus des bureaucrates locaux. Par ailleurs, l’exceptionnelle croissance économique à grande vitesse a des effets très néfastes sur l’environnement naturel, dont la dégradation devient alarmante. La croissance peut s’accompagner d’un recul de la pauvreté absolue et d’une augmentation des inégalités. Au contraire, dans les pays à tradition égalitaire (les pays scandinaves, par exemple), la croissance et la mondialisation ne s’accompagnent pas d’une hausse des inégalités, alors que dans les pays de tradition inégalitaire (Brésil, Chili ou Afrique du Sud), elles s’accompagnent d’une hausse des inégalités.