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RÉSUMÉ
L’objectif de ce mémoire est de rendre compte d’une figure particulièrement
dynamique dans l’écriture de Leïla Sebbar, celle de l’adolescent fugueur. Mohamed
dans Le Chinois vert d’Afrique (1982) et Shérazade dans Shérazade, 17 ans, brune,
frisée, les yeux verts (1984), personnifient une réalité autre que celle accolée aux
jeunes descendants de l’immigration maghrébine (surtout algérienne), partagés entre
les codes culturels du pays d’origine et ceux du pays de naissance. L’hybridité des
personnages et leur mobilité aléatoire permettent de réévaluer les discours sociaux
dominants émis en France, pays tiraillé entre les aspirations d’unité nationale et
l’histoire coloniale.
Le premier chapitre fera état du contact des fugueurs avec la représentation
picturale et sa place dans la constitution de leur identité. À la lumière de ces
observations, la seconde partie du travail se penchera sur la prise de conscience du
regard de l’Autre et le questionnement de l’image préconçue de l’adolescent de
banlieue inculte en mal d’insertion sociale. La déconstruction de ce cliché permettra
dans le troisième chapitre d’aborder la réappropriation de l’objet culturel par les
fugueurs, procédant à une véritable démocratisation de la culture élitiste. Le
quatrième chapitre sera enfin consacré au mouvement des fugueurs dans l’espace et
dans le temps. Nous y verrons comment les fugueurs, intermédiaires entre la ville et
sa banlieue mais aussi entre le paradis perdu du pays d’origine et le désarroi des
parents immigrés, provoquent la relecture de l’histoire des générations passées tout en
gardant un œil critique sur l’avenir.
MOTS-CLÉS
Leïla Sebbar, orientalisme, histoire coloniale, fugue, stéréotype, sociocritique,
identité plurielle.