∴∴La caractérisation des promoteurs: expression stable et transitoire
Avant d'entreprendre  la description de  l'architecture des promoteurs   eucaryotiques  (régions régulatrices se
trouvant généralement en amont de la séquence codant pour l'ARN), voyons brièvement comment nous pou-
vons déterminer où résident les éléments de régulation cis sur lesquels se lieront les facteurs protéiques agis-
sant en trans. Les promoteurs seront caractérisés par des expériences de délétions, de mutations ponctuelles
et d'empreintes (footprinting). Nous avons vu dans le chapitre précédent comment nous pouvions, à l'aide de
l'ADNase I (DNase I), d'un fragment d'ADN marqué radioactivement et de facteurs transcriptionnels, déli-
miter la région couverte par un ou plusieurs facteurs. Les expériences de retard sur gel nous permettent aussi
de tester la présence de sites de liaisons sur un fragment d'ADN marqué radioactivement, de même que d'es-
timer  l'affinité  spécifique  d'un  facteur  pour  un  site  particulier. Voyons  maintenant  comment  nous  pouvons
définir opérationnellement les sites cis importants pour l'expression d'un gène donné. Les promoteurs seront
définis par leur capacité à initier la transcription d'un gène donné dans un système d'expression approprié.
Déterminer le site d'initiation de la transcription
Une condition préalable à l'analyse des régions régulatrices est de déterminer le site d'ini-
tiation de la transcription (+1). Sans cette connaissance, il est impossible de savoir où
débute l'unité transcriptionnelle et où se
terminent  les  régions  régulatrices.
L'analyse des ARNm produit par l'ARN
pol II révéla que tous avaient une coiffe
en 5' (5' cap). La coiffe en 5' est formée
par  l'ajout  d'une  7-méthyl-guanosine
(m7G)  dans  une  liaison  inhabituelle
5'→5'  (fig.  4.18  MCB).  La  réaction
enzymatique  de  l'ajout  de  la  coiffe  ne
peut s'effectuer que sur un nucléotide triphosphate (ou diphosphate) et par conséquent
n'est possible que sur le premier nucléotide de la chaîne d'ARN. La maturation d'un pré-
cuseur d'ARN plus long pour donner un substrat à cette réaction est donc exlue. Le pre-
mier nucléotide de l'ARNm correspondra donc au nucléotide du site +1. Les techniques
d'extension d'amorce (primer extension), de cartographie par la nucléase S1 (S1  map-
ping) (fig. 7.35 MCB) permettent de cartographier le site d'initiation de la transcription. 
Les systèmes d'expression transitoire
L'utilisation d'un système d'expression transitoire dépendra évidemment du type de travail effectué. Il serait par
exemple illusoire de vouloir définir les régions régulatrices du promoteur du gène de la Rubisco, impliqué dans
la photosynthèse et régulé par la présence de lumière dans un système de transfection de cellules de mam-
mifères en culture ou en injectant les constructions promoteur-gène rapporteur dans des oocytes de grenouilles
(même avec une grenouille verte!). Les systèmes d'expression transitoire les plus utilisés sont la microinjec-
tion, la transfection dans des cellules en culture, l'électroporation des cellules en culture et le bombarde-
ment de microparticules enrobées d'ADN (biolistique/particle bombardment, gene gun). Ces systèmes peu-
vent être assimilés à des systèmes in vivo, car la transcription sera effectuée dans un un noyau intact, à l'in-
térieur d'une  cellule. À l'opposé, la transcription  pourra s'effectuer dans un système in vitro plus ou  moins
entièrement reconstitué à partir des composantes de base purifiées. 
Les systèmes d'expression stable: les transgéniques
Une autre façon de déterminer la capacité d'un promoteur à initier la transcription est d'intégrer les construc-
tions dans le génome d'un organisme et de tester l'activité du gène dans un tissu donné. Ce type d'expression
se rapprochera le plus des conditions  normales d'expression du gène à l'étude. Nous verrons plus en  détail 
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© Daniel P. Matton, 2002