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3- Naissance d'une vocation
Au cœur de l'hiver 1617 alors curé dans les Dombes (Ain) Dieu lui fait signe au chevet d'un
pauvre malade de la campagne. Il organise bientôt, à Châtillon, la première Confrérie de
Charité, groupe de femmes associées.
Revenu près de la famille de Gondi, il s'émeut du sort des malheureux forçats destinés aux
galères, entassés dans des cachots humides, abandonnés sans soins, maltraités à coups de
fouet sur leurs épaules nues. Avec un dévouement que rien n'effraie, Vincent leur prodigue
soins, consolations, les exhortant sans relâche à retrouver le chemin de Dieu. L'effet de cette
mission fait grand bruit dans la capitale et bientôt le roi Louis XIII, admiratif, le nomme
officiellement en 1619 aumônier général des Galères.
En 1625 il fonde la Congrégation de la Mission appelé bientôt les Lazaristes afin
d'évangéliser les pauvres dans les campagnes. "Les pauvres gens des champs sont à peu
près abandonnés, tandis que les villes pour leurs nécessités religieuses ont quantité de
docteurs" se plaint-il.
4- Vincent à Beauvais
Augustin Potier, fils d'un président au Parlement de Paris est le frère de René Potier, évêque
de Beauvais de 1595 à 1516. Il prend la succession de son frère à son décès. Il est grand
aumônier de la reine Anne d'Autriche lorsque cette dernière l'appelle au ministère.
Supplanté rapidement par Mazarin, il décide alors de revenir dans son diocèse dont il va
s'occuper sans relâche jusqu'en 1650, année de sa mort au château de Bresles.
A peine arrivé, il commence par s'intéresser à la formation des prêtres dans l'Eglise. Il s'était
vite rendu compte que la majorité des prêtres étaient peu intéressés par leur apostolat et
peu enclin à diffuser la bonne parole. Il cherchait des prêtres capables de rappeler au peuple
non tant les pratiques de la religion mais de les faire persévérer dans la fidélité à leurs
devoirs. La seule solution, pour Mgr Potier était de n'admettre à l'ordination que des
prêtres dévoués et investis de leur importance. Connaissant bien Vincent Depaul il
s'entretient souvent de ce problème avec lui.
Un jour de juillet 1628, il lui confie de nouveau ses soucis et lui demande de prêcher la
retraite des ordinands. Vincent accepte d'autant plus que c'est un plaisir pour lui de mettre
sa personne et sa Congrégation au service d'un évêque qui entre si bien dans ses vues et
dont il admire le zèle et la piété. Il se rend donc à Beauvais.
Pendant dix jours il les instruit par des conférences de façon à "préparer leur conscience" à
leur futur apostolat. La règle est rapidement établie ; avant l'ordination il y a obligatoirement
une retraite spirituelle ; et cette règle devient bientôt générale dans l'Eglise de France car les
autres évêques ne tardent pas à demander à Beauvais de leur communiquer sa méthode
pour la mettre en pratique dans leur diocèse.