Dossier de présentation
Projet soutenu par la Direction du Palais des Congrès de Perpignan
(Résidence au Théâtre Municipal en mars 2016)
Synopsis du spectacle :
L’histoire est celle d'un homme qui vient régulièrement dans le hall d' un aéroport parisien.
Il observe certains avions qui décollent ou atterrissent.
Très vite, il est repéré par le personnel de l'aéroport qui avertira les autorités compétentes.
Il est alors arrêté par deux agents de police en civil qui l'emmènent dans un bureau pour
l'interroger.
Qui est-il ? D'où vient-il ? Que fait-il ? Pourquoi est-il là ? Que vient-il faire en réalité ?
Au delà de ces questions vraisemblablement légitimes, il faut quand-même dire qu'il a été
arrêté simplement à cause de son apparence physique. Ne peut-on pas dès lors, parler de
« Délit de faciès » ?
Pourquoi ce spectacle ?
En 2013, j’ai lu « Petites pièces à géométrie variable » de Jean-Yves PICQ et j’ai
immédiatement parlé de cet auteur à la Compagnie, mais nous avions à l’époque d’autres
projets.
Puis en 2015, songeant à la future création 2016, je me suis intéressé de plus près à cet auteur
et très vite « En-quête » a retenu mon attention. Mais à l'instar de notre précédente création, je
voulais adapter plusieurs textes pour en faire « notre » spectacle. J'ai alors choisi des extraits
de « Donc » pour accompagner « En-quête » afin de garder avant tout le style littéraire de
Jean-Yves Picq. Les mots et les phrases sont concis, simples, courts, efficaces...
De l'adaptation de ces deux courtes pièces est né « Délit de faciès »…
Parce que c'est ce dont il est question avant tout dans ce spectacle : dans un aéroport, un
homme est suspecté d'être « terroriste » parce que son apparence physique (couleur de peau
ou apparence générale) n'est pas « standard ». C'est de la discrimination , un traitement
défavorable contraire au principe d'égalité.
C'est ce genre de sujet que nous voulions aborder dans notre création. L'actualité de ces
derniers mois en France et dans le monde nous plonge encore plus dans ce thème qui rebondit
inévitablement sur d'autres thèmes généraux tels que le terrorisme et surtout le racisme. La
peur de l'inconnu, l'agression ressentie face à ce qui ne nous ressemble pas, à ce qui n'est pas
identifiable remonte à la nuit des temps. Nous voulions mettre à notre répertoire une pièce
contre le racisme. Il importe donc de le traiter préventivement, non pas tant en édictant des
lois - bien qu'il en faille -, mais plutôt en sensibilisant et en éduquant.
Pourquoi un spectacle tout public mais à vocation scolaire notamment pour les
collégiens et lycéens ?
Lorsque la compagnie a créé en janvier 2014 « N'oublie jamais... » spectacle traitant de la
Shoah, nous avons joué de nombreuses fois lors de séances scolaires pour des collégiens et
lycéens.
Après chaque représentation, nous prenions le temps d’organiser un débat avec ces
spectateurs. Ces rencontres enrichissaient d’un côté notre travail artistique et d’un autre leur
regard de spectateur. Il y avait une vraie continuité à notre spectacle comme si, après le
salut des comédiens, un autre acte de la pièce se jouait. De par le sujet basé sur la déportation
résonnant aujourd'hui sur « le devoir de mémoire », les commentaires de ces jeunes qui
portaient à leur tour leurs témoignages, nous sont apparus très vite comme une force à notre
travail.
Nous avions donc envie de revivre cette expérience enrichissante mais cette fois-ci avec un
nouveau thème et une nouvelle adaptation de pièces.
Après avoir traité une période historique, nous avions envie de rester dans l'actualité et
d'aborder un sujet de société contemporain tel que la discrimination et le délit de faciès .
Cela peut rentrer dans les programmes de collèges et de lycées notamment en « Enseignement
Moral et Civique » ou en « Littérature et Société ». Je trouve intéressant le fait que l’on puisse
parler de cela sous une autre forme que celle des livres et de la télévision ou du cinéma…
Se servir de l’art vivant qu’est le théâtre pour témoigner de notre présent est une force
inimaginable. Mettre en lumière ce qui est reste un élément considérable pour questionner les
jeunes d’aujourd’hui…
Pourquoi cette mise en scène ?
Très vite pour ce spectacle certaines évidences se sont établies :
Au fond de la scène, un immense écran blanc sur lequel seront projetés des courts-métrages et
des images tout au long du spectacle.
Au début, afin de rester dans la réalité, la première vidéo montre des images du 11 septembre
2001 pour ensuite retrouver notre personnage principal de nos jours dans un aéroport.
C'est le sujet de la pièce : l'histoire de cet homme suspecté. Un exemple parmi tant d'autres du
délit de faciès.
Mais je voulais élargir le thème de cette discrimination au-delà de ce cas précis.
Des projections vidéos de 4 autres cas de délit de faciès rythmeront la pièce et deviendront un
leitmotiv, une résonance au thème général qu'est le racisme : un enfant asiatique, un jeune
homme d'origine polonaise réfugié SDF, un maghrébin, un noir…
Tous, tout comme notre personnage principal, sont confrontés au « délit de faciès » qui reste
un critère de discrimination que la loi interdit en France sur plusieurs critères dont l'origine,
l'apparence physique, l'appartenance vraie ou supposée à une ethnie, une nation, une race...
Tout comme dans « N'oublie jamais... » le choix de la vidéo reste important. Je veux un
spectacle résolument moderne l’image, devenue un outil du quotidien (par la télévision, le
cinéma, ou le net...) touche les hommes d’aujourd’hui particulièrement les jeunes générations.
Mais pour moi, l'usage de la vidéo dans cette pièce qui n'est souvent qu'un poncif de la
modernité est ici parfaitement justifié. Il renvoie d'une part à la vidéosurveillance
omniprésente dans les aéroports ou lieux publics mais d'autre part à la télé-réalité (ne
sommes-nous pas les voyeurs de notre propre société ?).
Quant à la distribution sur le plateau, j'ai choisi de ne pas tomber dans la caricature pour le
personnage principal. Il ne sera pas visuellement maghrébin, juif… Je voulais que ce soit plus
subtil et que les mots de la pièce prennent du coup plus de sens…
Pour les rôles des policiers en civil, rien n'est écrit dans la pièce initiale : ni leur nombre, ni
leur sexe. J'ai choisi de mettre deux personnages féminins afin de mettre en avant le fait que
de nos jours, les femmes l'égal des hommes) peuvent non seulement avoir des
responsabilités dans le travail mais aussi dans d'autres domaines (politique, milieu
associatif…).
Laurent Prat
Création collective :
Le Théâtre Chez Soi (Perpignan)
Durée du spectacle :
50 minutes environ
Mise en scène et adaptation des textes :
Laurent PRAT
Création vidéo :
Laëtitia LAZIZI
Création lumières :
Florent LAMBERT
Avec :
Morgane LOYER (Elle 2)
Emmanuelle MALÉ (Elle 1)
Guillaume NICOLAÏ (L'Homme)
Illustration et création graphique de l' affiche :
Jean-Philippe HENRIC
Extrait du spectacle :
(…) ELLE 1 : Tu les connais bien les avions, pas vrai ?
L’HOMME : Non. Pas bien.
ELLE 1 : Leurs horaires, si !
L’HOMME : Ah ! Leurs horaires, oui.
ELLE 1 : Mais tu les prends pas.
L’HOMME : Je peux pas.
ELLE 1 : T’en as déjà pris ?
L’HOMME : Oui.
ELLE 1 : La Palestine ?
L’HOMME :
ELLE 1 : Alger ?
L’HOMME :
ELLE 1 : T’y vas souvent ?
L’HOMME : Pas assez !
ELLE 1 : C’est bien là-bas ?
L’HOMME : C’est bien. (...)
ELLE 1 : La mer, les palmiers, les cafés peut-être ?
L’HOMME : Oui.
ELLE 1 : Le paradis, quoi !
L’HOMME : Presque.
ELLE 1 : Ça te fait rêver, quoi.
L’HOMME : Presque.
ELLE 1 : Ça te ferait presque rêver
?L’HOMME : Parfois, oui.
ELLE 1 : Ce qui s’y passe, quoi ?
L’HOMME : Comment ?
ELLE 1 : Ce qui s’y passe, ça te fait rêver, quoi !
L’HOMME : J’ai pas dit ça ! (...)
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