
IATTRO 
DUCTION 
I 
et  anhistorique.  La  naissance  et .le devenir  de  la  science doivent 
donc  être  accessibles 
à 
une  intuition  historique  d’un  style inouï, 
où 
la  réactivation intentionnelle du sens devrait précéder et condi- 
tionner 
- 
en 
droit 
- 
la 
détermination empirique du fait. 
Dans  leur  irréductible  originalité, l’historicité de  la  science et 
la  réflexion qu’elle  appelle, la 
Geschicbtlichkeit 
et l’Historie 
(I), 
ont 
des  conditions  aprioriques  communes. Aux  yeux  de Husserl,  leur 
dévoilement est principiellement possible et devrait nous amener 
à 
reconsidérer dans leur plus large extension les problèmes de l’histo- 
ricité  universelle.  Autrement  dit, 
la 
possibilité  de  quelque  chose 
comme une histoire de la science impose une relecture et 
un 
réveil 
du 
(( 
sens 
n 
de  l’histoire en général 
: 
son 
sen$ 
phénoménologique 
se confondra en dernière instance avec son sens  téléologique. 
De ces possibilités de principe, Husserl tente de faire iu l’épreuve 
singulière 
- 
à 
propos de la  géométrie 
- 
et d’y  déchiffrer la pres- 
cription d’une tâche générale. Comme la plupart des textes husser- 
liens, 
L’Origine 
de 
la 
Géométrie 
a une valeur 
à 
la  fois  programma- 
tique et exemplaire. La lecture doit donc en être marquée par cette 
conscience  d’exemple  propre 
à 
toute  attention  éidétique,  et  se 
régler sur le pôle de cette tâche infinie 
à 
partir de laquelle seule une 
phénoménologie peut  ouvrir son chemin.  Dans l’introduction  que 
nous  alions  maintenant  tenter,  notre  seule  ambition  sera  de 
reconnaître et de situer, en ce texte, une étape de la pensée husser- 
lienne,  avec  ses  présuppositions  et  son  inachèvement  propres. 
Ultime en fait, ce moment, du radicalisme husserlien ne l’est  peut- 
être pas  en droit. Husserl semble en convenir 
à 
plusieurs reprises. 
C’est  donc de son intention même que nous essaierons toujours de 
nous  inspirer,  lors  même  que  nous  nous  attacherons 
à 
certaines 
difficultés. 
(I) 
Dans notre traduction, nous ne signalerons entre parenthéses 
la 
distinction 
entre 
Historie 
et 
Gcschichte 
que lorsqu’eiie  répond 
à 
une 
intention 
explicite  de 
Husserl, ce qui n’est 
pas, 
il s’en faut, toujours le 
cas.