Les rentrées ont toujours été difficiles à ProChoix. Publier une
revue qui colle à l'actualité politique demande d'anticiper les
mouvements et les contre-mouvements à l’œuvre dans
chaque débat. Cela exige une bonne dose d'intuition et
beaucoup de communion pour pouvoir être réactif. Or ces éléments
n'étaient pas réunis en septembre, lorsqu'il s'est agi de boucler. Pardon
à nos lecteurs et surtout à nos abonnés! En fait, nous avons préféré
différer la parution de la revue pour vous offrir un numéro double,
tardif mais plus complet, et qui nous laisse le temps de clarifier nos
idées sur un débat aussi complexe que celui des signes religieux à
l'école.
Ce débat est loin d'être simple et nous avons appris combien il pouvait
être piégé par les mots ou par les priorités. Dès le numéro précédent,
nous vous annoncions combien la rédaction était partagée. Françoise
Gaspard, Éric Fassin et Daniel Borrillo ont signé la pétition “Oui à la
laïcité, non aux lois d’exception” — parue sous le titre "Oui au foulard
dans l'école laïque" dans Libération. A un moment où nous étions
nombreux au sein des différents comités de ProChoix à nous inquiéter
de voir la laïcité fléchir face aux multiples demandes émanant de
groupes religieux, qu'ils soient juifs, chrétiens ou musulmans. Dès
lors, pouvions-nous encore nous comprendre? Par souci d'équilibre,
bien que l'immense majorité des comités soit hostile à l'entrée de tout
signe religieux à l'école, nous avions republié cette pétition et nous
avions envoyé le texte du comité éditorial ainsi que celui de Caroline
Fourest et Fiammetta Venner (critique vis-à-vis de la pétition) à
l'ensemble des comités. Les réactions sont venues lors de la
publication du numéro 25, de la part de Pierre Tévanian, auteur de
livres dénonçant la "lépénisation des esprits" et le "fantasme
sécuritaire". Il est notamment à l'initiative de la pétition citée plus
haut. Devant son envie de réagir, la rédaction lui a tout de suite
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ÉDITO DU COMITÉ ÉDITORIAL
Nos divergences ne sont pas des dérives