la
FEUILLE
VERTE
JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – VILLE DE GENÈVE
DÉPARTEMENT DES AFFAIRES CULTURELLES – N° 35 – DÉCEMBRE 2004
BRÈVES ACTUALITÉS
Signature de conventions culturelles
Deux conventions culturelles avec La Paz (Bolivie) et Joao Pessoa
(Paraíba, Brésil) ont été signées en novembre 2004
D. Roguet conservateur
impressum sommaire
Rédacteur responsable
Rédacteurs
Photographies
Conception graphique
Impression
D. Roguet
R. Spichiger; P. Mugny; P. Clerc; M.-J. Price; D. Aeschimann;
L. Gautier; L. Nusbaumer; S. Wohlhauser; P. Ranirison; R. Palese;
P.-A. Loizeau; P. Perret; S. Dunand-Martin; D. Roguet; C. Châtelain;
A. Traoré; L. Collazos-Pacheco; M. Stitelmann; N. Keckeis; D. Thurre;
B. Messerli; C. Guerni; D. Gautier; B. Bäumler
B. Renaud; D. Roguet
M. Berthod – G. Schilling
Imprimerie Nationale, Genève
Editorial – Flora alpina
Mot du magistrat – Histoires & modernités botaniques
3
Dossier
La cryptogamie aux CJB
les collections et la recherche
4 - 10
Flora alpina
La flore des Alpes
aux Conservatoire et Jardin botaniques
11 - 16
CJB – Conservation
Flore et végétation du daraina
(NE de Madagascar)
17 - 19
African plants initiative
20 - 21
La bibliothèque de la Console 1904 – 2004
22 - 23
CJB – Jardin
Utilisation de pesticide aux CJB
24
Les sons de la nature
24
Le jardin citoyen de l’école de Collex-Bossy
25
Bande dessinée
Le Botaniste: «les secrets de l’edelweiss noir»
26
Animations, activités
Programme 2005
27
le 100een image
28 - 29
Rétrospective photographique annuelle
30 - 31
Coopération
Education environnementale à Adiopodoumé
32
Centre d’éducation environnementale du parc de Hann
33
Etnobotanica Paceña
34
Education
Une commission Ecole-Musée: Pourquoi? Pour qui?
35 - 36
Partenaires
AAJB Ponges d’une nuit d’été - Voyage au Bouthan
37
PSR Cochons laineux et canards de Poméranie
38
Nouvelles du CRSF
39
Brèves 2 - 39
Le journal des Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève paraît une fois l’an.
© 2004 Conservatoire et Jardin botaniques, Genève.
Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou des illustrations de cette édition est
strictement interdite sans accord préalable auprès des CJB.
ans le cadre des actions de la Ville de
Genève visant à instaurer un monde
plus juste, plus équitable et plus respectueux
de l’environnement, les Conservatoire et Jar-
din botaniques de la Ville de Genève (CJBG)
mènent plusieurs projets de coopération insé-
rés dans leur «programme-cadre au Sud», qui
valorisent les connaissances traditionnelles
liées aux plantes pour améliorer les conditions
d’existence des populations locales. Ce type de
partenariat qui intègre recherche, éducation
environnementale et développement durable
tend aussi à consolider les processus démocra-
tiques amorcés dans certains pays du Sud. Il
s’insère parfaitement dans le cadre d’un
Agenda 21 municipal cohérent, au sein d’une
Genève trans et multi-culturelle.
Lors d’un voyage officiel avec le Prof. Rodol-
phe Spichiger (11-21 novembre 2004) et le
conservateur responsable scientifiquement de
ces projets, Didier Roguet, M. le Conseiller
administratif Patrice Mugny a inauguré les
«Jardins ethnobotaniques et du commerce
équitable de La Paz», acte officiel qui s’est
accompagné de la signature d’une convention
de coopération culturelle avec M. le maire de
La Paz,Roberto Javier Moscoso Balderrama.
Cette coopération s’est ensuite étendue vers le
Brésil, à Joao Pessoa, où le magistrat a signé
une seconde convention culturelle l’Etat de
Paraíba, Brésil et l’IBAMA au Brésil.
Ces conventions de coopération culturelle et
scientifique, au sens large, offrent l’avantage
de pouvoir intégrer les programmes de déve-
loppement durable des CJB, basés sur
l’ethnobotanique et l’éducation environne-
mentale, mais aussi tout autre projet
d’échange, de formation ou de collaboration
culturels (musique, théâtre, cinéma, etc.).
Elles ont déjà été signées avec Asuncion
(Paraguay), Dakar (Sénégal) et Sao Paulo
(Brésil). Un des principes de base de ces
accords étant la valorisation de la biodiver-
sité naturelle (nombres d’espèces végétale et
animales autochtones dans un territoire
donné) et de la diversité culturelle qui leur
est attachée (utilisation raisonnée et durable
des espèces considérées).
Fig. 2 Les maires, Mugny pour Genève et Moscoso-Balderrama pour La Paz, signant la convention culturelle
inter-municipale (15 novembre 2004)
Fig. 1 P. Mugny signant des conventions de travail avec les responsables de l'IBAMA
(organisme brésilien de protection et gestion de l'environnement) et de l'Etat du Paraìba (Brésil)
e thème de la commémoration de
septembre 2004 me plaît tout
particulièrement, en ce sens qu'il
nous situe à la croisée des chemins de cette
vénérable institution que sont les Conserva-
toire et Jardin botaniques.
L'histoire – ou les histoires –, c'est évidem-
ment la source de découvertes importantes,
la transmission de traditions et de savoirs,
la constitution d'un patrimoine.
Les modernités, quant à elles, sont reflétées
par les objectifs actuels des CJB et leur enga-
gement, tant sur le plan local
qu'international. Les modernités botaniques
permettent de préciser ce que représente
réellement un tel musée scientifique, que
l'inconscient collectif – relayé par les
médias – aurait tendance à considérer
comme poussiéreux, vétuste, d'un autre
temps. Mais je suis conscient de m'adresser
à un lectorat averti et convaincu, puisque
ceux qui tiennent en main la «Feuille
Verte» associent les Conservatoire et jardin
botaniques à une image dynamique et
qu'ils suivent avec intérêt son actualité.
Alors qu'ils fêtent le centenaire de leur
transfert hors les murs pour la création du
Jardin botanique moderne, les CJB jouent
plus que jamais un rôle d'expert «vert» au
niveau régional et international. Le Dépar-
tement des affaires culturelles se réjouit
de la mise en œuvre de synergies autour
d'une plate-forme muséale commune
liant sciences, ethnographie et social, tout
comme de ses ouvertures sur le multi-
culturalisme et la solidarité internationale.
Musée vivant, la fréquentation des CJB n'a
jamais été aussi haute que ce printemps et
cet été 2004 (sixième musée visité en
Suisse, avec plus de 350'000 visiteurs par
an, selon les statistiques). Ce succès est dû
notamment aux efforts constants de mise
en relation des divers publics (grand
public, scolaire, professionnel) avec un
monde végétal rendu actif, source de
connaissances et d'enseignements, mais
aussi source permanente de bien-être phy-
sique, artistique, voire spirituel.
Les CJB, comme musée vivant de la cité,
véhiculent une image très positive d'une
Genève scientifique par tradition, multi-
culturelle par essence et interactive par pas-
sion. Leur situation privilégiée au centre des
organisations internationales est un atout
non négligeable. Mais, ce qui fait leur répu-
tation, c'est essentiellement un centre de
documentation et de savoir botaniques
presque inégalé: fait notoire, ils conservent
le cinquième plus grand herbier au monde!
Le Jardin botanique s'affirme comme une
source globale d'expériences et de connais-
sances. Par son refus de la plante «objet»
pour une plante «utile», omniprésente et
universelle, il s'inscrit dans un mode de tra-
vail interactif, à l'écoute des préoccupations
de la cité, par la diffusion des savoirs bota-
nique et ethnobotanique. Sa responsabilité
est lourde: détenteur d'une tradition sécu-
laire, il est au service de la connaissance, de
la protection et de la conservation d'un
environnement à la diversité maximale,
qu'elle soit naturelle ou culturelle.
En dernier lieu, il convient encore de souli-
gner les singularités des CJB dans le monde
muséal, grâce à ses expériences socio-
pédagogiques et ses procédés novateurs de
communication. D'intéressantes solutions
muséographiques de plein air ont été réali-
sées: activités pédagogiques, Ateliers verts,
Espace famille, Jardin des senteurs et du
toucher, Brunchs tropicaux, etc.
Longue vie donc à ce centenaire plus alerte
et moderne que jamais, longue vie à sa tra-
dition scientifique de pointe jamais démen-
tie, longue vie à son enseignement et à ses
qualité pédagogiques, longue vie enfin à sa
démarche transculturelle inscrite dans la
politique de la cité. Et, surtout, merci à tous
les acteurs de sa promotion et de son succès.
éditorial
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N° 3
e grands spécialistes en botanique alpine comme
C. Favarger, H. Merxmüller et P. Ozenda relevaient
la lacune que représentait l’absence d’une Flore
des Alpes. Considérant leur tradition, les don-
nées de leurs collections et les compétences de leurs cher-
cheurs, les Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de
Genève (CJB) ont jugé possible et légitime de préparer un tel
ouvrage. De plus, l’institut a appliqué très tôt les systèmes
d’information à la botanique. Forts de ces compétences, les
CJB annonçaient en 1990 le Projet pour une Flore des Alpes.
C’est le quatrième grand axe thématique de recherches des CJB
sur la diversité végétale, à côté de ceux constitués par la Cryp-
togamie et les recherches méditerranéenne et intertropicale.
Il est délicat de mentionner des précurseurs, car il y en a beau-
coup et on en oublie toujours. Néanmoins J. Briquet et E. Bur-
nat surgissent naturellement à nos mémoires, tant sont impor-
tants leurs travaux et leurs collections pour la recherche sur
les Alpes et pour la valorisation de l’herbier de Genève. Plus
récemment, A. Charpin, P. Hainard et F. Jacquemoud ont contri-
bué à ancrer la recherche alpienne aux CJB. Le présent travail
a été réalisé grâce au réseau de spécialistes que la réputation
de D. Aeschimann, K. Lauber, D. M. Moser et J.-P. Theurillat a
permis de mettre en place.
Dès 1996 paraissait Flora Helvetica, splendide ouvrage illustré
de K. Lauber et G. Wagner. Le succès de ce livre a incité les édi-
tions Haupt et les CJBG à mettre en commun leurs moyens et
leurs compétences, pour publier cette Flore des Alpes atten-
due depuis longtemps par de nombreux botanistes. Flora alpina
présente les 4500 plantes vasculaires constituant la diversité
végétale de l’arc alpin. C’est de la sorte un catalogue synony-
mique entre les Flores nationales concernées, regroupant les
entités biologiques semblables sous le même nom latin. Cela
semble évident, mais il faut rappeler que la faiblesse de la clas-
sification végétale résulte du manque de standardisation des
noms scientifiques, qui peuvent varier selon les conceptions
taxonomiques et nomenclaturales. L’originalité du Flora alpina
repose dans sa couverture géographique transfrontalière, qui
a imposé une standardisation des noms grâce à une approche
globale et concertée.
Lorsque le lecteur découvre la richesse du patrimoine alpin
au fil de cet ouvrage, il doit se rappeler que ce travail est le
produit de générations de scientifiques qui ont parcouru les
Alpes, récolté et déterminé des plantes, puis confronté leurs
déterminations avec les herbiers et les livres. Ces scientifiques
étaient formés par nos universités. De tels savoir-faire sont
aujourd’hui en voie de disparition car les Hautes Ecoles ne
forment bientôt plus de botanistes de terrain, susceptibles
d’identifier les espèces. Le laboratoire remplace le terrain, le
virtuel se substitue au réel. L’expérience ponctuelle débou-
chant sur un beau modèle mathématique est beaucoup plus
valorisée que la connaissance intuitive globale forgée par des
années d’expérience. On parle beaucoup de biodiversité, mais
on ne forme plus de professionnels aptes à reconnaître et
à mesurer cette diversité, qui ne pourra pas être préservée à
long terme si nous en ignorons les composantes. «L’esprit de
notre temps», comme le dirait Jung, veut que la biologie végé-
tale place son effort principal et la majorité de ses moyens
dans le génie génétique. Néanmoins une forte minorité de
chercheurs considèrent que ces créations sont dangereuses
pour l’environnement et exigent la stricte application du prin-
cipe de précaution.
L’histoire de l’agriculture montre qu’on peut sélectionner dans
la diversité du patrimoine naturel des variétés présentant les
mêmes avantages que les OGM, sans les dangers liés à ce genre
de manipulations. Cet ouvrage est le catalogue des espèces
naturelles de notre belle région alpine. Puisse-t-il transmettre
la passion de la botanique de terrain à ses lecteurs et convain-
cre le futur biologiste que la plante est d’abord un être en soi
et non pas seulement un phénomène de laboratoire.
Flora ALPINA
Aboutissement d’une grande tradition de recherche aux Conservatoire et Jardin
botaniques: parution de l’ouvrage Flora alpina
R. Spichiger directeur
Histoires et modernités
BOTANIQUES
P. Mugny conseiller administratif en charge du Département des affaires culturelles de la Ville de Genève
1. QU’EST-CE QU’UN CRYPTOGAME?
Ce nom «cryptogame» issu du jargon scien-
tifique, du grec Kryptós = caché et gámos =
mariage ou fécondation, donne l’idée d’une
vie sexuelle cachée, secrète.
Ainsi, par opposition aux plantes à fleurs qui
exposent, parfois de manière bien insolente
et sans gêne aucune, leurs organes sexuels,
les cryptogames, eux, sont plus discrets, ils
ne produisent pas de fleurs.
Ce qui ne veut bien entendu pas dire qu’ils
n’ont pas de vie sexuelle, bien au contraire,
mais qu’ils sont moins ostentatoires: ce sont
les algues, les champignons (encadré 1), les
lichens (encadré 2), les bryophytes (encadré
3) et les fougères (encadré 4).
Des organismes très divers
On est loin du temps où le monde vivant
était divisé entre le règne végétal et le règne
animal. Aujourd’hui, et en partie grâce à la
biologie moléculaire, la connaissance des
divers organismes vivants et de leur classifi-
cation à beaucoup progressé et le nombre de
règnes a littéralement explosé.
Ainsi, de nos jours, les organismes réunis
sous le nom de «cryptogames» se répartis-
sent dans au moins 5 grands règnes. Les
«algues» ont éclaté dans 3 règnes différents
dont celui des «plantes vertes».
Tout ce qui est champignons au sens strict
(y compris les lichens) forment depuis un
demi-siècle un règne propre. Les bryophytes
ainsi que les fougères font partie du règne
des «plantes vertes». Les myxomycètes
(encadré 5), longtemps considérés comme
faisant partie des champignons n’ont, en
fait, rien à voir avec ces derniers et font
maintenant partie des mycétozoaires, un
groupe d’amibes.
2.LA CONSOLE ET SES
CRYPTOGAMISTES
Nous avons, en cryptogamie, la chance
extraordinaire de pouvoir travailler dans ce
splendide bâtiment appelé la Console (fig. 1)
dont John Briquet (1870-1931) a été incontes-
tablement l’âme spirituelle et scientifique.
Elève de Müller, Thury et Alphonse de Can-
dolle, nommé en 1890 sous-conservateur de
l’herbier Delessert (ancien nom du Conserva-
toire botanique de Genève) et travaillant sous
la direction de Jean Müller, J. Briquet se lie
d’amitié avec le botaniste vaudois Emile Bur-
nat dont il sera le collaborateur pendant de
longues années. A la mort de J. Müller, en 1896,
Briquet est nommé conservateur de l’herbier
Delessert situé alors aux Bastions dans un bâti-
ment exigu ne permettant pas une conserva-
tion optimale des échantillons botaniques. La
première action de Briquet sera de trouver un
local convenable pour y conserver les richesses
botaniques genevoises. Cette démarche abou-
tira à la construction de la Console qui sera
inaugurée le 26 septembre 1904.
LES CRYPTOGAMISTES
Mariette Beroud
Employée d’herbier (50%) – Gestion de col-
lections (catalogues de types, etc.), intercala-
tions et retours de prêts, préparation et mon-
tage, bases de données des collections.
«Les lichens n’abîment pas les arbres; ils ne
sont pas des parasites. N’arrachez pas les
lichens! Ils sont autosuffisants, représentent
une grande richesse et poussent bien sur les
vieux arbres. Leur beauté est en quelque sorte
cachée; observez-les sous la loupe et vous
serez fascinés!» J’aime me promener dans la
nature et tout particulièrement en haute
montagne.
Philippe Clerc
Conservateur principal de la cryptogamie –
Responsable des collections de champignons
(lichens et champignons non lichénisés), de
myxomycètes et d’algues.
«J’apprécie la variété de mon travail. Le lichen
est l’organisme symbolique de la symbiose,
une des forces essentielles qui ont permis l’évo-
lution de la vie sur Terre. C’est un organisme
beau et passionnant! Une de mes passions est
le vélo avec lequel je viens chaque jour aux
CJB depuis Onex»
Jeannette Lugeon
Préparatrice (100%) - Intercalations et retours
de prêts, préparation et montage, bases de
données des collections.
«J’aime être en mouvement. La contem-
plation des beautés de la nature me permet
de me ressourcer. D’ailleurs, j’aime regarder
le paysage du lac et des montagnes, chaque
jour différent. Ma passion c’est la peinture à
l’huile
Jocelyne Perrenoud
Préparatrice (50%) – Gestion informatique
des prêts en cryptogamie
«Les plantes sont belles et intéressantes!
Savoir que je contribue, un tant soit peu, à
préserver la biodiversité par le biais de mon
activité professionnelle, est une grande source
de motivation! La lecture et le cinéma font
partie de mes hobbies».
PAGE N° 4– N
° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
LACRYPTOGAMIE AUX CJB
Les collections et la recherche
P. Clerc & M.–J. Price conservateurs
Fig. 1 Bâtiment «La Console» aux CJB –
Photo: B. Renaud
Mariette Beroud Philippe Clerc Jeannette Lugeon Jocelyne Perrenoud Michelle Price
Photos: B. Renaud
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N° 5
Michelle Price
Conservatrice en bryologie (100%) –
Responsable des collections de bryophytes,
de fougères au sens large et de pinophytes
(cônifères).
«C’est en tant qu’écologiste de terrain que j’ai
découvert l’importance de la taxonomie et de
la systématique dans les domaines de
l’écologie et de la biologie. Il est très impor-
tant de pouvoir identifier précisément les espè-
ces que l’on étudie, ainsi que leurs relations
évolutives. Dans mon temps libre je pratique
la gravure et j’adore me promener en mon-
tagne».
En outre, les herbiers cryptogamiques ont
grandement bénéficié du travail et des com-
pétences de nombreux collaborateurs et col-
laboratrices temporaires envoyés par l’Office
cantonal de l’emploi:
Mesdames Françoise Bocquet, Carole
Conconi, Kadidja Diallo, Maryse Di Gia-
como, Micheline Di-Stasi, Katia Gehrig,
Michèle Gendre, Jennifer Larcinal, Mélanie
Michel, Teresa Perez, Larissa Voltchkoff,
Bernadette Zosso, Messieurs Eric Huguet et
Fernand Studer.
3. LES HERBIERS CRYPTOGAMIQUES
À LA CONSOLE
La Console contient des herbiers d’algues, de
champignons, de lichens, de bryophytes et de
fougères de grande valeur scientifique. Plus
d’un million de spécimens de ces cryptoga-
mes récoltés dans le monde entier sont conser-
vés pour la postérité dans les armoires (fig. 2)
de ce vénérable bâtiment qui vient de fêter
son 100eanniversaire.
Mycologie
a) Lichens (ascomycètes lichénisés) (fig. 3 et 4)
La colonne vertébrale de l’herbier des lichens
est constituée par la collection Müller-Argo-
viensis (1828-1896), herbier constitué de
plusieurs centaines d’échantillons types,
principalement des espèces tropicales, par la
collection E. Frey (1888-1974), lichénolgue
bernois, l’une des toutes grandes collections
de lichens européennes (plus de 40 000 spéci-
mens), d’une valeur inestimable pour toute
personne désirant étudier la flore lichénique
d’Europe centrale ou des Alpes. et la collec-
tion «Liste Rouge des lichens épiphytes et
terricoles de Suisse» (1989-2000), dont les
quelques 15 000 échantillons représentent un
«instantané» actuel de la mycoflore suisse des
lichens épiphytes et terricoles.
D’autres collections particulières comme celles
de Fée et de Duby, celles de P. Ozenda (lichens
du Népal) et de F. Page sont plus petites, mais
également importantes,
b) Ascomycètes (encadré 6) non lichénisés
La collection générale contient plus de 120 000
spécimens dont ceux de la collection Fuckel
(1821-1876), la plus connue en ce qui
concerne ces organismes et très riche en spé-
cimens type (encadré 10).
c) Basidiomycètes (encadré 7)
L’herbier des Basidiomycètes aux CJB est une
référence mondiale en raison de la présence
des collections de Jules Favre (1882-1959), de
Robert Kühner (1903-1996) et de Marcel Jos-
serand (1900-1992) qui sont maintenues
séparées de la collection générale. D’autres
collections comme celles de J. Berthier
(Cyphellaceae), C. Poluzzi, M. Ruchet, O.
Monthoux & O. Röllin (les champignons
xériques du bassin genevois) ainsi que la col-
lection d’A. Bolay (Erysiphales, Uredinales,
Ustilaginales) sont la marque de l’importance
de cet herbier à Genève.
Algologie
Si cet herbier contient plus de 20 000 spéci-
mens de tous les groupes d’algues, c’est
principalement la splendide collection de
diatomées (encadré 8) mise sur pied par
Jacques-Joseph Brun (1926-1908) qui retient
l’attention. Cette collection a été acquise par
la ville de Genève en 1899 et comprend
quelques 7000 espèces et variétés montés en
environ 5000 préparations microscopiques.
Bryologie
L’herbier cryptogamique des Conservatoire et
Jardin botaniques contient environ 313 100
échantillons de bryophytes dont 1500 antho-
cérotes, 104 000 hépatiques et 207 600 mous-
ses. Il comprend des collections d’importance
internationale comme celle de Hedwig-Schwä-
grichen (1730-1853) 2000-4000 spécimens
dont les types des espèces décrites dans le Spe-
cies Muscorum Frondosorum. Cet ouvrage à
été désigné par les bryologues comme le point
de départ des noms de mousses (l’équivalent
duSpecies Plantarum de Linné pour les plan-
tes à fleurs) donnant ainsi à la collection une
importance internationale. La collection de Ste-
phani (1842-1927), un herbier d’importance
mondiale avec de très nombreux types
d’hépatiques, contient environ 11 000 échan-
tillons. L’herbier comprend d’autre part des col-
lections d’importance locale comme celles des
cryptogamistes genevois Auguste Guinet, Mar-
tin et Henri Bernet. D’autres collections sont
d’importance nationale et internationale
comme les récoltes de mousses du Paraguay de
Benjamin Balansa et de Patricia Geissler, spé-
cialiste des hépatiques.
4. LA RECHERCHE EN CRYPTOGAMIE
AUX CJB
Projets de recherche sur les lichens
1. Le catalogue des lichens de Suisse
1. Les champignons
Les champignons forment un règne particulier dans le monde du vivant,
plus proche des animaux que des plantes. Ils n'ont pas de chlorophylle
(ils ne peuvent donc pas produire eux-mêmes leur nourriture, au
contraire des plantes vertes) et sont formés de cellules particulières,
allongées et tubulaires appelées hyphes dont la paroi cellulaire contient
de la chitine.
L'ensemble des hyphes forme ce que l'on appelle un mycélium. D'autre
part, ils absorbent la nourriture à travers toute la surface de leur
«corps». Les principaux groupes de champignons sont les Ascomycètes
et les Basidiomycètes.
Il y a environ 70 000 espèces de champignons dans le monde.
cryptogamie
Fig. 2 Une armoire d'herbier à la Console
Photo: B. Renaud
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