feuille - Ville de Genève

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la
FEUILLE
VERTE
JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – VILLE DE GENÈVE
DÉPARTEMENT DES AFFAIRES CULTURELLES – N° 35 – DÉCEMBRE 2004
sommaire
Editorial – Flora alpina
Mot du magistrat – Histoires & modernités botaniques
Dossier
La cryptogamie aux CJB
les collections et la recherche
BRÈVES ACTUALITÉS
Signature de conventions culturelles
4 - 10
Flora alpina
La flore des Alpes
aux Conservatoire et Jardin botaniques
11 - 16
CJB – Conservation
Flore et végétation du daraina
(NE de Madagascar)
17 - 19
African plants initiative
20 - 21
La bibliothèque de la Console 1904 – 2004
22 - 23
CJB – Jardin
Utilisation de pesticide aux CJB
24
Les sons de la nature
24
Le jardin citoyen de l’école de Collex-Bossy
25
Bande dessinée
Le Botaniste: «les secrets de l’edelweiss noir»
Deux conventions culturelles avec La Paz (Bolivie) et Joao Pessoa
(Paraíba, Brésil) ont été signées en novembre 2004
26
D. Roguet conservateur
Animations, activités
Programme 2005
27
ans le cadre des actions de la Ville de
Genève visant à instaurer un monde
plus juste, plus équitable et plus respectueux
de l’environnement, les Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève (CJBG)
mènent plusieurs projets de coopération insérés dans leur «programme-cadre au Sud», qui
valorisent les connaissances traditionnelles
liées aux plantes pour améliorer les conditions
d’existence des populations locales. Ce type de
partenariat qui intègre recherche, éducation
environnementale et développement durable
tend aussi à consolider les processus démocratiques amorcés dans certains pays du Sud. Il
s’insère parfaitement dans le cadre d’un
Agenda 21 municipal cohérent, au sein d’une
Genève trans et multi-culturelle.
le 100e en image
28 - 29
Rétrospective photographique annuelle
30 - 31
Coopération
Education environnementale à Adiopodoumé
32
Centre d’éducation environnementale du parc de Hann
33
Etnobotanica Paceña
34
Education
Une commission Ecole-Musée: Pourquoi? Pour qui?
35 - 36
Partenaires
AAJB Ponges d’une nuit d’été - Voyage au Bouthan
37
PSR Cochons laineux et canards de Poméranie
38
Nouvelles du CRSF
39
Brèves
impressum
3
Fig. 1
P. Mugny signant des conventions de travail avec les responsables de l'IBAMA
(organisme brésilien de protection et gestion de l'environnement) et de l'Etat du Paraìba (Brésil)
Lors d’un voyage officiel avec le Prof. Rodolphe Spichiger (11-21 novembre 2004) et le
conservateur responsable scientifiquement de
ces projets, Didier Roguet, M. le Conseiller
administratif Patrice Mugny a inauguré les
«Jardins ethnobotaniques et du commerce
équitable de La Paz», acte officiel qui s’est
accompagné de la signature d’une convention
de coopération culturelle avec M. le maire de
La Paz,Roberto Javier Moscoso Balderrama.
Cette coopération s’est ensuite étendue vers le
Brésil, à Joao Pessoa, où le magistrat a signé
une seconde convention culturelle l’Etat de
Paraíba, Brésil et l’IBAMA au Brésil.
Ces conventions de coopération culturelle et
scientifique, au sens large, offrent l’avantage
de pouvoir intégrer les programmes de développement durable des CJB, basés sur
l’ethnobotanique et l’éducation environnementale, mais aussi tout autre projet
d’échange, de formation ou de collaboration
culturels (musique, théâtre, cinéma, etc.).
Elles ont déjà été signées avec Asuncion
(Paraguay), Dakar (Sénégal) et Sao Paulo
(Brésil). Un des principes de base de ces
accords étant la valorisation de la biodiversité naturelle (nombres d’espèces végétale et
animales autochtones dans un territoire
donné) et de la diversité culturelle qui leur
est attachée (utilisation raisonnée et durable
des espèces considérées).
2 - 39
Rédacteur responsable D. Roguet
Rédacteurs R. Spichiger; P. Mugny; P. Clerc; M.-J. Price; D. Aeschimann;
L. Gautier; L. Nusbaumer; S. Wohlhauser; P. Ranirison; R. Palese;
P.-A. Loizeau; P. Perret; S. Dunand-Martin; D. Roguet; C. Châtelain;
A. Traoré; L. Collazos-Pacheco; M. Stitelmann; N. Keckeis; D. Thurre;
B. Messerli; C. Guerni; D. Gautier; B. Bäumler
Photographies B. Renaud; D. Roguet
Conception graphique M. Berthod – G. Schilling
Impression Imprimerie Nationale, Genève
Le journal des Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève paraît une fois l’an.
© 2004 Conservatoire et Jardin botaniques, Genève.
Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou des illustrations de cette édition est
strictement interdite sans accord préalable auprès des CJB.
Fig. 2
Les maires, Mugny pour Genève et Moscoso-Balderrama pour La Paz, signant la convention culturelle
inter-municipale (15 novembre 2004)
R. Spichiger directeur
Aboutissement d’une grande tradition de recherche aux Conservatoire et Jardin
botaniques: parution de l’ouvrage Flora alpina
e grands spécialistes en botanique alpine comme
C. Favarger, H. Merxmüller et P. Ozenda relevaient
la lacune que représentait l’absence d’une Flore
des Alpes. Considérant leur tradition, les données de leurs collections et les compétences de leurs chercheurs, les Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de
Genève (CJB) ont jugé possible et légitime de préparer un tel
ouvrage. De plus, l’institut a appliqué très tôt les systèmes
d’information à la botanique. Forts de ces compétences, les
CJB annonçaient en 1990 le Projet pour une Flore des Alpes.
C’est le quatrième grand axe thématique de recherches des CJB
sur la diversité végétale, à côté de ceux constitués par la Cryptogamie et les recherches méditerranéenne et intertropicale.
Il est délicat de mentionner des précurseurs, car il y en a beaucoup et on en oublie toujours. Néanmoins J. Briquet et E. Burnat surgissent naturellement à nos mémoires, tant sont importants leurs travaux et leurs collections pour la recherche sur
les Alpes et pour la valorisation de l’herbier de Genève. Plus
récemment, A. Charpin, P. Hainard et F. Jacquemoud ont contribué à ancrer la recherche alpienne aux CJB. Le présent travail
a été réalisé grâce au réseau de spécialistes que la réputation
de D. Aeschimann, K. Lauber, D. M. Moser et J.-P. Theurillat a
permis de mettre en place.
Dès 1996 paraissait Flora Helvetica, splendide ouvrage illustré
de K. Lauber et G. Wagner. Le succès de ce livre a incité les éditions Haupt et les CJBG à mettre en commun leurs moyens et
leurs compétences, pour publier cette Flore des Alpes attendue depuis longtemps par de nombreux botanistes. Flora alpina
présente les 4500 plantes vasculaires constituant la diversité
végétale de l’arc alpin. C’est de la sorte un catalogue synonymique entre les Flores nationales concernées, regroupant les
entités biologiques semblables sous le même nom latin. Cela
semble évident, mais il faut rappeler que la faiblesse de la classification végétale résulte du manque de standardisation des
noms scientifiques, qui peuvent varier selon les conceptions
taxonomiques et nomenclaturales. L’originalité du Flora alpina
repose dans sa couverture géographique transfrontalière, qui
a imposé une standardisation des noms grâce à une approche
globale et concertée.
Lorsque le lecteur découvre la richesse du patrimoine alpin
au fil de cet ouvrage, il doit se rappeler que ce travail est le
produit de générations de scientifiques qui ont parcouru les
Alpes, récolté et déterminé des plantes, puis confronté leurs
déterminations avec les herbiers et les livres. Ces scientifiques
étaient formés par nos universités. De tels savoir-faire sont
aujourd’hui en voie de disparition car les Hautes Ecoles ne
éditorial
Flora ALPINA
forment bientôt plus de botanistes de terrain, susceptibles
d’identifier les espèces. Le laboratoire remplace le terrain, le
virtuel se substitue au réel. L’expérience ponctuelle débouchant sur un beau modèle mathématique est beaucoup plus
valorisée que la connaissance intuitive globale forgée par des
années d’expérience. On parle beaucoup de biodiversité, mais
on ne forme plus de professionnels aptes à reconnaître et
à mesurer cette diversité, qui ne pourra pas être préservée à
long terme si nous en ignorons les composantes. «L’esprit de
notre temps», comme le dirait Jung, veut que la biologie végétale place son effort principal et la majorité de ses moyens
dans le génie génétique. Néanmoins une forte minorité de
chercheurs considèrent que ces créations sont dangereuses
pour l’environnement et exigent la stricte application du principe de précaution.
L’histoire de l’agriculture montre qu’on peut sélectionner dans
la diversité du patrimoine naturel des variétés présentant les
mêmes avantages que les OGM, sans les dangers liés à ce genre
de manipulations. Cet ouvrage est le catalogue des espèces
naturelles de notre belle région alpine. Puisse-t-il transmettre
la passion de la botanique de terrain à ses lecteurs et convaincre le futur biologiste que la plante est d’abord un être en soi
et non pas seulement un phénomène de laboratoire.
Histoires et modernités
BOTANIQUES
P. Mugny conseiller administratif en charge du Département des affaires culturelles de la Ville de Genève
e thème de la commémoration de
septembre 2004 me plaît tout
particulièrement, en ce sens qu'il
nous situe à la croisée des chemins de cette
vénérable institution que sont les Conservatoire et Jardin botaniques.
L'histoire – ou les histoires –, c'est évidemment la source de découvertes importantes,
la transmission de traditions et de savoirs,
la constitution d'un patrimoine.
Les modernités, quant à elles, sont reflétées
par les objectifs actuels des CJB et leur engagement, tant sur le plan local
qu'international. Les modernités botaniques
permettent de préciser ce que représente
réellement un tel musée scientifique, que
l'inconscient collectif – relayé par les
médias – aurait tendance à considérer
comme poussiéreux, vétuste, d'un autre
temps. Mais je suis conscient de m'adresser
à un lectorat averti et convaincu, puisque
ceux qui tiennent en main la «Feuille
Verte» associent les Conservatoire et jardin
botaniques à une image dynamique et
qu'ils suivent avec intérêt son actualité.
connaissances et d'enseignements, mais
aussi source permanente de bien-être physique, artistique, voire spirituel.
Alors qu'ils fêtent le centenaire de leur
transfert hors les murs pour la création du
Jardin botanique moderne, les CJB jouent
plus que jamais un rôle d'expert «vert» au
niveau régional et international. Le Département des affaires culturelles se réjouit
de la mise en œuvre de synergies autour
d'une plate-forme muséale commune
liant sciences, ethnographie et social, tout
comme de ses ouvertures sur le multiculturalisme et la solidarité internationale.
Musée vivant, la fréquentation des CJB n'a
jamais été aussi haute que ce printemps et
cet été 2004 (sixième musée visité en
Suisse, avec plus de 350'000 visiteurs par
an, selon les statistiques). Ce succès est dû
notamment aux efforts constants de mise
en relation des divers publics (grand
public, scolaire, professionnel) avec un
monde végétal rendu actif, source de
Les CJB, comme musée vivant de la cité,
véhiculent une image très positive d'une
Genève scientifique par tradition, multiculturelle par essence et interactive par passion. Leur situation privilégiée au centre des
organisations internationales est un atout
non négligeable. Mais, ce qui fait leur réputation, c'est essentiellement un centre de
documentation et de savoir botaniques
presque inégalé: fait notoire, ils conservent
le cinquième plus grand herbier au monde!
Le Jardin botanique s'affirme comme une
source globale d'expériences et de connaissances. Par son refus de la plante «objet»
pour une plante «utile», omniprésente et
universelle, il s'inscrit dans un mode de travail interactif, à l'écoute des préoccupations
de la cité, par la diffusion des savoirs botanique et ethnobotanique. Sa responsabilité
est lourde: détenteur d'une tradition séculaire, il est au service de la connaissance, de
la protection et de la conservation d'un
environnement à la diversité maximale,
qu'elle soit naturelle ou culturelle.
En dernier lieu, il convient encore de souligner les singularités des CJB dans le monde
muséal, grâce à ses expériences sociopédagogiques et ses procédés novateurs de
communication. D'intéressantes solutions
muséographiques de plein air ont été réalisées: activités pédagogiques, Ateliers verts,
Espace famille, Jardin des senteurs et du
toucher, Brunchs tropicaux, etc.
Longue vie donc à ce centenaire plus alerte
et moderne que jamais, longue vie à sa tradition scientifique de pointe jamais démentie, longue vie à son enseignement et à ses
qualité pédagogiques, longue vie enfin à sa
démarche transculturelle inscrite dans la
politique de la cité. Et, surtout, merci à tous
les acteurs de sa promotion et de son succès.
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N° 3
LA CRYPTOGAMIE AUX CJB
Les collections et la recherche
P. Clerc & M.–J. Price conservateurs
1. QU’EST-CE QU’UN CRYPTOGAME?
Ce nom «cryptogame» issu du jargon scientifique, du grec Kryptós = caché et gámos =
mariage ou fécondation, donne l’idée d’une
vie sexuelle cachée, secrète.
Ainsi, par opposition aux plantes à fleurs qui
exposent, parfois de manière bien insolente
et sans gêne aucune, leurs organes sexuels,
les cryptogames, eux, sont plus discrets, ils
ne produisent pas de fleurs.
Ce qui ne veut bien entendu pas dire qu’ils
n’ont pas de vie sexuelle, bien au contraire,
mais qu’ils sont moins ostentatoires: ce sont
les algues, les champignons (encadré 1), les
lichens (encadré 2), les bryophytes (encadré
3) et les fougères (encadré 4).
Des organismes très divers
On est loin du temps où le monde vivant
était divisé entre le règne végétal et le règne
animal. Aujourd’hui, et en partie grâce à la
biologie moléculaire, la connaissance des
divers organismes vivants et de leur classification à beaucoup progressé et le nombre de
règnes a littéralement explosé.
Ainsi, de nos jours, les organismes réunis
sous le nom de «cryptogames» se répartissent dans au moins 5 grands règnes. Les
«algues» ont éclaté dans 3 règnes différents
dont celui des «plantes vertes».
Tout ce qui est champignons au sens strict
(y compris les lichens) forment depuis un
demi-siècle un règne propre. Les bryophytes
ainsi que les fougères font partie du règne
des «plantes vertes». Les myxomycètes
(encadré 5), longtemps considérés comme
faisant partie des champignons n’ont, en
fait, rien à voir avec ces derniers et font
maintenant partie des mycétozoaires, un
groupe d’amibes.
Mariette Beroud
Fig. 1 Bâtiment «La Console» aux CJB – Photo: B. Renaud
2.LA CONSOLE ET SES
CRYPTOGAMISTES
LES CRYPTOGAMISTES
Nous avons, en cryptogamie, la chance
extraordinaire de pouvoir travailler dans ce
splendide bâtiment appelé la Console (fig. 1)
dont John Briquet (1870-1931) a été incontestablement l’âme spirituelle et scientifique.
Elève de Müller, Thury et Alphonse de Candolle, nommé en 1890 sous-conservateur de
l’herbier Delessert (ancien nom du Conservatoire botanique de Genève) et travaillant sous
la direction de Jean Müller, J. Briquet se lie
d’amitié avec le botaniste vaudois Emile Burnat dont il sera le collaborateur pendant de
longues années. A la mort de J. Müller, en 1896,
Briquet est nommé conservateur de l’herbier
Delessert situé alors aux Bastions dans un bâtiment exigu ne permettant pas une conservation optimale des échantillons botaniques. La
première action de Briquet sera de trouver un
local convenable pour y conserver les richesses
botaniques genevoises. Cette démarche aboutira à la construction de la Console qui sera
inaugurée le 26 septembre 1904.
Philippe Clerc
Jeannette Lugeon
Mariette Beroud
Employée d’herbier (50%) – Gestion de collections (catalogues de types, etc.), intercalations et retours de prêts, préparation et montage, bases de données des collections.
«Les lichens n’abîment pas les arbres; ils ne
sont pas des parasites. N’arrachez pas les
lichens! Ils sont autosuffisants, représentent
une grande richesse et poussent bien sur les
vieux arbres. Leur beauté est en quelque sorte
cachée ; observez-les sous la loupe et vous
serez fascinés!» J’aime me promener dans la
nature et tout particulièrement en haute
montagne.
Philippe Clerc
Conservateur principal de la cryptogamie –
Responsable des collections de champignons
(lichens et champignons non lichénisés), de
myxomycètes et d’algues.
«J’apprécie la variété de mon travail. Le lichen
est l’organisme symbolique de la symbiose,
une des forces essentielles qui ont permis l’évo-
Jocelyne Perrenoud
lution de la vie sur Terre. C’est un organisme
beau et passionnant! Une de mes passions est
le vélo avec lequel je viens chaque jour aux
CJB depuis Onex»
Jeannette Lugeon
Préparatrice (100%) - Intercalations et retours
de prêts, préparation et montage, bases de
données des collections.
«J’aime être en mouvement. La contemplation des beautés de la nature me permet
de me ressourcer. D’ailleurs, j’aime regarder
le paysage du lac et des montagnes, chaque
jour différent. Ma passion c’est la peinture à
l’huile!»
Jocelyne Perrenoud
Préparatrice (50%) – Gestion informatique
des prêts en cryptogamie
«Les plantes sont belles et intéressantes!
Savoir que je contribue, un tant soit peu, à
préserver la biodiversité par le biais de mon
activité professionnelle, est une grande source
de motivation! La lecture et le cinéma font
partie de mes hobbies».
Michelle Price
Photos: B. Renaud
PAGE N° 4 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
cryptogamie
1. Les champignons
Les champignons forment un règne particulier dans le monde du vivant,
plus proche des animaux que des plantes. Ils n'ont pas de chlorophylle
(ils ne peuvent donc pas produire eux-mêmes leur nourriture, au
contraire des plantes vertes) et sont formés de cellules particulières,
allongées et tubulaires appelées hyphes dont la paroi cellulaire contient
de la chitine.
L'ensemble des hyphes forme ce que l'on appelle un mycélium. D'autre
part, ils absorbent la nourriture à travers toute la surface de leur
«corps». Les principaux groupes de champignons sont les Ascomycètes
et les Basidiomycètes.
Il y a environ 70 000 espèces de champignons dans le monde.
Michelle Price
Conservatrice en bryologie (100 %) –
Responsable des collections de bryophytes,
de fougères au sens large et de pinophytes
(cônifères).
«C’est en tant qu’écologiste de terrain que j’ai
découvert l’importance de la taxonomie et de
la systématique dans les domaines de
l’écologie et de la biologie. Il est très important de pouvoir identifier précisément les espèces que l’on étudie, ainsi que leurs relations
évolutives. Dans mon temps libre je pratique
la gravure et j’adore me promener en montagne».
son 100e anniversaire.
Mycologie
a) Lichens (ascomycètes lichénisés) (fig. 3 et 4)
La colonne vertébrale de l’herbier des lichens
est constituée par la collection Müller-Argoviensis (1828-1896), herbier constitué de
plusieurs centaines d’échantillons types,
principalement des espèces tropicales, par la
collection E. Frey (1888-1974), lichénolgue
bernois, l’une des toutes grandes collections
de lichens européennes (plus de 40 000 spécimens), d’une valeur inestimable pour toute
b) Ascomycètes (encadré 6) non lichénisés
La collection générale contient plus de 120 000
spécimens dont ceux de la collection Fuckel
(1821-1876), la plus connue en ce qui
concerne ces organismes et très riche en spécimens type (encadré 10).
En outre, les herbiers cryptogamiques ont
grandement bénéficié du travail et des compétences de nombreux collaborateurs et collaboratrices temporaires envoyés par l’Office
cantonal de l’emploi:
Mesdames Françoise Bocquet, Carole
Conconi, Kadidja Diallo, Maryse Di Giacomo, Micheline Di-Stasi, Katia Gehrig,
Michèle Gendre, Jennifer Larcinal, Mélanie
Michel, Teresa Perez, Larissa Voltchkoff,
Bernadette Zosso, Messieurs Eric Huguet et
Fernand Studer.
c) Basidiomycètes (encadré 7)
L’herbier des Basidiomycètes aux CJB est une
référence mondiale en raison de la présence
des collections de Jules Favre (1882-1959), de
Robert Kühner (1903-1996) et de Marcel Josserand (1900-1992) qui sont maintenues
séparées de la collection générale. D’autres
collections comme celles de J. Berthier
(Cyphellaceae), C. Poluzzi, M. Ruchet, O.
Monthoux & O. Röllin (les champignons
xériques du bassin genevois) ainsi que la collection d’A. Bolay (Erysiphales, Uredinales,
Ustilaginales) sont la marque de l’importance
de cet herbier à Genève.
3. LES HERBIERS CRYPTOGAMIQUES
À LA CONSOLE
La Console contient des herbiers d’algues, de
champignons, de lichens, de bryophytes et de
fougères de grande valeur scientifique. Plus
d’un million de spécimens de ces cryptogames récoltés dans le monde entier sont conservés pour la postérité dans les armoires (fig. 2)
de ce vénérable bâtiment qui vient de fêter
personne désirant étudier la flore lichénique
d’Europe centrale ou des Alpes. et la collection «Liste Rouge des lichens épiphytes et
terricoles de Suisse» (1989-2000), dont les
quelques 15 000 échantillons représentent un
«instantané» actuel de la mycoflore suisse des
lichens épiphytes et terricoles.
D’autres collections particulières comme celles
de Fée et de Duby, celles de P. Ozenda (lichens
du Népal) et de F. Page sont plus petites, mais
également importantes,
Fig. 2
Une armoire d'herbier à la Console
Photo: B. Renaud
Algologie
Si cet herbier contient plus de 20 000 spécimens de tous les groupes d’algues, c’est
principalement la splendide collection de
diatomées (encadré 8) mise sur pied par
Jacques-Joseph Brun (1926-1908) qui retient
l’attention. Cette collection a été acquise par
la ville de Genève en 1899 et comprend
quelques 7000 espèces et variétés montés en
environ 5000 préparations microscopiques.
Bryologie
L’herbier cryptogamique des Conservatoire et
Jardin botaniques contient environ 313 100
échantillons de bryophytes dont 1500 anthocérotes, 104 000 hépatiques et 207 600 mousses. Il comprend des collections d’importance
internationale comme celle de Hedwig-Schwägrichen (1730-1853) 2000-4000 spécimens
dont les types des espèces décrites dans le Species Muscorum Frondosorum. Cet ouvrage à
été désigné par les bryologues comme le point
de départ des noms de mousses (l’équivalent
du Species Plantarum de Linné pour les plantes à fleurs) donnant ainsi à la collection une
importance internationale. La collection de Stephani (1842-1927), un herbier d’importance
mondiale avec de très nombreux types
d’hépatiques, contient environ 11 000 échantillons. L’herbier comprend d’autre part des collections d’importance locale comme celles des
cryptogamistes genevois Auguste Guinet, Martin et Henri Bernet. D’autres collections sont
d’importance nationale et internationale
comme les récoltes de mousses du Paraguay de
Benjamin Balansa et de Patricia Geissler, spécialiste des hépatiques.
4. LA RECHERCHE EN CRYPTOGAMIE
AUX CJB
Projets de recherche sur les lichens
1. Le catalogue des lichens de Suisse
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N° 5
Fig. 3 Un lichen - Rhizoplaca chrysoleuca
Photo: E. Timdal
2. Les lichens
Le lichen est un champignon qui a adopté une stratégie de nutrition particulière: il se nourrit grâce à une population d'algues microscopiques
généralement unicellulaires avec lesquelles il vit en symbiose.
On peut comparer le champignon à une maison qui abrite l'algue (le locataire), cette dernière payant son loyer sous forme de sucres (nourriture
(P. Clerc) (fig. 5)
Il s’agit d’un genre d’annuaire téléphonique
comprenant par ordre alphabétique la liste de
toutes les espèces de lichens habitant la Suisse,
avec leur adresse, c’est-à-dire les cantons ou
les régions naturelles (Jura, Plateau, Alpes)
où elles ont été trouvées, l’étage auquel elles
vivent, c’est-à-dire l’altitude, et leur mode de
vie, à savoir si elles poussent sur les écorces,
la roche ou le sol. De tels botins de téléphone
permettent d’évaluer la richesse en espèces des
différentes régions de la Suisse et de susciter
la découverte de nouvelles trouvailles.
Ils sont également la base nécessaire à
l’élaboration d’un catalogue plus complexe
celui-là: la flore, qui comprend la description de toutes les espèces, des illustrations,
des cartes de répartition et surtout des clefs
pour le champignon) qu'elle produit grâce à l'énergie du soleil, l'eau et le
gaz carbonique de l'air (photosynthèse).
Les lichens sont principalement des Ascomycètes.
On en connaît près de 15 000 espèces dans le monde.
de détermination.
2. L’étude de la systématique (encadré 9)
du genre Usnea (P. Clerc)
Les lichens à barbe jaune verdâtre (fig. 4)
qui pendent aux branches de nos forêts de
montagne sont encore mal connus. Ces
lichens appartiennent pour la plupart au
genre Usnea que l’on identifie facilement
en prenant une branche et en tirant simultanément aux deux extrémités : on voit
alors apparaître un cordon central blanc et
élastique.
Fig. 4 Des usnées – Photo: E. Timdal
Par contre, il est difficile d’identifier les
quelques 400 espèces de ce genre que l’on
rencontre sur les cinq continents de notre
planète. Un certain nombre de projets sont
en route en cryptogamie aux CJB pour
étudier la systématique de ce groupe de
lichens, dont:
a) Flore du désert de la Sonora (Etats-Unis,
Mexique)
Dans le cadre du projet de flore des lichens
de la région du désert de la Sonora mis sur
pied par l’Arizona State University, les
Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville
de Genève étudient la taxonomie et la diversité du genre Usnea.
b) Les espèces du genre Usnea dans l’est des
Etats-Unis
De très nombreuses récoltes effectuées en
Caroline du Nord (principalement dans la
région des Appalaches) et en Floride sont
actuellement analysées et identifiées dans le
but de faire un catalogue de toutes les espèces
existantes dans ces régions et surtout de mettre à disposition des biologistes de terrain et
PAGE N° 6 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
cryptogamie
3. Les bryophytes
Dans le langage courant, le
terme «mousse» au sens large
est utilisé pour désigner tous
les
organismes
de
l'embranchement des plantes
vertes appelé bryophytes. Ceuxci comprennent trois groupes
de plantes différents: les
anthocérotes (150 espèces)
(fig. 6), les hépatiques (environ 5 000 espèces) (fig. 7) et
les mousses au sens strict
(environ 13 000 espèces)
(fig. 8).
Ces plantes n'ont pas de vraies
racines, mais s'attachent au substrat par des structures appelées
des écologistes une clé d’identification.
3. Les lichens lignicoles (poussant sur le
bois mort) de la forêt de Montricher (VD)
La forêt de Montricher dans le Jura vaudois
est le site d’un projet-pilote de gestion écologique des forêts et de protection des espèces en danger (projet MAVA). Les lichens,
connus pour être d’excellents indicateurs de
la pollution de l’air et de continuité forestière, se développent particulièrement bien
sur le bois mort.
Le but de cette étude est de comparer la mycoflore lichénique du bois mort de deux parcelles différentes contenant l’une une hêtraie à
sapins, et l’autre une hêtraie à seslérie principalement. Ce travail est effectué par Maria
Cristina Mola dans le cadre d’un travail de
diplôme du cycle postgrade en environnement
à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne
en collaboration avec les CJB (P. Clerc).
et Jan Krause pour les espèces du genre Lepraria.
5. La Liste Rouge des lichens terricoles de Suisse (fig. 5)
La Liste Rouge 2002 des lichens épiphytes
(poussant sur les arbres) et terricoles (poussant sur le sol) menacés en Suisse comprend
la liste de toutes les espèces évaluées ainsi que
les catégories de menace dans lesquelles elles
ont été classées suivant les critères de l’UICN.
4. Les espèces du genre Lepraria
ainsi que les lichens muscicoles –
détriticoles (vivant sur les mousses et les
débris de plantes) de Suisse (P.Clerc)
Les relevés de lichens effectués dans toute la
Suisse dans le cadre du projet de Liste Rouge
des lichens terricoles (300 relevés de 1 km2
stratifiés en fonction du type de paysage
végétal) n’ont pas encore tous été analysés
à 100%.
Elle représente la première liste officielle pour
ces organismes. Elle a été effectuée en collaboration avec l’Office fédéral de
l’environnement, des forêts et du paysage
(OFEF) (financement du projet), l’Institut
fédéral de recherches WSL à Birmensdorf (ZH)
(lichens épiphytes) et les CJB (P. Clerc & M.
Vust, lichens terricoles).
Les espèces du genre Lepraria - espèces formant une croûte «lépreuse-poussièreuse» peu
différenciée morphologiquement, mais riche
en différentes substances lichéniques - ainsi
que les minuscules espèces crustacées vivant
sur les mousses ou les débris de plantes sont
actuellement étudiées par
deux étudiants
de
l’Université de Genève
dans le cadre du cours de
«Consultation d’herbier»,
Hélène Beauchamp pour
les espèces muscicoles
6. Les cryptogames du Moulin-de-Vert
(Cartigny/GE) – Approches floristique
et pédologique (F. Ciaramelli)
Etude des champignons lichénisés et nonlichénisés, et des bryophytes terricoles du
Pré-nord, zone xérotherme et ancien méandre du Rhône. Travail de diplôme à la Faculté
des sciences de l’Université de Genève.
Projets de recherches sur les champignons non-lichénisés
Adrien Bolay, collaborateur
scientifique,
termine
actuellement son travail sur une monographie des Erysiphacées
(les Oïdiums) de Suisse, ascomycètes parasites des plantes à fleurs. Cette étude sera
publiée prochainement dans Cryptogamica
Helvetica. El-Hacène Seraoui, ancien collaborateur scientifique à la retraite, s’occupe de
mettre à jour la nomenclature de l’herbier des
myxomycètes et étudie ces organismes au sein
du Jardin botanique.
Projets de recherche sur les bryophytes
Les recherches bryologiques menées aux CJB
consistent, entre autre, à étudier les flores
et travailler sur des inventaires locaux, à étudier la systématique et la phylogénie des
mousses, à cultiver des spécimens in vitro
ainsi qu’à étudier la biologie et l’écologie des
bryophytes.
1. Inventaire des hépatiques et des
mousses de Genève (M. J. Price, Ariane
Cailliau et Laurent Burgisser)
Un inventaire est une liste d’espèces de plantes répertoriées dans une région donnée. Elle
reprend les données bibliographiques et les
spécimens d’herbier récoltés dans la région
spécifiée. Notre projet d’inventaire des bryophytes de Genève a commencé en 2004 en
collaboration avec le DIAE-SFPNP. Ariane
Cailliau travaille sur les hépatiques et Laurent
Burgisser sur les mousses. Toutes les infor-
4. Les fougères
Le terme «fougères» au sens large est aujourd'hui utilisé pour
cinq lignées de plantes vertes:
les fougères au sens strict (environ 9000 espèces), les prêles
(15 espèces), les lycopodes (environ 400 espèces), les isoètes (environ 150 espèces) et les sélaginelles (environ 700
espèces).
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N° 7
5. Les myxomycètes
Les myxomycètes sont des amibes qui ont une phase «fixée», une fructification érigée: le sporophore, ressemblant
à un petit champignon et libérant des spores. Ils vivent dans les endroits humides, sur le vieux bois et autres matériaux organiques en décomposition.
Ils absorbent par phagocytose des bactéries ou des particules en décomposition. La reproduction et par conséquent l'apparition des sporophores a lieu lorsque le milieu devient défavorable.
Il en existe environ 800 espèces de par le monde.
mations concernant le projet seront disponibles sur le site Web des CJB. Collaborateurs du
projet: Département de l’intérieur, de
l’agriculture, et de l’environnement (DIAE),
section Service des forêts, de la protection de
la nature et du paysage (SFPNP) – Bertrand
von Arx (SFPNP) – Raoul Palese, Nicolas
Wyler, Beat Bäumler, David Aeschimann et
Catherine Lambelet (CJB).
2. Index Hepaticarum (M. J. Price & Anne
Streiff)
Les noms scientifiques corrects des espèces
sont essentiels en biologie. Ils permettent,
entre autre, aux chercheurs de communiquer
entre eux et il est important qu’ils soient mis
à leur disposition.
Le projet Index Hepaticarum, une liste de tous
les noms d’hépatiques (fig. 7) publiés, a commencé aux CJB sous la direction de Charles
Bonner (1915-1976). Son travail s’est basé
essentiellement sur la grande collection
d’hépatiques de Franz Stephani déposée à
Genève. Actuellement, nous travaillons à compléter les derniers volumes de la seconde édition (A-Jubula), à publier les séries complètes
et à les rendre disponibles dans une base de
6. Les ascomycètes
Les ascomycètes sont caractérisés par la production
de cellules spécialisées, les
asques, à l'intérieur desquelles se forment les ascospores
issues de la reproduction
sexuée destinées à la reproduction du champignon. Ces
asques sont situées dans un
tissu fertile généralement
exposé à l'intérieur ou à la
surface des fructifications
(périthèces, apothécies).
données en ligne sur le site Web des CJB. La
base de données de l’Index Hepaticarum
contient maintenant plus de 30’000 noms
d’hépatiques. L’Index Hepaticarum est aujourd’hui un ouvrage indispensable aux bryologues du monde entier.
3. La culture in vitro de bryophytes
(M.J. Price & S. Dunand-Martin)
Les bryophytes se cultivent facilement dans
des conditions artificielles (in vitro) sur un
sol ou du sable stérilisés, ou sur un milieu
nutritif spécialement préparé. La culture in
vitro sert à l’étude du développement, de la
biologie de reproduction, de la physiologie
et de l’écologie des espèces. Elle peut aussi
être utilisée dans les programmes de conservation d’espèces rares ainsi que pour la
découverte de nouveaux caractères utiles à
la systématique.
Actuellement aux CJB nous cultivons, entre
autre, des espèces de mousses nouvelles pour le
canton de Genève (Cryphaea, Dicranoweisia,
Leucobryum), quatre espèces du genre Dicranum pour étudier la biologie de leur reproduction, ainsi que le genre tropical Holomitrium pour l’étude systématique du genre.
4. Catalogue de types d’HedwigSchwägrichen (M. J. Price)
Un catalogue de types est une liste du matériel représentant le type d’une espèce (encadré 10) à partir d’une collection donnée.
Le livre Species Muscorum Frondosorum de
Johannes Hedwig publié en 1801, contenait
les descriptions de 372 espèces de mousses
venant essentiellement d’Europe et
d’Amérique du Nord.
cimens d’herbier et des images de planches
d’herbier.
Ce catalogue sera bientôt publié dans Boissiera
et est actuellement disponible sur le site des CJB
(http://www.cjb.unige.ch/ - rubrique «base de
données»).
5. La systématique des Dicranaceae
Les Dicranaceae sont une grande famille de
mousses (environ 1000 espèces) répartie
dans le monde entier. Les relations systématiques au sein de cette famille ne sont
pas encore très bien comprises. Un des genres révisé est celui de la mousse tropicale,
Holomitrium (fig. 8). Ce genre vit sur les
arbres des forêts montagnardes. Il comporte
environ 30 espèces dont 15 habitent les
régions néotropicales et 15 les régions
paléotropicales.
Un autre genre d’intérêt est Dicranum.
Parmi les Dicranaceae c’est le plus grand
genre connu dans l’hémisphère nord. On
trouve 19 espèces en Suisse qui n’ont jamais
été étudiées en détail. Un projet de révision
du genre en Suisse, incluant la préparation
d’illustrations et de clefs d’identification, a
démarré aux CJB.
6. La systématique et la phylogénie
du genre Grimmia (E. Maier, A. Streiff,
M.J. Price)
Le genre Grimmia est le centre d’intérêt
d’un groupe de recherche aux CJB, étudiant
Fig. 5
sa morphologie, son anatomie et sa taxonomie (E. Maier, collaboratrice scientifique)
ainsi que sa phylogénie (A. Streiff de
l’Université de Lausanne) en utilisant des
caractères moléculaires et morphologiques.
5. PERSPECTIVES
Les collections
En ce qui concerne les collection mycologiques,
l’intégration des collections Page et Ozenda
dans la collection générale sera l’objet principal de notre attention ces prochaines années.
La digitalisation et la publication du catalogue
des types de l’herbier Kühner est également prévue. Pour les collection de bryophytes, le projet de digitalisation des collection de Schwägrichen continuera jusqu’en 2005. Un projet
à plus long terme sera la digitalisation des collections de Franz Stephani et la mise à disposition de l’information sur le site web des CJB,
ceci en parallèle avec le projet de l’Index Hepaticarum.
A moyen terme et une fois que la Console sera
rénovée, une réorganisation spatiale des collections sera mise en oeuvre. L’utilisation des
codes-barres pour l’informatisation des collections va se généraliser parallèlement aux prêts.
La recherche
Depuis 1969, date de l’arrivée du nouveau
conservateur en mycologie, aucun poste
La Liste Rouge des lichens épiphytique et terricoles de Suisse
Le catalogue des lichens de Suisse –Photos: P. Clerc
Un catalogue de la collection d’Hedwig a été
compilé avec une base de données des spé-
Les morilles, les truffes et les
pézizes sont les ascomycètes les
plus connus du grand public.
Il y a environ 33 000 espèces d'ascomycètes dans le
monde.
PAGE N° 8 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
cryptogamie
7. Les basidiomycètes
Les basidiomycètes sont caractérisés par la production de
basides, cellules spécialisées à la surface desquelles se forment les basidiospores issues de la reproduction sexuée destinées à la reproduction du champignon. Ces basides sont
situées à la surface des lamelles du chapeau.
Ce sont les champignons que nous connaissons bien et dont
certains sont si délicieux qu'ils trouvent une place de choix
dans notre assiette (chanterelles, bolets, champignons de
Paris, etc.).
Il y a environ 20 000 espèces de basidiomycètes dans le
monde.
Fig. 6
Fig. 7
Une anthocérote (Anthoceros agrestris Paton en culture aux CJB) – Photo: M. J. Price
Une hépatique à thalle (Riccia glauca L. poussant le long d’un sentier dans un bois) – Photo: M. J. Price
8. Les diatomées
Algues unicellulaires microscopiques pourvues d'une enveloppe siliceuse se
composant de deux valves emboîtées. Elles sont très répandues aussi bien dans
les eaux douces, saumâtres que salées.
Elles sont les organismes quantativement dominants du phytoplancton des mers
froides ou tempérées, dans lesquelles certaines atteignent une taille de 0,2 mm et
un nombre de 3 à 15 millions par litre d'eau.
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N° 9
9. La systématique ou la taxonomie
Ces deux termes, qui sont souvent employés pour dire la même chose, signifient l'étude scientifique et la description des organismes vivants, ainsi que des relations de parenté existant entre eux (phylogénie).
Cette science comprend, entre autres, la classification, les processus d'identification, la nomenclature (les règles
pour donner un nom scientifique à un organisme), la genèse de monographies et de flores, l'étude de la distribution des organismes (chorologie), etc.
scientifique n’a plus été ouvert en cryptogamie aux CJB. Depuis 35 ans, le fonctionnement de toute la cryptogamie au niveau
scientifique est assuré par seulement deux
conservateurs.
La création en 2005 d’un nouveau poste
d’assistant scientifique (50%) rattaché au
poste de conservateur en mycologie va ouvrir
dans différents domaines comme la taxonomie et la systématique, la phylogénie, la floristique, la culture in vitro et la biologie de
la reproduction. La revision taxonomique des
espèces tropicales de la famille des Dicranaceae et ses alliés à l’intérieur des Dicranales
sera le centre des efforts de recherche. Ce dernier est en lien avec l’intérêt actuel de M. J.
Price pour la flore bryophytique des zones
Fig. 8 Une mousse tropicale Holomitrium (Holomitrium moritzianum) au Vénézuéla – Photo: M. J. Price
de nouvelles perspectives. Les temps sont
mûrs aujourd’hui pour s’atteler à une tâche
considérable: la mise en route d’une flore des
lichens de la Suisse. Toutes les conditions
sont réunies aux CJB pour le bon déroulement de ce projet: de nouvelles forces scientifiques, l’herbier E. Frey et tous les spécimens
récoltés récemment dans le cadre des relevés
pour la Liste Rouge des lichens épiphytes et
terricoles de Suisse, des outils informatiques
modernes et performants et enfin une bibliothèque d’une richesse extraordinaire. En ce
qui concerne la taxonomie des usnées, le
prochain grand projet sera la réalisation
d’un monographie pour Flora Neotropica,
suite logique des travaux effectuées en Amérique du Nord.
Pour ce qui est de la recherche en bryologie,
l’un des buts à long terme est le développement continu d’un programme de recherche
tropicales d’Amérique du Sud, plus spécifiquement celle des hautes montagnes dans
les Andes.
Un autre aspect de la recherche à long terme
sera consacré au développement d’une flore
des mousses du Paraguay.
Remerciements
Merci à Bernard Renaud pour les photos des
figures 1, 2 et 3.
Bernard a réalisé les portraits des cryptogamistes d’aujourd’hui et Magali Stitelmann les
a interviewés, un grand merci à tous les deux.
Enfin, merci à Ariane Cailliau et Laurent Burgisser pour la traduction française du texte de
Michelle.
10. Spécimens type
Un spécimen type est le matériel
d'origine utilisé pour décrire une
nouvelle espèce et mentionné dans
la description originale de l'espèce
(protologue). Les types sont les
échantillons «porte-noms» liés à
jamais au nom de la nouvelle espèce.
Ils doivent être désignés en tant que
tels et conservés dans des institutions
reconnues.
Ils sont importants, non seulement
dans le cadre des études de systématique et de phylogénie, mais aussi
pour leur intérêt historique.
PAGE N° 10 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
La
Flore
DES ALPES
aux Conservatoire et Jardin botaniques
Attendu depuis les années 50, le premier atlas complet des 4500 plantes
vasculaires de l’ensemble de l’arc alpin est paru en juin 2004! Flora alpina
est le fruit majeur du «Projet pour une Flore des Alpes» des Conservatoire
et Jardin botaniques (CJB), initié en 1990
D. Aeschimann conservateur
e Nice à Vienne, sur 170 000 km2, l’arc
alpin s’inscrit au coeur de l’Europe
comme l’une des régions naturelles où la
biodiversité est la plus élevée.
Dans un carré de 100 km de côté, les Alpes recèlent
notamment 2000 à 3000 espèces de plantes vasculaires (fougères, conifères et plantes à fleurs). Une telle
profusion d’espèces a fasciné les botanistes depuis
longtemps. Mais c’est au 19e siècle que l’exploration
floristique intensive des Alpes prend son plein essor.
La nature alpestre est alors l’objet d’un engouement
sans précédent, suite à la conquête des plus hauts sommets des Alpes par des alpinistes érudits, dont H. B. de
Saussure (1740-1799).
Fig. 1 Aux alentours de 1900, Emile Burnat (à gauche) en expédition dans les Alpes-Maritimes (Col de Crous, Vallon de Roya - Mercantour)
Fig. 2 John Briquet à la Cime de Pal (2810 m, Alpes-Maritimes), fin juillet 1902
Fig. 3 De retour au campement, Emile Burnat dispose ses récoltes
dans les presses de terrain
A l’aube du 20 e siècle, au moment où les CJB
s’installent sur leurs terrains actuels, deux
précurseurs se passionnent pour la flore des
Alpes: Emile Burnat et John Briquet
Il y a 100 ans, le thème de la flore des Alpes intéresse déjà
les CJB. Le Directeur de l’époque, John Briquet (18701931), bien connu pour ses travaux sur la flore de Corse,
accompagne son ami Emile Burnat (1828-1920) dans les
Alpes-Maritimes (voir SPICHIGER, 2004). Il participe aux
travaux sur la flore de cette région et publie également
d’originales réflexions sur l’histoire de la flore alpine
(BRIQUET, 1900, 1906, 1907). Mais il se consacre aussi
à rassembler d’innombrables matériaux pour les Flores
des Alpes lémaniennes et du Jura méridional. Une mort
prématurée ne lui permettra pas de concrétiser ces deux
derniers projets.
Emile Burnat conduit de nombreuses expéditions pour
explorer et décrire la très riche flore des Alpes-Maritimes,
dont il dresse un inventaire (BURNAT, 1892-1931). Ses
220 000 échantillons d’herbier ont été donnés aux CJB.
Fig. 4 Les 3 volumes de l'atlas complet des plantes vasculaires
des Alpes: Flora alpina
Par leurs publications et leurs collections d’herbier,
Emile Burnat et John Briquet placent la floristique
alpienne parmi les priorités des CJB.
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N° 11
Fig. 6 David Aeschimann (à dr.) et Jean-Paul Theurillat lèvent un voile sur un ouvrage fort attendu: Flora alpina, le 16 juin 2004 aux CJB (Photo: B. Renaud)
Fig. 7 Chaque volume de Flora alpina contient un garde-page, avec
les légendes des abréviations utilisées dans les fiches spécifiques
Fig. 8 Une page de fiches spécifiques du second volume de Flora
alpina (p. 904, famille des Poacées).
Chaque fiche comporte les rubriques suivantes: numéro
d'ordre (à 3 ou 4 positions), famille, nom latin accepté et son
éventuel basionyme (totalement référencés), synonyme(s)
et/ou nom(s) correspondant(s) des 16 Flores de base, noms
communs (allemand, français, italien, slovène, anglais),
longévité (annuel, vivace, etc.), forme(s) biologique(s),
indications de dimensions (hauteur et organes reproducteurs),
mois de floraison (phénologie), carte de distribution en
présence/absence dans les 55 subdivisions administratives de
l'arc alpin et les 10 principales chaînes du «système alpin»,
distribution mondiale, statut de l'espèce (endémique ou
xénophyte), milieux (codification décimale), phytosociologie (de
la sous-alliance à la classe), substrat préféré, valeurs
indicatrices du sol (humidité, niveau trophique et acidité),
distribution altitudinale
PAGE N° 12 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
Flora alpina
En août 1950, la Société botanique de France
rêve d’une Flore des Alpes…
En marge du Congrès international de Botanique de
Stockholm, la Société botanique de France organise du
6 au 25 août 1950 une excursion botanique à travers
l’arc alpin. Les participants rêvent d’une Flore des Alpes
et soulignent le manque d’un ouvrage faisant la synthèse
des connaissances sur la flore des Alpes, comme le
relève CHOUARD (1951: 5-7) selon qui «la connaissance botanique des Alpes est éparpillée dans une multitude de travaux, sans [...] vue d’ensemble [...] il faut
d’abord une connaissance très complète de la flore: diagnostics sûrs et précis des espèces et des formes, dénominations rigoureuses [...] manque pourtant une grande
flore des Alpes entières, avec des cartes en suffisance
[...] la répartition géographique [...] n’est que trop rarement traduite en cartes [...]».
Ultérieurement, plusieurs spécialistes en la matière
comme C. Favarger, H. Merxmüller et P. Ozenda
relèvent le manque d’une Flore générale de la chaîne
alpine. Cette lacune dans la littérature floristique méritait d’être comblée...
1990: d’une ancienne idée, le «Projet pour une
Flore des Alpes» des CJB place la floristique
alpienne dans de nouvelles perspectives!
Désirant combler cette lacune, les CJB annoncent le
«Projet pour une Flore des Alpes» en 1990 au Congrès
international d’Ecologie et de Biogéographie alpines
(AESCHIMANN & al., 1997). L’évènement est aussi relaté
dans La Feuille Verte (AESCHIMANN, 1991). Sur le
thème «Recherche alpine au passé, au présent et à
l’avenir», l’Académie suisse des sciences naturelles tient
sa 171e Assemblée annuelle en 1991 à Coire et c’est lors
du colloque du 9 octobre 1991 que les orientations
générales du «Projet pour une Flore des Alpes» sont
discutées. Les données de la Flore de la Suisse (AESCHIMANN & BURDET, 1994) constituent le noyau de ce
nouveau projet.
Le Fonds national suisse de la recherche scientifique
(FNS) soutien le projet de 1992 à 1996 et dès 1991,
l’Association des Amis du Jardin botanique (AAJB) alloue
pour quelques années sa bourse de recherches au
«Projet pour une Flore des Alpes».
Fig. 9 Une page de photographies du premier volume de Flora alpina (p. 643, nos 60.1.20-23). Avec la primevère de la Grigna, Primula grignensis D. M. Moser ;
la primevère du Mont Alben, P. albenensis Banfi & Ferl. ; la primevère de Recoaro, P. recubariensis Prosser & Scortegagna ; la primevère du Piémont,
P. pedemontana Gaudin. Flora alpina recèle près de 6000 photographies en couleurs
Dès 1992, un volet spécifique pour le projet est développé
dans le Système d’Information Botanique des CJB (SIB,
base de données relationnelle).
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N ° 13
Fig. 10 Au cœur de l'Europe, le territoire considéré par Flora alpina s'étend de
Nice à Vienne sur 175'000 km2
Le «Projet pour une Flore des Alpes» rebondit en 98
En 1996 paraît Flora Helvetica, le magnifique ouvrage illustré de K. Lauber () et G. Wagner. Le succès de ce livre incite
les éditions Haupt (Berne) et les CJB à mettre en commun
leurs moyens et leurs compétences pour publier une Flore
des Alpes totalement illustrée de photographies en couleurs.
C’est à fin 1998 que les éditions Haupt, les CJB et les auteurs
décident la préparation d’un atlas complet des 4500 plantes
vasculaires des Alpes, Flora alpina, qui finalement paraît le
16 juin 2004. Le rêve devient réalité...
Fig. 11 La bibliothèque des CJB, principale source de données du «Projet pour
une Flore des Alpes» (Photo: D. Aeschimann)
Le susmentionné coordonne la préparation de l’ouvrage et
se charge des rubriques nomenclaturale et chorologique,
ainsi que des données sur la longévité et les formes biologiques. Konrad Lauber () est l’auteur de 95% des photographies. Daniel Martin Moser (collaborateur au CRSF) rassemble les données phénologiques, ainsi que celles relatives
aux dimensions des plantes. Jean-Paul Theurillat est l’auteur
de la partie éco-phytosociologique et durant les dernières
années de travail, il bénéficie de l’appui de la Fondation
J.-M. Aubert pour terminer la caractérisation éco-phytosociologique des taxons, débutée lors du projet FNS.
Flora alpina: une mine de renseignements sur
les plantes vasculaires de l’arc alpin
Flora alpina est un ouvrage constitué de fiches comprenant pour chaque espèce des informations détaillées et
récentes en matière de nomenclature, biologie, phénologie, chorologie, écologie et phytosociologie. De plus,
Flora alpina est totalement illustré de photographies en
couleurs, complétées par un millier de croquis au trait. De
par sa conception très graphique, Flora alpina est une
publication de référence à vocation internationale, totalement indépendante des langues. Les Flores couvrent généralement des territoires dont les limites suivent les frontières politiques; celles traitant de régions naturelles sont
peu fréquentes. Une des originalités de Flora alpina est sa
couverture géographique transfrontalière, correspondant
à une grande chaîne de montagnes touchant à sept pays:
Allemagne, Autriche, France, Italie, Liechtenstein, Slovénie
et Suisse. Il faut souligner aussi que Flora alpina est un
inventaire complet des plantes vasculaires de l’arc alpin:
toutes les tranches altitudinales sont considérées, l’atlas ne
se limitant pas aux seules espèces des étages supérieurs.
De plus, Flora alpina indique aussi la présence/absence
des espèces dans chacune des chaînes principales du «système alpin» que sont l’Apennin, le Balkan, les Carpates,
la Corse, les Dinarides, la Forêt-Noire, le Jura, le Massif
central français, les Pyrénées et les Vosges.
Flora alpina est un véritable catalogue synonymique harmonisé, une interface nomenclaturale et taxonomique. En
effet, toute différence nomenclaturale entre l’une des seize
Flores de base sélectionnées et Flora alpina figure sur la
fiche du taxon correspondant, ainsi qu’à l’index. Flora
alpina jette ainsi des ponts entre les différents pays alpins,
leurs langues et leurs nomenclatures, posant les bases de
meilleures collaborations pour l’étude et la protection de
la flore des Alpes. L’index nomenclatural est complété par
une table des groupements végétaux de l’arc alpin (système phytosociologique). La bibliothèque des CJB étant
la mieux dotée au monde en matière de floristique alpine,
le «Projet pour une Flore des Alpes» avait sous la main
l’outil idéal sur le chemin de la réussite!
Flora alpina en chiffres
Un peu plus du tiers des plantes vasculaires d’Europe
figure dans Flora alpina, qui énumère 4491 taxons, soit
33 agrégats, 4028 espèces et 430 sous-espèces. A noter
qu’à elles seules cinq familles regroupent 37,2% des espèces: Asteraceae, Poaceae, Fabaceae, Brassicaceae,
Caryophyllaceae.
Chaque plante étant illustrée par une ou deux photographies en couleurs de Konrad Lauber (), Flora alpina
recèle près de 6000 photos.
La publication d’un tel atlas a nécessité la constitution et
la gestion d’une base de données contenant un demi
million d’informations, soit:
8 4600 taxons
8 34 000 noms (retenus, basionymes, synonymes,
communs en 5 langues)
8 20 000 données morphologiques
8
8
8
4500 données phénologiques
300 000 données chorologiques en présence/absence
100 000 données éco-phytosociologiques
Flora alpina, c’est 2670 pages, reliées en 3 volumes de
17,5 x 25 cm, présentés en coffret.
10% des plantes de l’arc alpin sont endémiques
En temps que premier atlas complet des 4500 plantes vasculaires des Alpes, Flora alpina donne une mesure de la
biodiversité végétale des Alpes au début du 21 e siècle.
Il est particulièrement important de noter que parmi ces
4500 taxons, environ 500 sont endémiques de l’arc alpin,
soit un peu plus de 10%. Une espèce est endémique à un
territoire donné si l’ensemble de son aire de distribution
se limite à ce territoire.
Les 500 endémiques recensés dans Flora alpina se
concentrent surtout dans le sud des Alpes occidentales
ainsi que sur la bordure méridionale des Alpes orientales. Ces secteurs ont en effet fonctionné comme refuges
durant les différentes époques glaciaires et certaines espèces y sont restées confinées. C’est notamment dans les
genres Saxifraga, Campanula, Primula etc. qu’on
dénombre beaucoup d’espèces endémiques à l’arc alpin.
D’autre part, les chiffres montrent que presque un tiers
des taxons indigènes aux Alpes appartiennent au cortège
floristique des montagnes d’Europe centrale et méridionale («système alpin» mentionné plus haut). L’importance
de ce domaine floristique se trouve une nouvelle fois
démontrée et la protection de son cortège d’espèces endémiques est une priorité de premier ordre au niveau européen.
Les diverses mesures de conservation des écosystèmes et
de la biodiversité dans les Alpes doivent être renforcées,
pour sauver ce capital génétique unique.
Où se procurer Flora alpina?
On peut obtenir Flora alpina au Botanic-Shop ou en librairie, au prix de 286 francs (190 euros en France voisine).
Trois versions linguistiques sont éditées pour les textes
des chapitres introductifs, mais le corps de l’ouvrage est
rigoureusement identique dans chacune des versions.
Version allemande: Haupt Verlag, Bern (ISBN 3-25806600-0) / www.haupt.ch
Version française: Editions Belin, Paris (ISBN 2-70113899-X) / www.editions-belin.com
Version italienne: Zanichelli editore, Bologna (ISBN 880807159-6) / www.zanichelli.it
Auteurs: D. Aeschimann, K. Lauber (), D. M. Moser &
J.-P. Theurillat
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Une cerise sur le gâteau: la Flore de poche des
Alpes helvétiques
De par le vaste territoire géographique considéré, Flora
alpina est un volumineux ouvrage de référence, à consulter de préférence à domicile. Cet atlas est difficilement
transportable sur le terrain et l’on part plutôt en montagne
avec une Flore de poche nationale ou régionale. Grâce au
savoir-faire développé dans le cadre du «Projet pour une
Flore des Alpes», les CJB sont toutefois en mesure de proposer également au public une Flore de poche pour les
excursions dans les Alpes helvétiques et les secteurs limitrophes. En effet, rédigée aux CJB, la 4e édition française
entièrement remaniée de Notre flore alpine sort de presse
au début 2005 (ISBN 3-85902-225-3).
Le but de cet ouvrage de poche est de présenter le manteau
végétal des Alpes et ses problèmes, ainsi que les différentes
plantes alpines dans un contexte historique et écologique,
de même que de permettre l’identification des espèces. Les
textes des premiers chapitres orientent le lecteur sur les origines de la flore alpine, la distribution géographique des
plantes, le climat, le sol, l’environnement et la végétation
dans les Alpes, ainsi que les menaces humaines actuelles
qui pèsent sur le monde végétal. Une clé de détermination
permet l’identification des espèces, qui sont ensuite décrites en détails: nomenclature, morphologie, écologie et
valeurs indicatrices, distribution géographique, phénologie, indications sur la protection légale, données sur la toxicité, les vertus thérapeutiques et d’autres utilisations.
Ce guide traite d’un choix d’environ 650 espèces principales des Alpes helvétiques, croissant surtout au-dessus
de 1500 mètres d’altitude. Les textes sont accompagnés
de 136 planches en couleurs (illustrant de la sorte 544
espèces). Notre flore alpine est un véritable petit best-seller. Sa première édition allemande paraît en 1960, sous
la plume du professeur Elias Landolt (Institut de Géobotanique de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich),
secondé par différents spécialistes. La 7e édition allemande
paraît en 2003. Elève d’Elias Landolt, le susmentionné se
charge de rédiger les 3e (1986) et 4e (2005) éditions françaises. Notre flore alpine est éditée par le Club alpin suisse
(www.sac-verlag.ch/fr).
Les auteurs et leurs collaborateurs ont soigneusement révisé
les textes des nouvelles éditions. Ils ont ajouté les connaissances les plus modernes, ainsi que de nouvelles images.
Les noms scientifiques utilisés sont maintenant ceux listés
par l’Index synonymique de la Flore de Suisse (AESCHIMANN & HEITZ, 1996), ce qui permet une excellente correspondance avec les Flores les plus récentes. L’ouvrage a
fait peau neuve et saura passionner une nouvelle génération de randonneurs pour la diversité des plantes alpines.
Notre flore alpine est une publication compacte, qui se place
facilement dans une poche ou un sac à dos. Elle est donc
consultable sur le terrain et se trouve de ce fait le complément indispensable au Flora alpina.
Fig. 12 Paysage des Dolomites dans le Val Canali, avec le Sass d'Ortiga
(Pale di San Martino). Situées dans le secteur méridional des Alpes
orientales, les Dolomites ont offert de nombreux refuges à la flore
alpine durant les glaciations et sont particulièrement riches en
espèces endémiques. (Photo: D. Aeschimann)
Transfert des connaissances? Pas seulement
par le livre!
C’est avec plaisir que le susmentionné procède au transfert de connaissances en matière de floristique alpine,
non seulement par la rédaction de diverses Flores et articles scientifiques, mais aussi dans le cadre de
l’enseignement universitaire (en temps que chargé de
cours à la Faculté des Sciences, Section de Biologie) et
lors de visites du Jardin botanique et excursions diverses
(notamment pour l’AAJB).
Les cours universitaires suivants abordent la
floristique alpine:
8 Floristique (n° 1056)
8 Stage de botanique alpine (n° 1314, une semaine chaque
été en Valais, en collaboration avec J.-P. Theurillat, chargé
de cours)
8 Biodiversité végétale: chapitres choisis (n° 1330)
8 Consultation de l’herbier (n° 1067)
Fig. 13 Exemple d'espèce endémique alpienne limitée à un territoire restreint
au sud des Alpes orientales, la primevère du Tyrol, Primula tyrolensis
Rchb. f. (Photo: D. Aeschimann)
Fig. 14 Le genre Soldanella est endémique du domaine floristique des
montagnes d'Europe centrale et méridionale («système alpin»).
Ici la soldanelle des Alpes, Soldanella alpina L. (Photo: D. Aeschimann)
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N ° 15
Fig. 15 Des participant(e)s au stage de botanique alpine de l'Université (n°1314)
étudient la flore des éboulis calcaires du Grand Chavalard (VS),
le 21 juillet 2004 (Photo : D. Aeschimann)
Le «Projet pour une Flore des Alpes»:
un effort collectif
On ne saurait terminer cette présentation sans mentionner
que les produits du «Projet pour une Flore des Alpes» sont
les fruits d’un effort collectif considérable, de la part de
nombreux collaborateurs des CJB ainsi que de correspondants externes dans les Alpes et plus loin en Europe.
Le susmentionné tient à remercier très chaleureusement
tous ces collaborateurs, qui ont apporté leurs briques à
l’édifice du Flora alpina, ouvrage qui n’aurait jamais paru
sans ces contributions les plus diverses.
Références
AESCHIMANN, D. (1991). Projet pour une Flore des
Alpes. La Feuille Verte 20: 3-4.
AESCHIMANN, D. & H. M. BURDET (1994). Flore de la
Suisse et des territoires limitrophes. Le Nouveau Binz. Ed.
2. Griffon, Neuchâtel. LXXI + 603 pp.
AESCHIMANN, D. & C. HEITZ (1996). Index synonymique
de la Flore de Suisse et territoires limitrophes (ISFS).
CRSF, Genève. LII + 317 pp.
AESCHIMANN, D. & al. (1997). Projet pour une Flore des
Alpes. In: Actes Coll. Ecol. Biogéogr. Alpines 1990. Rev.
Valdôtaine Hist. Nat. Suppl. 48: 73-80.
BRIQUET, J. (1900). Les colonies végétales xérothermiques des Alpes lémaniennes. Une contribution à
l’histoire de la période xérothermique. Bull. Murith. Soc.
Valais. Sci. Nat. 28: 125-212.
BRIQUET, J. (1906). Le développement des flores dans
les Alpes occidentales avec aperçu sur les Alpes en général. Fischer, Jena, 173 pp.
BRIQUET, J. (1907). Les réimmigrations postglaciaires
des flores en Suisse. Actes Soc. Helv. Sci. Nat. 90: 112133.
BURNAT, E. (1892-1931). Flore des Alpes maritimes.
Georg, Genève & Bâle.
CHOUARD, P. (1951). Vers une synthèse botanique des
Alpes. Bull. Soc. Bot. France (78e session extraordinaire)
98: 5-9.
SPICHIGER, R. (2004). Emile, John, Alfred et les autres.
La Feuille Verte 34: 4.
Fig. 16 Couverture de Notre
flore alpine, livre de
poche sur les plantes
des Alpes suisses,
dont la 4e édition
paraît au début 2005
Fig. 17 Le professeur Elias
Landolt à Davos, le 3
juillet 1977.
(Photo: D. Aeschimann)
PAGE N° 16 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
Flore et végétation
DU DARAINA (NE de Madagascar)
Afin d’établir les priorités de conservation dans une région méconnue
de Madagascar, les CJB entament un programme d’inventaire et d’étude
de la végétation dans le nord-est de la Grande-Ile
L. Gautier
L. Nusbaumer
S. Wohlhauser
P. Ranirison
MADAGASCAR, UN PARADIS DE LA BIODIVERSITÉ
armi les missions des Conservatoire et
Jardin botaniques figure l’exploration. A ce
titre, depuis 1994, nous avons entamé un
programme de recherches dans cette île
exceptionnelle pour les biologistes en raison d’un endémisme record: près de 90% des espèces végétales ne se
rencontrent nulle part ailleurs.
au nord-est de Madagascar. Cette région aurait peut-être
pu passer encore inaperçue pendant plusieurs années si
elle n’avait pas été parcourue par un primatologue qui y
découvrit un lémurien inconnu, d’abord considéré comme
sous-espèce, puis reconnu comme espèce à part entière:
le Propithèque de Tattersall. La valeur emblématique de
ce mammifère nouveau pour la science allait amener le
développement d’une stratégie de conservation pour la
région qui devait s’appuyer sur des résultats scientifiques.
Alors que, suite à la mission de 2001, l’équipe de zoologues mettait en place un programme d’inventaires des
batraciens, reptiles et micromammifères, les CJB ont
déposé une requête auprès de Conservation International
proposant de réaliser bilan botanique de la région, tant
sur le plan floristique que sur celui de la végétation sur
Un tel Eden attire bien entendu de nombreux biologistes
provenant d’horizons divers, mais l’île est bien assez
grande et variée pour que chacun trouve sa place et que
tous collaborent dans un esprit très positif. C’est heureux
car à Madagascar, comme dans la plupart des pays de la
Fig. 1
Spéciale de Manongarivo, au nord-ouest de l’île (cf. Feuille
Verte n°25, 1994). Ces travaux déboucheront entre autres sur un des premiers inventaires floristiques complets
d’une réserve à Madagascar. Là encore, de nombreuses
espèces nouvelles ont (et seront) décrites sur la base des
quelques 2200 récoltes accumulées au cours de ce programme, financé par le Fonds National suisse pour la
Recherche Scientifique. Dans le même temps, une étudiante
des CJB participait au côté de zoologistes à une série
d’inventaires biologiques dans les montagnes de l’île et
rapportait également de nombreuses collections.
C’est en participant à un de ces inventaires en 2001, que
l’un d’entre nous (LG) a eu pour la première fois
l’occasion de passer 10 jours dans la région du Daraina,
La région du Daraina, depuis le sommet du massif humide de
Binara. Au loin, le massif sec de Bekaraoka
zone intertropicale, une terrible course poursuite est
engagée entre la connaissance et la déforestation afin
d’explorer les zones inconnues avant que la flore et la
végétation qu’elles abritent ne disparaissent. En botanique,
les principaux institus impliqués dans cette course sont
le Département des ressources Forestières et Piscicoles
et le Parc Botanique et Zoologique de Tsimbazaza, pour
les instituts nationaux; le Museum National d’Histoire
Naturelle de Paris et le Missouri Botanical Garden, USA
pour les instituts étrangers. Mais de nombreux autres
institus d’autres pays sont également actifs comme les
Royal Botanic Gardens de Kew (UK) et, en Suisse,
l’Université de Neuchâtel et les Conservatoire et Jardin
botaniques de la Ville de Genève.
LES CJB ET MADAGASCAR, UNE HISTOIRE COMMUNE
L’implication des CJB à Madagascar n’est pas nouvelle. Des
récolteurs de la fin du XIXe siècle comme Mocquerys,
Rusillon ou Guillot ont déposé leurs collections à Genève
et de nombreuses espèces ont été décrites par Alphonse
De Candolle ou encore John Briquet sur cette base. Au
début du XXe siècle, c’est Hochreutiner, alors directeur des
CJB, qui contribue à la Flore de Madagascar en rédigeant
les Malvaceae et Bombacaceae, puis Bernardi qui après
plusieurs missions d’exploration dans les années 60,
publiera les Cunoniaceae. Mais c’est surtout depuis 1994
que les CJB ont repris l’exploration de l’île avec un
programme de recherche en partenarait sur la Réserve
Fig. 2
Situation de la région de Daraina et image satellite de la zone d’étude.
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N ° 17
Fig. 3
Fig. 4
Fig. 5
Forêt de montagne sur crête, massif de Binara, vers 1100 m d’altitude (gauche)
Forêt dense humide sempervirente, massif de Binara, vers 700 m d’altitude
Forêt dense sèche, massif de Bekaraoka (en bas à droite)
une période de trois ans, afin d’établir des priorités en
matière de conservation. Un premier montant d’environ
17 000 CHF a été alloué pour la première année. Sans
attendre, l’ONG malgache Fanamby, qui intervient largement dans la région dans une perspective de conservation
et de développement a financé un expédition préliminaire
en mars 2003. Cette organisation est depuis devenue notre
principal partenaire dans le projet.
LE DARAINA:
UNE ÉTONNANTE DIVERSITÉ DE MILIEUX
La région du Daraina est intéressante à plus d’un titre.
La topographie est caractérisée par la présence de
collines et de petites montagnes réparties dans un
espace de plaine exploité par l’homme et défriché de
longue date. Sur le relief, la forêt a en revanche subsisté et prend des expressions différentes en fonction
de l’altitude des massifs et de leur exposition. En effet,
la région du Daraina est située dans la partie nord-est
de l’île, sous un climat tropical saisonnier où une saison sèche alterne avec une mousson. Pendant la saison sèche, l’alizé souffle et les massifs suffisamment
élevés provoquent le déclenchement des précipitations par convection. Ceux-ci auront donc une saison
sèche nettement amoindrie et la forêt qu’ils abritent
sera de type humide semi-décidu à sempervirent. Les
parties supérieures (deux massifs dépassent 1000 m)
auront par ailleurs une température plus basse et un
rayonnement solaire plus intense, et sur les crêtes se
développeront des forêts basses, d’un type ordinairement trouvé ailleurs à Madagascar, à de plus grandes
altitudes. Les collines de moins de 600 m d’altitude
sont en revanche totalement soumises au régime tropical, avec une saison sèche de plus de 6 mois qui a
amené au développement d’une forêt dense sèche à
feuilles caduques, avec toutes les adaptations xéromorphiques spectaculaires associées (arbres bouteille, troncs épineux, etc.).
Dans un espace relativement restreint, la région du
Daraina présente donc une diversité de climats exceptionnelle, et regroupe une grande partie des formations végétales de l’île. C’est également sur le plan biogéographique que se trouve une partie de l’intérêt du
Daraina en conséquence de sa position géographique
et de sa diversité climatique. Pour les espèces des
forêts sèches, le Daraina se situe en extrême limite
nord-est de la distribution des taxons. Pour les espèces de forêt dense humide de basse altitude, cette
région constitue une des seules possibilités de passage et de contact entre la flore du Domaine oriental
est et celle du Domaine du Sambirano. Ces deux
flores homologues sont en effet séparées par la chaîne
de montagne qui traverse l’île du nord au sud. Pour
les espèces montagnardes, le Daraina constitue le
dernier relais entre cette chaîne de montagnes et le
volcan de la montagne d’Ambre, totalement isolé en
position septentrionale. Il y a fort à parier que dans
ce contexte biogéographique et en conséquence des
vicissitudes climatiques du quaternaire, il y ait au
Daraina de nombreuses espèces à découvrir, endémiques locales, à l’image du Propithecus tattersalli
chez les lémuriens.
LE PROJET DE RECHERCHE
Le projet mis en place se propose de traiter aussi bien
l’aspect floristique et biogéographique, que l’aspect
écologique lié à la végétation. Deux doctorants, l’un
malgache (P.R.) l’autre suisse (LN), travaillent en
équipe à la réalisation de récoltes et d’inventaires de
la végétation sur la base d’une méthode et d’un échantillonnage précis. De grands transects de plusieurs
kilomètres de long seront tracés dans les massifs avec
points de mesure tous les 10 m, afin d’apprécier la
variation de la végétation le long des gradients. Par
ailleurs des relevés de 100 m avec points de mesure
tous les 2 m seront disposés pour caractériser les formations végétales en place. Les premiers résultats
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CJB Conservation
(missions préparatoires et première saison de teraain
de décembre 2003 à mai 2004) ont permis la collecte
de près de 1700 specimens, constitués en général de
6 exemplaires. Deux exemplaires restent à Madagascar, l’un dans un herbier national, l’autre dans une
herbier constitué sur place à Daraina par le projet.
Les exemplaires restants sont acheminés à Genève
d’où il seront distribués dans différents herbiers étrangers où travaillent des spécialistes des différentes
familles qui nous appuyent pour les déterminations
délicates.
A ce stade, les échantillons sont déterminés à 98% au
niveau familial, à 79% au niveau générique et à 30%
au niveau spécifique.
Nous avons déjà reçu des échos enthousiastes des spécialistes qui nous demandent des récoltes complémentaires pour des taxons vraisemblablement nouveaux pour la science. En terme de diversité, il est
encore tôt pour estimer avec la moindre confiance la
richesse de la région. Néanmoins, il n’est pas abusif
d’affirmer que comme pour les autres groupes
d’organismes prospectés par nos collègues zoologues,
la richesse en espèces reflète bien la diversité des
milieux et révèle une concentration exceptionelle. Sur
le plan biogéographique, certaines récoltes mettent
déjà en évidence des extensions de distribution étonnantes pour certains taxons, confirmant le rôle de
pôle d’échange de la région du Daraina dans la mise
en place des flores au Nord de l’île. Cette première
année, essentiellement consacrée à l’acquisition des
connaissances floristiques, permettra d’entamer sur
une base solide les études de végétation pendant les
deux saisons à venir. Les premiers relevés tentés ont
toutefois déjà permis la mise au point de la méthode
et l’orientation de l’échantillonage qui doit faire face
à la complexité du terrain.
La portée de ces recherches de base dépasse toutefois
dépasser le cadre scientifique pur et celui de la conservation. Le travail botanique comporte aussi un volet de
valorisation des résultats. L’un d’entre nous (SW) a été
engagé par l’ONG Fanamby afin de veiller à
l’application de ces travaux, aussi bien au niveau du
retour aux populations locales que dans la perspective d’un développement écotouristique. Dans cette
optique, le centre d’accueil de Fanamby développe un
jardin de démonstration, et des sentiers botaniques
qui seront mis en place dans les massifs. Il est également prévu de réaliser des fiches-espèces à l’attention
des maîtres de l’école de Daraina dans un perspective
d’éducation environnementale.
Fig. 6
Echantillon d’un arbuste tout d’abord attribué au genre Tarenna,
qui s’est avéré être en fait un Paracephaelis nouveau pour la science
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N ° 19
African Plants
INITIATIVE
L. Gautier
R. Palese
P.-A. Loizeau
la Fondation Andrew W. Mellon finance la digitalisation des types
des espèces d’Afrique de l’herbier de Genève
LES TYPES, DES ÉCHANTILLONS
PRÉCIEUX ET DEMANDÉS
es échantilllons types sont fondamentaux pour la taxonomie. Ce sont eux qui ont servi
à la première description des
espèces et ils représentent en
quelque sorte l’étalon de celles-ci: ce
sont des échantillons «porte nom»
auxquels tout travail taxonomique
ultérieur devra faire référence.
On trouve de nombreux types
parmi les prêts que l’herbier
de Genève consent aux scientifiques du monde entier. Ces
échantillons précieux sont en
général anciens et fragiles et il
n’est pas rassurant de les voir ainsi
partir par la poste, même embalés
avec précaution, vers des destinations
lointaines. Il nous arrive parfois
d’envoyer une photographie de
l’échantillon type plutôt que la planche d’herbier, notamment si le destinataire habite un pays au service postal incertain.
LES TYPES ET LEUR IMAGE
L’idée de diffuser une image photographique
de l’échantillon de référence remonte à l’entredeux guerres. Les Etats-Unis, prenant alors de
plus en plus d’influence scientifique sur leur
continent,
manquaient
cruellement
d’échantillons types pour leurs travaux botaniques. En effet, ces échantillons ramenés par
les explorateurs du siècle précédent, étaient en
grande partie déposés dans les herbiers de
l’Ancien Monde. Avec l’appui de la Rockfeller
Foundation, les américains ont alors entamé
une grande campagne de photographie des
types des herbiers européens, et des tirages ont
pu ainsi être distribués dans leurs herbiers. Cette
large distribution des références scientifiques
fondamentales pour la connaissance du monde
végétal permet d’égaliser les connaissances et
de diminuer le risque que ces données de base
ne disparaissent. Un bon exemple est donné par
la destruction pendant la deuxième guerre
mondiale de la majeure partie de l’herbier de
Berlin, un des plus grands à l’époque. C’est
grâce à ces photographies que certains noms
des plantes décrites par les botanistes allemands
ne se sont pas retrouvés entièrement dépourvus
de
référence d’herbier. Des tirages de ces
photos d’échantillons à jamais disparus ont
pu ainsi être redistribués dans les herbiers européens.
Certains herbiers historiques, comme l’herbier
du Prodrome de De Candolle à Genève, ont été
intégralement microfilmés dès les années
soixantes par la compagnie néerlandaise IDC,
qui a pu ensuite vendre les jeux de microfiches
aux institutions intéressées. Néanmoins, à
l’heure actuelle, la technologie évoluant à
grands pas, il faut bien reconnaître que ces
documents ont considérablement perdu de leur
valeur vu la piètre qualité des photos.
APPORT DE L’IMAGERIE NUMÉRIQUE
L’avènement de l’imagerie numérique ouvre
de plus larges perspectives. A l’herbier de
Genève, l’envoi de photographies numériques
d’échantillons en lieu et place des spécimens
eux-mêmes a pris de plus en plus d’ampleur
ces cinq dernières années. Les images numériques sont envoyées soit sous forme de fichiers
attachés à des emails, si le débit de la liaison
internet du correspondant l’autorise, soit par
poste, gravées alors sur des CD.
Fig. 1
Planche de Campylospermum glaberrimum,
extraite de la Flore D’Oware et du Bénin
Une évolution informatique importante nous
permet dès aujourd’hui de mettre à disposition directement sur internet des photos à
haute résolution d’échantillons d’herbier. Un
outil informatique incorporé automatiquement
dans le navigateur permet d’agrandir des portions d’images à la demande de l’utilisateur. Il
est donc possible d’avoir à la fois une vue
d’ensemble de l’échantillon, mais aussi des
agrandissements pour y observer le détail qui
intéresse le spécialiste, tout ceci à distance, à
travers Internet. Pour cela, nous digitalisons
les échantillons d’herbier à une résolution
autorisant l’affichage de détails de l’ordre du
dixième de millimètre. Bien des demandes de
prêts, qui impliquent un gros travail de manutention et les risques normaux liés aux
transports, pourront ainsi être remplacées par
des consultations des échantillons sur internet.
Pour anticiper sur ces demandes, il serait idéal
d’avoir des photos de tous nos échantillons,
mais le traitement de nos 6 millions de spécimens est à l’évidence très loin de nos possibilités matérielles. Il a donc été décidé de ne
faire des photographies que des échantillons
types, avec un scanner à haute résolution en
relation avec un environnement de saisie sur
la base de données centrale de l’institut.
Quelle que soit la finesse de l’appareil et la
convivialité de l’environnement de saisie, il
faut néanmoins des hommes derrière les
machines et ce travail, venant s’ajouter aux
nombreuses tâches des botanistes de l’institut,
ne saurait avancer que lentement, au fil des
travaux de reclassement que les conservateurs
effectuent dans les collections dont ils ont la
responsabilité. Pour lancer une opération de
saisie sur une vaste échelle, il fallait donc
obtenir un appui financier extérieur.
LE PROJET DE LA FONDATION MELLON
A l’initiative d’une fondation américaine de
droit privé, la Andrew W. Mellon Foundation,
un tel projet a pu se mettre en place. Déjà active
dans la diffusion électronique d’information
par le biais de l’organisation JSTOR, qui propose l’accès en ligne à de très nombreuses
revues scientifiques, la Mellon Foundation a
décidé en 2003 d’investir dans la mise à disposition d’images numériques des types de plantes du continent africain. Après avoir pris
contact avec quelques instituts-phare dans le
domaine, la Andrew W. Mellon Foundation a
lancé un programme d’aide aux herbiers africains et aux principaux herbiers mondiaux
(faut-il ici rappleler que l’herbier de Genève
fait partie des 5 plus grands herbiers au
monde?) pour leur permettre la saisie et la
PAGE N° 20 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
La saisie des échantillons
types nécessite la création
Fig. 2 L’appareil à digitaliser HerbScan se compose d’un cadre
d’un environnement nomenmétallique qui permet de déposer l’échantillon et de le faire
clatural de référence afin que
monter pour qu’il se plaque en douceur contre la vitre d’un
simple scanner A3, monté à l’envers.
les images digitalisées dans
les différents instituts particidigitalisation des types des plantes d’Afrique. pant au projet de catalogage des types
Pour les CJB, il était primordial de saisir cette d’Afrique emploient des noms standardisés
opportunité allant dans le sens de nos pré- et puissent communiquer sur une base
occupations. Estimant, après sondage, qu’il saine. A partir des travaux de compiladevait y avoir entre 6000 et 12 000 types afri- tion menés aux CJB par J.-P. Lebrun et A.
cains dans nos colletions, nous avons déposé Stork (Enumération des plantes à fleurs
un projet pour un montant total de près de d’Afrique tropicale, 4 volumes parus entre
CHF 170 000 CHF afin de financer l’achat 1991 et 1996), un projet de fusion de cette
de deux systèmes de digitalisation, de trois information avec une liste complémentaire
ordinateurs, de disques durs pour le stockage pour l’Afrique australe a vu le jour il y a
des images et surtout pour engager trois jeu- deux ans, en collaboration avec Pretoria
nes botanistes à mi-temps pendant une (RSA).
année. Notre demande ayant été acceptée par
la fondation, les travaux ont pu débuter en Suite à une seconde demande de notre part,
septembre 2004.
la fondation Andrew W. Mellon vient de nous
accorder un montant supplémentaire de
Pour digitaliser les images, nous utilisons des 77 000 CHF pour permettre l’accélération du
scanners A3 montés à l’envers sur un statif processus de fusion et de standardisation,
métallique dessiné par les Jardins botaniques l’ajout de synonymes anciens ainsi que
de Kew, au Royaume-Uni (système «Herb l’amélioration de la structure de la base de
Scan» – Fig. 2). L’échantillon à photogra- données pour la gestion des synonymes.
phier est simplement posé à l’endroit sur des Ainsi cette structure pourrait se profiler natumousses, et un levier permet de venir le pla- rellement comme l’environnement taxonoquer délicatement contre la vitre du scanner. mique de référence du projet Mellon, pour
L’opération complète (mise en place et digi- la partie de l’Afrique continentale au sud du
talisation) prend quelques minutes, et l’image Sahara.
produite, d’une taille de 200 Mb, a une définition 25 fois supérieure à celle des appareils Nous espérons que ce programme donnera
photographiques du commerce. Toutefois, ce l’impulsion première qui permettra de trouver
système s’avère déficient pour le traitement le financement pour une saisie de tous les types
d’échantillons épais (gros rameaux ou fruits) de notre herbier, ainsi que celle des échantillons
en raison d’un relatif manque de profondeur des herbiers «fermés» (que nous ne prêtons
de champ. Dans ce cas assez rare, un appareil pas): notamment celui du Prodrome de De
photographique digital est utilisé.
Candolle et celui de la Flora Orientalis de
Boissier qui devraient être traîtés en priorité. La
Les images, associées à l’information cor- consultation d’échantillons types via internet
respondante (collecteur, numéro de collecte, donnera un plus large rayonnement aux CJB,
date et lieu de récolte, détermination, etc.), et contribuera à la sauvegarde et à la consersont ensuite envoyées aux Etats-Unis sur des vation de ces planches d’herbier aussi fonda-
mentales pour
la connaissance du monde
végétal que sont les types.
CJB Conservation
disques durs de 40 Gb voyageant en aller-retour par courrier spécialisé. Elles seront
ensuite ajoutées à celles des
autres instituts partenaires et
seront accessibles sur abonnement par le biais d’un site
internet. Les CJB conservent
bien sûr l’image d’origine, qui
sera visible depuis leur propre
site.
Fig. 3 Type de Gomphia glaberrima (=Campylospermum glaberrimum), espèce décrite par Palisot de Beauvois
dans sa Flore d’Oware et du Benin de 1810. L’ensemble des collections de référence liées à cette
publication se trouvent à Genève, où elles sont arrivées par la collection Delessert.
En vignette, un détail de l’image obtenu à l’aide du logiciel Eyespy. Avec la haute résolution des images
acquises dans le cadre du projet Mellon, on peut sans problème afficher des détails de l’ordre du dixième
de millimètre.
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N ° 21
La bibliothèque DE LA CONSOLE
1904-2004
P. Perret conservateur
Définition du Robert encyclopédique, 1982, p.134:
BIBLIOTHÈQUE: 1. Meuble ou assemblage de tablettes
permettant de ranger et de classer les livres.
2. Salle où sont classés des livres. 3. Collection de livres
LA COLLECTION
Une salle et des étagères bien sûr
mais pour quelle collection de livres?
réée en 1824 dans le cadre du
premier conservatoire botanique installé aux Bastions,
la bibliothèque des CJB est en
1904 une collection modeste. Elle ne
contient initialement que quelques ouvrages reçus en don. En 1845, Alphonse de Candolle en recense 391 dans son rapport de
directeur et de président de la Commission
de gestion du jardin botanique. Autant dire
presque rien pour étudier efficacement les
herbiers déposés dans le conservatoire. Les
années passant, les difficultés financières
s'accumulent sur le jardin. L'entretien et
l'agrandissement des collections s'en ressentent. C'est ainsi qu'en 1874, il ne se
trouve plus que 160 ouvrages utilisables...
Fig. 1
Fig. 2
En 1896, au moment où John Briquet prend la
direction des Conservatoire et Jardin botaniques,
le catalogue recense près de 1000 ouvrages. En
1904, ce nombre passe à 1938, suite à l’action
énergique de Briquet. A ce montant il faut ajouter le nombre de titres de périodiques (journaux
scientifiques traitant de botanique) qui se
monte à une centaine. Chaque périodique peut
être composé de nombreux volumes, en général un par année de parution.
On comprend qu'il fallût attendre le don des
3000 livres botaniques d'Emile Burnat en 1912
pour voir la bibliothèque prendre une certaine
importance. Mais ce n'est qu'avec l'intégration
en 1921 des 13 500 volumes, dont 6100 ouvrages, en provenance de la famille de Candolle
que la bibliothèque est devenue un «instrument
incomparable de travail scientifique» (Briquet).
D'autres dépôts, comme les collections Boissier
en 1943, auxquels se sont ajoutées les acquisi-
tions régulières financées par le budget de la
Ville de Genève, ont permis le développement
de cet ensemble qui forme de nos jours «l'une
des rares bibliothèques botaniques à peu près
complète du monde» (H.-M. Burdet).
Entre 1973 et 1975, les CJB vivent une petite révolution. La Console est devenue trop exiguë et de
nouveaux locaux sont construits par le bureau
d'architectes Ritter et Lamunière. Ces bâtiments
de verre et d'acier regroupent le gros de la bibliothèque, les herbiers de phanérogamie en soussol, ainsi que les bureaux des conservateurs et
du personnel technique. Les herbiers et la bibliothèque de cryptogamie restent à la Console.
Au moment du déménagement la bibliothèque
des CJB contient 120 000 volumes. La préparation et le transfert ont duré une année complète.
Ils furent menés à bien par H.-M. Burdet,
nommé conservateur de la bibliothèque en
1972. En 2004, la bibliothèque abrite plus de
220 000 volumes et le nombre de titres de périodiques conservés se monte à plus de 4000. Environ 1500 d'entre eux sont toujours actifs et sont
reçus par échange, abonnement ou don. Environ 1000 ouvrages (par exemple des flores, des
monographies et d’autres publications non
périodiques) sont acquis par année.
Quant à elle, la bibliothèque de la Console
abrite toujours la littérature spécialisée en
cryptogamie. Sa proximité avec les herbiers
des mêmes groupes taxonomiques est un gage
de travail efficace. Les conservateurs et les
chercheurs ont ainsi à portée de main et les
herbiers et la quasi totalité des publications
traitant de ces groupes. Des chiffres globaux
donnés au paragraphe précédent, 206 titres de
périodiques, dont 126 sont toujours actifs,
représentant 3076 volumes, sont déposés à la
Console. A ceux-ci s'ajoutent 4142 volumes
de monographies.
Une travée de la bibliothèque en 1904
Vue de la bibliothèque en 1980
PAGE N° 22 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
Fig. 3
Les étagères de 1904 avec leur numérotation
Fig. 4
Une carte de bibliothèque avec l’ancienne et la
nouvelle cotation
LA SALLE
L'emplacement de la bibliothèque de 1904 est
celui de la bibliothèque actuelle de cryptogamie. Cette salle a conservé jusqu'à aujourd'hui
sa disposition originale.
Ainsi il est possible de remonter un siècle en
arrière et de comparer les aménagements de
l'époque avec ceux dans lesquels nous travaillons aujourd'hui.
La salle est construite entièrement en bois
avec des étagères sur six niveaux (fig. 1).
Initialement, trois travées identiques à celle
illustrée sur la photo et un bureau annexe
suffisent. Il fallut ensuite ajouter de nombreuses étagères dans d'autres salles ainsi
que dans les couloirs de la Console. Cette
situation préjudiciable pour la gestion, la
conservation et la consultation de la collection, perdura jusqu'au déménagement de
1974-1975.
Hormis sa partie cryptogamique, la bibliothèque se trouve actuellement dans les bâtiments construits sur la parcelle du Chêne. La
nouvelle disposition sur trois étages, dans des
locaux fonctionnels, permet la mise en
valeur de ce patrimoine accumulé sur près
de 180 ans (fig. 2). En 2004, ces mêmes
locaux sont eux-mêmes devenus trop exigus
et leur agrandissement est souhaitable dans
le court ou le moyen terme.
DISPOSITION DES LIVRES SUR LES
ÉTAGÈRES
Une autre particularité de la bibliothèque de
1904, conservée jusqu'à nos jours, permet
d'illustrer la disposition ancienne des ouvrages sur les étagères (fig. 3). Nos prédécesseurs
ne classaient pas toujours les ouvrages par
thème ou par sujet. De plus des réarrangements étaient impossibles vu l'exiguïté des
locaux. C'est ainsi que l'ordre d'arrivée était
souvent le seul pris en compte. Une flore de
Suisse pouvait donc se retrouver à côté d'une
monographie de la famille des Labiées. Sur les
fiches du catalogue, la position d'un ouvrage
était notée avec un nombre suivi d'une lettre:
96F, 96e travée verticale, étagère F. Tous les
ouvrages posés au même endroit avaient donc
la même cote (fig. 4)!
Dès 1972, la bibliothèque fut entièrement
refondue en vue du déménagement. Ceci a
permis de regrouper tous les ouvrages provenant de divers fonds traitant du même
sujet. Ce système est toujours en vigueur et
répond parfaitement aux besoins des utilisateurs. Sur la figure 4 la cote moderne est
F (43) Rei, F pour flore, (43) pour
l'Allemagne et Rei pour les trois premières
lettres du nom de l'auteur.
La bibliothèque des CJB a traversé les siècles en s'enrichissant petit à petit et en
devenant le patrimoine et l'outil de travail
incomparable que nous admirons aujourd'hui. Durant les cent dernières années les
techniques de conservation et de gestion ont
fondamentalement évolué. Ces quelques
lignes et illustrations n'ont eu pour but que
de faire connaître cette évolution en illustrant l'appui de la population genevoise
aux CJB.
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N ° 23
Utilisation de
PESTICIDE aux CJB
Dans un souci de conformité, d’efficacité et de bien-être, les efforts réalisés par
l’équipe des jardiniers des CJB dans le cadre de l’utilisation des pesticides
(désherbants, insecticides et fongicides) vont dans le sens d’un usage raisonné
proche des principes de la lutte intégrée et de la lutte biologique
S. Dunand-Martin jardinier-chef adjointe
epuis longtemps déjà tous les traitements
réalisés sont inventoriés très précisément
(date, produit utilisé, concentration, etc.),
ce qui permet non seulement à tout moment
de contrôler les effets du traitement, l’évolution des
maladies ou des parasites au sein du Jardin, mais également de réaliser que les interventions restent très ciblées
et limitées compte tenu de la spécificité des collections
botaniques présentées. Peu de traitements sont effectués
en préventif, la plupart sont réalisés lors de l’apparition
du parasite, en curatif.
Au niveau des désherbants, plusieurs actions ont été entreprises pour réduire l’utilisation de ces produits:
8
8
8
Arrêt complet d’utilisation de désherbants sélectifs
dans les pelouses
Arrêt du traitement de plusieurs surfaces:
terrasse devant l’ancienne serre, place située entre les
serres et le bâtiment de fonction, place des Iris
Utilisation du désherbage manuel avec le rabelais et
de la technique de brûlage
liaires (insectes parasites ou prédateurs des insectes indésirables), à discerner les seuils de présence des parasites pour qu’une intervention soit réalisable avec succès,
et à connaître les produits chimiques applicables sans
dommage aux populations d’auxiliaires. L’utilisation
d’insecticides à forte rémanence a d’ailleurs fortement
ralenti le processus d’installation de la lutte biologique
au début des essais d’installation des premiers auxiliaires.
Une application réussie sur le long terme implique surtout la prévention par l’observation et l’amélioration constante des techniques de culture.
Au niveau des fongicides, les traitements d’envergure sont
toujours ciblés par rapport à des priorités (sauvetage des
vieux platanes centenaires de l’allée aboutissant à
l’ancienne serre, traitement de la collection des rhododendrons, ou des plantes à massif suivant les conditions
climatiques), ils restent toutefois limités à des groupes de
plantes très peu représentés sur l’ensemble des collections vivantes du jardin. La mise en œuvre des luttes de
type intégrée et/ou biologique implique des changements au niveau des techniques culturales; un rafraîchissement des connaissances et une formation continue au
niveau de la connaissance de la
physiologie et de la biologie des
plantes; des écosystèmes; des
problèmes phytosanitaires; des
techniques de lutte biologique.
Elle implique également une
vision différente de la conception
et de la dynamique d’une culture
dans son environnement, la vision
organique basée sur l’équilibre des
écosystèmes devant remplacer la vision
«propre en ordre» maintenable qu’avec
l’utilisation soutenue de produits de traitements
chimiques. Il est important de reconsidérer les expériences réalisées aux CJB jusqu’à présent avec les nouveaux outils ou nouvelles techniques mises au point ces
dernières années. Il sera nécessaire de revoir le type de
revêtement utilisé pour les différentes surfaces, de
reconsidérer les priorités, de définir un choix de produits compatibles, voir d’utiliser des variétés résistantes pour les massifs de décoration saisonnière.

Le désherbage chimique a toutefois été
maintenu pour des cas particuliers
(chemins étroits en matière du
Salève, traitement ponctuels des
liserons dans les collections de
plantes vivaces) pour lesquels
aucune autre alternative n’était
possible compte tenu de
l’équipement actuel.
Il faut relever que peu d’alternatives
ont été proposées aux utilisateurs de
désherbants chimiques et que les appareils munis de brûleurs sont mal adaptés dans
certains cas (surfaces restreintes à proximité de
végétaux, de barrières, portails ou poteaux). Le rabelais ne
peut pas être utilisé dans des chemins en matière du Salève,
le revêtement risquant d’être déstabilisé à cause du décompactage.
Au niveau des insecticides, on peut relever l’effort réalisé
par les jardiniers pour appliquer la lutte biologique dans
toutes les serres depuis 2000. Quelques tentatives avaient
été faites auparavant avec l’aide de la Station Fédérale de
Recherche agronomique de Changins, mais le suivi était
difficile à assurer au sein d’une équipe restreinte.
La lutte biologique a permis de solutionner les problèmes récurrents d’accoutumance, voir l’éradication de certains parasites tels que la mouche blanche.
Il est important de souligner que la mise en application
de la lutte biologique n’est pas simple et demande, en
plus d’une formation de base, une persévérance et une
vigilance toute particulière. La formation de base consiste
à reconnaître les différents stades du parasite et des auxi-
tiques actuelles ont été évoquées.
Un espace musical en projet
dans le Jardin botanique
de la Ville de Genève
Les sons
de la
NATURE
ontes, installation ludique et interactive
autour des sons de la Nature
Unique à Genève!
Une interprétation de l’ancienne place de jeu du
Jardin botanique destinée aux plus petits (4 à 8 ans),
un habillage du lieu en collaboration avec
l’Association Copyrart qui abritera un espace de conte
interactif en plein air, soit 5 à7 modules de jeux
sonores et musicaux inédit en Suisse romande:
,
,
,
,
,
,
,
un plateau à carillon en bronze
un xylophone géant vertical
une potence à triangles
un lithophone à 6 touches géantes
(granits, marbre, serpentine)
une pierre aux murmures
une bascule-sifflet en bois
des bornes à secret (communication à distance)
une féérie avec de nombreux nains et elfes du Jura
et des Bois de Versoix (modules en ferro-ciment réalisés par Copyrart), un module «habillé» de jeux traditionnel pour enfants, une fontaine «magique», un
carrousel «Fables de la Fontaine» (autogéré par Copyrart).
Pour poursuivre les efforts réalisés, les CJB ont mis en
place une commission interne chargée d’étudier toutes
les possibilités d’utiliser la lutte biologique, ou au moins
intégrée pour l’entretien du parc et des collections vivantes. De plus, une première réunion a été organisée par
les CJB réunissant d'autres services pouvant être concernés par le sujet. Les services du SEVE, des cimetières, des
sports étaient présents pour parler de leurs expériences.
Ensemble, les problématiques de l'application de nouvelles méthodes de désherbage et des alternatives aux pra-
PAGE N° 24 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
de l’école de Collex-Bossy
Le Jardin citoyen de l’école de Collex Bossy a soufflé sa deuxième bougie.
Créé à la demande des élèves, en collaboration avec le Jardin botanique,
cette plate-bande est située dans le préau de l’école de cette commune
rurale genevoise.
CJB Jardin
Le JARDIN CITOYEN
D. Roguet conservateur
Fig. 1 Découvertes interactives et dégustations avec les parents
a réalisation de ce jardin est basée sur trois
principes: citoyenneté, intégration et
utilité. Né du souhait des enfants de voir
reverdir leur préau, il a d’abord fait l’objet
de lettres (exercice de français écrit) de ces enfants à
l’attention du maire. Ce dernier, M. Albert Maréchal à
l’époque, est entré en matière en organisant une rencontre à la mairie où les futurs citoyens, accompagné de
leur enseignant, Mme Corine Sery, ont pu exprimer et
défendre leur point de vue (exercice d’expression orale).
Après discussion au sein de l’exécutif communal, il a été
décidé d’octroyer aux enfants une bande de terre restant
dans l’enceinte de l’école afin d’y implanter une platebande, charge à eux de la créer et de la maintenir. Le pari
n’était pas gagné! C’est alors que les CJB sont entrés en
matière dans la mesure où le projet d’un modèle de «jardin d’école» durable, utile à l’entité scolaire et survivant
aux premiers enthousiasmes nous intéressait.
Un projet a été élaboré basé sur les principes suivants:
8
8
8
8
durabilité
entretien minimal
plantes faciles à cultiver
plantes utiles pour l’écoles (cuisine scolaire) et les
familles des enfants scolarisés
Un plan de travail a été établi, le choix des plantes effectué
en fonction des critères ci-dessus (pérennes, aromatiques)
et la langue de terre proposée ameublie par les soins d’un
jardinier des CJB. Le matériel nécessaire (barrière, piquets,
arrosage) ainsi que les plantes ont été achetés avec une
dotation de la mairie (1000.–). La plantation a été effectuée par la classe concernée et les parents d’élèves, assisté
du jardinier des CJB délégué au projet (Jacques HumbertDroz). L’entretien du Jardin citoyen est effectué par les élèves de la classe avec l’aide ponctuelle du cantonnier de la
commune et du concierge de l’école. Un calendrier familial d’arrosage est mis sur pied pour la période des vacances scolaires. Des étiquettes «scolaires» et un panneau
d’information sur le Jardin citoyen ont été fournis par les
CJB à l’école. Une inauguration préparée par les élèves
(invitation, verrée) et leur enseignant a eu lieu en présence
du maire de la commune.
Un «almanach aromatique» et des fiches pédagogiques
d’utilisation et de culture ont été fournis par la cellule
pédagogique des CJB. Un travail de géographie, d’histoire
et de sciences environnementales a été effectué en classe
autour du monde des plantes aromatiques et des épices.
Une restitution familiale de ce travail, en soirée, sous
forme de conférences données par les élèves, a été organisée par l’enseignant.
Dès la rentrée 2004-2005, les cuisines scolaires pourront se servir d’herbes aromatiques du Jardin citoyen
pour leurs préparations. Les parents sont également
encouragés à se servir en fonction de leur participation
à l’entretien de la plate-bande.
Des grillades ont été organisées par les enseignants en fin
d’année scolaire avec les parents. Assaisonnement avec
des herbes du Jardin citoyen et jeu de découvertes olfactives des plantes aromatiques au programme!
Cette expérience, bien que modeste, démontre que le
«Jardin d’école», intégré dans la vie de cette dernière,
mais aussi dans la vie de la commune ou du quartier
peut avoir une pérennité. Basé sur une interaction
entre les futurs citoyens et les élus politiques, il
devient sujet de débat, de créativité et de loisirs utiles de l’école vers la communauté mais aussi du
citoyen vers l’école.
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N ° 25
LE BOTANISTE
«Les secrets de l’edelweiss noir»
Il y a onze ans, les Conservatoire et Jardin botaniques et le Département des affaires
culturelles publiaient une bande dessinée sur la botanique dont l’histoire se déroulait
en grande partie au jardin botanique de Genève: «Le parfum du magnolia».
L’album, dessiné par Marini sur un scénario de Georges Pop, est aujourd’hui épuisé
et recherché par les collectionneurs.
D. Thurre DAC
n 2004, les Conservatoire et Jardin botaniques fêtaient les 100
ans de l’implantation du jardin
– qui a quitté le parc des Bastions – sur son site actuel, avec l’inauguration
du bâtiment dit «la Console» (voir le vg mag
n°127, avril 2004, pages 8 et 9).
Sous l’impulsion de son directeur M. Rodolphe Spichiger, du conservateur responsable de
l’éducation environnementale, M. Didier
Roguet, et du soussigné, adjoint de direction
au Département des affaires culturelles, est
née l’idée d’une bande dessinée mettant en
valeur l’historique et les missions de la vénérable institution.
Grâce à Georges Pop, nous avons pris contact
avec Dominique Willemin et Sébastien Perroux (dit Pet), co-auteurs de «J’ai épousé une
communiste», album publié aux éditions
Paquet, leur soumettant un départ de scénario autour de l’idée d’un edelweiss noir aux
vertus particulières.
Fig. 1 & 2
L’idée de départ a été élargie et traitée de
manière professionnelle en amenant des personnages à traverser les siècles et à faire
découvrir, de manière attractive, l’histoire des
CJB de Genève.
Cette B.D. a certes un intérêt local, par son
inscription dans le contexte du jardin, mais
également international, par son scénario qui
nous amène aux confins du Tibet... et à
d’autres endroits de la planète où les CJB ont
mené des expéditions scientifiques.
Mais laissons la parole au scénariste:
«En hiver 1912, le Botaniste et son garde du
corps, Monsieur Klein font irruption chez John
Briquet, conservateur du Jardin botanique de
Genève. Fait étrange, une centaine d’années
auparavant, les deux hommes ont laissé au
bon soin du premier conservateur du Jardin
botanique, le Livre des secrets de l’edelweiss
noir, ainsi que trois edelweiss noirs et un sac
de graines de cette fleur rarissime.
L’edelweiss noir est une fleur mythique des
contreforts de l’Himalaya à laquelle la légende
prête des propriétés fabuleuses. Les botanistes
doutent de son existence. On dit que certaines
substances extraites de l’edelweiss noir peuvent
donner à ceux qui en consomment une longévité exceptionnelle.
Vers 1820, le Botaniste et Monsieur Klein, lors
d’un voyage d’études botaniques au Tibet, goûtent le breuvage magique à base d’edelweiss
noir que leur propose un vieux lama tibétain.
En échange de l’immortalité celui-ci, fatigué
par des siècles passés à éviter que les secrets de
l’edelweiss noir ne tombent en de mauvaises
mains, leur confie le Livre des secrets de
l’edelweiss noir avant de disparaître dans la
montagne. Le Botaniste accepte cette mission
essentielle pour l’avenir de l’humanité. Un
couple d’aristocrates britanniques ambitieux,
Lady Dolorès et Sir Edgar, cherche par tous les
moyens à s’emparer du livre avec la funeste
intention de profiter des pouvoirs fabuleux qu’il
contient pour conquérir le monde.
Le Botaniste et Monsieur Klein réussissent à
déjouer tous les pièges et à échapper au couple infernal. Hélas, Lady Dolorès et Sir Edgar
ont goûté, eux aussi, à cet élixir de longue
vie. La traque ne se fera donc pas seulement
dans l’espace mais aussi dans le temps.
Durant près de deux siècles, le Botaniste et
Monsieur Klein devront contrer à travers le
monde les ambitions malsaines et dangereuses de Lady Dolorès et de Sir Edgar.»
A ne manquer sous aucun prétexte!
Dessin Pet
Scénario Willemin
Editeur Pierre Paquet
32 pages + 14 pages de croquis,
crayonnés, illustrations et suppléments divers.
Parution septembre 2004
prépublication dans la Tribune de
Genève, juillet-août 2004
Tirage 5 200 exemplaires, dont
200 avec une couverture différente,
à usage exclusif du Département des
affaires culturelles
ISBN 2-940334-61-7
Projets de couverture
PAGE N° 26 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
ATELIERS VERTS
du jardin botanique
2.3.05
Collectionne les plantes et
réalise un herbier (1)
11.5
Partie 1: Récolte et séchage
Collectionne les plantes et
réalise un herbier (2)
9.3
18.5
Partie 2: Un herbier créatif
16.3
Découverte de la cellule d’une
plante et extraction de son ADN
25.5
1.6
Espace rudéral – fin mai
«Plantes-Hommes-Insectes»
Lichens: le mariage d’une
algue et d’un champignon
«Le Conservatoire botanique dans tous ses états»
Exposition présentée en collaboration avec le Jardin botanique de Lyon
(serre tempérée) De juin à septembre
aux Floralies (à Palexpo) en novembre
8.6
Jardiniers en herbe (1)
La laine de nos moutons,
le lin de nos grand-mères
Apprends à feutrer la laine et
découvre les fibres végétales
Des odeurs et des couleurs
pour tous les goûts
Le rucher du Jardin botanique
Découvre les habitants
et les produits de la ruche avec
l’apiculteur des Jardin botanique
Le jardin des senteurs et
du toucher
Amuse-toi à reconnaître les plantes
par leur parfum, leur forme et leurs
utilisations
Partie 1: Semis et plantations
de printemps
27.4
Inauguration de la «4e voie CFF»
Apprends à cuisiner des plantes qui
sentent bon
Voyage en Amazonie
Sensibilisation à la diversité
naturelle et culturelle
20.4
Flora alpina, les activités des CJB en matière de floristique alpine, 3 au 29 mai
Promenades et observations
scientifiques
Découvre ces as du calcul pour qui
1+1=1
Expérience au laboratoire
de biologie moléculaire
13.4
«La Flore des Alpes aux CJB»
Qui habite dans ce nichoir?
Construction d’un nichoir à
mésange et observations
6.4
A la découverte des mousses
EVENEMENTS 2005
Programme 2005
A vos AGENDAS !
15.6
Jardiniers en herbe (2)
Partie 2:
Récolte et travaux du jardin
Le succès des Ateliers Verts est assuré chaque année: en effet, le goût des
bénévoles de l’Université de troisième âge à transmettre leur passion pour la nature
aux plus jeunes n’a d’égal que la curiosité et l’attention que ceux-ci leur démontrent!
C’est avec enthousiasme que nous suscitons l’intérêt pour notre environnement et ce
travail est jalonné de belles rencontres avec de jeunes vocations: artistes, botanistes,
entomologistes, connaisseurs de plantes magiques et j’en passe!
Cette année, les chercheurs du Conservatoire botanique nous proposent de nouveaux
thèmes. L’observation, le jeu, le dessin; multiples seront les moyens interactifs proposés en collaboration avec les médiateurs des CJB pour favoriser la rencontre de nos jeunes participants avec le monde des spécialistes des mousses, des lichens et des palmiers.
Côté jardin et ethnobotanique également, nous proposons plusieurs nouveautés grâce
à diverses collaborations.
Les ateliers verts du Jardin botanique débutent dorénavant en octobre, ceci en collaboration avec UNI3, l’AAJB et le SLJ (D.I.P.) et la collaboration ponctuelle du CAD (HG).
Vous trouverez le programme des ateliers de ce printemps ci-dessus. Le programme
annuel figure sur un dépliant que vous pouvez obtenir à la réception du Jardin botanique ou auprès d’UNI3, ainsi que sur notre site internet: www.ville-ge.ch/cjb/
Renseignements et inscriptions auprès du secrétariat d’UNI3 les mardi
et vendredi matin de 9h30 à 11h30, tél.: 022 379 70 68
EXPOSITIONS À LA SALLE DU CHÊNE
8 mars – 20 mars
Pet & Willemin
21 juin – 10 juillet
Séverine Jenny
Planches originales de la bande
dessinée «Le Botaniste, les secrets
de l’edelweiss noir»
L’île de Pâques
Photographies noir/blanc
22 mars – 10 avril
Deyrmon
Masques et faunes africaines
Aquarelles et dessins
12 avril – 1er mai
Jorge Sanchez
12 juillet – 31 juillet
Anne Fauconnet-Fulpius
Céramiques
2 août – 21 août
Olivier Robert
Poésie et abstraction végétales par
la macrophotographie
Photographies
3 mai – 29 mai
La Flore des Alpes aux CJB
Flora alpina, les activités des CJB en
matière de floristique alpine
(voir pages 9 à 14)
23 août – 11 septembre
Jean-Jacques Kissling
Genève Collection.
Photographies
13 septembre – 2 octobre
René Gérard Imhof
31 mai – 19 juin
«Végétal»
«Natures mortes»
Sculptures, collages, dessins et maquettes
Par les élèves de l’Expression
Plastique et Artisanat du Centre
Geisendorf (plateforme «Ecolesmusées»)
4 octobre - 23 octobre
Anne Coïdan-Lenoir
Patchwork contemporain
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N ° 27
Histoires & modernités
BOTANIQUES
100 ans d'histoire et deux jours de
bonheur pour le public qui est venu
nombreux participer aux visites et
animations proposées, mais aussi pour
les collaborateurs des CJB qui ont
pleinement joué leur rôle de médiateur
en costume d'époque. Magie des
rencontres autour d'une botanique du
passé découvrant son futur
PAGE N° 28 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
e
100 anniversaire
DE L’IMPLANTATION DU JARDIN BOTANIQUE SUR
SON SITE ACTUEL / 25 ET 26 SEPTEMBRE 2004
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N ° 29
Tres gros succès public
pour l'exposition
«Envahisseurs»
Inauguration de
l'exposition
«Envahisseurs»
le 11 juin
Le Jardin des plantes
envahissantes
Surprise: le magnifique «Carrousel des fables»
reprendra du service aux CJB dès l'arrivée du printemps
Rétrospective
Installation jardinée
dans un container
de Steiner et Lenzlinger,
une réussite et un pont
entre la science
et l'art contemporain
Visite guidée pour la presse internationale onusienne
PAGE N° 30 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
de gauche à droite
Présence remarquée des CJB à la Nuit
de la science autour des...envahisseurs
Entre parc et lac: la pose de notre
installation estivale «Corde de la phytodiversité», 1 kilomètre de balade et de
corde ininterrompue pour découvrir la
diversité de nos espèces végétales,
entre le Musée d'Histoire des sciences
et notre serre tempérée
Notre exposition de photos historiques
géantes, remises en situation dans le
Jardin botanique actuel a été très
appréciée de notre public
Journées du développpement
durable (12-13 juin),
les CJB «envahissent»
ou plutôt investissent la
Plaine de Plainpalais avec
leur «envahisseurs»
ANNUELLE
Fidèle à sa tradition, la Feuille Verte vous présente
une rétrospective photographique des événements
marquants l’année écoulée.
C’est notre manière de relater la multiplicité des
rapports que nous entretenons avec nos différents publics.
Qu’ils en soient ici remerciés!
Ateliers vert périscolaires,
accompagnements de projets
scolaires, Journée des écoles
du 100e, Passeport vacances,
courses d'écoles, etc...
cela fait beaucoup, beaucoup
d'enfants au Jardin botanique.
En sortent-ils un peu plus verts?
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N ° 31
Fig. 2 Extrait d’une fiche d’élèves «la forêt nous soigne»
Fig. 3 Extrait d’une fiche d’élèves «La forêt nous protège»
EDUCATION ENVIRONNEMENTALE
à Adiopodoumé
C. Châtelain adjoint scientifique
Pour la deuxième année consécutive le projet d’éducation
environnementale dans la forêt d’Adiopodoumé a été
reconduit grâce au financement du Fond de Développement
de la Ville de Genève
a mise en place de ce projet par les CJB avec
la collaboration du Centre Suisse de Recherche Scientifique en Côte d’Ivoire devait permettre de revaloriser cette petite forêt aux
yeux des riverains et des autorités puis de garantir sa
conservation, en bordure de la ville d’Abidjan qui compte
bientôt 3 millions d’habitants. Quatre chercheurs ivoiriens se sont investis dans cette tâche (deux zoologues,
un botaniste et un environnementaliste) montrant ainsi
que la recherche n’est pas enfermée dans une tour
Fig. 1 Sortie dans les cultures entourant la forêt pour aborder l’origine
des plantes cultivées (Photo: P. Martin)
inaccessible. Trois
classes des degrés primaires,
du groupe scolaire de Yopougon ont pu participer aux cours et aux
sorties en forêt, soit près d’une centaine d’élèves.
Au-delà du but de rendre attentifs les élèves à la
fragilité et à la richesse du milieu forestier, cette
année un développement supplémentaire a été
réalisé en visant le renforcement des capacités des
enseignants et la durabilité du projet: l’organisation
d’un atelier d’échanges avec un autre projet pilote
d’éducation environnementale à Soubré et d’un
atelier de formation pour les instituteurs,
l’implication effective des autorités de l’éducation
environnementale et de l’environnement en Côted’Ivoire (Ministère de l’Environnement, Office
Ivoirien des Parcs et Réserves, Ministère de
l’Education Nationale, etc).
De plus, un numéro de la série
éducative des CJB,
regroupant les documents à l’usage des
élèves et des enseignants, devrait être
disponible sous peu.
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du PARC DE HANN
Créé en 2001 et fonctionnel l’année suivante grâce à la coopération avec la Mairie de
Genève et le Bureau d’Appui à la Coopération Sénégalo-Suisse, le CEEH a eu à travailler
cette année avec la Mairie de la Commune d’arrondissement de Hann Bel-Air
ans le cadre de son programme d’éducation
environnementale, la Mairie de Hann a sollicité le CEEH pour un appui technique. Il
s’agissait de sensibiliser la population, plus
particulièrement les élèves sur les problèmes de la pollution de la Baie de Hann, de la gestion des déchets et de
renforcer les capacités des directeurs d’école et des enseignants pour une meilleure prise en compte des problèmes environnementaux de la commune.
Pour le renforcement de capacités des enseignants, un
séminaire de formation a été organisé au courant du
mois de mars 2004. Il a été animé par M. Didier Roguet,
conservateur ethnobotaniste aux Conservatoire et Jardin
botaniques de la Ville de Genève (CJB), par Mmes Magali
Stitelmann médiatrice scientifique aux CJB et Myriam
Bouverat, conseillère pédagogique de la Fondation Education pour le Développement (FED) de Lausanne. Ce
séminaire intitulé «l’Education Environnementale vers
un Développement Durable» a regroupé trente-neuf participants dont des directeurs d’école, des enseignants,
des élus locaux, des membres d’associations intervenant
dans le domaine de l’environnement et des agents de la
Direction des Parcs Forestier et Zoologique de Hann
(DPFZ).
Au cours de l’année scolaire échue, le CEEH a travaillé
avec quinze classes de l’élémentaire dont treize dans
la commune de Hann et six classes du secondaire
(trois classes de 6e et trois classes de 5e). Les cours
se sont déroulés de janvier à mai et ont porté sur les
modules 7 et 8 (Pollution de l’eau: cas de la Baie de
Hann; Les déchets et notre environnement). Des films
ont été projetés et des sorties sur le terrain effectuées
(visite de la Baie). Après chaque cours d’éducation
environnementale, une évaluation est faite en corrigeant
les fiches de travail distribuées aux élèves. Dans la plupart des classes, plus de la moitié des élèves étaient en
mesure de traiter correctement les exercices après les
cours dispensés par le CEEH.
Pour le secondaire, chaque groupe devait d’abord
faire un exposé sur les causes et les conséquences de
la pollution de la Baie de Hann et proposer des solutions pour la réduire. A la fin de l’année scolaire, un
concours a été organisé. Pour chaque niveau, les trois
meilleurs groupes ont été primés. La cérémonie de
remise de prix (cadeaux offerts par la Mairie de Hann,
la Direction de l’Environnement et des Etablissements
Classés et la Direction des Eaux et Forêts) a été organisée dans la période réservée à la célébration de la
Journée Mondiale de l’Environnement. Elle a été présidée par le Directeur de Cabinet du Ministre de
l’Environnement et de la Protection de la Nature en
présence des autorités municipales, du Directeur des
A. Traoré coordinatrice du CEEH
Coopération
Centre d’éducation
environnementale
Eaux et Forêts, des parents d’élèves, directeurs d’école
et enseignants. Les lots offerts aux élèves étaient
composés de quatre à six cahiers, d’un trousseau
complet (compas, règle, équerre, taille-crayon,
gomme, stylos, crayon noir et crayons de couleur) et
de Tee-shirts.
L’idée du concours a été trouvée très pertinente par
les directeurs d’école et enseignants. Il nous a permis
de les associer davantage dans la formation (sortie
avec les élèves, révision en classe et supervision du
concours), de récompenser les meilleurs élèves, de
motiver les autres pour les années à venir et de faire
connaître aux parents d’élèves et aux autorités les
actions menées par le CEEH.
Fig. 1 Séminaire de formation (gauche)
Fig. 2 «la baie de Hann» Dessin d’élève (ci-dessus)
Fig. 3 La décharge de Mbeubeuss à Dakar
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N ° 33
ETNOBOTANICA Paceña
Partageons un moment avec les futurs guides en formation,
au cours du séminaire intitulé «Vers un nouveau Jardin
botanique La Paz»!
es activités du Programme Etnobotanica Paceña (EPA) à la ville
de La Paz, Bolivie, sous les
auspices des Conservatoire et
Jardin botaniques de la ville de Genève, comprennent plusieurs étapes de développement
basées sur les principes généraux de: formalisation, valorisation et restitution. Dans ce cadre
conceptuel, un réseau d’institutions s’est mis
en place, institutions qui interagissent entre elles
par le biais de la coordination que j’effectue,
échangeant entre elles expertises et savoir-faire
respectifs dans un processus de recherche –
action/formation. Cette coopération se réalise
à la Paz, avec le Musée interactif Kusillo en tant
qu’institution experte en éducation interactive,
et avec l’Herbier National de Bolivie avec son
Jardin botanique La Paz, qui dépendent de
l’Université Mayor de San Andrés, en tant
qu’institution experte en ethnobotanique. Plus
avant, nous orienterons le programme vers une
phase active, productive de plantes économiques
et, à la fois participative, en travaillant avec des
habitants de zones semi rurales.
Parmi les activités menées en
2004, des séminaires de formation
pour guides sont réalisés dans le
cadre de la collaboration du Musée
Kusillo au sein du réseau
L’objectif du séminaire que je souhaite partager avec vous était la formation d’un groupe
d’étudiants en biologie, ce afin de développer
leurs compétences en éducation interactive
appliquée au Jardin botanique La Paz. Cela
permet de remplir un des objectifs de
l’éducation environnementale, en donnant
accès aux enfants, enseignants et familles à des
visites guidées pour leur faire connaître et valoriser les ressources végétales, surtout indigènes;
et leur relation avec leur environnement naturel et leur usage par la société.
PARTAGEONS UN MOMENT AVEC
LES PARTICIPANTS QUI RELATENT
LEUR VÉCU
Par un samedi de septembre, les visages souriants des jeunes guides illuminaient le
Jardin. Sergio et Prem animaient le premier
atelier de formation à l’attention d’étudiants
de biologie désireux de dédier un peu de leur
temps à partager leurs connaissances et un
moment de leur vie avec les enfants ou adultes qui visiteraient le Jardin, leur enseignant
la relation entre les plantes et l’être humain.
Noemi, étudiante de 7e semestre de biologie,
L. Collazos Pacheco
Coordinatrice EPA
M. Stitelmann
Traduction de l’espagnol
Fig. 1 Participants à la formation de guide
attend de cette formation d’en savoir plus
sur l’éducation environnementale, «voir le
Jardin d’une autre façon et avec d’autres
yeux», explique-t-elle, «nous ne devons pas
seulement voir cet endroit comme un lieu
isolé où se concentrent des connaissances
utiles aux seuls scientifiques».
Sergio, un des formateurs et directeur du
Kusillo, affirme: «Nous devons, en pénétrant
dans ce lieu, être libres. Nous devons renaître au jeu et à la découverte comme un
enfant qui ouvre les yeux et voit la lumière
pour la première fois.»
Norma, ayant terminé ses études d’agronomie,
commente: «Ce séminaire m’enseigne comment éveiller l’intérêt du visiteur ainsi qu’à favoriser chez lui l’envie de continuer à explorer et
découvrir de nouvelles choses dans le Jardin».
Fig. 2 Visite inaugurale des nouveaux aménagement éducatifs
du Jardin botanique de l'Université de San Andres (La Paz)
Maria, de 6e semestre: «Après ce séminaire,
je pourrai assumer de façon adéquate les
visites pour les enfants de différents âges qui
visitent notre Jardin; je mettrai en place des
jeux pour qu’ils apprennent facilement et en
s’amusant, avec plusieurs techniques de
groupes que nous apprenons ici; je pourrai
gérer et accueillir des publics variés sur des
thèmes divers pour illustrer la relation
homme – plante.»
«La visite du Kusillo m’a beaucoup servi
pour mettre en pratique plusieurs méthodes
nouvelles pour le Jardin botanique La Paz!
Il est bien agréable d’enseigner en jouant!
Qu’il est bon que les enfants puissent toucher les plantes, les planter, les sentir, les
percevoir. Dans cet objectif, et avec le soutien des Conservatoire et Jardin botaniques
de la Ville de Genève, nous construisons une
partie de l’infrastructure nécessaire dans
notre jardin.»
Tous ensemble au sein du réseau Etnobotanica Paceña, nous avançons dans la réappropriation d’une relation empreinte de
beauté de l’être humain avec ces êtres merveilleux qui semblent être venus d’une
autre planète, mais qui sont bien du nôtre,
les plantes!
Comment avons-nous pu l’oublier, dans les
villes?
PAGE N° 34 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
pourquoi, pour qui ?
Pour la Commission
N. Keckeis, D. Roguet & D. Thurre
L’IMPULSION POLITIQUE
Le 11 décembre 2003, Messieurs Charles Beer, Patrice
Mugny et Pascal Chobaz, respectivement Présidents du
Département de l’instruction publique de la République
et canton de Genève, du Département des affaires culturelles de la Ville de Genève, et de l’Association des Communes Genevoises, ont convoqué un groupe de représentants des trois collectivités publiques, afin de faire le
point sur la situation des relations entre les écoles et les
musées de Genève. A l’issue de cette réunion, un groupe
de travail multipartite a été créé: la Commission EcolesMusées. Elle a reçu pour mandat, d’analyser le dispositif
en place afin de rationaliser les démarches de communication et de publication, de proposer une simplification
de l’accueil des classes dans les musées genevois, ainsi
qu’une meilleure coordination.
Le dispositif régissant actuellement les relations entre
écoles et musées est issu de nombreuses actions. La plupart des musées de la Ville de Genève proposent un programme annuel d’activités adaptées au public scolaire:
visites guidées, rédaction de dossiers pédagogiques, formation d’enseignants ou élaboration de projets cultu-
rels plus importants. C’est notamment le cas des Conservatoire et Jardin botaniques qui pratiquent depuis 10
ans environ une politique active d’éducation environnementale pour les publics scolaires et périscolaires.
Du côté de l’école, les enseignants, maîtres spécialistes
et services de formations continues organisent également des actions, parfois en concertation avec les services des musées.
Dans la multitude d’offres existantes, il est parfois difficile pour l’utilisateur ou le demandeur de trouver la
bonne information, voire le bon service pouvant répondre à ses attentes. Un sondage a été réalisé auprès des
enseignants du canton, afin de connaître leurs pratiques
des musées et leur avis pour le futur.
Les résultats de ce sondage ont été publiés sur le net
(http://www.geneve.ch/culture/doc/Sondage%20Ecoles%
20Musees.pdf).
Un rapport a été remis aux politiques en avril 2004, et
une nouvelle réunion de bilan s’est tenue en mai. La Commission s’est vue confier la suite du mandat, à savoir, œuvrer pour une meilleure coordination écoles-musées.
Education
Une Commission
ECOLES - MUSÉES :
LES VISITES AU MUSÉE
A) LE POINT DE VUE DU MUSÉE
Accueillir des classes au musée, c’est accueillir et former
des jeunes; c’est également recevoir des enseignants et
leur proposer des collections, des expositions, des espaces et des services existants comme autant de ressources
pour leur enseignement.
Faire percevoir le musée comme lieu
d’expérimentation et comme espace privilégié pour
développer de nouvelles méthodes pédagogiques, c’est
rendre ce lieu vivant et lui conférer pleinement sa mission d’éducation, par ailleurs inscrite depuis toujours
dans sa définition.
Si dans un musée d’art, la participation des élèves fait
appel d’abord à leur sens de l’observation et à leurs facultés de communication (l’expérience centrale s’articulant
autour de l’exercice du regard), il en va différemment des
musées scientifiques tel les Conservatoire et Jardin botaniques, où l’expérience pédagogique se fait de manière
interactive, olfactive et tactile. L’objet retrouve alors un
contexte naturel et patrimonial.
Fig. 1 Visite commentée par Daniel Jeanmonod, conservateur,
de l’exposition «Envahisseurs!» dans la serre tempérée
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N ° 35
Fig. 2 Visite et dégustation dans le potager historique aménagé à
l’occasion du 100e anniversaire de l’implantation du Jardin
botanique sur son site actuel
Fig. 3 Observation de mousses au microscope
Fig. 4 Education environnementale en compagnie d’un jardinier
B) LE POINT DE VUE DE L’ÉCOLE
Pour concilier, à l’école, le développement de la créativité personnelle de l’élève à celui d’une véritable culture,
le musée peut jouer un rôle essentiel, particulièrement
en ce qui concerne l’acquisition de points de repères en
lien avec le patrimoine culturel.
La visite au musée peut être conçue comme un moment
spécifique au sein d’un programme didactique: dans le
cadre des expositions prévues par un musée au cours d’une
année scolaire, nombreux sont les thèmes qui peuvent
interpeller les enseignants (généralistes et spécialistes).
Une collaboration entre responsables de disciplines et
professionnels de musées permet de créer des dossiers
pédagogiques et des moyens d’enseignement, qui mettent
à profit les ressources des musées. L’interaction dossiers
pédagogiques-visites de musée-travail en classe permet
le développement de démarches structurées à long terme.
LES LIENS INSTITUTIONNELS
Dès la fin des années 1970, les musées de la Ville ont commencé à organiser des visites commentées pour les classes. Ils répondaient ainsi à l’une de leurs missions principales, soit l’accès des collections au plus grand nombre et
l’éducation des jeunes citoyens. Dès les années 1980-1990,
le Département de l’instruction publique (DIP) a contribué de manière active à la mise en œuvre de ces expériences dans les musées en détachant des «enseignantsrelais» aux Conservatoire et Jardin botaniques, aux Musées
d’art et d’histoire et au Museum d’histoire naturelle. Au
milieu des années 1990, le DIP a lui-même développé, en
partenariat avec les musées, des actions de sensibilisation
à l’art et à la culture. Il a aussi créé des entités chargées de
promouvoir les liens entre l’école et la Cité: le programme
l’Art et les Enfants, des Services culturels, la Cellule pédagogique du Bâtiment d’art contemporain. La conjoncture
financière, structurelle et politique ayant évolué, les postes d’«enseignants-relais» ont progressivement été supprimés, laissant la place à un fonctionnement entre écoles et
musées moins bien structuré et coordonné.
FONCTIONNEMENT ET PARTENARIAT
Depuis moins d’une dizaine d’années, les organismes
culturels, sur la demande d’enseignants ou sur leur propre initiative, constituent des groupes de travail ayant pour
mission de développer des projets en partenariat. Enseignant d’une part, médiateur culturel ou scientifique
d’autre part: chacun apporte ses connaissances et sa sensibilité pour développer des actions particulières à
l’attention de plusieurs classes ou d’une école. Cette dynamique de pédagogie de projets a l’avantage de s’adresser
à un grand nombre pour aller vers une réalisation commune (expositions, création d’objets, spectacles, etc.).
Les actions menées aujourd’hui par les musées sont multiples et variées. Elles peuvent être classées en deux catégories distinctes: l’accueil direct (présence de personnes
pour visites commentées ou ateliers) et l’accueil indirect
(supports de médiation).
L’accueil direct s’est aussi développé au cours des années
dans la formation des enseignants, soit par des liens avec
l’Université, soit avec les services de formation continue;
des visites commentées, des séminaires ou des cours sont
régulièrement proposés par les musées aux enseignants
des trois ordres.
Les avantages d’une telle proposition sont les
suivants:
8
8
8
8
Les premières tâches de la Commission écolesmusées pour la mise en œuvre de ces propositions sont les suivantes:
8
8
8
8
8
Ce dispositif, riche et varié, mais peu coordonné, s’est
construit historiquement et selon un processus interpersonnnel. A long terme, cette situation ne peut que créer
un sentiment de dilution et d’insatisfaction tant pour le
corps enseignant, qui ne peut pas toujours accéder aux
propositions des musées ou de l’Art et les Enfants, que
pour les médiateurs culturels et scientifiques, qui peinent
à cerner les attentes des écoles ou à renouveler les enseignants usagers de l’offre d’accueil.
Seule une réelle coordination de l’existant, soutenue à
tous les niveaux, permettrait de restructurer le dispositif et, partant de là, de faire de nouvelles propositions
pour l’avenir. Pour 2005, la Commission Ecoles-Musées
œuvre en ce sens.
Un seul lieu de référence pour trouver, donner,
diffuser de l’information tant pour les enseignants
que pour les organismes culturels
Une économie de moyens par une diffusion rationnelle et mieux ciblée
Une meilleure synergie entre les demandes des
enseignants et les calendriers annuels des organismes culturels
Un encouragement pour le développement de projets transdisciplinaires
La création et la mise en ligne d’un portail Internet
La publication de supports d’information communs
La constitution de fichiers d’adresses pour la
diffusion
La définition et la simplification de certaines
procédures
Le renforcement des formations initiales déjà
existantes
PAGE N° 36 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
AAJB
Billet du président de l’AAJB B. Messerli
PONGE d’une
nuit d’été
«Un ensemble de lois compliquées à l’extrême, c’est-à-dire le plus
parfait hasard, préside à la naissance, et au placement
des végétaux sur le globe.»
e ne sais pas où l’on en était
du côté de l’écologie végétale
ou de la phytosociologie en
1942, lorsque Francis Ponge à
écrit «Le parti pris des choses» dont est tiré ce
fragment du poème de «FAUNE ET FLORE».
En compulsant la superbe «Flora alpina» de
David Aeschimann (et al. chez Belin), je ne
partage pas l’avis de Ponge. Il y a des lois, certes, mais compliquées à l’extrême, nenni.
Chapeau à David (et al!) d’avoir résumé en
quatre petits tableaux, lus en un clin d’oeil,
les paramètres qui président à la «décision
d’établissement» de chaque plante présentée:
substrat préféré, niveau trophique, acidité,
humidité et altitude. Quant au «plus parfait
hasard», j’en suis encore moins convaincu et
souhaiterais que ce thème philosophico-scientifique fasse l’objet d’une soirée-débat «Coup
de cœur». J’invite donc la ou les membres
intéressés à proposer d’animer cet échange*.
«L’expression des végétaux est inscrite une fois
pour toutes. Pas moyen d’y revenir, repentirs
impossibles: pour se corriger il faut ajouter».
Dommage que Ponge (1899-1988) ne soit
plus des nôtres. Laurent Bürgisser, délicieux
vulgarisateur qui sait allier avec bonheur
humour, science et lyrisme aurait sans doute
pu donner la répartie à Francis, notamment
en lui expliquant que parfois ces corrections
se font par suppression ou substitution. Et à
propos de Laurent, on signalera qu’il vient de
lancer, avec sa collègue Ariane Cailliau, une
«Association des naturalistes romands» (voir
www.naturalistesromands.com). Ceci nous
réjouit d’autant plus que nous allons prévoir
des activités en commun.
«L’on dit que les infirmes, les amputés voient
leurs facultés se développer prodigieusement:
ainsi des végétaux: leur immobilité fait leur
perfection, leur fouillé, leurs belles décorations, leurs riches fruits.» Que ce soit au Bouthan avec Roméo Gex ou au bord de
l’Allondon avec Christiane Guerne, il n’y avait
pas besoin d’être un observateur très pointu
pour se convaincre que l’immobilité végétale
se joue souvent de Ponge et que la perfection
du monde chlorophyllien n’est pas un mythe.
Quant à «La mousse», traitée par le poète
français, c’est bien quelque chose comme
«Mille bâtonnets du velours de soie s’assirent
alors en tailleur». Ces «terrains de tissuséponge, ces paillassons humides» que notre
bryologue adorée Michelle Price nous a si bien
présentés lors de deux sorties nous ont proprement fascinés.
Voilà, ces quelques lignes de «ping-ponge»
pour souligner combien toutes réflexions, poétiques ou prosaïques, peuvent ouvrir sur des
thèmes d’une richesse à priori insoupçonnées.
Ainsi, chers Amis, étoffez notre boîte à idées en
nous incitant à défricher de nouvelles voies.
Si une suggestion vous traversait l’esprit, ne
passez jamais l’éPonge!
Bernard Messerli (qui remercie encore du fond
du cœur tous ces actifs - membres du Comité
et guides - qui font turbiner l’AAJB)
*Le secrétariat de l’AAJB est tenu désormais
par Christine Vaz qui se fera un plaisir de
répondre à votre appel le lundi après-midi et
le jeudi au 022 418 51 12 (répondeur les autres jours; fax 022 418 51 01; [email protected]; CP 60, 1292 Chambésy)
VOYAGE au
Bouthan
Quelques extraits du carnet de voyage de Christiane Guerne
(…)Le col de Chelela est atteint. Il est garni
d’une multitude de drapeaux de prières qui
vibrent au vent frisquet des hauteurs. C’est leur
rôle…ils parlent ainsi et protègent des esprits
malins. Nous sommes à plus de 3000 m. Sur
le versant de la vallée de Ha poussent des arbres plus maigres ; c’est le versant «sec». Une
minuscule gentiane couleur de myosotis
(Gentiana carinata) et quelques Rhododendron arborea rouge-sang s’épuisent à égayer
un paysage austère. La rivière Hatshu vient du
Tibet et coule vers l’Inde. On longe une montagne abrupte où les chênes penchés sont garnis de petites fougères rougeoyantes et où les
lianes en broussaille un peu étouffantes qui
accablent certains arbres se nomment Rosa
brunoni. Des tas d’aiguilles de pins derrière les
habitations sont des réserves de litière (et pas
du tout des fourmilières jurassiennes).
sont nombreux, les pêchers, les grenadiers
ainsi que les plantes «utiles» telles que Ricin
(Ricinus communis), Curcuma (de la
famille du gingembre et entrant dans la composition du curry), Indigofera (jolie fabacée
pourpre en buissons, tinctoriale), Bauhinia
(arbre dont la feuille lui vaut le nom de
«camelfoot» et qui fournit des teintures, des
médicaments et des fibres), agaves et figues
de barbarie (Opuntia monacantha).
(…) Un petit arrêt hygiénique nous permet
de découvrir une élégante parente de la
lavande de mer qui ne lui ressemble pas du
tout et forme des buissons à fleurs bleues
(Ceratostigma griffithii) (Où M. Griffith n’at-il pas logé sa loupe ?) Je lui préfère Eleagnus
parvifolia aux feuilles de soie qui sent bon et
dont les fruits sont consommés.
Le petit village que nous visitons (et qui rend
hommage à la vigueur masculine sous forme
de fresques) est au sommet d’une série de
champs cultivés en terrasses, parfaitement irrigués. On y voit du blé mûr, du riz à repiquer, des
pommes de terre et du sarrasin. Tout cela sous
la tutelle d’un immense arbre qui laisse choir
quelques feuilles coriaces. Cet imposant végétal
(Eugenia jambolana), de la même famille que
les Eucalyptus et proche de l’arbre qui fournit
les clous de girofle, est, à voir son tronc, planté
devant ce village depuis bon nombre de siècles.
Nous reprenons la route en direction de Thimphu, chemin déjà parcouru, mais où les potagers nous apparaissent mieux. Les orangers y
Les Indiens ont fait un contrat avec le Bhoutan pour la construction d’un complexe hydroélectrique géant dans le bas de la vallée de la
Punakhanshu. Barrage et lac de retenue vont
noyer le pont que nous venons d’utiliser et le
Bhoutanais pourra s’éclairer sans bougies.
Puisse Bouddha le préserver des mille périls de
notre civilisation, et de l’appétit des voisins.
RÉTROSPECTIVE & PERSPECTIVES AAJB
PERSPECTIVES PROJETS AAJB 2004 - 2005
Coups de coeur du jeudi
2003-2004-2005
Cours
Tour des modes (de multiplication des
plantes), avec B. Messerli*
Cours
Détermination des plantes Les 3, 10, 17
et 24 mai 04; les 7 et 14 juin: avec L. Burgisser
Visite guidée
Exposition Envahisseurs! le 26 août 04,
avec D. Jeanmonod et M.-A. Thiébaud
Voyages et autres sorties botaniques
Le Bhoutan 25 avril-7 mai, avec R. Gex
L’Allondon «4-Saisons», 29 mai, avec R. Gex
et C. Guerne
La Laire «4-Saisons», 26 juin, avec R. Gex et D. Vité
Dans le jardin d’Eric Petiot 28 août,
avec M. Sipp et F. Roman
La Drize «4-Saisons», 4 septembre avec D. Vité
La Glacière de St-George excursion bryologique, 18 septembre, avec B. Messerli et M.-J. Price)
Coups de coeur du jeudi
Un voyage imaginaire au Paraguay
8 janvier 04, avec M. Soloaga Glauser
Du rapport entre les insectes et les plantes
5 février, avec B. Messerli
Les Mousses 19 février, avec M.-J. Price
Le jardin selon Eric Petiot 13 mai, avec M. Sipp
Le Bhoutan 14 octobre, avec C. Guerne
Initiation à la mycologie Les 5, 19 et 26
octobre 2004, sortie le 23 octobre,
avec la Société mycologique de Genève
Détermination de plantes au printemps 05*
Initiation à la mycologie à l’automne 05*
Voyages et autres sorties botaniques
La Plaine «4-Saisons», botanique et
ornithologie, 20 novembre, avec R. Gex et
D. Vité (à confirmer)
Arboretum d’Aubonne sortie écorce, hiver
04-05, avec B. Messerli*
Visite de la Distillerie de Bassin
printemps 05, avec B. Messerli*
Voyage en Lettonie Une semaine en avril
ou mai 05, avec R. Gex*
*Les dates seront fixées ultérieurement. On les trouvera sur le
site www.cjb.unige.ch (puis Hôtes, puis AAJB)
Assemblée Générale
Date à fixer (mars 2005)
Au stand de l’AAJB durant le 100e devant la Console
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N ° 37
COCHONS laineux
et CANARDS de Poméranie
en ESTIVAGE au Val Cama (GR)
La montée à l’alpage d’un troupeau d’une centaine d’animaux de
races menacées, en prélude à la campagne annuelle Pro Specie
Rara «De retour sur les hauteurs»
e 28 mai dernier, une certaine
ferveur régnait à Cama, un
village du Misox situé à une
quinzaine de km au nord-ouest
de Bellinzona. Un troupeau d’une centaine
d’animaux de races domestiques menacées –
des vaches grises rhétiques, des moutons de
l’Oberland grison et roux du Valais, des chèvres grises, mais aussi deux jeunes porcs laineux, une truie et ses 9 petits, ainsi que des
canards de Poméranie, des poules appenzelloises et des oies de Diepholz installés sur le dos
de deux ânes – se préparait à parcourir le sentier étroit et escarpé qui devait le conduire 800
m plus haut, sur l’alpage du Val Cama où il
devait résider tout l’été.
Ce projet est le résultat d’un partenariat entre
Pro Specie Rara et Verdabbio. Cette commune
des montagnes grisonnes cherchait depuis
plusieurs années à dynamiser son alpage tout
en créant une animation touristique au Val
Cama. De notre côté, nous souhaitions montrer le potentiel de nos races dans des conditions qui leur sont favorables et la plus-value
apportée par des produits de haute qualité
pour une commercialisation locale.
La commune nous a mandaté pour diriger la
rénovation de bâtisses existantes (l’étable, la
cabane des bergers et la glacière), la création
d’une fromagerie modèle d’alpage et la mise
à disposition du bétail. Ce premier estivage de
nos races rustiques est le premier pas d’un
Antenne romande PSR D. Gautier
projet global qui prévoit à une coexistence
exemplaire sur l’Alpe entre le tourisme,
l’agriculture, la sylviculture et la protection
de l’environnement. Une alternative urgente
à mettre en place à une époque où l’estivage
est fortement remis en question. La rationalisation de l’agriculture et l’ouverture des
marchés, avec l’effondrement des prix des produits agricoles qui en découle en sont les deux
principaux responsables qui s’y opposent. De
nombreuses exploitations de montagne ont
été abandonnées ces dernières décennies er
cette désertion s’accompagne d’une perte des
connaissances et des traditions liées à
l’économie de montagnes et engendre un
appauvrissement de la diversité agricole et
culturelle, tout en modifiant un paysage vieux
de plusieurs millénaires.
En étant «De retour sur les hauteurs» au Val
Cama, nous souhaitions montrer que cet
espace alpin est peuplé d’espoir et qu’il peut
contribuer à une rénovation de l’économie
des territoires de montagnes. Pour vous en
convaincre, venez déguster ce merveilleux fromage d’alpage au lait de nos vaches grises
rhétiques et de nos chèvres grises, car grâce
au succès de cette année, les bergers seront à
nouveau sur l’alpage en 2005!
Pour tout renseignement concernant
l’itinéraire et les posssibilités d’hébergement,
veuillez contacter l’Antenne romande PSR,
Tél. 022 418 52 25
Fig. 2-3-4
2004 :LES MOMENTS FORTS DE PSR AUX CJB
; Choix de variétés pour le potager historique, recherche de semences et
conception des panneaux d’information (Fig. 1)
; Stand avec marché de légumes et de graines PSR lors des journées
∑
découvertes du 25-26 septembre 2004
; Atelier scolaire (28 septembre 2004)
∑
; Réunion la Commission suisse pour la conservation des plantes cultivées
∑
(CPC) organisée par Pro Specie Rara aux CJB (6 septembre 2004) (Fig. 2)
; Multiplication de 12 variétés anciennes de pommes de terre exemptes
∑
de virose (Fig. 3)
; Campagne de couvaison d’œufs de poules appenzelloises huppées et
barbues et de canards de Poméranie (Fig. 4)
Tout ce travail ne pourrait se faire sans l’appui de la direction et le travail des
jardiniers des CJB. Encore merci!
Fig. 1
PAGE N° 38 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
BRÈVES
ACTUALITÉS
LE JARDIN BOTANIQUE PRIS D’ASSAUT?
Le Jardin botanique est de plus en plus fréquenté. C’est une évidence au vu des comptages ponctuels effectués en juin dernier dans
nos allées: plus de 30 classes dans le Jardin botanique en une après
midi et plus de 2000 personnes visitant l’exposition «Envahisseurs»
sur un week-end.
Une météo propice à la ballade botanique, un magnifique carrousel et une exposition attractive sur un thème d’actualité expliquent
en partie cet engouement.
Nouvelles du CRSF B. Bäumler Directeur
Le million
APPROCHE
2004 aura été une année fructueuse pour la
banque de données du Centre du Réseau Suisse
de Floristique (CRSF). Fin octobre, quelque
100 000 nouvelles notes floristiques provenant de
différentes sources, comme des projets de cartographie régionaux ou le réseau de collaborateurs
bénévoles, ont été traitées et saisies dans la
banque de données pour atteindre un total de
250 000. Ce chiffre est évidemment encore loin
du million, mais durant l’année, deux inventaires importants ont mis à disposition du CRSF
leurs premières données: l’inventaire fédéral des
prairies et pâturages secs (PPS) et le monitoring
de la biodiversité en Suisse (MBD-CH), des projets auxquels le CRSF à aussi participé activement. L’intégration de ces informations à la
banque de données du CRSF, grandement facilitée par une structure et un format informatique
compatibles, portera le nombre total de notes floristiques stockées au-delà du chiffre de 750 000 !
Nous prévoyons pour l’année 2005 l’arrivée, entre
autres, des résultats de la cartographie floristique
du canton de Genève et de la suite des deux
inventaires précités. Cela nous permet d’estimer
que le chiffre de un million de données floristiques pour la Suisse sera sans aucun doute bientôt atteint.
de Suisse (auteurs: D. Aschimann, CJBG, et C.
Heitz, Bâle). Les travaux principaux furent
l’intégration de la Flora Helvetica en tant
qu’ouvrage de référence supplémentaire,
l’intégration des changements et corrections de
noms dans la banque de données du CRSF ainsi
que la réalisation technique de l’ouvrage. Le nouvel index sera disponible en 2005 sous forme
informatique et comme ouvrage imprimé.
Une source de données également très intéressante provient de la deuxième enquête sur la
distribution actuelle des plantes néophytes envahissantes en Suisse, menée par la Commission
suisse pour la conservation des plantes sauvages (CPS) sous mandat de l’office fédéral de
l’environnement (OFEFP). La collaboration du
CRSF a principalement consisté à produire des
cartes de distribution mais également à saisir
une partie des données. Des fiches
d’information sur chaque espèce de la «Liste
noire» ainsi que les cartes de répartition actuelles peuvent désormais être consultées sur les
sites internet de la CPS et du CRSF. Un travail
considérable a été investi dans la réalisation de
la 2e édition de l’index synonymique de la flore
– CRSF
www.crsf.ch
– PPS
www.umwelt-schweiz.ch/buwal/fr/
fachgebiete/fg_lrparks/tww/index.html
– MBD-CH
www.biodiversitymonitoring.ch/
francais/aktuell/portal.php
– CPS
www.cpsskew.ch/francais/info_
plantes_envahissantes.htm
– OFEFP
http://www.umweltschweiz.ch/
buwal/fr/index.html
Parallèlement à l’augmentation considérable du
nombre d’enregistrements, la banque de données
du CRSF a également vu une évolution importante au niveau de son fonctionnement. Sa structure a été retravaillée et a été transférée sur un
nouveau système plus efficace, installé sur une
machine plus performante. Ces changements
permettront le stockage et l’exploitation d’un plus
grand nombre de données ainsi que l’installation
de services interactifs sur internet comme la
consultation de données ou de cartes de répartition actuelles.
LA CORDE DE LA BIODIVERSITÉ
Une expérience novatrice et fédératrice entre deux institutions muséales
Ce lien physique entre le Jardin botanique et le Musée d’Histoire
des sciences a retenu l’attention de nombreux visiteurs. Cette installation discrète, tangible et éphémère a susciter l’intérêt de nombreux promeneurs et reçu beaucoup de compliments.
NOUVELLE CARTE DE VISITE DES CJB
Un coffret regroupant une série iconographique historique, traitée
en carte postales légendée, associée à un DVD de 20’ présentant
de manière actuelle les activités et les mission des CJB a été édité
, en collaboration avec le Centre multimédia du Département des
affaires culturelles, pour le centenaire du transfert du Jardin botanique sur sa parcelle actuelle.
BANDE DESSINÉE
La bande dessinée de Pet et Willemin, «le Botaniste, les secrets de
l’edelweiss noir», a reçu un accueil très favorable de la profession
après son passage cet été dans la Tribune de Genève en pleine page
pendant plus d’un mois.
JEU POUR ENFANTS
Un projet de jardin musical et ludique cherche des sponsors ou
des mécènes. Unique en Suisse, il apporterait, proche de la buvette,
un complément magnifique aux jeux pour enfants déjà installés à
cet emplacement. Un dossier est à disposition pour toute entité intéressée.
ENVAHISSEURS!
Notre exposition annuelle sur le thème des organismes envahissants
(végétaux et animaux) dans la région genevoise (Suisse) a accueilli
plus de 30 000 visiteurs cet été dans la serre tempérée des Conservatoire
et Jardin botaniques de la Ville de Genève (CJB).
Les CJB ont également édité, en collaboration avec le Musée du Léman
et les services compétents de l’Etat, un dossier pédagogique fort complet
sur le sujet de l’envahissement. Ce dernier comprend des fiches, un dossiers explicatif et pédagogique, ainsi qu’une documentation sur le sujet.
Renseignement sur le site des CJB: http://www.ville-ge.ch/cjb/.
et achat auprès du Botanic Shop (1 ch. de l’Impératrice).
LIENS UTILES
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N ° 39
Imprimé sur papier écologique sans chlore
Case postale 60 – Chemin de l’Impératrice 1 – CH-1292 Chambésy/Genève – tel. 022/418 51 00 – Fax 022/418 51 01 – www.ville-ge.ch/cjb/
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