la FEUILLE VERTE JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – VILLE DE GENÈVE DÉPARTEMENT DES AFFAIRES CULTURELLES – N° 35 – DÉCEMBRE 2004 sommaire Editorial – Flora alpina Mot du magistrat – Histoires & modernités botaniques Dossier La cryptogamie aux CJB les collections et la recherche BRÈVES ACTUALITÉS Signature de conventions culturelles 4 - 10 Flora alpina La flore des Alpes aux Conservatoire et Jardin botaniques 11 - 16 CJB – Conservation Flore et végétation du daraina (NE de Madagascar) 17 - 19 African plants initiative 20 - 21 La bibliothèque de la Console 1904 – 2004 22 - 23 CJB – Jardin Utilisation de pesticide aux CJB 24 Les sons de la nature 24 Le jardin citoyen de l’école de Collex-Bossy 25 Bande dessinée Le Botaniste: «les secrets de l’edelweiss noir» Deux conventions culturelles avec La Paz (Bolivie) et Joao Pessoa (Paraíba, Brésil) ont été signées en novembre 2004 26 D. Roguet conservateur Animations, activités Programme 2005 27 ans le cadre des actions de la Ville de Genève visant à instaurer un monde plus juste, plus équitable et plus respectueux de l’environnement, les Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève (CJBG) mènent plusieurs projets de coopération insérés dans leur «programme-cadre au Sud», qui valorisent les connaissances traditionnelles liées aux plantes pour améliorer les conditions d’existence des populations locales. Ce type de partenariat qui intègre recherche, éducation environnementale et développement durable tend aussi à consolider les processus démocratiques amorcés dans certains pays du Sud. Il s’insère parfaitement dans le cadre d’un Agenda 21 municipal cohérent, au sein d’une Genève trans et multi-culturelle. le 100e en image 28 - 29 Rétrospective photographique annuelle 30 - 31 Coopération Education environnementale à Adiopodoumé 32 Centre d’éducation environnementale du parc de Hann 33 Etnobotanica Paceña 34 Education Une commission Ecole-Musée: Pourquoi? Pour qui? 35 - 36 Partenaires AAJB Ponges d’une nuit d’été - Voyage au Bouthan 37 PSR Cochons laineux et canards de Poméranie 38 Nouvelles du CRSF 39 Brèves impressum 3 Fig. 1 P. Mugny signant des conventions de travail avec les responsables de l'IBAMA (organisme brésilien de protection et gestion de l'environnement) et de l'Etat du Paraìba (Brésil) Lors d’un voyage officiel avec le Prof. Rodolphe Spichiger (11-21 novembre 2004) et le conservateur responsable scientifiquement de ces projets, Didier Roguet, M. le Conseiller administratif Patrice Mugny a inauguré les «Jardins ethnobotaniques et du commerce équitable de La Paz», acte officiel qui s’est accompagné de la signature d’une convention de coopération culturelle avec M. le maire de La Paz,Roberto Javier Moscoso Balderrama. Cette coopération s’est ensuite étendue vers le Brésil, à Joao Pessoa, où le magistrat a signé une seconde convention culturelle l’Etat de Paraíba, Brésil et l’IBAMA au Brésil. Ces conventions de coopération culturelle et scientifique, au sens large, offrent l’avantage de pouvoir intégrer les programmes de développement durable des CJB, basés sur l’ethnobotanique et l’éducation environnementale, mais aussi tout autre projet d’échange, de formation ou de collaboration culturels (musique, théâtre, cinéma, etc.). Elles ont déjà été signées avec Asuncion (Paraguay), Dakar (Sénégal) et Sao Paulo (Brésil). Un des principes de base de ces accords étant la valorisation de la biodiversité naturelle (nombres d’espèces végétale et animales autochtones dans un territoire donné) et de la diversité culturelle qui leur est attachée (utilisation raisonnée et durable des espèces considérées). 2 - 39 Rédacteur responsable D. Roguet Rédacteurs R. Spichiger; P. Mugny; P. Clerc; M.-J. Price; D. Aeschimann; L. Gautier; L. Nusbaumer; S. Wohlhauser; P. Ranirison; R. Palese; P.-A. Loizeau; P. Perret; S. Dunand-Martin; D. Roguet; C. Châtelain; A. Traoré; L. Collazos-Pacheco; M. Stitelmann; N. Keckeis; D. Thurre; B. Messerli; C. Guerni; D. Gautier; B. Bäumler Photographies B. Renaud; D. Roguet Conception graphique M. Berthod – G. Schilling Impression Imprimerie Nationale, Genève Le journal des Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève paraît une fois l’an. © 2004 Conservatoire et Jardin botaniques, Genève. Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou des illustrations de cette édition est strictement interdite sans accord préalable auprès des CJB. Fig. 2 Les maires, Mugny pour Genève et Moscoso-Balderrama pour La Paz, signant la convention culturelle inter-municipale (15 novembre 2004) R. Spichiger directeur Aboutissement d’une grande tradition de recherche aux Conservatoire et Jardin botaniques: parution de l’ouvrage Flora alpina e grands spécialistes en botanique alpine comme C. Favarger, H. Merxmüller et P. Ozenda relevaient la lacune que représentait l’absence d’une Flore des Alpes. Considérant leur tradition, les données de leurs collections et les compétences de leurs chercheurs, les Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève (CJB) ont jugé possible et légitime de préparer un tel ouvrage. De plus, l’institut a appliqué très tôt les systèmes d’information à la botanique. Forts de ces compétences, les CJB annonçaient en 1990 le Projet pour une Flore des Alpes. C’est le quatrième grand axe thématique de recherches des CJB sur la diversité végétale, à côté de ceux constitués par la Cryptogamie et les recherches méditerranéenne et intertropicale. Il est délicat de mentionner des précurseurs, car il y en a beaucoup et on en oublie toujours. Néanmoins J. Briquet et E. Burnat surgissent naturellement à nos mémoires, tant sont importants leurs travaux et leurs collections pour la recherche sur les Alpes et pour la valorisation de l’herbier de Genève. Plus récemment, A. Charpin, P. Hainard et F. Jacquemoud ont contribué à ancrer la recherche alpienne aux CJB. Le présent travail a été réalisé grâce au réseau de spécialistes que la réputation de D. Aeschimann, K. Lauber, D. M. Moser et J.-P. Theurillat a permis de mettre en place. Dès 1996 paraissait Flora Helvetica, splendide ouvrage illustré de K. Lauber et G. Wagner. Le succès de ce livre a incité les éditions Haupt et les CJBG à mettre en commun leurs moyens et leurs compétences, pour publier cette Flore des Alpes attendue depuis longtemps par de nombreux botanistes. Flora alpina présente les 4500 plantes vasculaires constituant la diversité végétale de l’arc alpin. C’est de la sorte un catalogue synonymique entre les Flores nationales concernées, regroupant les entités biologiques semblables sous le même nom latin. Cela semble évident, mais il faut rappeler que la faiblesse de la classification végétale résulte du manque de standardisation des noms scientifiques, qui peuvent varier selon les conceptions taxonomiques et nomenclaturales. L’originalité du Flora alpina repose dans sa couverture géographique transfrontalière, qui a imposé une standardisation des noms grâce à une approche globale et concertée. Lorsque le lecteur découvre la richesse du patrimoine alpin au fil de cet ouvrage, il doit se rappeler que ce travail est le produit de générations de scientifiques qui ont parcouru les Alpes, récolté et déterminé des plantes, puis confronté leurs déterminations avec les herbiers et les livres. Ces scientifiques étaient formés par nos universités. De tels savoir-faire sont aujourd’hui en voie de disparition car les Hautes Ecoles ne éditorial Flora ALPINA forment bientôt plus de botanistes de terrain, susceptibles d’identifier les espèces. Le laboratoire remplace le terrain, le virtuel se substitue au réel. L’expérience ponctuelle débouchant sur un beau modèle mathématique est beaucoup plus valorisée que la connaissance intuitive globale forgée par des années d’expérience. On parle beaucoup de biodiversité, mais on ne forme plus de professionnels aptes à reconnaître et à mesurer cette diversité, qui ne pourra pas être préservée à long terme si nous en ignorons les composantes. «L’esprit de notre temps», comme le dirait Jung, veut que la biologie végétale place son effort principal et la majorité de ses moyens dans le génie génétique. Néanmoins une forte minorité de chercheurs considèrent que ces créations sont dangereuses pour l’environnement et exigent la stricte application du principe de précaution. L’histoire de l’agriculture montre qu’on peut sélectionner dans la diversité du patrimoine naturel des variétés présentant les mêmes avantages que les OGM, sans les dangers liés à ce genre de manipulations. Cet ouvrage est le catalogue des espèces naturelles de notre belle région alpine. Puisse-t-il transmettre la passion de la botanique de terrain à ses lecteurs et convaincre le futur biologiste que la plante est d’abord un être en soi et non pas seulement un phénomène de laboratoire. Histoires et modernités BOTANIQUES P. Mugny conseiller administratif en charge du Département des affaires culturelles de la Ville de Genève e thème de la commémoration de septembre 2004 me plaît tout particulièrement, en ce sens qu'il nous situe à la croisée des chemins de cette vénérable institution que sont les Conservatoire et Jardin botaniques. L'histoire – ou les histoires –, c'est évidemment la source de découvertes importantes, la transmission de traditions et de savoirs, la constitution d'un patrimoine. Les modernités, quant à elles, sont reflétées par les objectifs actuels des CJB et leur engagement, tant sur le plan local qu'international. Les modernités botaniques permettent de préciser ce que représente réellement un tel musée scientifique, que l'inconscient collectif – relayé par les médias – aurait tendance à considérer comme poussiéreux, vétuste, d'un autre temps. Mais je suis conscient de m'adresser à un lectorat averti et convaincu, puisque ceux qui tiennent en main la «Feuille Verte» associent les Conservatoire et jardin botaniques à une image dynamique et qu'ils suivent avec intérêt son actualité. connaissances et d'enseignements, mais aussi source permanente de bien-être physique, artistique, voire spirituel. Alors qu'ils fêtent le centenaire de leur transfert hors les murs pour la création du Jardin botanique moderne, les CJB jouent plus que jamais un rôle d'expert «vert» au niveau régional et international. Le Département des affaires culturelles se réjouit de la mise en œuvre de synergies autour d'une plate-forme muséale commune liant sciences, ethnographie et social, tout comme de ses ouvertures sur le multiculturalisme et la solidarité internationale. Musée vivant, la fréquentation des CJB n'a jamais été aussi haute que ce printemps et cet été 2004 (sixième musée visité en Suisse, avec plus de 350'000 visiteurs par an, selon les statistiques). Ce succès est dû notamment aux efforts constants de mise en relation des divers publics (grand public, scolaire, professionnel) avec un monde végétal rendu actif, source de Les CJB, comme musée vivant de la cité, véhiculent une image très positive d'une Genève scientifique par tradition, multiculturelle par essence et interactive par passion. Leur situation privilégiée au centre des organisations internationales est un atout non négligeable. Mais, ce qui fait leur réputation, c'est essentiellement un centre de documentation et de savoir botaniques presque inégalé: fait notoire, ils conservent le cinquième plus grand herbier au monde! Le Jardin botanique s'affirme comme une source globale d'expériences et de connaissances. Par son refus de la plante «objet» pour une plante «utile», omniprésente et universelle, il s'inscrit dans un mode de travail interactif, à l'écoute des préoccupations de la cité, par la diffusion des savoirs botanique et ethnobotanique. Sa responsabilité est lourde: détenteur d'une tradition séculaire, il est au service de la connaissance, de la protection et de la conservation d'un environnement à la diversité maximale, qu'elle soit naturelle ou culturelle. En dernier lieu, il convient encore de souligner les singularités des CJB dans le monde muséal, grâce à ses expériences sociopédagogiques et ses procédés novateurs de communication. D'intéressantes solutions muséographiques de plein air ont été réalisées: activités pédagogiques, Ateliers verts, Espace famille, Jardin des senteurs et du toucher, Brunchs tropicaux, etc. Longue vie donc à ce centenaire plus alerte et moderne que jamais, longue vie à sa tradition scientifique de pointe jamais démentie, longue vie à son enseignement et à ses qualité pédagogiques, longue vie enfin à sa démarche transculturelle inscrite dans la politique de la cité. Et, surtout, merci à tous les acteurs de sa promotion et de son succès. LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N° 3 LA CRYPTOGAMIE AUX CJB Les collections et la recherche P. Clerc & M.–J. Price conservateurs 1. QU’EST-CE QU’UN CRYPTOGAME? Ce nom «cryptogame» issu du jargon scientifique, du grec Kryptós = caché et gámos = mariage ou fécondation, donne l’idée d’une vie sexuelle cachée, secrète. Ainsi, par opposition aux plantes à fleurs qui exposent, parfois de manière bien insolente et sans gêne aucune, leurs organes sexuels, les cryptogames, eux, sont plus discrets, ils ne produisent pas de fleurs. Ce qui ne veut bien entendu pas dire qu’ils n’ont pas de vie sexuelle, bien au contraire, mais qu’ils sont moins ostentatoires: ce sont les algues, les champignons (encadré 1), les lichens (encadré 2), les bryophytes (encadré 3) et les fougères (encadré 4). Des organismes très divers On est loin du temps où le monde vivant était divisé entre le règne végétal et le règne animal. Aujourd’hui, et en partie grâce à la biologie moléculaire, la connaissance des divers organismes vivants et de leur classification à beaucoup progressé et le nombre de règnes a littéralement explosé. Ainsi, de nos jours, les organismes réunis sous le nom de «cryptogames» se répartissent dans au moins 5 grands règnes. Les «algues» ont éclaté dans 3 règnes différents dont celui des «plantes vertes». Tout ce qui est champignons au sens strict (y compris les lichens) forment depuis un demi-siècle un règne propre. Les bryophytes ainsi que les fougères font partie du règne des «plantes vertes». Les myxomycètes (encadré 5), longtemps considérés comme faisant partie des champignons n’ont, en fait, rien à voir avec ces derniers et font maintenant partie des mycétozoaires, un groupe d’amibes. Mariette Beroud Fig. 1 Bâtiment «La Console» aux CJB – Photo: B. Renaud 2.LA CONSOLE ET SES CRYPTOGAMISTES LES CRYPTOGAMISTES Nous avons, en cryptogamie, la chance extraordinaire de pouvoir travailler dans ce splendide bâtiment appelé la Console (fig. 1) dont John Briquet (1870-1931) a été incontestablement l’âme spirituelle et scientifique. Elève de Müller, Thury et Alphonse de Candolle, nommé en 1890 sous-conservateur de l’herbier Delessert (ancien nom du Conservatoire botanique de Genève) et travaillant sous la direction de Jean Müller, J. Briquet se lie d’amitié avec le botaniste vaudois Emile Burnat dont il sera le collaborateur pendant de longues années. A la mort de J. Müller, en 1896, Briquet est nommé conservateur de l’herbier Delessert situé alors aux Bastions dans un bâtiment exigu ne permettant pas une conservation optimale des échantillons botaniques. La première action de Briquet sera de trouver un local convenable pour y conserver les richesses botaniques genevoises. Cette démarche aboutira à la construction de la Console qui sera inaugurée le 26 septembre 1904. Philippe Clerc Jeannette Lugeon Mariette Beroud Employée d’herbier (50%) – Gestion de collections (catalogues de types, etc.), intercalations et retours de prêts, préparation et montage, bases de données des collections. «Les lichens n’abîment pas les arbres; ils ne sont pas des parasites. N’arrachez pas les lichens! Ils sont autosuffisants, représentent une grande richesse et poussent bien sur les vieux arbres. Leur beauté est en quelque sorte cachée ; observez-les sous la loupe et vous serez fascinés!» J’aime me promener dans la nature et tout particulièrement en haute montagne. Philippe Clerc Conservateur principal de la cryptogamie – Responsable des collections de champignons (lichens et champignons non lichénisés), de myxomycètes et d’algues. «J’apprécie la variété de mon travail. Le lichen est l’organisme symbolique de la symbiose, une des forces essentielles qui ont permis l’évo- Jocelyne Perrenoud lution de la vie sur Terre. C’est un organisme beau et passionnant! Une de mes passions est le vélo avec lequel je viens chaque jour aux CJB depuis Onex» Jeannette Lugeon Préparatrice (100%) - Intercalations et retours de prêts, préparation et montage, bases de données des collections. «J’aime être en mouvement. La contemplation des beautés de la nature me permet de me ressourcer. D’ailleurs, j’aime regarder le paysage du lac et des montagnes, chaque jour différent. Ma passion c’est la peinture à l’huile!» Jocelyne Perrenoud Préparatrice (50%) – Gestion informatique des prêts en cryptogamie «Les plantes sont belles et intéressantes! Savoir que je contribue, un tant soit peu, à préserver la biodiversité par le biais de mon activité professionnelle, est une grande source de motivation! La lecture et le cinéma font partie de mes hobbies». Michelle Price Photos: B. Renaud PAGE N° 4 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES cryptogamie 1. Les champignons Les champignons forment un règne particulier dans le monde du vivant, plus proche des animaux que des plantes. Ils n'ont pas de chlorophylle (ils ne peuvent donc pas produire eux-mêmes leur nourriture, au contraire des plantes vertes) et sont formés de cellules particulières, allongées et tubulaires appelées hyphes dont la paroi cellulaire contient de la chitine. L'ensemble des hyphes forme ce que l'on appelle un mycélium. D'autre part, ils absorbent la nourriture à travers toute la surface de leur «corps». Les principaux groupes de champignons sont les Ascomycètes et les Basidiomycètes. Il y a environ 70 000 espèces de champignons dans le monde. Michelle Price Conservatrice en bryologie (100 %) – Responsable des collections de bryophytes, de fougères au sens large et de pinophytes (cônifères). «C’est en tant qu’écologiste de terrain que j’ai découvert l’importance de la taxonomie et de la systématique dans les domaines de l’écologie et de la biologie. Il est très important de pouvoir identifier précisément les espèces que l’on étudie, ainsi que leurs relations évolutives. Dans mon temps libre je pratique la gravure et j’adore me promener en montagne». son 100e anniversaire. Mycologie a) Lichens (ascomycètes lichénisés) (fig. 3 et 4) La colonne vertébrale de l’herbier des lichens est constituée par la collection Müller-Argoviensis (1828-1896), herbier constitué de plusieurs centaines d’échantillons types, principalement des espèces tropicales, par la collection E. Frey (1888-1974), lichénolgue bernois, l’une des toutes grandes collections de lichens européennes (plus de 40 000 spécimens), d’une valeur inestimable pour toute b) Ascomycètes (encadré 6) non lichénisés La collection générale contient plus de 120 000 spécimens dont ceux de la collection Fuckel (1821-1876), la plus connue en ce qui concerne ces organismes et très riche en spécimens type (encadré 10). En outre, les herbiers cryptogamiques ont grandement bénéficié du travail et des compétences de nombreux collaborateurs et collaboratrices temporaires envoyés par l’Office cantonal de l’emploi: Mesdames Françoise Bocquet, Carole Conconi, Kadidja Diallo, Maryse Di Giacomo, Micheline Di-Stasi, Katia Gehrig, Michèle Gendre, Jennifer Larcinal, Mélanie Michel, Teresa Perez, Larissa Voltchkoff, Bernadette Zosso, Messieurs Eric Huguet et Fernand Studer. c) Basidiomycètes (encadré 7) L’herbier des Basidiomycètes aux CJB est une référence mondiale en raison de la présence des collections de Jules Favre (1882-1959), de Robert Kühner (1903-1996) et de Marcel Josserand (1900-1992) qui sont maintenues séparées de la collection générale. D’autres collections comme celles de J. Berthier (Cyphellaceae), C. Poluzzi, M. Ruchet, O. Monthoux & O. Röllin (les champignons xériques du bassin genevois) ainsi que la collection d’A. Bolay (Erysiphales, Uredinales, Ustilaginales) sont la marque de l’importance de cet herbier à Genève. 3. LES HERBIERS CRYPTOGAMIQUES À LA CONSOLE La Console contient des herbiers d’algues, de champignons, de lichens, de bryophytes et de fougères de grande valeur scientifique. Plus d’un million de spécimens de ces cryptogames récoltés dans le monde entier sont conservés pour la postérité dans les armoires (fig. 2) de ce vénérable bâtiment qui vient de fêter personne désirant étudier la flore lichénique d’Europe centrale ou des Alpes. et la collection «Liste Rouge des lichens épiphytes et terricoles de Suisse» (1989-2000), dont les quelques 15 000 échantillons représentent un «instantané» actuel de la mycoflore suisse des lichens épiphytes et terricoles. D’autres collections particulières comme celles de Fée et de Duby, celles de P. Ozenda (lichens du Népal) et de F. Page sont plus petites, mais également importantes, Fig. 2 Une armoire d'herbier à la Console Photo: B. Renaud Algologie Si cet herbier contient plus de 20 000 spécimens de tous les groupes d’algues, c’est principalement la splendide collection de diatomées (encadré 8) mise sur pied par Jacques-Joseph Brun (1926-1908) qui retient l’attention. Cette collection a été acquise par la ville de Genève en 1899 et comprend quelques 7000 espèces et variétés montés en environ 5000 préparations microscopiques. Bryologie L’herbier cryptogamique des Conservatoire et Jardin botaniques contient environ 313 100 échantillons de bryophytes dont 1500 anthocérotes, 104 000 hépatiques et 207 600 mousses. Il comprend des collections d’importance internationale comme celle de Hedwig-Schwägrichen (1730-1853) 2000-4000 spécimens dont les types des espèces décrites dans le Species Muscorum Frondosorum. Cet ouvrage à été désigné par les bryologues comme le point de départ des noms de mousses (l’équivalent du Species Plantarum de Linné pour les plantes à fleurs) donnant ainsi à la collection une importance internationale. La collection de Stephani (1842-1927), un herbier d’importance mondiale avec de très nombreux types d’hépatiques, contient environ 11 000 échantillons. L’herbier comprend d’autre part des collections d’importance locale comme celles des cryptogamistes genevois Auguste Guinet, Martin et Henri Bernet. D’autres collections sont d’importance nationale et internationale comme les récoltes de mousses du Paraguay de Benjamin Balansa et de Patricia Geissler, spécialiste des hépatiques. 4. LA RECHERCHE EN CRYPTOGAMIE AUX CJB Projets de recherche sur les lichens 1. Le catalogue des lichens de Suisse LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N° 5 Fig. 3 Un lichen - Rhizoplaca chrysoleuca Photo: E. Timdal 2. Les lichens Le lichen est un champignon qui a adopté une stratégie de nutrition particulière: il se nourrit grâce à une population d'algues microscopiques généralement unicellulaires avec lesquelles il vit en symbiose. On peut comparer le champignon à une maison qui abrite l'algue (le locataire), cette dernière payant son loyer sous forme de sucres (nourriture (P. Clerc) (fig. 5) Il s’agit d’un genre d’annuaire téléphonique comprenant par ordre alphabétique la liste de toutes les espèces de lichens habitant la Suisse, avec leur adresse, c’est-à-dire les cantons ou les régions naturelles (Jura, Plateau, Alpes) où elles ont été trouvées, l’étage auquel elles vivent, c’est-à-dire l’altitude, et leur mode de vie, à savoir si elles poussent sur les écorces, la roche ou le sol. De tels botins de téléphone permettent d’évaluer la richesse en espèces des différentes régions de la Suisse et de susciter la découverte de nouvelles trouvailles. Ils sont également la base nécessaire à l’élaboration d’un catalogue plus complexe celui-là: la flore, qui comprend la description de toutes les espèces, des illustrations, des cartes de répartition et surtout des clefs pour le champignon) qu'elle produit grâce à l'énergie du soleil, l'eau et le gaz carbonique de l'air (photosynthèse). Les lichens sont principalement des Ascomycètes. On en connaît près de 15 000 espèces dans le monde. de détermination. 2. L’étude de la systématique (encadré 9) du genre Usnea (P. Clerc) Les lichens à barbe jaune verdâtre (fig. 4) qui pendent aux branches de nos forêts de montagne sont encore mal connus. Ces lichens appartiennent pour la plupart au genre Usnea que l’on identifie facilement en prenant une branche et en tirant simultanément aux deux extrémités : on voit alors apparaître un cordon central blanc et élastique. Fig. 4 Des usnées – Photo: E. Timdal Par contre, il est difficile d’identifier les quelques 400 espèces de ce genre que l’on rencontre sur les cinq continents de notre planète. Un certain nombre de projets sont en route en cryptogamie aux CJB pour étudier la systématique de ce groupe de lichens, dont: a) Flore du désert de la Sonora (Etats-Unis, Mexique) Dans le cadre du projet de flore des lichens de la région du désert de la Sonora mis sur pied par l’Arizona State University, les Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève étudient la taxonomie et la diversité du genre Usnea. b) Les espèces du genre Usnea dans l’est des Etats-Unis De très nombreuses récoltes effectuées en Caroline du Nord (principalement dans la région des Appalaches) et en Floride sont actuellement analysées et identifiées dans le but de faire un catalogue de toutes les espèces existantes dans ces régions et surtout de mettre à disposition des biologistes de terrain et PAGE N° 6 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES cryptogamie 3. Les bryophytes Dans le langage courant, le terme «mousse» au sens large est utilisé pour désigner tous les organismes de l'embranchement des plantes vertes appelé bryophytes. Ceuxci comprennent trois groupes de plantes différents: les anthocérotes (150 espèces) (fig. 6), les hépatiques (environ 5 000 espèces) (fig. 7) et les mousses au sens strict (environ 13 000 espèces) (fig. 8). Ces plantes n'ont pas de vraies racines, mais s'attachent au substrat par des structures appelées des écologistes une clé d’identification. 3. Les lichens lignicoles (poussant sur le bois mort) de la forêt de Montricher (VD) La forêt de Montricher dans le Jura vaudois est le site d’un projet-pilote de gestion écologique des forêts et de protection des espèces en danger (projet MAVA). Les lichens, connus pour être d’excellents indicateurs de la pollution de l’air et de continuité forestière, se développent particulièrement bien sur le bois mort. Le but de cette étude est de comparer la mycoflore lichénique du bois mort de deux parcelles différentes contenant l’une une hêtraie à sapins, et l’autre une hêtraie à seslérie principalement. Ce travail est effectué par Maria Cristina Mola dans le cadre d’un travail de diplôme du cycle postgrade en environnement à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne en collaboration avec les CJB (P. Clerc). et Jan Krause pour les espèces du genre Lepraria. 5. La Liste Rouge des lichens terricoles de Suisse (fig. 5) La Liste Rouge 2002 des lichens épiphytes (poussant sur les arbres) et terricoles (poussant sur le sol) menacés en Suisse comprend la liste de toutes les espèces évaluées ainsi que les catégories de menace dans lesquelles elles ont été classées suivant les critères de l’UICN. 4. Les espèces du genre Lepraria ainsi que les lichens muscicoles – détriticoles (vivant sur les mousses et les débris de plantes) de Suisse (P.Clerc) Les relevés de lichens effectués dans toute la Suisse dans le cadre du projet de Liste Rouge des lichens terricoles (300 relevés de 1 km2 stratifiés en fonction du type de paysage végétal) n’ont pas encore tous été analysés à 100%. Elle représente la première liste officielle pour ces organismes. Elle a été effectuée en collaboration avec l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (OFEF) (financement du projet), l’Institut fédéral de recherches WSL à Birmensdorf (ZH) (lichens épiphytes) et les CJB (P. Clerc & M. Vust, lichens terricoles). Les espèces du genre Lepraria - espèces formant une croûte «lépreuse-poussièreuse» peu différenciée morphologiquement, mais riche en différentes substances lichéniques - ainsi que les minuscules espèces crustacées vivant sur les mousses ou les débris de plantes sont actuellement étudiées par deux étudiants de l’Université de Genève dans le cadre du cours de «Consultation d’herbier», Hélène Beauchamp pour les espèces muscicoles 6. Les cryptogames du Moulin-de-Vert (Cartigny/GE) – Approches floristique et pédologique (F. Ciaramelli) Etude des champignons lichénisés et nonlichénisés, et des bryophytes terricoles du Pré-nord, zone xérotherme et ancien méandre du Rhône. Travail de diplôme à la Faculté des sciences de l’Université de Genève. Projets de recherches sur les champignons non-lichénisés Adrien Bolay, collaborateur scientifique, termine actuellement son travail sur une monographie des Erysiphacées (les Oïdiums) de Suisse, ascomycètes parasites des plantes à fleurs. Cette étude sera publiée prochainement dans Cryptogamica Helvetica. El-Hacène Seraoui, ancien collaborateur scientifique à la retraite, s’occupe de mettre à jour la nomenclature de l’herbier des myxomycètes et étudie ces organismes au sein du Jardin botanique. Projets de recherche sur les bryophytes Les recherches bryologiques menées aux CJB consistent, entre autre, à étudier les flores et travailler sur des inventaires locaux, à étudier la systématique et la phylogénie des mousses, à cultiver des spécimens in vitro ainsi qu’à étudier la biologie et l’écologie des bryophytes. 1. Inventaire des hépatiques et des mousses de Genève (M. J. Price, Ariane Cailliau et Laurent Burgisser) Un inventaire est une liste d’espèces de plantes répertoriées dans une région donnée. Elle reprend les données bibliographiques et les spécimens d’herbier récoltés dans la région spécifiée. Notre projet d’inventaire des bryophytes de Genève a commencé en 2004 en collaboration avec le DIAE-SFPNP. Ariane Cailliau travaille sur les hépatiques et Laurent Burgisser sur les mousses. Toutes les infor- 4. Les fougères Le terme «fougères» au sens large est aujourd'hui utilisé pour cinq lignées de plantes vertes: les fougères au sens strict (environ 9000 espèces), les prêles (15 espèces), les lycopodes (environ 400 espèces), les isoètes (environ 150 espèces) et les sélaginelles (environ 700 espèces). LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N° 7 5. Les myxomycètes Les myxomycètes sont des amibes qui ont une phase «fixée», une fructification érigée: le sporophore, ressemblant à un petit champignon et libérant des spores. Ils vivent dans les endroits humides, sur le vieux bois et autres matériaux organiques en décomposition. Ils absorbent par phagocytose des bactéries ou des particules en décomposition. La reproduction et par conséquent l'apparition des sporophores a lieu lorsque le milieu devient défavorable. Il en existe environ 800 espèces de par le monde. mations concernant le projet seront disponibles sur le site Web des CJB. Collaborateurs du projet: Département de l’intérieur, de l’agriculture, et de l’environnement (DIAE), section Service des forêts, de la protection de la nature et du paysage (SFPNP) – Bertrand von Arx (SFPNP) – Raoul Palese, Nicolas Wyler, Beat Bäumler, David Aeschimann et Catherine Lambelet (CJB). 2. Index Hepaticarum (M. J. Price & Anne Streiff) Les noms scientifiques corrects des espèces sont essentiels en biologie. Ils permettent, entre autre, aux chercheurs de communiquer entre eux et il est important qu’ils soient mis à leur disposition. Le projet Index Hepaticarum, une liste de tous les noms d’hépatiques (fig. 7) publiés, a commencé aux CJB sous la direction de Charles Bonner (1915-1976). Son travail s’est basé essentiellement sur la grande collection d’hépatiques de Franz Stephani déposée à Genève. Actuellement, nous travaillons à compléter les derniers volumes de la seconde édition (A-Jubula), à publier les séries complètes et à les rendre disponibles dans une base de 6. Les ascomycètes Les ascomycètes sont caractérisés par la production de cellules spécialisées, les asques, à l'intérieur desquelles se forment les ascospores issues de la reproduction sexuée destinées à la reproduction du champignon. Ces asques sont situées dans un tissu fertile généralement exposé à l'intérieur ou à la surface des fructifications (périthèces, apothécies). données en ligne sur le site Web des CJB. La base de données de l’Index Hepaticarum contient maintenant plus de 30’000 noms d’hépatiques. L’Index Hepaticarum est aujourd’hui un ouvrage indispensable aux bryologues du monde entier. 3. La culture in vitro de bryophytes (M.J. Price & S. Dunand-Martin) Les bryophytes se cultivent facilement dans des conditions artificielles (in vitro) sur un sol ou du sable stérilisés, ou sur un milieu nutritif spécialement préparé. La culture in vitro sert à l’étude du développement, de la biologie de reproduction, de la physiologie et de l’écologie des espèces. Elle peut aussi être utilisée dans les programmes de conservation d’espèces rares ainsi que pour la découverte de nouveaux caractères utiles à la systématique. Actuellement aux CJB nous cultivons, entre autre, des espèces de mousses nouvelles pour le canton de Genève (Cryphaea, Dicranoweisia, Leucobryum), quatre espèces du genre Dicranum pour étudier la biologie de leur reproduction, ainsi que le genre tropical Holomitrium pour l’étude systématique du genre. 4. Catalogue de types d’HedwigSchwägrichen (M. J. Price) Un catalogue de types est une liste du matériel représentant le type d’une espèce (encadré 10) à partir d’une collection donnée. Le livre Species Muscorum Frondosorum de Johannes Hedwig publié en 1801, contenait les descriptions de 372 espèces de mousses venant essentiellement d’Europe et d’Amérique du Nord. cimens d’herbier et des images de planches d’herbier. Ce catalogue sera bientôt publié dans Boissiera et est actuellement disponible sur le site des CJB (http://www.cjb.unige.ch/ - rubrique «base de données»). 5. La systématique des Dicranaceae Les Dicranaceae sont une grande famille de mousses (environ 1000 espèces) répartie dans le monde entier. Les relations systématiques au sein de cette famille ne sont pas encore très bien comprises. Un des genres révisé est celui de la mousse tropicale, Holomitrium (fig. 8). Ce genre vit sur les arbres des forêts montagnardes. Il comporte environ 30 espèces dont 15 habitent les régions néotropicales et 15 les régions paléotropicales. Un autre genre d’intérêt est Dicranum. Parmi les Dicranaceae c’est le plus grand genre connu dans l’hémisphère nord. On trouve 19 espèces en Suisse qui n’ont jamais été étudiées en détail. Un projet de révision du genre en Suisse, incluant la préparation d’illustrations et de clefs d’identification, a démarré aux CJB. 6. La systématique et la phylogénie du genre Grimmia (E. Maier, A. Streiff, M.J. Price) Le genre Grimmia est le centre d’intérêt d’un groupe de recherche aux CJB, étudiant Fig. 5 sa morphologie, son anatomie et sa taxonomie (E. Maier, collaboratrice scientifique) ainsi que sa phylogénie (A. Streiff de l’Université de Lausanne) en utilisant des caractères moléculaires et morphologiques. 5. PERSPECTIVES Les collections En ce qui concerne les collection mycologiques, l’intégration des collections Page et Ozenda dans la collection générale sera l’objet principal de notre attention ces prochaines années. La digitalisation et la publication du catalogue des types de l’herbier Kühner est également prévue. Pour les collection de bryophytes, le projet de digitalisation des collection de Schwägrichen continuera jusqu’en 2005. Un projet à plus long terme sera la digitalisation des collections de Franz Stephani et la mise à disposition de l’information sur le site web des CJB, ceci en parallèle avec le projet de l’Index Hepaticarum. A moyen terme et une fois que la Console sera rénovée, une réorganisation spatiale des collections sera mise en oeuvre. L’utilisation des codes-barres pour l’informatisation des collections va se généraliser parallèlement aux prêts. La recherche Depuis 1969, date de l’arrivée du nouveau conservateur en mycologie, aucun poste La Liste Rouge des lichens épiphytique et terricoles de Suisse Le catalogue des lichens de Suisse –Photos: P. Clerc Un catalogue de la collection d’Hedwig a été compilé avec une base de données des spé- Les morilles, les truffes et les pézizes sont les ascomycètes les plus connus du grand public. Il y a environ 33 000 espèces d'ascomycètes dans le monde. PAGE N° 8 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES cryptogamie 7. Les basidiomycètes Les basidiomycètes sont caractérisés par la production de basides, cellules spécialisées à la surface desquelles se forment les basidiospores issues de la reproduction sexuée destinées à la reproduction du champignon. Ces basides sont situées à la surface des lamelles du chapeau. Ce sont les champignons que nous connaissons bien et dont certains sont si délicieux qu'ils trouvent une place de choix dans notre assiette (chanterelles, bolets, champignons de Paris, etc.). Il y a environ 20 000 espèces de basidiomycètes dans le monde. Fig. 6 Fig. 7 Une anthocérote (Anthoceros agrestris Paton en culture aux CJB) – Photo: M. J. Price Une hépatique à thalle (Riccia glauca L. poussant le long d’un sentier dans un bois) – Photo: M. J. Price 8. Les diatomées Algues unicellulaires microscopiques pourvues d'une enveloppe siliceuse se composant de deux valves emboîtées. Elles sont très répandues aussi bien dans les eaux douces, saumâtres que salées. Elles sont les organismes quantativement dominants du phytoplancton des mers froides ou tempérées, dans lesquelles certaines atteignent une taille de 0,2 mm et un nombre de 3 à 15 millions par litre d'eau. LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N° 9 9. La systématique ou la taxonomie Ces deux termes, qui sont souvent employés pour dire la même chose, signifient l'étude scientifique et la description des organismes vivants, ainsi que des relations de parenté existant entre eux (phylogénie). Cette science comprend, entre autres, la classification, les processus d'identification, la nomenclature (les règles pour donner un nom scientifique à un organisme), la genèse de monographies et de flores, l'étude de la distribution des organismes (chorologie), etc. scientifique n’a plus été ouvert en cryptogamie aux CJB. Depuis 35 ans, le fonctionnement de toute la cryptogamie au niveau scientifique est assuré par seulement deux conservateurs. La création en 2005 d’un nouveau poste d’assistant scientifique (50%) rattaché au poste de conservateur en mycologie va ouvrir dans différents domaines comme la taxonomie et la systématique, la phylogénie, la floristique, la culture in vitro et la biologie de la reproduction. La revision taxonomique des espèces tropicales de la famille des Dicranaceae et ses alliés à l’intérieur des Dicranales sera le centre des efforts de recherche. Ce dernier est en lien avec l’intérêt actuel de M. J. Price pour la flore bryophytique des zones Fig. 8 Une mousse tropicale Holomitrium (Holomitrium moritzianum) au Vénézuéla – Photo: M. J. Price de nouvelles perspectives. Les temps sont mûrs aujourd’hui pour s’atteler à une tâche considérable: la mise en route d’une flore des lichens de la Suisse. Toutes les conditions sont réunies aux CJB pour le bon déroulement de ce projet: de nouvelles forces scientifiques, l’herbier E. Frey et tous les spécimens récoltés récemment dans le cadre des relevés pour la Liste Rouge des lichens épiphytes et terricoles de Suisse, des outils informatiques modernes et performants et enfin une bibliothèque d’une richesse extraordinaire. En ce qui concerne la taxonomie des usnées, le prochain grand projet sera la réalisation d’un monographie pour Flora Neotropica, suite logique des travaux effectuées en Amérique du Nord. Pour ce qui est de la recherche en bryologie, l’un des buts à long terme est le développement continu d’un programme de recherche tropicales d’Amérique du Sud, plus spécifiquement celle des hautes montagnes dans les Andes. Un autre aspect de la recherche à long terme sera consacré au développement d’une flore des mousses du Paraguay. Remerciements Merci à Bernard Renaud pour les photos des figures 1, 2 et 3. Bernard a réalisé les portraits des cryptogamistes d’aujourd’hui et Magali Stitelmann les a interviewés, un grand merci à tous les deux. Enfin, merci à Ariane Cailliau et Laurent Burgisser pour la traduction française du texte de Michelle. 10. Spécimens type Un spécimen type est le matériel d'origine utilisé pour décrire une nouvelle espèce et mentionné dans la description originale de l'espèce (protologue). Les types sont les échantillons «porte-noms» liés à jamais au nom de la nouvelle espèce. Ils doivent être désignés en tant que tels et conservés dans des institutions reconnues. Ils sont importants, non seulement dans le cadre des études de systématique et de phylogénie, mais aussi pour leur intérêt historique. PAGE N° 10 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES La Flore DES ALPES aux Conservatoire et Jardin botaniques Attendu depuis les années 50, le premier atlas complet des 4500 plantes vasculaires de l’ensemble de l’arc alpin est paru en juin 2004! Flora alpina est le fruit majeur du «Projet pour une Flore des Alpes» des Conservatoire et Jardin botaniques (CJB), initié en 1990 D. Aeschimann conservateur e Nice à Vienne, sur 170 000 km2, l’arc alpin s’inscrit au coeur de l’Europe comme l’une des régions naturelles où la biodiversité est la plus élevée. Dans un carré de 100 km de côté, les Alpes recèlent notamment 2000 à 3000 espèces de plantes vasculaires (fougères, conifères et plantes à fleurs). Une telle profusion d’espèces a fasciné les botanistes depuis longtemps. Mais c’est au 19e siècle que l’exploration floristique intensive des Alpes prend son plein essor. La nature alpestre est alors l’objet d’un engouement sans précédent, suite à la conquête des plus hauts sommets des Alpes par des alpinistes érudits, dont H. B. de Saussure (1740-1799). Fig. 1 Aux alentours de 1900, Emile Burnat (à gauche) en expédition dans les Alpes-Maritimes (Col de Crous, Vallon de Roya - Mercantour) Fig. 2 John Briquet à la Cime de Pal (2810 m, Alpes-Maritimes), fin juillet 1902 Fig. 3 De retour au campement, Emile Burnat dispose ses récoltes dans les presses de terrain A l’aube du 20 e siècle, au moment où les CJB s’installent sur leurs terrains actuels, deux précurseurs se passionnent pour la flore des Alpes: Emile Burnat et John Briquet Il y a 100 ans, le thème de la flore des Alpes intéresse déjà les CJB. Le Directeur de l’époque, John Briquet (18701931), bien connu pour ses travaux sur la flore de Corse, accompagne son ami Emile Burnat (1828-1920) dans les Alpes-Maritimes (voir SPICHIGER, 2004). Il participe aux travaux sur la flore de cette région et publie également d’originales réflexions sur l’histoire de la flore alpine (BRIQUET, 1900, 1906, 1907). Mais il se consacre aussi à rassembler d’innombrables matériaux pour les Flores des Alpes lémaniennes et du Jura méridional. Une mort prématurée ne lui permettra pas de concrétiser ces deux derniers projets. Emile Burnat conduit de nombreuses expéditions pour explorer et décrire la très riche flore des Alpes-Maritimes, dont il dresse un inventaire (BURNAT, 1892-1931). Ses 220 000 échantillons d’herbier ont été donnés aux CJB. Fig. 4 Les 3 volumes de l'atlas complet des plantes vasculaires des Alpes: Flora alpina Par leurs publications et leurs collections d’herbier, Emile Burnat et John Briquet placent la floristique alpienne parmi les priorités des CJB. LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N° 11 Fig. 6 David Aeschimann (à dr.) et Jean-Paul Theurillat lèvent un voile sur un ouvrage fort attendu: Flora alpina, le 16 juin 2004 aux CJB (Photo: B. Renaud) Fig. 7 Chaque volume de Flora alpina contient un garde-page, avec les légendes des abréviations utilisées dans les fiches spécifiques Fig. 8 Une page de fiches spécifiques du second volume de Flora alpina (p. 904, famille des Poacées). Chaque fiche comporte les rubriques suivantes: numéro d'ordre (à 3 ou 4 positions), famille, nom latin accepté et son éventuel basionyme (totalement référencés), synonyme(s) et/ou nom(s) correspondant(s) des 16 Flores de base, noms communs (allemand, français, italien, slovène, anglais), longévité (annuel, vivace, etc.), forme(s) biologique(s), indications de dimensions (hauteur et organes reproducteurs), mois de floraison (phénologie), carte de distribution en présence/absence dans les 55 subdivisions administratives de l'arc alpin et les 10 principales chaînes du «système alpin», distribution mondiale, statut de l'espèce (endémique ou xénophyte), milieux (codification décimale), phytosociologie (de la sous-alliance à la classe), substrat préféré, valeurs indicatrices du sol (humidité, niveau trophique et acidité), distribution altitudinale PAGE N° 12 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES Flora alpina En août 1950, la Société botanique de France rêve d’une Flore des Alpes… En marge du Congrès international de Botanique de Stockholm, la Société botanique de France organise du 6 au 25 août 1950 une excursion botanique à travers l’arc alpin. Les participants rêvent d’une Flore des Alpes et soulignent le manque d’un ouvrage faisant la synthèse des connaissances sur la flore des Alpes, comme le relève CHOUARD (1951: 5-7) selon qui «la connaissance botanique des Alpes est éparpillée dans une multitude de travaux, sans [...] vue d’ensemble [...] il faut d’abord une connaissance très complète de la flore: diagnostics sûrs et précis des espèces et des formes, dénominations rigoureuses [...] manque pourtant une grande flore des Alpes entières, avec des cartes en suffisance [...] la répartition géographique [...] n’est que trop rarement traduite en cartes [...]». Ultérieurement, plusieurs spécialistes en la matière comme C. Favarger, H. Merxmüller et P. Ozenda relèvent le manque d’une Flore générale de la chaîne alpine. Cette lacune dans la littérature floristique méritait d’être comblée... 1990: d’une ancienne idée, le «Projet pour une Flore des Alpes» des CJB place la floristique alpienne dans de nouvelles perspectives! Désirant combler cette lacune, les CJB annoncent le «Projet pour une Flore des Alpes» en 1990 au Congrès international d’Ecologie et de Biogéographie alpines (AESCHIMANN & al., 1997). L’évènement est aussi relaté dans La Feuille Verte (AESCHIMANN, 1991). Sur le thème «Recherche alpine au passé, au présent et à l’avenir», l’Académie suisse des sciences naturelles tient sa 171e Assemblée annuelle en 1991 à Coire et c’est lors du colloque du 9 octobre 1991 que les orientations générales du «Projet pour une Flore des Alpes» sont discutées. Les données de la Flore de la Suisse (AESCHIMANN & BURDET, 1994) constituent le noyau de ce nouveau projet. Le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS) soutien le projet de 1992 à 1996 et dès 1991, l’Association des Amis du Jardin botanique (AAJB) alloue pour quelques années sa bourse de recherches au «Projet pour une Flore des Alpes». Fig. 9 Une page de photographies du premier volume de Flora alpina (p. 643, nos 60.1.20-23). Avec la primevère de la Grigna, Primula grignensis D. M. Moser ; la primevère du Mont Alben, P. albenensis Banfi & Ferl. ; la primevère de Recoaro, P. recubariensis Prosser & Scortegagna ; la primevère du Piémont, P. pedemontana Gaudin. Flora alpina recèle près de 6000 photographies en couleurs Dès 1992, un volet spécifique pour le projet est développé dans le Système d’Information Botanique des CJB (SIB, base de données relationnelle). LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N ° 13 Fig. 10 Au cœur de l'Europe, le territoire considéré par Flora alpina s'étend de Nice à Vienne sur 175'000 km2 Le «Projet pour une Flore des Alpes» rebondit en 98 En 1996 paraît Flora Helvetica, le magnifique ouvrage illustré de K. Lauber () et G. Wagner. Le succès de ce livre incite les éditions Haupt (Berne) et les CJB à mettre en commun leurs moyens et leurs compétences pour publier une Flore des Alpes totalement illustrée de photographies en couleurs. C’est à fin 1998 que les éditions Haupt, les CJB et les auteurs décident la préparation d’un atlas complet des 4500 plantes vasculaires des Alpes, Flora alpina, qui finalement paraît le 16 juin 2004. Le rêve devient réalité... Fig. 11 La bibliothèque des CJB, principale source de données du «Projet pour une Flore des Alpes» (Photo: D. Aeschimann) Le susmentionné coordonne la préparation de l’ouvrage et se charge des rubriques nomenclaturale et chorologique, ainsi que des données sur la longévité et les formes biologiques. Konrad Lauber () est l’auteur de 95% des photographies. Daniel Martin Moser (collaborateur au CRSF) rassemble les données phénologiques, ainsi que celles relatives aux dimensions des plantes. Jean-Paul Theurillat est l’auteur de la partie éco-phytosociologique et durant les dernières années de travail, il bénéficie de l’appui de la Fondation J.-M. Aubert pour terminer la caractérisation éco-phytosociologique des taxons, débutée lors du projet FNS. Flora alpina: une mine de renseignements sur les plantes vasculaires de l’arc alpin Flora alpina est un ouvrage constitué de fiches comprenant pour chaque espèce des informations détaillées et récentes en matière de nomenclature, biologie, phénologie, chorologie, écologie et phytosociologie. De plus, Flora alpina est totalement illustré de photographies en couleurs, complétées par un millier de croquis au trait. De par sa conception très graphique, Flora alpina est une publication de référence à vocation internationale, totalement indépendante des langues. Les Flores couvrent généralement des territoires dont les limites suivent les frontières politiques; celles traitant de régions naturelles sont peu fréquentes. Une des originalités de Flora alpina est sa couverture géographique transfrontalière, correspondant à une grande chaîne de montagnes touchant à sept pays: Allemagne, Autriche, France, Italie, Liechtenstein, Slovénie et Suisse. Il faut souligner aussi que Flora alpina est un inventaire complet des plantes vasculaires de l’arc alpin: toutes les tranches altitudinales sont considérées, l’atlas ne se limitant pas aux seules espèces des étages supérieurs. De plus, Flora alpina indique aussi la présence/absence des espèces dans chacune des chaînes principales du «système alpin» que sont l’Apennin, le Balkan, les Carpates, la Corse, les Dinarides, la Forêt-Noire, le Jura, le Massif central français, les Pyrénées et les Vosges. Flora alpina est un véritable catalogue synonymique harmonisé, une interface nomenclaturale et taxonomique. En effet, toute différence nomenclaturale entre l’une des seize Flores de base sélectionnées et Flora alpina figure sur la fiche du taxon correspondant, ainsi qu’à l’index. Flora alpina jette ainsi des ponts entre les différents pays alpins, leurs langues et leurs nomenclatures, posant les bases de meilleures collaborations pour l’étude et la protection de la flore des Alpes. L’index nomenclatural est complété par une table des groupements végétaux de l’arc alpin (système phytosociologique). La bibliothèque des CJB étant la mieux dotée au monde en matière de floristique alpine, le «Projet pour une Flore des Alpes» avait sous la main l’outil idéal sur le chemin de la réussite! Flora alpina en chiffres Un peu plus du tiers des plantes vasculaires d’Europe figure dans Flora alpina, qui énumère 4491 taxons, soit 33 agrégats, 4028 espèces et 430 sous-espèces. A noter qu’à elles seules cinq familles regroupent 37,2% des espèces: Asteraceae, Poaceae, Fabaceae, Brassicaceae, Caryophyllaceae. Chaque plante étant illustrée par une ou deux photographies en couleurs de Konrad Lauber (), Flora alpina recèle près de 6000 photos. La publication d’un tel atlas a nécessité la constitution et la gestion d’une base de données contenant un demi million d’informations, soit: 8 4600 taxons 8 34 000 noms (retenus, basionymes, synonymes, communs en 5 langues) 8 20 000 données morphologiques 8 8 8 4500 données phénologiques 300 000 données chorologiques en présence/absence 100 000 données éco-phytosociologiques Flora alpina, c’est 2670 pages, reliées en 3 volumes de 17,5 x 25 cm, présentés en coffret. 10% des plantes de l’arc alpin sont endémiques En temps que premier atlas complet des 4500 plantes vasculaires des Alpes, Flora alpina donne une mesure de la biodiversité végétale des Alpes au début du 21 e siècle. Il est particulièrement important de noter que parmi ces 4500 taxons, environ 500 sont endémiques de l’arc alpin, soit un peu plus de 10%. Une espèce est endémique à un territoire donné si l’ensemble de son aire de distribution se limite à ce territoire. Les 500 endémiques recensés dans Flora alpina se concentrent surtout dans le sud des Alpes occidentales ainsi que sur la bordure méridionale des Alpes orientales. Ces secteurs ont en effet fonctionné comme refuges durant les différentes époques glaciaires et certaines espèces y sont restées confinées. C’est notamment dans les genres Saxifraga, Campanula, Primula etc. qu’on dénombre beaucoup d’espèces endémiques à l’arc alpin. D’autre part, les chiffres montrent que presque un tiers des taxons indigènes aux Alpes appartiennent au cortège floristique des montagnes d’Europe centrale et méridionale («système alpin» mentionné plus haut). L’importance de ce domaine floristique se trouve une nouvelle fois démontrée et la protection de son cortège d’espèces endémiques est une priorité de premier ordre au niveau européen. Les diverses mesures de conservation des écosystèmes et de la biodiversité dans les Alpes doivent être renforcées, pour sauver ce capital génétique unique. Où se procurer Flora alpina? On peut obtenir Flora alpina au Botanic-Shop ou en librairie, au prix de 286 francs (190 euros en France voisine). Trois versions linguistiques sont éditées pour les textes des chapitres introductifs, mais le corps de l’ouvrage est rigoureusement identique dans chacune des versions. Version allemande: Haupt Verlag, Bern (ISBN 3-25806600-0) / www.haupt.ch Version française: Editions Belin, Paris (ISBN 2-70113899-X) / www.editions-belin.com Version italienne: Zanichelli editore, Bologna (ISBN 880807159-6) / www.zanichelli.it Auteurs: D. Aeschimann, K. Lauber (), D. M. Moser & J.-P. Theurillat PAGE N° 14 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES Une cerise sur le gâteau: la Flore de poche des Alpes helvétiques De par le vaste territoire géographique considéré, Flora alpina est un volumineux ouvrage de référence, à consulter de préférence à domicile. Cet atlas est difficilement transportable sur le terrain et l’on part plutôt en montagne avec une Flore de poche nationale ou régionale. Grâce au savoir-faire développé dans le cadre du «Projet pour une Flore des Alpes», les CJB sont toutefois en mesure de proposer également au public une Flore de poche pour les excursions dans les Alpes helvétiques et les secteurs limitrophes. En effet, rédigée aux CJB, la 4e édition française entièrement remaniée de Notre flore alpine sort de presse au début 2005 (ISBN 3-85902-225-3). Le but de cet ouvrage de poche est de présenter le manteau végétal des Alpes et ses problèmes, ainsi que les différentes plantes alpines dans un contexte historique et écologique, de même que de permettre l’identification des espèces. Les textes des premiers chapitres orientent le lecteur sur les origines de la flore alpine, la distribution géographique des plantes, le climat, le sol, l’environnement et la végétation dans les Alpes, ainsi que les menaces humaines actuelles qui pèsent sur le monde végétal. Une clé de détermination permet l’identification des espèces, qui sont ensuite décrites en détails: nomenclature, morphologie, écologie et valeurs indicatrices, distribution géographique, phénologie, indications sur la protection légale, données sur la toxicité, les vertus thérapeutiques et d’autres utilisations. Ce guide traite d’un choix d’environ 650 espèces principales des Alpes helvétiques, croissant surtout au-dessus de 1500 mètres d’altitude. Les textes sont accompagnés de 136 planches en couleurs (illustrant de la sorte 544 espèces). Notre flore alpine est un véritable petit best-seller. Sa première édition allemande paraît en 1960, sous la plume du professeur Elias Landolt (Institut de Géobotanique de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich), secondé par différents spécialistes. La 7e édition allemande paraît en 2003. Elève d’Elias Landolt, le susmentionné se charge de rédiger les 3e (1986) et 4e (2005) éditions françaises. Notre flore alpine est éditée par le Club alpin suisse (www.sac-verlag.ch/fr). Les auteurs et leurs collaborateurs ont soigneusement révisé les textes des nouvelles éditions. Ils ont ajouté les connaissances les plus modernes, ainsi que de nouvelles images. Les noms scientifiques utilisés sont maintenant ceux listés par l’Index synonymique de la Flore de Suisse (AESCHIMANN & HEITZ, 1996), ce qui permet une excellente correspondance avec les Flores les plus récentes. L’ouvrage a fait peau neuve et saura passionner une nouvelle génération de randonneurs pour la diversité des plantes alpines. Notre flore alpine est une publication compacte, qui se place facilement dans une poche ou un sac à dos. Elle est donc consultable sur le terrain et se trouve de ce fait le complément indispensable au Flora alpina. Fig. 12 Paysage des Dolomites dans le Val Canali, avec le Sass d'Ortiga (Pale di San Martino). Situées dans le secteur méridional des Alpes orientales, les Dolomites ont offert de nombreux refuges à la flore alpine durant les glaciations et sont particulièrement riches en espèces endémiques. (Photo: D. Aeschimann) Transfert des connaissances? Pas seulement par le livre! C’est avec plaisir que le susmentionné procède au transfert de connaissances en matière de floristique alpine, non seulement par la rédaction de diverses Flores et articles scientifiques, mais aussi dans le cadre de l’enseignement universitaire (en temps que chargé de cours à la Faculté des Sciences, Section de Biologie) et lors de visites du Jardin botanique et excursions diverses (notamment pour l’AAJB). Les cours universitaires suivants abordent la floristique alpine: 8 Floristique (n° 1056) 8 Stage de botanique alpine (n° 1314, une semaine chaque été en Valais, en collaboration avec J.-P. Theurillat, chargé de cours) 8 Biodiversité végétale: chapitres choisis (n° 1330) 8 Consultation de l’herbier (n° 1067) Fig. 13 Exemple d'espèce endémique alpienne limitée à un territoire restreint au sud des Alpes orientales, la primevère du Tyrol, Primula tyrolensis Rchb. f. (Photo: D. Aeschimann) Fig. 14 Le genre Soldanella est endémique du domaine floristique des montagnes d'Europe centrale et méridionale («système alpin»). Ici la soldanelle des Alpes, Soldanella alpina L. (Photo: D. Aeschimann) LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N ° 15 Fig. 15 Des participant(e)s au stage de botanique alpine de l'Université (n°1314) étudient la flore des éboulis calcaires du Grand Chavalard (VS), le 21 juillet 2004 (Photo : D. Aeschimann) Le «Projet pour une Flore des Alpes»: un effort collectif On ne saurait terminer cette présentation sans mentionner que les produits du «Projet pour une Flore des Alpes» sont les fruits d’un effort collectif considérable, de la part de nombreux collaborateurs des CJB ainsi que de correspondants externes dans les Alpes et plus loin en Europe. Le susmentionné tient à remercier très chaleureusement tous ces collaborateurs, qui ont apporté leurs briques à l’édifice du Flora alpina, ouvrage qui n’aurait jamais paru sans ces contributions les plus diverses. Références AESCHIMANN, D. (1991). Projet pour une Flore des Alpes. La Feuille Verte 20: 3-4. AESCHIMANN, D. & H. M. BURDET (1994). Flore de la Suisse et des territoires limitrophes. Le Nouveau Binz. Ed. 2. Griffon, Neuchâtel. LXXI + 603 pp. AESCHIMANN, D. & C. HEITZ (1996). Index synonymique de la Flore de Suisse et territoires limitrophes (ISFS). CRSF, Genève. LII + 317 pp. AESCHIMANN, D. & al. (1997). Projet pour une Flore des Alpes. In: Actes Coll. Ecol. Biogéogr. Alpines 1990. Rev. Valdôtaine Hist. Nat. Suppl. 48: 73-80. BRIQUET, J. (1900). Les colonies végétales xérothermiques des Alpes lémaniennes. Une contribution à l’histoire de la période xérothermique. Bull. Murith. Soc. Valais. Sci. Nat. 28: 125-212. BRIQUET, J. (1906). Le développement des flores dans les Alpes occidentales avec aperçu sur les Alpes en général. Fischer, Jena, 173 pp. BRIQUET, J. (1907). Les réimmigrations postglaciaires des flores en Suisse. Actes Soc. Helv. Sci. Nat. 90: 112133. BURNAT, E. (1892-1931). Flore des Alpes maritimes. Georg, Genève & Bâle. CHOUARD, P. (1951). Vers une synthèse botanique des Alpes. Bull. Soc. Bot. France (78e session extraordinaire) 98: 5-9. SPICHIGER, R. (2004). Emile, John, Alfred et les autres. La Feuille Verte 34: 4. Fig. 16 Couverture de Notre flore alpine, livre de poche sur les plantes des Alpes suisses, dont la 4e édition paraît au début 2005 Fig. 17 Le professeur Elias Landolt à Davos, le 3 juillet 1977. (Photo: D. Aeschimann) PAGE N° 16 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES Flore et végétation DU DARAINA (NE de Madagascar) Afin d’établir les priorités de conservation dans une région méconnue de Madagascar, les CJB entament un programme d’inventaire et d’étude de la végétation dans le nord-est de la Grande-Ile L. Gautier L. Nusbaumer S. Wohlhauser P. Ranirison MADAGASCAR, UN PARADIS DE LA BIODIVERSITÉ armi les missions des Conservatoire et Jardin botaniques figure l’exploration. A ce titre, depuis 1994, nous avons entamé un programme de recherches dans cette île exceptionnelle pour les biologistes en raison d’un endémisme record: près de 90% des espèces végétales ne se rencontrent nulle part ailleurs. au nord-est de Madagascar. Cette région aurait peut-être pu passer encore inaperçue pendant plusieurs années si elle n’avait pas été parcourue par un primatologue qui y découvrit un lémurien inconnu, d’abord considéré comme sous-espèce, puis reconnu comme espèce à part entière: le Propithèque de Tattersall. La valeur emblématique de ce mammifère nouveau pour la science allait amener le développement d’une stratégie de conservation pour la région qui devait s’appuyer sur des résultats scientifiques. Alors que, suite à la mission de 2001, l’équipe de zoologues mettait en place un programme d’inventaires des batraciens, reptiles et micromammifères, les CJB ont déposé une requête auprès de Conservation International proposant de réaliser bilan botanique de la région, tant sur le plan floristique que sur celui de la végétation sur Un tel Eden attire bien entendu de nombreux biologistes provenant d’horizons divers, mais l’île est bien assez grande et variée pour que chacun trouve sa place et que tous collaborent dans un esprit très positif. C’est heureux car à Madagascar, comme dans la plupart des pays de la Fig. 1 Spéciale de Manongarivo, au nord-ouest de l’île (cf. Feuille Verte n°25, 1994). Ces travaux déboucheront entre autres sur un des premiers inventaires floristiques complets d’une réserve à Madagascar. Là encore, de nombreuses espèces nouvelles ont (et seront) décrites sur la base des quelques 2200 récoltes accumulées au cours de ce programme, financé par le Fonds National suisse pour la Recherche Scientifique. Dans le même temps, une étudiante des CJB participait au côté de zoologistes à une série d’inventaires biologiques dans les montagnes de l’île et rapportait également de nombreuses collections. C’est en participant à un de ces inventaires en 2001, que l’un d’entre nous (LG) a eu pour la première fois l’occasion de passer 10 jours dans la région du Daraina, La région du Daraina, depuis le sommet du massif humide de Binara. Au loin, le massif sec de Bekaraoka zone intertropicale, une terrible course poursuite est engagée entre la connaissance et la déforestation afin d’explorer les zones inconnues avant que la flore et la végétation qu’elles abritent ne disparaissent. En botanique, les principaux institus impliqués dans cette course sont le Département des ressources Forestières et Piscicoles et le Parc Botanique et Zoologique de Tsimbazaza, pour les instituts nationaux; le Museum National d’Histoire Naturelle de Paris et le Missouri Botanical Garden, USA pour les instituts étrangers. Mais de nombreux autres institus d’autres pays sont également actifs comme les Royal Botanic Gardens de Kew (UK) et, en Suisse, l’Université de Neuchâtel et les Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève. LES CJB ET MADAGASCAR, UNE HISTOIRE COMMUNE L’implication des CJB à Madagascar n’est pas nouvelle. Des récolteurs de la fin du XIXe siècle comme Mocquerys, Rusillon ou Guillot ont déposé leurs collections à Genève et de nombreuses espèces ont été décrites par Alphonse De Candolle ou encore John Briquet sur cette base. Au début du XXe siècle, c’est Hochreutiner, alors directeur des CJB, qui contribue à la Flore de Madagascar en rédigeant les Malvaceae et Bombacaceae, puis Bernardi qui après plusieurs missions d’exploration dans les années 60, publiera les Cunoniaceae. Mais c’est surtout depuis 1994 que les CJB ont repris l’exploration de l’île avec un programme de recherche en partenarait sur la Réserve Fig. 2 Situation de la région de Daraina et image satellite de la zone d’étude. LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N ° 17 Fig. 3 Fig. 4 Fig. 5 Forêt de montagne sur crête, massif de Binara, vers 1100 m d’altitude (gauche) Forêt dense humide sempervirente, massif de Binara, vers 700 m d’altitude Forêt dense sèche, massif de Bekaraoka (en bas à droite) une période de trois ans, afin d’établir des priorités en matière de conservation. Un premier montant d’environ 17 000 CHF a été alloué pour la première année. Sans attendre, l’ONG malgache Fanamby, qui intervient largement dans la région dans une perspective de conservation et de développement a financé un expédition préliminaire en mars 2003. Cette organisation est depuis devenue notre principal partenaire dans le projet. LE DARAINA: UNE ÉTONNANTE DIVERSITÉ DE MILIEUX La région du Daraina est intéressante à plus d’un titre. La topographie est caractérisée par la présence de collines et de petites montagnes réparties dans un espace de plaine exploité par l’homme et défriché de longue date. Sur le relief, la forêt a en revanche subsisté et prend des expressions différentes en fonction de l’altitude des massifs et de leur exposition. En effet, la région du Daraina est située dans la partie nord-est de l’île, sous un climat tropical saisonnier où une saison sèche alterne avec une mousson. Pendant la saison sèche, l’alizé souffle et les massifs suffisamment élevés provoquent le déclenchement des précipitations par convection. Ceux-ci auront donc une saison sèche nettement amoindrie et la forêt qu’ils abritent sera de type humide semi-décidu à sempervirent. Les parties supérieures (deux massifs dépassent 1000 m) auront par ailleurs une température plus basse et un rayonnement solaire plus intense, et sur les crêtes se développeront des forêts basses, d’un type ordinairement trouvé ailleurs à Madagascar, à de plus grandes altitudes. Les collines de moins de 600 m d’altitude sont en revanche totalement soumises au régime tropical, avec une saison sèche de plus de 6 mois qui a amené au développement d’une forêt dense sèche à feuilles caduques, avec toutes les adaptations xéromorphiques spectaculaires associées (arbres bouteille, troncs épineux, etc.). Dans un espace relativement restreint, la région du Daraina présente donc une diversité de climats exceptionnelle, et regroupe une grande partie des formations végétales de l’île. C’est également sur le plan biogéographique que se trouve une partie de l’intérêt du Daraina en conséquence de sa position géographique et de sa diversité climatique. Pour les espèces des forêts sèches, le Daraina se situe en extrême limite nord-est de la distribution des taxons. Pour les espèces de forêt dense humide de basse altitude, cette région constitue une des seules possibilités de passage et de contact entre la flore du Domaine oriental est et celle du Domaine du Sambirano. Ces deux flores homologues sont en effet séparées par la chaîne de montagne qui traverse l’île du nord au sud. Pour les espèces montagnardes, le Daraina constitue le dernier relais entre cette chaîne de montagnes et le volcan de la montagne d’Ambre, totalement isolé en position septentrionale. Il y a fort à parier que dans ce contexte biogéographique et en conséquence des vicissitudes climatiques du quaternaire, il y ait au Daraina de nombreuses espèces à découvrir, endémiques locales, à l’image du Propithecus tattersalli chez les lémuriens. LE PROJET DE RECHERCHE Le projet mis en place se propose de traiter aussi bien l’aspect floristique et biogéographique, que l’aspect écologique lié à la végétation. Deux doctorants, l’un malgache (P.R.) l’autre suisse (LN), travaillent en équipe à la réalisation de récoltes et d’inventaires de la végétation sur la base d’une méthode et d’un échantillonnage précis. De grands transects de plusieurs kilomètres de long seront tracés dans les massifs avec points de mesure tous les 10 m, afin d’apprécier la variation de la végétation le long des gradients. Par ailleurs des relevés de 100 m avec points de mesure tous les 2 m seront disposés pour caractériser les formations végétales en place. Les premiers résultats PAGE N° 18 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES CJB Conservation (missions préparatoires et première saison de teraain de décembre 2003 à mai 2004) ont permis la collecte de près de 1700 specimens, constitués en général de 6 exemplaires. Deux exemplaires restent à Madagascar, l’un dans un herbier national, l’autre dans une herbier constitué sur place à Daraina par le projet. Les exemplaires restants sont acheminés à Genève d’où il seront distribués dans différents herbiers étrangers où travaillent des spécialistes des différentes familles qui nous appuyent pour les déterminations délicates. A ce stade, les échantillons sont déterminés à 98% au niveau familial, à 79% au niveau générique et à 30% au niveau spécifique. Nous avons déjà reçu des échos enthousiastes des spécialistes qui nous demandent des récoltes complémentaires pour des taxons vraisemblablement nouveaux pour la science. En terme de diversité, il est encore tôt pour estimer avec la moindre confiance la richesse de la région. Néanmoins, il n’est pas abusif d’affirmer que comme pour les autres groupes d’organismes prospectés par nos collègues zoologues, la richesse en espèces reflète bien la diversité des milieux et révèle une concentration exceptionelle. Sur le plan biogéographique, certaines récoltes mettent déjà en évidence des extensions de distribution étonnantes pour certains taxons, confirmant le rôle de pôle d’échange de la région du Daraina dans la mise en place des flores au Nord de l’île. Cette première année, essentiellement consacrée à l’acquisition des connaissances floristiques, permettra d’entamer sur une base solide les études de végétation pendant les deux saisons à venir. Les premiers relevés tentés ont toutefois déjà permis la mise au point de la méthode et l’orientation de l’échantillonage qui doit faire face à la complexité du terrain. La portée de ces recherches de base dépasse toutefois dépasser le cadre scientifique pur et celui de la conservation. Le travail botanique comporte aussi un volet de valorisation des résultats. L’un d’entre nous (SW) a été engagé par l’ONG Fanamby afin de veiller à l’application de ces travaux, aussi bien au niveau du retour aux populations locales que dans la perspective d’un développement écotouristique. Dans cette optique, le centre d’accueil de Fanamby développe un jardin de démonstration, et des sentiers botaniques qui seront mis en place dans les massifs. Il est également prévu de réaliser des fiches-espèces à l’attention des maîtres de l’école de Daraina dans un perspective d’éducation environnementale. Fig. 6 Echantillon d’un arbuste tout d’abord attribué au genre Tarenna, qui s’est avéré être en fait un Paracephaelis nouveau pour la science LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N ° 19 African Plants INITIATIVE L. Gautier R. Palese P.-A. Loizeau la Fondation Andrew W. Mellon finance la digitalisation des types des espèces d’Afrique de l’herbier de Genève LES TYPES, DES ÉCHANTILLONS PRÉCIEUX ET DEMANDÉS es échantilllons types sont fondamentaux pour la taxonomie. Ce sont eux qui ont servi à la première description des espèces et ils représentent en quelque sorte l’étalon de celles-ci: ce sont des échantillons «porte nom» auxquels tout travail taxonomique ultérieur devra faire référence. On trouve de nombreux types parmi les prêts que l’herbier de Genève consent aux scientifiques du monde entier. Ces échantillons précieux sont en général anciens et fragiles et il n’est pas rassurant de les voir ainsi partir par la poste, même embalés avec précaution, vers des destinations lointaines. Il nous arrive parfois d’envoyer une photographie de l’échantillon type plutôt que la planche d’herbier, notamment si le destinataire habite un pays au service postal incertain. LES TYPES ET LEUR IMAGE L’idée de diffuser une image photographique de l’échantillon de référence remonte à l’entredeux guerres. Les Etats-Unis, prenant alors de plus en plus d’influence scientifique sur leur continent, manquaient cruellement d’échantillons types pour leurs travaux botaniques. En effet, ces échantillons ramenés par les explorateurs du siècle précédent, étaient en grande partie déposés dans les herbiers de l’Ancien Monde. Avec l’appui de la Rockfeller Foundation, les américains ont alors entamé une grande campagne de photographie des types des herbiers européens, et des tirages ont pu ainsi être distribués dans leurs herbiers. Cette large distribution des références scientifiques fondamentales pour la connaissance du monde végétal permet d’égaliser les connaissances et de diminuer le risque que ces données de base ne disparaissent. Un bon exemple est donné par la destruction pendant la deuxième guerre mondiale de la majeure partie de l’herbier de Berlin, un des plus grands à l’époque. C’est grâce à ces photographies que certains noms des plantes décrites par les botanistes allemands ne se sont pas retrouvés entièrement dépourvus de référence d’herbier. Des tirages de ces photos d’échantillons à jamais disparus ont pu ainsi être redistribués dans les herbiers européens. Certains herbiers historiques, comme l’herbier du Prodrome de De Candolle à Genève, ont été intégralement microfilmés dès les années soixantes par la compagnie néerlandaise IDC, qui a pu ensuite vendre les jeux de microfiches aux institutions intéressées. Néanmoins, à l’heure actuelle, la technologie évoluant à grands pas, il faut bien reconnaître que ces documents ont considérablement perdu de leur valeur vu la piètre qualité des photos. APPORT DE L’IMAGERIE NUMÉRIQUE L’avènement de l’imagerie numérique ouvre de plus larges perspectives. A l’herbier de Genève, l’envoi de photographies numériques d’échantillons en lieu et place des spécimens eux-mêmes a pris de plus en plus d’ampleur ces cinq dernières années. Les images numériques sont envoyées soit sous forme de fichiers attachés à des emails, si le débit de la liaison internet du correspondant l’autorise, soit par poste, gravées alors sur des CD. Fig. 1 Planche de Campylospermum glaberrimum, extraite de la Flore D’Oware et du Bénin Une évolution informatique importante nous permet dès aujourd’hui de mettre à disposition directement sur internet des photos à haute résolution d’échantillons d’herbier. Un outil informatique incorporé automatiquement dans le navigateur permet d’agrandir des portions d’images à la demande de l’utilisateur. Il est donc possible d’avoir à la fois une vue d’ensemble de l’échantillon, mais aussi des agrandissements pour y observer le détail qui intéresse le spécialiste, tout ceci à distance, à travers Internet. Pour cela, nous digitalisons les échantillons d’herbier à une résolution autorisant l’affichage de détails de l’ordre du dixième de millimètre. Bien des demandes de prêts, qui impliquent un gros travail de manutention et les risques normaux liés aux transports, pourront ainsi être remplacées par des consultations des échantillons sur internet. Pour anticiper sur ces demandes, il serait idéal d’avoir des photos de tous nos échantillons, mais le traitement de nos 6 millions de spécimens est à l’évidence très loin de nos possibilités matérielles. Il a donc été décidé de ne faire des photographies que des échantillons types, avec un scanner à haute résolution en relation avec un environnement de saisie sur la base de données centrale de l’institut. Quelle que soit la finesse de l’appareil et la convivialité de l’environnement de saisie, il faut néanmoins des hommes derrière les machines et ce travail, venant s’ajouter aux nombreuses tâches des botanistes de l’institut, ne saurait avancer que lentement, au fil des travaux de reclassement que les conservateurs effectuent dans les collections dont ils ont la responsabilité. Pour lancer une opération de saisie sur une vaste échelle, il fallait donc obtenir un appui financier extérieur. LE PROJET DE LA FONDATION MELLON A l’initiative d’une fondation américaine de droit privé, la Andrew W. Mellon Foundation, un tel projet a pu se mettre en place. Déjà active dans la diffusion électronique d’information par le biais de l’organisation JSTOR, qui propose l’accès en ligne à de très nombreuses revues scientifiques, la Mellon Foundation a décidé en 2003 d’investir dans la mise à disposition d’images numériques des types de plantes du continent africain. Après avoir pris contact avec quelques instituts-phare dans le domaine, la Andrew W. Mellon Foundation a lancé un programme d’aide aux herbiers africains et aux principaux herbiers mondiaux (faut-il ici rappleler que l’herbier de Genève fait partie des 5 plus grands herbiers au monde?) pour leur permettre la saisie et la PAGE N° 20 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES La saisie des échantillons types nécessite la création Fig. 2 L’appareil à digitaliser HerbScan se compose d’un cadre d’un environnement nomenmétallique qui permet de déposer l’échantillon et de le faire clatural de référence afin que monter pour qu’il se plaque en douceur contre la vitre d’un simple scanner A3, monté à l’envers. les images digitalisées dans les différents instituts particidigitalisation des types des plantes d’Afrique. pant au projet de catalogage des types Pour les CJB, il était primordial de saisir cette d’Afrique emploient des noms standardisés opportunité allant dans le sens de nos pré- et puissent communiquer sur une base occupations. Estimant, après sondage, qu’il saine. A partir des travaux de compiladevait y avoir entre 6000 et 12 000 types afri- tion menés aux CJB par J.-P. Lebrun et A. cains dans nos colletions, nous avons déposé Stork (Enumération des plantes à fleurs un projet pour un montant total de près de d’Afrique tropicale, 4 volumes parus entre CHF 170 000 CHF afin de financer l’achat 1991 et 1996), un projet de fusion de cette de deux systèmes de digitalisation, de trois information avec une liste complémentaire ordinateurs, de disques durs pour le stockage pour l’Afrique australe a vu le jour il y a des images et surtout pour engager trois jeu- deux ans, en collaboration avec Pretoria nes botanistes à mi-temps pendant une (RSA). année. Notre demande ayant été acceptée par la fondation, les travaux ont pu débuter en Suite à une seconde demande de notre part, septembre 2004. la fondation Andrew W. Mellon vient de nous accorder un montant supplémentaire de Pour digitaliser les images, nous utilisons des 77 000 CHF pour permettre l’accélération du scanners A3 montés à l’envers sur un statif processus de fusion et de standardisation, métallique dessiné par les Jardins botaniques l’ajout de synonymes anciens ainsi que de Kew, au Royaume-Uni (système «Herb l’amélioration de la structure de la base de Scan» – Fig. 2). L’échantillon à photogra- données pour la gestion des synonymes. phier est simplement posé à l’endroit sur des Ainsi cette structure pourrait se profiler natumousses, et un levier permet de venir le pla- rellement comme l’environnement taxonoquer délicatement contre la vitre du scanner. mique de référence du projet Mellon, pour L’opération complète (mise en place et digi- la partie de l’Afrique continentale au sud du talisation) prend quelques minutes, et l’image Sahara. produite, d’une taille de 200 Mb, a une définition 25 fois supérieure à celle des appareils Nous espérons que ce programme donnera photographiques du commerce. Toutefois, ce l’impulsion première qui permettra de trouver système s’avère déficient pour le traitement le financement pour une saisie de tous les types d’échantillons épais (gros rameaux ou fruits) de notre herbier, ainsi que celle des échantillons en raison d’un relatif manque de profondeur des herbiers «fermés» (que nous ne prêtons de champ. Dans ce cas assez rare, un appareil pas): notamment celui du Prodrome de De photographique digital est utilisé. Candolle et celui de la Flora Orientalis de Boissier qui devraient être traîtés en priorité. La Les images, associées à l’information cor- consultation d’échantillons types via internet respondante (collecteur, numéro de collecte, donnera un plus large rayonnement aux CJB, date et lieu de récolte, détermination, etc.), et contribuera à la sauvegarde et à la consersont ensuite envoyées aux Etats-Unis sur des vation de ces planches d’herbier aussi fonda- mentales pour la connaissance du monde végétal que sont les types. CJB Conservation disques durs de 40 Gb voyageant en aller-retour par courrier spécialisé. Elles seront ensuite ajoutées à celles des autres instituts partenaires et seront accessibles sur abonnement par le biais d’un site internet. Les CJB conservent bien sûr l’image d’origine, qui sera visible depuis leur propre site. Fig. 3 Type de Gomphia glaberrima (=Campylospermum glaberrimum), espèce décrite par Palisot de Beauvois dans sa Flore d’Oware et du Benin de 1810. L’ensemble des collections de référence liées à cette publication se trouvent à Genève, où elles sont arrivées par la collection Delessert. En vignette, un détail de l’image obtenu à l’aide du logiciel Eyespy. Avec la haute résolution des images acquises dans le cadre du projet Mellon, on peut sans problème afficher des détails de l’ordre du dixième de millimètre. LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N ° 21 La bibliothèque DE LA CONSOLE 1904-2004 P. Perret conservateur Définition du Robert encyclopédique, 1982, p.134: BIBLIOTHÈQUE: 1. Meuble ou assemblage de tablettes permettant de ranger et de classer les livres. 2. Salle où sont classés des livres. 3. Collection de livres LA COLLECTION Une salle et des étagères bien sûr mais pour quelle collection de livres? réée en 1824 dans le cadre du premier conservatoire botanique installé aux Bastions, la bibliothèque des CJB est en 1904 une collection modeste. Elle ne contient initialement que quelques ouvrages reçus en don. En 1845, Alphonse de Candolle en recense 391 dans son rapport de directeur et de président de la Commission de gestion du jardin botanique. Autant dire presque rien pour étudier efficacement les herbiers déposés dans le conservatoire. Les années passant, les difficultés financières s'accumulent sur le jardin. L'entretien et l'agrandissement des collections s'en ressentent. C'est ainsi qu'en 1874, il ne se trouve plus que 160 ouvrages utilisables... Fig. 1 Fig. 2 En 1896, au moment où John Briquet prend la direction des Conservatoire et Jardin botaniques, le catalogue recense près de 1000 ouvrages. En 1904, ce nombre passe à 1938, suite à l’action énergique de Briquet. A ce montant il faut ajouter le nombre de titres de périodiques (journaux scientifiques traitant de botanique) qui se monte à une centaine. Chaque périodique peut être composé de nombreux volumes, en général un par année de parution. On comprend qu'il fallût attendre le don des 3000 livres botaniques d'Emile Burnat en 1912 pour voir la bibliothèque prendre une certaine importance. Mais ce n'est qu'avec l'intégration en 1921 des 13 500 volumes, dont 6100 ouvrages, en provenance de la famille de Candolle que la bibliothèque est devenue un «instrument incomparable de travail scientifique» (Briquet). D'autres dépôts, comme les collections Boissier en 1943, auxquels se sont ajoutées les acquisi- tions régulières financées par le budget de la Ville de Genève, ont permis le développement de cet ensemble qui forme de nos jours «l'une des rares bibliothèques botaniques à peu près complète du monde» (H.-M. Burdet). Entre 1973 et 1975, les CJB vivent une petite révolution. La Console est devenue trop exiguë et de nouveaux locaux sont construits par le bureau d'architectes Ritter et Lamunière. Ces bâtiments de verre et d'acier regroupent le gros de la bibliothèque, les herbiers de phanérogamie en soussol, ainsi que les bureaux des conservateurs et du personnel technique. Les herbiers et la bibliothèque de cryptogamie restent à la Console. Au moment du déménagement la bibliothèque des CJB contient 120 000 volumes. La préparation et le transfert ont duré une année complète. Ils furent menés à bien par H.-M. Burdet, nommé conservateur de la bibliothèque en 1972. En 2004, la bibliothèque abrite plus de 220 000 volumes et le nombre de titres de périodiques conservés se monte à plus de 4000. Environ 1500 d'entre eux sont toujours actifs et sont reçus par échange, abonnement ou don. Environ 1000 ouvrages (par exemple des flores, des monographies et d’autres publications non périodiques) sont acquis par année. Quant à elle, la bibliothèque de la Console abrite toujours la littérature spécialisée en cryptogamie. Sa proximité avec les herbiers des mêmes groupes taxonomiques est un gage de travail efficace. Les conservateurs et les chercheurs ont ainsi à portée de main et les herbiers et la quasi totalité des publications traitant de ces groupes. Des chiffres globaux donnés au paragraphe précédent, 206 titres de périodiques, dont 126 sont toujours actifs, représentant 3076 volumes, sont déposés à la Console. A ceux-ci s'ajoutent 4142 volumes de monographies. Une travée de la bibliothèque en 1904 Vue de la bibliothèque en 1980 PAGE N° 22 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES Fig. 3 Les étagères de 1904 avec leur numérotation Fig. 4 Une carte de bibliothèque avec l’ancienne et la nouvelle cotation LA SALLE L'emplacement de la bibliothèque de 1904 est celui de la bibliothèque actuelle de cryptogamie. Cette salle a conservé jusqu'à aujourd'hui sa disposition originale. Ainsi il est possible de remonter un siècle en arrière et de comparer les aménagements de l'époque avec ceux dans lesquels nous travaillons aujourd'hui. La salle est construite entièrement en bois avec des étagères sur six niveaux (fig. 1). Initialement, trois travées identiques à celle illustrée sur la photo et un bureau annexe suffisent. Il fallut ensuite ajouter de nombreuses étagères dans d'autres salles ainsi que dans les couloirs de la Console. Cette situation préjudiciable pour la gestion, la conservation et la consultation de la collection, perdura jusqu'au déménagement de 1974-1975. Hormis sa partie cryptogamique, la bibliothèque se trouve actuellement dans les bâtiments construits sur la parcelle du Chêne. La nouvelle disposition sur trois étages, dans des locaux fonctionnels, permet la mise en valeur de ce patrimoine accumulé sur près de 180 ans (fig. 2). En 2004, ces mêmes locaux sont eux-mêmes devenus trop exigus et leur agrandissement est souhaitable dans le court ou le moyen terme. DISPOSITION DES LIVRES SUR LES ÉTAGÈRES Une autre particularité de la bibliothèque de 1904, conservée jusqu'à nos jours, permet d'illustrer la disposition ancienne des ouvrages sur les étagères (fig. 3). Nos prédécesseurs ne classaient pas toujours les ouvrages par thème ou par sujet. De plus des réarrangements étaient impossibles vu l'exiguïté des locaux. C'est ainsi que l'ordre d'arrivée était souvent le seul pris en compte. Une flore de Suisse pouvait donc se retrouver à côté d'une monographie de la famille des Labiées. Sur les fiches du catalogue, la position d'un ouvrage était notée avec un nombre suivi d'une lettre: 96F, 96e travée verticale, étagère F. Tous les ouvrages posés au même endroit avaient donc la même cote (fig. 4)! Dès 1972, la bibliothèque fut entièrement refondue en vue du déménagement. Ceci a permis de regrouper tous les ouvrages provenant de divers fonds traitant du même sujet. Ce système est toujours en vigueur et répond parfaitement aux besoins des utilisateurs. Sur la figure 4 la cote moderne est F (43) Rei, F pour flore, (43) pour l'Allemagne et Rei pour les trois premières lettres du nom de l'auteur. La bibliothèque des CJB a traversé les siècles en s'enrichissant petit à petit et en devenant le patrimoine et l'outil de travail incomparable que nous admirons aujourd'hui. Durant les cent dernières années les techniques de conservation et de gestion ont fondamentalement évolué. Ces quelques lignes et illustrations n'ont eu pour but que de faire connaître cette évolution en illustrant l'appui de la population genevoise aux CJB. LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N ° 23 Utilisation de PESTICIDE aux CJB Dans un souci de conformité, d’efficacité et de bien-être, les efforts réalisés par l’équipe des jardiniers des CJB dans le cadre de l’utilisation des pesticides (désherbants, insecticides et fongicides) vont dans le sens d’un usage raisonné proche des principes de la lutte intégrée et de la lutte biologique S. Dunand-Martin jardinier-chef adjointe epuis longtemps déjà tous les traitements réalisés sont inventoriés très précisément (date, produit utilisé, concentration, etc.), ce qui permet non seulement à tout moment de contrôler les effets du traitement, l’évolution des maladies ou des parasites au sein du Jardin, mais également de réaliser que les interventions restent très ciblées et limitées compte tenu de la spécificité des collections botaniques présentées. Peu de traitements sont effectués en préventif, la plupart sont réalisés lors de l’apparition du parasite, en curatif. Au niveau des désherbants, plusieurs actions ont été entreprises pour réduire l’utilisation de ces produits: 8 8 8 Arrêt complet d’utilisation de désherbants sélectifs dans les pelouses Arrêt du traitement de plusieurs surfaces: terrasse devant l’ancienne serre, place située entre les serres et le bâtiment de fonction, place des Iris Utilisation du désherbage manuel avec le rabelais et de la technique de brûlage liaires (insectes parasites ou prédateurs des insectes indésirables), à discerner les seuils de présence des parasites pour qu’une intervention soit réalisable avec succès, et à connaître les produits chimiques applicables sans dommage aux populations d’auxiliaires. L’utilisation d’insecticides à forte rémanence a d’ailleurs fortement ralenti le processus d’installation de la lutte biologique au début des essais d’installation des premiers auxiliaires. Une application réussie sur le long terme implique surtout la prévention par l’observation et l’amélioration constante des techniques de culture. Au niveau des fongicides, les traitements d’envergure sont toujours ciblés par rapport à des priorités (sauvetage des vieux platanes centenaires de l’allée aboutissant à l’ancienne serre, traitement de la collection des rhododendrons, ou des plantes à massif suivant les conditions climatiques), ils restent toutefois limités à des groupes de plantes très peu représentés sur l’ensemble des collections vivantes du jardin. La mise en œuvre des luttes de type intégrée et/ou biologique implique des changements au niveau des techniques culturales; un rafraîchissement des connaissances et une formation continue au niveau de la connaissance de la physiologie et de la biologie des plantes; des écosystèmes; des problèmes phytosanitaires; des techniques de lutte biologique. Elle implique également une vision différente de la conception et de la dynamique d’une culture dans son environnement, la vision organique basée sur l’équilibre des écosystèmes devant remplacer la vision «propre en ordre» maintenable qu’avec l’utilisation soutenue de produits de traitements chimiques. Il est important de reconsidérer les expériences réalisées aux CJB jusqu’à présent avec les nouveaux outils ou nouvelles techniques mises au point ces dernières années. Il sera nécessaire de revoir le type de revêtement utilisé pour les différentes surfaces, de reconsidérer les priorités, de définir un choix de produits compatibles, voir d’utiliser des variétés résistantes pour les massifs de décoration saisonnière. Le désherbage chimique a toutefois été maintenu pour des cas particuliers (chemins étroits en matière du Salève, traitement ponctuels des liserons dans les collections de plantes vivaces) pour lesquels aucune autre alternative n’était possible compte tenu de l’équipement actuel. Il faut relever que peu d’alternatives ont été proposées aux utilisateurs de désherbants chimiques et que les appareils munis de brûleurs sont mal adaptés dans certains cas (surfaces restreintes à proximité de végétaux, de barrières, portails ou poteaux). Le rabelais ne peut pas être utilisé dans des chemins en matière du Salève, le revêtement risquant d’être déstabilisé à cause du décompactage. Au niveau des insecticides, on peut relever l’effort réalisé par les jardiniers pour appliquer la lutte biologique dans toutes les serres depuis 2000. Quelques tentatives avaient été faites auparavant avec l’aide de la Station Fédérale de Recherche agronomique de Changins, mais le suivi était difficile à assurer au sein d’une équipe restreinte. La lutte biologique a permis de solutionner les problèmes récurrents d’accoutumance, voir l’éradication de certains parasites tels que la mouche blanche. Il est important de souligner que la mise en application de la lutte biologique n’est pas simple et demande, en plus d’une formation de base, une persévérance et une vigilance toute particulière. La formation de base consiste à reconnaître les différents stades du parasite et des auxi- tiques actuelles ont été évoquées. Un espace musical en projet dans le Jardin botanique de la Ville de Genève Les sons de la NATURE ontes, installation ludique et interactive autour des sons de la Nature Unique à Genève! Une interprétation de l’ancienne place de jeu du Jardin botanique destinée aux plus petits (4 à 8 ans), un habillage du lieu en collaboration avec l’Association Copyrart qui abritera un espace de conte interactif en plein air, soit 5 à7 modules de jeux sonores et musicaux inédit en Suisse romande: , , , , , , , un plateau à carillon en bronze un xylophone géant vertical une potence à triangles un lithophone à 6 touches géantes (granits, marbre, serpentine) une pierre aux murmures une bascule-sifflet en bois des bornes à secret (communication à distance) une féérie avec de nombreux nains et elfes du Jura et des Bois de Versoix (modules en ferro-ciment réalisés par Copyrart), un module «habillé» de jeux traditionnel pour enfants, une fontaine «magique», un carrousel «Fables de la Fontaine» (autogéré par Copyrart). Pour poursuivre les efforts réalisés, les CJB ont mis en place une commission interne chargée d’étudier toutes les possibilités d’utiliser la lutte biologique, ou au moins intégrée pour l’entretien du parc et des collections vivantes. De plus, une première réunion a été organisée par les CJB réunissant d'autres services pouvant être concernés par le sujet. Les services du SEVE, des cimetières, des sports étaient présents pour parler de leurs expériences. Ensemble, les problématiques de l'application de nouvelles méthodes de désherbage et des alternatives aux pra- PAGE N° 24 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES de l’école de Collex-Bossy Le Jardin citoyen de l’école de Collex Bossy a soufflé sa deuxième bougie. Créé à la demande des élèves, en collaboration avec le Jardin botanique, cette plate-bande est située dans le préau de l’école de cette commune rurale genevoise. CJB Jardin Le JARDIN CITOYEN D. Roguet conservateur Fig. 1 Découvertes interactives et dégustations avec les parents a réalisation de ce jardin est basée sur trois principes: citoyenneté, intégration et utilité. Né du souhait des enfants de voir reverdir leur préau, il a d’abord fait l’objet de lettres (exercice de français écrit) de ces enfants à l’attention du maire. Ce dernier, M. Albert Maréchal à l’époque, est entré en matière en organisant une rencontre à la mairie où les futurs citoyens, accompagné de leur enseignant, Mme Corine Sery, ont pu exprimer et défendre leur point de vue (exercice d’expression orale). Après discussion au sein de l’exécutif communal, il a été décidé d’octroyer aux enfants une bande de terre restant dans l’enceinte de l’école afin d’y implanter une platebande, charge à eux de la créer et de la maintenir. Le pari n’était pas gagné! C’est alors que les CJB sont entrés en matière dans la mesure où le projet d’un modèle de «jardin d’école» durable, utile à l’entité scolaire et survivant aux premiers enthousiasmes nous intéressait. Un projet a été élaboré basé sur les principes suivants: 8 8 8 8 durabilité entretien minimal plantes faciles à cultiver plantes utiles pour l’écoles (cuisine scolaire) et les familles des enfants scolarisés Un plan de travail a été établi, le choix des plantes effectué en fonction des critères ci-dessus (pérennes, aromatiques) et la langue de terre proposée ameublie par les soins d’un jardinier des CJB. Le matériel nécessaire (barrière, piquets, arrosage) ainsi que les plantes ont été achetés avec une dotation de la mairie (1000.–). La plantation a été effectuée par la classe concernée et les parents d’élèves, assisté du jardinier des CJB délégué au projet (Jacques HumbertDroz). L’entretien du Jardin citoyen est effectué par les élèves de la classe avec l’aide ponctuelle du cantonnier de la commune et du concierge de l’école. Un calendrier familial d’arrosage est mis sur pied pour la période des vacances scolaires. Des étiquettes «scolaires» et un panneau d’information sur le Jardin citoyen ont été fournis par les CJB à l’école. Une inauguration préparée par les élèves (invitation, verrée) et leur enseignant a eu lieu en présence du maire de la commune. Un «almanach aromatique» et des fiches pédagogiques d’utilisation et de culture ont été fournis par la cellule pédagogique des CJB. Un travail de géographie, d’histoire et de sciences environnementales a été effectué en classe autour du monde des plantes aromatiques et des épices. Une restitution familiale de ce travail, en soirée, sous forme de conférences données par les élèves, a été organisée par l’enseignant. Dès la rentrée 2004-2005, les cuisines scolaires pourront se servir d’herbes aromatiques du Jardin citoyen pour leurs préparations. Les parents sont également encouragés à se servir en fonction de leur participation à l’entretien de la plate-bande. Des grillades ont été organisées par les enseignants en fin d’année scolaire avec les parents. Assaisonnement avec des herbes du Jardin citoyen et jeu de découvertes olfactives des plantes aromatiques au programme! Cette expérience, bien que modeste, démontre que le «Jardin d’école», intégré dans la vie de cette dernière, mais aussi dans la vie de la commune ou du quartier peut avoir une pérennité. Basé sur une interaction entre les futurs citoyens et les élus politiques, il devient sujet de débat, de créativité et de loisirs utiles de l’école vers la communauté mais aussi du citoyen vers l’école. LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N ° 25 LE BOTANISTE «Les secrets de l’edelweiss noir» Il y a onze ans, les Conservatoire et Jardin botaniques et le Département des affaires culturelles publiaient une bande dessinée sur la botanique dont l’histoire se déroulait en grande partie au jardin botanique de Genève: «Le parfum du magnolia». L’album, dessiné par Marini sur un scénario de Georges Pop, est aujourd’hui épuisé et recherché par les collectionneurs. D. Thurre DAC n 2004, les Conservatoire et Jardin botaniques fêtaient les 100 ans de l’implantation du jardin – qui a quitté le parc des Bastions – sur son site actuel, avec l’inauguration du bâtiment dit «la Console» (voir le vg mag n°127, avril 2004, pages 8 et 9). Sous l’impulsion de son directeur M. Rodolphe Spichiger, du conservateur responsable de l’éducation environnementale, M. Didier Roguet, et du soussigné, adjoint de direction au Département des affaires culturelles, est née l’idée d’une bande dessinée mettant en valeur l’historique et les missions de la vénérable institution. Grâce à Georges Pop, nous avons pris contact avec Dominique Willemin et Sébastien Perroux (dit Pet), co-auteurs de «J’ai épousé une communiste», album publié aux éditions Paquet, leur soumettant un départ de scénario autour de l’idée d’un edelweiss noir aux vertus particulières. Fig. 1 & 2 L’idée de départ a été élargie et traitée de manière professionnelle en amenant des personnages à traverser les siècles et à faire découvrir, de manière attractive, l’histoire des CJB de Genève. Cette B.D. a certes un intérêt local, par son inscription dans le contexte du jardin, mais également international, par son scénario qui nous amène aux confins du Tibet... et à d’autres endroits de la planète où les CJB ont mené des expéditions scientifiques. Mais laissons la parole au scénariste: «En hiver 1912, le Botaniste et son garde du corps, Monsieur Klein font irruption chez John Briquet, conservateur du Jardin botanique de Genève. Fait étrange, une centaine d’années auparavant, les deux hommes ont laissé au bon soin du premier conservateur du Jardin botanique, le Livre des secrets de l’edelweiss noir, ainsi que trois edelweiss noirs et un sac de graines de cette fleur rarissime. L’edelweiss noir est une fleur mythique des contreforts de l’Himalaya à laquelle la légende prête des propriétés fabuleuses. Les botanistes doutent de son existence. On dit que certaines substances extraites de l’edelweiss noir peuvent donner à ceux qui en consomment une longévité exceptionnelle. Vers 1820, le Botaniste et Monsieur Klein, lors d’un voyage d’études botaniques au Tibet, goûtent le breuvage magique à base d’edelweiss noir que leur propose un vieux lama tibétain. En échange de l’immortalité celui-ci, fatigué par des siècles passés à éviter que les secrets de l’edelweiss noir ne tombent en de mauvaises mains, leur confie le Livre des secrets de l’edelweiss noir avant de disparaître dans la montagne. Le Botaniste accepte cette mission essentielle pour l’avenir de l’humanité. Un couple d’aristocrates britanniques ambitieux, Lady Dolorès et Sir Edgar, cherche par tous les moyens à s’emparer du livre avec la funeste intention de profiter des pouvoirs fabuleux qu’il contient pour conquérir le monde. Le Botaniste et Monsieur Klein réussissent à déjouer tous les pièges et à échapper au couple infernal. Hélas, Lady Dolorès et Sir Edgar ont goûté, eux aussi, à cet élixir de longue vie. La traque ne se fera donc pas seulement dans l’espace mais aussi dans le temps. Durant près de deux siècles, le Botaniste et Monsieur Klein devront contrer à travers le monde les ambitions malsaines et dangereuses de Lady Dolorès et de Sir Edgar.» A ne manquer sous aucun prétexte! Dessin Pet Scénario Willemin Editeur Pierre Paquet 32 pages + 14 pages de croquis, crayonnés, illustrations et suppléments divers. Parution septembre 2004 prépublication dans la Tribune de Genève, juillet-août 2004 Tirage 5 200 exemplaires, dont 200 avec une couverture différente, à usage exclusif du Département des affaires culturelles ISBN 2-940334-61-7 Projets de couverture PAGE N° 26 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES ATELIERS VERTS du jardin botanique 2.3.05 Collectionne les plantes et réalise un herbier (1) 11.5 Partie 1: Récolte et séchage Collectionne les plantes et réalise un herbier (2) 9.3 18.5 Partie 2: Un herbier créatif 16.3 Découverte de la cellule d’une plante et extraction de son ADN 25.5 1.6 Espace rudéral – fin mai «Plantes-Hommes-Insectes» Lichens: le mariage d’une algue et d’un champignon «Le Conservatoire botanique dans tous ses états» Exposition présentée en collaboration avec le Jardin botanique de Lyon (serre tempérée) De juin à septembre aux Floralies (à Palexpo) en novembre 8.6 Jardiniers en herbe (1) La laine de nos moutons, le lin de nos grand-mères Apprends à feutrer la laine et découvre les fibres végétales Des odeurs et des couleurs pour tous les goûts Le rucher du Jardin botanique Découvre les habitants et les produits de la ruche avec l’apiculteur des Jardin botanique Le jardin des senteurs et du toucher Amuse-toi à reconnaître les plantes par leur parfum, leur forme et leurs utilisations Partie 1: Semis et plantations de printemps 27.4 Inauguration de la «4e voie CFF» Apprends à cuisiner des plantes qui sentent bon Voyage en Amazonie Sensibilisation à la diversité naturelle et culturelle 20.4 Flora alpina, les activités des CJB en matière de floristique alpine, 3 au 29 mai Promenades et observations scientifiques Découvre ces as du calcul pour qui 1+1=1 Expérience au laboratoire de biologie moléculaire 13.4 «La Flore des Alpes aux CJB» Qui habite dans ce nichoir? Construction d’un nichoir à mésange et observations 6.4 A la découverte des mousses EVENEMENTS 2005 Programme 2005 A vos AGENDAS ! 15.6 Jardiniers en herbe (2) Partie 2: Récolte et travaux du jardin Le succès des Ateliers Verts est assuré chaque année: en effet, le goût des bénévoles de l’Université de troisième âge à transmettre leur passion pour la nature aux plus jeunes n’a d’égal que la curiosité et l’attention que ceux-ci leur démontrent! C’est avec enthousiasme que nous suscitons l’intérêt pour notre environnement et ce travail est jalonné de belles rencontres avec de jeunes vocations: artistes, botanistes, entomologistes, connaisseurs de plantes magiques et j’en passe! Cette année, les chercheurs du Conservatoire botanique nous proposent de nouveaux thèmes. L’observation, le jeu, le dessin; multiples seront les moyens interactifs proposés en collaboration avec les médiateurs des CJB pour favoriser la rencontre de nos jeunes participants avec le monde des spécialistes des mousses, des lichens et des palmiers. Côté jardin et ethnobotanique également, nous proposons plusieurs nouveautés grâce à diverses collaborations. Les ateliers verts du Jardin botanique débutent dorénavant en octobre, ceci en collaboration avec UNI3, l’AAJB et le SLJ (D.I.P.) et la collaboration ponctuelle du CAD (HG). Vous trouverez le programme des ateliers de ce printemps ci-dessus. Le programme annuel figure sur un dépliant que vous pouvez obtenir à la réception du Jardin botanique ou auprès d’UNI3, ainsi que sur notre site internet: www.ville-ge.ch/cjb/ Renseignements et inscriptions auprès du secrétariat d’UNI3 les mardi et vendredi matin de 9h30 à 11h30, tél.: 022 379 70 68 EXPOSITIONS À LA SALLE DU CHÊNE 8 mars – 20 mars Pet & Willemin 21 juin – 10 juillet Séverine Jenny Planches originales de la bande dessinée «Le Botaniste, les secrets de l’edelweiss noir» L’île de Pâques Photographies noir/blanc 22 mars – 10 avril Deyrmon Masques et faunes africaines Aquarelles et dessins 12 avril – 1er mai Jorge Sanchez 12 juillet – 31 juillet Anne Fauconnet-Fulpius Céramiques 2 août – 21 août Olivier Robert Poésie et abstraction végétales par la macrophotographie Photographies 3 mai – 29 mai La Flore des Alpes aux CJB Flora alpina, les activités des CJB en matière de floristique alpine (voir pages 9 à 14) 23 août – 11 septembre Jean-Jacques Kissling Genève Collection. Photographies 13 septembre – 2 octobre René Gérard Imhof 31 mai – 19 juin «Végétal» «Natures mortes» Sculptures, collages, dessins et maquettes Par les élèves de l’Expression Plastique et Artisanat du Centre Geisendorf (plateforme «Ecolesmusées») 4 octobre - 23 octobre Anne Coïdan-Lenoir Patchwork contemporain LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N ° 27 Histoires & modernités BOTANIQUES 100 ans d'histoire et deux jours de bonheur pour le public qui est venu nombreux participer aux visites et animations proposées, mais aussi pour les collaborateurs des CJB qui ont pleinement joué leur rôle de médiateur en costume d'époque. Magie des rencontres autour d'une botanique du passé découvrant son futur PAGE N° 28 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES e 100 anniversaire DE L’IMPLANTATION DU JARDIN BOTANIQUE SUR SON SITE ACTUEL / 25 ET 26 SEPTEMBRE 2004 LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N ° 29 Tres gros succès public pour l'exposition «Envahisseurs» Inauguration de l'exposition «Envahisseurs» le 11 juin Le Jardin des plantes envahissantes Surprise: le magnifique «Carrousel des fables» reprendra du service aux CJB dès l'arrivée du printemps Rétrospective Installation jardinée dans un container de Steiner et Lenzlinger, une réussite et un pont entre la science et l'art contemporain Visite guidée pour la presse internationale onusienne PAGE N° 30 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES de gauche à droite Présence remarquée des CJB à la Nuit de la science autour des...envahisseurs Entre parc et lac: la pose de notre installation estivale «Corde de la phytodiversité», 1 kilomètre de balade et de corde ininterrompue pour découvrir la diversité de nos espèces végétales, entre le Musée d'Histoire des sciences et notre serre tempérée Notre exposition de photos historiques géantes, remises en situation dans le Jardin botanique actuel a été très appréciée de notre public Journées du développpement durable (12-13 juin), les CJB «envahissent» ou plutôt investissent la Plaine de Plainpalais avec leur «envahisseurs» ANNUELLE Fidèle à sa tradition, la Feuille Verte vous présente une rétrospective photographique des événements marquants l’année écoulée. C’est notre manière de relater la multiplicité des rapports que nous entretenons avec nos différents publics. Qu’ils en soient ici remerciés! Ateliers vert périscolaires, accompagnements de projets scolaires, Journée des écoles du 100e, Passeport vacances, courses d'écoles, etc... cela fait beaucoup, beaucoup d'enfants au Jardin botanique. En sortent-ils un peu plus verts? LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N ° 31 Fig. 2 Extrait d’une fiche d’élèves «la forêt nous soigne» Fig. 3 Extrait d’une fiche d’élèves «La forêt nous protège» EDUCATION ENVIRONNEMENTALE à Adiopodoumé C. Châtelain adjoint scientifique Pour la deuxième année consécutive le projet d’éducation environnementale dans la forêt d’Adiopodoumé a été reconduit grâce au financement du Fond de Développement de la Ville de Genève a mise en place de ce projet par les CJB avec la collaboration du Centre Suisse de Recherche Scientifique en Côte d’Ivoire devait permettre de revaloriser cette petite forêt aux yeux des riverains et des autorités puis de garantir sa conservation, en bordure de la ville d’Abidjan qui compte bientôt 3 millions d’habitants. Quatre chercheurs ivoiriens se sont investis dans cette tâche (deux zoologues, un botaniste et un environnementaliste) montrant ainsi que la recherche n’est pas enfermée dans une tour Fig. 1 Sortie dans les cultures entourant la forêt pour aborder l’origine des plantes cultivées (Photo: P. Martin) inaccessible. Trois classes des degrés primaires, du groupe scolaire de Yopougon ont pu participer aux cours et aux sorties en forêt, soit près d’une centaine d’élèves. Au-delà du but de rendre attentifs les élèves à la fragilité et à la richesse du milieu forestier, cette année un développement supplémentaire a été réalisé en visant le renforcement des capacités des enseignants et la durabilité du projet: l’organisation d’un atelier d’échanges avec un autre projet pilote d’éducation environnementale à Soubré et d’un atelier de formation pour les instituteurs, l’implication effective des autorités de l’éducation environnementale et de l’environnement en Côted’Ivoire (Ministère de l’Environnement, Office Ivoirien des Parcs et Réserves, Ministère de l’Education Nationale, etc). De plus, un numéro de la série éducative des CJB, regroupant les documents à l’usage des élèves et des enseignants, devrait être disponible sous peu. PAGE N° 32 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES du PARC DE HANN Créé en 2001 et fonctionnel l’année suivante grâce à la coopération avec la Mairie de Genève et le Bureau d’Appui à la Coopération Sénégalo-Suisse, le CEEH a eu à travailler cette année avec la Mairie de la Commune d’arrondissement de Hann Bel-Air ans le cadre de son programme d’éducation environnementale, la Mairie de Hann a sollicité le CEEH pour un appui technique. Il s’agissait de sensibiliser la population, plus particulièrement les élèves sur les problèmes de la pollution de la Baie de Hann, de la gestion des déchets et de renforcer les capacités des directeurs d’école et des enseignants pour une meilleure prise en compte des problèmes environnementaux de la commune. Pour le renforcement de capacités des enseignants, un séminaire de formation a été organisé au courant du mois de mars 2004. Il a été animé par M. Didier Roguet, conservateur ethnobotaniste aux Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève (CJB), par Mmes Magali Stitelmann médiatrice scientifique aux CJB et Myriam Bouverat, conseillère pédagogique de la Fondation Education pour le Développement (FED) de Lausanne. Ce séminaire intitulé «l’Education Environnementale vers un Développement Durable» a regroupé trente-neuf participants dont des directeurs d’école, des enseignants, des élus locaux, des membres d’associations intervenant dans le domaine de l’environnement et des agents de la Direction des Parcs Forestier et Zoologique de Hann (DPFZ). Au cours de l’année scolaire échue, le CEEH a travaillé avec quinze classes de l’élémentaire dont treize dans la commune de Hann et six classes du secondaire (trois classes de 6e et trois classes de 5e). Les cours se sont déroulés de janvier à mai et ont porté sur les modules 7 et 8 (Pollution de l’eau: cas de la Baie de Hann; Les déchets et notre environnement). Des films ont été projetés et des sorties sur le terrain effectuées (visite de la Baie). Après chaque cours d’éducation environnementale, une évaluation est faite en corrigeant les fiches de travail distribuées aux élèves. Dans la plupart des classes, plus de la moitié des élèves étaient en mesure de traiter correctement les exercices après les cours dispensés par le CEEH. Pour le secondaire, chaque groupe devait d’abord faire un exposé sur les causes et les conséquences de la pollution de la Baie de Hann et proposer des solutions pour la réduire. A la fin de l’année scolaire, un concours a été organisé. Pour chaque niveau, les trois meilleurs groupes ont été primés. La cérémonie de remise de prix (cadeaux offerts par la Mairie de Hann, la Direction de l’Environnement et des Etablissements Classés et la Direction des Eaux et Forêts) a été organisée dans la période réservée à la célébration de la Journée Mondiale de l’Environnement. Elle a été présidée par le Directeur de Cabinet du Ministre de l’Environnement et de la Protection de la Nature en présence des autorités municipales, du Directeur des A. Traoré coordinatrice du CEEH Coopération Centre d’éducation environnementale Eaux et Forêts, des parents d’élèves, directeurs d’école et enseignants. Les lots offerts aux élèves étaient composés de quatre à six cahiers, d’un trousseau complet (compas, règle, équerre, taille-crayon, gomme, stylos, crayon noir et crayons de couleur) et de Tee-shirts. L’idée du concours a été trouvée très pertinente par les directeurs d’école et enseignants. Il nous a permis de les associer davantage dans la formation (sortie avec les élèves, révision en classe et supervision du concours), de récompenser les meilleurs élèves, de motiver les autres pour les années à venir et de faire connaître aux parents d’élèves et aux autorités les actions menées par le CEEH. Fig. 1 Séminaire de formation (gauche) Fig. 2 «la baie de Hann» Dessin d’élève (ci-dessus) Fig. 3 La décharge de Mbeubeuss à Dakar LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N ° 33 ETNOBOTANICA Paceña Partageons un moment avec les futurs guides en formation, au cours du séminaire intitulé «Vers un nouveau Jardin botanique La Paz»! es activités du Programme Etnobotanica Paceña (EPA) à la ville de La Paz, Bolivie, sous les auspices des Conservatoire et Jardin botaniques de la ville de Genève, comprennent plusieurs étapes de développement basées sur les principes généraux de: formalisation, valorisation et restitution. Dans ce cadre conceptuel, un réseau d’institutions s’est mis en place, institutions qui interagissent entre elles par le biais de la coordination que j’effectue, échangeant entre elles expertises et savoir-faire respectifs dans un processus de recherche – action/formation. Cette coopération se réalise à la Paz, avec le Musée interactif Kusillo en tant qu’institution experte en éducation interactive, et avec l’Herbier National de Bolivie avec son Jardin botanique La Paz, qui dépendent de l’Université Mayor de San Andrés, en tant qu’institution experte en ethnobotanique. Plus avant, nous orienterons le programme vers une phase active, productive de plantes économiques et, à la fois participative, en travaillant avec des habitants de zones semi rurales. Parmi les activités menées en 2004, des séminaires de formation pour guides sont réalisés dans le cadre de la collaboration du Musée Kusillo au sein du réseau L’objectif du séminaire que je souhaite partager avec vous était la formation d’un groupe d’étudiants en biologie, ce afin de développer leurs compétences en éducation interactive appliquée au Jardin botanique La Paz. Cela permet de remplir un des objectifs de l’éducation environnementale, en donnant accès aux enfants, enseignants et familles à des visites guidées pour leur faire connaître et valoriser les ressources végétales, surtout indigènes; et leur relation avec leur environnement naturel et leur usage par la société. PARTAGEONS UN MOMENT AVEC LES PARTICIPANTS QUI RELATENT LEUR VÉCU Par un samedi de septembre, les visages souriants des jeunes guides illuminaient le Jardin. Sergio et Prem animaient le premier atelier de formation à l’attention d’étudiants de biologie désireux de dédier un peu de leur temps à partager leurs connaissances et un moment de leur vie avec les enfants ou adultes qui visiteraient le Jardin, leur enseignant la relation entre les plantes et l’être humain. Noemi, étudiante de 7e semestre de biologie, L. Collazos Pacheco Coordinatrice EPA M. Stitelmann Traduction de l’espagnol Fig. 1 Participants à la formation de guide attend de cette formation d’en savoir plus sur l’éducation environnementale, «voir le Jardin d’une autre façon et avec d’autres yeux», explique-t-elle, «nous ne devons pas seulement voir cet endroit comme un lieu isolé où se concentrent des connaissances utiles aux seuls scientifiques». Sergio, un des formateurs et directeur du Kusillo, affirme: «Nous devons, en pénétrant dans ce lieu, être libres. Nous devons renaître au jeu et à la découverte comme un enfant qui ouvre les yeux et voit la lumière pour la première fois.» Norma, ayant terminé ses études d’agronomie, commente: «Ce séminaire m’enseigne comment éveiller l’intérêt du visiteur ainsi qu’à favoriser chez lui l’envie de continuer à explorer et découvrir de nouvelles choses dans le Jardin». Fig. 2 Visite inaugurale des nouveaux aménagement éducatifs du Jardin botanique de l'Université de San Andres (La Paz) Maria, de 6e semestre: «Après ce séminaire, je pourrai assumer de façon adéquate les visites pour les enfants de différents âges qui visitent notre Jardin; je mettrai en place des jeux pour qu’ils apprennent facilement et en s’amusant, avec plusieurs techniques de groupes que nous apprenons ici; je pourrai gérer et accueillir des publics variés sur des thèmes divers pour illustrer la relation homme – plante.» «La visite du Kusillo m’a beaucoup servi pour mettre en pratique plusieurs méthodes nouvelles pour le Jardin botanique La Paz! Il est bien agréable d’enseigner en jouant! Qu’il est bon que les enfants puissent toucher les plantes, les planter, les sentir, les percevoir. Dans cet objectif, et avec le soutien des Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève, nous construisons une partie de l’infrastructure nécessaire dans notre jardin.» Tous ensemble au sein du réseau Etnobotanica Paceña, nous avançons dans la réappropriation d’une relation empreinte de beauté de l’être humain avec ces êtres merveilleux qui semblent être venus d’une autre planète, mais qui sont bien du nôtre, les plantes! Comment avons-nous pu l’oublier, dans les villes? PAGE N° 34 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES pourquoi, pour qui ? Pour la Commission N. Keckeis, D. Roguet & D. Thurre L’IMPULSION POLITIQUE Le 11 décembre 2003, Messieurs Charles Beer, Patrice Mugny et Pascal Chobaz, respectivement Présidents du Département de l’instruction publique de la République et canton de Genève, du Département des affaires culturelles de la Ville de Genève, et de l’Association des Communes Genevoises, ont convoqué un groupe de représentants des trois collectivités publiques, afin de faire le point sur la situation des relations entre les écoles et les musées de Genève. A l’issue de cette réunion, un groupe de travail multipartite a été créé: la Commission EcolesMusées. Elle a reçu pour mandat, d’analyser le dispositif en place afin de rationaliser les démarches de communication et de publication, de proposer une simplification de l’accueil des classes dans les musées genevois, ainsi qu’une meilleure coordination. Le dispositif régissant actuellement les relations entre écoles et musées est issu de nombreuses actions. La plupart des musées de la Ville de Genève proposent un programme annuel d’activités adaptées au public scolaire: visites guidées, rédaction de dossiers pédagogiques, formation d’enseignants ou élaboration de projets cultu- rels plus importants. C’est notamment le cas des Conservatoire et Jardin botaniques qui pratiquent depuis 10 ans environ une politique active d’éducation environnementale pour les publics scolaires et périscolaires. Du côté de l’école, les enseignants, maîtres spécialistes et services de formations continues organisent également des actions, parfois en concertation avec les services des musées. Dans la multitude d’offres existantes, il est parfois difficile pour l’utilisateur ou le demandeur de trouver la bonne information, voire le bon service pouvant répondre à ses attentes. Un sondage a été réalisé auprès des enseignants du canton, afin de connaître leurs pratiques des musées et leur avis pour le futur. Les résultats de ce sondage ont été publiés sur le net (http://www.geneve.ch/culture/doc/Sondage%20Ecoles% 20Musees.pdf). Un rapport a été remis aux politiques en avril 2004, et une nouvelle réunion de bilan s’est tenue en mai. La Commission s’est vue confier la suite du mandat, à savoir, œuvrer pour une meilleure coordination écoles-musées. Education Une Commission ECOLES - MUSÉES : LES VISITES AU MUSÉE A) LE POINT DE VUE DU MUSÉE Accueillir des classes au musée, c’est accueillir et former des jeunes; c’est également recevoir des enseignants et leur proposer des collections, des expositions, des espaces et des services existants comme autant de ressources pour leur enseignement. Faire percevoir le musée comme lieu d’expérimentation et comme espace privilégié pour développer de nouvelles méthodes pédagogiques, c’est rendre ce lieu vivant et lui conférer pleinement sa mission d’éducation, par ailleurs inscrite depuis toujours dans sa définition. Si dans un musée d’art, la participation des élèves fait appel d’abord à leur sens de l’observation et à leurs facultés de communication (l’expérience centrale s’articulant autour de l’exercice du regard), il en va différemment des musées scientifiques tel les Conservatoire et Jardin botaniques, où l’expérience pédagogique se fait de manière interactive, olfactive et tactile. L’objet retrouve alors un contexte naturel et patrimonial. Fig. 1 Visite commentée par Daniel Jeanmonod, conservateur, de l’exposition «Envahisseurs!» dans la serre tempérée LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N ° 35 Fig. 2 Visite et dégustation dans le potager historique aménagé à l’occasion du 100e anniversaire de l’implantation du Jardin botanique sur son site actuel Fig. 3 Observation de mousses au microscope Fig. 4 Education environnementale en compagnie d’un jardinier B) LE POINT DE VUE DE L’ÉCOLE Pour concilier, à l’école, le développement de la créativité personnelle de l’élève à celui d’une véritable culture, le musée peut jouer un rôle essentiel, particulièrement en ce qui concerne l’acquisition de points de repères en lien avec le patrimoine culturel. La visite au musée peut être conçue comme un moment spécifique au sein d’un programme didactique: dans le cadre des expositions prévues par un musée au cours d’une année scolaire, nombreux sont les thèmes qui peuvent interpeller les enseignants (généralistes et spécialistes). Une collaboration entre responsables de disciplines et professionnels de musées permet de créer des dossiers pédagogiques et des moyens d’enseignement, qui mettent à profit les ressources des musées. L’interaction dossiers pédagogiques-visites de musée-travail en classe permet le développement de démarches structurées à long terme. LES LIENS INSTITUTIONNELS Dès la fin des années 1970, les musées de la Ville ont commencé à organiser des visites commentées pour les classes. Ils répondaient ainsi à l’une de leurs missions principales, soit l’accès des collections au plus grand nombre et l’éducation des jeunes citoyens. Dès les années 1980-1990, le Département de l’instruction publique (DIP) a contribué de manière active à la mise en œuvre de ces expériences dans les musées en détachant des «enseignantsrelais» aux Conservatoire et Jardin botaniques, aux Musées d’art et d’histoire et au Museum d’histoire naturelle. Au milieu des années 1990, le DIP a lui-même développé, en partenariat avec les musées, des actions de sensibilisation à l’art et à la culture. Il a aussi créé des entités chargées de promouvoir les liens entre l’école et la Cité: le programme l’Art et les Enfants, des Services culturels, la Cellule pédagogique du Bâtiment d’art contemporain. La conjoncture financière, structurelle et politique ayant évolué, les postes d’«enseignants-relais» ont progressivement été supprimés, laissant la place à un fonctionnement entre écoles et musées moins bien structuré et coordonné. FONCTIONNEMENT ET PARTENARIAT Depuis moins d’une dizaine d’années, les organismes culturels, sur la demande d’enseignants ou sur leur propre initiative, constituent des groupes de travail ayant pour mission de développer des projets en partenariat. Enseignant d’une part, médiateur culturel ou scientifique d’autre part: chacun apporte ses connaissances et sa sensibilité pour développer des actions particulières à l’attention de plusieurs classes ou d’une école. Cette dynamique de pédagogie de projets a l’avantage de s’adresser à un grand nombre pour aller vers une réalisation commune (expositions, création d’objets, spectacles, etc.). Les actions menées aujourd’hui par les musées sont multiples et variées. Elles peuvent être classées en deux catégories distinctes: l’accueil direct (présence de personnes pour visites commentées ou ateliers) et l’accueil indirect (supports de médiation). L’accueil direct s’est aussi développé au cours des années dans la formation des enseignants, soit par des liens avec l’Université, soit avec les services de formation continue; des visites commentées, des séminaires ou des cours sont régulièrement proposés par les musées aux enseignants des trois ordres. Les avantages d’une telle proposition sont les suivants: 8 8 8 8 Les premières tâches de la Commission écolesmusées pour la mise en œuvre de ces propositions sont les suivantes: 8 8 8 8 8 Ce dispositif, riche et varié, mais peu coordonné, s’est construit historiquement et selon un processus interpersonnnel. A long terme, cette situation ne peut que créer un sentiment de dilution et d’insatisfaction tant pour le corps enseignant, qui ne peut pas toujours accéder aux propositions des musées ou de l’Art et les Enfants, que pour les médiateurs culturels et scientifiques, qui peinent à cerner les attentes des écoles ou à renouveler les enseignants usagers de l’offre d’accueil. Seule une réelle coordination de l’existant, soutenue à tous les niveaux, permettrait de restructurer le dispositif et, partant de là, de faire de nouvelles propositions pour l’avenir. Pour 2005, la Commission Ecoles-Musées œuvre en ce sens. Un seul lieu de référence pour trouver, donner, diffuser de l’information tant pour les enseignants que pour les organismes culturels Une économie de moyens par une diffusion rationnelle et mieux ciblée Une meilleure synergie entre les demandes des enseignants et les calendriers annuels des organismes culturels Un encouragement pour le développement de projets transdisciplinaires La création et la mise en ligne d’un portail Internet La publication de supports d’information communs La constitution de fichiers d’adresses pour la diffusion La définition et la simplification de certaines procédures Le renforcement des formations initiales déjà existantes PAGE N° 36 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES AAJB Billet du président de l’AAJB B. Messerli PONGE d’une nuit d’été «Un ensemble de lois compliquées à l’extrême, c’est-à-dire le plus parfait hasard, préside à la naissance, et au placement des végétaux sur le globe.» e ne sais pas où l’on en était du côté de l’écologie végétale ou de la phytosociologie en 1942, lorsque Francis Ponge à écrit «Le parti pris des choses» dont est tiré ce fragment du poème de «FAUNE ET FLORE». En compulsant la superbe «Flora alpina» de David Aeschimann (et al. chez Belin), je ne partage pas l’avis de Ponge. Il y a des lois, certes, mais compliquées à l’extrême, nenni. Chapeau à David (et al!) d’avoir résumé en quatre petits tableaux, lus en un clin d’oeil, les paramètres qui président à la «décision d’établissement» de chaque plante présentée: substrat préféré, niveau trophique, acidité, humidité et altitude. Quant au «plus parfait hasard», j’en suis encore moins convaincu et souhaiterais que ce thème philosophico-scientifique fasse l’objet d’une soirée-débat «Coup de cœur». J’invite donc la ou les membres intéressés à proposer d’animer cet échange*. «L’expression des végétaux est inscrite une fois pour toutes. Pas moyen d’y revenir, repentirs impossibles: pour se corriger il faut ajouter». Dommage que Ponge (1899-1988) ne soit plus des nôtres. Laurent Bürgisser, délicieux vulgarisateur qui sait allier avec bonheur humour, science et lyrisme aurait sans doute pu donner la répartie à Francis, notamment en lui expliquant que parfois ces corrections se font par suppression ou substitution. Et à propos de Laurent, on signalera qu’il vient de lancer, avec sa collègue Ariane Cailliau, une «Association des naturalistes romands» (voir www.naturalistesromands.com). Ceci nous réjouit d’autant plus que nous allons prévoir des activités en commun. «L’on dit que les infirmes, les amputés voient leurs facultés se développer prodigieusement: ainsi des végétaux: leur immobilité fait leur perfection, leur fouillé, leurs belles décorations, leurs riches fruits.» Que ce soit au Bouthan avec Roméo Gex ou au bord de l’Allondon avec Christiane Guerne, il n’y avait pas besoin d’être un observateur très pointu pour se convaincre que l’immobilité végétale se joue souvent de Ponge et que la perfection du monde chlorophyllien n’est pas un mythe. Quant à «La mousse», traitée par le poète français, c’est bien quelque chose comme «Mille bâtonnets du velours de soie s’assirent alors en tailleur». Ces «terrains de tissuséponge, ces paillassons humides» que notre bryologue adorée Michelle Price nous a si bien présentés lors de deux sorties nous ont proprement fascinés. Voilà, ces quelques lignes de «ping-ponge» pour souligner combien toutes réflexions, poétiques ou prosaïques, peuvent ouvrir sur des thèmes d’une richesse à priori insoupçonnées. Ainsi, chers Amis, étoffez notre boîte à idées en nous incitant à défricher de nouvelles voies. Si une suggestion vous traversait l’esprit, ne passez jamais l’éPonge! Bernard Messerli (qui remercie encore du fond du cœur tous ces actifs - membres du Comité et guides - qui font turbiner l’AAJB) *Le secrétariat de l’AAJB est tenu désormais par Christine Vaz qui se fera un plaisir de répondre à votre appel le lundi après-midi et le jeudi au 022 418 51 12 (répondeur les autres jours; fax 022 418 51 01; [email protected]; CP 60, 1292 Chambésy) VOYAGE au Bouthan Quelques extraits du carnet de voyage de Christiane Guerne (…)Le col de Chelela est atteint. Il est garni d’une multitude de drapeaux de prières qui vibrent au vent frisquet des hauteurs. C’est leur rôle…ils parlent ainsi et protègent des esprits malins. Nous sommes à plus de 3000 m. Sur le versant de la vallée de Ha poussent des arbres plus maigres ; c’est le versant «sec». Une minuscule gentiane couleur de myosotis (Gentiana carinata) et quelques Rhododendron arborea rouge-sang s’épuisent à égayer un paysage austère. La rivière Hatshu vient du Tibet et coule vers l’Inde. On longe une montagne abrupte où les chênes penchés sont garnis de petites fougères rougeoyantes et où les lianes en broussaille un peu étouffantes qui accablent certains arbres se nomment Rosa brunoni. Des tas d’aiguilles de pins derrière les habitations sont des réserves de litière (et pas du tout des fourmilières jurassiennes). sont nombreux, les pêchers, les grenadiers ainsi que les plantes «utiles» telles que Ricin (Ricinus communis), Curcuma (de la famille du gingembre et entrant dans la composition du curry), Indigofera (jolie fabacée pourpre en buissons, tinctoriale), Bauhinia (arbre dont la feuille lui vaut le nom de «camelfoot» et qui fournit des teintures, des médicaments et des fibres), agaves et figues de barbarie (Opuntia monacantha). (…) Un petit arrêt hygiénique nous permet de découvrir une élégante parente de la lavande de mer qui ne lui ressemble pas du tout et forme des buissons à fleurs bleues (Ceratostigma griffithii) (Où M. Griffith n’at-il pas logé sa loupe ?) Je lui préfère Eleagnus parvifolia aux feuilles de soie qui sent bon et dont les fruits sont consommés. Le petit village que nous visitons (et qui rend hommage à la vigueur masculine sous forme de fresques) est au sommet d’une série de champs cultivés en terrasses, parfaitement irrigués. On y voit du blé mûr, du riz à repiquer, des pommes de terre et du sarrasin. Tout cela sous la tutelle d’un immense arbre qui laisse choir quelques feuilles coriaces. Cet imposant végétal (Eugenia jambolana), de la même famille que les Eucalyptus et proche de l’arbre qui fournit les clous de girofle, est, à voir son tronc, planté devant ce village depuis bon nombre de siècles. Nous reprenons la route en direction de Thimphu, chemin déjà parcouru, mais où les potagers nous apparaissent mieux. Les orangers y Les Indiens ont fait un contrat avec le Bhoutan pour la construction d’un complexe hydroélectrique géant dans le bas de la vallée de la Punakhanshu. Barrage et lac de retenue vont noyer le pont que nous venons d’utiliser et le Bhoutanais pourra s’éclairer sans bougies. Puisse Bouddha le préserver des mille périls de notre civilisation, et de l’appétit des voisins. RÉTROSPECTIVE & PERSPECTIVES AAJB PERSPECTIVES PROJETS AAJB 2004 - 2005 Coups de coeur du jeudi 2003-2004-2005 Cours Tour des modes (de multiplication des plantes), avec B. Messerli* Cours Détermination des plantes Les 3, 10, 17 et 24 mai 04; les 7 et 14 juin: avec L. Burgisser Visite guidée Exposition Envahisseurs! le 26 août 04, avec D. Jeanmonod et M.-A. Thiébaud Voyages et autres sorties botaniques Le Bhoutan 25 avril-7 mai, avec R. Gex L’Allondon «4-Saisons», 29 mai, avec R. Gex et C. Guerne La Laire «4-Saisons», 26 juin, avec R. Gex et D. Vité Dans le jardin d’Eric Petiot 28 août, avec M. Sipp et F. Roman La Drize «4-Saisons», 4 septembre avec D. Vité La Glacière de St-George excursion bryologique, 18 septembre, avec B. Messerli et M.-J. Price) Coups de coeur du jeudi Un voyage imaginaire au Paraguay 8 janvier 04, avec M. Soloaga Glauser Du rapport entre les insectes et les plantes 5 février, avec B. Messerli Les Mousses 19 février, avec M.-J. Price Le jardin selon Eric Petiot 13 mai, avec M. Sipp Le Bhoutan 14 octobre, avec C. Guerne Initiation à la mycologie Les 5, 19 et 26 octobre 2004, sortie le 23 octobre, avec la Société mycologique de Genève Détermination de plantes au printemps 05* Initiation à la mycologie à l’automne 05* Voyages et autres sorties botaniques La Plaine «4-Saisons», botanique et ornithologie, 20 novembre, avec R. Gex et D. Vité (à confirmer) Arboretum d’Aubonne sortie écorce, hiver 04-05, avec B. Messerli* Visite de la Distillerie de Bassin printemps 05, avec B. Messerli* Voyage en Lettonie Une semaine en avril ou mai 05, avec R. Gex* *Les dates seront fixées ultérieurement. On les trouvera sur le site www.cjb.unige.ch (puis Hôtes, puis AAJB) Assemblée Générale Date à fixer (mars 2005) Au stand de l’AAJB durant le 100e devant la Console LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N ° 37 COCHONS laineux et CANARDS de Poméranie en ESTIVAGE au Val Cama (GR) La montée à l’alpage d’un troupeau d’une centaine d’animaux de races menacées, en prélude à la campagne annuelle Pro Specie Rara «De retour sur les hauteurs» e 28 mai dernier, une certaine ferveur régnait à Cama, un village du Misox situé à une quinzaine de km au nord-ouest de Bellinzona. Un troupeau d’une centaine d’animaux de races domestiques menacées – des vaches grises rhétiques, des moutons de l’Oberland grison et roux du Valais, des chèvres grises, mais aussi deux jeunes porcs laineux, une truie et ses 9 petits, ainsi que des canards de Poméranie, des poules appenzelloises et des oies de Diepholz installés sur le dos de deux ânes – se préparait à parcourir le sentier étroit et escarpé qui devait le conduire 800 m plus haut, sur l’alpage du Val Cama où il devait résider tout l’été. Ce projet est le résultat d’un partenariat entre Pro Specie Rara et Verdabbio. Cette commune des montagnes grisonnes cherchait depuis plusieurs années à dynamiser son alpage tout en créant une animation touristique au Val Cama. De notre côté, nous souhaitions montrer le potentiel de nos races dans des conditions qui leur sont favorables et la plus-value apportée par des produits de haute qualité pour une commercialisation locale. La commune nous a mandaté pour diriger la rénovation de bâtisses existantes (l’étable, la cabane des bergers et la glacière), la création d’une fromagerie modèle d’alpage et la mise à disposition du bétail. Ce premier estivage de nos races rustiques est le premier pas d’un Antenne romande PSR D. Gautier projet global qui prévoit à une coexistence exemplaire sur l’Alpe entre le tourisme, l’agriculture, la sylviculture et la protection de l’environnement. Une alternative urgente à mettre en place à une époque où l’estivage est fortement remis en question. La rationalisation de l’agriculture et l’ouverture des marchés, avec l’effondrement des prix des produits agricoles qui en découle en sont les deux principaux responsables qui s’y opposent. De nombreuses exploitations de montagne ont été abandonnées ces dernières décennies er cette désertion s’accompagne d’une perte des connaissances et des traditions liées à l’économie de montagnes et engendre un appauvrissement de la diversité agricole et culturelle, tout en modifiant un paysage vieux de plusieurs millénaires. En étant «De retour sur les hauteurs» au Val Cama, nous souhaitions montrer que cet espace alpin est peuplé d’espoir et qu’il peut contribuer à une rénovation de l’économie des territoires de montagnes. Pour vous en convaincre, venez déguster ce merveilleux fromage d’alpage au lait de nos vaches grises rhétiques et de nos chèvres grises, car grâce au succès de cette année, les bergers seront à nouveau sur l’alpage en 2005! Pour tout renseignement concernant l’itinéraire et les posssibilités d’hébergement, veuillez contacter l’Antenne romande PSR, Tél. 022 418 52 25 Fig. 2-3-4 2004 :LES MOMENTS FORTS DE PSR AUX CJB ; Choix de variétés pour le potager historique, recherche de semences et conception des panneaux d’information (Fig. 1) ; Stand avec marché de légumes et de graines PSR lors des journées ∑ découvertes du 25-26 septembre 2004 ; Atelier scolaire (28 septembre 2004) ∑ ; Réunion la Commission suisse pour la conservation des plantes cultivées ∑ (CPC) organisée par Pro Specie Rara aux CJB (6 septembre 2004) (Fig. 2) ; Multiplication de 12 variétés anciennes de pommes de terre exemptes ∑ de virose (Fig. 3) ; Campagne de couvaison d’œufs de poules appenzelloises huppées et barbues et de canards de Poméranie (Fig. 4) Tout ce travail ne pourrait se faire sans l’appui de la direction et le travail des jardiniers des CJB. Encore merci! Fig. 1 PAGE N° 38 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES BRÈVES ACTUALITÉS LE JARDIN BOTANIQUE PRIS D’ASSAUT? Le Jardin botanique est de plus en plus fréquenté. C’est une évidence au vu des comptages ponctuels effectués en juin dernier dans nos allées: plus de 30 classes dans le Jardin botanique en une après midi et plus de 2000 personnes visitant l’exposition «Envahisseurs» sur un week-end. Une météo propice à la ballade botanique, un magnifique carrousel et une exposition attractive sur un thème d’actualité expliquent en partie cet engouement. Nouvelles du CRSF B. Bäumler Directeur Le million APPROCHE 2004 aura été une année fructueuse pour la banque de données du Centre du Réseau Suisse de Floristique (CRSF). Fin octobre, quelque 100 000 nouvelles notes floristiques provenant de différentes sources, comme des projets de cartographie régionaux ou le réseau de collaborateurs bénévoles, ont été traitées et saisies dans la banque de données pour atteindre un total de 250 000. Ce chiffre est évidemment encore loin du million, mais durant l’année, deux inventaires importants ont mis à disposition du CRSF leurs premières données: l’inventaire fédéral des prairies et pâturages secs (PPS) et le monitoring de la biodiversité en Suisse (MBD-CH), des projets auxquels le CRSF à aussi participé activement. L’intégration de ces informations à la banque de données du CRSF, grandement facilitée par une structure et un format informatique compatibles, portera le nombre total de notes floristiques stockées au-delà du chiffre de 750 000 ! Nous prévoyons pour l’année 2005 l’arrivée, entre autres, des résultats de la cartographie floristique du canton de Genève et de la suite des deux inventaires précités. Cela nous permet d’estimer que le chiffre de un million de données floristiques pour la Suisse sera sans aucun doute bientôt atteint. de Suisse (auteurs: D. Aschimann, CJBG, et C. Heitz, Bâle). Les travaux principaux furent l’intégration de la Flora Helvetica en tant qu’ouvrage de référence supplémentaire, l’intégration des changements et corrections de noms dans la banque de données du CRSF ainsi que la réalisation technique de l’ouvrage. Le nouvel index sera disponible en 2005 sous forme informatique et comme ouvrage imprimé. Une source de données également très intéressante provient de la deuxième enquête sur la distribution actuelle des plantes néophytes envahissantes en Suisse, menée par la Commission suisse pour la conservation des plantes sauvages (CPS) sous mandat de l’office fédéral de l’environnement (OFEFP). La collaboration du CRSF a principalement consisté à produire des cartes de distribution mais également à saisir une partie des données. Des fiches d’information sur chaque espèce de la «Liste noire» ainsi que les cartes de répartition actuelles peuvent désormais être consultées sur les sites internet de la CPS et du CRSF. Un travail considérable a été investi dans la réalisation de la 2e édition de l’index synonymique de la flore – CRSF www.crsf.ch – PPS www.umwelt-schweiz.ch/buwal/fr/ fachgebiete/fg_lrparks/tww/index.html – MBD-CH www.biodiversitymonitoring.ch/ francais/aktuell/portal.php – CPS www.cpsskew.ch/francais/info_ plantes_envahissantes.htm – OFEFP http://www.umweltschweiz.ch/ buwal/fr/index.html Parallèlement à l’augmentation considérable du nombre d’enregistrements, la banque de données du CRSF a également vu une évolution importante au niveau de son fonctionnement. Sa structure a été retravaillée et a été transférée sur un nouveau système plus efficace, installé sur une machine plus performante. Ces changements permettront le stockage et l’exploitation d’un plus grand nombre de données ainsi que l’installation de services interactifs sur internet comme la consultation de données ou de cartes de répartition actuelles. LA CORDE DE LA BIODIVERSITÉ Une expérience novatrice et fédératrice entre deux institutions muséales Ce lien physique entre le Jardin botanique et le Musée d’Histoire des sciences a retenu l’attention de nombreux visiteurs. Cette installation discrète, tangible et éphémère a susciter l’intérêt de nombreux promeneurs et reçu beaucoup de compliments. NOUVELLE CARTE DE VISITE DES CJB Un coffret regroupant une série iconographique historique, traitée en carte postales légendée, associée à un DVD de 20’ présentant de manière actuelle les activités et les mission des CJB a été édité , en collaboration avec le Centre multimédia du Département des affaires culturelles, pour le centenaire du transfert du Jardin botanique sur sa parcelle actuelle. BANDE DESSINÉE La bande dessinée de Pet et Willemin, «le Botaniste, les secrets de l’edelweiss noir», a reçu un accueil très favorable de la profession après son passage cet été dans la Tribune de Genève en pleine page pendant plus d’un mois. JEU POUR ENFANTS Un projet de jardin musical et ludique cherche des sponsors ou des mécènes. Unique en Suisse, il apporterait, proche de la buvette, un complément magnifique aux jeux pour enfants déjà installés à cet emplacement. Un dossier est à disposition pour toute entité intéressée. ENVAHISSEURS! Notre exposition annuelle sur le thème des organismes envahissants (végétaux et animaux) dans la région genevoise (Suisse) a accueilli plus de 30 000 visiteurs cet été dans la serre tempérée des Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève (CJB). Les CJB ont également édité, en collaboration avec le Musée du Léman et les services compétents de l’Etat, un dossier pédagogique fort complet sur le sujet de l’envahissement. Ce dernier comprend des fiches, un dossiers explicatif et pédagogique, ainsi qu’une documentation sur le sujet. Renseignement sur le site des CJB: http://www.ville-ge.ch/cjb/. et achat auprès du Botanic Shop (1 ch. de l’Impératrice). LIENS UTILES LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N ° 39 Imprimé sur papier écologique sans chlore Case postale 60 – Chemin de l’Impératrice 1 – CH-1292 Chambésy/Genève – tel. 022/418 51 00 – Fax 022/418 51 01 – www.ville-ge.ch/cjb/