Présentation du projet
En 2005, la Compagnie créait dans la cave d’un particulier bisontin, Le Journal de
Klemperer, monologue adapté du journal tenu entre 1933 et 1945 par le philologue allemand
Victor Klemperer. Ce spectacle se faisait en partenariat avec le Musée bisontin de la Résistance et
de la Déportation. La cave était le moyen de rappeler les conditions de survie et la nécessité de se
cacher pour un intellectuel comme Klemperer sous un régime dictatorial.
Le lieu « cave » s’est révélé être un lieu formidable de création et un remporté un succès certain.
Les spectateurs et comédiens présents lors de cette création ont compris l’intérêt que pouvait
comporter un lieu comme celui-là.
La compagnie crée plusieurs spectacles chaque année. Nous créons et jouons dans les
circuits traditionnels de notre profession : Scènes Nationales, Centre Dramatique Nationaux… En
2005, le spectacle Animaux en paradis s’est créé au Théâtre des 2 rives à Rouen. En 2006, nous
créerons La séduction d’un dieu tout puissant au Royaume-Uni. En 2007, nous produirons Le
mourrant d’aujourd’hui à Nice, Rungis, Colombes, Grenoble, Belfort…
Cependant ces productions sont longues et complexes à mettre en place, engendrent des coûts
importants et casse une forme de liberté et de spontanéité nécessaire à l’activité de fabrication de
spectacles vivants. En outre, la compagnie a formalisé une relation « permanente » avec plusieurs
comédiens amis : Pierre-François Doireau, Josée Drevon, Etienne Fague, Pearl Manifold, Christian
Pageault, Luc Schillinger, Judith Siboni. Tous ayant une longue expérience professionnelle ou une
formation dans une école nationale d’acteur.
Cette relation nous a donné l’envie de mettre en place un projet de création de spectacles
multiples dans une période limitée, une sorte de festival, dans lequel la seule exigence serait de
choisir des textes et des formes incitant les spectateurs à réfléchir et à rêver. Les mots seraient au
centre de ces créations. Ce projet nécessitait l‘invention d’une économie particulière, loin des
créneaux habituels.
Nous avons ainsi décidé de créer quatre spectacles, d’en reprendre deux autres et de les
jouer dans les caves de bisontins. C’est ainsi que nous jouerons entre le 15 mai et le 24 juin plus de
32 représentations dans divers lieux bisontins. Une pièce est commandée à un écrivain genevois,
une autre est choisie dans le répertoire d’Howard Barker, un ami de la compagnie, les autres
spectacles étant des adaptations de textes littéraires, scientifiques ou historiques. Les pièces sont
toutes jouées par les « comédiens associés ». Nous recevrons en outre un le Terrier d’après Franz
Kafka, mis en scène par Jean Lambert-Wild, un metteur en scène ami.
La proximité avec les spectateurs, le décor naturel, la petitesse de la « scène », la limitation
des éclairages engendrent des formes artistiques particulières. Mais nous chercherons à montrer
que ces formes peuvent être nombreuses, que les styles peuvent être différents malgré l’apparente
fixité des lieux.
Les textes choisis sont divers, racontent tous des histoires différentes. Mais un point
commun les réunis tous : notre espoir que ces textes pourraient produire chez les spectateurs une
réflexion, pourraient les interroger sur notre monde.
Cela pourrait être cela la fonction du théâtre : non plus donner des réponses simples à un monde
complexe mais poser des questions complexes à ce monde que d’aucuns aimeraient plus simple.
Dans notre festival de caves, notre simple ambition sera de poser ces questions complexes et
diverses.
Guillaume Dujardin