Compagnie Via Negativa
(association Théâtre au présent)
DOSSIER DE PRESENTATION
L' O P P O S A N T E
texte de Lydie Parisse
(ed. Domens 2015)
mise en scène Lydie Parisse et Yves Gourmelon
avec Yves Gourmelon
lumière Tangi
régie Maël Gourmelon
vidéo Yves Gourmelon et Arthur Leblanc
Spectacle crée du 21 au 23 avril 2015 à Toulouse (Le Ring),
repris au festival d’Avignon du 7 au 18 juillet 2016 (salle Roquille),
au festival Voix Vives à Sète le 23 juillet 2016 (Théâtre de Poche),
à Montpellier les 14-15 octobre 2016 (la Baignoire),
à Toulouse les 6 -7 janvier 2017(Cave Poésie).
Avec le soutien du Ring et du Centre Régional des Lettres de Midi-Pyrénées,
qui a récompensé le texte (lauréat bourse 2014)
Le 4e âge nous concerne tous.
C’est à partir d’une histoire réelle que l’auteure a élaboré le récit de cette
femme morte à 97 ans qui a enfoui dans le secret de son âme un amour
interdit. Sur la côte sauvage de sa Bretagne natale, elle a aimé un allemand
durant la seconde guerre mondiale avant d’en être séparée, sans jamais
l’avoir oublié. Depuis le jour de sa mort elle se met à parler pour un compte
à rebours avant de s’enfoncer à jamais dans la brume.
Lydie Parisse est écrivain, plasticienne, metteure en scène et Maître de
conférences à l’université de Toulouse 2, elle est l’auteure du poème
dramatique
L’Opposante
, qu’elle met en scène avec Yves Gourmelon. Elle a
publié cinq fictions dramatiques :
L’Encercleur
(Entretemps 2009),
La
matrice I. le temps des musons
(Domens 2010),
Manuel de l’amour
moderne
(Domens 2012),
Les Devenants
(Domens 2015) et
L’Opposante
(Domens 2015). Elle a publié un long poème, «
Lorelei »,
dans la revue
Souffles
(2015). Elle est l’auteur d’essais sur le théâtre :
La parole trouée :
Beckett, Tardieu, Novarina
(Lettres Modernes Minard 2008) et
Lagarce. Un
théâtre entre présence et absence
(Classiques Garnier 2014)
Ses derniers textes en cours sont :
La Passion de l’obéissance
(fiction
dramatique sur le terrorisme et la notion de perte) et
Théâtres de la voie
négative
(essai sur le théâtre contemporain).
Liens vers
Liens vers
L’Opposante
L’Opposante
: le spectacle, les rencontres,
: le spectacle, les rencontres,
une émission radio
une émission radio
http://www.avignonleoff.com/programme/2016/par-titre/L/l-opposante-15835/
http://www.sacd.fr/Avignon-2016.4618.0.html
http://radio-fmr.net/?p=33118
www.theatre2lacte-lering.com/lering/event/l-opposante/
Liens vers derniers textes, spectacles, rencontres
Liens vers derniers textes, spectacles, rencontres
http://www.toulouseinfos.fr/actualites/20810-exposition-lydie-parisse-a-ciam-la-fabrique.html
http://www.theatre2lacte.com/le-ring/les-spectacles/programmation-du-ring/les-devenants-un-
mois-une-auteure.html
https://www.facebook.com/pages/Le-Brigadier/397534283642629
https://www.facebook.com/pages/Lydie-Parisse/427666004044462?ref=bookmarks
http://www.ombres-blanches.fr/prochainesrencontres/rencontre/rencontre/2805/lydie-
parisse/l-ecriture-paysage/toutes_les_rencontres/p/170.html
historique du spectacle
historique du spectacle
L’Opposante
a été créé dans le cadre d’une carte blanche de un mois donnée
à Lydie Parisse à Toulouse, au Ring, du 31 mars au 30 avril 2015 : trois
spectacles en création ont été présentés au Ring avec le soutien du Théâtre
Garonne
(Les Devenants, L’Opposante, L’Encercleur).
Trois rencontres-
lectures ont eu lieu dans des librairies et dans le cadre du Collectif Homme-
Femme. La presse a anticipé et suivi ces manifestations.
Dans la première version, le spectacle était donné avec deux acteurs. Au
premier plan, Yves Gourmelon donnait le texte en lecture, à un pupitre, dans
sa quasi-intégralité, tandis qu’en arrière-plan, Marie-Angèle Vaurs réalisait une
performance quasiment muette, où elle donnait parfois la réplique à son
partenaire : une femme se déplaçant du matin au soir dans sa cuisine et
accomplissant des gestes quotidiens du lever au coucher, dans des climats de
lumière changeants illustrant les heures du jour.
Dans la seconde version, mise en place un an plus tard pour le festival
d’Avignon 2016, la mise en scène a été épurée car il nous a semblé que le
texte est avant tout un texte sur l’absence : non seulement il n’est pas
nécessaire qu’il y ait une présence féminine sur scène, mais la lumière est de
trop, nous donnons donc ce texte dans la presque quasi-obscurité.
n
notes de l’auteure
otes de l’auteure
sur l’écriture de
sur l’écriture de
L’Opposante
L’Opposante
Voici longtemps que j’avais ce projet de rassembler ce que je sais d’elle.
Ce texte-monologue a été écrit à partir de notes minimalistes prises sur dix
ans à partir de l’observation d’une personne sombrant dans ce que nous
nommons le quatrième âge. Cette femme est liée à un lieu, un port au bord
de la mer, cette femme est morte aujourd’hui, cette femme parle peu mais
marche beaucoup, ses pas parcourent sans cesse le port, ses pas tracent des
chemins circulaires à travers le port, ouvrant une brèche dans son passé, une
brèche dont elle ne parle à personne, et surtout pas à ses enfants. Cette
femme meurt en emportant un secret dans sa tombe. Je ne sais pourquoi j'ai
toujours regardé cette femme comme un personnage, peut-être justement
parce qu'elle ne parlait pas, parce qu'elle ne disait rien, jamais rien sur elle,
sur ce qu'elle ressentait, simplement des paroles quotidiennes, frustes, avec
de temps à autre, des paroles en éclair, par exemple, depuis son lit de fatigue
à la maison de retraite : « les anciens sont fatigués »
Dans ces derniers moments, jusqu'à une semaine avant sa mort, j'ai passé
mon temps à observer tout ce qui en elle était extraordinairement vivant, au-
delà de son apparence physique fossile qui n'avait plus que la peau sur les os.
Sortant un jour en larmes de sa chambre, j'ai pensé à un texte de Maeterlinck
qui voyait le vrai tragique quotidien dans l’image d'un vieillard accoudé à sa
fenêtre, prêt à sombrer dans l’abîme de la mort. Mais à ce moment précis,
notre personnage n’est pas précisément comme le vieillard du tragique
quotidien de Maeterlinck, elle ne peut plus s’accouder à la fenêtre. Elle n’a
plus de coude pour s’accouder, toute sa masse est devenue friable, toute sa
carcasse proche du squelette d’un oiseau, sa peau si fine et transparente
qu’elle laisse voir ses veines roses et bleues. Son visage émacié s’est retiré à
l’intérieur, quelque chose l’absorbe à l’intérieur. Quelque chose comme le
temps. Pour les anciens, le printemps est une insulte, ils ne peuvent suivre
l’explosion du printemps. Elle aimerait pouvoir se mettre à l’unisson du
printemps, déployer des tales, faire briller ses étamines, se ployer
doucement sur sa tige, et savourer, l’espace d’un instant, cette immobilité
sereine et éphémère de la fleur. Les fleurs sont ses sœurs, elle le sait. Tandis
qu’elle courait le port à leur recherche, pendant toutes ses années de
serial
flower
(c'est ainsi qu'on l'appelait ici car, lors de ses marches compulsives,
elle cueillait les fleurs en bordure des jardins) elle faisait des provisions
d’immobilité. Pour plus tard. Oui pour plus tard. Ce plus tard est devenu
maintenant et elle ne saurait dire à quoi il ressemble. Comme la fleur, elle
ploie, de plus en plus elle ploie. Vers le sol. Mais ses yeux sont bien sur la
terre. Sur la surface de la terre. Une terre qu’elle ne veut pas quitter.
Elle est allongée dans son lit. Elle n’a plus aucun relief, sous les draps c’est
presque plat. Elle sort sa main des draps, une main longue, fragile. Avec ses
yeux a demi rongés par un glaucome, elle pétille encore, elle est bien là,
quelqu’un de bien vivant, de plus vivant que nous peut-être. Plus proche sans
doute de ce que c’est que le seul fait de vivre. Avec elle, sans les mots,
quelque chose vient d’avoir eu lieu, une rencontre, quelque chose d’unique. «
Tout ce que nous appelons vie, univers, Dieu, n’est que notre façon de voir ce
qui représente une réalité que nous n’apercevrons pas tant que nous
resterons ce que nous sommes », écrit Maeterlinck. Et ce sentiment d'être en
face de « cette sorte de cruauté vitale qui est à la base de la réalité », comme
l'écrit Artaud dans
Le Théâtre et son double
. « Il faut que le théâtre passe à
travers les larmes », a écrit le grand metteur en scène allemand Klaus Michael
Grüber, faisant de cette phrase le titre d'un de ses livres. C'est de ce théâtre-
sans doute qu'il est question ici. Entre goût de la vie et glissement dans la
mort, entre présent et passé, entre extrême vieillesse et jeunesse des
sentiments, le personnage se déploie.
A la maison de retraite, on l’appelle « l’opposante ». Elle s’oppose à tout ce
qui pourrait assurer son confort, et surtout elle refuse la nourriture.
C’est elle qui parle, c’est un monologue. Tantôt lyrique, tantôt grave, tantôt
léger.
Le texte se présente comme un compte à rebours. Il part du jour de la mort
de la femme, plus exactement de son enterrement, des conditions précises
de son enterrement, un beau jour ensoleillé d’hiver. Elle observe ses proches,
ses voisins, les mots et les rituels autour de ses funérailles. Elle est présente,
sa voix est d’outre-tombe.
Depuis l’église où on célèbre son enterrement, elle s’envole en hélicoptère.
Puis elle s’absente et quitte le monde, et c’est un compte à rebours qui
commence. A partir du moment de sa propre mort, elle remonte dans son
passé, un jour, une semaine avant sa mort, puis un mois, des mois, un an, des
années, des décennies avant sa mort. L’amour, la guerre. Elle a perdu
la conscience du temps. Elle qui parle si peu arpente les paysages à la
rencontre de son secret.
Importance des gestes quotidiens : comment elle s’habille, ce qu’elle mange.
Notes sur les paysages, sur la force des paysages.
Force pathétique d'un personnage qui passe de la fin de vie aux origines de la
vie. La vie est bouclée.
Dévoilement progressif de son histoire d'amour personnelle avec un soldat
allemand qu'elle n'a pas épousé mais qu'elle n'a jamais cessé de revoir.
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