Biodiversité & Economie
Biodiversité & Economie
Safine HADRI
Avocate au barreau de Paris
27, rue de la Ville l’Évêque 75008 Paris
Tél. : 33 (0)1 53 43 22 20 s Télécopie : 33 (0)1 53 43 22 21
e-mail : [email protected] s http://www.smaparis.com
Patricia Cuba-Sichler
33, rue des Mathurins 75008 Paris
O
ui, nous faisons partie du monde
vivant ! Il s’agit de prendre
conscience du danger que repré-
sente pour l’espèce humaine l’évolution en
cours de la biosphère dont elle est vitalement
dépendante. Il est temps de passer à l’acte,
de faire prendre conscience et surtout de faire
réagir, en s’appuyant sur les intelligences, le
partage et un grand respect de cette biodi-
versité à laquelle nous appartenons ».
L’association ORÉE joue en la matière un rôle
exemplaire. Depuis 2006, le Groupe de travail
Biodiversité et économie a modifi é en profondeur la
façon d’analyser la biodiversité et le présent guide en
rend largement compte.
Les adhérents d’ORÉE ont intégré le fait que la biodiversité est la grande
pourvoyeuse de leurs matières premières et de leurs technologies, donc de leurs
profi ts. La conservation de la biodiversité est une donnée essentielle de leur propre
durabilité. Quelles que soient les activités et la sensibilisation des acteurs aux en-
jeux biodiversité, il leur est possible d’améliorer voire repenser leurs stratégies et
même leurs activités dans un cadre de développement soutenable et souhaitable.
Dans cet ouvrage les acteurs explorent différentes démarches et témoignent des
multiples pistes d’intégration de la biodiversité dans leur stratégie et leur quotidien
pour construire un chemin vers une réconciliation des activités humaines et des
enjeux biodiversité. Du fait de la multiplicité des interactions entre la biodiversité
et les activités humaines, le propos général, plusieurs notions fondamentales et
les exemples des partenaires d’ORÉE permettront à chacun de construire selon sa
sensibilité, ses possibles et ses ambitions, sa propre stratégie.
La gestion de la biodiversité
par les acteurs : de la prise
de conscience à l’action
La gestion de la biodiversité par les acteurs :
de la prise de conscience à l’action
«
9 782953 318821
ISBN 978-2-9533188-2-1
29 TTC
La gestion de la biodiversité
par les acteurs : de la prise
de conscience à l’action
Biodiversité & Economie
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Sous la direction de :
Claude Fromageot, Hélène Leriche
, Michel Trommetter.
Comité éditorial :
Hugo Anest, Béatrice Bellini, Nathalie Frascaria, Claude Fromageot,
Ciprian Ionescu, Hélène Leriche, Michel Trommetter.
Contributeurs :
Hugo Anest, Daniel Baumgarten, Béatrice Bellini, Gilles Boeuf, Alain Chabrolle,
Nathalie Frascaria, Claude Fromageot, Ciprian Ionescu, Hélène Leriche,
Eric Lateltin, Alice Sarran, Patricia Savin, Michel Trommetter, Jacques Weber.
Co-Financeurs :
CDC - Biodiversité, EDF, EIFFAGE, Inddigo, L’Oréal, Maisons du Monde,
Région Rhône-Alpes, Savin Martinet Associés, Séché Environnement, SNCF,
Veolia Environnement, Yves Rocher.
Porteurs d’étude de cas :
Bouyges Construction, Bureau Veritas Certification, Bureau Veritas CODDE,
Communauté de communes de l'Île Oléron, Crédit Coopératif, Dervenn, EDF,
EIFFAGE, Gecina, Gondwana, Inddigo, Les Jardins de Gally, L’Oréal, LVMH,
Maisons du Monde, Pur Projet, SAF-agriculteurs de France, Séché Environnement,
Thelema, Voies navigables de France, Veolia Environnement, Yves Rocher.
L’équipe Orée () et plus particulièrement Nathalie Boyer et Cécile Couteau.
Et les nombreux photographes amateurs.
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PRÉFACE
Jacques Weber & Gilles Boeuf
Qu’est-ce que la « biodiversité » ? Rien
d’autre que le monde vivant, mais dit sa-
vamment ; rien d’autre que la « diversité
vivante ». Et les humains sont-ils des êtres
vivants ? Si oui, alors il est impossible, voire
stupide, d’imaginer d’un côté l’espèce hu-
maine et d’un autre, le reste de la diversité
vivante, du monde vivant. Donc, oui, nous
faisons partie du monde vivant. Nous ne
sommes peut-être « pas des bêtes » mais
bien des vertébrés mammifères, comme
les chiens, les chats et les baleines. Et
nous sommes des primates comme les
chimpanzés, les gorilles et les macaques.
Non seulement nous en faisons partie,
mais nous en sommes vitalement dépen-
dants et interdépendants. Tout ce que
nous mangeons provient du monde vivant,
tout comme nos vêtements, une bonne
partie de nos maisons, nos meubles… Et
nous ne coopérons qu’avec du vivant !
Très récemment encore, plusieurs articles
parus dans les plus grandes revues
scientifiques, démontraient l’influence
de la diversité de la flore intestinale sur
la santé humaine, notamment en matière
d’obésité, de diabète, de maladies cardio-
vasculaires, de maladies auto-immunes…
Au départ, dans l’océan ancestral, il y a
quelques 4 milliards d’années, apparais-
sent l’ARN* puis, plus stable, l’ADN*, qui
sont communs à toutes les formes de vie,
virus, bactéries, lichens, champignons,
plantes, insectes et vertébrés, dont les
mammifères que nous sommes. Cette évo-
lution, vers sans cesse plus de diversité,
s’est faite au prix d’innombrables innova-
tions accroissant sans cesse l’adaptabilité
du vivant à l’instabilité et à la variabilité
des climats et des milieux.
Aujourd’hui, la diversité du vivant évolue
en peau de chagrin et hélas, cette peau
de chagrin ne rétrécit pas « vite » mais de
plus en plus vite. D’une part, la diversité se
réduit du fait d’une disparition accélérée
des écosystèmes et des espèces, d’autre
part l’espèce humaine réduit délibérément
la diversité des espèces dont elle dépend
directement, sacrifiant le futur à l’exigence
d’un taux d’actualisation* élevé, de retour
sur investissement à très court terme.
Ainsi l’alimentation planétaire dépend-
elle aujourd’hui à 50% de quatre plantes
(maïs, blé, riz, pomme de terre) et à 80%
de 18 plantes alors qu’il existe plus de
20 000 plantes alimentaires connues dont
PRÉFACE
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5800 sont ici ou là, localement cultivées.
L’industrialisation de l’agriculture conduit
à la simplification et à l’appauvrissement
des agro écosystèmes ; la perte de di-
versité biologique* dans les sols comme
dans les parcelles accroît les risques de
maladies et de ravageurs des cultures tout
en contraignant à l’usage accru d’engrais
et pesticides. La production d’OGM* in-
secticides, efficaces en un premier temps,
génère des espèces résistantes comme
encore récemment démontré dans le cas
du maïs en Afrique par une équipe de
l’IRD*1.
Cette évolution a un responsable, l’espèce
humaine, qui domine l’ensemble des éco-
systèmes de la planète, soit directement
en les exploitant à son seul profit soit
indirectement par ses impacts, dont le
changement climatique et les continents
de plastique dans les tous les océans.
Nous sommes bien dans une « anthro-
pocène », expression proposée par Paul
Crutzen en 2000. « La maison brûle et nous
regardons ailleurs » disait Jacques Chirac
à Johannesburg en 2002. En ce sommet
mondial se prenait l’engagement de stop-
per l’érosion de la biodiversité à l’horizon
2010 : on sait ce qu’il en fût, une accélé-
ration de cette érosion. Au sommet de Rio
de Janeiro en 2012, il fut convenu que l’on
s’était simplement trompé d’horizon et qu’il
fallait comprendre 2020 : soit, mais alors,
on s’y prend comment ? En déforestant
massivement au profit du pétrole ou des
mines comme en Équateur où le gouverne-
ment sacrifie le Parc Yasuni à l’or noir ? En
multipliant les permis pétroliers et miniers
dans les fonds marins, au mépris total de
la vie dans ces grands fonds dont le rôle
fondamental dans le fonctionnement de la
biosphère* est délibérément ignoré ? En
continuant, comme actuellement, à penser
que la biosphère* est illimitée, que le court
terme doit à tout prix l’emporter et qu’à
long terme, nos enfants n’auront qu’à « se
débrouiller » ?
Les changements, si rapides soient-ils,
ne sont perceptibles qu’à celles et ceux
qui ont vécu avant qu’ils ne se produisent,
sinon, il ne s’agit que de statistiques. La
disparition des hannetons peut-elle dire
quelque chose à qui n’a jamais, enfant,
joué avec ou pire, n’en a jamais vu ? Que
l’on ne voie plus de papillons ou presque
n’inquiète que celles et ceux assez âgés
pour se souvenir de leur abondance pas-
sée. Qu’il soit impossible de boire l’eau des
rivières ou des torrents paraît aujourd’hui
« naturel ». Cette absence de mémoire
vécue du changement entretient l’illusion
de l’inépuisabilité. Il en va ainsi dans le
domaine des pêches où l’accroissement
sans fin des puissances de pêche, de la
sophistication des engins de capture et
des instruments de repérage des pois-
sons donne l’illusion aux pêcheurs qu’il y a
« toujours autant de poisson contrairement
à ce que disent les scientifiques » (sic !)
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