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5800 sont ici ou là, localement cultivées.
L’industrialisation de l’agriculture conduit
à la simplification et à l’appauvrissement
des agro écosystèmes ; la perte de di-
versité biologique* dans les sols comme
dans les parcelles accroît les risques de
maladies et de ravageurs des cultures tout
en contraignant à l’usage accru d’engrais
et pesticides. La production d’OGM* in-
secticides, efficaces en un premier temps,
génère des espèces résistantes comme
encore récemment démontré dans le cas
du maïs en Afrique par une équipe de
l’IRD*1.
Cette évolution a un responsable, l’espèce
humaine, qui domine l’ensemble des éco-
systèmes de la planète, soit directement
en les exploitant à son seul profit soit
indirectement par ses impacts, dont le
changement climatique et les continents
de plastique dans les tous les océans.
Nous sommes bien dans une « anthro-
pocène », expression proposée par Paul
Crutzen en 2000. « La maison brûle et nous
regardons ailleurs » disait Jacques Chirac
à Johannesburg en 2002. En ce sommet
mondial se prenait l’engagement de stop-
per l’érosion de la biodiversité à l’horizon
2010 : on sait ce qu’il en fût, une accélé-
ration de cette érosion. Au sommet de Rio
de Janeiro en 2012, il fut convenu que l’on
s’était simplement trompé d’horizon et qu’il
fallait comprendre 2020 : soit, mais alors,
on s’y prend comment ? En déforestant
massivement au profit du pétrole ou des
mines comme en Équateur où le gouverne-
ment sacrifie le Parc Yasuni à l’or noir ? En
multipliant les permis pétroliers et miniers
dans les fonds marins, au mépris total de
la vie dans ces grands fonds dont le rôle
fondamental dans le fonctionnement de la
biosphère* est délibérément ignoré ? En
continuant, comme actuellement, à penser
que la biosphère* est illimitée, que le court
terme doit à tout prix l’emporter et qu’à
long terme, nos enfants n’auront qu’à « se
débrouiller » ?
Les changements, si rapides soient-ils,
ne sont perceptibles qu’à celles et ceux
qui ont vécu avant qu’ils ne se produisent,
sinon, il ne s’agit que de statistiques. La
disparition des hannetons peut-elle dire
quelque chose à qui n’a jamais, enfant,
joué avec ou pire, n’en a jamais vu ? Que
l’on ne voie plus de papillons ou presque
n’inquiète que celles et ceux assez âgés
pour se souvenir de leur abondance pas-
sée. Qu’il soit impossible de boire l’eau des
rivières ou des torrents paraît aujourd’hui
« naturel ». Cette absence de mémoire
vécue du changement entretient l’illusion
de l’inépuisabilité. Il en va ainsi dans le
domaine des pêches où l’accroissement
sans fin des puissances de pêche, de la
sophistication des engins de capture et
des instruments de repérage des pois-
sons donne l’illusion aux pêcheurs qu’il y a
« toujours autant de poisson contrairement
à ce que disent les scientifiques » (sic !)
1 www.chactu.ird.fr