Bolesław Hryniewiecki
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concombres des Indes et le pavot. Avant que l’enseignement scolaire et la
science eussent commencés à se développer en Pologne, déjà nos ancêtres
possédaient un certain nombre de connaissances sur les plantes grâce à ces
découvreurs anonymes, remontant à des époques se perdant dans la nuit des
temps, qui, étroitement associés à la nature et y puisant leurs moyens de
subsistance, savaient reconnaître exactement les propriétés des plantes, les
distinguer à leur traits caractéristiques et les employer à des fins pratiques.
La culture des plantes utiles doit en premier lieu aux moines la phase
initiale de son développement. Les Bénédictins, que Boleslas Le Grand au
commencement du XI siècle, fit venir d’Italie (Monte Cassino) et de France
(Cluny) et plus tard les Cisterciens, de France et d’Allemagne, ont les plus
grands mérites, pour la diffusion de la civilisation et plus particulièrement de
la science agricole et horticole. Ils venaient de pays où l’horticulture
conventuelle était fort développée et avait embrassé une forme spéciale (jardin
fruitier, jardin potager et plantes médicinales). Dans les couvents du moyen
âge, surtout ceux des bénédictins, on voyait se développer également l’art de
guérir à l’aide des seuls moyens que fournit la nature. Par là s’explique le fait
que les débuts de la botanique en Pologne, comme partout ailleurs, sont
associés principalement à la médecine. Les progrès de la science ne purent se
manifester que depuis la fondation de l’Université. L’Université de Cracovie,
créée encore par le roi Casimir le Grand en 1364 et restaurée par Ladislas
Jagellon (en 1400), s’est fixée entre, autres tâches scientifiques, l’étude de la
médecine, à laquelle la botanique était unie à cette époque par des liens étroits.
L’art d’imprimer n’étant pas encore connu, les ouvrages du XV–ème
siècle ne purent se conserver qu’en manuscrits. Les études méticuleuses et
inspirées d’un remarquable esprit d’investigation, entreprises par le professeur
J. Rostafiński sur nos œuvres manuscrits du moyen–âge, ont attiré
l’attention sur ce qu’on appelle les gloses polonaises c’est–à–dire les
appellations polonaises figurant dans les manuscrits à côté des noms latins,
petits dictionnaires sur les choses de la nature ainsi que sur les «Antidotaria»,
une sorte de pharmacopée du moyen–âge contenant des répertoires de médica-
ments employés à une époque déterminée. Ces études ont révélé les grands
services rendus par le naturaliste, remarquable pour l’époque, Jean Stanko,
mort en 1493, Silésien, docteur en médecine, professeur à l’Université
Jagiellonienne, chanoine du chapître de Wrocław (Breslau) puis de celui de
Cracovie. Il énumère les 513 espèces de plantes connues (dont 176 étrangères
et cultivées) ainsi que 219 espèces du règne animal. Il n’y avait pas à cette
époque en Europe Occidentale de savant qui pût justifier d’une connaissance
aussi étendue de la flore nationale, si bien que le professeur Rostafiński
n’hésite pas à lui assigner une place entre Albert le Grand et Conrad
Gesner. Parmi nos botanistes du moyen–âge il convient de citer le nome de
l’élève de l’Université Jagellonienne le dr. Jean Wels de Poznań, précepteur
des fils de Casimir Jagellon. Ses notes, qui contiennent 59 espèces de plantes
que l’on peut rencontrer dans les environs de Cracovie, est la première
contribution aux études floristiques. Un des médecins de Cracovie a inscrit sur
l’incunable intitulé «Herbarius» (Mayence 1485) le temps de la fleuraison des
plantes. Ces notes éditées par J. Majer constituent le premier élément des