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directeurs des Banques centrales n’ont réussi à stopper les ravages du commerce des crédits
diablement véhiculés par des instruments dits sophistiqués.
Aussi a-t-il fallu l’intervention des États pour sauvegarder la confiance des agents
économiques et maîtriser les désordres précipitant l’écroulement du système libéral dominant.
Les États ont accouru en mobilisant des sommes astronomiques pour garantir les engagements
du système bancaire et financier en désarroi mais surtout en nationalisant ou en s’introduisant
dans le capital des institutions financières et bancaires, des compagnies d’assurances et des
grandes entreprises en déconfiture.
De même les autorités de régulation boursières ont pris des mesures urgentes telle
l’interdiction des opérations de vente à découvert. L’objectif est bien entendu d’atténuer la
spéculation et limiter les dégâts du krach boursier qui a fondu l’épargne financière et les
retraites de millions de ménages.
Que ce soit l’entrée de l’État dans le capital des institutions financières et des
entreprises, ou les mesures pour sécuriser les transactions boursières, par exemple, montrent
bien une prise de conscience des limites du système financier dominant et que ces décisions
financières relèvent bien d’une autre finance. Tandis que certains appellent, en effet, à
réformer voire à refondre la finance actuelle, d’autres soutiennent qu’il faut carrément une
finance alternative.
Plus clairement, à l’heure où les fondamentaux de la finance conventionnelle sont
remis en cause par la crise financière, une autre forme de finance est sur le point de s’imposer
dans l’environnement des décisions financières. Il s’agit de la finance islamique. Certains la
considèrent comme « une finance sans spéculation, sans intérêts. Loin de la débâcle de la crise
des crédits. ». D’autres la qualifient de finance éthique, socialement responsable, et peut être
complémentaire voire alternative à la finance dite classique ou conventionnelle.
La finance islamique a même été relativement épargnée par la crise financière, bien
qu’elle subisse les répercussions de la crise économique, en particulier via ses nombreux
investissements sur le marché immobilier en difficulté. Pour ses défenseurs, cette relativement
bonne santé s’explique notamment par sa logique de partage des bénéfices qui associe
systématiquement le prêteur au risque. « Elle l’oblige donc à réfléchir à ces risques, insiste
Eloyes Jouini. Une différence fondamentale avec la finance classique qui l’avantage dans le
contexte actuel. » (Enguix, 2009 : p. 45).
La finance islamique connaît, depuis quelques années, une croissance vertigineuse.
Elle est désormais une composante essentielle de la finance mondiale. En outre, la crise des
subprimes et le déficit de liquidité qui s’en est suivi sur le marché interbancaire international
ont renforcé son caractère attractif. Cette forme de finance alternative suscite encore
davantage l’attention de très nombreux pays dans tous les continents qui prennent mesures
fiscales accompagnées d’aménagement juridique pour faciliter son implantation.
Cette contribution tâchera de mettre en évidence la vive croissance qui caractérise la
finance islamique. Comment est-elle définie ? En quoi consistent ses fondements essentiels et