Connaître et accueillir L O P E R H E T les papillons 2 0 0 5 / 2 0 0 8 Le mot du maire Madame, Mademoiselle, Monsieur, La commune de Loperhet, avec le soutien du Conseil Régional de Bretagne, anime un « Contrat Nature » intitulé « LOPERHET, Mosaïque de Milieux et d’Espèces Rares à Protéger et Valoriser ». Ce contrat nature a pour objectif de protéger et de valoriser dix sites particuliers de notre territoire communal. Les travaux conduits dans ce cadre par le Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement, assisté du comité consultatif « contrat nature », permettent aujourd’hui de vous présenter un autre habitant de ces sites préservés, mais aussi d’autres endroits propices de notre commune : le papillon. Ce livret, après les nombreuses autres productions réalisées dans le cadre du Contrat Nature, souhaite vous faire découvrir (re-découvrir) cet élément si particulier de la faune de notre commune. Les très nombreuses photos présentées témoignent de la forte implication du comité consultatif à sa réalisation. Elle vous donneront peut-être l’envie d’agir pour préserver cette faune si riche et si colorée. Au delà de ces magnifiques photos, et du lien qu’elles nous permettent de faire avec l’autre étape de la vie des papillons : les chenilles, cet ouvrage nous apporte les informations permettant d’assurer la protection et de favoriser le développement de ce sympathique insecte, témoin de la flore préservée de LOPERHET. Je souhaite que les informations très détaillées que vous trouverez dans ce nouveau livret vous permettent de comprendre l’impact que nous pouvons avoir, chacun d’entre nous, sur notre environnement et nous permettent d’œuvrer, tous ensemble, pour LOPERHET et pour les générations futures. Le maire François COLLEC Où sont passés les beaux papillons ? Cette interrogation légitime nous prouve à quel point ces animaux sont connus et appréciés de tous. Rares sont en effet ceux qui se demandent où sont passées les mouches ou les blattes lorsque celles-ci, tout comme les papillons, disparaissent ! L’attirance pour les papillons est forte et notre quotidien en est largement imprégné : objets de décoration, bijoux, vêtements, timbres, voire tatouages ! Ils ont acquis notre sympathie, alors que leurs larves, les chenilles, beaucoup moins. Aussi est-il impensable que des parents, voyant leurs enfants sur le point de toucher ou d’approcher un papillon, s’écrient : "Ne touche pas, c’est sale !", ou encore : "Attention, ça pique !" Comme nous allons le voir, ce sont pourtant des insectes comme les autres, avec des pattes, des antennes. En France, parmi les quelque 40 000 espèces d’insectes qui nous entourent, on dénombre plus de 5 000 espèces de papillons, ce qui place notre pays comme le plus prolifique d’Europe en la matière, suivi de près par l’Italie. À l’intérieur de ces 5 000 espèces, seules 250 environ sont des papillons de jour. Ce sont donc les papillons de nuit qui dominent largement, mais nous les remarquons moins, sauf peut-être le soir autour des lampadaires. Tous les papillons présentés dans cette plaquette sont présents sur la commune de Loperhet et ils sont à coup sûr encore plus nombreux. Une telle diversité est liée à la variété des milieux naturels de notre commune : bois, landes, prairies, haies bocagères, vergers et... jardins. Ces derniers présentent l’opportunité pour les amoureux de la nature de créer de véritables refuges à insectes. Des conseils vous seront donnés pour attirer et favoriser les chenilles et papillons chez vous. Sommaire Qu’est-ce qu’un papillon ? Page 1 Le cycle de vie du papillon. Page 3 Les moyens de défense. Page 5 Une grande variété d’espèces à Loperhet. Page 9 Accueillir les papillons. Page 13 Qu’est-ce qu’un papillon ? Le nom scientifique du papillon est "Lépidoptère". Cela vient du grec : Lepis (lepidos) veut dire "écaille", et Pteron : "aile", ce qui donne "aile recouverte d’écailles". Les papillons sont classés en deux grands groupes. Les RHOPALOCÈRES ont des antennes en forme de massue et volent le jour. Les HÉTÉROCÈRES ont des antennes aux formes variées et volent en principe la nuit, mais aussi parfois au crépuscule et même le jour. Le papillon est un insecte à métamorphoses complètes. Au cours de son existence, il prend diverses formes et il nous est bien difficile de croire qu’il s’agit du même animal. Sa vie se divise en quatre états successifs aisément différenciables : • l’œuf, • La chenille ou larve, • La chrysalide ou nymphe, protégée ou non par un cocon, • Le papillon, insecte parfait ou adulte. Il possède un corps en trois partie, la tête, le thorax, l’abdomen. Il possède également six pattes : exemple le Machaon . Trompe (langue) Yeux à facettes Antennes en massues Tête Thorax 3 paires de pattes Abdomen Segments 1 2 paires d’ailes 3 paires de pattes Thorax Le Sphinx du Troëne et sa chenille. Tête Stigmates respiratoires 4 paires de fausses pattes Abdomen Fausses pattes anales Segments La Hachette mâle a des antennes sur-développées, organe de l’odorat. Non, ce n’est pas un colibri qui butine, c’est le Moro-sphinx. Ci-contre, la chenille. Non, ce n’est pas une guêpe mais bien un papillon : la Sésie apiforme. 2 Le cycle de vie du papillon L’œuf Les œufs de papillons sont minuscules. La plupart éclosent quelques jours après la ponte. La femelle du Machaon, soucieuse de la survie de sa progéniture ne dépose pas ses œufs au hasard. Elle les place un à un sur la plante nourricière (carotte, angélique, fenouil...) de la future chenille, sans jamais se tromper grâce à un sens puissant de l’odorat. La chenille De cet œuf minuscule sort, l’heure venue, une chenille. Avec ses mandibules, elle se découpe un passage dans la paroi de l’œuf puis dévore le reste de la coque. La chenille se nourrit de plantes bien déterminées, parfois d’une seule espèce. Comme elle mange abondamment, sa peau devient vite trop petite et elle doit en changer : c’est la mue. Le nombre des mues est de 4 à 7 en moyenne pendant la vie de la chenille. 3 La chrysalide Ce stade pendant lequel la chenille se transforme en papillon est un stade de repos, vu de l’extérieur. Mais dans cette enveloppe s’accomplit en cachette une transformation si surprenante qu’elle dépasse notre entendement. Chez le Machaon, la chrysalide est dite "dressée". La durée de vie nymphale est très variable : pour un Machaon, de 12 à 15 jours. L’éclosion A l’aide d’une sécrétion spéciale, le papillon ouvre sa chrysalide, puis apparaît. Ses ailes sont toutes petites, toutes fripées, mais sous la poussée de l’hémolymphe (sang du papillon), elles vont grandir rapidement. Puis, peu à peu, elles s’aplanissent. Environ une demi-heure à une heure après la sortie, elles sont sèches et le bel insecte peut s’envoler pour aller se nourrir et se reproduire. Chez le Machaon il peut y avoir deux générations par an. 4 Les Moyens de défense Pour se protéger de leurs ennemis, les chenilles ont différentes possibilités. Une chenille hérisson, l’Ecaille-Martre. Certaines ont des poils venimeux ou urticants. Cette protection est efficace contre les oiseaux. D’autres ont des épines, des verrues, des bosses, des cornes qui sont faites pour intimider leur agresseur. L’Etoilée. Pour ses deux chenilles vivant l’une sur des arbres et l’autre sur des orties, les couleurs vives sont un signal de danger prévenant du caractère urticant des poils dressés dans toutes les directions. Le Robert-le-Diable. 5 Les chenilles du Machaon ont une fourche puante (osmétérium) placée derrière la tête. Elles la font sortir quand elles sont inquiétées (ci-contre). Sphinx du Troëne dressé en position défensive, sa corne cependant est sans danger. Le Petit Paon de nuit. Paon du jour. Pour cette chenille se nourrissant aussi d’orties, les épines sont sans danger, elles impressionnent simplement. 6 Les chenilles du Sphinx de la vigne, en cas de danger, rentrent leur tête dans les premiers segments. Elles deviennent alors une face menaçante qui fait reculer l’ennemi. Au dessus, attitude défensive. Ci-contre, attitude non défensive : tête déployée et les faux yeux en arrière. Les faux yeux, présents également sur les ailes de nombreux papillons effraient les prédateurs. 7 Sphinx Tête de mort présent seulement lors des épisodes caniculaires. Cette chenille peut être trouvée occasionnellement sur les plants de pomme de terre. Les chenilles vénéneuses ont souvent des couleurs vives (Piérides, Zigènes, Ecailles, Sphinx...). De cette façon, elles signalent à leurs prédateurs qu’elles ne sont pas consommables. La Livrée. L’un des meilleurs moyens de défense est l’homochromie : c’est-à-dire être de la même couleur que le support. La peau, les épines ou les tubercules, par leur couleur ou leur forme, s’adaptent à l’environnement de la chenille et servent à son camouflage. La ressemblance avec un objet s’appelle l’homotypie. Les chenilles des Géométridés prennent la forme de brindilles pour imiter leur support. 8 Une grande variété d’espèces La diversité des milieux présents sur la commune permet une abondance de plantes hôtes pour beaucoup de chenilles. Le bocage et les vergers Le Paon du jour est un papillon très commun L’Ecaille-Martre possède des couleurs vives pour mettre en garde les oiseaux. qui affectionne les jardins. Le Robert-le-Diable produit deux générations par an. La deuxième hiverne et réapparaît au printemps. La chenille vit sur les orties. 9 La chenille de l’Ecaille chinée vit aussi sur les orties. La chenille du Grand Sphinx de la Vigne peut vivre sur les Epilobes, les Gaillets et les Fushias. Les prairies humides La Buveuse a la réputation de boire les gouttes de rosée. Les couleurs vives de La Zygène indiquent sa toxicité aux prédateurs. 10 Landes Le mâle du Petit-Paon-de-nuit peut voler de jour et détecte une femelle à plus de 2 km. Sa chenille affectionne les bruyères, le prunellier, et les ronces. Ses "yeux" sur les ailes sont destinés à effrayer les prédateurs. Chenille du bombyx de la Ronce. Tourbières Le Damier est un papillon protégé présent sur la commune, inféodé aux tourbières et prairies pauvres. Sa rareté est liée à la disparition des zones humides. Les jeunes chenilles pour se protéger vivent en cocon, elles consomment principalement la Succise des près. 11 Ripisylves Accouplement du Sphinx du Peuplier. Les oeufs seront bientôt pondus sur le peuplier, le saule, le bouleau, le frêne ou même le pommier. Forêts et bois Le Géomètre est un papillon de nuit dont la chenille arpenteuse se nourrit de nombreux feuillus. La hachette est inféodée aux bois. Sa chenille spectaculaire lorsqu’elle est jeune affectionne les hêtres, bouleaux, chênes et autres feuillus. 12 Accueillir les papillons En France, la nature souffre énormément de l’idée selon laquelle un jardin à la française est un beau jardin. Cela va à l’encontre d’une conception d’un jardin naturel et accueillant, ouvert à tous les insectes, dont les papillons. Un "beau" jardin, plus propice à attirer la faune, est en effet un jardin moins ordonné... Les papillons ont besoin d’une flore diversifiée, d’espace et de paix, en particulier pour se nourrir et se développer. Or, dans un jardin avec une pelouse tondue à ras et des haies de conifères taillés de près, il n’y a rien à manger et leur entretien régulier interdit à une chenille d’effectuer son développement complet, lequel demande plusieurs semaines de tranquillité (œuf, chenille, chrysalide et adulte). Ponte sur une branche. Des plantes variées, riches en nectar et indigènes, c’est-à-dire issues de leur région d’origine, comblent les besoins vitaux des chenilles. Pourquoi ? Tout simplement parce que les papillons européens ont mis des millénaires à s’adapter aux plantes européennes et qu’ils ne pondent pas sur des plantes exotiques qu’ils ne connaissent pas. De plus, quand bien même ils y pondraient, nous ne leur laisserions guère le temps ni la place de s’y développer car ces plantes sont régulièrement taillées, voire traitées. Les chenilles sont hélas encore considérées comme des "ennemis". 13 Azuré. Pour couronner le tout, les fleurs exotiques ou les variétés ornementales que vendent les jardineries — prétendant qu’il s’agit de ce qui se fait de plus "beau" sont souvent pauvres, voire dépourvues, de tout nectar. C’est le cas par exemple des célèbres hortensias... Or, nous savons que cette substance est nécessaire aux papillons adultes et qu’ils la trouvent dans les fleurs sauvages, notamment celles que nous considérons toujours comme des "mauvaises herbes" et qui sont arrachées aussitôt qu’elles pointent le bout de leurs fleurs. Gros plan sur une tête de chenille. 14 Si vous désirez accueillir les papillons mais que l’idée de voir votre jardin devenir un "enfer vert" vous inquiète, il vous suffit alors de délimiter une zone dans laquelle vous n’interviendrez plus. Une zone sauvage, laissée au gré du vent et des graines qu’il apporte, laissée à l’écart de la tondeuse ou du taille-haie. Pour ceux qui veulent réellement faire de leur jardin un jardin à papillons, quelques règles s’imposent. D’abord, il vous faudra planter, ou laisser pousser, des plantes attractives. Soit en les laissant s’installer naturellement, soit en les privilégiant lorsque vous les achetez en jardinerie. De belles fleurs indigènes pour un jardin sauvage... Parmi les plantes basses, celles qui sont riches en nectar sont souvent aromatiques: lavande, thym, origan, menthe... D’autres sont typiques des fleurs dites "sauvages" : primevères, orties, pissenlits, jacinthes, cardamines, marguerites, trèfles, ronces, violettes, laiterons, potentilles, valérianes, centaurées, bruyères... Pour vos haies, choisissez des essences sauvages : prunelliers, aubépines, troènes, genêts... Enfin, lorsque vous plantez des arbres, n’oubliez pas les essences indigènes : saules, peupliers, chênes, hêtres, châtaigniers... et aussi les arbres fruitiers riches en nectar. Souvenons-nous que l’ortie seule peut nourrir les chenilles du vulcain, du paon du jour, de la petite tortue, de la carte géographique ... que des "beaux" papillons ! 15 Accueillir des papillons dans son jardin, ou tout simplement aider la nature à être plus variée, fait appel, il est vrai, à des comportements nouveaux et suppose de s’appuyer sur d’autres critères esthétiques. Pourtant, à l’heure des grands changements environnementaux et du développement durable, se soucier des papillons, c’est agir de façon écocitoyenne et permettre de nom­breuses économies d’énergie et d’argent : - accueillir la biodiversité (la diversité du vivant) ; - réduire sa consommation d’eau par récupération des eaux pluviales ; - réduire sa consommation de pétrole ou d’électricité en ne tondant ni ne taillant plus systématiquement, ou seulement à des endroits précis ; - réduire sa consommation de pesticides chimiques car, lorsqu’un jardin est plus «sauvage», on utilise moins de produits et il accueille davantage de prédateurs naturels qui œuvrent gracieusement (hérissons, oiseaux, insectes, arachnides...) ; - réduire sa consommation d’engrais chimiques car les plantes indigènes n’en ont pas besoin. Compétition entre le bourdon et le Robert le Diable pour quelques gouttes de nectar ! Pour vous aider dans ces démarches, vous trouverez une liste d’ouvrages utiles et faciles d’accès, ainsi que des adresses pour vous fournir en véritables plantes écologiques : Gretia ; VivArmor Nature ; Noé Conservation ; Vigie-Nature; Observatoire des papillons des jardins ; Le jardin aux papillons dans le Morbihan ; Ponema ; Kokopelli. 16 Depuis 1994, avec les Contrats Nature, le Conseil régional soutient les collectivités locales et les associations qui s’engagent dans des actions de réhabilitation de sites d’intérêt écologique majeur en Bretagne. En permettant la sauvegarde de milieux naturels et d’espèces remarquables, il offre au public d’aujourd’hui et de demain la chance de pouvoir profiter d’un patrimoine naturel préservé. VALLÉE DE L’ÉLORN Conception : Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement Vallée de l’Elorn - 02 98 07 03 74 - www.cpie-elorn.net Dessins : E. Cribier - Photos : Marc Boeuf, Alain Bars, Laurent Allix, Entamart Imprimé sur papier recyclé avec encre végétale respectant le cahier des charges IMPRIM’VERT. COMMUNE DE LOPERHET