les papillons - CPIE Vallée de l`Elorn

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Connaître
et accueillir
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les papillons
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Le mot du maire
Madame, Mademoiselle, Monsieur,
La commune de Loperhet, avec le soutien du Conseil Régional de Bretagne,
anime un « Contrat Nature » intitulé « LOPERHET, Mosaïque de Milieux et d’Espèces Rares à Protéger et Valoriser ». Ce contrat nature a pour objectif de protéger et de valoriser dix sites particuliers de notre territoire communal.
Les travaux conduits dans ce cadre par le Centre Permanent d’Initiatives pour
l’Environnement, assisté du comité consultatif « contrat nature », permettent
aujourd’hui de vous présenter un autre habitant de ces sites préservés, mais
aussi d’autres endroits propices de notre commune : le papillon.
Ce livret, après les nombreuses autres productions réalisées dans le cadre du
Contrat Nature, souhaite vous faire découvrir (re-découvrir) cet élément si
particulier de la faune de notre commune. Les très nombreuses photos présentées témoignent de la forte implication du comité consultatif à sa réalisation. Elle vous donneront peut-être l’envie d’agir pour préserver cette faune
si riche et si colorée.
Au delà de ces magnifiques photos, et du lien qu’elles nous permettent de
faire avec l’autre étape de la vie des papillons : les chenilles, cet ouvrage nous
apporte les informations permettant d’assurer la protection et de favoriser le
développement de ce sympathique insecte, témoin de la flore préservée de
LOPERHET.
Je souhaite que les informations très détaillées que vous trouverez dans ce
nouveau livret vous permettent de comprendre l’impact que nous pouvons
avoir, chacun d’entre nous, sur notre environnement et nous permettent
d’œuvrer, tous ensemble, pour LOPERHET et pour les générations futures.
Le maire
François COLLEC
Où sont passés les beaux papillons ? Cette interrogation légitime nous
prouve à quel point ces animaux sont connus et appréciés de tous. Rares sont
en effet ceux qui se demandent où sont passées les mouches ou les blattes lorsque
celles-ci, tout comme les papillons, disparaissent !
L’attirance pour les papillons est forte et notre quotidien en est largement
imprégné : objets de décoration, bijoux, vêtements, timbres, voire tatouages ! Ils
ont acquis notre sympathie, alors que leurs larves, les chenilles, beaucoup moins.
Aussi est-il impensable que des parents, voyant leurs enfants sur le point de toucher
ou d’approcher un papillon, s’écrient : "Ne touche pas, c’est sale !", ou encore : "Attention, ça pique !"
Comme nous allons le voir, ce sont pourtant des insectes comme les autres,
avec des pattes, des antennes.
En France, parmi les quelque 40 000 espèces d’insectes qui nous entourent, on dénombre plus de 5 000 espèces de papillons, ce qui place notre pays
comme le plus prolifique d’Europe en la matière, suivi de près par l’Italie. À l’intérieur de ces 5 000 espèces, seules 250 environ sont des papillons de jour. Ce sont
donc les papillons de nuit qui dominent largement, mais nous les remarquons
moins, sauf peut-être le soir autour des lampadaires.
Tous les papillons présentés dans cette plaquette sont présents sur la commune de Loperhet et ils sont à coup sûr encore plus nombreux. Une telle diversité
est liée à la variété des milieux naturels de notre commune : bois, landes, prairies,
haies bocagères, vergers et... jardins. Ces derniers présentent l’opportunité pour les
amoureux de la nature de créer de véritables refuges à insectes.
Des conseils vous seront donnés pour attirer et favoriser les chenilles et papillons
chez vous.
Sommaire
Qu’est-ce qu’un papillon ?
Page 1
Le cycle de vie du papillon.
Page 3
Les moyens de défense.
Page 5
Une grande variété d’espèces à Loperhet.
Page 9
Accueillir les papillons. Page 13
Qu’est-ce qu’un papillon ?
Le nom scientifique du papillon est "Lépidoptère". Cela vient du grec : Lepis (lepidos)
veut dire "écaille", et Pteron : "aile", ce qui donne "aile recouverte d’écailles". Les
papillons sont classés en deux grands groupes.
Les RHOPALOCÈRES ont des antennes en forme de massue et volent le jour.
Les HÉTÉROCÈRES ont des antennes aux formes variées et volent en principe la
nuit, mais aussi parfois au crépuscule et même le jour.
Le papillon est un insecte à métamorphoses complètes. Au cours de son existence,
il prend diverses formes et il nous est bien difficile de croire qu’il s’agit du même
animal. Sa vie se divise en quatre états successifs aisément différenciables :
• l’œuf,
• La chenille ou larve,
• La chrysalide ou nymphe, protégée ou non par un cocon,
• Le papillon, insecte parfait ou adulte.
Il possède un corps en trois partie, la tête, le thorax, l’abdomen. Il possède
également six pattes : exemple le Machaon .
Trompe
(langue)
Yeux à facettes
Antennes
en massues
Tête
Thorax
3 paires de
pattes
Abdomen
Segments
1
2 paires
d’ailes
3 paires
de pattes
Thorax
Le Sphinx du Troëne et
sa chenille.
Tête
Stigmates
respiratoires
4 paires de
fausses pattes
Abdomen
Fausses pattes
anales
Segments
La Hachette mâle a des antennes
sur-développées, organe de l’odorat.
Non, ce n’est pas un
colibri qui butine,
c’est le Moro-sphinx.
Ci-contre, la chenille.
Non, ce n’est pas une guêpe mais
bien un papillon : la Sésie apiforme.
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Le cycle de vie du papillon
L’œuf
Les œufs de papillons sont minuscules. La plupart éclosent quelques
jours après la ponte. La femelle du
Machaon, soucieuse de la survie de
sa progéniture ne dépose pas ses
œufs au hasard. Elle les place un à un
sur la plante nourricière (carotte, angélique, fenouil...) de la future chenille, sans jamais se tromper grâce à
un sens puissant de l’odorat.
La chenille
De cet œuf minuscule sort, l’heure venue, une
chenille. Avec ses mandibules, elle se découpe un
passage dans la paroi de l’œuf puis dévore le reste
de la coque. La chenille se nourrit de plantes bien
déterminées, parfois d’une seule espèce. Comme
elle mange abondamment, sa peau devient vite
trop petite et elle doit en changer : c’est la mue. Le
nombre des mues est de 4 à 7 en moyenne pendant la vie de la chenille.
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La chrysalide
Ce stade pendant lequel la chenille
se transforme en papillon est un
stade de repos, vu de l’extérieur. Mais
dans cette enveloppe s’accomplit
en cachette une transformation si
surprenante qu’elle dépasse notre
entendement.
Chez le Machaon, la chrysalide est dite
"dressée". La durée de vie nymphale
est très variable : pour un Machaon,
de 12 à 15 jours.
L’éclosion
A l’aide d’une sécrétion spéciale, le
papillon ouvre sa chrysalide, puis
apparaît. Ses ailes sont toutes petites,
toutes fripées, mais sous la poussée
de l’hémolymphe (sang du papillon),
elles vont grandir rapidement. Puis,
peu à peu, elles s’aplanissent.
Environ une demi-heure à une heure
après la sortie, elles sont sèches et le
bel insecte peut s’envoler pour aller
se nourrir et se reproduire. Chez le Machaon il peut y avoir deux générations par an.
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Les Moyens de défense
Pour se protéger de leurs ennemis, les chenilles ont différentes possibilités.
Une chenille hérisson,
l’Ecaille-Martre.
Certaines ont des poils venimeux
ou urticants. Cette protection est
efficace contre les oiseaux.
D’autres ont des épines, des
verrues, des bosses, des cornes
qui sont faites pour intimider
leur agresseur.
L’Etoilée.
Pour ses deux chenilles vivant
l’une sur des arbres et l’autre sur
des orties, les couleurs vives sont
un signal de danger prévenant du
caractère urticant des poils dressés
dans toutes les directions.
Le Robert-le-Diable.
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Les chenilles du Machaon ont une
fourche puante (osmétérium) placée
derrière la tête. Elles la font sortir quand
elles sont inquiétées (ci-contre).
Sphinx du Troëne dressé en position
défensive, sa corne cependant est sans
danger.
Le Petit Paon de nuit.
Paon du jour.
Pour cette chenille se nourrissant aussi
d’orties, les épines sont sans danger,
elles impressionnent simplement.
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Les chenilles du
Sphinx de la vigne, en cas de danger, rentrent
leur tête dans les premiers segments. Elles
deviennent alors une face menaçante qui fait
reculer l’ennemi.
Au dessus, attitude défensive.
Ci-contre, attitude non défensive :
tête déployée et les faux yeux en
arrière.
Les faux yeux, présents également
sur les ailes de nombreux papillons
effraient les prédateurs.
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Sphinx Tête de mort présent seulement lors des épisodes caniculaires.
Cette chenille peut être trouvée
occasionnellement sur les plants de
pomme de terre.
Les chenilles vénéneuses
ont souvent des couleurs
vives (Piérides, Zigènes, Ecailles, Sphinx...). De
cette façon, elles signalent à leurs prédateurs
qu’elles ne sont pas consommables.
La Livrée.
L’un des meilleurs moyens de défense est
l’homochromie : c’est-à-dire être de la
même couleur que le support. La peau, les
épines ou les tubercules, par leur
couleur ou leur forme, s’adaptent
à l’environnement de la chenille
et servent à son camouflage.
La ressemblance avec un
objet s’appelle l’homotypie.
Les chenilles des Géométridés
prennent la forme de brindilles
pour imiter leur support.
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Une grande variété d’espèces
La diversité des milieux présents sur la commune permet une abondance de
plantes hôtes pour beaucoup de chenilles.
Le bocage et les vergers
Le Paon du jour est un papillon très commun L’Ecaille-Martre possède des couleurs vives
pour mettre en garde les oiseaux.
qui affectionne les jardins.
Le Robert-le-Diable produit deux générations
par an. La deuxième hiverne et réapparaît au
printemps. La chenille vit sur les orties.
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La chenille de l’Ecaille chinée vit aussi sur les
orties.
La chenille du Grand Sphinx de la Vigne
peut vivre sur les Epilobes, les Gaillets et les
Fushias.
Les prairies humides
La Buveuse a
la réputation
de boire les
gouttes
de
rosée.
Les couleurs vives de La Zygène
indiquent sa toxicité aux
prédateurs.
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Landes
Le mâle du Petit-Paon-de-nuit peut voler
de jour et détecte une femelle à plus de
2 km. Sa chenille affectionne les bruyères,
le prunellier, et les ronces. Ses "yeux"
sur les ailes sont destinés à effrayer les
prédateurs.
Chenille du bombyx de la Ronce.
Tourbières
Le Damier est un papillon protégé présent
sur la commune, inféodé aux tourbières
et prairies pauvres. Sa rareté est liée à la
disparition des zones humides.
Les jeunes chenilles pour se protéger
vivent en cocon, elles consomment
principalement la Succise des près.
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Ripisylves
Accouplement du Sphinx du Peuplier.
Les oeufs seront bientôt pondus
sur le peuplier, le saule, le bouleau,
le frêne ou même le pommier.
Forêts et bois
Le Géomètre est un papillon de nuit
dont la chenille arpenteuse se nourrit de
nombreux feuillus.
La hachette est inféodée aux bois. Sa
chenille spectaculaire lorsqu’elle est jeune
affectionne les hêtres, bouleaux, chênes et
autres feuillus.
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Accueillir les papillons
En France, la nature souffre énormément de l’idée selon laquelle un jardin à la
française est un beau jardin. Cela va à l’encontre d’une conception d’un jardin
naturel et accueillant, ouvert à tous les insectes, dont les papillons. Un "beau" jardin,
plus propice à attirer la faune, est en effet un jardin moins ordonné... Les papillons
ont besoin d’une flore diversifiée, d’espace et de paix, en particulier pour se nourrir
et se développer. Or, dans un jardin avec une pelouse tondue à ras et des haies de
conifères taillés de près, il n’y a rien à manger et leur entretien régulier interdit
à une chenille d’effectuer son développement complet, lequel demande plusieurs
semaines de tranquillité (œuf, chenille, chrysalide et adulte).
Ponte sur une branche.
Des plantes variées, riches en nectar et indigènes, c’est-à-dire issues de leur
région d’origine, comblent les besoins vitaux des chenilles. Pourquoi ? Tout
simplement parce que les papillons européens ont mis des millénaires à s’adapter
aux plantes européennes et qu’ils ne pondent pas sur des plantes exotiques
qu’ils ne connaissent pas. De plus, quand bien même ils y pondraient, nous ne
leur laisserions guère le temps ni la place de s’y développer car ces plantes sont
régulièrement taillées, voire traitées. Les chenilles sont hélas encore considérées
comme des "ennemis".
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Azuré.
Pour couronner le tout, les fleurs exotiques ou les variétés ornementales que
vendent les jardineries — prétendant qu’il s’agit de ce qui se fait de plus "beau" sont souvent pauvres, voire dépourvues, de tout nectar. C’est le cas par exemple
des célèbres hortensias... Or, nous savons que cette substance est nécessaire aux
papillons adultes et qu’ils la trouvent dans les fleurs sauvages, notamment celles
que nous considérons toujours comme des "mauvaises herbes" et qui sont arrachées
aussitôt qu’elles pointent le bout de leurs fleurs.
Gros plan sur une tête de chenille.
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Si vous désirez accueillir les papillons mais que l’idée de voir votre jardin devenir
un "enfer vert" vous inquiète, il vous suffit alors de délimiter une zone dans laquelle
vous n’interviendrez plus. Une zone sauvage, laissée au gré du vent et des graines
qu’il apporte, laissée à l’écart de la tondeuse ou du taille-haie.
Pour ceux qui veulent réellement faire de leur jardin un jardin à papillons, quelques
règles s’imposent.
D’abord, il vous faudra planter, ou laisser pousser, des plantes attractives. Soit
en les laissant s’installer naturellement, soit en les privilégiant lorsque vous les
achetez en jardinerie.
De belles fleurs indigènes pour un jardin sauvage...
Parmi les plantes basses, celles qui sont riches en nectar sont souvent aromatiques:
lavande, thym, origan, menthe...
D’autres sont typiques des fleurs dites "sauvages" : primevères, orties, pissenlits,
jacinthes, cardamines, marguerites, trèfles, ronces, violettes, laiterons, potentilles,
valérianes, centaurées, bruyères...
Pour vos haies, choisissez des essences sauvages : prunelliers, aubépines, troènes,
genêts...
Enfin, lorsque vous plantez des arbres, n’oubliez pas les essences indigènes :
saules, peupliers, chênes, hêtres, châtaigniers... et aussi les arbres fruitiers riches
en nectar.
Souvenons-nous que l’ortie seule peut nourrir les chenilles du vulcain, du paon du
jour, de la petite tortue, de la carte géographique ... que des "beaux" papillons !
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Accueillir des papillons dans son jardin, ou tout simplement aider la nature à être
plus variée, fait appel, il est vrai, à des comportements nouveaux et suppose
de s’appuyer sur d’autres critères esthétiques. Pourtant, à l’heure des grands
changements environnementaux et du développement durable, se soucier des
papillons, c’est agir de façon écocitoyenne et permettre de nom­breuses économies
d’énergie et d’argent :
- accueillir la biodiversité (la diversité du vivant) ;
- réduire sa consommation d’eau par récupération des eaux pluviales ;
- réduire sa consommation de pétrole ou d’électricité en ne tondant ni ne
taillant plus systématiquement, ou seulement à des endroits précis ;
- réduire sa consommation de pesticides chimiques car, lorsqu’un jardin est plus
«sauvage», on utilise moins de produits et il accueille davantage de prédateurs
naturels qui œuvrent gracieusement (hérissons, oiseaux, insectes, arachnides...) ;
- réduire sa consommation d’engrais chimiques car les plantes indigènes n’en
ont pas besoin.
Compétition entre le bourdon et le Robert le Diable pour
quelques gouttes de nectar !
Pour vous aider dans ces démarches, vous trouverez une liste d’ouvrages
utiles et faciles d’accès, ainsi que des adresses pour vous fournir en véritables
plantes écologiques : Gretia ; VivArmor Nature ; Noé Conservation ; Vigie-Nature;
Observatoire des papillons des jardins ; Le jardin aux papillons dans le Morbihan ;
Ponema ; Kokopelli.
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Depuis 1994, avec les Contrats Nature, le Conseil régional soutient les collectivités
locales et les associations qui s’engagent dans des actions de réhabilitation de
sites d’intérêt écologique majeur en Bretagne. En permettant la sauvegarde
de milieux naturels et d’espèces remarquables, il offre au public d’aujourd’hui
et de demain la chance de pouvoir profiter d’un patrimoine naturel préservé.
VALLÉE DE L’ÉLORN
Conception : Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement
Vallée de l’Elorn - 02 98 07 03 74 - www.cpie-elorn.net
Dessins : E. Cribier - Photos : Marc Boeuf, Alain Bars, Laurent Allix, Entamart
Imprimé sur papier recyclé avec encre végétale respectant le cahier des charges IMPRIM’VERT.
COMMUNE
DE LOPERHET
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