étroites afin que les assiégeants puissent passer d’un côté à l’autre. Entre les deux, juste la place
pour des tours d’où les balistes pouvaient tirer du côté d’Alésia et de celui des renforts. La thèse
traditionnelle d’Alise implique que les Romains courent 500 mètres pour parer à une attaque venant
de l’autre côté.
La thèse de Pierre André expliquerait un passage de l’historien Plutarque, qui raconte aussi Alésia:
selon lui, les Romains qui assiégeaient Vercingétorix ne se rendirent pas compte que le camp de
César était attaqué au nord par les renforts. Selon cette nouvelle hypothèse, la distance entre les
deux endroits est en effet considérable.
Même si la construction de Pierre André paraît plus fidèle aux sources, elle reste une hypothèse.
Elle ne pourra pas être confirmée ou infirmée sans fouilles…
Le conservateur se défend
Riposte Conservateur en chef du patrimoine chargé du Musée Alésia, Claude Grapin ne se laisse
pas ébranler par la thèse de Pierre André, qu’il assimile à un «délire». «Sa réflexion se base
beaucoup trop sur les cartes et pas assez sur le dossier archéologique d’Alise-Sainte-Reine. En
n’utilisant que quelques éléments et pas d’autres, sa démonstration n’est pas complète.» Pour lui, le
doute n’est pas permis. «La première ligne de défense est une ligne de blocage. Elle ne comporte
pas de portes et on a trouvé un glacis (ndlr: réseau de pièges) à l’intérieur, donc tourné vers
l’oppidum gaulois sur la colline d’Alise, conformément au texte de César.»
Autant dire que chaque bord campe sur ses positions… Claude Grapin minimise les différences
d’escarpements entre la colline d’Alise et celle de Pouillenay – dont il assure que les photographies
aériennes qui en ont été prises ne donnent «presque rien». Il souligne d’ailleurs que l’équipement
lourd des légionnaires romains leur permettait difficilement l’assaut des pentes. Au passage, il
revalorise également la qualité des fouilles effectuées sous Napoléon III, souvent critiquées par les
détracteurs d’Alise.
Interrogé sur l’écartement important (parfois de plus de 600 m) entre les deux lignes de défenses
censées entourer le camp gaulois, Claude Grapin estime que César avait assez de soldats pour garnir
chaque côté et insiste sur les besoins en place du campement romain. «Le train de l’armée était
colossal. Chaque légion comporte 4500 hommes, et l’armée de César en comptait 10 ou 12.
Chacune nécessite 2000 à 2500 bêtes de somme pour l’équipement. Sans compter les valets
d’armes, les bêtes de réserve pour la cavalerie, les esclaves et toute l’administration de César, avec
ses archives, dont il ne se séparait pas…»
Il n’est pas sûr que l’argument parle en faveur de sa thèse. Imaginons ce beau monde (estimation à
la louche: 90 000 hommes et 30 000 bêtes, sans compter les Gaulois entourés) enfermé dans une
sorte de double enclos avec des mouvements de troupes incessants… «Ce dispositif de double siège
est extrêmement rare dans l’Antiquité, Alésia en est le seul épisode dans l’histoire.» Un caractère
d’exception qui permet aussi une grande marge d’interprétation(s).
Source : Justin Favrod/Boris Senff pour 24 Heures
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