Benjamin Bruce – « Gouverner l’islam à l’étranger » – Résumé – Thèse IEP de Paris – 2015 5
A - Introduction
En 2013, la Turquie compte plus de 1 500 imams affectés à l’étranger. La grande majorité de
ces responsables religieux employés par l’État turc sont envoyés à des mosquées en Europe
occidentale afin de fournir des services religieux pour les communautés turques locales. La
même année, le Maroc envoie non seulement plus de 500 imams à l’étranger pour le mois de
Ramadan pour les communautés de la diaspora, mais fournit également 10 000 000 € pour le
financement de mosquées marocaines et d’associations religieuses à travers le continent.
Cependant, la gouvernance d’activités religieuses islamiques à l’étranger n’est rien de nouveau,
ni pour l’État turc ni pour l’État marocain. En effet, cela représente une pratique courante qui
existe depuis les années 1970. Le but de cette thèse est de comprendre comment ce phénomène
a vu le jour dans le cas des affaires islamiques en France et en Allemagne. Nous nous
concentrerons sur les enjeux que soulève la gouvernance des affaires islamiques à l’étranger
par ces deux États d’origine en matière de politique étrangère et de relations internationales
ainsi que les conséquences qu’elle a pour le développement de l’Islam en France et en
Allemagne.
Au cours des cinquante dernières années, les communautés turques et marocaines sont
devenues les deux groupes diasporiques les plus importants en Europe occidentale, notamment
en Allemagne et en France. Elles constituent aujourd’hui les deux plus grandes « quasi-
diasporas » en Europe occidentale, dans le sens où elles représentent « les deux nationalités non
européennes les plus nombreuses, réparties dans de nombreux pays européens tout en
maintenant de solides liens transnationaux [...] orientés vers leur pays d’origine » (Wihtol de