Liste La force du local et son entrepreneur Jean-Jacques OBRECHT Professeur émérite Université Robert-Schuman CESAG, École de Management de Strasbourg Professeur honoraire de l’INSCAE, Antananarivo, Madagascar [email protected] RÉSUMÉ L’objet de l’étude est double. Il s’agit d’abord d’élaborer un outil conceptuel dénommé « la force du local » en étendant le paradigme fondateur de la « force des liens faibles » de M. Granovetter aux questions du développement territorial et du développement durable. Ensuite de montrer de quelle manière l’entrepreneur participe à la construction de la force du local à l’aide du modèle de l’« entrepreneur effectuel » de S. Sarasvathy qui fait de l’entrepreneuriat un processus collectif. Cette approche contextualisée de l’entrepreneuriat mobilise des outils conceptuels multidisciplinaires. Le but de cette démarche est de contribuer au renouvellement de la réflexion dans les approches, en termes de territoire et d’entrepreneuriat, des problèmes du développement global des pays du Sud. Pour apporter au thème émergent de l’« entrepreneuriat soutenable » des éléments nouveaux, on met en avant le concept de « capabilités entrepreneuriales ». En partie déterminées par les structures encastrantes de territoire, de réseau et de société, elles composent la capacité d’un individu ou d’un groupe d’individus à agir en symbiose avec les exigences du développement durable. En conclusion on suggère quelques pistes de recherches pour les travaux empiriques qui valideraient le « modèle » proposé. MOTS CLÉS L’entrepreneur − Proximités et développement local − Développement durable « La vulnérabilité des TPE et des PME dans un environnement mondialisé », 11es Journées scientifiques du Réseau Entrepreneuriat, 27, 28 et 29 mai 2009, INRPME, Trois-Rivières, Canada Les références au « local » sont aujourd’hui incontournables quand on s’interroge sur les conditions d’efficacité de l’action entrepreneuriale dans les petites entreprises ou sur les conditions de réussite d’une politique de développement durable. Les deux problématiques, de toute évidence, se croisent au niveau du local ce qui nous amène à proposer une réflexion sur les facteurs qui, dans un espace territorial, permettent de construire les bases du développement durable et sur ceux qui, au niveau de l’entrepreneur, entrent dans sa capacité de participer à cette construction. La nécessité de cette réflexion nous semble particulièrement avérée en considération des problèmes que rencontrent les pays de l’hémisphère Sud où l’entrepreneuriat passe pour être le meilleur « vaccin contre la pauvreté » (Fortin, 2000) mais où il peut aussi conduire à des « îlots de richesse dans des océans de misère ». En Sciences de Gestion, de nombreux travaux ont déjà été consacrés à l’entrepreneur appréhendé dans ses interactions avec son milieu local. Avec d’un côté des analyses portant plus particulièrement sur les facteurs qui, dans un espace local donné, sont favorables à l’épanouissement de l’esprit d’entreprise et à l’action entrepreneuriale (Johannisson, 1984; Marchesnay et Fourcade, 1996; Gasse, 2003 entre beaucoup d’autres). D’un autre côté, des représentations de l’entrepreneur qui, par exemple, montrent celui-ci intégrant l’environnement à travers les mécanismes de la cognition : il est « un organisateur tendant à forcer la congruence entre l’environnement et sa vision » (Verstraete, 1999) sachant que les bases de la vision entrepreneuriale sont formées par « les multiples contextes qui entourent l’entrepreneur et son organisation » dans lesquels il s’agit de se positionner (Verstraete et Saporta, 2006). La variété des facteurs contextuels locaux et leur articulation se trouvent particulièrement bien mises en lumière dans un ouvrage récent de Pierre-André Julien où celui-ci montre comment l’ » entrepreneuriat local » participe, dans une aventure qui est collective, au développement de l’économie du savoir (Julien, 2008). En situant notre problématique dans le cadre des pays en développement, il convient cependant de se poser la question de la validité des modèles de l’entrepreneuriat conçus pour et élaborés dans un environnement économique, social et culturel bien différent. Le facteur local garde certes toute son importance en termes d’espace critique et du développement durable et de l’action entrepreneuriale dans les pays du Sud. Mais la spécificité de leurs dynamiques territoriales devrait, d’après certains travaux récents, conduire à un renouvellement de la réflexion dans les approches, en termes de territoire, de la question du développement global (Ferguène, Ed. 2004). De même dans ces pays, les comportements entrepreneuriaux ne peuvent pas toujours s'inscrire dans les cadres de référence occidentaux. Dans la zone de l’Océan Indien, certains dirigeants développent des visions et des ambitions complexes intégrant une multitude de buts non lucratifs; leur "vision métissée des affaires les rapprocherait, à certains égards, des organisations sans but lucratif" (Valeau, 2001). En Papouasie-Nouvelle-Guinée, de nombreuses petites entreprises s’établissent avant tout pour faciliter l’échange de dons et pour mettre en valeur la position sociale de leurs propriétaires : la motivation par le profit est subordonnée à ces objectifs (Curry, 2005). Dans les Andes du Pérou, la dynamique entrepreneuriale se déploie au sein des communautés locales dont le but principal sera de se prendre en charge pour mieux lutter contre la pauvreté (Peredo, 2006). Ailleurs encore, dans les Hautes Terres de Madagascar, les structures associatives sont devenues des acteurs de premier plan de mise en oeuvre des projets de développement et s’inscrivent dans une culture de la solidarité chère à la société malgache, le « fihavanana » (Sandron, 2007). En entrepreneuriat aussi, il convient de penser le phénomène entrepreneurial en le replaçant dans ses contextes et de se donner les moyens conceptuels pour le faire. La force du local et son entrepreneur 2 « La vulnérabilité des TPE et des PME dans un environnement mondialisé », 11es Journées scientifiques du Réseau Entrepreneuriat, 27, 28 et 29 mai 2009, INRPME, Trois-Rivières, Canada Dans cet esprit, on rejoint la position indiquée par Chris Steyaert considérant « l’entrepreneuriat comme un espace hétérogène de thèmes qui se prête à une variété de réflexions, un espace qui peut être connecté à beaucoup de formes de la pensée théorique et auquel beaucoup de théoriciens peuvent se rattacher… » (Steyaert, 2005). D’un point de vue sociologique, on distinguerait ainsi l’approche par l’offre et l’approche par la demande en entrepreneuriat (Thornton, 1999). La première porte sur « l’offre d’individus propres à occuper des rôles entrepreneuriaux » c’est-à-dire des individus comme moteurs de la lutte concurrentielle sur les marchés et pour cela toujours attentifs aux opportunités nouvelles rentables. La seconde porte sur « le nombre et la nature des rôles entrepreneuriaux qui doivent être remplis » lesquels dépendent du « push and pull » du contexte dans lequel se déroule le processus entrepreneurial. La logique de la demande en entrepreneuriat, parce qu’elle admet le pluralisme des rôles que l’entrepreneur peut jouer dans des environnements variés, nous semble particulièrement indiquée pour étudier l’entrepreneuriat de l’hémisphère Sud dans des pays souvent marqués par ailleurs par des fortes différences en termes de gouvernance locale au niveau des territoires. Dans cette logique, rien ne nous interdit en outre d’adopter une position qui s’éloigne dans une certaine mesure de la pensée dominante en entrepreneuriat : on considère la connaissance du contexte dans lequel se déroule le processus entrepreneurial comme au moins aussi importante que celle du processus lui-même pour comprendre l’entrepreneuriat (Dana et Dana, 2005). C’est là une posture épistémologique adoptée par beaucoup de chercheurs en entrepreneuriat international. Dans une telle approche contextualisée de l’entrepreneuriat, il nous faut d’abord mobiliser les concepts permettant de se donner une représentation structurée de l’environnement dans lequel se déploie l’action entrepreneuriale. Quelques récents travaux en Sciences de Gestion ont exploré dans ce sens les champs de la Nouvelle Sociologie Economique, de la Nouvelle Géographie Economique et de l’Economie Régionale (Chollet, 2002; Plociniczak, 2002; Ventolini, 2006; Trettin et Welter, 2008). Notre dessein est de faire une synthèse des facteurs qui déterminent plus particulièrement le dynamisme territorial en partant du concept fondateur de la « force des liens faibles » de Mark Granovetter (Granovetter, 1973 et 83) et en les restituant en format compressé dans ce que nous appelons la « force du local ». Il nous faut ensuite trouver une figure d’entrepreneur dont la logique de comportement soit compatible avec la pluralité des rôles qu’il peut devoir jouer dans des contextes variés, notamment comme ceux des pays du Sud. Nous pensons l’avoir rencontré, sur le plan théorique, dans le modèle de « l’entrepreneur effectuel », encore largement ignoré dans la littérature de langue française (Sarasvathy, 2000 et 2001). Dans le droit fil de la pensée d’auteurs comme James March et Herbert Simon, Saras Sarasvathy part de l’hypothèse que l’évolution de l’environnement entrepreneurial est imprévisible et que, de ce fait, l’entrepreneur ne peut pas s’y positionner sur la base d’objectifs prédéterminés. Mais il peut construire son futur à partir d’un ensemble de moyens existants selon une « logique d’effectuation », distincte de la « logique de causation » qui est celle de l’entrepreneur auquel l’abondante littérature en entrepreneuriat nous a habitués. Dans une perspective « resourcebased », Saras Sarasvathy formule cette question des moyens en termes de « capabilités » de l’entrepreneur effectuel. Dans cette logique nous pouvons utiliser son modèle comme cadre d’une réflexion sur l’« entrepreneuriat soutenable » c’est-à-dire un entrepreneuriat qui soit en symbiose avec les exigences du développement durable. La première partie est consacrée à repérer dans différents champs théoriques les éléments qui constituent la force du local et à montrer comment celle-ci s’inscrit dans la problématique du développement territorial durable. La deuxième partie introduit l’entrepreneur effectuel et, en La force du local et son entrepreneur 3 « La vulnérabilité des TPE et des PME dans un environnement mondialisé », 11es Journées scientifiques du Réseau Entrepreneuriat, 27, 28 et 29 mai 2009, INRPME, Trois-Rivières, Canada établissant le lien avec cette problématique, esquisse un modèle d’ entrepreneuriat effectuel soutenable qui mettra en avant le concept de « capabilités entrepreneuriales ». En guise de conclusion sont formulées quelques pistes de recherche. 1. ESSENCE DE LA FORCE DU LOCAL ET DÉVELOPPEMENT TERRITORIAL Le point de départ de notre réflexion est la fameuse proposition de Mark Granovetter concernant la « force des liens faibles » que l’on retrouve sous diverses formulations chez certains théoriciens du capital social. On se réfère ensuite aux « dynamiques de la proximité » qui opèrent l’encastrement territorial du capital social et qui, de ce fait mais sous certaines conditions, participent au processus du développement territorial durable. 1.1. De la « force des liens faibles » aux « trous structuraux » du capital social L’hypothèse fondatrice de Mark Granovetter s’applique au niveau des réseaux de relations sociales prises dans leur ensemble, donc celles qui constituent l’ » encastrement structural » et dans lesquelles s’inscrit toute activité économique. Quant à la différence entre liens forts et faibles, elle se comprend intuitivement par comparaison avec la différence qui existe en termes de densité de relations dans nos rapports avec nos amis proches et nos connaissances lointaines. Pour Mark Granovetter, il s’agit d’expliquer à partir du concept de « strength of weak ties» les conditions de la cohésion globale des structures sociales (Granovetter, 1973, 1983 et 1985). En l’absence de liens faibles entre des réseaux fondés sur des liens forts, les structures sociales dans leur ensemble sont exposées à la fragmentation. Là où les réseaux à liens forts sont prévalents, le phénomène de formation de « cliques » est susceptible de se produire. « Les systèmes sociaux dépourvus de liens faibles, seront fragmentés et incohérents. Les nouvelles idées se répandent lentement, les efforts scientifiques seront handicapés et des sousgroupes séparés par la race, l’ethnie, la géographie ou d’autres caractéristiques auront des difficultés pour trouver un modus vivendi ». La fonction des liens faibles est donc de servir de pièces de liaison entre des réseaux à forte densité relationnelle. Déjà dans l’œuvre de Mark Granovetter, le concept de « pouvoir cohésif des liens faibles » avait été utilisé comme un moyen d’expliquer certaines questions cruciales comme celle de la pauvreté dans le monde. « L’intense concentration d’énergie sociale dans des liens forts, ditil, a pour effet de fragmenter les communautés des pauvres en réseaux encapsulés avec des connexions très médiocres entre ces unités; les individus ainsi encapsulés peuvent alors perdre quelques uns des avantages associés aux effets des liens faibles. Ceci est peut être une raison de plus qui fait que la pauvreté se perpétue d’elle-même » (Granovetter, 1983). En tant que paradigme reconnu, l’hypothèse de Granovetter a laissé sa marque dans celles des approches théoriques du capital social qui appréhendent celui-ci comme une ressource collective auquel un ensemble d’acteurs peut accéder au niveau d’un groupe, d’un réseau ou d’autres structures sociales. C’est dans ce sens qu’il faut entendre le « social capital » du sociologue James Coleman ou du politologue Robert Putnam qui le perçoivent comme un bien public dans une société fondamentalement consensuelle alors que pour le sociologue engagé Pierre Bourdieu le « capital social », replacé dans l’ensemble de son œuvre, est un instrument d’analyse des relations de pouvoir dans une société fondamentalement conflictuelle (Ponthieux, 2004). Les extensions les plus significatives que le principe de la La force du local et son entrepreneur 4 « La vulnérabilité des TPE et des PME dans un environnement mondialisé », 11es Journées scientifiques du Réseau Entrepreneuriat, 27, 28 et 29 mai 2009, INRPME, Trois-Rivières, Canada « force des liens faibles » a trouvées dans la littérature sur le « social capital » s’avèrent particulièrement utiles à nos réflexions sur les conditions de construction de la force du local au niveau d’un territoire. La référence aux travaux récents de Ronald Burt s’impose d’emblée. Pour cet auteur le capital social est une « structure faite de réseaux » ou, plus précisément, un ensemble comportant d’une part des réseaux qui sont des « trous structuraux » et d’autre part des réseaux fermés (Burt, 2001). La partie critique du capital social est celle des « structural holes » : elle est formée par « des réseaux où les gens interviennent comme des intermédiaires entre des segments qui autrement seraient déconnectés… Les trous dans la structure sociale qui résultent de connexions plus faibles entre groupes, apportent un avantage compétitif pour un individu dont les relations s’étendent par-dessus ces trous ». Cela est dû au fait que « les trous structuraux séparent les sources d’information non redondantes » c'est-à-dire que de part et d’autre de chaque trou structural circulent des flux d’information différents. « Les trous structuraux représentent donc des opportunités pour échanger le flux d’informations entre les gens et pour contrôler les projets qui réunissent des gens venant des côtés opposés du trou ». Pour la partie du capital social formée par des réseaux denses, Ronald Burt reprend dans une certaine mesure le point de vue de James Coleman (Coleman, 1988). D’une part, dans les réseaux où les connexions sont très fortes, le potentiel d’information est élevé et l’accès à l’information facile - on peut gagner du temps à s’informer auprès d’un ami -; d’autre part le fait qu’un réseau soit fermé, « network closure », facilite le mécanisme des sanctions qui réduisent le risque auquel s’exposent les gens quand ils se font mutuellement confiance; la violation des normes de conduite qui se développent dans ces réseaux est plus difficile. Pour Ronald Burt les opportunités que représentent les trous structuraux l’emportent en termes de performances possibles sur celles que peut offrir une structure fermée de réseau. Il suggère finalement une relation de complémentarité entre les deux : « alors que l’établissement d’une relation par-dessus les trous structuraux est une source de valeur ajoutée, la fermeture d’un réseau peut être décisive pour réaliser la valeur ensevelie dans les trous structuraux ». Dans le même ordre d’idées que Coleman, Robert Putnam (Putnam, 1993 et 2000) considère que le « capital social se réfère aux caractéristiques de l’organisation sociale comme la confiance, les normes et les réseaux qui améliorent l’efficience de la société en facilitant l’action coordonnée ». Dans le droit fil de la pensée de Granovetter, il considère que le capital social prend toute sa signification en tant que « bridging capital » qui se fonde sur la valorisation des relations sociales entre des groupes hétérogènes alors que le « bonding capital » trouve sa valeur au sein des groupes homogènes. Le capital qui établit des ponts est nécessaire à la formation du lien social. Le capital qui enchaîne peut à la limite conduire à des formes de réseaux nuisibles à la société et c’est ce que Robert Putnam souligne plus particulièrement. Dans une perspective similaire les experts de la Banque Mondiale ont repris ces concepts à leur compte pour ajouter celui de « linking » : elle fait référence aux liens verticaux qui couvrent les différences en termes de pouvoir ou de statut. On insiste aussi sur le fait que le capital social du type « bonding » peut avoir des effets d’exclusion et se mettre en travers de la coopération au niveau d’une société dans son ensemble 1.2. Des dynamiques de proximité aux structures encastrantes du développement local Des travaux en « économie de la proximité » qui ont pour objet de mieux comprendre le rôle de l’espace dans la coordination des activités économiques, il ressort que le local n’est pas simplement une question de distance géographique. On va même jusqu’à suggérer que « les La force du local et son entrepreneur 5 « La vulnérabilité des TPE et des PME dans un environnement mondialisé », 11es Journées scientifiques du Réseau Entrepreneuriat, 27, 28 et 29 mai 2009, INRPME, Trois-Rivières, Canada activités économiques ne sont pas nécessairement toujours et pareillement dépendantes des réseaux sociaux. Le processus d’encastrement repose sur des relations personnelles et comme celles-ci sont principalement locales, ce processus explique par lui-même toute la gamme des effets de proximité » (Grossetti, 2006). Dans le cadre de notre essai de conceptualisation de la force du local, c’est le caractère multidimensionnel du concept de proximité qui doit d’abord retenir notre attention en raison de l’enrichissement qu’il apporte au contenu du local. Nous montrerons ensuite que les dynamiques de proximité qui déterminent l’encastrement territorial de toute activité économique ne suffisent pas à elles seules pour faire de la force du local une base à partir laquelle peut se construire le développement territorial durable. La variété des dimensions significatives est parfaitement mise en évidence dans la typologie que Ron Boschma a établie pour analyser le rôle de la proximité dans le processus de l’apprentissage inter organisationnel et de l’innovation (Boschma, 2005). Son argument principal est que «l’importance de la proximité géographique ne peut être évaluée d’une manière isolée, mais doit toujours être examinée en relation avec d’autres dimensions de la proximité qui peuvent apporter des solutions alternatives au problème de la coordination ». Dans cette perspective il suggère une typologie assez complète comprenant cinq sortes de proximités : cognitive, organisationnelle, sociale, institutionnelle et géographique que nous commentons dans ce qui suit en introduisant des éléments complémentaires. La « proximité cognitive » signifie que des acteurs qui partagent la même base de connaissance et d’expertise peuvent apprendre les uns des autres. La question en jeu n’est pas seulement l’accès à l’information en termes de rapidité et d’efficience mais aussi et surtout l’extension des possibilités cognitives ouvertes aux individus et organisations. Mais pour être effective, la proximité cognitive doit être associée à de la « proximité relationnelle » : « même si les membres d’une organisation sont proches du point de vue cognitif cela ne signifie pas nécessairement qu’ils soient en interaction » (Sure, Vicente et Dalla Pria, 2006). Pour certains auteurs le concept doit aussi s’étendre aux relations entre des gens appartenant à une communauté de pratiques (Torre et Rallet, 2005). La « proximité organisationnelle » a son importance parce qu’elle facilite l’échange de connaissances. Elle se réfère au fait que l’apprentissage interactif dépend de la capacité de coordination reposant sur des arrangements organisationnels, sachant que les flux de connaissances proviennent d’acteurs variés à l’intérieur et entre les organisations. La « proximité sociale » concerne les liens interpersonnels entre individus dans la mesure où ils sont socialement encastrés c'est-à-dire liés par la confiance basée sur l’amitié, la parenté et l’expérience. La proximité sociale n’exclut pas les situations où les individus partagent des valeurs, comme valeurs ethniques ou religieuses, mais ces caractéristiques de proximité culturelle sont plus significatives à un niveau supérieur. Dans la typologie de Boschma, ces valeurs font partie de la « proximité institutionnelle » laquelle reprend une distinction déjà faite antérieurement par André Torre et Jean-Pierre Gilly. Les individus et organisations partageant le même espace de représentations et de croyances peuvent aussi être exposés aux mêmes incitations et contraintes dues à leur environnement institutionnel avec ses lois, ses règles formelles et informelles, habitudes culturelles, langue etc (Torre et Gilly, 2000). Le concept de proximité institutionnelle est aussi proche de la notion de « densité institutionnelle » qui souligne l’importance de l’adéquation entre cultures régionales et institutions comme condition du développement local (Amin et Thrift, 1993). La « proximité géographique » enfin se définit simplement en termes de distance spatiale existant entre des acteurs; sa pertinence analytique dépend donc de son couplage avec les autres formes de proximité. La force du local et son entrepreneur 6 « La vulnérabilité des TPE et des PME dans un environnement mondialisé », 11es Journées scientifiques du Réseau Entrepreneuriat, 27, 28 et 29 mai 2009, INRPME, Trois-Rivières, Canada Dans les situations de tous les jours où la réussite en affaires dépend de la confiance entre l’entreprise et ses partenaires, celle-ci ne peut se construire qu’à partir d’une combinaison de proximités (Bruneel, Spithoven et Maesen, 2007). Les diverses formes de proximité se trouvent également liées dans le processus de « l’apprentissage localisé » (Malmberg et Maskell, 2006). En considérant l’« apprentissage interactif comme un processus localisé » on veut souligner le fait que « les conditions locales et la proximité spatiale entre acteurs permettent la formation de répertoires cognitifs distinctifs » ce qui n’est pas sans intérêt dans un monde engagé dans la globalisation. Les processus d’apprentissage sont déterminés et orientés par les « capabilités localisées » propres à un territoire : elles reposent sur « certaines combinaisons de bases de connaissances et de dispositifs institutionnels » et ces combinaisons sont sujettes à des changements continus dans le temps. Les auteurs référencés ci-dessus soulignent cependant que la dépendance de la connaissance tacite par rapport à la proximité spatiale est plus forte que celle de la connaissance codifiée qui, elle, évolue d’avantage sous l’influence de facteurs externes. Les effets de la proximité ne sont cependant pas univoques. « Trop peu de proximité aussi bien que trop de proximité, soutient Ron Boschma, peut être nuisible à l’apprentissage interactif et à l’innovation ». La proximité, pourrait-on dire, devrait avoir une densité mesurée pour ne pas être contreproductive. Trop peu de proximité cognitive, par exemple, réduit la capacité d’un acteur pour identifier, interpréter et exploiter les connaissances que possède un autre acteur, tandis que trop de proximité de ce type peut entraîner un « verrouillage cognitif ». Trop peu de proximité organisationnelle peut être accompagné d’une insuffisance de contrôle ce qui augmente le risque d’opportunisme mais inversement une insuffisance de flexibilité peut résulter d’une situation de blocage des relations due à trop de proximité. Dans le même ordre d’idées ne pourrait-on pas dire que l’apprentissage localisé ne peut produire les résultats attendus que dans la mesure où les conditions locales évitent à la fois le « trop peu » et le « trop » de proximité, quelle que soit la forme de celle-ci? On en arrive à penser que la force du local dépend d’une part de la variété de proximités présentes dans un espace territorial et d’autre part de l’existence de liens forts que favorise un espace de proximité : le capital social territorial serait d’abord du genre « bonding ». C’est là une condition nécessaire, elle n’est pas suffisante comme le suggère l’idée que les effets positifs de la proximité se situent dans certaines limites et qu’en dehors de ces limites la proximité génère des effets pervers. Autrement dit, l’encastrement territorial par le seul jeu des proximités ne suffit pas pour asseoir la force du local. Un retour sur la notion d’encastrement dans son sens originel comme le fait le géographe allemand Martin Hess (Hess, 2004) nous permet d’argumenter en faveur de l’idée que la force du local dépend aussi des effets des externalités associées à des structures d’encastrement de différents niveaux. Il dénonce en effet le risque de « surterritorialisation du concept d’encastrement » d’après ce qui ressort de « la plupart des travaux en géographie économique…qui considèrent les réseaux locaux et les relations sociales localisées comme étant constitutifs de la logique spatiale de l’encastrement ». Il souligne la nécessité d’une articulation claire entre la dimension essentiellement sociétale de la notion d’encastrement et les autres dimensions reliées à la spatialité et, dans cette perspective, il distingue trois catégories fondamentales d’encastrement. Avec l’ » encastrement territorial » on mesure « l’étendue de l’ancrage d’un acteur dans des territoires ou lieux particuliers. Les acteurs économiques se trouvent encastrés dans le sens où ils absorbent, et dans certains cas sont contraints par, les activités économiques et les dynamiques sociales qui y existent déjà ». L’ » encastrement réseau » désigne le « réseau des acteurs dans lesquels une personne ou une La force du local et son entrepreneur 7 « La vulnérabilité des TPE et des PME dans un environnement mondialisé », 11es Journées scientifiques du Réseau Entrepreneuriat, 27, 28 et 29 mai 2009, INRPME, Trois-Rivières, Canada organisation se trouve impliquée c’est-à-dire la structure de l’ensemble des relations entre un ensemble d’individus et d’organisations indépendamment de leur pays d’origine ou de leur ancrage local dans des endroits particuliers ». Cet encastrement comporte « un aspect relationnel, l’ensemble des relations d’un individu ou d’une firme avec d’autres acteurs, et un aspect structurel qui inclue non seulement les acteurs du monde des affaires mais aussi les acteurs institutionnels comme les organisations gouvernementales et non-gouvernementales ». La spatialité n’est pas une condition préalable de l’encastrement par les réseaux lequel résulte d’un processus dynamique d’encastrement et de désencastrement à l’intérieur ou à l’extérieur d’un espace local. L’« encastrement sociétal » enfin considère l’« arrière-plan culturel, politique ou code génétique qui influence et façonne l’action individuelle et collective à l’intérieur comme à l’extérieur de leurs sociétés respectives ….Il reflète aussi la représentation que le système des affaires se fait du cadre institutionnel et régulateur qui affecte et en partie détermine le comportement des acteurs ». Ces « trois dimensions d’encastrement sont naturellement très étroitement liées les unes aux autres comme dans un tricot et forment en se combinant le contexte spatial et temporel de l’activité socioéconomique ». Il faut aussi prendre en considération les changements qui peuvent intervenir au cours du temps dans les configurations spatiales des réseaux ». Dans cette perspective dynamique, « l’encastrement peut être interprété comme un processus spatial qui élève la tension entre des relations territoriales et des développements transterritoriaux ». Pour revenir à notre propos, on dira donc que la force du local dépend non seulement de l’encastrement territorial de tous les acteurs qui, à la faveur de diverses formes de proximité, développent des relations individuelles ou organisationnelles. Elle procède aussi de l’encastrement de réseau dans la mesure où ces acteurs forment des réseaux à forte densité relationnelle et où, en même temps, les réseaux de ces acteurs débordent les frontières des territoires. Elle provient enfin de l’encastrement de société dans la mesure où acteurs et réseaux sont des vecteurs de valeurs, normes et règles propres à une société dans son ensemble. Dans la formation de la force du local, les structures encastrantes de réseau et de société ont un rôle au moins aussi important que les structures encastrantes de territoire dans la mesure où elles produisent les externalités nécessaires aux « développements transterritoriaux ». Ces externalités ont la qualité des trous structuraux au sens que lui donne Burt et forment la part « bridging » du capital social au sens de Putnam. La force du local peut alors devenir l’alliée du développement territorial durable. En examinant les conditions nécessaires à « la construction d’un développement territorial durable », une équipe française de chercheurs a ainsi souligné d’un côté l’indispensable existence d’un capital social territorial fondé sur des liens de proximité forts, d’un autre côté la non moins indispensable présence de liens faibles qui, par la production d’externalités, doivent éviter l’enfermement des territoires dans des situations de blocage (Angeon et Callois, 2005; Angeon, Caron et Lardon, 2006). Dans la même perspective, on insiste sur la nécessité d’une articulation entre « gouvernance locale et régulation globale » : il importe que « les acteurs-clés de la dynamique territoriale… construisent simultanément des proximités institutionnelles localisées et des proximités institutionnelles ‘éloignées’ avec des acteurs ‘externes’ qui agissent sur la scène globale» (Gilly et Perrat, 2004). 2. DE L’ENTREPRENEUR EFFECTUEL À L’ENTREPRENEURIAT SOUTENABLE Pour conduire à un développement durable global, le développement territorial suppose que les entreprises, elles aussi, interviennent dans la construction de la force du local. Cela revient La force du local et son entrepreneur 8 « La vulnérabilité des TPE et des PME dans un environnement mondialisé », 11es Journées scientifiques du Réseau Entrepreneuriat, 27, 28 et 29 mai 2009, INRPME, Trois-Rivières, Canada à se poser la question de savoir quel genre d’entrepreneur est à même de s’inscrire dans ce processus collectif, plus particulièrement dans les pays du Sud. Avec l’« entrepreneur effectuel » de Saras Sarasvathy, nous disposons d’un modèle théorique qui va servir de cadre à la poursuite de notre réflexion (Sarasvathy et Simon, 2000; Sarasvathy, 2001). Après avoir précisé les mécanismes de la » logique d’effectuation » qui sous-tend le comportement de cet entrepreneur, nous montrons d’abord comment celui-ci, en agissant dans un contexte de contingences, participe à la force du local. Nous proposons ensuite un cadre conceptuel d’ » entrepreneur effectuel soutenable » qui figure une manière d’être un entrepreneur, congruente avec les exigences du développement durable. 2.1. Logique d’effectuation et logique de causation A l’origine la théorie de l’effectuation a été conçue pour élaborer une nouvelle approche en entrepreneuriat. A la différence de la pensée dominante en entrepreneuriat qui s’appuie sur une logique de « causation », il s’agissait d’expliquer le processus de création de nouvelles entreprises et de nouveaux marchés à partir d’une logique d’« effectuation ». Note sur les termes « effectuation », « causation » et « effectuel » « Effectuation » a été employé par Paul RICOEUR à propos des relations entre langue, parole et texte. « Chaque texte est par rapport à la langue dans la même position d’effectuation que la parole » sachant qu’un texte est un « discours fixé par l’écriture » (RICOEUR P.: « Qu’est-ce qu’un texte? Expliquer et comprendre » 1970). On le trouve aussi chez Gilles DELEUZE : « Le rapport de l’archer sur les cordes, c’est des effectuations » (Cours 1981). L’emploi du terme « causation » est beaucoup plus rare. Quant à la traduction de « effectual » nous avons choisi un vieux mot français « effectuel » parce qu’il s’agit de rendre compte de l’idée, contenue dans le terme anglais, d’une « capacité de produire des effets désirés ». Nous avons écarté le terme « effecteur » qui existe dans le Français moderne : il désigne en physiologie un organe ou une cellule qui effectue une action à la suite de phénomènes déclencheurs mais la notion d’ » effets désirés » est absente. « Les processus de causation prennent un effet particulier comme une donnée et se focalisent sur la sélection des moyens nécessaires pour créer cet effet. Les processus d’effectuation prennent un ensemble de moyens comme une donnée et focalisent sur la sélection des effets possibles susceptibles d’être obtenus avec cet ensemble de moyens ». Un exemple simple est souvent utilisé par Saras Sarasvathy pour faire comprendre cette distinction. Imaginons un chef de cuisine qui doit préparer un dîner. Deux manières pour accomplir cette tâche se présentent : − dans le premier cas, le client choisit à l’avance un menu. Tout ce que le chef doit faire, c’est de faire la liste des ingrédients nécessaires, les trouver et ensuite cuisiner le repas. On est en présence d’un processus de causation : il commence avec un menu donné et focalise sur le choix des différentes manières de préparer le repas; − dans le deuxième cas, le client demande au chef de voir dans sa cuisine ce qu’il peut trouver comme ingrédients susceptibles de faire un repas correspondant à une certaine faim. Là, le chef doit imaginer quelques menus qui seraient possibles à partir des ingrédients disponibles, choisir le menu et ensuite préparer le repas. C’est un processus d’effectuation qui, à partir d’ingrédients donnés, se concentre sur la préparation d’un repas parmi un ensemble de nombreuses autres possibilités pour satisfaire la faim du client. La force du local et son entrepreneur 9 « La vulnérabilité des TPE et des PME dans un environnement mondialisé », 11es Journées scientifiques du Réseau Entrepreneuriat, 27, 28 et 29 mai 2009, INRPME, Trois-Rivières, Canada Dans les deux cas, le but final ou ce à quoi on aspire est la même chose, à savoir cuisiner un repas. Un effet est donc une opérationnalisation d’une aspiration humaine abstraite. L’élément qui distingue la causation et l’effectuation est l’ensemble constitutif des choix : d’un côté le choix entre des moyens pour créer un effet particulier, d’un autre côté le choix entre beaucoup d’effets qui s’avèrent possibles moyennant l’utilisation d’un ensemble particulier de moyens. Les logiques de la causation et de l’effectuation font toutes deux partie du raisonnement humain. Les processus de décision qui s’y rattachent ne sont pas considérés comme meilleurs les uns par rapport aux autres : tout dépend des situations. Le processus décisionnel relevant de la causation est utilisable « dans la mesure où nous pouvons prédire le futur et que, de ce fait, nous pouvons le contrôler ». Mais « dans la mesure où nous pouvons contrôler le futur, nous n’avons pas besoin de le prévoir » et c’est ce que réalise le processus d’effectuation par l’ » action créative ». En référence au concept de « créativité de l’action » (Joas, 1996), Saras Sarasvathy souligne que « les firmes non seulement utilisent des procédés de décision rationnels, elles utilisent aussi l’action créative pour se donner des objectifs et poursuivre des stratégies dans un processus intrinsèquement dynamique ». Le concept d’action créative souligne l’intentionnalité de toute action humaine dans laquelle les buts émergent d’en dedans du processus de l’action et ne sont pas donnés a priori. Dans les théorisations de l’entrepreneuriat et du management stratégique, la logique de l’effectuation devrait ainsi trouver sa place : « alors que la créativité en raisonnement causation consiste à générer des moyens alternatifs pour la réalisation d’objectifs spécifiés d’avance, la créativité dans le raisonnement effectuation implique la génération d’objectifs possibles, étant donnés les moyens limités et les contraintes des environnements dynamiques et interactifs ». Dans les situations de tous les jours où des décisions doivent être prises, on tombera cependant plus souvent sur des processus d’effectuation que sur des processus de causation. Par exemple, pour reprendre le cas de la préparation d’un dîner, la plupart du temps la plupart des gens préparent le repas suivant un processus d’effectuation en bricolant quelque chose à mettre sur la table à partir de ce qu’on a sous la main. Il est plus rare qu’ils reçoivent du monde pour dîner et s’engagent dans un processus de causation pour le réaliser i.e. choisir un menu, aller dans les magasins pour acheter les différents ingrédients et suivre des recettes précises. Il est alors évident que la logique d’effectuation ne serait pas d’une grande aide pour lancer un grand dîner avec du monde. En d’autres termes, dans les cas où un effet particulier a été présélectionné par le décideur, la logique de causation peut être appliquée pour choisir la meilleure méthode pour réaliser l’effet choisi. Par contre, s’il faut imaginer des effets possibles et faire un choix parmi les effets imaginés, cela implique une logique d’effectuation qui suppose de la part du décideur une capacité à identifier et à exploiter des contingences à travers un processus dynamique d’interactions avec d’autres décideurs. « Les processus de causation, conclut Saras Sarasvathy, sont donc excellents pour exploiter des connaissances, les processus d’effectuation excellents pour exploiter des contingences ». 2.2. L’entrepreneur effectuel dans un contexte de contingences Après avoir restitué les grandes lignes du modèle de Saras Sarasvathy, on montre comment l’exploitation des contingences conduit l’entrepreneur effectuel à participer à la construction de la force du local dans un processus collectif intégrant la dynamique des parties prenantes. Le processus d’effectuation, décrit en annexe dans la Figure 1, commence avec la définition de ce qu’on peut faire avec des moyens existants clairement identifiés et avec celle d’un La force du local et son entrepreneur 10 « La vulnérabilité des TPE et des PME dans un environnement mondialisé », 11es Journées scientifiques du Réseau Entrepreneuriat, 27, 28 et 29 mai 2009, INRPME, Trois-Rivières, Canada objectif temporaire. Elle suppose que l’entrepreneur se pose des questions relatives à sa capacité de faire quelque chose à partir de ce qu’il est, de ce qu’il sait et de qui il connaît. Elle se poursuit avec les contacts qu’il établit avec des gens qui lui sont proches ou avec des gens rencontrés au hasard de la vie personnelle ou professionnelle de tous les jours, susceptibles d’être intéressés par son idée initiale et donc d’être des parties prenantes potentielles. Avec les gens souhaitant participer aux efforts de « construire » quelque chose ensemble – quelque chose qui à ce stade reste vague et ouvert au changement – il cherchera à obtenir des engagements réels de leur part. Chaque personne qui s’engage ainsi contribue à la formation d’une vision commune du projet et d’un partage d’opportunités. La contribution de chaque partenaire devient une pièce d’un ensemble qui prendra toute sa signification seulement à travers un processus de négociation et de renégociation tendant à l’engagement de nouveaux partenaires. Les parties prenantes engagent leurs ressources en échange de la possibilité de participer au remodelage des objectifs du projet et d’influencer la conformation du futur. Dans un tel environnement partenarial, le processus d’effectuation initié par l’entrepreneur potentiel met en œuvre deux cycles dans la création d’une nouvelle entreprise : un cycle d’expansion des ressources qui accroît les moyens disponibles et un cycle convergent de contraintes sur la formation des objectifs. Ils se poursuivent jusqu’à un stade où il n’y a plus de marge de manœuvre et que les objectifs se stabilisent en devenant plus précis. L’ensemble du processus d’effectuation se déroule donc dans un contexte de contingences où les objectifs sont générés par interaction avec les parties prenantes. Dans le cas d’un processus de création d’entreprise, la « firme particulière créée sera un élément résiduel du processus de construction d’un réseau de partenaires et d’engagements ». Dans le cas d’une entreprise en développement se trouvant dans une situation où une nouvelle stratégie doit être formulée, le processus d’effectuation se déroule de manière similaire avec la participation des parties prenantes à la mobilisation des ressources et à la formulation des objectifs (Sarasvathy et Venkataraman, 2000; Wiltbank, Dew, Read et Sarasvathy, 2006). Dans toutes ces situations, leur participation obéit à trois principes conformes à la logique de l’effectuation : leurs actions sont déterminées par les moyens plutôt que orientées par des objectifs, leurs décisions reposent sur l’évaluation d’une perte acceptable plutôt que sur celle d’une rentabilité attendue, leur ligne de conduite consiste à exploiter les contingences plutôt qu’à les éviter. Il n’est pas inutile de souligner l’importance du rôle que jouent les parties prenantes dans ce modèle : ce sont leurs engagements qui fondent la dynamique de l’ensemble, sachant que ce qui compte c’est leur « volonté de s’engager dans un processus en voie de se construire et non leur alignement sur une vision préconçue ou une opportunité affichée» (Wiltbank, Dew, Read et Sarasvathy, 2006). L’interprétation en logique effectuelle du rôle des parties prenantes se démarque ainsi d’autres positionnements théoriques selon lesquels celles-ci, dans le contexte de création d’entreprise, sont plutôt motivées par le partage des résultats d’une opportunité d’affaires dont on escompte qu’elle soit rentable (Verstraete et Jouison, 2007). Mais on pourrait la rapprocher de certaines positions théoriques en management stratégique selon lesquelles la « stakeholder value », comparée à la « shareholder value », est « la seule qui soit robuste en stratégie » (Martinet et Reynaud, 2001). On prend en compte non seulement les performances économiques mais aussi les performances sociétales, ce qui permet d’intégrer de plain-pied la problématique du développement durable dans la stratégie d’entreprise. Dans le cadre de notre présent propos qui est de montrer comment l’entrepreneur peut être un acteur de la force du local, les parties prenantes viennent en première ligne, qu’il s’agisse de La force du local et son entrepreneur 11 « La vulnérabilité des TPE et des PME dans un environnement mondialisé », 11es Journées scientifiques du Réseau Entrepreneuriat, 27, 28 et 29 mai 2009, INRPME, Trois-Rivières, Canada relations de transactions (clients, fournisseurs etc.) ou d’interactions (associations professionnelles, collectivités etc.). Dans un ensemble donné de parties prenantes, le plus grand nombre aura en effet probablement des activités localisées dans l’espace de l’ancrage territorial de l’entreprise. Dans ses relations avec les parties prenantes, l’entrepreneur sera donc directement concerné par les « dynamiques de la proximité » dont nous avons décrit plus haut les multiples dimensions. Du point de vue de l’entrepreneur propriétaire dirigeant d’une PME ou TPE, la proximité peut alors être interprétée comme « un réducteur d’incertitude » et « un facteur de performance » (Torrès et Gueguen, 2006) ou encore un facteur significatif qui influence les attitudes éthiques des dirigeants (Courrent et Torrès, 2005). Mais dans la logique de l’ » approche proxémique », fondée sur une « conception égocentrée de l’espace » (Torrès, 2004; Torrès, 2006), les partenaires de l’entrepreneur apparaissent comme des acteurs plutôt complémentaires à l’action individuelle alors que dans la logique d’effectuation ils sont les acteurs nécessaires à une action qui se construit d’une manière collective. Par ailleurs les partenaires appartenant à des « réseaux à signaux faibles » risquent d’être ignorés par l’entrepreneur à comportement proxémique alors qu’ils sont particulièrement utiles comme sources d’idées et d’opportunités nouvelles (Julien, 2000). De ce fait, en raison de la limitation de l’environnement partenarial à des « réseaux à signaux forts » caractérisés par la redondance de l’information, la part de l’entrepreneur effectuel dans la construction de la force du local, se trouvera réduite d’autant. Dans l’approche contextualisée de l’entrepreneuriat qui est la nôtre et à laquelle se prête le modèle de l’entrepreneur effectuel, les diverses formes de la proximité s’inscrivent dans un espace territorial. Dans cet espace se développent des constellations de parties prenantes avec des noyaux entrepreneuriaux. De cet ensemble émergent des groupes homogènes à forte densité de liens qui, en tant que réseaux à signaux forts, produisent du capital social du type « bonding » (associations locales d’entrepreneurs par exemple) : la dynamique des liens forts que favorisent les proximités permet de réaliser la « valeur ensevelie dans les trous structuraux ». Dans les ensembles de parties prenantes, les acteurs peuvent par ailleurs avoir des activités et statuts d’une grande diversité qui, outre leur encastrement territorial, s’inscrivent dans les structures encastrantes de réseau et de société. Elles génèrent du capital social du type « bridging » comme réseaux à signaux faibles lorsque s’établissent des relations horizontales à faible densité de liens entre groupes hétérogènes d’un même territoire (entrepreneurs, établissements de formation et collectivités locales par exemple) ou des relations verticales en dehors du territoire (organismes professionnels locaux et ministères par exemple): la dynamique des liens faibles crée de la « valeur ajoutée par les trous structuraux ». C’est donc de la variété de l’ensemble formé par les parties prenantes de l’entreprise et de la structuration des liens forts aussi bien que faibles dans cet ensemble, que dépend la possibilité pour l’entrepreneur effectuel de participer directement ou indirectement à la construction de la force du local. Mais sa contribution effective dépendra des capabilités qu’il peut mettre en œuvre pour gérer cette variété. 2.3. De l’entrepreneur effectuel à l’entrepreneuriat soutenable On constate que les structures encastrantes des pays, tant au Nord qu’au Sud, sont aujourd’hui de plus en plus perméables aux nécessités du développement durable. De l’entrepreneur on attend qu’il soit un créateur de valeur produisant de la prospérité économique, de la cohésion sociale et de la protection de l’environnement. On peut donc concevoir que l’entreprise soit La force du local et son entrepreneur 12 « La vulnérabilité des TPE et des PME dans un environnement mondialisé », 11es Journées scientifiques du Réseau Entrepreneuriat, 27, 28 et 29 mai 2009, INRPME, Trois-Rivières, Canada progressivement amenée à rechercher sa légitimité dans cette direction (Krupicka et Dreveton, 2005; Gabriel, 2006; Mathieu et Soparnot, 2006). Mais se hisser au rang de l’« entrepreneuriat soutenable » comme artisan du développement durable local, suppose que l’entrepreneur effectuel possède ou acquiert les capabilités nécessaires pour intégrer l’exigence éthique du développement durable dans sa gestion au quotidien et dans sa stratégie de développement. Le cadre conceptuel que nous proposons pour une approche contextualisée de l’entrepreneuriat dans les pays du Sud (cf. figure 2 en annexe) part de l’idée que les structures encastrantes de territoire, de réseau et de société d’une part, et la territorialisation du développement durable d’autre part, créent des situations de contingences plus ou moins favorables à l’action entrepreneuriale, des situations cependant où l’impératif du lien social donne la direction vers l’entrepreneuriat soutenable. Des situations qui peuvent être très variées dessinent les rôles que l’individu est appelé à occuper lorsqu’il aspire à entreprendre quelque chose à la manière de l’entrepreneur effectuel. La question des capabilités requises et mobilisables pour jouer ces rôles devient alors centrale. On propose de décliner ces capabilités entrepreneuriales en capabilités personnelles, organisationnelles et sociétales. Alors que les capabilités personnelles réfèrent aux qualités propres à l’individu qui lui sont nécessaires pour être efficace dans n’importe quelle situation exigeant une action, les capabilités organisationnelles se situent au niveau des rapports entre un individu porteur d’un projet et une organisation qui permet de réaliser ce projet, sachant qu’à ce niveau les interactions avec les parties prenantes sont déterminantes. Si ces deux catégories de capabilités sont nécessaires pour faire marcher le processus entrepreneurial, elles ne sont pas suffisantes pour assurer la légitimité sociale de l’organisation. C’est par le développement de capabilités sociétales que l’entrepreneur inscrit son activité dans les rapports avec la société dans son ensemble dans des domaines qui ne sont pas seulement économiques. Les nouvelles attentes collectives portant sur un comportement entreprenant socialement responsable qui s’expriment maintenant nettement dans l’hémisphère Nord, existent aussi dans le Sud où, dans certaines pays, elles ont déjà donné lieu à des explosions sociales. Le « sustainable entrepreneurship » est un champ de recherche émergent. Par notre approche contextualisée qui s’articule autour du concept de force du local, on propose donc une manière de comprendre l’entrepreneuriat soutenable en fonction d’un ensemble de capabilités nécessaires à la réalisation d’une idée d’entreprendre ou au développement d’une entreprise. Le gisement de ces capabilités, déterminées en partie par le contexte formé par les structures encastrantes, est l’entrepreneur et non pas l’entreprise. Dans ce sens, il faut le noter, les capabilités entrepreneuriales se distinguent du concept bien connu en management stratégique de « dynamic capabilities » qui s’appliquent à une organisation et qui, à partir d’une combinaison unique de ressources, doivent donner à la firme un avantage compétitif (Teece, Pisano et Shuen, 1997; Teece, 2007). Elles se rapprochent plutôt du sens qu’elles ont dans la « capability approach » d’Amartya Sen, c’est-à-dire « l’ensemble des modes de fonctionnement humain qui sont potentiellement accessibles à une personne, qu’elle les exerce ou non » (Sen, 2000). Elles doivent être comprises dans une perspective dynamique comme des modes de mise en œuvre de ressources dans une stratégie de développement de l’entrepreneuriat soutenable. Par les capabilités entrepreneuriales on aborde ainsi sous un angle particulier la problématique générale du développement durable appréhendé en termes de capabilités : elle met en avant la capacité de toute personne de fonctionner comme un acteur social (Dubois, 2006). La force du local et son entrepreneur 13 « La vulnérabilité des TPE et des PME dans un environnement mondialisé », 11es Journées scientifiques du Réseau Entrepreneuriat, 27, 28 et 29 mai 2009, INRPME, Trois-Rivières, Canada 3. CONCLUSION : PISTES DE RECHERCHE Dans la perspective ouverte par Mark Granovetter qui avait souligné l’importance de la cohésion sociale dans les pays confrontés aux problèmes structurels de la pauvreté et qui a été adoptée par des institutions internationales comme la Banque Mondiale dans ses recommandations aux gouvernements nationaux, la problématique centrale est de voir dans quelle mesure l’entrepreneur peut non seulement être un créateur de richesses économiques mais aussi un acteur, avec d’autres, du lien social. Appréhender l’entrepreneuriat dans ce sens implique que l’on s’interroge au préalable sur l’état de cohésion ou de fragmentation du tissu social ainsi que sur les répercussions de ces facteurs contextuels sur le fait entrepreneurial au niveau local : une région mais aussi une ville, un village ou encore une paroisse. Dans l’optique du « développement territorial par le bas » (Ferguène, 2004), on devra faire ressortir les structures encastrantes qui, tant au niveau du territoire que celui des réseaux sociaux en général et de la société dans son ensemble, sont significatives du point de vue de l’issue de l’action entrepreneuriale. Dans cet ordre d’idées, il convient sans doute de distinguer entre les situations où la gouvernance locale, associant acteurs privés et acteurs publics, est satisfaisante du point de vue de la manière dont le territoire s’organise en vue de son développement durable et les situations opposées, ce qui est souvent le cas en milieu rural ou régions délaissées dans les pays du Sud. A ces différences institutionnelles s’ajoutent des différences tenant à la part du secteur informel dans un territoire dont le développement entraîne des mutations inévitables dans ce secteur. Comment ces différences dans l’environnement partenarial – analysables en termes de force du local - affectent-elles l’entrepreneur dans sa capacité de créateur de richesse et d’acteur du lien social, donc dans son devenir d’entrepreneur soutenable? L’entrepreneuriat soutenable peut prendre corps dans des configurations organisationnelles variées, depuis la forme individuelle de l’entrepreneuriat en économie de marché jusqu’à la forme collective qu’il prend en économie sociale et solidaire. A chaque configuration correspondra aussi vraisemblablement une constellation de parties prenantes différente. Dans les pays du Sud où la force du local est le produit d’une bonne gouvernance au niveau d’un territoire, les petites entreprises individuelles pourront plus facilement s’inscrire dans la dynamique territoriale avec un important potentiel de parties prenantes, alors que, là où la force du local est réduite par le défaut de bonne gouvernance, elles se trouvent beaucoup plus vulnérables sans pouvoir s’appuyer sur un tel potentiel. D’où la question : dans quelle mesure les configurations collectives d’entrepreneuriat peuvent-elles être une alternative praticable? Ou plus qu’une simple alternative : la véritable voie vers l’entrepreneuriat soutenable? Selon les diverses formes d’entrepreneuriat, les éléments constitutifs des capabilités entrepreneuriales qu’une personne ou un groupe de personnes met en œuvre pour réaliser un projet ou développer une organisation, ne seront probablement pas les mêmes. Quels sont par conséquent ces éléments déterminant un certain mode de fonctionnement individuel ou collectif qui font de cette personne ou de ce groupe de personnes un entrepreneur capable de participer à la construction de la force du local et donc au renforcement de la cohésion sociale du bas vers le haut? Dans les pays du Sud, l’approche en termes de capabilités pourrait s’avérer particulièrement féconde pour étudier l’entrepreneuriat féminin. Dans quel sens s’exerce l’influence des structures encastrantes de société par rapport à la capacité de l’entrepreneuriat féminin à contribuer au renforcement du lien social et au développement durable? Dans quelle mesure La force du local et son entrepreneur 14 « La vulnérabilité des TPE et des PME dans un environnement mondialisé », 11es Journées scientifiques du Réseau Entrepreneuriat, 27, 28 et 29 mai 2009, INRPME, Trois-Rivières, Canada les structures encastrantes de réseau et de territoire, privées ou publiques, peuvent-elles aider Figure 1. Le àprocessus d’effectuation d’après Saras dans Sarasvathy (2006) Enfin la femme, en les femmes entrepreneures développer leurs capabilités ce sens? tant que telle mais dans le contexte de pauvreté des pays du Sud, a-t-elle une capacité qui lui serait propre à être une « entrepreneure soutenable » et qui pourrait se manifester tant au niveau personnel qu’organisationnel et sociétal? Et du point de vue de la cause commune du développement durable, quelles sont les parties prenantes dont l’engagement serait le plus significatif? De toute évidence s’impose l’approche contextualisée pour répondre à ces questions de recherche. ANNEXE 1 FIGURE 1 Le processus d’effectuation Cycle d’expansion des ressources Nouveaux moyens Ce que je suis Ce que je sais Qui je connais Que puisje faire? Entrer en relation avec parties prenantes potentielles Obtenir engagements des parties prenantes Nouveaux objectifs Cycle convergent des contraintes sur les objectifs Source : Sarasvathy, 2006. FIGURE 2 De la force du local à l’entrepreneuriat effectuel soutenable Dynamiques de proximité Structures encastrantes Entrepreneur effectuel de territoire de réseau de société Exigence éthique du développement durable Quelles capabilités entrepreneuriales? Entrepreneuriat effectuel soutenable BIBLIOGRAPHIE Amin, A. et N. Thrift (1993), « Globalization, institutional thickness and local prospects », Revue d’Économie régionale et urbaine, n° 3, p. 405-427. 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