Annexes

publicité
19
Annexes
Annexe 1 : fiche technique
n° 153
novembre 2012
Dates des représentations de La Mouette
Angers : Le Quai du 14 au 24 novembre 2012 et au Grand Théâtre du 14 au 18 février 2013
Nantes : Le Grand T du 27 novembre au 5 décembre 2012
La Roche-sur-Yon : Le Grand R les 10 et 11 décembre 2012
Saint-Nazaire : Le Théâtre les 13 et 14 décembre 2012
Tours : Le Nouvel Olympia du 17 au 21 décembre 2012
La Rochelle : La Coursive les 15 et 16 janvier 2013
Marseille : Le Théâtre du Gymnase du 22 au 26 janvier 2013
Lyon : Théâtre des Célestins du 30 janvier au 10 février 2013
Durée estimée : 2 h 30
Distribution
Avec : Nicole Garcia, Ophélia Kolb, Agnès Pontier, Brigitte Roüan, Éric Berger, Magne-Hävard
Brekke, Jan Hammenecker, Michel Hermon, Manuel Le Lièvre, Stéphane Roger.
Scénographie : Sophie Perez et Xavier Boussiron
Costumes : Catherine Leterrier et Sarah Leterrier
Lumières : Roberto Venturi
Son : André Serré
Collaboratrice du metteur en scène : Valérie Nègre
Traduction : Antoine Vitez (Éditions Actes Sud/Le livre de Poche)
Affiche : Vincent Flouret
20
Annexe 2 : Acte III (extraits)
n° 153
novembre 2012
« Ça m’est égal, je n’ai pas honte de mon amour pour toi. (Elle lui baise les mains).
Mon trésor, tête folle, tu veux faire des bêtises, mais je ne veux pas, je ne te laisserai pas… (Elle rit). Tu es à moi… Tu es à moi… Ce front est à moi, et ces yeux
à moi, et ces beaux cheveux de soie sont aussi à moi… Tu es tout à moi. Tu as tant
de talent, d’intelligence, tu es le meilleur de tous les écrivains d’aujourd’hui, tu es
l’unique espoir de la Russie… tu as tant de sincérité, de simplicité, de fraîcheur,
d’humour sain… »
La Mouette
© Actes Sud, 1984, p. 86.
« Tant mieux je n’ai pas honte de mon amour pour toi. (Elle lui baise les mains).
Mon trésor, ma tête brûlée, tu veux faire des folies, mais moi, je ne veux pas, je ne
te laisserai pas… (Elle rit). Tu es à moi… À moi… Et ce front, il est à moi, et ces
yeux, ils sont à moi, et ces cheveux splendides, ces cheveux soyeux, ils sont aussi à
moi… Tu es tout à moi. Tu es si doué, si intelligent, le plus grand des écrivains de
notre temps, tu es le seul espoir de la Russie. Tu as tant de sincérité, de simplicité,
de fraîcheur, d’humour salubre… »
La Mouette
© Actes Sud / Labor / Lemeac, 1996, p. 90.
Annexe 3 : Les personnages
Irina Nikolaievna Arkadina, Mme Treplev par mariage
actrice
Constantin Gavrilovitch Treplev
son fils, jeune homme
Piotr Nikolaievitch Sorine
son frère
Nina Mikhailovna Zaretchnaia
jeune fille, fille d’un riche propriétaire terrien
Ilia Afanassievitch Chamraiev
lieutenant à la retraite, intendant chez Sorine
Paulina Andreievna
sa femme
Macha
sa fille
Boris Alexeievitch Trigorine
homme de lettres
Evgueni Sergueievitch Dorn
médecin
Semion Semionovitch Medvedenko
instituteur
Iakov
homme de peine
21
Annexe 4 : Acte III (extraits)
n° 153
novembre 2012
Treplev : Ces derniers temps, ces jours-ci, je t’aime aussi tendrement et totalement que dans
mon enfance. À part toi, il ne me reste personne. Mais pourquoi cet homme s’est-il mis entre
toi et moi ? [ndlr : il parle de Trigorine]
Arkadina : Tu ne le comprends pas, Constantin. C’est une personnalité très noble…
Treplev : Pourtant, quand on lui a fait savoir que j’avais l’intention de le provoquer en duel,
sa noblesse ne l’a pas empêché d’être un lâche. Il s’en va. Il fuit honteusement.
Arkadina : Quelle absurdité ! C’est moi qui lui demande de partir. Notre relation, évidemment,
ne peut pas te faire plaisir, mais tu es intelligent et cultivé, j’ai le droit d’attendre de toi que
tu respectes ma liberté.
Treplev : Je respecte ta liberté, mais permets-moi aussi d’être libre et de me comporter envers
cet homme comme je veux. Une personnalité très noble ! Nous voilà presque à nous disputer
tous les deux à cause de lui, et pendant ce temps-là il est quelque part au salon ou dans le
jardin en train de se moquer de nous… il fait l’éducation de Nina, il essaie de la persuader
définitivement qu’il est un génie.
Arkadina : Tu te délectes à me dire des choses désagréables. J’estime cet homme et je te prie
de ne pas dire du mal de lui en ma présence.
Treplev : Moi, je ne l’estime pas. Tu veux que je le considère moi aussi comme un génie, mais
pardonne-moi, je ne sais pas mentir, ses œuvres me donnent la nausée.
Arkadina : C’est de la jalousie. Les gens sans talent mais prétentieux n’ont pas d’autre
ressource que de nier les talents véritables. Rien à dire, c’est une consolation !
Treplev ironique : Les talents véritables ! (Avec colère). Si on en est là, alors j’ai plus de talent
que vous tous ! (Il arrache son bandeau). C’est vous, les routiniers, qui avez accaparé la première place dans l’art, et vous ne tenez pour légitime et véritable que ce que vous faites
vous-mêmes, le reste vous l’opprimez, vous l’étouffez. Je ne vous reconnais pas. Je ne reconnais ni toi ni lui.
Arkadina : Décadent !...
Treplev : Retourne à ton théâtre bien-aimé, va-t’en jouer tes pièces misérables, dérisoires.
Arkadina : Je n’ai jamais joué de pièces comme ça. Laisse-moi ! Toi, le moindre vaudeville
tu n’es pas capable de l’écrire. Bourgeois de Kiev ! Parasite !
Treplev : Avare !
Arkadina : Loqueteux ! (Treplev s’assied et pleure doucement). Nullité. (Allant et venant avec
agitation). Ne pleure pas. Il ne faut pas pleurer… (Elle pleure). Il ne faut pas… (Elle lui
baise le front, les joues, la tête) Mon enfant chéri, pardon… Pardonne à ta mère coupable.
Pardonne-moi, je suis malheureuse.
La Mouette, traduction d’Antoine Vitez
© Actes Sud, 1984, p. 82-83
22
Annexe 5 : Entretien avec Catherine Leterrier,
costumière
n° 153
novembre 2012
Est-ce que Frédéric Bélier-Garcia vous a proposé
une époque pour les costumes de La Mouette ?
Catherine Leterrier : Frédéric n’aime pas les
faux culs, les tournures, les cols durs, les
manches gonflées car il ne veut pas gêner les
acteurs dans leur jeu physique et souhaite que
le public s’identifie facilement aux personnages. Donc on ne respecte pas l’époque. On est
plutôt dans un mélange d’époques. Frédéric ne
voulait pas non plus que ces costumes évoquent
la Russie.
Apparemment vous vous êtes inspirée du peintre
Vuillard ?
C. L. – Oui, Frédéric a été très intéressé par
Vuillard. Dans La Mouette les personnages sont
au début pleins d’espoir, ils sont plutôt dans
des couleurs et tissus unis. Puis petit à petit,
comme la vie ne leur permet pas de réaliser
leurs rêves, on a trouvé intéressant que les
imprimés des costumes deviennent de plus en
plus présents et donnent l’illusion d’entrer dans
les imprimés du décor.
Comme si les personnages s’effaçaient dans le
décor ?
C. L. – Oui, comme chez Vuillard où l’on voit
émerger des gens qui sont enserrés dans un
décor aux impressions fortes. Il fallait qu’entre
le décor et les imprimés des costumes ça
coince, ça s’agresse : les personnages semblent
coincés entre les impressions du décor et ceux
de leurs costumes.
Dans La Mouette il y a des personnages de la
campagne comme Chamraiev, Medvedenko et
ceux de la ville comme Arkadina et Trigorine.
À quoi le voit-on dans votre création de costumes ?
C. L. – Pour Arkadina et Trigorine, Frédéric nous
a dit de « faire nouveaux riches » surtout à
l’acte IV. Les costumes de Chamraiev et de
Medvedenko seront en revanche assez ravaudés.
Mais même avec Arkadina on est resté dans la
simplicité car Frédéric n’aime pas les détails. On
a cherché plutôt une ligne. Pas de bouillonné
ni de nœuds. On a aussi fait des liens entre
des personnages comme Arkadina et Nina qui
l’admire et voudrait lui ressembler : on a créé un
costume avec de grosses rayures pour Arkadina
(les rayures étant la marque des personnages
hors de la société, bagnards comme acteurs)
et à l’acte IV Nina, devenue une petite actrice
ratée, porte aussi des rayures.
Certains personnages ont plusieurs costumes :
par exemple Nina qui change beaucoup entre
le I et le IV.
C. L. – Nina a quatre costumes. On a marqué le
temps. À la fin, elle a un corset sous sa robe,
elle est devenue une femme marquée par la vie.
Vous vous occupez aussi des dessous ?
C. L. – Oui, les silhouettes avec corsets semblent
plus anciennes et coincées que les silhouettes
avec soutien-gorge.
Et les accessoires ?
C. L. – Quelques réticules, le panama de Dorn
mais pas de chapeaux de femmes. Frédéric ne
veut pas trop marquer l’époque.
23
Annexe 6 : PHOTOS DE quelques COSTUMES
n° 153
1
2
3
4
5
6
7
8
9
novembre 2012
10
Photos des costumes de La Mouette © dany porché
24
Suite de l’annexe 6 noms des personnages associés aux costumes
n° 153
1
2
3
novembre 2012
Nina
Chamraïev
4
5
6
Medvedenko
Macha
7
8
Sorine
10
Dorn
Treplev
Paulina
9
Trigorine
Arkadina
25
Annexe 7 : Les personnages et leurs costumes
n° 153
novembre 2012
Macha [qui répond à la question de Medvedenko : « Pourquoi êtes-vous toujours en noir ? »]
« C’est le deuil de ma vie. Je suis malheureuse… Ce n’est pas une question d’argent. Un
pauvre peut être heureux. » Medvedenko à Macha
« Je ne gagne que vingt-trois roubles par mois, et on me retient encore là-dessus pour la Caisse de retraite, pourtant je ne porte pas le deuil. »
Sorine à Arkadina
« Ce serait si bien de s’arracher, ne fût-ce qu’une heure ou deux, à cette existence de goujon. »
Arkadina à son frère Sorine
« Si, j’ai de l’argent, mais je suis actrice ; rien que les toilettes, c’est une ruine. »
Paulina à Dorn
« Evgueni, mon très cher, mon chéri, prenez-moi avec vous… Notre temps passe, nous ne
sommes plus jeunes, et au moins à la fin de notre vie ne plus nous cacher, ne plus mentir… »
Dorn à Paulina
« J’ai cinquante-cinq ans, c’est trop tard pour changer de vie. »
Treplev à Nina
« Je suis solitaire, je n’ai pour me réchauffer aucune affection, j’ai froid comme dans un souterrain. »
Trigorine à Nina
« Quand je serai mort, mes amis, en passant devant ma tombe, diront :
- Ici repose Trigorine. C’était un bon écrivain, mais il écrivait moins bien que Tourgueniev. »
Nina à Trigorine
« J’ai pris une décision irrévocable, le sort en est jeté, je ferai du théâtre. »
Chamraïev à Arkadina
« Chère madame, vous ne savez pas ce que c’est qu’une exploitation agricole. »
26
Annexe 8 : Entretien avec Sophie Perez scénographe
n° 153
novembre 2012
Vous avez conçu une scénographie qui fait
cohabiter intérieur et extérieur, un intérieur
qui phagocyte petit à petit l’extérieur : un lac
idéalisé, lieu d’une enfance merveilleuse, extérieur qui va être progressivement avalé par la
maison…
Sophie Perez : La Mouette parle de la mise en
abîme du théâtre. Entre l’histoire de la mère,
l’actrice Arkadina, du fils, Treplev, jeune auteur
de théâtre qui a l’idée d’un théâtre moderne,
ça ne fait que parler de réinventer le théâtre.
À partir de là, la scénographie proposée est
réversible : la maison est représentée par des
châssis mais les châssis seront aussi des châssis
de théâtre quand ils seront retournés. Il n’y a
pas le lac mais il y a l’île. Tout est induit et
tout est réversible. On a vraiment travaillé sur
ce qui constitue le théâtre d’un point de vue
archaïque, d’un point de vue scénographique
aussi. Il y a un intérieur qui est très réaliste
mais en même temps on voit les châssis qui
sont apparents. Tout peut se moduler : ce qui
est une pièce de la maison peut devenir un
bout d’île. L’île peut devenir la moquette d’un
intérieur. Il faut que cette scénographie soit
envisagée comme un objet de théâtre relatant
l’histoire des codes théâtraux et l’idée de la
modernité…
Aucune époque précise ne se dégage de cette
scénographie ?
S. P. – Non, mais il y a des notions esthétiques,
il y a l’histoire de la Russie et du théâtre russe
de l’époque. Par exemple, je me suis inspirée,
pour le grand rideau de scène, de la première
mise de scène de La Mouette où Stanislavski
utilisait des toiles peintes avec des arbres
et, dans notre scénographie, il y a un rideau
avec de la marqueterie de tissus. En fait notre
scénographie s’inspire de l’histoire du théâtre
et de l’histoire de La Mouette et de toutes
ses représentations dont la première, celle de
Stanislavski.
Comment avez-vous traité le sol ?
S. P. – Les îlots sont recouverts de moquette
mais ils vont être jonchés de feuilles mortes
(toujours la confusion entre intérieur et extérieur et la réversibilité possible). Il y a comme
une histoire des saisons complètement inversée, renversée puisque la végétation est assez
luxuriante, mais il y a des feuilles mortes qui
jonchent le sol, et le sol qui pourrait être de
la moquette d’intérieur. Tous les thèmes esthétiques sont comme chamboulés ou inversés.
Le sol est composé d’îlots qui peuvent changer
de place comme dans un puzzle ?
S. P. – Oui, ces changements rendent compte
des époques où les personnages se retrouvent
(deux ans s’écoulent entre l’acte III et l’acte
IV), de la manière dont les choses changent
sans vraiment changer d’ailleurs. On sent dans
La Mouette un héritage, un poids : un héritage
terrible et magnifique, qu’on porte tous. La
Mouette parle de la manière dont les choses se
modulent tout en restant malheureusement ou
heureusement identiques.
Est-ce vous qui pensez les costumes ?
S. P. – Quand je travaille avec Frédéric, je fais
les costumes car j’aime penser à tout mais là
c’est quelqu’un d’autre qui s’est occupé des
costumes, quelqu’un de plus traditionnel. Les
costumes évoqueront probablement la fin du
xixe, le début du xxe. Et comme ce parti pris
daté était là pour les costumes c’était bien
d’être plutôt sur une évocation générale du
théâtre dans la scénographie.
Quelles seront les couleurs dominantes de la
scénographie ?
S. P. – L’intérieur de la maison ressemble à des
casemates avec du papier peint. C’est vraiment
la Russie, la datcha avec une accumulation de
rideaux, de peintures, de tapisseries, de guéridons. L’intérieur est très chargé, très réaliste. Je
voulais que l’intérieur des maisons soit réaliste
comme au cinéma puisqu’on a une abstraction
de l’espace.
27
Annexe 9 : Didascalies initiales des quatre actes
Didascalie initiale de l’acte I
n° 153
novembre 2012
Coin de parc dans la propriété de Sorine.
Une large allée partant du public et traversant le parc jusqu’à un lac est barrée par une estrade hâtivement dressée pour un spectacle d’amateurs, si bien que le lac est entièrement invisible. À droite et
à gauche de l’estrade, des buissons. Quelques chaises, une petite table. Le soleil vient de se coucher.
Sur l’estrade, derrière le rideau baissé, Iakov, avec d’autres ouvriers ; on entend tousser, frapper des
coups de marteau. Macha et Medvedenko arrivent sur la gauche, revenant de promenade.
Medvedeno : « Pourquoi êtes-vous toujours en noir ?
Macha : C’est le deuil de ma vie. Je suis malheureuse »
Didascalie initiale de l’acte II
Un terrain de croquet.
Au fond, à droite, la maison, avec une grande terrasse ; à gauche on voit le lac, dans lequel un soleil
étincelant se reflète. Parterres de fleurs. Midi. Il fait chaud. A côté du terrain, dans l’ombre d’un vieux
tilleul, Arkadina, Dorn et Macha sont assis sur un banc. Dorn tient sur ses genoux un livre ouvert.
Didascalie initiale l’acte III
La salle à manger dans la maison de Sorine.
Portes à droite et à gauche. Un buffet. Une armoire à pharmacie. Au milieu de la pièce, une table.
Une valise et des cartons ; préparatifs de départ. Trigorine déjeune. Macha est debout à la table.
Didascalie initiale l’acte IV
Un salon dans la maison de Sorine, transformé par Constantin Treplev en cabinet de travail.
À droite et à gauche, des portes donnant sur les pièces intérieures. En face, une porte vitrée donnant sur la terrasse. Outre le mobilier habituel d’un salon, il y a un bureau dans le coin à droite, un
divan turc près de la porte de gauche, une bibliothèque, des livres sur les rebords de fenêtres, sur les
chaises. C’est le soir. Le salon n’est éclairé que par une lampe à abat-jour. Pénombre. On entend le
bruit des arbres et le hurlement du vent dans la cheminée. Le gardien de nuit frappe ses palettes de
bois. Entrent Medvedenko et Macha.
Annexe 10 : CADRES de scènes
28
Annexe 11 : Acte III (extraits)
n° 153
novembre 2012
« Trigorine (rentrant) : J’ai oublié ma canne. Elle doit être là-bas, sur la terrasse.
(Il se dirige vers la porte de gauche et rencontre Nina qui entre). C’est vous ? Nous
partons.
Nina : Je sentais que nous nous reverrions (Émue). Boris Alexéiévitch, j’ai pris une
décision irrévocable, le sort en est jeté, je ferai du théâtre. Demain, je ne serai plus
ici, je quitte mon père, j’abandonne tout, je commence une nouvelle vie… Je m’en
vais, comme vous… à Moscou. Nous nous verrons là-bas.
Trigorine, (après un regard autour de lui). Descendez « au bazar slave »… Prévenezmoi tout de suite… Rue Moltchanovka, maison Grokholski… Je me dépêche…
Un temps
Nina : Non, encore une minute…
Trigorine : à mi-voix. Vous êtes si belle… Oh ! quel bonheur de penser que nous
nous verrons bientôt ! (elle se penche sur sa poitrine). Je verrai encore ces yeux
merveilleux, ce sourire inexprimablement beau et tendre… ces traits si doux, l’expression de la pureté angélique… Ma chérie… »
Baiser prolongé
La Mouette, traduction d’Antoine Vitez
© Actes Sud, 1984, p. 88-89.
29
Annexe 12 : L’Affiche du spectacle
affiche LA MOUETTE_400x600_Mise en page 1 08/10/12 13:58 Page1
novembre 2012
de Anton Tchekhov
mise en scène Frédéric Bélier-Garcia
tion
duc
Pro
avec
Nicole Garcia
Ophelia Kolb
Agnès Pontier
Brigitte Roüan
Eric Berger
Magne-Håvard Brekke
Jan Hammenecker
Michel Hermon
Manuel Le Lièvre
Stéphane Roger
production
Nouveau Théâtre d’Angers
Centre Dramatique National Pays de la Loire
LE QUAI - FORUM DES ARTS VIVANTS
du mercredi 14 au samedi 24 novembre 2012
GRAND THÉÂTRE, PLACE DU RALLIEMENT
du jeudi 14 au lundi 18 février 2013
ET TOURNÉE NATIONALE AUTOMNE-HIVER
NANTES… LA ROCHE-SUR-YON… SAINT-NAZAIRE…
TOURS… LA ROCHELLE… MARSEILLE… LYON
renseignements / réservations 02 41 22 20 20
www.lequai-angers.eu
© vincent flouret
Conception et impression : Setig Palussière, Angers. 10/2012. Photographie © Vincent Flouret.
n° 153
30
n° 153
novembre 2012
Répliques dans lesquelles figure le mot « mouette »
Nina à Treplev (acte I) « Mon père et ma mère ne veulent pas que je vienne ici. Ils disent que c’est la bohème ici…
ils ont peur que je devienne actrice… Mais je suis attirée par ce lac comme une mouette…
Mon cœur est plein de vous. »
Treplev à Nina (acte II)
« J’ai eu la bassesse de tuer cette mouette aujourd’hui. Je la dépose à vos pieds… C’est
comme ça bientôt que je me tuerai moi-même. »
Trigorine à Nina (acte II)
« Un sujet m’est venu à l’esprit… : au bord d’un lac, depuis son enfance vit une jeune fille,
comme vous ; elle aime le lac comme une mouette, elle est heureuse et libre comme une
mouette. Mais par hasard un homme est passé, l’a vue et, par désœuvrement, il la fait périr
comme une mouette. »
Trigorine à Nina (acte III)
« Il y a huit jours, vous portiez une robe claire… Nous avions parlé… il y avait une mouette
blanche sur le banc. »
Treplev à Dorn (acte IV)
« Elle (Nina) signait la Mouette… dans ses lettres, elle répétait sans cesse qu’elle était une
mouette. »
Chamraïev à Trigorine (acte IV)
« Un jour, Constantin Gavrilovitch avait tué une mouette et vous m’aviez chargé de la faire
empailler. »
Nina à Treplev (acte IV)
« Je suis une mouette… Non ce n’est pas ce que je veux dire. »
31
Annexe 13 : Note d’intention de Frédéric Bélier-Garcia
n° 153
novembre 2012
Tchekhov compose avec La Mouette un grand
cabaret de l’existence, chaque personnage est
introduit dans un duo (Macha-Medvedenko,
Treplev-Sorine, Dorn-Paulina…) puis y va de
son numéro. Chacun essaie d’être aimable, de
faire l’aimable tandis qu’au plus profond de lui
ahane la panique d’exister, qu’on essaie de faire
taire en babillant, braillant, chantant. Comme
cet enfant qui, obligé d’aller chercher quelque
chose à la cave, chante de plus en plus fort pour
disperser les fantômes et les peurs. Qu’as-tu fait
de ta vie ? Et des promesses premières ? La question est toujours effroyable, aussi imparable
qu’un matin blême. Ici chacun y est convoqué,
la fuit, la contourne, s’y fracture, s’étouffe dans
l’anorexie progressive du présent, s’exaspère à
attendre alors qu’il sait qu’il n’y a rien à patienter, et sort de scène en espérant que les autres
« ne garderont pas un mauvais souvenir ».
Raconter La Mouette, c’est mettre en acte cette
grande bataille immobile qu’est la vie, où tout
est déjà « trop tard ». Chacun poursuit un
amour, une ambition, une chimère qui se dérobe
quand il croit la tenir. Dans La Mouette, le rêve
est toujours au plus proche, prêt à emporter
chaque être vers le meilleur, mais les personnages, comme de grands oiseaux incapables
de voler, demeurent dans ce décor, dans ce
théâtre, qui se flétrit sur eux, en eux au fil des
actes et des années. Et en bout de piste, les
personnages semblent attendre une fête qui n’a
pas eu lieu. Pour finir comme les silhouettes
de Vuillard par s’effacer dans le motif mural.
Mettre en scène Tchekhov, c’est s’éprouver à
l’humilité de Tchekhov, comme un pianiste joue
les variations Goldberg. Une humilité foisonnante de ressources, de détails, de couleurs.
La vérité y est tant dans les mots que dans
l’infime variation météorologique, le reflet d’un
lac, un courant d’air, la couleur d’un tissu. La
modestie de Tchekhov tient dans son inquiétude
de l’entre-deux : tenir en même temps la voie
symbolique (le lac, le théâtre, la mouette, le
noir de Macha…) et la veine naturaliste, comme
si l’affaire humaine se tenait dans cette gravité
subtile des choses et des êtres pris entre leur
poids matériel et leur destination poétique.
La Mouette, plus que toutes ses autres pièces,
porte cette ambiguïté à sa quintessence.
32
Annexe 14 : Entretien avec Frédéric Bélier-Garcia
metteur en scène
n° 153
novembre 2012
Tchekhov est un des rares auteurs qui a su
rendre vivante une communauté de personnages
(une dizaine en l’occurrence pour La Mouette),
communauté familiale où chaque personnage a
sa place très définie. Mais ces scènes chorales
sont particulièrement délicates à mettre en jeu.
Frédéric Bélier-Garcia : La difficulté de ces
scènes chorales, c’est que deux parlent pendant
que dix sont sur le plateau. Il faut alors veiller
à ce que les dix soient impliqués sans artifice,
que chacun se trouve une implication dans le
dialogue en cours. Il faut faire monter de vrais
enjeux humains dans le dialogue, que ce ne soit
pas de l’ordre de la conversation. Ainsi au début
de l’acte II, il y a les deux êtres faibles de la
pièce, Medvedenko et Macha, qui sont rabroués
dans le dialogue et, pour que leur vexation soit
plus forte, il faut qu’elle ait lieu en public. Mais
chaque personnage du chœur doit réagir à cette
humiliation de manière vivante.
L’autre question posée par l’écriture de Tchekhov,
c’est ce qu’on appelle le sous-texte, ce qui n’est
pas dit mais que doivent imaginer l’acteur et le
metteur en scène pour faire comprendre ce qui
est dit. Dans la scène entre Trigorine et Nina
(fin de l’acte III) par exemple où les points de
suspension sont nombreux, comme très souvent
chez Tchekhov, vous semblez imaginer que, derrière cette hésitation de Trigorine, il faut voir
une gêne de retrouver Nina à la fin de l’acte III qu’il a finalement assez vite oubliée.
F. B.-G. – Dans la pièce, tout n’est pas écrit.
L’histoire de Trigorine et de Nina se décompose
en trois scènes. La nature de leur amour est
en grande partie laissée à l’interprétation des
acteurs et du metteur en scène. On sait que
ces trois scènes se terminent par un baiser (fin
de l’acte III) et on sait ce qu’il advient à Nina
(par Treplev à l’acte IV). Mais qu’aime Nina en
Trigorine ? Est-ce lui qu’elle aime ou la gloire
qu’il représente ou ce mode de vie mondain et
moscovite. Du point de vue de Trigorine aussi
il y a des doutes sur l’importance qu’il accorde
à cet amour pour Nina. Tchekhov n’appréciait
pas l’interprétation de Trigorine par Stanislavski
qu’il trouvait trop élégant, trop « dragueur ».
Il ne voulait pas d’un Trigorine « homme à
femmes » mais plutôt pris dans ses problèmes
littéraires. Tchekhov proposait que Trigorine
ait des chaussures trouées et un pantalon à
carreaux. Trigorine est effectivement un terrien,
qui aime manger (début acte III), pêcher…
Pour revenir au passage que vous évoquez,
on ne sait si Trigorine revient dans la maison
vraiment pour voir Nina et donne le prétexte de
la canne à pêche oubliée ou s’il vient effectivement rechercher sa canne à pêche et a déjà
oublié le rendez-vous avec Nina.
La deuxième hypothèse est sans doute plus
intéressante car elle crée une grande tension
entre Nina qui ne rêve que de Trigorine et
Trigorine qui l’a déjà oubliée. Revenons à votre
distribution : vous choisissez, pour jouer l’actrice Arkadina, votre mère Nicole Garcia très
connue aussi dans le monde du cinéma. La
notoriété de l’actrice Nicole Garcia vous permetelle de suggérer la célébrité dont le personnage
Arkadina dit connaître ?
F. B.-G. – Je ne veux pas jouer sur la notoriété
mais plutôt sur des générations d’acteurs. J’ai
choisi deux générations d’acteurs : l’une qui a
commencé dans un théâtre d’avant-garde dans
les années 1970 et a eu progressivement une
notoriété au cinéma (ceux qui jouent Arkadina,
Sorine, Paulina) et la génération plus jeune
(ceux qui jouent Medvedenko, Treplev, Nina et
Macha) composée d’acteurs sortis des conservatoires en même temps et qui font des recherches
surtout dans le domaine théâtral. L’histoire de
la Mouette est une histoire de générations : le
triomphe des parents qui refusent de passer la
main, la victoire d’une génération passée sur la
génération présente.
33
Annexe 15 : Le jeu choral
n° 153
novembre 2012
© MARC ENGUERAND et ARMELLE ENGUERAND CDDS
© MARC ENGUERAND et ARMELLE ENGUERAND CDDS
34
Annexe 16 : L’évolution du costume de Nina
n° 153
novembre 2012
© DANY PORCHÉ
© DANY PORCHÉ
© stÉphane tasse
© stÉphane tasse
© stÉphane tasse
Téléchargement