De la détermination en français et en italien
Autor(en): Fourment Berni-Canani, Michèle
Objekttyp: Article
Zeitschrift: Revue de linguistique romane
Band (Jahr): 48 (1984)
Heft 189-190
Persistenter Link: http://doi.org/10.5169/seals-399751
PDF erstellt am: 04.06.2017
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DE LA DÉTERMINATION
EN FRANÇAIS ET EN ITALIEN
«Nous avons dit en general que l'usage des articles estoit de
déterminer la signification des noms communs ;mais il est difficile
de marquer précisément en quoy consiste cette détermination, parce
que cela n'est pas uniforme en toutes les Langues qui ont des
articles. »Grammaire générale et raisonnée ou
La Grammaire de Port-Royal
Si l'on consulte des dictionnaires français et italiens àl'entrée
«article », l'on trouve dans le L.U.I. de la Treccani comme première
acception :«Particella grammaticale che si premette al sostantivo o a
parti del discorso sostantivate, precisando se si tratta di un essere od
oggetto individuato (art. definito odeterminativo) odi un essere od
oggetto non individuato (art. indefinito oindeterminativo) »;et dans
le Petit Robert (comme quatrième et dernière acception), après la date
de 1350 (J) :«Mot qui, placé devant un nom, sert àle déterminer plus
ou moins précisément, tout en en marquant le genre et le nombre. »
Ces deux définitions, superposables presque terme àterme, mettent
en évidence trois points :d'une part le lien indissoluble entre l'article et
le substantif (le premier étant un «constituant obligatoire du syntagme
(1) Cette date, comme le précise Alain Rey dans la présentation du diction¬
naire, correspond àla première attestation connue du mot et ne concerne
pas la chose. En effet, la «chose »article, dans les langues romanes,
remonterait àla seconde moitié du VIIIe siècle. Cf. àce propos D'Arco
S. Avalle, Filologia romanza, chap. II :c'est dans la Parodie de la Loi Sali¬
que que, pour la première fois, l'article apparaîtrait sous la forme lo au lieu
de illum, la au lieu de illa (pour le singulier) et lis au lieu de illos (au
pluriel), en opposition systématique avec la forme complète du démons¬
tratif, ce qui indiquerait le désir de l'auteur de la Parodie de souligner la
différence entre les deux catégories grammaticales, l'ancienne et la nouvelle.
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nominai ») (2), d'autre part la place de l'article, avant le nom «dont il
signale la présence »(8), enfin sa fonction plus ou moins determinative
et dont il marque une borne ») (4) :l'article fixe des limites dans
l'extensité du substantif en emploi (5). Ainsi, ce petit mot, bien souvent
négligé par les grammairiens traditionnels parce que considéré comme
inutile, apparaît-il au cœur de problèmes, tel que celui de la détermi¬
nation, considérés comme centraux par la linguistique et la logique
philosophique d'aujourd'hui. Déjà, les auteurs de la Grammaire de
Port-Royal s'insurgeaient contre ce mépris envers l'article dont ils sou¬
lignaient au contraire l'importance :«Les Latins n'ont point d'article ;
ce qui afait dire sans raison àJules Cesar Scaliger dans son livre des
Causes de la Langue Latine, que cette particule estoit inutile, quoy
qu'elle soit très-utile pour rendre le discours plus net, et éviter plu¬
sieurs ambiguitez. »(6)
Or, s'il faut être prudent dans le rapprochement de termes que
la grammaire et la linguistique ont chargés selon les époques et les
écoles de significations différentes, il n'en reste pas moins qu'en
employant le mot «discours », Arnauld ou, pour lui, le rédacteur
Lancelot se situait au niveau de la langue en emploi. Et c'est ce
même terme de «discours »que nous retrouvons chez Guillaume lors¬
qu'il essaie de dégager la «véritable nature de l'article »(7) :«... les
noms le plus sujets às'en passer [de l'article] sont ceux qui comportent
les moindres possibilités de variation durant le passage de l'idée géné¬
rale, déposée dans le trésor de la langue, àl'idée plus réelle, et moins
générale, exigée par le discours. »Et plus loin, précisant cette fonction
d'actualisateur de l'article, Guillaume écrit :«Ce problème date du jour
un esprit d'homme asenti qu'une différence existe entre le nom
avant emploi, simple puissance de nommer des choses diverses, et
diversement concevables, et le nom qui nomme en effet une ou plusieurs
(2) Cf. J. Dubois, M. Giacomo, L. Guespin, C. Marcellesi, etc., s.v. «article »,
in Dictionnaire de linguistique, Larousse, 1973.
(3) Ibid.
(4) Ibid.
(5) Apropos de la notion d'extensité, empruntée àG. Guillaume, cf. Roch
Valin, «Grammaire et logique :du nouveau sur l'article », in Travaux de
Linguistique et de Littérature, V, 1, Strasbourg, 1967, pp. 63-64.
(6) Cf. Grammaire générale et raisonnée ou Grammaire de Port-Royal, chap.
VII «Des Articles ».
(7) Cf. Gustave Guillaume, Le problème de l'article et sa solution dans la lan¬
gue française, Québec, Presses de l'Université Laval et Paris, Nizet, 2e éd.,
1975, p. 21.
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de ces choses. »(8) L'article est le signe des «relations systématiques
entre le nom virtuel et le nom réel. »(9)
Considérant comme fondamentale cette fonction d'actualisateur (10),
il nous semble légitime de poser le problème de l'article dans le cadre
de renonciation. C'est en effet au moment de la conversion de la langue
en discours que le locuteur arecours àl'article. Au moment il doit
puiser dans cet appareil formel qu'est la langue, il doit recourir àdes
indices spécifiques qui servent àpréciser sa position de locuteur et à
rendre son discours intelligible pour l'allocutaire direct ou indirect.
L'article, lui-même subdivisé en différentes sous-classes, n'est pas le
seul actualisateur àla disposition du locuteur au moment d'énoncer un
syntagme nominal. Il ya, entre autres, ce qu'on appelle traditionnelle¬
ment le démonstratif, le possessif. Le locuteur va donc être obligé
d'opérer un choix. En fonction de quoi va se faire ce choix et pourquoi
ne sera-t-il pas le même dans des langues apparemment aussi proches
que le français et l'italien C'est le problème qu'on se propose
d'élucider.
Si l'on se reporte aux grammaires en usage actuellement, gram¬
maires françaises àl'usage des Français, grammaires italiennes àl'usage
des Italiens, l'on remarque, comme pour les définitions de l'article
citées plus haut, un parallélisme parfait. Il est accordé au défini une
«valeur »individualisante (d'unicité), une «valeur »généralisante, une
«valeur »anaphorique. Il devrait s'ensuivre la possibilité d'un passage
automatique d'une langue àl'autre. D'ailleurs il est intéressant de noter
que dans la plupart des grammaires italiennes classiques àl'usage des
Français, il apparaît tellement évident que le fonctionnement de l'arti¬
cle est le même dans les deux langues qu'on se borne àen énumérer les
variations morphologiques et que les modalités d'emploi sont en général
limitées aux particularités évidentes, aux cas très précis il yades
divergences assez circonscrites pour qu'elles puissent être énoncées sous
forme de règles, de normes (n). Ainsi, apprend-on, il faut employer
(8) Ibid.
(9) Ibid.
(10) Cf. également Henri Bonnard, L'article, dans Le Grand Larousse de la lan¬
gue française, tome I:«L'article indéfini donne au nom un sens actuel
indéterminé, l'article défini un sens actuel déterminé. »
(11) Citons cependant la Grammaire critique de l'italien de Jacqueline Brunet,
en cours de publication, dont le fascicule 2est consacré àl'article, et qui,
tout en se voulant avant tout descriptive, pose le problème de l'emploi de
l'article dans une optique comparative.
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l'article défini en italien contrairement àl'usage français devant
signore ou signora (sauf au vocatif) employés seuls ou suivis d'un nom
de famille ou d'un titre, devant les adjectifs possessifs, dans l'expression
de l'heure, etc. Or, il suffit de penser àdes énoncés courants du type
«èuscito con la madre »ou «ha comprato la macchina », pour se rendre
compte qu'ici le défini italien ne peut en aucun cas être rendu par la
même catégorie grammaticale en français qui doit lui substituer soit le
possessif, soit l'indéfini.
Il n'est pas besoin de recourir àun dépouillement systématique
d'un corpus italien et d'un corpus français pour se rendre compte que
l'usage du défini est plus étendu en italien qu'en français. En outre, si
normalement le passage de l'indéfini français àl'indéfini italien est
correct (même dans les cas l'italien pourrait employer en alternative
le défini), le passage inverse du défini italien au défini français
est souvent impossible. Aussi la façon la plus logique de poser le pro¬
blème est-elle de partir d'énoncés italiens employant le défini. Le
passage de l'italien en français ne pose en général aucun problème
lorsqu'on aaffaire aux valeurs dites généralisante et d'unicité du
défini :
L'uomo èmortale équivaut à
L'homme est mortel
(valeur généralisante)
La terra gira équivaut à
La terre tourne
(valeur d'unicité).
C'est au niveau de la valeur appelée anaphorique (12) du défini que
se situent les divergences.
Qui dit anaphorique pose le problème de la référence. «Nous uti¬
lisons le dit Strawson soit lorsqu'une référence préalable àla
chose aété faite ;soit lorsque, en l'absence d'une référence indéfinie
préalable, le contexte en yincluant la connaissance supposée de
(12) Cf. R. L. Wagner et J. Pinchón, Grammaire du Français Classique et Mo¬
derne, Hachette, 1962, p. 93 :«L'article défini aune valeur d'anaphorique.
Il détermine un substantif lorsque celui-ci évoque quelqu'un (ou quelque
chose) de connu, de présent àl'esprit du locuteur, d'inclus normalement
dans un cadre ou dans une certaine situation. »
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