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6Hommage à Antonio Tabucchi
DANIEL MESGUICH
vendredi 29 juin à 20 h 30
Lecture de Tristano se meurt d’Antonio Tabucchi par Daniel Mesguich.
Musica verbale
GIOVANNA MONTERMINI, PHILIPPE BERTHAUT
samedi 30 juin à 19 h à la Cave Poésie
Musica verbale (D’Annunzio, Leopardi, Ungaretti) : lecture à deux voix de poètes
italiens par Giovanna Montermini et Philippe Berthaut.
TRISTANO SE MEURT
Une maison de campagne quelque
part en Toscane. Un mois d’août
caniculaire de la dernière année
du vingtième siècle. Tristano, un
homme qui a combattu pour la
liberté de son pays sous ce nom
emprunté à un personnage de Leo-
pardi, fait venir à son chevet un
écrivain qui, apparemment, s’est
inspiré de lui autrefois pour un
roman.
DANIEL MESGUICH, après des
études au Conservatoire de Mar-
seille, entre au CNSA de Paris. Il
commence sa carrière de comédien
dans des pièces classiques (Hamlet,
Platonov), puis fait ses premières
apparitions à l’écran à la fin des
années 70. Il se consacre ensuite à
la mise en scène de pièces classiques
et contemporaines. Après sept ans,
il fonde une nouvelle compagnie :
« Miroir et Métaphores, au Théâtre
National de Lille. Depuis 2007, il
est le directeur du Conservatoire
National Supérieur d’art drama-
tique de Paris.
Lecture de Tristano se meurt avec Daniel Mesguich
« Il y a dans ce livre deux textes
simplement alternés ; il pourrait
presque sembler qu’ils n’ont rien
en commun, mais ils sont pour-
tant inextricablement enchevêtrés,
comme si aucun des deux ne pou-
vait exister seul, comme si de leur
rencontre seule, de cette lumière
lointaine qu’ils jettent l’un sur
l’autre, pouvait se révéler ce qui
n’est jamais tout à fait dit dans l’un,
jamais tout à fait dit dans l’autre,
mais seulement dans leur fragile
intersection. L’un de ces textes
appartient tout entier à l’imagi-
naire. : c’est un roman d’aventures,
la reconstitution, arbitraire mais
minutieuse, d’un fantasme enfan-
tin évoquant une cité régie par
l’idéal olympique. L’autre texte est
une autobiographie : le récit frag-
mentaire d’une vie d’enfant pen-
dant la guerre, un récit pauvre
d’exploits et de souvenirs, fait de
bribes éparses, d’absences, d’oublis,
de doutes, d’hypothèses, d’anecdotes
maigres. Le récit d’aventures, à côté,
a quelque chose de grandiose, ou
peut-être de suspect. Car il com-
mence par raconter une histoire
et, d’un seul coup, se lance dans
une autre : dans cette rupture, cette
cassure qui suspend le récit autour
d’on ne sait quelle attente, se trouve
le lieu initial d’où est sorti ce livre,
ces points de suspension auxquels
se sont accrochés les fils rompus de
l’enfance et la trame de l’écriture.
GEORGES PEREC
SAMI FREY, acteur français né en
1937 à Paris, débute au cinéma en
1956 dans Pardonnez-nous nos
offenses. C’est en amant fou de
Brigitte Bardot, dans La Vérité en
1960, qu’il accède à la notoriété, et
en rival d’Yves Montand dans César
et Rosalie de Claude Sautet, qu’il
rencontre un vrai triomphe en
1972. Par la suite, il tourne des
comédies ou dans des films d’au-
teurs. Ayant atteint l’âge mur, il
entre dans la peau de l’écrivain
Antonin Artaud, devient Aramis le
poète vieillissant dans La Fille de
d’Artagnan de Tavernier, rejoint
le casting des Acteurs de Bertrand
Blier en 2000… Depuis le début de
sa carrière, il est aussi à l’affiche de
nombreuses productions théâtrales :
il a joué sous la direction de Denis
Marleau, Georges Lavaudant,
Claude Régy, Patrice Chéreau, Jorge
Lavelli… Il a été deux fois nominé
au Molière du meilleur acteur pour
son interprétation de Je me sou-
viens, texte de Georges Perec, qu’il a
lui-même mis en scène en 1989 puis
à nouveau en 2003.
Prix Renaudot 1965, ce récit,
sous-titré « une histoire des années
soixante », est le premier roman
de Georges Perec. Il décrit la vie
de deux enquêteurs d’opinion qui
se montrent incapables d’appré-
cier leur quotidien tant ils sont
perdus dans des rêves de train de
vie luxueux. Mais les vrais person-
nages principaux de cette œuvre
inhabituelle sont les « choses », tous
ces biens qui, objets de convoitise,
révèlent l’abîme infini dans lequel
la société de consommation est alors
en train de se précipiter.
« Il y a, dira Georges Perec, entre les
choses du monde moderne et le bon-
heur, un rapport obligé. Une cer-
taine richesse de notre civilisation
rend un type de bonheur possible :
on peut parler, en ce sens, comme
d’un bonheur d’Orly, des moquettes
profondes, d’une figure actuelle du
bonheur qui fait, je crois, que pour
être heureux, il faut être absolu-
ment moderne. […] Mais ce bon-
heur demeure un possible ; car, dans
notre société capitaliste, c’est : choses
promises ne sont pas choses dues. »
ARIANE ASCARIDE, née en 1954
à Marseille, est actrice qui s’est for-
mée au Conservatoire de Paris.
Elle débute au théâtre et parallè-
lement joue des rôles secondaires
au cinéma. À partir des années 80,
elle joue dans les films de Robert
Guédiguian, son mari. En 1998,
son rôle dans Marius et Jeannette
lui vaut un César. Elle poursuit sa
carrière aux côtés d’autres cinéastes,
tels que Jacques Martineau et Oli-
vier Ducastel. Elle réalise Ceux qui
aiment la France en 2009.
vendredi 29 juin à 18 h au Théâtre Garonne
En relisant Perec : W ou le souvenir d’enfance par Sami Frey
vendredi 29 juin à 20 h au Théâtre Garonne
En relisant Perec : Les choses par Ariane Ascaride
ANTONIO TABUCCHI, écrivain italien mondia-
lement reconnu, est spécialiste de Pessoa, dont il a
traduit l’œuvre en italien dès les années soixante-dix.
Ses livres ont été publiés aux éditions Christian Bour-
gois et Gallimard, citons entre autres Piazza d’Italia
(1994). Pereira prétend (1998) qui se passe dans le Lis-
bonne des années 30, ville qu’il aimait tant et où il est
décédé en mars 2012. n
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GIOVANNA PEDRAZZINI MONTERMINI est née
à Mantoue en 1972. Elle a étudié à l’université de
Parme. Depuis 2003 elle vit à Toulouse et est pro-
fesseur d’italien.
PHILIPPE BERTHAUT né en 1952, est poète,
chanteur, écrivain, comédien/lecteur, animateur
et formateur d’animateurs d’ateliers d’écriture. Il
débute en 1972 avec un premier récital à la Cave
Poésie.
L’expression « musica verbale » est utilisée par D’An-
nunzio pour définir sa propre poésie – un peu ce
que Paul Valéry disait en parlant du poème comme
« hésitation prolongée entre le son et le sens ». Une
lecture de poèmes de Gabriele D’Annunzio, donc,
choisis par la traductrice Muriel Gallot, entourés de
textes de deux autres poètes quasi classiques, assez
proches de lui dans le temps et la musicalité : Leo-
pardi et Ungaretti. n