Introduction
Face aux crises financières à répétition, face à leurs effets souvent dévas-
tateurs sur la croissance, l’emploi et la cohésion sociale, que faire ?
La première étape consiste, on s’en doute, à identifier le phénomène,
préalable indispensable à toute thérapeutique. C’est pourquoi le clivage
entre plusieurs types et plusieurs générations de crises financières, tel qu’il a
été approfondi depuis cinq-six ans, tient une place centrale dans le rapport
de Daniel Cohen et Richard Portes, comme dans les commentaires et les
compléments qui l’accompagnent.
Force est de reconnaître que les progrès théoriques et empiriques sur le
diagnostic n’ont pas vraiment, jusqu’à présent du moins, amélioré le pro-
nostic des crises. Les travaux menés au FMI, depuis les années
quatre-vingt-dix, sur les indicateurs avancés des crises financières (spécia-
lement des crises de change) sont importants ; ils n’ont pas permis de virer à
l’optimisme sur le thème général de la prévisibilité des crises. Sous cet
angle, la crise financière ressemble à une maladie : dès que l’on commence à
en décortiquer et saisir les ressorts, d’autres formes de crises apparaissent,
compliquant sérieusement la tâche des autorités.
À défaut de les prévoir correctement, comment répartir l’effort entre la
prévention des crises financières et la gestion de celles qui n’ont pu être évi-
tées ? L’exercice en cours pour améliorer le ratio de solvabilité des banques
(Bâle 2) relève clairement de la phase préventive ; il va structurer l’évolu-
tion de nos systèmes bancaires et financiers pour une période longue.
Lorsque la crise est là, se pose généralement la question de l’intervention du
« prêteur en dernier ressort », avec la certitude que son exercice dans le
cadre international soulève d’autres défis que l’intervention du PDR dans
l’ordre domestique. Mais, dans les débats récents, la gestion de la crise
financière ne se limite certainement pas à la question du PDR. Elle touche
aussi à l’évaluation de la proposition Krueger (2001), visant à appliquer aux
États défaillants (par surendettement, etc.) la procédure de faillite conçue
pour les entreprises (exemple du chapitre 11 de la loi sur la faillite aux
États-Unis). Il s’agit du mécanisme de restructuration de la dette souveraine
(MRDS).
CRISES DE LA DETTE : PRÉVENTION ET RÉSOLUTION
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