© 2012 Canadian Medical Association
Can J Surg, Vol. 55, No. 2, April 2012 E3
EDITORIAL ÉDITORIAL
Utilisation des « app » en chirurgie
Pendant que la technologie des communications
mobiles se propage partout dans le monde avec les
téléphones intelligents, les tablettes et les hybrides,
les logiciels et le matériel utilisés pour l’exécution des
tâches quotidiennes ont changé profondément. Les profes-
sionnels de la santé ont de plus en plus accès à cette tech-
nologie. Les chirurgiens ont relever des dés pour
implanter cette technologie à cause des interférences
qu’elle pourrait causer avec des appareils complexes dans
les salles d’opération, mais de nouveaux systèmes d’exploi-
tation modient ce paradigme.
L’utilisation des applications médicales — les « app » —
dans les téléphones intelligents suscite de plus en plus d’in-
térêt. Certaines app font régulièrement l’objet de revues
sur iMedicalApps.com. Une analyse rapide révèle une plé-
thore d’app (gratuites) d’aide à la décision au point d’inter-
vention ou d’éducation des médecins et des patients. Les
app peuvent servir à consulter de l’information au sujet des
médicaments et des interactions médicamenteuses, lire des
manuels et des articles de journaux, effectuer des calculs
médicaux, établir le pronostic et entreprendre du perfec-
tionnement professionnel. Les app sont disponibles pour
les systèmes d’exploitation de type Android et iOS. Elles
offrent aux chirurgiens1des outils d’appoint pour appuyer
les soins pré-, per- et postopératoires.
Avant l’intervention, par exemple, des app peuvent aider
les patients à comprendre les interventions proposées. Surg
Aware appuie la prise de décisions éclairée en aidant les
patients à comprendre l’information et en consignant les
discussions. D’autres app aident les patients à comprendre
le jargon de l’anatomie servant à crire les interventions
en leur permettant de visionner les organes en 3 dimen-
sions avec capacité de zoom et de rotation (p. ex., 3D Brain,
ShoulderDecideMD). HeartSurgeryRisk, app au service
des patients qui doivent subir un pontage aortocoronarien,
décrit la morbidité et la mortalité possibles associées à l’in-
tervention. Il est possible que le chirurgien n’utilise pas
cette app, mais des patients bien renseignés présenteront
peut-être cette information au moment des discussions de
planication préopératoire. Pour l’évaluation préopératoire
du risque, l’app PreOpEval permet d’évaluer les problèmes
médicaux préexistants. Elle ne peut certes remplacer les cli-
niques d’évaluation préopératoires multidisciplinaires, mais
peut se révéler utile comme outil de dépistage pour éviter
les annulations d’interventions à la dernière minute. Les
chirurgiens et leurs résidents peuvent même rafraîchir
leurs connaissances en anatomie opératoire lorsqu’ils se
préparent à effectuer des interventions peu fréquentes. Il
existe des app pour certains manuels d’intervention clas-
siques comme Zollinger2, Campbell’s Orthopedics3, Current
Diagnosis and Treatment Surgery4et AO Surgery Ref -
erence5. Ces app permettent aux chirurgiens d’avoir accès
instantanément aux mises à jour lorsqu’il pourrait être peu
pratique de consulter des ouvrages de référence.
Pendant l’intervention, les app aident les chirurgiens à
améliorer la disponibilité des images. Des app comme
Mobile MIM et OsiriX HD permettent sormais de char-
ger des images préopératoires en format convivial pour les
tablettes, ce qui aide les chirurgiens à se préparer pour
chaque patient et réduit la frustration causée par l’afchage
d’images pendant l’opération sur des postes de travail qui
se mettent automatiquement en mode de veille. Ces app
peuvent aussi faciliter le partage des résultats d’imagerie
entre diverses administrations et divers pitaux. Même la
liste de contrôle de la sécurité chirurgicale de l’OMS est dis-
ponible sous forme d’app. Baptisée SafeSurgery, l’app couvre
les 3 phases de la liste de contrôle de sécurité en chirurgie et
peut aider à vérier la conformité avec la pratique chirurgi-
calecuritaire.
Les app postopératoires comprennent SurgicalLogbook,
qui permet aux chirurgiens de tenir un registre des patients
qu’ils ont opérés. Pour les apprenants, ce système est vital
pour satisfaire aux exigences de la formation en chirurgie.
Il peut aussi aider les chirurgiens à produire les documents
de vérication de la pratique nécessaires pour renouveler
leurs titres avec succès. Des plateformes de communication
ont été développées sous forme d’app pour faciliter les
échanges entre chirurgiens, médecins traitants, autres pro-
fessionnels de la santé et patients. Par exemple, SurgiChart
stocke des images, des sultats médicaux et de l’informa-
tion au sujet des interventions. De telles plateformes de
communication robustes et pertinentes méritent d’être
explorées en cette ère de communication rapide.
À mesure que les app de communication mobile et
connexes prolifèrent, il est essentiel pour le chirurgien de
demeurer bien informé. Non seulement les app peuvent
contribuer à alléger le fardeau des activités quotidiennes,
mais elles peuvent aussi procurer aux chirurgiens de nou-
velles connaissances au point d’intervention. Quelques
bémols s’imposent toutefois. Tout d’abord, les communica-
tions et les app ne sont pas nécessairement réglementées
ou revues par les autorités médicales. Le contenu de ces
app ne remplace pas le jugement clinique perspicace et les
articles scientiques sur la santé rigoureux et évalués par
les pairs. Dans la mesure du possible, les données conte-
nues dans l’app doivent être soumises aux normes les plus
E4 J can chir, Vol. 55, No2, avril 2012
ÉDITORIAL
élevées de rigueur scientique. Deuxièmement, les app qui
utilisent et stockent des renseignements condentiels sur
les patients peuvent être particulièrement vulnérables à la
perte non intentionnelle ou au vol. Des mots de passe et
des technologies de chiffrement robustes sont obligatoires
pour prévenir la violation des renseignements conden-
tiels. Les établissements doivent constamment mettre à
jour leurs politiques pour revoir les précautions et les
actualiser à l’intention des chirurgiens et des apprenants.
Enn, la prolifération de ces technologies ne doit pas
détourner l’attention de la solide communication person-
nelle vitale pour produire des soins chirurgicaux de pre-
mière qualité. Il peut être intéressant de se servir d’une app
« cool », mais nous devons regarder l’être humain et lui
parler — nous travaillons avec des patients et des collègues,
pas avec des robots !
Garth L. Warnock, MD
Co-rédacteur, Journal canadien de chirurgie
Intérêts concurrents : Aucuns déclarés.
Références
1. Wodajo F. Apps for surgeons and the operating room. Le 1er août 2001.
Disponible à : www.imedicalapps.com/2011/08/apps-for-surgeons
-and-operating-room/ (consulté le 6 mars 2012).
2. Zollinger RM Jr, Ellison EC. Zollingers atlas of surgical operations. 9eéd.
Toronto (Ont.) : McGraw-Hill; 2011.
3. Canale ST, Beaty JH, sous la direction de. Campbells operative orthopedics.
11eéd. New York : Mosby; 2007.
4. Doherty GM, sous la direction de. Current diagnosis and treatment:
surgery. 13eéd. Toronto (Ont.) : McGraw-Hill; 2010.
5. Colton C, Schatzker J, Trafton P, sous la direction de. AO Surgery
Reference. Disponible à : www.aosurgery.org (consulté le 6 mars 2012).
DOI: 10.1503/cjs.006212
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