EDITORIAL • ÉDITORIAL Utilisation des « app » en chirurgie endant que la technologie des communications mobiles se propage partout dans le monde avec les téléphones intelligents, les tablettes et les hybrides, les logiciels et le matériel utilisés pour l’exécution des tâches quotidiennes ont changé profondément. Les professionnels de la santé ont de plus en plus accès à cette technologie. Les chirurgiens ont dû relever des défis pour implanter cette technologie à cause des interférences qu’elle pourrait causer avec des appareils complexes dans les salles d’opération, mais de nouveaux systèmes d’exploitation modifient ce paradigme. L’utilisation des applications médicales — les « app » — dans les téléphones intelligents suscite de plus en plus d’intérêt. Certaines app font régulièrement l’objet de revues sur iMedicalApps.com. Une analyse rapide révèle une pléthore d’app (gratuites) d’aide à la décision au point d’intervention ou d’éducation des médecins et des patients. Les app peuvent servir à consulter de l’information au sujet des médicaments et des interactions médicamenteuses, lire des manuels et des articles de journaux, effectuer des calculs médicaux, établir le pronostic et entreprendre du perfectionnement professionnel. Les app sont disponibles pour les systèmes d’exploitation de type Android et iOS. Elles offrent aux chirurgiens1 des outils d’appoint pour appuyer les soins pré-, per- et postopératoires. Avant l’intervention, par exemple, des app peuvent aider les patients à comprendre les interventions proposées. Surg Aware appuie la prise de décisions éclairée en aidant les patients à comprendre l’information et en consignant les discussions. D’autres app aident les patients à comprendre le jargon de l’anatomie servant à décrire les interventions en leur permettant de visionner les organes en 3 dimensions avec capacité de zoom et de rotation (p. ex., 3D Brain, ShoulderDecideMD). HeartSurgeryRisk, app au service des patients qui doivent subir un pontage aortocoronarien, décrit la morbidité et la mortalité possibles associées à l’intervention. Il est possible que le chirurgien n’utilise pas cette app, mais des patients bien renseignés présenteront peut-être cette information au moment des discussions de planification préopératoire. Pour l’évaluation préopératoire du risque, l’app PreOpEval permet d’évaluer les problèmes médicaux préexistants. Elle ne peut certes remplacer les cliniques d’évaluation préopératoires multidisciplinaires, mais peut se révéler utile comme outil de dépistage pour éviter les annulations d’interventions à la dernière minute. Les chirurgiens et leurs résidents peuvent même rafraîchir leurs connaissances en anatomie opératoire lorsqu’ils se préparent à effectuer des interventions peu fréquentes. Il P © 2012 Canadian Medical Association existe des app pour certains manuels d’intervention classiques comme Zollinger2, Campbell’s Orthopedics3, Current Diagnosis and Treatment Surgery4 et AO Surgery Reference5. Ces app permettent aux chirurgiens d’avoir accès instantanément aux mises à jour lorsqu’il pourrait être peu pratique de consulter des ouvrages de référence. Pendant l’intervention, les app aident les chirurgiens à améliorer la disponibilité des images. Des app comme Mobile MIM et OsiriX HD permettent désormais de charger des images préopératoires en format convivial pour les tablettes, ce qui aide les chirurgiens à se préparer pour chaque patient et réduit la frustration causée par l’affichage d’images pendant l’opération sur des postes de travail qui se mettent automatiquement en mode de veille. Ces app peuvent aussi faciliter le partage des résultats d’imagerie entre diverses administrations et divers hôpitaux. Même la liste de contrôle de la sécurité chirurgicale de l’OMS est disponible sous forme d’app. Baptisée SafeSurgery, l’app couvre les 3 phases de la liste de contrôle de sécurité en chirurgie et peut aider à vérifier la conformité avec la pratique chirurgicale sécuritaire. Les app postopératoires comprennent SurgicalLogbook, qui permet aux chirurgiens de tenir un registre des patients qu’ils ont opérés. Pour les apprenants, ce système est vital pour satisfaire aux exigences de la formation en chirurgie. Il peut aussi aider les chirurgiens à produire les documents de vérification de la pratique nécessaires pour renouveler leurs titres avec succès. Des plateformes de communication ont été développées sous forme d’app pour faciliter les échanges entre chirurgiens, médecins traitants, autres professionnels de la santé et patients. Par exemple, SurgiChart stocke des images, des résultats médicaux et de l’information au sujet des interventions. De telles plateformes de communication robustes et pertinentes méritent d’être explorées en cette ère de communication rapide. À mesure que les app de communication mobile et connexes prolifèrent, il est essentiel pour le chirurgien de demeurer bien informé. Non seulement les app peuvent contribuer à alléger le fardeau des activités quotidiennes, mais elles peuvent aussi procurer aux chirurgiens de nouvelles connaissances au point d’intervention. Quelques bémols s’imposent toutefois. Tout d’abord, les communications et les app ne sont pas nécessairement réglementées ou revues par les autorités médicales. Le contenu de ces app ne remplace pas le jugement clinique perspicace et les articles scientifiques sur la santé rigoureux et évalués par les pairs. Dans la mesure du possible, les données contenues dans l’app doivent être soumises aux normes les plus Can J Surg, Vol. 55, No. 2, April 2012 E3 ÉDITORIAL élevées de rigueur scientifique. Deuxièmement, les app qui utilisent et stockent des renseignements confidentiels sur les patients peuvent être particulièrement vulnérables à la perte non intentionnelle ou au vol. Des mots de passe et des technologies de chiffrement robustes sont obligatoires pour prévenir la violation des renseignements confidentiels. Les établissements doivent constamment mettre à jour leurs politiques pour revoir les précautions et les actualiser à l’intention des chirurgiens et des apprenants. Enfin, la prolifération de ces technologies ne doit pas détourner l’attention de la solide communication personnelle vitale pour produire des soins chirurgicaux de première qualité. Il peut être intéressant de se servir d’une app « cool », mais nous devons regarder l’être humain et lui parler — nous travaillons avec des patients et des collègues, pas avec des robots ! Garth L. Warnock, MD Co-rédacteur, Journal canadien de chirurgie E4 o J can chir, Vol. 55, N 2, avril 2012 Intérêts concurrents : Aucuns déclarés. Références 1. Wodajo F. Apps for surgeons and the operating room. Le 1er août 2001. Disponible à : www.imedicalapps.com/2011/08/apps-for-surgeons -and-operating-room/ (consulté le 6 mars 2012). 2. Zollinger RM Jr, Ellison EC. Zollinger’s atlas of surgical operations. 9e éd. Toronto (Ont.) : McGraw-Hill; 2011. 3. Canale ST, Beaty JH, sous la direction de. Campbell’s operative orthopedics. 11e éd. New York : Mosby; 2007. 4. Doherty GM, sous la direction de. Current diagnosis and treatment: surgery. 13e éd. Toronto (Ont.) : McGraw-Hill; 2010. 5. Colton C, Schatzker J, Trafton P, sous la direction de. AO Surgery Reference. Disponible à : www.aosurgery.org (consulté le 6 mars 2012). DOI: 10.1503/cjs.006212