On comprend ici la décision de la CNP de descendre la philosophie en classe de première, avec un crédit horaire de deux (02) heures /
semaine affecté du coefficient 4 pour toutes les séries L et du coefficient 2 pour les séries S et G.
Cela correspond à la réalisation d’une vieille recommandation, dont on trouve des traces déjà en 1976 sous les auspices de la Société
Africaine de Philosophie (SAP), structure pionnière en matière de réforme de l’enseignement de la philosophie regroupant, à l’époque, des
professeurs du secondaire comme du supérieur ainsi que des étudiants sénégalais de la discipline. Cette recommandation a été plusieurs fois réitérée :
en 1979, lors de l’africanisation du programme ; en 1982, lorsque se proposait son allègement ; en 1998, en annexe au Nouveau Programme de
Philosophie. Le moment est venu de la mettre en application, pour diverses raisons.
La brutale découverte de la philosophie par des élèves désarmés en amont et qui sont surpris par les examens au moment où ils commencent à
peine à y voir clair ne pouvait que déteindre négativement sur l’image de la discipline jugée, par les apprenants, aléatoire, difficile, rébarbative et
surtout décourageante avec sa constante cascade de très mauvaises notes. L’examen attentif des statistiques de l’Office du Baccalauréat amène
inévitablement à poser la question de la pertinence qu’il y a à parler de « baccalauréat philosophie », si la philosophie n’est plus la discipline qui
permet l’obtention dudit diplôme. Pour l’immense majorité des candidats, en effet, son incidence sur l’obtention du diplôme est plus négative que
positive, à ce jour. Doit-on continuer à mettre cet état de fait au compte d’une « nullité » des élèves ? Ne faut-il pas y adjoindre nos manières de
faire, de dérouler un programme sans un souci constant de l’esprit qui le sous-tend et qui fonde la présence de la discipline à ce niveau
d’enseignement ? Ce registre interrogatif, certainement à prolonger, est ce qui fonde la légitimité institutionnelle et pédagogique du nouveau
dispositif.