plith loire-atlantique - Prith Pays de la Loire

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CAFOC de Nantes
22, rue de Chateaubriand
44O00 NANTES
Tél : 02 40 35 94 10
Fax : 02 40 35 94 11
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www.cafoc.ac-nantes.fr
Siret : 184 409 191 000 30
Dossier suivi par
Xavier BLAY
[email protected]
PLITH
LOIRE-ATLANTIQUE
Insertion professionnelle des jeunes en
situation de handicap
Rapport d’étude
Septembre 2014
Groupement d'Intérêt Public – EXPERIENCE
SIEGE SOCIAL : 8-10 rue Général Margueritte – BP 72616 – 44326 NANTES cedex 03
Tél : 02.51.86.30.33 – Fax : 02.40.20.87.59
Mel : [email protected]
Siret : 184 409 191 00014 – Code APE 8559A
Sommaire
I. PREAMBULE
4
1. ELEMENTS CLES DU CONTEXTE
4
2. DES ELEMENTS GENERAUX DE METHODOLOGIE
4
II. L’ETUDE DOCUMENTAIRE
5
1. LA METHODOLOGIE ADOPTEE
5
2. DIFFICULTE D’INSERTION PROFESSIONNELLE : DES FREINS RECURRENTS
6
2.1.
2.2.
2.3.
2.4.
2.5.
UN DEFICIT DE QUALIFICATION PENALISANT CHEZ LES JEUNES EN SITUATION DE HANDICAP
LE MANQUE D’INFORMATION, OBSTACLE A L’INSERTION
LA QUESTION DE L’ACCEPTATION DU HANDICAP
LA RECONNAISSANCE DU STATUT HANDICAPE, VRAI OU FAUX ATOUT ?
UNE SEGMENTATION DU TRAITEMENT DE LA PERSONNE HANDICAPEE PREJUDICIABLE A UN PARCOURS LINEAIRE
7
8
9
10
10
3. DES LEVIERS ET PRECONISATIONS IDENTIFIES
11
3.1. UNE NECESSITE D’INFORMATION ADAPTEE
3.2. ACCOMPAGNER LE JEUNE DANS LA CONSTRUCTION D’UN PROJET PROFESSIONNEL COHERENT
3.3. DECLOISONNER POUR GAGNER EN COORDINATION ET EN EFFICACITE
11
12
13
4. EN SYNTHESE
14
III. LE PARCOURS DE JEUNES EN SITUATION DE HANDICAP
15
1. DES ELEMENTS DE METHODOLOGIE
15
2. LES MONOGRAPHIES
15
3. DES RECITS DE PARCOURS QUI VIENNENT CONFORTER L’ETUDE DOCUMENTAIRE
39
RAPPEL DES PRINCIPAUX FACTEURS DE RUPTURES A L’ISSUE DE L’ETUDE DOCUMENTAIRE :
RAPPEL DES PRINCIPAUX LEVIERS ET PRECONISATIONS IDENTIFIEES A L’ISSUE DE L’ETUDE DOCUMENTAIRE :
39
42
4. EN SYNTHESE
44
IV. LE REGARD DES AUTRES ACTEURS DE L’INSERTION PROFESSIONNELLE DES
JEUNES HANDICAPES
45
2
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – Septembre 2014
1. LES ACTEURS CONSULTES
45
2. FACTEURS DE RUPTURES ET LEVIERS A MOBILISER : LES PRINCIPAUX CONSTATS
47
2.1.
2.2.
2.3.
2.4.
47
49
54
58
DU POINT DE VUE DES RESEAUX ET DES STRUCTURES INSTITUTIONNELLES
DU POINT DE VUE DES STRUCTURES EDUCATIVES, DE FORMATION ET D’ACCOMPAGNEMENT
DU POINT DE VUE DES ENTREPRISES
DU POINT DE VUE DES FAMILLES
3. EN SYNTHESE : DES ACTEURS LOCAUX CLAIRVOYANTS
58
V. AXES DE TRAVAIL
60
1. AXE 1 : LA CONNAISSANCE DE L’ENTREPRISE ET DES METIERS POUR UNE MEILLEURE ADEQUATION
POSTE / HANDICAP
62
2. AXE 2 : LA COORDINATION DES DIFFERENTS ACTEURS DANS L’ACCOMPAGNEMENT
63
3. AXE 3 : LA LISIBILITE DES INFORMATIONS (DISPOSITIFS, ACTEURS, HANDICAP, …)
64
GLOSSAIRE
65
3
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – Septembre 2014
I.
PREAMBULE
1. Eléments clés du contexte
« (…) Il faut garder à l’esprit que les jeunes travailleurs handicapés sont d’abord des jeunes, de sorte que les
difficultés d’accès à l’emploi rencontrées par les jeunes handicapés sont identiques à celles de tous les
jeunes, accrues par le handicap »1.
Le comité de pilotage du PLITH en Loire Atlantique a souhaité porter une attention toute particulière à
cette population, en étant notamment attentif à 3 points :
- Les causes particulières de rupture dans les parcours d’insertion professionnelle des jeunes (16-30
ans) en situation de handicap ;
- Les leviers sur lesquels il est possible de s’appuyer ou les bonnes pratiques à noter ;
- Les axes de travail à privilégier avec un souci très opérationnel de repérage d’expérimentations
concrètes à conduire.
Soucieux d’appréhender au mieux la question de l’insertion professionnelle des jeunes en situation de
handicap, le comité de pilotage du PLITH 44 a chargé le CAFOC de Nantes de réaliser une étude axée
précisément sur ces trois points et se concluant par des propositions pratiques à expérimenter sur les
territoires du département.
La pluralité des points de vue ayant été recherchée dans cette étude, elle a été de fait conduite en 5 étapes
successives ou concomitantes permettant divers niveaux de consultation :
 Etape 1 : réalisation d’une étude documentaire ;
 Etape 2 : réalisation de monographies portant sur des parcours d’insertion professionnelle de
jeunes en situation de handicap ;
 Etape 3 : consultation de réseaux et de structures institutionnelles ;
 Etape 4 : consultation de structures éducatives, de formation et d’accompagnement ;
 Etape 5 : consultation d’employeurs.
2. Des éléments généraux de méthodologie
Cette étude conduite de décembre 2013 à juin 2014 privilégie le recueil des points de vue de différents
acteurs de l’orientation, de l’éducation, de la formation et de l’insertion professionnelle des jeunes, qui ont
tous un rôle à jouer dans la prévention des ruptures de parcours d’insertion professionnelle des jeunes en
situation de handicap.
Après la réalisation d’une étude documentaire apportant un premier niveau d’informations sur cette
question, plus d’une trentaine d’entretiens de type semi-directifs ont été réalisés au niveau départemental.
C’est l’analyse de ces regards croisés qui doit permettre d’identifier des axes de travail à privilégier à des
fins de sécurisation des parcours d’insertion de ces jeunes.
1
Rapport du groupe de travail dirigé par le Député Lachaud - Favoriser l’insertion professionnelle des jeunes handicapés – Février
2006 - page 8
L
II. ’ETUDE DOCUMENTAIRE
Cette étude documentaire a été le point de départ de ce travail d’étude. L’objectif de cette étape était
d’enrichir les connaissances de la problématique de rupture de parcours d’insertion en capitalisant sur des
études, des rapports ou des écrits déjà réalisés, et des expériences déjà menées afin de pouvoir ensuite
confronter les constats effectués au niveau national aux points de vue des acteurs locaux.
Réaliser une étude documentaire a ainsi permis d’effectuer un premier relevé des freins identifiés et des
leviers mobilisables pour l’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap, de repérer les
orientations et pistes d’amélioration régulièrement évoquées, et enfin de relever des hypothèses pouvant
être testées à l’échelle de la Loire-Atlantique.
1. La méthodologie adoptée
Un premier recensement a pu être effectué en s’appuyant essentiellement sur des recherches Internet et
sur des revues et ouvrages issus de la base de données du centre de ressources pédagogiques hébergé par
le CAFOC de Nantes.
Si de nombreux écrits traitent de la question du handicap, peu ciblent spécifiquement les jeunes en
situation de handicap, et rares sont ceux qui traitent des causes de ruptures dans les parcours d’insertion
professionnelle.
Dans un souci de cohérence avec le public ciblé, c’est-à-dire les jeunes, le choix a été fait de privilégier des
sources traitant du public jeune, des sources assez récentes et autant que possible postérieures à la loi du
11 février 20052.
L’étude documentaire repose sur les travaux régionaux et nationaux suivants :
ETUDES / OUVRAGES / PUBLICATIONS
Echelle régionale - Pays de la Loire
Plan régional d’insertion des travailleurs handicapés
des Pays de la Loire - Tableau de bord
Schéma régional des jeunesses 2011 / 2016 - Région
Pays de la Loire
Agenda 22 handicap de la Région Pays de la Loire
Echelle nationale
Les jeunes diplômés handicapés face à l’insertion
professionnelle - N°2013-75
L’insertion scolaire et professionnelle des jeunes
handicapés
Rapport Lachaud – Groupe de travail - « Favoriser
l’insertion professionnelle des jeunes handicapés »
Rapport d’information n° 635 – « Loi handicap : des
DATE
Décembre 2012
Version
complétée
(04/2013)
Décembre 2011
Février 2013
ORIGINE /REDACTEUR /
EDITEUR / AUTEUR /
Practhis
Diversea Conseil
Région PDL – Dir° de la
prospective, des schémas et
de l’Agenda 21
Région PDL – Dir° des
Solidarités + Amnyos
Septembre 2013 APEC
Janvier 2012
Etude Ifop pour la FNASEPH
Février 2006
Yvan Lachaud
Juillet 2012
Claire-Lise Campion et
2
Loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes
handicapées
5
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – Septembre 2014
avancées réelles, une application encore insuffisante »
L’accès à l’emploi des personnes handicapées en 2011
– N°066
Les parcours professionnels des personnes ayant une
reconnaissance administrative de leur handicap –
N°041
Handicap, projet et réinsertion
Octobre 2013
Isabelle Debré, Sénatrices
DARES
Juin 2011
DARES
2012
Bernard Gourmelen L’Harmattan
UNAPEI
Livre Blanc « Travail et handicap : une équation
multiforme »
Trajectoires professionnelles de jeunes adultes en
situation de handicap
Handicap : l’école, et après…? Ruptures et continuité
des parcours
Novembre 2011
Etude régionale sur l’analyse des contrats
d’apprentissage et de professionnalisation jeunes
rompus : « Rupture des contrats en alternance : des
causes récurrentes »
Rapport du groupe de travail "Professionnaliser les
accompagnants pour la réussite des enfants et
adolescents en situation de handicap" - État des lieux Pour le Ministère de l’éducation nationale & Ministère
des affaires sociales et de la santé
Décembre 2010
Juin 2013
Préconisations Pénélope
Komites
L’emploi : un droit à faire vivre pour tous.
Evaluer la situation des personnes handicapées au
regard de l’emploi, prévenir la désinsertion socioprofessionnelle
Décembre 2009
La documentation française
2009
3ème trimestre
2013
Audrey Parron - Lien social et
politiques
Marie-Hélène Jacques
Jacques Bouchand
Hervé Benoit
Editions INS HEA en
partenariat avec Champ social
Editions
Efigip
2. Difficulté d’insertion professionnelle : des freins récurrents
En introduction, 2 définitions de l’insertion professionnelle, parmi d’autres, sont proposées ci-dessous :
- « Processus qui permet à un individu, ou à un groupe d'individus, d'entrer sur le marché du travail
dans des conditions favorables à l'obtention d'un emploi ». (Larousse)
- « L'insertion professionnelle c’est le cheminement d’un jeune ou d’un adulte vers un emploi ou une
activité au plus près de son projet et de la réalité du marché de l'emploi3 ».
La lecture et l’étude des documents et ouvrages précités ont permis de relever des éléments qui sont
présentés comme des freins à l’insertion, voire comme des causes potentielles de ruptures. Ce sont les
facteurs les plus cités et ceux décrits comme fortement impactant dans la sécurisation des parcours qui ont
été retenus pour cette première partie d’étude.
3
Conférence des directeurs de Service Universitaire de Formation Continue – Jean-Marie Filloque - Nantes, 23 juin 2010
6
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – Septembre 2014
2.1. Un déficit de qualification pénalisant chez les jeunes en
situation de handicap
A la lecture de différents documents, le manque ou la faible qualification sont perçus comme étant des
obstacles majeurs à l’accès et au maintien dans l’emploi des personnes en situation de handicap et
notamment des jeunes.
Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer cette situation, le non accès à la formation, les
problématiques de santé et le déficit d’information étant les plus fréquemment cités.
Un groupe de travail conduit par Yvan Lachaud en 20064, rapporte qu’une partie trop importante de jeunes
handicapés, n’ayant pas accès aux filières classiques de scolarité, est pénalisée dans ses apprentissages, et
ce, en dépit de la loi du 11 février 2005 qui prône la scolarisation des enfants handicapés en milieu
ordinaire. Il ajoute en outre, qu’une autre partie de ces jeunes a des parcours chaotiques du fait de
problèmes de santé et d’un parcours ponctué d’hospitalisations.
De même, un rapport d’information enregistré par le Sénat en 2012 précise : « Les jeunes handicapés, qui
accèdent au marché du travail, sont confrontés à une « double peine » : leur handicap et leur manque de
qualification. Pour les jeunes ayant été scolarisés en milieu ordinaire, ce faible niveau de qualification
s’explique par des ruptures dans le parcours de scolarisation - surtout à partir du second degré -, par un
accès limité à l’enseignement supérieur, par une mauvaise orientation, par une renonciation à la poursuite
des études en raison d’un profond sentiment de découragement .»5
Un constat comparable est fait par Claudine Colas Couleau6 : « … En effet, ce public cumule, en tout ou
partie, les difficultés suivantes : bas niveau de formation initiale et professionnelle, périodes prolongées
d’inactivités, obligation de changer d’emploi à la suite d’un accident ou d’une maladie. »
Dans un rapport de juin 20137, un groupe de travail constate que « Malgré sa progression rapide, le nombre
de jeunes en situation de handicap scolarisés en lycée demeure très modeste : 12 837 en 2010/2011, 13 969
en 2011/2012 soit 9%. Les jeunes en situation de handicap devraient être désormais, aux yeux de tous, des
lycéens de plein droit. Cependant ils ne représentent encore qu’une très faible part des lycéens (2 132 413),
soit 0,60 %. Et cette part est encore plus faible en lycée d’enseignement général et technologique (0,40%).»
(Source : Rapport sur « La mise en œuvre de la loi du 11 février 2005 dans l’Education nationale » Martine
Caraglio et Jean-Pierre Delaubier ; juillet 2012).
Il note également qu’ « Une augmentation constante du nombre d'étudiants en situation de handicap est
relevée dans l'ensemble des établissements.
Ce nombre est passé de 6 015 en 2003/2004 à 9 291 en 2010/2011. L’accès des élèves en situation de
handicap de terminale à l’enseignement supérieur serait proche de celui de la moyenne de la population
scolarisée en terminale. En revanche, la répartition des étudiants en situation de handicap dans chacune des
années du cursus universitaire est différente de celle de l’ensemble de la population étudiante. Elle se
caractérise par un abandon plus important en 1° année que dans l’ensemble de la population étudiante.
La difficulté d’adaptation rencontrée par l’ensemble des étudiants à l’arrivée à l’université est sans doute
plus sensible pour les étudiants en situation de handicap. L’accueil est encore à améliorer pour ces jeunes et
c’est notamment le rôle dévolu aux structures handicap des universités. »
Une étude intitulée « Le handicap et l’entreprise » menée par l’APEC en novembre 2009 explique que
seules 15% des personnes handicapées en recherche d’emploi possèdent un niveau égal ou supérieur au
4
Rapport « Favoriser l’insertion professionnelle des jeunes handicapés - Yvan Lachaud - Député du Gard - Février 2006
Rapport d’intervention enregistré à la Présidence du Sénat le 4 juillet 2012- Claire-Lise Campion et Isabelle Debré – Sénatrices.
6
Actualité de la formation permanente - n°185 - Juillet Août 2013- Handicap et formation - p 29 - Centre inffo - Claudine ColasCouteau : chargée de mission pour la formation professionnelle des personnes handicapées à la DGEFP
7
Rapport du groupe de travail "Professionnaliser les accompagnants pour la réussite des enfants et adolescents en situation de
handicap" - juin 2013 - Pour le Ministère de l’Education Nationale et le Ministère des affaires sociales et de la santé
5
7
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – Septembre 2014
Bac. Or, « les entreprises ne font pas du social » dit le rapport Lachaud, elles ont besoin de compétences.
Sous-entendu, on ne peut pas demander aux entreprises d’embaucher une personne titulaire d’un diplôme
niveau IV sous prétexte qu’elle est handicapée quand le besoin porte sur un niveau II. En revanche à
compétences égales, il y a égalité de chances. Autrement dit, au sujet de l’insertion professionnelle, il ne
faut pas seulement raisonner en termes de handicap mais aussi en termes de compétences.
Et c’est là que le bât semble blesser, aux yeux de nombreux observateurs. Malgré la contrainte légale et
financière que représente la loi d'obligation d'emploi des travailleurs handicapés du 10 juillet 1987 8 qui
incite les entreprises à embaucher des travailleurs handicapés, de nombreux observateurs soulignent la
non adéquation entre le niveau des jeunes handicapés et les besoins des entreprises. Les entreprises
peinent à trouver les profils qu’elles recherchent du fait de cette sous-qualification.
A contrario, l’APEC relève que le nombre de candidats handicapés de formation supérieure sur le marché
demeure nettement inférieur à la demande et que le handicap associé à un bon niveau d’étude et de
qualification constitue un véritable atout pour le recrutement.
2.2. Le manque d’information, obstacle à l’insertion
On évoque fréquemment la question de la méconnaissance des handicaps et de leurs conséquences par les
différents acteurs de l’insertion professionnelle qui est à l’origine de représentations et de stéréotypes
pouvant nuire à l’intégration des personnes handicapées que ce soit dans leurs parcours de formation ou
dans leurs parcours professionnel.
Les grandes entreprises ou les centres de formation ont bien souvent des services dédiés, voire des
« missions handicap » et sont informés sur les obligations, les droits, les avantages mais aussi les aides
possibles en termes d’aménagement, de compensation, d’accompagnement. Ce n’est pas toujours le cas
pour les petites structures qui peuvent se trouver démunies et avoir des appréhensions quant à la gestion
du handicap. Révélatrice de ce déficit d’information des acteurs, une étude de l’IFOP9 réalisée auprès d’un
échantillon de 1002 personnes via un questionnaire en ligne révèle que 46% des personnes interrogées
pensent que la 2nde priorité pour améliorer l’insertion professionnelle des jeunes (après l’amélioration de
leur formation pour 51%) serait une meilleure sensibilisation des entreprises.
On pointe moins souvent le manque d’information des personnes en situation de handicap elles-mêmes
(en termes de droits, d’orientation, de lieux d’informations, des acteurs à solliciter, de connaissance des
métiers, de leur handicap et de leurs capacités et compétences, etc.) qui peut aussi se révéler facteur
potentiel de difficultés voire de rupture.
Par exemple, dans les documents étudiés, sont citées les ruptures de parcours pouvant trouver leur origine
dans le fait que nombre de jeunes en situation de handicap ont une vision distordue du monde du travail ;
les acteurs et observateurs citent plusieurs causes à cette désinformation pouvant engendrer une
idéalisation de la situation ou au contraire un phénomène d’autocensure :
 Certains jeunes ont évolué dans un environnement sécurisant, dans des conditions d’un certain
point de vue « protégées » (famille, établissements spécialisés) et n’ont de ce fait pas toujours une
vision objective des contraintes liées au milieu ordinaire (horaires à respecter, rythmes,
mobilisation nécessaire). Le rapport Lachaud (p12) souligne que « beaucoup de jeunes handicapés –
comme d’ailleurs beaucoup de jeunes – n’ont pas conscience des étapes nécessaires à la
construction d’un parcours solide. »
 Une autonomie physique restreinte, des capacités intellectuelles déficientes, des carences
éducatives ou encore un déficit d’accompagnement peuvent aussi être à l’origine de ce manque
d’information.
8
Toutes les entreprises de 20 salariés et plus ont obligation d'employer (à temps plein ou à temps partiel) des travailleurs
handicapés et autres bénéficiaires de l'obligation d'emploi dans la proportion de 6% de l'effectif total de leurs salariés.
9
L’insertion scolaire et professionnelle des jeunes handicapés – janvier 2012 – IFOP pour FNASEPH
8
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – Septembre 2014

Certains jeunes n’ayant pas encore accepté, compris ou pris conscience de leur handicap et de ses
conséquences, peuvent être démotivés par un cumul d’échecs et cultivent le sentiment de ne pas
être à la hauteur.
Un autre constat de déficit d’information, ou plutôt de manque de lisibilité des informations, est exprimé
par des associations : Pour trouver un dispositif, c'est un vrai parcours du combattant, témoigne Jean-Louis
Vigneau, trésorier de l'Association pour adultes et jeunes handicapés. Comment s'y retrouver dans cette
constellation d'intervenants – régions, Association pour la formation professionnelle des adultes (AFPA),
organismes collecteurs (OPCA), sans compter l'Agefiph, qui propose son propre catalogue ? Cette dispersion
des moyens nuit à la construction de parcours de formation cohérents et longs, nécessaires à une
reconversion."10
Toutefois, il est à noter que ce manque d’information semble être moindre dans le cas des jeunes diplômés
en situation de handicap. Dans son étude de septembre 201311, l’APEC rapporte que « l’ensemble des
jeunes diplômés en situation de handicap rencontrés dans le cadre de l’étude sont particulièrement
conscients des réalités du marché de l’emploi. […] Ils entreprennent le plus souvent conjointement des
démarches de recherche d’emploi et, plus largement, de recherche d’information sur le handicap,
l’organisation de leur vie, leurs droits (si cela n’a pas déjà été fait).»
Enfin les sujets du transport et de l’accessibilité reviennent dans plusieurs documents comme pouvant être
un frein à l’insertion, voire cause de rupture. La question peut alors se poser s’il s’agit d’un réel problème
ou si là encore il peut y avoir déficit d’information quant aux possibilités existantes en termes de réseaux
mais aussi d’aides, de droits et d’obligation.
2.3. La question de l’acceptation du handicap
L’étape d’acceptation du handicap par le jeune, bien que ce ne soit pas le seul, est un facteur essentiel à la
réussite d’un parcours d’insertion. La non acceptation de son handicap, si elle peut d’une part conduire à
une non reconnaissance administrative, induit en outre une absence de prise de conscience de ses propres
limites, capacités et atouts, un regard erroné sur la réalité et peut donc représenter un frein à l’insertion.
Par exemple, une étude faite auprès d’apprentis en région Franche Comté12 révèle qu’une des causes de
rupture pendant le contrat d’apprentissage peut être « l ‘incompatibilité physique de l’apprenti avec le
métier : allergies, fatigue… conditions de travail difficiles intrinsèques au métier. »
Si ce type de rupture, pouvant survenir à différents moments du parcours de tout jeune que ce soit sur des
temps de travail ou de formation, semble relever d’une erreur d’orientation, dans le cas d’un jeune en
situation de handicap l’origine peut se trouver dans le degré d’acceptation ou de conscience du handicap.
En effet, les jeunes ou leur famille dans leur désir de vouloir échapper au statut stigmatisant d’handicapé
peuvent être confrontés à chaque palier de l’orientation, à la difficulté de faire le choix entre approche
réaliste des capacités et envie de choisir, et de faire valoir l’égalité des chances.
En outre, la loi de 2005 incite à l’insertion en milieu ordinaire et ce processus d’inclusion est acté par de
nombreux acteurs y compris les entreprises. « Cinq ans après sa mise en application effective, la loi du 11
février 2005 a permis une augmentation significative de la scolarisation des enfants handicapés en milieu
ordinaire, tant dans les dispositifs collectifs adaptés tels les Clis et les Ulis, que dans les classes ordinaires
avec accompagnement par un auxiliaire de vie scolaire. »13
Du fait de leur parcours intégratif en amont, les jeunes sont demandeurs d’accès au droit commun et
d’insertion en milieu ordinaire de travail. Or, selon le handicap (par exemple les handicaps intellectuels et
10
La formation, l’autre handicap – Nathalie Queruel - Le Monde économie – 15 novembre 2010
Les études de l’emploi cadre – n° 2013 – 75 – Les jeunes diplômés handicapés face à l’insertion professionnelle - APEC
12
«Etude EFIGIP : « Ruptures des contrats en alternance : des causes récurrentes » - Décembre 2010
13
Rapport d’intervention enregistré à la Présidence du Sénat le 4 juillet 2012 – Mmes Claire-Lise Campion et Isabelle Debré –
Sénatrices.
11
9
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – Septembre 2014
psychiques), le parcours peut alors se complexifier, et la déception mal gérée par le jeune (voire la famille)
peut conduire à une rupture.
2.4. La reconnaissance du statut handicapé, vrai ou faux atout ?
Cette question, dans les écrits consultés, se pose en termes de communication que l’on fait de ce statut
administratif et plus particulièrement dans le cadre de recherche ou de maintien dans l’emploi.
« Le projet professionnel se construit en outre, avec une double ambiguïté. La sécurité apportée par la
reconnaissance du statut de travailleur handicapé (emploi en milieu protégé, aides financières et suivi social
éventuels) engage la personne à adopter une position contraire aux aspirations d’évolution professionnelle.
Le travailleur est alors susceptible de mettre en place un comportement d’évitement, parallèle à son désir
d’intégrer le milieu ordinaire.»14
A cela s’ajoute parfois une volonté de normalité qui peut s’avérer pénalisante dans le parcours d’insertion
professionnelle.
L’APEC dans son étude rapporte que la majorité des jeunes interrogés ont passé la phase de l’acceptation
de leur handicap, ont fait une demande RQTH et n’ont aucun problème à en parler. Cependant, « Si le
handicap est facilement évoqué, il est moins une composante identitaire qu’une difficulté personnelle à
dépasser. On note sur ce point un fort consensus autour de la volonté de ces jeunes en situation de handicap
d’être reconnus pour leurs qualités, leurs compétences, leur personnalité, et non pas en fonction de leur seul
handicap. »
Or, les professionnels soulignent les risques que comporte la non information sur le handicap d’un
candidat ou d’un salarié.
Les handicaps non visibles sont souvent compliqués à identifier pour des non spécialistes. Ne pas connaître
le statut de handicapé revient à ne pas tenir compte des contraintes, à ne pas mettre en œuvre les
compensations ou adaptations nécessaires, et même si les compétences sont là, à risquer la rupture de
parcours qui sera pénalisante pour les deux parties.
2.5. Une segmentation du traitement de la personne handicapée
préjudiciable à un parcours linéaire
« Toute rupture de parcours, toute absence de sécurisation cohérente, peut mettre alors à mal, au cours de
cette période (16-25 ans), la réussite de l’insertion future de ce jeune »15.
S’il est un point sur lequel s’accordent les observateurs comme étant facteur de difficultés voire de rupture,
c’est celui du manque de concertation et de coordination entre les différents acteurs et entre les
différentes étapes des parcours, et ce malgré l’implication et la volonté de chacun des acteurs à leur niveau
pour favoriser l’insertion professionnelle des jeunes et la qualité de leur parcours.
Ce manque de coordination impacte particulièrement l’insertion aux étapes du repérage du handicap
lorsqu’il n’est pas visible, des transitions entre les milieux ordinaires et les milieux spécialisés et vice et
versa, de l’élaboration du projet professionnel et de la continuité du parcours entre les structures de
l’Education nationale et les professionnels de l’insertion des jeunes handicapés.
Pour exemple, dans le rapport au Sénat de 2012, il est indiqué que la « forte dispersion des compétences
institutionnelles dans le domaine de la formation professionnelle de personnes handicapées (état, conseils
régionaux, Pôle emploi, Agefiph, FIPHFP, Cap emploi…) et l’absence de réel partenariat entre les différents
acteurs demeurent un obstacle majeur à l’accès à la formation. »
14
Actualité de la formation permanente – n°185 - Juillet Août 2013- Handicap et formation – p 42 – Centre inffo
Handicap : l’école et après…? Ruptures et continuité des parcours – Rémy Leblanc - La nouvelle revue de l’adaptation et de la
scolarisation – Numéro 63 – INS HEA
15
10
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – Septembre 2014
De même, à l’aune de cas concrets, Nelly Blouet s’interroge sur l’orientation de jeunes de plus de 16 ans à
la sortie d’un ULIS : « Comment améliorer la synergie à l’échelon local afin d’éviter le cloisonnement entre
les niveaux éducatifs et améliorer la coopération entre les services d’accompagnement, entre les services
extérieurs des différents ministères ? »16
3. Des leviers et préconisations identifiés
« La loi « Handicap » du 11 février 2005 consacre un changement radical de philosophie : … l’objectif est
désormais de partir de l’évaluation de ses capacités. Dans cette approche, le projet professionnel de la
personne handicapée est considéré comme un élément central de son projet de vie »17
Si cette notion de projet de vie, défini comme « l’expression libre des attentes, besoins, souhaits de la
personne et sur lequel doivent se fonder l’évaluation des besoins de compensation et la préconisation de
réponses », semble clairement intégrée par chacun des acteurs, la mise en œuvre en est plus complexe de
par les différents freins que nous avons cités précédemment et de par le caractère spécifique de chaque
situation.
Au regard de ces freins, les observateurs ont identifié des leviers d’amélioration et préconisent des actions.
Nous avons identifié les axes d’amélioration qui sont les plus fréquemment cités et les avons regroupés
sous trois catégories : l’information, l’accompagnement et la coordination.
3.1. Une nécessité d’information adaptée
Ce besoin d’être informé concerne l’ensemble des acteurs impliqués dans l’insertion du jeune, parmi
lesquels :
 Le jeune lui-même : dans une démarche d’autonomisation, il semble important qu’il connaisse ses
droits, les réseaux spécialisés et aides existants, qui fait quoi, les règles et obligations en termes
d’emploi et la réalité du travail en milieu ordinaire ou protégé, etc… Il est essentiel que cette
information lui soit accessible en termes de langage au regard de son âge et de ses capacités de
compréhension.
 Les familles : elles seront mieux à même d’aider le jeune dans son orientation si elles connaissent
au même titre que lui les droits, les réseaux spécialisés et les aides auxquels recourir, et les
différentes filières d’orientation proposées.
 Les accompagnateurs (enseignants, formateurs, MDPH, etc.) : pour une action efficace et afin de
tendre vers une meilleure coordination, il semble nécessaire de connaître les tenants et
aboutissants de la loi 2005, identifier les réseaux et les interlocuteurs et comprendre le rôle de
chacun, les possibilités de compensation, les options d’orientation, mieux connaître les handicaps,
etc.
 Les prescripteurs : pour eux, il s’agit de connaître les tenants et aboutissants de la loi 2005,
d’identifier les réseaux et les interlocuteurs, de distinguer les différentes possibilités de
compensation, les options d’orientation, de mieux connaître les handicaps, etc.
 Les entreprises : la démarche d’accueillir dans ses équipes un(e) jeune handicapé(e) serait peutêtre facilitée si les entreprises avaient plus d’informations concernant la loi 2005, les réseaux et les
aides à disposition, mais aussi des indications relatives aux différentes natures de handicap, aux
capacités et besoins de la personne accueillie, et aux possibilités de compensation.
16
Handicap : l’école et après…? Ruptures et continuité des parcours - Nelly Blouet - La nouvelle revue de l’adaptation et de la
scolarisation – Numéro 63 – INS HEA
17
Rapport d’intervention enregistré à la Présidence du Sénat le 4 juillet 2012 – Mmes Claire-Lise Campion et Isabelle Debré –
Sénatrices.
11
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – Septembre 2014
3.2. Accompagner le jeune dans la construction d’un projet professionnel
cohérent
« Cette notion de « projet de vie » […] amène aujourd’hui les textes officiels à substituer la notion d’inclusion
à celle d’intégration : […] cette nouvelle conception fait dire à Eric Plaisance (2009) que les personnes
handicapées sont « autrement capables ». Suivant cette nouvelle approche, les professionnels du handicap
doivent désormais se représenter la personne handicapée comme « actrice de son projet de vie », et
l’accompagner, non plus sur le critère de ses déficiences, mais bien sur la base de ses capacités. »18
La cohérence et la réussite du projet professionnel repose sur l’association de plusieurs facteurs. Quatre
d’entre eux reviennent plus particulièrement dans les écrits et témoignages consultés.

Travailler sur l’acceptation du handicap
« Ce travail d’appropriation du handicap par le jeune, du fait de l’autonomisation qu’il représente, facilite
grandement son insertion professionnelle »19.
C’est une étape essentielle à dépasser pour assurer la continuité du parcours. C’est une étape qui peut
s’avérer d’autant plus difficile pour un jeune en pleine construction identitaire. Le handicap, quelles que
soient les contraintes qu’il impose, est un obstacle complémentaire sur le chemin de la maturité.
Le processus d’acceptation passe par une réflexion et un travail avec le jeune et peut nécessiter
l’intervention d’une équipe pluridisciplinaire, un partenariat entre acteurs de l’insertion et du secteur
médico-psychologique. Ce qui ramène à la question de la coordination et du décloisonnement entre les
différents services.

Relever le niveau de qualification des personnes handicapées
Pour cela, il faut rendre plus aisé pour les jeunes en situation de handicap l’accès aux études secondaires et
supérieures ou à la formation professionnelle lorsque c’est cohérent avec leurs capacités et leur projet.
Cela passe par bien sûr par une accessibilité « physique » aux lieux de formation, mais aussi par une
meilleure information des orientations possibles, par la validation médicale du projet de formation, par la
mise en place des compensations nécessaires et par l’intégration par tous de la notion de temps dans les
parcours.
Pour pouvoir franchir les paliers et passer d’une étape à une autre, l’accompagnement joue un rôle
essentiel.

La question clé de l’accompagnement
L’accompagnement est reconnu comme étant primordial dans le processus professionnel, et ce, tout au
long du parcours de formation.
Outre l’accompagnement médical dont peut bénéficier le jeune en situation de handicap et qui sera propre
à chaque individu, il s’agit pour les acteurs de l’insertion professionnelle de prendre conscience de
l’importance de suivre et accompagner ce public dans toutes les étapes de la construction de son projet :
acceptation du handicap, transition identitaire, élaboration, validation et mise en œuvre du projet.
Différents dispositifs et outils peuvent être mis en place et les observateurs ne remettent pas en question
la qualité de l’accompagnement. Toutefois, l’important serait d’encourager les différents acteurs de
l’accompagnement dans l’insertion professionnelle à travailler à la mise en place d’outils communs de
suivi de parcours afin d’apporter une meilleure lisibilité de ce parcours, de formaliser les étapes franchies
18
Handicap : l’école et après…? Ruptures et continuité des parcours – Marie-Hélène Jacques - La nouvelle revue de l’adaptation et
de la scolarisation – Numéro 63 – INS HEA
19
Rapport « Favoriser l’insertion professionnelle des jeunes handicapés » p12 – Yvan Lachaud – Député du Gard
12
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – Septembre 2014
ou restant à franchir, d’identifier les actions déjà mises en place et d’éviter ainsi les répétitions, les oublis
ou les orientations contradictoires.
La coproduction et l’usage d’outils communs permettraient en outre d’inciter les différents acteurs à
collaborer et d’être impliqués dans une construction cohérente des parcours des jeunes.
L’accompagnement aux formateurs n’est pas à négliger non plus. Tous ne sont pas armés pour intégrer en
milieu ordinaire un jeune en situation de handicap. Les sensibiliser au handicap, leur apporter des
ressources, les accompagner dans la réflexion pédagogique et dans l’adaptation des outils et
aménagements sont des facteurs de réussite pour le formateur et donc pour le jeune. C’est le rôle que tient
par exemple le coordinateur départemental handicap pour les CFA.
L’accompagnement ne doit pas s’arrêter au parcours de formation. Il doit se prolonger dans le cadre de
l’insertion professionnelle. Que ce soit dans le cadre de stages ou de l’emploi, il est préconisé de
« systématiser le recours à un tuteur, formé, pour accompagner les jeunes travailleurs handicapés »20.
Ce qui pose aussi la question de l’accompagnement des entreprises, tant en termes de connaissance du
jeune, de compensations à mettre en place, de démarches administratives, de formation de tuteurs que
d’appui financier. Les accompagnateurs de l’insertion doivent aller au-delà d’une simple mise en relation,
ils doivent soutenir l’entreprise dans sa démarche. L’intervention de différents acteurs peut être requise,
d’où, là encore l’importance de la coordination des professionnels, thème qui sera développé
ultérieurement.
Enfin l’accompagnement social a également son importance auprès de ce public et de son entourage.
L’accès à la formation ou à l’emploi implique parfois un éloignement de la cellule familiale ou de
l’institution dans laquelle le jeune évolue et auxquels tous ne sont pas préparés ; Les services de
l’accompagnement à la vie sociale ont alors leur rôle à jouer, encore faut-il qu’ils aient connaissance du
besoin et qu’ils aient une bonne visibilité du parcours.
Par ailleurs, l’accompagnement des parents peut parfois aussi participer à sécuriser le parcours. En effet,
« on constate que nombre d’entre eux, après avoir été des fervents défenseurs du processus intégratif à
l’école primaire, au collège, peuvent, face à cette étape de vie, aux risques engendrés par une vie d’adulte
insérée, gêner le parcours de leur enfant alors même que celui-ci en est avidement désireux ». Face à ce
constat il est préconisé d’associer les parents au cheminement en les tenant informés des évolutions chez
leur enfant. Leur permettre de partager leur vécu avec d’autres familles peut également les aider à
dépasser cette phase de transition qu’est le passage au statut d’adulte de leur enfant.

Améliorer la connaissance de l’entreprise et des métiers
Une recommandation que l’on retrouve à plusieurs reprises bien qu’elle soit formulée différemment selon
les rapporteurs serait de développer les relations avec les entreprises et de créer une dynamique inclusive
entre les jeunes handicapés et les entreprises pour permettre une meilleure adéquation de l’offre et de la
demande, mais aussi pour permettre aux jeunes de mieux se connaître en termes de capacités et
d’aptitude, d’intégrer leurs limites, de découvrir la réalité d’un métier, et donc de valider leur projet
professionnel.
Le développement de dispositifs incluant l’alternance est prôné.
Le stage, de par son caractère encadré dans le temps, est une modalité jugée très porteuse pour le stagiaire
et pour l’entreprise. Cette mise en situation professionnelle va permettre à chacun de prendre conscience
des possibilités, des besoins, des axes de progrès et de la pertinence du projet. Une expérience
professionnelle réussie, c’est aussi un gain de confiance.
3.3. Décloisonner pour gagner en coordination et en efficacité
20
Rapport « Favoriser l’insertion professionnelle des jeunes handicapés » – Yvan Lachaud – Député du Gard
13
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – Septembre 2014
« Il est évident que, plus la jonction sera opérée tôt entre le monde scolaire et celui de la formation
professionnelle, plus le parcours de formation des jeunes handicapés sera cohérent ».
« Tout jeune handicapé, au terme de son parcours scolaire, doit avoir bénéficié d’une orientation validée par
une mise en situation professionnelle (particulièrement un parcours en entreprise). Il ne doit plus y avoir de
rupture entre la sortie de l’école et l’entrée dans le monde du travail »21.
Globalement, l’axe d’amélioration porte sur le besoin d’une meilleure coordination des différents acteurs
qui œuvrent pour l’insertion des jeunes en situation de handicap. Les actions et les structures se relaient,
l’articulation n’étant pas toujours coordonnée. Il s’agirait de renforcer les partenariats et l’articulation
entre les différents opérateurs, qu’ils soient services de droits communs ou services médicaux, sociaux,
enseignement secondaire ou enseignement supérieur, opérateurs de formation professionnelle,
prescripteurs, MDPH, etc.).
La mise en place des MDPH, comme guichet unique pour la personne en situation de handicap est une
réelle avancée. La mise en place de SROMS22, de CPRDFP23, de Com24 apprentissage vont aussi dans le sens
d’une meilleure coordination des acteurs.
Les SESSAD composés d’équipes pluridisciplinaires ont une approche globale et jouent un rôle d’interface
mais seulement jusqu’à l’âge de 20 ans.
Le rapport Lachaud suggère la nomination d’un opérateur référent unique appuyé par des opérateurs
complémentaires, ainsi que l’accès à un guichet unique d’information pour les entreprises.
4. En synthèse
Un ensemble de freins et de leviers qui apparaissent « habituels » ont été identifiés dans la littérature.
En synthèse, nous pouvons retenir qu’il n’y a pas un seul frein à l’insertion ou une cause unique de
rupture. Elles peuvent être multiples et diverses selon la nature du handicap, selon l’environnement de la
personne concernée, selon son degré d’autonomie, et c’est l’addition de différents facteurs qui peut
mener à une rupture.
Cependant, au-delà des problématiques de santé qui ponctuent les parcours de ces jeunes, l’accent est
mis sur 4 points qui semblent constituer l’essentiel des freins, voire être cause de rupture dans les
parcours professionnels des jeunes adultes en situation de handicap : une faible qualification ou une
qualification qui ne répond pas aux besoins des entreprises qui embauchent ; des orientations subies ou
inadaptées au handicap ou au marché du travail ; un déficit d’information des différents acteurs ;
une articulation défaillante dans la continuité des parcours, de la scolarité à l’insertion professionnelle.
On retiendra des écrits consultés qu’une insertion professionnelle réussie, bien que de multiples
facteurs y concourent, semble reposer pour beaucoup sur un accompagnement multidimensionnel,
continu et coordonné, sur la sécurisation des différentes étapes de transition et sur une inclusion
progressive et encadrée dans le monde du travail.
Ces freins et leviers identifiés constituent autant d’hypothèses à vérifier et au moins à confronter aux
réalités départementales.
C’est l’objet des étapes suivantes de l’étude, à savoir les entretiens menés avec divers acteurs locaux de
l’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap.
21
Rapport « Favoriser l’insertion professionnelle des jeunes handicapés » – Yvan Lachaud – Député du Gard
Schéma Régional d’Organisation de Médico-Social
23
Le Contrat de Plan Régional de Développement des Formations Professionnelles
24
Contrat d’objectifs et de Moyens Apprentissage -L’objectif général du contrat d’objectifs et de moyens est de promouvoir
l’apprentissage dans la Région des Pays de la Loire. Cet objectif sera poursuivi selon les modalités suivantes :
- Amélioration qualitative de l’apprentissage en vue de réduire le nombre de ruptures de contrats
- Priorité à l’embauche des jeunes inscrits comme demandeur d’emploi
- Priorité à l’accroissement du nombre de jeunes au sein de sections correspondant à des secteurs en difficulté de recrutement
- Maintien de l’équilibre nécessaire entre les voies de l’apprentissage et de l’enseignement professionnel public sous statut scolaire
en réponse à la diversité des situations.
22
14
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – Septembre 2014
L
III.
E PARCOURS DE JEUNES EN SITUATION DE
HANDICAP
Recueillir le point de vue de jeunes en situation de handicap sur leur parcours d’insertion professionnelle
est apparu un élément d’analyse essentiel, une des hypothèses étant que les jeunes n’avaient peut-être pas
la même perception ni le même regard que celui porté par les observateurs. Leur donner la parole devait
permettre de pouvoir confronter leurs regards à celui de ces observateurs et des différents acteurs pouvant
intervenir au cours d’un parcours.
1. Des éléments de méthodologie
Le choix des jeunes s’est fait selon des critères prédéfinis en comité de pilotage :
 On entend ici par public jeune les 16/30 ans.
 Les jeunes ciblés ont une RQTH (ou une reconnaissance administrative de leur situation de
handicap pour les plus jeunes).
 Les jeunes peuvent avoir tout niveau d’étude d’infra V à formation supérieure.
 Les jeunes ont (ou ont eu) un projet d’insertion dans l’entreprise. Ils sont soit en formation, soit
salariés, soit demandeurs d’emploi.
 Parmi les salariés, il est jugé pertinent de rencontrer au moins une personne salariée en entreprise
privée et une en structure publique.
 Autant que possible, pour les monographies, il s’agit de choisir des parcours différents, réussis ou
non.
 Le type de handicap n’est pas un critère déterminant.
Pour pouvoir entrer en contact avec des jeunes correspondant aux critères, des prescripteurs, des
organismes de formation, l’association Handisup et le Centre de Gestion 44 ont été sollicités. Leur
intervention a permis de recueillir une liste de jeunes prêts à entendre notre sollicitation. Tous n’ont
finalement pas accepté de nous rencontrer pour différentes raisons (pas d’intérêt pour la thématique, pas
le temps, changement de situation,…).
Au total, sur les 8 prévus initialement, 9 jeunes ont été interrogés. Les entretiens ont été réalisés en face à
face à l’exception d’une personne qui ne pouvait se déplacer et pour laquelle l’échange s’est fait par
téléphone.
2. Les monographies
Les parcours, restitués sous forme de monographies présentées par ordre alphabétique des prénoms dans
ce rapport, le sont le plus fidèlement possible, respectant le mode d’expression de chaque jeune ; chaque
retranscription de récit, hors titre et analyse située en marge droite, a été envoyée pour relecture et
remarques à son narrateur. Le handicap mentionné l’est tel qu’il a été présenté par le jeune.
Les questions portaient sur leur parcours professionnel. Toutefois, certains ont jugé nécessaire de retracer
le récit de leur parcours scolaire quand pour eux le lien est fort ou explique leur situation actuelle.
15
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – Septembre 2014
Le questionnement était organisé selon la progression suivante :
La personne
• Âge
• Statut actuel
• Handicap,
incapacités,
compensations
nécessaires
Son parcours d'insertion
professionnelle
•
•
•
Formation
Période en entreprise
Autres périodes
• Freins / causes de
rupture identifiées
• Leviers / facteurs
positifs
• Projet ?
• Niveau
d'information
• Accompagnement
• Ce qui aurait pu
faciliter son
parcours ?
16
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – Septembre 2014
Adeline – 27 ANS
CAP cuisine
CFA : CIFAM à Ste Luce sur Loire – Entreprise : COMPASS France à Nantes
Handicap : mental
Préambule
Adeline que nous avons rencontrée pour notre entretien dans les locaux du Cifam de Ste Luce où elle prépare un CAP,
explique son handicap comme étant une dysphasie pouvant entraîner des difficultés de compréhension et des
troubles du langage.
Le parcours d’Adeline
Adeline intègre un cursus CAP Services
en Milieu Rural en 2005 au Lycée Saint
Martin à Machecoul, diplôme qu’elle
obtient. Son souhait est alors de devenir
aide-soignante avec les personnes âgées.
Pendant cette période elle effectue 3
stages de 3 semaines en maison de
retraite pour découvrir le métier et
l’environnement. « J’ai réalisé au fil du
temps que ce n’était pas pour moi,
c’était trop difficile » « en plus ça s’est
mal passé avec la directrice, il y a eu
beaucoup de prises de tête. La directrice
n’avait aucune considération et elle
n’était pas capable de gérer. Elle disait
que j’avais réponse à tout ; je lui ai dit
ses quatre vérités en face. ».
Adeline prépare ensuite le BEP pendant
un an en MFR mais le niveau est trop
élevé, elle ne l’obtient pas.
Elle cherche une autre orientation. Elle
fait alors un stage de 3 semaines en
qualité de serveuse à l’aéroport de
Nantes. Ce métier lui plait.
Un second stage de 1 mois au Baobab à
Planète Sauvage lui permet de confirmer
son choix de s’orienter vers les métiers
de la restauration.
Elle décide donc de suivre un CAP CaféBrasserie en apprentissage au CIFAM
qu’elle obtiendra en 3 ans. Pendant
cette période, elle travaille comme
apprentie les deux premières années
dans un restaurant ouvrier de Pornic
puis 1 an dans un bar-brasserie à
Préfailles. Ça se passe bien, son patron
17
lui propose un contrat d’un an
supplémentaire. «Je n’ai pas eu de
problème pour m’adapter, le courant
passait bien ; Le patron me disait : « on
dirait plus qu’un employé » ». « Au
départ j’étais très timide, ce métier m’a
appris à parler. Je suis trop bavarde
maintenant, il faut bien que je me
rattrape ». Adeline raconte avoir décidé
de quitter l’entreprise car elle voulait
voir d’autres environnements de travail
pour
acquérir
de
nouvelles
compétences.
Pendant un an et demi, Adeline va
chercher du travail sans succès. Elle
trouve juste un poste saisonnier de deux
mois au Puy du Fou comme employée
polyvalente en restauration collective
qui lui permet de découvrir une autre
façon de travailler et de se sentir plus à
l’aise.
A cette période, elle est accompagnée
par Pôle Emploi puis Cap Emploi dans ses
recherches d’emploi. Adeline dit avoir
fait beaucoup de demandes et de
relances, avoir eu des entretiens
d’embauche mais sans succès. « C’était
agaçant, le mot est faible, mais on ne
peut pas savoir si les personnes sont bien
ou non si on ne leur donne pas leur
chance ». Adeline ne sait pas expliquer
pourquoi ses recherches n’ont pas
abouti, elle raconte ne pas avoir eu
d’explications des employeurs.
Les étapes
majeures du
parcours
d’Adeline



CAP Services en
Milieu Rural en
milieu ordinaire
CAP CaféBrasserie en
apprentissage en
milieu ordinaire
en 3 ans
CAP Cuisine en
apprentissage en
cours
« Etre inscrite à Cap Emploi ne m’a pas
vraiment aidée » déclare Adeline. Ces
parents la soutiennent mais cette
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – Septembre 2014
recherche d’emploi cause des tensions
en famille. « Je n’aime pas me tourner les
pouces
alors
parfois
ça
m’énerve d’attendre».
Ne trouvant toujours pas de travail
comme serveuse, Adeline sur les conseils
de ses parents décide en 2012 de suivre
un apprentissage en cuisine avec pour
objectif l’obtention d’un CAP. Elle suit les
cours au CIFAM et est actuellement
apprentie en restauration collective pour
le groupe Compass. Elle est sur un temps
complet. Adeline raconte que parfois elle
comprend à l’envers les consignes, et
qu’elle reçoit alors des remarques. Selon
elle, elle n’a pas de tuteur dans le cadre
de son apprentissage.
Elle va terminer son apprentissage en
cuisine, mais aimerait trouver de
nouveau un emploi de serveuse.
Adeline est reconnue Travailleur
handicapé depuis son entrée en CAP
Café – Brasserie ; Cette reconnaissance a
permis de mettre en place des
aménagements spécifiques sur le plan
pédagogique. Ayant des difficultés à
suivre le rythme des cours collectifs, elle
est accompagnée au CDR du CIFAM ce
qui, dit-elle, lui permet de mieux
comprendre.
Par le passé, au Collège ou au Lycée
professionnel, Adeline dit ne pas avoir
bénéficié d’accompagnement spécifique
mis à part un suivi en orthophonie : « je
ne pense pas que ça m’ait servi à grandchose», commente Adeline.
Adeline
exprime
des
attentes
importantes de Cap Emploi : « Je
voudrais qu’ils m’aident à rencontrer des
entreprises et qu’ils m’accompagnent
aux entretiens d’embauche. S’ils l’avaient
fait, ça m’aurait aidé à trouver du
travail ».
18
Comment Adeline envisage-t-elle son
avenir professionnel ? Elle raconte
vouloir rechercher un emploi à temps
plein comme serveuse, dans lequel elle
puisse
s’épanouir et
progresser.
« J’aimerais
pouvoir
prouver
à
l’employeur que je peux le faire, lui
montrer mes capacités et même donner
mes propres idées de comment faire.
Voire faire plus ou mieux ».
Des facteurs de
rupture






Une mobilité
réduite
Des difficultés
relationnelles et
comportementales
dont elle ne prend
pas conscience
Des difficultés de
compréhension
orale
Une vision
idéalisée de ses
capacités et
compétences
Des attentes pas
toujours en
réalisables
Une remise en
question régulière
de son projet
professionnel
Des leviers
mobilisés




Des
aménagements
pédagogiques
De l’aplomb et de
la volonté
Un soutien
familial
Des compétences
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – Septembre 2014
Christopher– 24 ANS
Sans qualification
En CDI, agent de service hospitalier en maison de retraite
Handicap : polyhandicaps
Préambule
Christopher a souhaité que l’entretien se déroule dans les locaux du CAFOC à Nantes.
Le handicap de Christopher est très récent, son parcours d’insertion professionnelle en qualité de travailleur
handicapé porte de ce fait sur les derniers 6 mois.
Le parcours de
Christopher
En 2013, Christopher est victime d’un
incendie dans son véhicule, accident lui
ayant provoqué de graves brûlures et
ayant nécessité d’importantes greffes.
Après un temps de rééducation, il peut
reprendre le cours de sa vie. Le parcours
professionnel de Christopher avant son
accident est émaillé de petits « boulots »
dans la restauration et le maraîchage et
de périodes de chômage assez longues.
Sans formation qualifiante, il peine à
trouver un emploi stable et de longues
périodes de chômage altèrent sa
motivation.
Suite à cet accident, dès que son état de
santé le lui permet, Christopher
s’adresse à la Mission Locale pour
trouver un emploi. Les deux expériences
qu’il peut alors valoriser sont devenues
incompatibles avec son état : travailler
dans le secteur espaces verts implique
d’être exposé aux UV, ce qui lui est
catégoriquement interdit. Un travail en
restauration ou dans le secteur
agroalimentaire peut l’amener à être
exposé soit à la chaleur soit au froid ce
qui lui est aussi interdit. Les greffes
importantes aux jambes sont source de
problèmes de circulation sanguine et
obligent
Christopher
à
changer
fréquemment de position, une position
debout ou immobile prolongée pouvant
engendrer des complications. Courant
2012, il a eu une petite expérience
19
d’agent de soins hospitalier en foyer de
personnes âgées. Ça semble être une
piste possible à exploiter. La Mission
Locale lui conseille alors de s’inscrire sur
une action d’orientation de 3 mois avec
le CFP Presqu’île afin d’élaborer et
valider un projet qui soit compatible
avec
ses
nouvelles
incapacités.
Christopher intègre la formation en
décembre 2013.
Il s’intéresse d’abord à une formation
qualifiante sur 9 mois en mécanique
mais cette option s’avère trop risquée
pour ses greffes dans les trois années à
venir.
Dès janvier, il effectue un stage comme
agent de soins qui se passe très bien.
Après s’être assuré de la compatibilité
du métier avec son handicap sur le plan
sanitaire, il est embauché en CDI à temps
partiel (26h hebdomadaires) dés la fin de
sa formation.
Aujourd’hui, Christopher analyse la
situation. Les leviers de cette
reconversion « éclair » sont divers :
 Une prise de conscience : « Quand
on sort de ce type d’accident et
après des semaines de coma, c’est
ème
comme une 2
vie, on profite de
chaque moment présent et on ne
s’apitoie pas sur son sort ».
 L’action d’orientation : « ça m’a été
très utile. C’est un soutien moral, ça
m’a permis de reprendre un rythme,
de créer un nouveau réseau social et
professionnel et d’obtenir des
Les étapes
majeures du
parcours de
Christopher




Pas de
qualification
Des emplois
précaires
Une action
d’orientation
Un CDI comme
agent de service
hospitalier en
maison de retraite
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – Septembre 2014



informations sur les acteurs du
handicap ».
Un suivi psychologique pour évacuer
l’accident et accepter le statut de
Travailleur Handicapé. « Au début
c’est dur d’être dans une case ».
Christopher dit que le fait que son
handicap soit peu visible (le visage
n’a pas été touché), « c’est un
avantage car on n’a pas à supporter
le regard des autres. »
La prescription par la Mission
Locale, même si ensuite il n’a plus
eu de nouvelles.
L’équipe de l’organisation dans
laquelle il a réalisé son stage. « Les
personnels de maison de retraite de
par l’environnement et le public
accueilli sont déjà sensibilisés au
handicap, c’est important. Et j’ai
moi-même expliqué la situation aux
collègues et aux résidents qui se
posaient des questions sur mes
bandages aux mains et mes gants de
protection ».
Selon Christopher, certaines situations
ou éléments auraient pu être un frein
voire une cause de rupture dans son
parcours de réinsertion professionnelle :
 Une période trop longue sans
projet.
 Un manque de mobilité car
Christopher se déplace aujourd’hui
en transports en commun.
 Un projet mal préparé et non
adapté à ses incapacités qui aurait
pu être un nouvel échec et source
de démotivation.
Christopher reconnaît que la RQTH lui
donne des avantages comme un
complément financier à son salaire à
temps partiel par le biais de l’AAH. En
revanche, il dit rencontrer des gens qui
selon lui abusent des droits que donne le
statut de TH et ne voudrait pas y être
associé. « On peut en abuser, ça me
dérange ».
Aujourd’hui, Christopher n’exclut pas de
se former dans son nouveau métier pour
20
se qualifier et pour devenir plus tard
aide-soignant, voire infirmier.
Des facteurs
de rupture





Un nouveau
statut de
personne
handicapée
Le regard des
autres
Une mobilité
réduite
L’absence de
qualification
Un projet
professionnel à
construire
Des leviers
mobilisés



Un
accompagnement
professionnel
dans la
construction de
son projet
Une volonté et un
optimisme
décuplés par les
circonstances
Une entreprise et
des collègues à
l’écoute
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – Septembre 2014
Marianne – 20 ANS
Etudiante en BTS - Lycée Sacré Cœur - Nantes
Handicap : moteur, suite à une lésion cérébrale de naissance.
Préambule
L’entretien avec Marianne s’est déroulé par téléphone pour des raisons de mobilité et d’agenda. Les
contraintes liées au handicap de Marianne sont essentiellement du champ de l’accessibilité et de l’écriture
manuscrite. La prise de notes informatique ne lui pose en revanche pas de problème particulier.
Le parcours de
Marianne
Marianne a suivi une scolarité en
intégration totale en école ordinaire
jusqu’à la fin du primaire. Elle intègre un
établissement adapté (La Durantière) au
Collège afin de bénéficier des
aménagements nécessaires et de suivre
un cursus approprié, le niveau et le
rythme en milieu ordinaire devenant
difficiles à suivre par Marianne du fait de
son handicap.
En fin de cycle elle intègre le Lycée des
Bourdonnières qui a la particularité de
permettre à des jeunes en situation de
handicap de suivre leur scolarité tout en
disposant d’un centre de soins et de
rééducation sur site. Elle est donc
intégrée dans une classe ordinaire avec
une structure adaptée accolée. « On
avait le même emploi du temps que les
autres élèves de la classe ». En seconde,
Marianne bénéficie d’une AVS sur place
qui lui prend les notes manuscrites.
Ensuite, Marianne s’est débrouillée avec
les copies de cours de ses copines. « Je
pensais que ça suffirait, et ça a
fonctionné». Pour les contrôles, elle
pouvait
compter
sur
un
bon
accompagnement qui consistait en une
AVS secrétaire et d’un ordinateur mis à
disposition dans une salle au centre de
soins.
Après concertation avec ses parents,
Marianne opte pour un BTS STG. Les
métiers de bureau sont compatibles avec
les contraintes liées au handicap.
L’arrivée au Sacré Cœur en BTS STG en
21
intégration totale se révèle beaucoup
plus compliquée particulièrement sur le
plan
logistique
:
portes
non
automatiques, « il y a des portes qui
s’ouvrent en tirant vers soi, et il y a des
escaliers juste derrière, alors avec le
fauteuil c’est pas évident.. », pas de mise
à disposition de poste informatique en
cours, …
Selon Marianne, l’encadrement du Lycée
n’est pas suffisamment à l’écoute de ses
besoins. « J’avais connu Handisup et
leurs services car ils étaient venus faire
de la sensibilisation aux Bourdonnières ».
Marianne leur fait appel pour l’obtention
d’une AVS qui l’aide dans les actes de la
vie quotidienne (Aller en cours,
déplacements, toilettes..) mais pas pour
les cours. « Je pensais ne pas en avoir
besoin pour les cours car je croyais
pouvoir avoir un ordinateur mis à
disposition par l’établissement». Le fait
qu’on ne puisse pas mobiliser un
ordinateur pour elle est un vrai
problème
puisqu’elle
manque
d’autonomie dans l’écriture manuscrite.
Ça signifie qu’elle ne peut travailler
seule. « Parfois je passe le temps sans
pouvoir rien faire en cours ». « J’ai été
souvent en larmes car je n’en pouvais
plus ».
«
La première année je me suis
beaucoup reposée sur mes collègues,
mais l’entraide ça va un moment, je sens
que ça commence à peser ».
Marianne
ressent
une
forme
d’exaspération de certains enseignants.
Elle analyse : « Ce serait plus simple je
pense s’il y avait une meilleure
sensibilisation des enseignants au
Les étapes
majeures du
parcours de
Marianne

Primaire en
milieu ordinaire

Ecole et instituts
adaptés jusqu’au
Bac


Stages en
association et
entreprise
BTS STG en milieu
ordinaire
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – Septembre 2014
handicap et à mes besoins spécifiques ».
Au vu des difficultés rencontrées la
première année, Marianne a un rendezvous avec la Direction et sa référente
Handisup avant l’entrée en 2nde année.
Marianne constate qu’il n’y a pas eu de
passation
d’information
ni
de
concertation entre Les Bourdonnières et
le Sacré Cœur, mais ne peut l’expliquer :
« Si ça avait été fait, ça aurait peut-être
permis que les profs comprennent mes
difficultés à la prise de notes. Je me suis
adaptée autant que possible et du coup,
quand j’ai un problème, les profs
tombent des nues ». Ce qui relève du
bon sens pour Marianne ne l’est pas
toujours pour les services pédagogiques
et administratifs.
Pour les examens à venir, elle doit aller
visiter la salle d’examens dans un autre
établissement avec Handisup pour voir si
c’est accessible et dans le cas contraire
demander une dérogation pour le passer
ailleurs. « Après le BTS, je compte
arrêter, je sature au niveau des études
avec les contraintes. Il est temps que ça
se termine » .
Dans le cadre de sa formation, Marianne
réalise 2 stages. Un chez Handisup
pendant 6 semaines, « … j’ai fait des
démarches de recherches de stage mais
comme je n’avais toujours rien, Handisup
m’a proposé un stage ». Elle réalise son
second stage au Comité d’Entreprise
d’Airbus à Nantes pendant 2 mois. Elle a
en charge des missions d’organisation
d’évènements,
la
gestion
des
déplacements, la gestion des agendas et
de la bureautique. Une AVS intervient
sur son lieu de stage pour les actes de
vie quotidienne et pour son transport. «
Ça s’est bien passé, je n’ai pas de besoins
particuliers mis à part l’accessibilité et
l’ordinateur ». Marianne souligne
l’importance de l’accompagnement et la
mise en confiance apportés par l’équipe
dans laquelle elle était.
Concernant la recherche d’emploi, elle
considère que mettre en avant sa RQTH
peut être un frein à l’embauche. Au vu
de la lourdeur du handicap, Marianne
pense que les postes qui pourraient lui
être proposés ne seraient pas cohérents
avec ses compétences et ses capacités.
22
Des facteurs
de rupture





Un rythme et un
environnement
de formation
inadaptés à ses
capacités
Une difficulté
d’intégration en
milieu ordinaire
sous-évaluée
Un défaut
d’aménagement
approprié
Le manque de
communication
Un
découragement
face aux
difficultés
rencontrées
Des leviers
mobilisés





Des structures
éducatives
adaptées
Une aide humaine
au quotidien
Le groupe ou
l’équipe
La mobilité
Le recours à
l’accompagnement
par une structure
dédiée comme
Handisup
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – Septembre 2014
Mégane– 21 ANS
Demandeur d’emploi
Handicap : moteur, maladie génétique évolutive
Préambule
Mégane a souhaité que l’entretien soit réalisé dans les locaux de la Mission Locale de Derval pour des critères
de proximité et de facilité d’accès. Les conséquences de sa maladie sont des troubles des réflexes, une
fatigabilité plus importante, des déplacements limités. Mégane utilise aujourd’hui un déambulateur dans ses
déplacements et ne peut conduire sur de longues distances ni dans des environnements avec trop de
circulation.
Le parcours de Mégane
nde
Mégane suit une 2 générale puis elle
s’oriente en bac STG Gestion des
Ressources Humaines à Châteaubriant.
Dans la continuité, elle suit un cursus
BTS Assistante de gestion dans le même
établissement.
Mégane raconte avoir fait elle-même le
choix de sa formation et de son
orientation bien qu’elle ait dû faire le
deuil de certaines professions au regard
des restrictions imposées par son
handicap : « je l’ai choisie, mais parce
qu’il y avait le handicap, sinon je n’aurais
jamais fait cette voie-là. […] « A la base,
je visais deux métiers, c’était avocate ou
policière; Policière j’ai tiré un trait, et
pour avocate, j’étais restreinte aussi
entre le rythme, les cadences et les
années d’études, c’était compliqué ». Elle
fait son cheminement et son choix seule
avec l’appui et les conseils de ses
parents. « Si j’avais été seule, je ne sais
pas si j’aurais continué. La raison me
disait de continuer pour avoir un bagage,
er
mais après le 1 stage en entreprise en
1ère année, je n’avais plus envie de
retourner en cours, je préférais le concret
de l’entreprise ».
Les contraintes et problèmes liés au
handicap commencent à apparaître
ère
réellement en 1 et terminale. Mégane
choisit ce BTS de nouveau parce que le
métier reste compatible avec les
contraintes liées à son handicap, ne lui
déplait pas et lui permet de rester à
23
Châteaubriant dans un environnement
qu’elle maîtrise, avec des enseignants
qui la connaissent, et ce, même si les
locaux ne sont pas adaptés. « C’était que
des escaliers, c’était juste une horreur ».
Ses collègues l’aident à circuler
notamment
dans
les
escaliers.
« Actuellement, des travaux sont en
cours pour la mise en conformité »
précise Mégane. A l’époque elle préfère
cette situation que de devoir aller dans
un établissement accessible à Nantes.
« A la base je devais aller au Sacré Cœur
à Nantes où tout était adapté, et j’ai eu
la trouille de partir […] j’avais du mal à
quitter mes parents et mes amis à ce
moment-là ».
Dans le cadre de cette formation BTS,
Mégane doit faire plusieurs stages
représentant 3 mois dispersés sur 2 ans.
Elle fait ses recherches elle-même et
réalise tous ses stages dans la même
entreprise qui commercialise des
vérandas et des fenêtres. La première
année elle travaille essentiellement sur
des missions d’assistanat commercial, la
seconde année sur des missions liées à
la sécurité au travail. Au sein de
l’entreprise où Mégane fait son stage,
son caractère, son dynamisme font la
différence. C’est aussi la relation avec la
responsable
qui
joue
lors
du
recrutement : « Elle a apprécié le fait que
j’ai du caractère et que je sois souriante.
Pour la relation clients, c’est important.
C’est avec moi qu’elle a eu le meilleur
« feeling », elle me l’a dit après, et ça a
fait la différence parce qu’on était trois ;
Elle a évoqué mon handicap et comme
Les étapes
majeures du
parcours de
Mégane



Une scolarité en
milieu ordinaire
Un Bac STG puis
un BTS
PME/PMI
Des stages en
entreprise
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – Septembre 2014
elle voyait que ça ne me gênait pas d’en
parler, c’est moi qui ai eu le poste ».
Elle ne souhaite pas faire de licence car
les expériences en entreprise lui ont bien
plu et elle en a « marre » de la partie
théorique.
Pendant cette période de BTS, Mégane
loge
seule
en
appartement
à
Châteaubriant. Aujourd’hui elle est
revenue sur Derval et vit toujours en
autonomie en appartement.
Il n’y a pas eu de réelle rupture dans le
parcours d’insertion professionnelle de
Mégane selon ses dires, si ce n’est
depuis qu’elle a terminé ses études.
Dès l’obtention de son BTS, elle se met
en quête d’un emploi seule dans un
premier temps en allant sur internet. Ne
trouvant rien, elle s’inscrit ensuite à Pôle
Emploi à compter de septembre 2013 ;
« ça n’a pas changé grand-chose en fait,
j’étais inscrite, c’est tout. » La Mission
Locale de Derval la contacte alors pour
assurer son accompagnement dans sa
recherche d’emploi en tant qu’Assistante
administrative/secrétaire ou assistante
commerciale. Elle fait aussi des
candidatures libres. En octobre dernier
elle reçoit une proposition pour un
contrat aidé pour l’Education Nationale,
comprenant des tâches administratives
et une partie de travail auprès des
enfants. Elle décline l’offre car elle pense
pouvoir obtenir au même moment un
autre poste plus intéressant d’assistante
administrative à temps complet qu’elle
n’obtient finalement pas. « Le contrat
aidé, c’était bien, mais l’autre poste
m’intéressait plus et au final l’autre
poste, ça ne s’est pas fait, je n’ai pas eu
de suite, et je me suis retrouvée sans
rien ».
Mégane cherche depuis 6 mois un
emploi et trouve ça trop long. « … J’ai
postulé beaucoup en candidature
spontanée, parce qu’il n’y a pas trop
d’annonces
comme
assistante
administrative dans notre secteur
géographique, et je cherche aussi dans
un périmètre restreint parce que je ne
peux pas conduire longtemps, ça
n’avantage pas non plus...». Elle exprime
qu’une trop grosse coupure entre la fin
de ses études et l’entrée en poste peut
être source de baisse de moral. « Moi
j’étais dans l’optique de trouver
idéalement sous les quatre mois […] les
24
journées sont longues quand on
recherche et qu’on ne trouve pas ».
Elle envisage depuis peu de rechercher
sur Nantes, « … ça m’a redonné le
sourire, je regarde les annonces tous les
jours ». Elle voit plus de postes sur des
durées plus longues, à partir de 28h
hebdomadaires. « Par ici, dès que c’est
pour un handicap, c’est dans les 20
heures, ce n’est pas assez et à Nantes ils
acceptent des débutants et pour des
postes beaucoup plus intéressants que
par ici […] Je ne sais pas si ça va aider,
mais pour le moral c’est mieux de voir
qu’il y a des offres plus intéressantes ».
Elle serait prête à déménager car elle
pourrait bénéficier des services de
ProxiTan pour ses déplacements.
Aujourd’hui, Mégane précise que ce qui
freine ses recherches sur Nantes, ce sont
les contraintes organisationnelles :
« Ce qui restreint aussi, c’est que Pôle
Emploi ne met pas les dates d’embauche,
mais comme moi j’envisagerais de
déménager, j’aimerais bien connaitre les
dates
d’embauche
pour
pouvoir
m’organiser».
Ce sont aussi les délais d’attente pour
l’obtention de la carte d’invalidité
délivrée par la MDPH (qu’elle estime à 4
mois environ). En effet, selon elle, sans
cette carte, Mégane ne pourra pas
bénéficier des services de ProxiTan et
aurait donc un souci de mobilité. Elle dit
préférer attendre d’avoir la carte pour
chercher du travail afin de pouvoir
déménager rapidement si un travail se
présente et pouvoir être autonome dans
ses déplacements. Elle ne l’avait pas
demandée plus tôt car elle ne savait pas
à quoi ça pouvait lui servir. Avant ses 20
ans, c’était sa maman qui s’occupait de
tout ; elle n’avait ni reconnaissance TH,
ni d’informations sur la MDPH ou
l’Agefiph. C’est par le biais d’une amie
handicapée, de ses visites au CHU ou de
son kinésithérapeute qu’elle a appris
qu’elle pouvait faire ces démarches de
demande de reconnaissance et qu’elle a
entendu parler de l’Agefiph « mais ça
reste flou pour moi ». Aujourd’hui c’est
Mégane qui s’informe petit à petit.
La Mission Locale accompagne Mégane
dans sa recherche d’emploi et la
consolidation de son parcours. Mais
Mégane n’y a pas trop recours, elle dit
aimer se débrouiller seule. « Je n’aime
Des facteurs
de rupture






La non
accessibilité des
locaux
Une mobilité
réduite
Des freins
organisationnels
à dépasser
Une vision
idéalisée de son
employabilité en
matière de
compétences
Une faible
connaissance et
une
appréhension
du milieu de
l’entreprise
Le manque
d’expérience
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – Septembre 2014
pas trop qu’on soit derrière moi, qu’on
me surveille, je suis autonome dans mes
recherches ».
La conseillère qui l’accompagne lui
propose d’envisager de faire une
formation en attendant afin de renforcer
ses compétences en comptabilité et
développer son employabilité sur son
secteur géographique. Mais vu qu’elle
envisage de postuler sur Nantes, les
postes étant moins polyvalents qu’en
milieu rural, Mégane s’interroge sur la
pertinence de faire cette formation.
« Sur Nantes, ils recherchent beaucoup
moins l’aspect compta pour les postes de
secrétaire, ils ne mélangent pas tout,
alors le problème ne se pose
plus vraiment et puis il y a aussi une
question de budget. Je dois voir s’il y a un
financement possible ».
Mégane dit aujourd’hui que son
expérience professionnelle est trop
faible. « A chaque fois, ils demandent un
an minimum, donc je réponds à chaque
fois mais je n’ai pas assez d’expérience,
donc je ne suis pas retenue ». Elle pense
qu’une formation en alternance aurait
été mieux adaptée et permettrait une
meilleure employabilité. Mais elle le
rappelle, à l’époque où son choix s’est
fait, « il aurait fallu partir à Nantes et je
n’étais pas prête à partir dans un
environnement nouveau. »
Mégane évoque d’autres facteurs qui
selon elle contribuent à la difficulté de
trouver un emploi comme la conjoncture
économique ou la politique handicap des
entreprises : « C’est aussi une question
de période, j’en connais plein de mon BTS
qui sont sans emploi. Il y a peut-être
aussi le problème de l’accessibilité des
entreprises, quand ils voient que je suis
handicapée en fauteuil, ils se disent que
ce n’est pas la peine ». « L’appréhension
que certains ne comprennent pas le
handicap ou qu’ils aient des à priori… ».
« Le mieux c’est de côtoyer déjà un
handicapé […] Certains sont « coincés » à
la vue d’un handicapé, ils n’osent pas
rigoler de peur que la personne
interprète mal quelque chose … ».
Jusqu’à présent Mégane mentionnait
son handicap dans ses recherches
d’emploi car de toutes façons, « j’ai un
handicap qui se voit donc rien ne sert de
le dissimuler » dit-elle. N’ayant aucune
réponse positive, elle commence à
25
envoyer des candidatures sans préciser
la nature de son handicap, « … mais ça
ne change pas grand-chose » dit-elle.
Selon elle, notifier sa RQTH n’est ni un
frein, ni un atout, ça dépend des
personnes et des entreprises, « …ça
peut-être tout l’un ou tout l’autre ».
Son inquiétude porte aussi sur
l’intégration
dans
une
nouvelle
entreprise du fait de son handicap. « En
stage ça s’était bien passé, mais c’était
une entreprise familiale, on était trois,
donc ce n’est pas pareil, et elles étaient
jeunes. Sur Nantes je ne connais pas du
tout l’esprit entreprise et ce sont plus de
grosses structures que je vise, je ne sais
pas du tout comment ça se passe ».
Parmi les facteurs facilitant l’insertion
professionnelle,
Mégane
souligne
l’importance de bénéficier du soutien de
sa famille qui l’accompagne dans ses
démarches et réflexions, l’aide dans la
recherche d’alternatives, mais lui laisse
son autonomie.
Quant à un accompagnement spécifique
du fait de son handicap, Mégane raconte
ne pas en avoir eu (hors médical)
pendant son parcours de formation, elle
n’en voyait pas la valeur ajoutée. Elle
précise : « Je suis un peu tête de mule, on
me l’a proposé mais je l’ai refusé ; Au
Lycée j’ai rencontré un médecin scolaire,
avec qui ça s’est très mal passé alors
après, j’ai dit « niet » à tout ce qu’on me
proposait, je ne voulais plus en entendre
parler.[…] En début de BTS, j’ai rencontré
une infirmière scolaire qui m’a demandé
comment faciliter ma vie au Lycée, sauf
que les travaux d’accessibilité ont
commencé à ce moment-là, il n’y avait
pas grand-chose à faire. » […] ; « Au CHU
il y a des psychologues, mais je n’ai
jamais accepté d’en rencontrer un ».
Pour Mégane elle aura réussi son
insertion professionnelle si elle trouve la
« bonne » entreprise avec une bonne
ambiance et qu’elle évolue dans un
environnement personnel rassurant.
« Entreprise, logement, transport, il faut
que tout soit réuni ».
Les autres leviers de réussites cités par
Mégane sont :
 L’adaptation des locaux, leur
accessibilité.
Des leviers
mobilisés




Un optimisme et
une
détermination
débordante
Une acceptation
affichée de son
handicap
Les
compensations
Un
environnement
familial
autonomisant
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – Septembre 2014



Un projet professionnel qui
tienne compte des contraintes
de la personne.
L’entreprise et sa politique
d’insertion des personnes
handicapées est importante.
« La
méconnaissance
du
handicap peut faire peur et
freiner
l’intégration
de
personnes handicapées dans les
équipes. Le fait de devoir
adapter un poste de travail peut
aussi
faire
peur
aux
entreprises ».
Le facteur temps et l’inactivité :
« si la recherche d’emploi est
trop longue, on peut vite avoir
des baisses de moral et se
décourager ».
26
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – Septembre 2014
Pierre – 25 ANS
Demandeur d’emploi
Handicap : auditif
Préambule
L’entretien avec Pierre s’est déroulé le 17 Mars. A sa demande, nous nous sommes rencontrés dans les locaux
de Cap Emploi, lieu au sein duquel il a ses repères. Pierre est malentendant appareillé ce qui a permis une
communication aisée. L’entretien n’a pas été enregistré.
Le parcours de Pierre
Pierre, du fait de sa surdité, a suivi une
partie de sa scolarité primaire en école
spécialisée accueillant de jeunes
déficients auditifs. Cette étape lui a
permis d’aller à son rythme en termes
d’apprentissage, de bénéficier d’un
enseignement
individualisé
et
d’apprendre la langue des signes. A
l’issue du cycle primaire, sa scolarité
suivant son cours, il intègre un collège en
milieu ordinaire. Il se retrouve alors dans
une classe de 25 personnes sans
attention particulière et se retrouve
confronté
à
un
problème
de
compréhension ; Il doit redoubler sa
ème
6 . Il intègre alors un institut spécialisé
géré par l’APAJH, La Durantière qui
propose une pédagogie individualisée.
Les petits effectifs par classe vont lui
ème
permettre d’atteindre le niveau 3 . En
2006 il intègre l’établissement Leloup
Bouhier et obtient son brevet des
collèges.
De 2006 à 2008, Pierre prépare un CAP
agent de maintenance en bâtiment et
collectivités au Lycée la Baugerie à Saint
Sébastien sur Loire. Etant dans une
classe à petit effectif, il obtient son CAP
puis réalise des missions intérimaires de
petits travaux d’électricité.
Il décide ensuite de se perfectionner et
de passer un CAP installateur sanitaire
en alternance. Son apprentissage se
passe sans encombre mais les travaux
qu’il effectue au sein de l’entreprise dans
laquelle il poursuit son apprentissage ne
27
sont pas en cohérence avec le référentiel
du CAP. Il ne l’obtient pas.
Il s’inscrit alors comme demandeur
d’emploi en septembre 2010. 2 mois
plus tard, il est embauché pour un
remplacement de 3 semaines dans une
maison de retraite pour des travaux de
maintenance. Cette mission se passe
bien.
Il doit attendre mars 2011 pour
retrouver un poste dans un chantier
d’insertion « Réagir ensemble » comme
agent polyvalent du bâtiment. Il y
restera 12 mois. Là aussi, Pierre raconte
s’être bien intégré.
Il est de nouveau sur le marché de
l’emploi en mars 2012 et accepte pour 3
mois un poste d’ouvrier de production à
la Saprena, entreprise adaptée. Le travail
de montage de rolls pour le secteur
agroalimentaire ne correspond pas
vraiment à ses compétences.
Parallèlement il continue à postuler à
divers emplois. Il est alors reçu par le
Club Med qui lui propose un poste pour
4 mois dans le club d’Avoriaz pour
assurer
l’entretien,
la
petite
maintenance et les travaux de peinture
sur le village. Pierre parle avec
enthousiasme de cette expérience.
L’équipe est jeune, il est parfaitement
intégré. A l’issue des 4 mois on lui
propose un autre contrat de 10 mois sur
le Village d’Opio dans le sud de la France.
Pierre accepte.
Aujourd’hui il est demandeur d’emploi
depuis fin octobre et trouve la période
d’inactivité un peu longue. Il passe
toutes les semaines chez Cap Emploi
pour voir les offres d’emploi. Il ne peut
postuler sur les contrats du type Emploi
Les étapes
majeures du
parcours de
Pierre





Ecole et instituts
spécialisés pour
jeunes déficients
auditifs
Collège en milieu
ordinaire
CAP agent de
maintenance en
bâtiment et
collectivités
Niveau CAP
installateur
sanitaire
Depuis 2010,
alternance
d’emplois comme
agent de
maintenance et
agent de
production en
industrie en
chantier
d’insertion, en
entreprise
adaptée ou en
milieu ordinaire
de travail.
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – Septembre 2014
d’avenir car il n’a pas encore 6 mois de
chômage. Il attend une réponse de la
part du Club Med qui aurait peut-être un
poste à lui proposer sur La Plagne
pendant la période estivale. Même s’il
n’est pas facile de quitter sa famille, son
club de sport et son environnement,
l’esprit du Club Med lui convient car le
travail correspond à ses compétences,
l’ambiance est bonne et il apprécie de
voyager et de découvrir de nouveaux
environnements.
Pierre considère qu’il n’a pas vécu de
rupture compliquée lors de son
parcours ; il espère juste que la période
de chômage qu’il traverse actuellement
ne durera pas trop.
Pierre a toujours eu un soutien de sa
famille. Il considère l’accompagnement
qu’il a reçu comme étant un facteur de
sa
réussite,
que
ce
soit
l’accompagnement familial, médicosocial ou professionnel. Il cite pour
exemple le fait d’avoir été suivi par le
même
orthophoniste
depuis
la
maternelle pendant des années, cette
personne assurant un lien entre les
différentes structures où Pierre a évolué.
Il reconnait aussi que s’il avait été
maintenu dans des classes ordinaires à
effectif supérieur à 15 personnes, il
aurait eu des difficultés à suivre. Les
aménagements
pédagogiques
et
accompagnements spécifiques dont il a
bénéficié pendant toute sa formation
ont contribué à la réussite de son
parcours. Aujourd’hui il s’appuie aussi
beaucoup sur l’accompagnement de Cap
Emploi.
Selon Pierre il faut oser expliquer son
handicap et les contraintes si on veut
que son intégration se passe bien. Il sait
que les personnes doivent lui parler
lentement et clairement pour qu’il les
comprenne, il le dit dès le départ.
A la question sur le rôle de la RQTH qu’il
a obtenue en 2006, Pierre considère que
c’est un plus de l’avoir car il est
conscient qu’il peut bénéficier de
conditions particulières du fait de sa
reconnaissance (ex : droit au CUI) et que
les entreprises peuvent avoir intérêt à
recruter une personne bénéficiant de la
RQTH.
28
Des facteurs
de rupture



Un rythme et un
environnement
de formation
inadapté à ses
capacités
Une difficulté
d’intégration en
milieu ordinaire
sous-évaluée
Une durée
d’inactivité trop
longue
Des leviers
mobilisés





Des effectifs réduits
et
l’individualisation
pédagogique
L’alternance
La mobilité
L’accompagnement
professionnel et
familial
Une bonne
connaissance des
contraintes liées à
son handicap en
milieu
professionnel
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – Septembre 2014
Pierre-Yves – 20 ANS
Demandeur d’emploi
Handicap : mental – De naissance
Préambule
La rencontre avec Pierre-Yves s’est faite au sein de l’organisme de formation CFP Presqu’île, structure dans
laquelle il a suivi sa dernière formation avec l’objectif de valider un projet professionnel. Pierre-Yves parle de
son handicap avec quelques difficultés, il dit ne pas l’accepter. Ce handicap selon lui se traduit par une lenteur
dans l’accomplissement des tâches et une compréhension parfois erronée des consignes.
Le Parcours de PierreYves
Pierre-Yves entre en 6ème au Collège de
Pont Rousseau à Rezé. Dès la classe de
5ème, il commence à effectuer des
stages courts pour découvrir des
métiers. Il fait des stages d’1 semaine
chacun dans un établissement de
toilettage pour animaux, dans une
bibliothèque puis dans une boulangeriepâtisserie.
Il fait de nouveau des stages de
découverte
en
4ème
:
en
boulangerie/pâtisserie, en médiathèque
et un mini stage d’une journée à l’école
d’imprimerie de Nantes.
Ces stages lui permettent de découvrir
des métiers, mais tous les milieux
professionnels découverts lui plaisant il
n’arrive pas à décider d’une orientation.
C’est à cette époque que la demande de
reconnaissance du handicap est faite à
l’initiative de sa famille. « Ils m’ont dit
que ça m’ouvrirait des portes ». Accepter
d’être reconnu personne handicapée a
été et reste très difficile pour PierreYves. « Jusqu’à mes années de Collège, je
ne me considérais pas comme ayant un
handicap ; Quand on l’apprend comme
ça à 16 ans, on a un peu de mal à
l’accepter… et d’ailleurs j’ai encore du
mal à l’accepter ; c’est jamais facile,
surtout quand on en est conscient ».
Aujourd’hui, il se dit résigné mais
supporte mal le regard que certains
portent sur lui. « Aujourd’hui, si je ne
l’avais pas ou si je ne savais pas que je
29
l’avais, je m’en porterais mieux je pense
». A cette époque il semble qu’il ne
bénéficie d’aucun accompagnement, «on
ne m’a jamais proposé » affirme-t-il.
Orienté en 3ème prépa-pro au lycée
Jean-Jacques Goussier, il continue à faire
des stages.
25
26
En 2010, il intègre la MGI de l’EREA
Rivière à Nantes à l’issue de laquelle il
obtient son DNB et décide de s’orienter
vers une formation qualifiante. Dans ce
cadre, il fait quelques stages d’une
semaine dans le secteur espaces verts :
fleuriste, horticulteur. Puis il réalise un
stage en espaces verts à la Mairie de
Rezé qui débouchera sur un contrat
d’apprentissage ; « C’est ça qui a
confirmé mon projet ; j’ai fait mon stage
au mois de juin, et je décrochais mon
contrat d’apprentissage en septembre. Je
n’ai pas trainé, quand j’ai vu que c’était
ce qu’il me fallait, j’ai foncé ». Il entame
un CAP de travaux paysagers au CFA
Rieffel pour deux ans. Il n’obtient pas
son CAP de peu ; Il passe avec succès les
épreuves des matières générales mais
échoue à la pratique du fait d’une trop
grande lenteur associée à un stress
important. « C’est surtout le stress je
pense, parce que l’examinatrice tournait
sans cesse autour de mon terrain, elle
était là à marcher dessus… Je n’ai pas pu
finir. C’était au niveau du rythme et du
stress que ça n’allait pas. Et je me suis
Les étapes
majeures du
parcours de
Pierre-Yves





Scolarité
primaire et
partie du
secondaire en
milieu
ordinaire
MGi en
Etablissement
adapté
Cursus CAP
travaux
paysagers en
apprentissage
Stage en EA
En recherche
d’emploi
25
MGI : Mission Générale d’Insertion ; Objectif :
permettre à tous les jeunes d’accéder une formation
qualifiante.
26
EREA : Etablissement Régional d’Enseignement
Adapté
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014
aussi bien raté aux épreuves de sport ; je
n’étais pas capable de tenir l’endurance,
c’était une épreuve éliminatoire… » ;
Pierre-Yves pense qu’il lui aurait fallu
une année de plus pour apprendre le
métier et atteindre les objectifs de
l’examen. « C’est bien trop court pour
apprendre un métier comme ça où c’est
très technique ».
Il ne souhaite pas refaire une année
entière
car
cela
implique
de
recommencer intégralement l’année en
alternance, et suivre même les matières
générales alors qu’il les a obtenues.
Il est en apprentissage à la mairie de
Rezé pendant 2 ans. A la question, ce
stage s’est–il bien passé, Pierre-Yves
répond « non » puis « enfin oui et non,
j’ai réussi à m’intégrer, ça se passait bien
en dehors des chantiers ». Il dit avoir
souffert des moqueries de ses collègues
et que son maître d’apprentissage bien
que professionnel et sympathique ne
prend pas toujours en compte les
difficultés liées à son handicap « … mais
il s’énervait souvent, il me disait que je
n’allais pas assez vite … ou il pétait les
plombs quand je laissais des trous lors
des plantations », et lui dit qu’il doit
dépasser ces difficultés. « oui,… mais
non, si je n’étais pas handicapé, je
pourrais les dépasser, c’est ce que
j’essayais de leur faire comprendre,
mais… » ; Pierre–Yves ne garde pas un
excellent souvenir de cette période,
ayant par moments eu envie de lâcher
du fait de l’ambiance et des remarques.
En fin de contrat en août 2014, PierreYves raconte qu’il a envisagé de repasser
son CAP en continu au Grand Blottereau,
mais sa candidature n’est alors pas
retenue. «Je devais le faire d’ailleurs au
Grand Blottereau, sauf qu’ils ne m’ont
jamais renvoyé le dossier ; Pendant
l’entretien que j’ai eu avec le directeur,
ça s’est très mal passé, parce qu’en fait,
… on va dire que ce n’est pas forcément
quelqu’un de très aimable ; Et du coup
ça ne s’est pas fait. »
Parallèlement, sa famille l’a inscrit à Pôle
emploi sans l’en informer. Sur le coup, il
le prend mal. Il est orienté vers Cap
Emploi qui lui propose de faire une
formation spécifique pour valider son
projet professionnel. « Ils m’avaient
inscrit à Pôle emploi sans m’en parler,
comme si je n’étais pas concerné ; ce
30
n’est pas la première fois qu’ils me font
des trucs comme ça. Ça m’énerve, c’est
moi que ça regarde en premier lieu, donc
sur le coup je l’ai mal vécu, mais
finalement comme je n’ai pas été pris au
Grand Blottereau, il ne me restait qu’à
chercher du travail. »
De décembre 2013 à février 2014, il suit
une formation avec le CFP Presqu’île
pour valider un projet professionnel. Il
s’y trouve bien, sans « préjugés » de la
part des autres. « Franchement, ça a été
la meilleure période, je n’aurais pas pu
rêver plus bénéfique » raconte PierreYves en riant. C’est dans ce cadre qu’il
fait un stage de 3 semaines dans une
entreprise adaptée, la Saprena, dans
laquelle il a le sentiment d’avoir trouvé
sa place : le travail en lui-même est le
même que lors de son contrat précédent
mais l’ambiance est très bonne. Il ne
reçoit aucune remarque négative de qui
que ce soit, on l’accepte tel qu’il est. «
C’est là que j’ai senti la différence ». De
plus chacun peut aller à son rythme.
Cette expérience permet à Pierre-Yves
de reprendre confiance en lui.
Depuis, Pierre-Yves a postulé dans cette
entreprise adaptée, espérant décrocher
un contrat de travail. Toutefois, la
période hivernale pendant laquelle
Pierre-Yves a effectué son stage ne lui a
pas permis de démontrer toutes ses
compétences. L’entreprise souhaiterait
que Pierre-Yves puisse faire un autre
stage peut-être plus long sur la période
du printemps afin de valider ses
compétences. « Eux ils sont prêts à me
prendre en contrat, seulement ils m’ont
dit que le stage de trois semaines c’est
trop court, qu’il faudrait refaire un stage
de trois semaines ». Pierre-Yves n’exclut
pas la possibilité d’un contrat de
professionnalisation.
Il a conscience des exigences d’une
entreprise ordinaire envers des salariés :
avoir de l’expérience, être titulaire d’un
diplôme le plus souvent, être productif
et respecter un certain rythme, faire
preuve de savoir-être et connaître et
respecter les règles de sécurité. A ce jour
il n’envisage plus de travailler dans une
entreprise en milieu ordinaire non
adaptée. « Ce n’est pas tant le travail qui
est gênant puisque c’est le même, c’est
juste le regard qu’on porte sur nous ».
Des facteurs
de rupture





Une vision
idéalisée de ses
capacités au
départ.
L’image que lui
renvoie le
regard des
autres, dont la
famille.
Ses propres
représentations
du handicap.
Le travail en
équipe, la
dimension
relationnelle
dans le travail.
La faible
mobilité
géographique.
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014
« … Parce c’est vrai qu’à la mairie, je
commençais à y aller à reculons, j’avais
peur […]. J’avais même envisagé
d’abandonner l’apprentissage. Je n'ai pas
démissionné car, si désagréables et
blessantes qu’aient pu être les
remarques reçues je me suis dit que je
n'avais pas le droit d'abandonner, mais
qu’il fallait que je me batte pour réussir.
De plus, mis à part le fait que ma période
d'essai était terminée depuis longtemps
et que je n'avais pas la possibilité de
quitter l'entreprise du jour au lendemain,
le fait de démissionner voulait dire pour
moi choisir la facilité, fuir les problèmes
au lieu de les affronter et... donner dans
ce cas raison aux personnes qui me
critiquaient, il en était évidemment hors
de question ».
Pierre-Yves dit n’avoir jamais reçu
d’accompagnement spécifique pendant
son parcours d’insertion, ni au collège ni
au CFA. Il déclare n’avoir jamais
rencontré de référent handicap mais ça
ne semble pas lui poser de problème. En
revanche il a bénéficié de soutien
scolaire et rencontré la médecine du
travail dans le cadre de son contrat
d’apprentissage.
Un soutien familial lui parait important
s’il est positif. « Je pense que si ma bellemère n’avait pas fait la démarche de
demander
la
reconnaissance
de
travailleur handicapé, bien que je
n’accepte pas mon handicap, je ne sais
pas où je serais aujourd’hui, vu que ma
mère n’avait rien fait. La famille ça
compte ! ».
Concernant la RQTH, Pierre-Yves est
partagé ; d’un côté c’est positif de l’avoir
car ça ouvre des droits, d’un autre côté
ça lui rappelle qu’il est en situation de
handicap et ça rend visible son handicap
aux yeux des autres. « Quand dans ma
famille, on me présente comme un jeune
handicapé, je n’ai qu’une envie, c’est de
disparaître. Les autres ils n’ont pas
besoin de savoir, c’est moi que ça
regarde. »
En matière de recherche d’emploi,
Pierre-Yves est aujourd’hui accompagné
par Cap Emploi. Il sait qu’il peut obtenir
des informations auprès de cette
structure en cas de besoin. Il rencontre
son conseiller chaque semaine. « Je
précise toujours sur mes lettres de
motivation ou pendant l’entretien que
31
j’ai une reconnaissance quand je cherche
du travail car ça a tendance à faire peur
aux entreprises, donc mieux vaut préciser
tout de suite ; En plus ils peuvent obtenir
des aides ».
Aujourd’hui, Pierre-Yves n’a pas le
permis de conduire et au-delà du
financement, il ne pense pas pouvoir
obtenir la conduite du fait de ses soucis
de lenteur et de réflexes. La conduite
d’un deux roues lui apparait aussi très
dangereuse. Il n’envisage donc pas de
postuler à un emploi qui soit trop loin de
son domicile familial à Pont St Martin.
Bien qu’il revendique une certaine
autonomie, il dit ne pas avoir envisagé
encore de s’installer seul si un emploi se
présente ailleurs que sur sa zone
géographique.
Pour
Pierre-Yves,
une
insertion
professionnelle réussie, c’est un projet
validé, un métier qui lui convienne avec
un rythme adapté et dans lequel il
s’épanouisse. « … C’est ce que je dis à
ceux qui se plaignent au travail ; Si t’y
vas à reculons, à quoi ça sert de
rester ?». Pierre-Yves considère la
question du salaire en 2nde position.
Pour le moment, Pierre-Yves dit vivre
plutôt bien la période de « creux » qu’il
traverse. Il a pris la décision de
privilégier les recherches en entreprise
adaptée et est en attente d’une réponse
de la Saprena. « L’avantage c’est qu’eux,
ils demandent un niveau mais pas
forcément de diplôme ».
Des leviers
mobilisés




La définition
d’un projet
professionnel
cohérent
La découverte
des métiers et
l’alternance
Le choix d’un
milieu
professionnel
adapté aux
capacités
L’entourage
familial
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014
Sébastien – 28 ANS
En contrat d’avenir pour la Mairie de La Montagne
Handicap : mental
Préambule
A la demande de Sébastien, l’entretien s’est déroulé le 11 avril dans les locaux de Cap Emploi à Nantes. Son
handicap se traduit par une lenteur de rythme et de compréhension. Sébastien est un jeune homme très
discret et peu loquace ; malgré tout il a accepté de venir raconter son parcours et pour ce faire, il est venu sur
un jour de congé.
Le parcours de
Sébastien
ème
27
Sébastien a suivi une 4
SEGPA à
Dijon, année pendant laquelle des
heures sont dédiées à l’élaboration d’un
projet personnel et professionnel.
Sébastien souhaitait faire de la
plomberie. Il envisage de passer un CAP
Plomberie en alternance avec un CFA. Il
réalise alors 2 mois d’essais dans une
entreprise de plomberie. « Mais ça n’a
pas fonctionné, il y avait trop de choses à
intégrer ».
A l’issue de cette expérience non
aboutie, en 2004 Sébastien intègre un
dispositif d’orientation professionnelle
proposé par le CESAM, centre de
formation dijonnais. Ce dispositif
propose une remise à niveau et une
construction de projet. Dans ce cadre,
Sébastien visite différents CFA et assiste
à des ateliers pour découvrir différents
métiers. Il découvre alors le monde de
l’horticulture et après une préqualification de 6 mois au CFA Olivier de
Serres de Dijon, il intègre un chantier
d’insertion « les jardins du cœur »
comme maraîcher.
Etant venu rendre visite à des amis
installés en Vendée, Sébastien décide de
poser ses valises à Nantes. Il est alors
accompagné par la Mission Locale. Il
trouve en 2005 et pour 2 ans un contrat
d’insertion comme Agent Forestier au
27
Section d'Enseignement Général Préprofessionnel Adapté
32
CFE Rieffel à Saint Herblain. « J’étais
bûcheron et j’entretenais les espaces
verts, ça me convenait ».
Dès la fin de son contrat en septembre
2007, la Mission Locale lui propose de
suivre une formation avec le CFP
Presqu’île. Au cours de ces 6 mois dédiés
à
la
construction
d’un
projet
professionnel et à la remise à niveau, il
rencontre une entreprise de ménage
industriel ; « ils sont venus présenter
leurs métiers, il y avait des postes, j’ai
essayé et j’ai été pris ». Il devient alors
agent d’entretien en CDI dès sa sortie de
formation en mai 2008. Son travail
consiste à faire le ménage dans un
cinéma. « Je travaillais de nuit et je
n’avais qu’un jour de congés par semaine
et pour un petit salaire, alors comme en
plus le travail n’était pas très intéressant,
j’ai fini par me lasser ». Après 2 ans, une
rupture conventionnelle est signée et
Sébastien recherche un autre emploi.
Cap Emploi qui le suit alors, lui propose
de suivre une formation qualifiante et
Sébastien décide de tenter un CAP
travaux paysagers au CFA Rieffel à Saint
Herblain. Il est embauché comme
apprenti à la Saprena, entreprise
adaptée à Bouaye. A l’issue de ces 2
années, il rate de peu son CAP et refait
une année avec la Mairie de SaintSébastien pour employeur. « J’ai eu de la
chance, je suis tombé sur les pavages au
tirage au sort, j’avais déjà fait alors j’ai
eu mon CAP ».
Etant au chômage, il accepte des
missions intérimaires en attendant de
trouver un emploi dans son secteur
d’activité. Il est alors pris en contrat
Les étapes
majeures du
parcours de
Sébastien









Primaire en
milieu ordinaire
4ème SEGPA
Cursus de CAP
Plomberie stoppé
au bout de 2 mois.
Dispositifs
d’orientation
professionnelle et
pre-qualification
Chantier
d’insertion :
maraîchage
Contrat Agent
Forestier
Contrat Agent
d’entretien
CAP Travaux
Paysagers en
apprentissage
Agent d’entretien
des espaces verts
en contrat
d’avenir
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014
d’avenir à la mairie de la Montagne
comme agent d’entretien des espaces
verts.
Cette option lui convient bien. Il a les
compétences requises, le rythme est
adapté, et les horaires lui permettent de
concilier vie professionnelle et vie
sportive.
Sébastien
pratique
intensivement la course à pied et le
cross-country (médaille de bronze au
championnat national) et vise les JO
paralympiques. Il est licencié à la
Fédération Française de sport adapté et
à la Fédération Française d’athlétisme.
Quand on lui demande ce qui lui a posé
le plus de problème dans son parcours
d’insertion professionnelle Sébastien
avance deux points :
 Des entretiens d’embauche pendant
lesquels tout ne lui paraissait pas
clair, il ne comprenait pas ce qu’on
lui demandait ou disait et il
n’obtenait pas le poste car il ne
savait pas quoi répondre.
 Le manque de mobilité : il n’a pas le
permis, ça le limite dans les
recherches d’emploi.
Concernant ceux qui ont selon lui
contribué à faciliter son parcours,
Sébastien évoque :
 Le suivi mensuel à la mairie de St
Sébastien
par
les
services
d’accompagnement des apprentis.
 Le service d’accompagnement à la
vie sociale (AVS) dont a bénéficié
Sébastien par l’association ETAPE ; il
y a reçu un appui pour trouver et
gérer son logement, des conseils,
des temps d’échanges. Il rencontre
un intervenant de l’association tous
les 15 jours. « Gérer tout tout seul,
je ne le sentais pas» dit-il.
Quant à la reconnaissance il la voit
comme un atout et un facilitateur pour
la recherche d’emploi ; « sans la RQTH,
je n’aurais pas pu bénéficier d’un contrat
d’avenir car j’ai plus de 26 ans ».
33
Des facteurs
de rupture




Un projet
professionnel de
départ
irréaliste
Des difficultés
de
compréhension
Une autonomie
fragile et un
environnement
social précaire
Une mobilité
géographique
réduite
Des leviers
mobilisés





Découverte de
différents
métiers
L’apprentissage
en alternance
La conscience et
l’acceptation de
ses capacités
Le recours à des
structures
d’accompagnem
ent social et
professionnel
Le handisport
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014
Sleevie – 29 ANS
BTS comptabilité en alternance
CFA : CIFAM à Ste Luce sur Loire – Entreprise : ARMOR à Nantes
Handicap : moteur, de naissance
Préambule
La rencontre avec Sleevie s’est déroulée le 21 mars dans les locaux du CIFAM de Ste Luce. Le handicap de
Sleevie se traduit essentiellement par des difficultés de motricité ; Il se déplace en fauteuil roulant et peine à
écrire.
Le parcours de Sleevie
Sleevie suit une scolarité qu’il décrit
comme « normale entre guillemets »
jusqu’en CM2. Il est ensuite orienté vers
un centre de rééducation fonctionnelle
(Kerpape) qui permet de suivre une
scolarité adaptée en parallèle à la
rééducation. A cette époque, il est dit
que Sleevie n’ira pas plus loin au vu de
ses capacités. « Ils avaient décrété que je
ferais un bon bénévole dans une
association » raconte Sleevie. « Je n’ai
rien contre les gens qui font ça, mais si
on peut faire mieux… ». Il s’agit d’une
classe de niveau hétérogène, où chacun
évolue à son rythme. Selon Sleevie cela
s’apparentait plus à un maintien d’un
certain niveau scolaire sur le champ de la
lecture et l’écriture, mais sans passage
en classe supérieure.
A la sortie de Kerpape, il entre à la Clarté
à Redon avec l’objectif de chercher une
orientation professionnelle. Le niveau de
la classe ne lui convient pas, il s’ennuie.
Il passe sans problème le CFG (Certificat
de formation générale) et c’est alors,
que finalement on lui dit qu’il a des
capacités scolaires et qu’il serait
profitable de travailler à son projet
professionnel. Il aime l’ordinateur ; la
comptabilité est un travail assis et donc
compatible avec son handicap. Sleevie
intègre alors en 2003 l’IEM-FP La
Grillonnais à Basse-Goulaine pour une
année d’observation professionnelle
(OOPS : Observation Orientation
Professionnelle et Sociale). Dans ce
34
contexte, il fait des stages en
comptabilité, ce qui lui plait.
Cette remise en question et remise à
niveau lui demandent beaucoup de
volonté et d’efforts. « Je galère un peu »
dit-il.
L’accompagnement
est
indispensable. Au regard de son
handicap et de ses capacités, il décide de
suivre une formation en comptabilité et
suis le cursus BEP puis Bac Pro compta
au Lycée professionnel Leloup Bouhier
en section accueillant des handicapés :
rythme de formation plus long, cours
moins rapides, plus de temps pour
assimiler. Il obtient ses 2 diplômes en 5
ans et se met en quête d’un emploi. Il
fera des demandes pendant 2 ans,
période
ponctuée
de
quelques
entretiens, sans succès. Son manque
d’expérience représente alors selon lui le
plus grand frein. Parallèlement à sa
recherche d’emploi, il cherche une
formation en alternance lui permettant
d’acquérir plus d’expérience. Il prend
alors la décision de suivre une formation
afin d’obtenir un BTS et une expérience
supplémentaire. Il fait une candidature
spontanée et après une période de stage
de 3 semaines, il signe un contrat chez
ARMOR à Chantenay au service
comptabilité fournisseurs. Son plus gros
atout à l’époque ? « Ma motivation !»
dit-il.
Les clés du succès ? Les aménagements
indispensables sont mis en place tant en
matière de poste et de matériel, d’aide
humaine (une assistante de vie scolaire
prend les notes pour Sleevie), qu’en
termes d’emploi du temps de la
formation ou d’aménagement des
Les étapes
majeures du
parcours de
Sleevie




Une scolarité
primaire en
milieu ordinaire
Des instituts
spécialisés
Un BEP puis un
Bac pro
Comptabilité
Une formation
BTS
comptabilité en
alternance
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014
examens. Sleevie fera son apprentissage
en trois ans, ce qui lui permet de
prendre son temps, d’avoir un rythme
adapté et d’avoir de fait moins de
pression. « Ça a été un facteur essentiel
pour reprendre confiance ». Par ailleurs
Sleevie suit les cours de matières
générales (éco, droit, français, maths)
avec les autres apprentis, à l’exception
de l’anglais pour lequel il a un soutien
par un enseignant au CDR. Avant
d’arriver en BEP à l’âge de 19 ans il n’a
jamais fait d’Anglais.
En première année, il intégre le CFA avec
des personnes valides. « Je me suis un
peu pris mon handicap en pleine figure !
» dit-il. Ça va trop vite pour lui et il n’ose
rien dire, et les enseignants ne savent
pas comment gérer la situation. « Je
pense qu’ils n’avaient jamais eu
quelqu’un avec un handicap comme le
mien. C’était inconcevable pour eux au
départ de faire un cursus BTS sans
pouvoir prendre de notes ». Sleevie a
suivi jusqu’alors un cursus avec d’autres
personnes handicapées, il sort d’un
environnement protégé et il est surpris
par la grande différence avec un
environnement de « tous valides ». Il
essaye de compenser en travaillant plus
mais il en résulte une grande fatigue et
une perte de moral. « Un échange
approfondi en amont aurait peut-être
permis d’éviter ça, je connaissais mes
besoins ». C’est grâce à l’intervention
d’un professeur d’Anglais qui ose lui dire
qu’il ne peut pas continuer comme ça
qu’une réflexion est lancée et qu’un
accompagnement spécifique est mis en
place. La 2eme année, en concertation
avec les profs, il décide de valider en
priorité les matières professionnelles +
mémoire + oral + management. A l’issue
de sa 3ème année, il devra repasser la
comptabilité et la gestion et valider les
matières générales. En parallèle, un
avenant d’un an est signé par
l’entreprise.
Selon Sleevie les éléments qui ont
permis de relever un tel défi et ont
participé à la sécurisation de son
parcours d’insertion professionnelle sont
:
• Beaucoup de volonté, beaucoup
d’efforts : « Vu le retard que j’avais après
mon cursus de départ, je galère un peu,
mais j’arrive quand même à m’en sortir
35
avec beaucoup de volonté et d’efforts,
j’espère que je vais avoir l’examen final,
comme ça j’irai les voir et je leur
montrerai là où je suis arrivé ».
• « Croire à ce que m’avait dit mon
professeur à la Clarté : que j’étais
capable de suivre une formation. Si elle
l’a dit, c’est qu’elle y croyait. Elle avait
l’habitude des jeunes en situation de
handicap ». « Dès que j’ai eu des notes
correctes qui confirmaient ce qu’elle
avait dit au départ, j’y ai cru et je me suis
accroché et j’ai réussi à devenir ce que je
suis aujourd’hui. J’ai repris confiance. »
• L’accompagnement spécifique et le
soutien en centre de formation. « Avoir
des « tuyaux » par les organismes de
formation pour trouver des stages ».
• La prise en compte par les organismes
de formation des contraintes liées aux
difficultés propres à chaque individu et à
son handicap, et leur capacité à adapter
les moyens mis à disposition.
• L’expérience professionnelle : «
L’alternance, ça m’a permis d’acquérir de
vraies compétences professionnelles et
de mieux connaitre mes limites et mes
capacités. C’est plus dur qu’une
formation classique car on a les mêmes
cours plus le travail, mais c’est plus
formateur ». La présence d’un maître
d’apprentissage est essentielle. Il est
important d’être soutenu sans pour
autant être trop assisté, « on est capable
de se débrouiller ».
• La compréhension et l’acceptation par
l’entreprise des contraintes liées au
handicap
de
Sleevie
et
d’une
productivité inférieure à l’attendu en
temps normal que Sleevie compense par
une qualité de travail. « Bien faire mon
travail du premier coup permet de
compenser ma lenteur ». En outre
l’entreprise déploie des moyens pour
permettre à Sleevie de bénéficier des
mêmes services que ses collègues. Par
exemple, après une période pendant
laquelle ses collègues se relaient pour lui
apporter son déjeuner, ses repas lui sont
aujourd’hui livrés car le restaurant
d’entreprise n’est pas accessible pour
Sleevie. L’entreprise prend à sa charge le
surcoût du repas. Une salle conviviale de
pause avec microondes que chacun peut
utiliser est créée. Du coup, ça profite
aussi aux autres salariés. « Même s’il y a
eu des couacs et un temps d’adaptation,
Des facteurs
de rupture




Les
représentations
Un rythme trop
rapide
Un décalage mal
évalué entre
milieu protégé
et milieu
ordinaire
Le manque
d’expérience
opérationnelle
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014
comme je voyais que l’entreprise faisait
des efforts et que c’était nouveau pour
tout le monde, ça ne m’a pas posé de
problème. »
• La mobilité est essentielle aussi.
Sleevie est autonome dans son quotidien
mais ne peut conduire. Il utilise les
services de Proxitan ou le bus. Au-delà
de la formation, le choix de s’installer à
Nantes est motivé par la question de la
mobilité. « Nantes est une ville très
accessible pour les personnes à mobilité
réduite (ce n’est pas le cas partout), ce
qui me permet de me sentir autonome et
de le rester dans mes déplacements ».
• Pendant une période de transition et
de
doute,
une
formation
complémentaire pour dynamiser sa
recherche
d’emploi
lui
redonne
confiance et le remotive. Les échanges
avec les autres stagiaires sont alors
précieux car ça lui permet d’accepter la
situation et de voir qu’il y a toujours pire
que soi. « Sans cette formation, je ne sais
pas si j’aurais décroché mon contrat en
alternance ».
• Un aménagement des examens en
temps et en aide humaine. Sleevie
bénéficie d’une assistante de vie scolaire
qui écrit pour lui. C’est un gain de temps
et ça lui permet de se concentrer sur les
questions posées. « Moi je suis le
cerveau et elle la main » dit-il en
plaisantant.
A la question sur la RQTH et son impact,
Sleevie répond : « La RQTH, ça me
permet de travailler, c’est administratif ;
Ça me dépasse un peu. »
Il souligne que lors de ses recherches
d’emploi il a noté que les entreprises
font de plus en plus d’efforts pour
faciliter l’accueil de personnes en
situation de handicap. Il existe de
nombreux forums dédiés qui permettent
aux candidats et aux entreprises de se
rencontrer.
Il a également relevé que certaines
entreprises sont peu informées de leurs
droits et obligations en matière de
recrutement de personnes handicapées.
Des leviers
mobilisés


Le facteur temps




L’alternance

L’individualisation
des apprentissages
Les compensations
La mobilité
La mobilisation de
l’équipe
Des efforts
partagés
En revanche au cours de son parcours
Sleevie rencontre quelques freins qui
auraient pu être source de rupture sans
sa volonté et l’accompagnement dont il
bénéficie :
• Le manque d’une expérience
significative.
• La perte de confiance quand on
cherche du travail pendant 2 ans.
• La fatigabilité mais il est tellement
content de travailler qu’il surmonte cette
difficulté. Il travaille 35h par semaine et
organise ses soins de kiné et ses activités
sportives (rugby fauteuil) en fonction de
son travail.
• Le rythme quand il n’est pas adapté en
formation.
• L’intégration totale avec les valides
après des années en milieu adapté.
36
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014
Steeve – 26 ANS
CDI opérateur en EA
Handicap exprimé : auditif
Préambule
Steeve a souhaité que l’entretien se déroule à son domicile en dehors de ses heures de travail. Il annonce son
handicap comme résultant de crises d’épilepsie dans son enfance et ayant pour conséquence une déficience
auditive et une lenteur excessive. Il dit aussi avoir des problèmes de dos.
Le parcours de Steeve
Après une scolarité en milieu ordinaire
sans accompagnement spécifique et sans
que personne ne remarque son déficit
ème
auditif, Steeve est orienté vers une 3
SEGPA dans un EREA afin de bénéficier
d’un enseignement adapté.
A 16 ans, comme il aime beaucoup la
cuisine, il choisit de suivre une formation
afin d’obtenir un CAP restauration. Il
intègre l’établissement Daniel Brottier
(Apprentis d’Auteuil) qui propose ce
CAP et dispose d’un internat éducatif et
scolaire (IES) dans lequel Steeve est
hébergé en semi-autonomie et bénéficie
d’un accompagnement individualisé avec
un éducateur référent. Il commence par
la cuisine puis évolue vers le métier de
serveur. La première année se déroule
bien. En deuxième année, Steeve
raconte : « l’organisation proposée sur
mon lieu de stage était incohérente,
c’était incompatible avec les horaires de
cours, ça s’est mal passé ; J’étais
démotivé et j’ai renoncé. » Il termine son
cursus à 18 ans sans passer son CAP. A
cette époque, Steeve est suivi par l’ASE.
Il reprend alors une formation en
restauration au CEFRES avec objectif
d’obtenir son CAP. « Mis à part un mois
d’absence, ça se passait bien ». Lors des
stages en entreprise, on reproche à
Steeve ses problèmes de lenteur. Il passe
son CAP mais ne l’obtient pas de peu de
points.
Steeve reste alors un an sans savoir quoi
faire.
37
Il enchaîne des petits contrats de
déménageur avec l’association Partage
44, puis décroche en 2012 un travail
saisonnier en restauration. « Mais je
n’avais pas confiance en moi et le rythme
était trop dur, ça ne s’est pas bien
passé ».
Fin 2012 il est orienté par la mission
locale vers une action d’orientation avec
l’organisme Motiv’action. Pendant 9
mois il travaille son projet professionnel.
Steeve raconte que ce temps de
formation lui a appris beaucoup sur lui. Il
avait perdu pied et ce travail lui a permis
de redresser la barre. « Au début j’étais
très méfiant ; le temps d’adaptation au
groupe a été long, ils ont été
patients mais j’ai repris confiance».
Au cours de ces 9 mois, il travaille les
matières générales, le savoir-être, la
confiance en soi et la découverte de
métiers. Steeve raconte que ce qui l’a le
plus aidé à reprendre confiance ce sont
les discours des formateurs des ateliers
annexes sur lesquels s’appuie la
formation : la photographie, l’ULM, la
charpente marine.
Il réalise aussi des stages en entreprise
adaptée
(EA)
dans
différents
environnements :
 Un stage en entreprise adaptée
dans le secteur des espaces
verts/pépinière. Ce stage n’est
pas concluant ; Le travail n’est
pas adapté, le rythme est trop
rapide, les plantes sont à même
le sol, le bilan de stage se fait
sans Steeve.
Les étapes
majeures du
parcours de
Steeve






Primaire et
collège en milieu
ordinaire
3ème SEGPA
Cursus CAP
Restauration
stoppé en 2ème
année
Alternance de
chômage et de
travaux
saisonniers
Action
d’orientation
spécifique TH
Stage puis emploi
en EA
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014

Un stage en production, chez un
prestataire
de
l’EA
ASI
Production, où son travail
consiste à monter des siphons.
Après 2 CDD, il vient de
décrocher un CDI avec ASI
Production. « Ce n’est pas ce
dont je rêve mais ça me permet
de gagner un peu d’argent ».
Ce dont Steeve dit avoir le plus souffert,
« c’est le mépris des autres, depuis tout
petit. Et l’indifférence. Je voyais bien que
quelque chose n’allait pas, j’aurais aimé
qu’on réponde à mes appels au
secours ».
Il est assez critique envers la Mission
Locale. « Ce sont eux qui m’ont proposé
de faire une démarche pour obtenir un
RQTH. Mais moi, je ne sens pas
handicapé, je suis plus lent, c’est tout. La
RQTH, à par le boulot par l’entreprise
adaptée, ça ne m’apporte rien. Je n’en
voulais pas ». Steeve a l’impression
qu’avoir une RQTH, ça exacerbe le
handicap.
Aujourd’hui, Steeve complète son
activité par de la vente de produits de
beauté et bien-être à domicile. « Avec
mon père et ma sœur, on fait des portes
ouvertes. La vente, je n’en vis pas encore
mais je m’éclate ». Il aimerait un jour
être son propre patron en restauration.
Des facteurs
de rupture




Un rythme et un
environnement
de travail
inadapté à ses
capacités
Une forme de
déni du handicap
Une idéalisation
de ses capacités
et une
incompréhension
des exigences
d’une entreprise
Un
environnement
social fragile
Des leviers
mobilisés



38
Un
accompagnement
individualisé
Le temps
L’entreprise
adaptée
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014
3. Des récits de parcours qui viennent conforter l’étude
documentaire
L’analyse des récits de pacours d’insertion professionnelle des jeunes rencontrés doit permettre de
voir en quoi les causes de ruptures, les freins à l’insertion professionnelle et les leviers rejoignent ou
non les constats identifiés lors de l’étude documentaire.
Rappel des principaux facteurs de ruptures à l’issue de l’étude documentaire :
Facteurs de rupture selon étude documentaire
Un niveau de qualification insuffisant
Une non adéquation entre le niveau et les compétences des jeunes, et les attentes des
entreprises
Un manque d’information
Une méconnaissance ou connaissance insuffisante du handicap par certains acteurs
Une méconnaissance ou vision erronée du monde du travail par les jeunes
Le déni partiel ou total du handicap par les jeunes et/ou les familles
Un défaut de coordination et de concertation entre les acteurs des différentes étapes des
parcours
Parmi les facteurs de ruptures identifiés lors des entretiens avec les jeunes, certains sont communs à
ceux relevés dans le cadre de l’étude documentaire et viennent donc corroborer les observations
faites au niveau national.
Rapprochons-les :
39
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014
Etude
documentaire
Un niveau de qualification
insuffisant
Jeunes
Plus qu’un niveau de qualification insuffisant, ce qui ressort des
entretiens, c’est la difficulté à atteindre une qualification selon le
type de handicap de chaque jeune. Tous ont tenté ou envisagent de
se qualifier, mais les facteurs temps et accompagnement restent
essentiels dans l’atteinte de tels objectifs. Un point fréquemment
relevé est l’impact que peuvent avoir un rythme et un
environnement de formation inadaptés aux capacités du jeune.
Par ailleurs, le « diplôme » reste « la » référence pour ces jeunes ;
certains se sentent obligés de justifier le pourquoi d’un échec à
l’examen, toujours de « très peu de points ». La notion de
compétences professionnelles quand elle a été évoquée, ne semblait
pas revêtir la même valeur pour eux que celle du diplôme.
Une non adéquation entre
le niveau et les
compétences des jeunes, et
les attentes des entreprises
Ce décalage est évoqué dans plusieurs récits : il s’agit soit d’une
inadéquation entre les travaux réalisés pendant les périodes en
entreprise et le référentiel CAP, soit de formations pendant lesquelles
l’expérience en entreprise fait défaut ou est trop faible selon eux
pour être un atout à l’heure de trouver un emploi. Certains évoquent
leur regret de ne pas avoir opté pour un dispositif en alternance ;
d’autres ont fait ce choix via l’apprentissage, même tardivement,
conscients qu’acquérir et pouvoir valoriser des compétences et une
expérience serait un plus à l’heure de trouver un emploi.
Un manque d’information
Ce sujet est peu évoqué par les jeunes, et jamais sous un angle
négatif ; A cette question, la plupart disent s’être appuyés sur leur
entourage familial ou leurs accompagnateurs qui ont souvent été les
relais d’information. Ils semblent savoir à qui s’adresser en cas de
besoin.
Une méconnaissance ou
connaissance insuffisante
du handicap par certains
acteurs
Lorsque ce facteur est évoqué par les jeunes interrogés comme ayant
été un frein voire une cause potentielle de rupture, il vise
essentiellement des enseignants du milieu ordinaire ou des
entreprises : des enseignants ou formateurs ne sachant comment
réagir face aux difficultés des jeunes ou n’en prenant pas la juste
mesure ; des collègues ne tenant pas compte des difficultés ou s’en
amusant, des taux de rendement demandés non compatibles avec les
capacités.
C’est le regard que portent ces jeunes sur leur vécu.
Une méconnaissance ou
une vision erronée du
40
Parmi les jeunes interrogés, plusieurs ont un regard sévère à l’égard
des entreprises. Il ressort de leurs propos que certains ne sont pas
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014
monde du travail par les
jeunes
conscients des enjeux économiques d’une entreprise ni qu’à un
poste doivent correspondre des compétences. En outre, certains
jeunes ont une vision idéalisée de leur employabilité en matière de
compétences. C’est souvent en lien direct avec le niveau
d’acceptation et de conscience du handicap qu’ils ont.
Le déni partiel ou total du
handicap
C’est une réalité plus ou moins exprimée par les personnes ellesmêmes. Il y a ceux pour qui le statut handicapé a été ou reste difficile
à accepter car il s’agit d’un handicap reconnu au cours de leur
parcours. Puis il y a ceux qui sont dans le déni des contraintes liées à
ce handicap et qui de fait construisent un projet professionnel non
adapté et qui tôt ou tard génère déception et frustration. Ils sont
confrontés au regard des autres mais aussi à leurs propres
représentations.
Un défaut de coordination
et de concertation entre les
acteurs des différentes
étapes des parcours
Nous l’avons lu, plusieurs jeunes racontent avoir mal vécu le passage
en milieu ordinaire, car mal préparés, ou idéalisant la situation. Il est
rarement précisé que cela est dû à un manque de coordination entre
les acteurs, mais la question se pose de savoir pourquoi ces
transitions se passent souvent mal. Certains ont la capacité d’analyser
qu’une meilleure concertation aurait pu éviter des situations
problématiques.
Trois points de vigilance complémentaires soulevés par les jeunes méritent d’être rappelés et
considérés dans cette étude de par leur caractère récurrent et impactant :
Autres causes de ruptures évoquées par les jeunes
Le manque de mobilité : on entend par là, la mobilité géographique qui peut s’avérer
complexe pour des raisons logistiques, mais aussi la capacité ou non de mobiliser la
mobilité.
Une période d’inactivité trop longue entre deux étapes : cela apparaît comme étant un
facteur important de fragilisation du parcours qui génère perte de confiance,
démobilisation, dévalorisation.
Les problématiques périphériques : environnement social, logement, …
41
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014
Rappel des principaux leviers et préconisations identifiées à l’issue de l’étude
documentaire :
Leviers selon étude documentaire
Diffuser une information adaptée
Assurer un accompagnement multidimensionnel visant à la construction d’un projet
professionnel cohérent:
•
•
•
•
•
•
Travail sur l’acceptation du handicap
Relever le niveau de qualification
Accompagner dans toutes les étapes du parcours
Améliorer la connaissance de l’entreprise et des métiers
Développer des outils communs de lisibilité du parcours
Accompagner les formateurs en les formant
Décloisonner et coordonner les actions
Et du point de vue des jeunes ?
Les jeunes ont facilement raconté leur parcours et identifié des freins et des facteurs de ruptures. En
revanche, il leur est plus compliqué d’analyser quels leviers ils ont actionnés pour dépasser les
difficultés rencontrées, ou encore quelles actions ou quels facteurs auraient pu améliorer et/ou
sécuriser leur parcours plus tôt.
Nous avons donc fait une lecture des leviers actionnés à travers leurs récits :
Etude documentaire
Diffuser une information
adaptée
Jeunes
Les acteurs les plus cités en matière de source d’information
sollicitée par les jeunes interrogés sont la famille et encore plus
souvent les prescripteurs et les relais d’accompagnement :
Mission Locale, Cap emploi, Handisup, le référent handicap du
centre de formation… C’est clairement vers ces interlocuteurs
que les jeunes se tournent et en qui ils ont confiance en matière
d’information.
La MDPH n’est pas un lieu d’information identifié en tant que
tel. Elle est considérée comme l’organisme qui attribue les
reconnaissances et autres autorisations administratives.
Par ailleurs, à la lecture des récits, nous pouvons cerner
42
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014
l’importance, quand ils existent, de l’information et de
l’accompagnement apportés aux entreprises accueillant de
jeunes apprentis, pouvant permettre à celles-ci de mettre en
place les compensations adaptées et de sensibiliser les équipes
au handicap et ses conséquences afin de les mobiliser et de
favoriser ainsi l’intégration du jeune handicapé.
A la lecture des différents récits, l’accompagnement aux
différentes étapes du parcours apparaît effectivement comme
un élément déterminant de la construction et de la sécurisation
des parcours d’insertion professionnelle de ces jeunes en
situation de handicap.
Parmi les leviers identifiés, citons :
Assurer un accompagnement
multidimensionnel visant à la
construction
d’un
projet
professionnel cohérent :
• Travailler à l’acceptation du
handicap
• Relever le niveau de
qualification
• Accompagner dans toutes les
étapes du parcours
• Améliorer la connaissance de
l’entreprise et des métiers
• Accompagner les formateurs
en les formant
• L’inclusion en milieu ordinaire sous condition d’effectifs
réduits, rythme et durée souples et individualisation
pédagogique.
• Le recours à des structures d’accompagnement social et
professionnel.
• L’importance d’accompagner à l’acceptation du handicap
pour que le jeune fasse le choix d’un projet professionnel
cohérent et d’un milieu professionnel adapté à ses capacités.
• La découverte des métiers qui peut favoriser l’acceptation
des déficiences et permettre d’identifier ses aptitudes et
compétences.
• L ‘entourage familial quand il est source de soutien et
favorise l’autonomie.
• L’alternance est une modalité plébiscitée pour ce qu’elle
apporte en matière de connaissance de l’entreprise, des
métiers et des capacités nécessaires, des exigences, des
rythmes, mais aussi en termes de valorisation des
compétences.
• Bien que ce ne soit pas exprimé aussi clairement, la nécessité
de former certains acteurs de la formation et certains
prescripteurs au handicap est sous-jacente dans plusieurs
récits.
Décloisonner et coordonner les
actions
La question de la coordination a été effleurée lors de ces
échanges mais pour la majorité, les jeunes n’ont pas cette vision
Développer des outils communs globale de leur parcours qui pourrait leur permettre d’analyser
de lisibilité du parcours
cette problématique.
43
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014
Autres leviers actionnés par les jeunes
La mobilité : certains ont intégré cet élément comme facteur de réussite professionnelle.
Soit pour pouvoir être autonome dans leurs déplacements, notamment lorsqu’il s’agit de
handicap moteur, soit pour se rapprocher d’une zone d’emploi plus porteuse dans leur
métier.
Les cas d’intégration en milieu professionnel les plus aboutis font état d’une reconnaissance
du jeune envers l’entreprise qui l’ accueille, conscient qu’il a sa part d’efforts à faire pour
s’intégrer et que parler des contraintes de son handicap et de ses compétences permet
bien souvent de débloquer des situations et d’éviter des obtacles pouvant mener à la
rupture.
Parmi les jeunes rencontrés, un point frappant est pour la grande majorité leur volonté et
leur détermination à s’intégrer. La fragilité de leur parcours en est d’autant renforcée
lorsqu’ils ne sont pas pleinement conscients de leurs capacités et incapacités ; la déception
risque alors d’être encore plus forte.
4. En synthèse
Plusieurs points méritent d’être soulignés :
Malgré quelques nuances, des observations menées au niveau local qui confortent pour beaucoup
les positions prises dans les rapports et études à portée nationale.
Une mise en œuvre de dispositifs ou d’accompagnements spécifiques efficace, bien que parfois
tardive, avec pour l’essentiel des pédagogies adaptées, une adaptation des rythmes, un
accompagnement pédagogique renforcé.
Des sujets sur lesquels il semble important de se centrer pour sécuriser des parcours parfois
fragiles :
• La question de l’accompagnement à l’acceptation du handicap.
• L’anticipation et la gestion des transitions du milieu protégé au milieu ordinaire, de
l’accompagnement renforcé à l’autonomie, du milieu éducatif au milieu professionnel.
• La question de la connaissance du monde professionnel, des métiers et des capacités requises
afin de construire un projet professionnel cohérent et pérenne.
44
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014
IV.
LE REGARD DES AUTRES ACTEURS DE
L’INSERTION PROFESSIONNELLE DES
JEUNES HANDICAPES
Interroger des acteurs qui interviennent dans les parcours d’insertion professionnelle des jeunes en
situation de handicap est apparu pertinent à plusieurs titres car ces échanges devaient permettre :
• De confronter l’information collectée dans le cadre de l’étude documentaire et des
monographies au point de vue des différents interlocuteurs.
• D’identifier des bonnes pratiques et des conditions nécessaires à une intégration réussie dans le
monde du travail.
• D’évaluer les attentes éventuelles de chacun des interlocuteurs partenaires les uns vis à vis des
autres.
Pour chaque interlocuteur interrogé, les entretiens de type semi-directif menés ont été structurés à
partir de 3 principales thématiques :
• Les causes de rupture dans les parcours,
• Les leviers qui peuvent être facilitateurs ou doivent être mobilisés,
• Les actions qui pourraient être conduites localement et à titre expérimental dans une logique de
progrès.
1. Les acteurs consultés
Il s’agissait bien de recueillir des points de vue différents et non de réaliser une étude statistique à
grande échelle, d’où un panel restreint mais qui est apparu représentatif en termes de typologie
d’acteurs et de rôle dans le panorama de l’insertion professionnelle de jeunes en situation de
handicap en Loire Atlantique.
Le choix des institutions, structures, entreprises, s’est fait dans le cadre des divers comités de
pilotage qui ont jalonné l’étude. Chaque organisation contactée par courrier puis par téléphone a
ensuite désigné un représentant à rencontrer.
Les organisations qu’il nous a été donné de rencontrer ou d’entendre sont les suivantes :
Pour les réseaux et structures institutionnelles :
Organisation
CG 44 – Chef du service Personnes Handicapées
EDUCATION NATIONALE - Inspectrice ASH & Conseiller ASH - Loire Atlantique
MDPH - Référent Insertion Professionnelle
ARS - Référente ARS Personne handicapée
Conseil Régional - Direction emploi et formation professionnelle
Conseil Régional - Direction des lycées
Conseil Général - Service solidarité et accès aux droits
45
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014
Pour les structures éducatives, de formation et d’accompagnement :
Organisation
CAP EMPLOI
CFA CIFAM
HANDISUP
MISSION LOCALE Atlantique Nord – Agences de Blain et Derval
CFP PRESQU’ILE
MOTIV’ACTION
CRF CRP La Tourmaline
ULIS LP Bougainville
APAJH 44 – SAVS
ITEP La Papotière
Pour les employeurs :
Organisation
Entreprise ARMOR – Nantes
Entreprise adaptée ASI PRODUCTION – Ste Luce sur Loire
Entreprise CHARIER TP – Montoir de Bretagne
Entreprise EURIAL - Nantes
Mairie de la Montagne
Jardiland - St Herblain
Alliance Healthcare - Nantes
Pour les associations de familles :
Cette étape n’était pas prévue initialement. Il a été décidé au cours de l’étude de rencontrer des
représentants d’associations de familles de jeunes en situation de handicap. En effet, les entretiens
avec les jeunes et avec les premiers interlocuteurs de structures de formation et d’accompagnement
ont mis en exergue le poids que pouvait avoir l’environnement familial sur le parcours d’insertion de
ces jeunes. Un temps d’échange collectif a été organisé.
Trois associations ont été représentées :



ADAPEI
APAJH
UNAFAM
46
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014
2. Facteurs de ruptures et leviers à mobiliser : les
principaux constats
2.1. Du point de vue des réseaux et des structures
institutionnelles
 Des facteurs de ruptures

Un « découpage » de la prise en charge dissonant avec la notion de « parcours »
En France, la logique administrative, financière et politique est telle qu’il existe des clivages et des
rapports de force entre les différentes institutions. « On découpe la personne en tranches, on ne
prend pas assez en compte son projet de vie ». En effet, chaque structure rencontrée a une mission et
un rôle défini dans le champ du handicap et contribue à des financements précis. Chacun a des
enjeux distincts à défendre et il n’existe pas toujours de concertation entre les différentes
organisations ni même entre les différents services d’une même institution sur la question de
l’insertion professionnelle.
Cela peut rendre complexe la lecture du système d’une part et la sécurisation du parcours sur le plan
financier d’autre part.
En d’autres termes, il a été exprimé par certains un sentiment d’absence de notion de « parcours »
chez les jeunes en situation de handicap.
Pour d’autres en revanche il y a bien une intention de parcours, puisqu’ont été créé des Ulis en
Collège et des Ulis Pro.

Une évolution de la société mal évaluée :
« Il y a quelques années les trajectoires des jeunes handicapés étaient tracées : ils passaient de l’IME
à une institution pour adultes. »
Aujourd’hui, l’inclusion scolaire et sociale avec la mise en œuvre des Clis et Ulis a créé de nouveaux
besoins.
En termes d’hébergement, de plus en plus de jeunes ne souhaitent pas être en structure collective
même s’ils conviennent avoir besoin d’un accompagnement.
En matière d’orientation, de plus en plus de jeunes et leurs familles ont espoir d’évoluer ou de voir
leur enfant évoluer en milieu ordinaire. Or, cela induit d’avoir un accompagnement qui se prolonge
dans le temps et à travers les étapes du parcours.
La continuité des parcours repose souvent sur la réunion de ces conditions.

La transition secteur enfant/secteur adulte et milieu protégé/milieu ordinaire.
Une des difficultés relevée comme pouvant être source de rupture est le passage du secteur enfants
au secteur adultes. En effet mis à part les jeunes qui relèvent de l’amendement CRETON28, après
l’âge de 20 ans, les jeunes en situation de handicap passent dans le système adulte et ne peuvent
rester en établissement d’éducation spéciale du type IME, ITEP, IMpro ou INJS/INJA.
28
Amendement Creton : il s’agit d’un dispositif législatif permettant le maintien temporaire de jeunes adultes de
plus de 20 ans en établissements d’éducation spéciale dans l’attente d’une place dans un établissement pour
adulte (EA, ESAT,..).
47
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014
C’est souvent seulement en prévision de ce moment-là qu’il est décidé de l’orientation du jeune :
formation ou emploi en milieu ordinaire, ou ESAT, ou établissement spécialisé pour adulte (ex :
HEBAC, Foyer de vie, Foyer d’accueil médicalisé, Maison d’accueil spécialisé).
Une des problématiques rencontrées est le défaut de places en ESAT ou établissement d’accueil
adulte ; ce n’est pas l’objet de l’étude, mais cela peut impacter partiellement les orientations. En
effet, à défaut de places en milieu protégé, on oriente des jeunes qui semblent en avoir les capacités
en milieu ordinaire. Il existe alors un écart important en matière d’accompagnement et cela peut
rapidement se révéler un obstacle difficile à surmonter par les jeunes s’ils ne sont pas suffisamment
préparés.

Des projets professionnels pas toujours réalistes
Constat est fait que certains jeunes subissent une orientation qui n’est pas toujours en rapport avec
leurs capacités ou en lien avec la réalité du marché du travail.
A ce constat plusieurs explications sont données par les interlocuteurs :
Un écart préjudiciable entre le milieu éducatif et le milieu professionnel
Le constat est fait qu’il existe un écart important entre l’approche professionnelle du système
éducatif et la réalité du système professionnel. Selon les professionnels rencontrés, hors organismes
de formation professionnelle, c’est la conséquence d’une méconnaissance du secteur professionnel
et des métiers, d’une absence de vision stratégique des acteurs de l’orientation professionnelle (EN,
instituts médicaux-sociaux, référents scolaires MDPH) ; Ils ne savent pas toujours faire et font avec
les moyens dont ils disposent.
Le déni du handicap
Il existe chez le jeune mais aussi dans les familles. Certaines familles n’acceptent pas ou n’ont pas
conscience des capacités de leur enfant. Elle pousse le système à des orientations inadéquates.
Les jeunes qui sortent du médico-social vers le milieu ordinaire de formation ont souvent un soutien
(SESSAD, AVS, ..) qui permet l’atteinte d’objectifs (ex : CAP) si le projet est réaliste et l’approche de la
famille juste.
Mais d’autres jeunes échouent au diplôme ou iront ensuite en ESAT et non en milieu ordinaire.
La culture du diplôme
C’est culturel et un objectif en soi pour les parents et les jeunes, mais aussi pour les enseignants des
Ulis Pro, et ce, même si les jeunes n’en ont pas la capacité. Parfois au détriment du réel besoin des
entreprises.
Une question se pose aussi dans le cadre de la formation professionnelle qualifiante : si les
personnes ne sont pas prêtes à bouger, les emplois proposés sur leur territoire exigent-ils ou sont-ils
en cohérence avec les qualifications suivies ?
Ces réflexions amènent ces interlocuteurs à se poser différentes questions :
 Faut-il continuer à former des jeunes en situation de handicap à des métiers pour lesquels les
débouchés sont restreints localement, sous prétexte que ces CAPs seraient plus accessibles ?
 Faut-il à tout prix un diplôme pour travailler ? N’y a-t-il pas un autre moyen d’attester des
compétences des personnes ?
 Certaines des personnes en charge de l’orientation professionnelle ne doivent-elles pas être
formées et/ou pilotées différemment ?
48
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014

Les problèmes périphériques qui fragilisent les parcours
Les professionnels rencontrés soulignent qu’il existe de plus en plus de difficultés sociales qui
s’ajoutent à la question du handicap et qui engendrent des ruptures. La précarité du fait de soucis
financiers, à laquelle s’ajoutent parfois des troubles du comportement en nombre croissant, nuisent
à la sécurisation des parcours.
Le problème de mobilité est une réalité qui peut aussi être source de rupture. Aujourd’hui, la
formation professionnelle vient au plus près des territoires et des stagiaires, qu’il s’agisse d’actions
d’orientation ou d’actions qualifiantes ; Or les statistiques de suite de parcours ne sont pas toujours
celles attendues. Cela interroge les interlocuteurs de la formation professionnelle : Ne faut-il pas
trouver un équilibre entre lieu de formation et potentiel d’emploi vu que les personnes seront
amenées à bouger pour trouver un travail ?

Le déficit d’informations ou de leur transmission
Il est souligné un déficit d’information des jeunes sur le panorama des acteurs et une mauvaise
appréhension de l’enjeu de l’insertion professionnelle.
Est aussi posée la question de la transmission des informations d’un dispositif à un autre et de
quelles informations on donne ou on est en droit de donner. Il est précisé qu’il existe parfois des
murs infranchissables entre les différents dispositifs, par exemple entre le milieu médical de la
psychologie et le secteur social.
Un autre point de vigilance est la désinformation des familles. Quand il s’agit d’un handicap
physique, la prise de conscience est immédiate et le jeune a souvent un suivi et un parcours adapté.
C’est plus compliqué pour d’autres handicaps, notamment la déficience intellectuelle et psychique.
La MDPH reçoit des familles démunies quand les jeunes sortent du système. Ils ne savent pas vers qui
se tourner, l’accès à l’information leur est compliqué.
C’est le rôle de la MDPH d’informer, mais a-t-elle les bonnes informations ?
Quels moyens a la MDPH de déterminer les compétences d’un jeune pour mieux l’orienter quand il
n’existe aucun CV, aucune expérience professionnelle tracée ?
 Des leviers
Les institutionnels et réseaux s’accordent à dire que le levier majeur est l’accompagnement du jeune
en situation de handicap qui doit être pris dans sa globalité : logement, transport, médical,
formation, emploi... Autant de paramètres à prendre en compte dans l’accompagnement de
l’insertion professionnelle.
Ce qui implique et sous-entend la nécessité d’une meilleure coordination entre les acteurs et qu’ils
doivent s’efforcer de travailler ensemble.
Enfin, une prise de conscience collective existe autour de la nécessité de rapprocher les mondes
éducatifs et professionnels dans un souci d’amélioration et de cohérence des projets professionnels.
2.2. Du point de vue des structures éducatives, de formation et
d’accompagnement
Ces différentes organisations interviennent à diverses étapes du parcours, avec des objectifs
multiples et selon des modes distincts auprès du public de jeunes en situation de handicap.
Elles ont toutefois une mission en commun, l’accompagnement des jeunes vers l’insertion
professionnelle. Leurs représentants sont tous en contact direct avec les jeunes. Leurs constats
reposent sur des réalités vécues sur le terrain.
49
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014
 Des facteurs de rupture
Les causes de rupture peuvent être variées, chaque rupture étant une histoire. Toutefois selon nos
interlocuteurs, certains facteurs y contribuent de façon plus récurrente que d’autres :

Le déni du handicap et de ses conséquences.
Certains jeunes ne sont pas toujours conscients de leurs limites, surtout quand ils n’ont jamais
travaillé. A l’exception de ceux qui sont suivis, ou l’ont été, en institut spécialisé, d’autres jeunes
n’ont pas envie d’entendre leurs limites ni de les accepter, surtout lorsqu’il s’agit de handicap
physique ou psychique non visible. Chez les jeunes présentant des troubles de comportement, le
problème est que la personne elle-même n’a pas conscience de son handicap. C’est le regard des
autres qui lui renvoie sa situation de handicap. Cela peut générer entre autres des problèmes
relationnels.
En outre, des jeunes qui n’ont pas fait leur deuil avant, vont développer des problèmes d’identité –
c’est encore plus net chez des adolescents de 15/16 ans qui sont déjà par nature en recherche
d’identité.
En formation, s’il n’y a pas eu anticipation des besoins de la personne (compensations,..) par
ignorance du prescripteur et de l’organisme d’accueil du fait que le jeune n’ait pas informé de son
handicap et des besoins liés, ça peut engendrer de sérieux freins.
Il en est de même pour les périodes en entreprise, si rien n’a été anticipé, ça peut poser de sérieux
problèmes d’intégration, voire de sécurité. Au vu des délais entre le recrutement et l’entrée en
formation, ou si la personne est déjà en entreprise lorsque le constat est fait des besoins de
compensation, il n’y a pas toujours le temps de faire jouer les actions PPS29 ou de mettre en place les
outils adéquats.
Ce délai peut être suffisant pour que le jeune renonce.

L’usage du statut de travailleur handicapé
C’est un constat qui peut surprendre, mais certains jeunes pensent que leur statut de TH leur ouvre
toutes les portes et peut excuser tous les écarts. Cela peut créer des tensions au sein des groupes ou
des équipes, des incompréhensions et des frustrations.
De même, il arrive que certains jeunes, s’ils se sentent trop bien intégrés en entreprise au point où
tout fonctionne parfaitement et que leur statut TH devient alors totalement invisible et banalisé,
peuvent penser qu’ils ne sont plus suffisamment considérés et vont jusqu’à la démission.

Une perception erronée du monde du travail et des exigences des métiers, un projet
professionnel insuffisamment préparé
Certains jeunes handicapés, soit parce qu’ils sortent d’un environnement protégé, soit parce qu’ils
ont bénéficié d’un accompagnement sécurisant, ou encore parce que leurs enseignants ou
accompagnateurs ont eux-mêmes une connaissance insuffisante du monde de l’entreprise, sont
29
PPS : Prestation Ponctuelle Spécifique - Une expertise apportée par un spécialiste du handicap (visuel, auditif, moteur ou psychique) afin
notamment d’apprécier les incidences du handicap sur l’emploi et les actions à mettre en œuvre pour le compenser - (Source
www.Agefiph.fr).
50
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014
tellement éloignés des réalités et exigences de l’entreprise que la confrontation au monde du travail
peut conduire à une rupture.
C’est particulièrement vrai dans le cas de formations en alternance où le temps en entreprise est
important, mais aussi dans le cas de handicap psychique.
Les raisons peuvent être multiples de l’avis des professionnels :

Une méconnaissance des exigences du métier. (ex : le métier de boulanger. Si le jeune
n’est pas conscient des contraintes - métier solitaire, à contre-courant de tous en termes
de rythme…) - ça peut conduire à une rupture.

Un manque de stages en amont du contrat ; Le vécu est important pour mieux connaître
les exigences du métier choisi et les limites du jeune.

Une méconnaissance ou une perte des valeurs travail.

Un manque d’information sur le diplôme et ses exigences.

Une orientation subie.
Au quotidien en entreprise, cela peut se traduire par :

Une incapacité à suivre le rythme trop fatigant ou trop rapide.

Un désinvestissement.

Des absences, des retards.

Une mauvaise entente avec le personnel, le maître d’apprentissage ou le tuteur. Les
équipes n’ont pas toujours les bonnes attitudes ni la bonne analyse pédagogique. Ils n’ont
pas toujours non plus les bonnes informations.

Des délits (vols, violence..).

Un constat d’incompétence qui peut conduire à une perte de manque de confiance en soi
et à une démotivation pour le métier choisi.
Un autre phénomène cité peut être facteur de rupture : un examen « facilité » par compassion et qui
va générer de l’incompréhension et de la frustration chez le jeune s’il n’a pas les compétences et
capacités nécessaires soit pour continuer ses études soit pour trouver et conserver un emploi.
Le rôle des formateurs, enseignants et des structures d’accueil est bien de compenser leur handicap
autant que ce peut et non d’avantager les jeunes en situation de handicap.
Cette question du projet professionnel est en lien direct avec la réflexion à avoir sur les orientations
« spécifiques » vers lesquelles sont encore trop souvent orientés les jeunes en situation de
handicap et qui ne débouchent pas sur des emplois car le marché a changé, les métiers évoluent.

Une durée et un rythme inadaptés
Beaucoup des professionnels rencontrés s’accordent à dire que la maturité professionnelle s’acquiert
plus lentement chez les jeunes en situation de handicap.
Le temps et le rythme sont cités comme étant des facteurs essentiels à la réussite des parcours
d’insertion. C’est vrai en formation mais aussi en entreprise. Il suffit parfois d’un aménagement de
rythme et d’objectifs pour que ça fonctionne.
51
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014

Des problèmes périphériques

Un contexte familial défavorisant ; L’impact familial peut être soit un vrai atout soit au
contraire un frein à l’insertion.
Soucis de logement.
Autonomie limitée.
Santé et fatigabilité.
Soucis de mobilité.
Des addictions et déconnexions avec la réalité (jeu, drogue,..).
Des soucis personnels (financiers, affectifs…).
Un défaut d’accompagnement extérieur faute d’information et de connaissances des
possibles.
Des problèmes internes au centre de formation : certains jeunes vont s’épanouir et
s’intégrer en entreprise mais auront des difficultés en centre.









Un cloisonnement entre les structures et les réseaux
A chaque fois qu’un jeune quitte un réseau pour un autre, la question se pose de quelles
informations vont suivre ou ont suivi. Il y a un constat commun de perte de temps et d’efficacité
énorme du fait de ce déficit de communication des informations de parcours. Tout repose sur du
déclaratif. Il n’existe aucun partenaire, ni même un outil partagé qui permette la traçabilité des
parcours.
C’est aussi comme ça que des personnes multiplient les formations et les dispositifs sans pour autant
atteindre une stabilité professionnelle.
C’est un constat commun aux acteurs interrogés, ce cloisonnement est particulièrement prégnant
entre l’Education Nationale (formation initiale) et le Ministère du travail (formation professionnelle) ;
Il s’agit d’une réalité structurelle.
Cela fragilise d’autant plus les parcours des jeunes handicapés que ce public a des besoins plus
importants en matière de préparation, d’anticipation et de compensation.
Les étapes de transitions sont celles qui peuvent être de réelles causes de rupture et
particulièrement :

A la sortie des Ulis ou Ulis Pro par défaut de coordination avec les autres réseaux

Lors du passage entre le lycée et l’enseignement supérieur. On change de dispositif.

Un déficit d’information
La complexité des mécaniques financières et institutionnelles, la complexité des structures et
services proposés, le peu de lisibilité des informations, peuvent provoquer une réelle usure chez le
jeune et ses proches.
 Des leviers

Accepter le handicap
52
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014
L’importance de l’acceptation de sa situation pour ne pas aller à l’échec est reconnue par tous. Il est
nécessaire d’aider le jeune à intégrer ses propres limites, se centrer sur ses compétences, savoir et
oser en parler.

Développer les temps d’expérience en entreprise
C’est le moyen préconisé et mis en œuvre par tous sous différents formats pour évaluer les aptitudes
(intégration dans l’équipe, exigences du travail, aptitudes physiques et psychiques, découverte du
monde professionnel) et les compétences du jeune.

Accompagner les entreprises dans l’intégration des jeunes
Bien que ce soit de plus en plus complexe, les professionnels s’appuient sur un réseau d’entreprises
qui acceptent d’accueillir des jeunes en stage et période de découverte. C’est moins le handicap que
le côté « jeune en insertion » qui peut bloquer les entreprises.
Toutefois, c’est viable si l’entreprise et ses équipes sont accompagnées dans l’adaptation des outils
et la connaissance du jeune et des contraintes liés au handicap.
Accompagner le jeune en entreprise pour une première rencontre est aussi une pratique courante et
qui a fait ses preuves. Le rôle du tuteur en entreprise est essentiel. Le former et l’informer est
indispensable.
Un autre levier est de pouvoir faire preuve de souplesse dans les actions, d’être capable d’adapter le
format de la formation en fonction des profils (décaler un stage, essayer de rattraper quelqu’un qui
lâche sans prévenir,..).

Des formateurs, enseignants, accompagnateurs, éducateurs sensibilisés au fonctionnement
des entreprises et aux métiers.
Les organismes de formation professionnelle rencontrés s’appuient sur des équipes de formateurs
qui connaissent le milieu de l’entreprise, les métiers, les exigences : ils disent que c’est essentiel pour
accompagner le jeune dans la définition d’un projet professionnel cohérent et pour être crédible
auprès des interlocuteurs entreprise.

Prendre le jeune dans sa globalité
Tous sont convaincus de cette nécessité d’une prise en charge globale. Certains en ont les moyens
avec des équipes pluridisciplinaires en place (CRP par exemple).
Les autres essaient de développer et maintenir un réseau de partenaires techniques très proches :
éducateurs, conseillers Mission Locale, spécialistes en fonction de la problématique observée,
pluralité de profils chez les formateurs (psy..).
Toutefois, les moyens et le temps impartis ainsi que la mission définie ne leur permettent pas
toujours d’aller aussi loin qu’ils le souhaiteraient dans l’accompagnement.
Là encore la perte de temps liée au défaut d’information pose problème.

Un réseau d’acteurs coordonné pour une meilleure communication des informations
Ce serait un levier certain pour assurer une qualité et une continuité dans l’accompagnement. En
effet, recueillir les informations concernant les contre-indications liées au handicap, les compétences
53
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014
déjà développées, l’accompagnement mis en place le cas échéant, etc., est une étape qui peut
prendre beaucoup de temps et pénaliser la préparation du projet professionnel.
Un premier pallier est de bien identifier les différents acteurs du territoire. Il semble que la
coordination des acteurs sur un territoire soit perçue comme moins complexe en milieu rural qu’en
milieu urbain.

Le temps, les aménagements
Le temps est cité comme facteur clé dans l’accompagnement du jeune en situation de handicap : il
est nécessaire pour accompagner la personne dans toutes les dimensions professionnelles et de
projet de vie. L’un ne va pas sans l’autre.
Il est tout aussi important que les aménagements, qui eux, sont assez systématiquement mis en
place : Individualisation pédagogique, possibilité de passer un CAP en 3 ans ou de repasser un second
CAP pour acquérir une meilleure maturité professionnelle, compensations diverses selon le
handicap.

Travailler la mobilité
C’est un point à ne pas négliger et qui participe à solidifier un parcours : lever les freins et travailler
sur la mobilité sur son bassin d’emploi.
2.3. Du point de vue des entreprises
Les entreprises interrogées sont de taille et de secteur d’activité distincts. Certaines ont des
politiques Handicap bien définies, avec une ou plusieurs personnes dédiées, sous accord d’entreprise
ou convention Agefiph ; d’autres accueillent et embauchent des salariés handicapés, mettent en
œuvre des actions d’intégration, sans avoir pour autant une politique formalisée ;
Une d’entre elles est une EA (entreprise adaptée) qui de fait développe une politique handicap. Elle
tient cependant à souligner qu’elle a les mêmes contraintes organisationnelles, juridiques et
préoccupations économiques que n’importe quelle entreprise.
S’agissant des entreprises rencontrées les plus importantes (+ 1000 salariés), le plus souvent, le choix
d’engager un travail sur la question du handicap a été initialement motivé par un souci de maintien
dans l’emploi.
Une telle démarche nécessite la mobilisation de différents acteurs et représente un travail de longue
haleine. Mettre en place une politique Handicap qui soit efficiente et répondant aux objectifs de
départ leur a pris selon les cas entre 2 et 3 ans. Pour les structures interrogées, il a s’agit par exemple
de créer des groupes de travail multi pluridisciplinaires du type « comités handicap » (regroupant
infirmier ou médecin du travail, ergothérapeute, RH, managers, ..) afin de fédérer l’ensemble des
acteurs autour d’un tel projet, de sensibiliser et former les équipes RH et les managers au handicap,
et de communiquer auprès des équipes.
 Les facteurs de ruptures
Parmi les freins et causes éventuelles de rupture de parcours évoqués par les entreprises et
collectivités interrogées, on trouve :
54
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014

Emploi : un décalage entre les attentes et la réalité
Une nouvelle fois, cet écart entre les attentes des jeunes et celles des entreprises est pointé. Les
professionnels, s’appuyant sur des exemples concrets, attribuent ce phénomène à différents
facteurs :
 Une méconnaissance des métiers par les jeunes et, sous-jacent, par les personnes qui les ont
accompagnés dans leur projet professionnel.
Ça se traduit souvent par une idéalisation des métiers et donc par des déceptions.
Exemple : Un jeune sorti d’une EA pour intégration en milieu ordinaire. L’équipe avait été
sensibilisée, un aménagement des temps de travail avait été mis en place. Il n’a pas tenu une
semaine. Il n’était pas prêt.
 Un projet mal identifié ou mal défini.
Un projet mal défini se traduit par une disconcordance entre les compétences et les capacités du
salarié et celles requises par le poste.
Exemple : Un jeune TH avec déficience mentale qui veut devenir magasinier. Durant la formation
théorique, cette difficulté n’est pas apparue. Il n’arrive pas à se repérer dans l’entrepôt, ne peut lire
les références, n’arrive pas à s’organiser. Il voudrait conduire des chariots, mais ne peut passer le
CACES. Il y a un problème de sécurité et d’efficacité. En milieu ordinaire, ses capacités ne lui
permettent pas de valider ce projet.
Autre exemple cité : Un jeune bègue qui postule pour un poste en communication.
 Une orientation subie
Parfois le choix se fait par défaut ou par décision d’un tiers.
Exemple : Embauche d’un jeune handicapé moteur en fauteuil, avec contraintes de mobilité et
déficience musculaire et titulaire d’un BTS comptabilité en alternance. Il avait les compétences
requises et malgré le poste et les tâches adaptés à son handicap, la formation des équipes avec le
Girpeh30 (Groupement Interprofessionnel Régional de Promotion de L’Emploi et du Handicap) de la
Région des Pays de la Loire et la présence d’un tuteur, il a abandonné au bout de deux mois.
Il s’agissait là d’un problème d’orientation, ce métier ne lui plaisait pas, c’était le choix de son
entourage. Lui voulait travailler dans l’évènementiel.

La méconnaissance des codes de l’entreprise
Il s’agit là d’un problème de savoir-être essentiellement. Ce n’est pas spécifique aux jeunes
travailleurs handicapés mais ils n’y échappent pas. Etre handicapé ne doit pas exonérer du savoirêtre.
Certains ne comprennent pas qu’il y ait des objectifs, de la discipline et des contraintes dans toute
entreprise, qu’elle soit ordinaire ou adaptée.
Cela se traduit par des retards aux entretiens ou au poste, des comportements incorrects vis-à-vis
des équipes et génère des tensions parfois irréversibles.
30
Ce groupement est expert de l’accompagnement vers l’emploi des personnes en situation de handicap depuis trente ans. Les équipes
sont au service d’une société faite de diversité et vous propose des solutions adaptées à l’entreprise et aux personnes en situation de
handicap et/ou issues de la diversité pour une intégration dans l’emploi réussie – (source www.girpeh-asso.fr).
55
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014

La non adhésion des équipes
L’intégration d’une personne handicapée, selon le profil, repose sur l’adhésion de tous. Les collègues
et le manager doivent être contributeurs. Dans le cas contraire, l’intégration se révèle souvent
compliquée.

Le manque de qualification ou le décalage entre les formations proposées et suivies et les
besoins des entreprises
Le constat est fait, comme pour l’ensemble des jeunes d’ailleurs, que les formations tertiaires sont
privilégiées au détriment des formations aux métiers de production dans les basses qualifications.
Par ailleurs, les entreprises soulignent qu’elles ont peu de candidats qualifiés sur des fonctions cadres
(ex : ingénieurs).

Des problèmes périphériques surtout quand ils n’ont pas été anticipés.
Les entreprises sont conscientes que si le salarié n’a pas réglé les problèmes périphériques
(financiers, transports), il peut être vite submergé et ne peut se concentrer pleinement sur sa
mission. Les préoccupations personnelles passent alors en priorité.
Ça se traduit par différents comportements peu compatibles sur du long terme avec le monde de
l’entreprise ordinaire, dont des absences injustifiées et des retards, voire des abandons de poste.

Handicap psychique
Aujourd’hui, ce handicap est un vrai frein à l’embauche pour les entreprises, elles ne savent pas
comment gérer par méconnaissance de ce handicap, des profils et des contre-indications associés.

Un manque d’information
Les jeunes ne parlent pas toujours de leur handicap ni des compensations nécessaires de peur du
regard des autres ou encore par crainte que leur embauche ou leur évolution ne soit compromise ou
altérée.
Par ailleurs, il est relevé que parfois les informations dont disposent les entreprises en termes de
contre-indication sont insuffisantes par rapport aux réels besoins.
 Les leviers
Les entreprises mettent en place un certain nombre d’actions afin d’améliorer l’intégration des
jeunes en situation de handicap. Elles ont tout intérêt que ça fonctionne, toute embauche étant un
investissement de temps, d’énergie et d’argent que toutes souhaitent rentabiliser au mieux.
Elles se rejoignent dans leurs pratiques ou leur vision des leviers à actionner pour tendre vers une
intégration réussie. Les facteurs principaux sont :
56
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014

La communication
Il apparait essentiel de lever les représentations, de « vulgariser » la question du handicap afin de
fédérer l’ensemble des acteurs impliqués dans un projet d’intégration d’un jeune TH.
Un des moyens efficaces reste la communication.
Auprès des équipes :
En les associant au projet d’embauche, voire aux entretiens, en particulier les tuteurs.
Par des actions de sensibilisation : réunions d’information, temps de formation, guide pratique,
affiches. Parmi celles qui ont été citées, il peut s’agir de formations au handicap, au tutorat ou
encore à la gestion du stress.
Il est important le cas échéant d’avoir des RH et des responsables de services très moteurs car les
opérationnels ne sont pas toujours disposés à accueillir des personnes reconnues handicapées ; ils
ont beaucoup de préoccupations et accueillir un jeune, de surcroît handicapé, peut leur faire peur.
Certains sont plus disposés à accueillir des jeunes en observation et découverte métier que des
salariés.
Auprès des jeunes :
En leur présentant l’entreprise ou la collectivité à l’arrivée.
En organisant des points associant le jeune, les RH, le tuteur, voire le centre de formation ou
d’apprentissage et/ou le prescripteur quand il s’agit d’une personne en stage ou suivant une
formation en alternance.
Afin de faire entendre et comprendre aux personnes concernées que parler de son handicap est
autorisé et non synonyme de licenciement. C’est d’autant plus facile lorsqu’il y a une politique
Handicap affichée par l’entreprise. C’est aux jeunes d’informer les entreprises, ils doivent inciter
l’employeur à s’intéresser aux compétences et aux conséquences du handicap plutôt qu’au handicap
lui-même et à l’effet « affectif ».
Auprès des partenaires :
Ecoles, CFA, experts handicap (Sameth, Girpeh, Agefiph,..), médecine du travail, assistantes sociales,
…
Il est par exemple perçu utile que les centres de formation qui envoient des stagiaires viennent
expliquer les handicaps et les contraintes qui en découlent.
Par ailleurs des structures spécialisées peuvent intervenir pour informer et former au sein des
entreprises.

L’expérience en l’entreprise
Tous s’accordent à dire qu’un temps en entreprise sous forme de stage, est essentiel pour bien
définir et affiner son projet professionnel et permettre au jeune et à l’entreprise de valider le projet
et d’anticiper sur des adaptations le cas échéant.

Identifier et anticiper les actions et compensations à mettre en œuvre.
Cela ne peut se faire sans connaître le handicap et les contraintes qui y sont liées afin de pouvoir
ajuster.
Certaines entreprises, pour pallier au peu d’informations dont elles disposent et pour ne pas retarder
un recrutement du fait du manque de médecins du travail, disposent de leur propre service de
médecine du travail intégré à l’entreprise. Cela permet de faciliter les actions de prévention (visite
médicale systématique pour les stagiaires et les nouveaux entrants) et de faciliter le dialogue avec les
57
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014
personnes concernées. Ce qu’elles n’oseraient pas dire à un responsable, elle ose le dire au médecin.
Le médecin du travail est alors un relais d’information important.
2.4. Du point de vue des familles
La rencontre s’est déroulée sous forme de témoignages et d’échanges.
Les points soulevés comme pouvant être des causes de ruptures de parcours ou des freins à
l’insertion se rapprochent pour beaucoup des constats et témoignages précédents :













Des pathologies spécifiques du handicap psychique qui font que le milieu du travail a du mal
à intégrer ces profils (bipolarité, schizophrénie, troubles relationnels,…).
La méconnaissance du handicap par les entreprises : le handicap psychique fait peur.
Le lien familial : certaines situations créent des tensions importantes.
Un projet qui n’est pas celui du jeune mais celui de la famille ; ça peut provoquer du stress et
déclencher des troubles.
Un temps de formation trop court pour certains.
Le rythme de travail : les entreprises adaptées seraient de plus en plus exigeantes en matière
de productivité. Parfois malgré la motivation, le jeune ne peut suivre le rythme sur du long
terme ; il se donne à fond au début et fatigue vite.
Le déni du handicap par le jeune ou sa famille.
Un manque de perception des exigences du milieu ordinaire par certains acteurs (des jeunes,
des éducateurs par exemples).
Un manque de coordination entre les différents interlocuteurs.
Un manque d’information des parents et des enseignants : « on a toujours l’impression de
défricher.»
Le caractère fermé de certaines structures : « Quand on entre dans un milieu médicoéducatif, en tant que parents il faut se battre. »
Des carences du point de vue éducatif dans certains IME.
Un certain fatalisme des familles : « Certains baissent les bras et se contentent de l’AAH. »
3. En synthèse : des acteurs locaux clairvoyants
A la lecture des différents éléments commentés par les acteurs interrogés, on ne peut que constater
que les problématiques de parcours d’insertion professionnelle, bien qu’elles se traduisent
différemment selon les types et degrés de handicap et en fonction des environnements et situations
dans lesquels évoluent les jeunes, semblent avoir des sources et des conséquences semblables que
ce soit sur le plan local ou national.
Les acteurs et observateurs locaux interrogés sont conscients des facteurs de rupture dans les
parcours de jeunes en situation de handicap.
Ils sont tout aussi lucides quant aux leviers mobilisables à défaut d’être mobilisés, mais aussi sur les
enjeux d’en créer ou solliciter de nouveaux. Ces moyens d’action identifiés sont proches de ceux cités
précédemment dans le cadre de l’étude documentaire.
58
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014
Nous retiendrons les principaux :
Facteurs de rupture cités comme étant les plus impactants
Des qualifications, des compétences et des comportements pas toujours conformes aux
attentes des entreprises
Une méconnaissance ou une vision trop souvent éloignée du monde du travail par les jeunes
en situation de handicap et par certains acteurs de l’accompagnement à la construction de
leur projet professionnel
Une méconnaissance ou connaissance insuffisante du handicap de certains acteurs
Les problématiques périphériques : environnement social, logement, mobilité, situation
financière…
Le déni partiel ou total du handicap
Un défaut de coordination et de concertation entre les acteurs des différentes étapes des
parcours qui génère un déficit d’informations et impacte la cohérence des projets
professionnels, la continuité dans les parcours et par conséquent la sécurisation des
parcours.
Leviers à mobiliser ou à mettre en place
Assurer un accompagnement multidimensionnel dans toutes les étapes du parcours visant
à la construction d’un projet professionnel cohérent :
• Travailler sur l’acceptation du handicap
• Relever le niveau de qualification ou valoriser les compétences des jeunes
• Accompagner les entreprises dans leur appréhension du handicap et dans leur
communication
• Sensibiliser les jeunes et les accompagnateurs au projet professionnel au
fonctionnement et attentes de l’entreprise et favoriser la connaissance des métiers
• Développer des outils communs de lisibilité du parcours
• Accompagner les formateurs en les formant
Décloisonner et coordonner les actions
Diffuser une information adaptée
Une fois ces constats établis, une série de questions est posée : quelles actions mettre en œuvre à
échelle locale pour participer à l’amélioration de la sécurisation des parcours d’insertion
professionnelle des jeunes ligériens en situation de handicap ? Quelles solutions apporter ? Par qui ?
59
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014
V.
Axes de travail
Au regard des analyses précédentes, le lecteur peut avoir la réaction légitime de penser que les
causes de rupture de parcours et les leviers proposés ne sont pas spécifiques au public handicapé
mais bien récurrents chez le public jeune. De même, les solutions d’amélioration à trouver
pourraient être communes. C’est d’ailleurs déjà le cas pour certains aspects.
Mais ce serait une conclusion hâtive car les observateurs, les accompagnants et les jeunes euxmêmes s’accordent tous à dire que toute difficulté est exacerbée dans le cas d’une personne en
situation de handicap, que ce soit pour le jeune lui-même ou pour les individus ou organisations
fonctionnant en interaction avec lui.
Rappelons les 2 définitions de l’insertion professionnelle, citées en début de ce rapport d’étude et
qui s’applique à tout public :
- « Processus qui permet à un individu, ou à un groupe d'individus, d'entrer sur le marché du
travail dans des conditions favorables à l'obtention d'un emploi ». (Larousse)
- « L'insertion professionnelle c’est le cheminement d’un jeune ou d’un adulte vers un emploi ou
une activité au plus près de son projet et de la réalité du marché de l'emploi31 ».
Afin de sécuriser l’insertion professionnelle d’un jeune en situation de handicap, la prise en compte
du jeune dans sa globalité constitue un enjeu essentiel. Cependant, il ressort de cette étude que trois
grandes thématiques se détachent comme étant des facteurs majeurs à prendre en considération
dans cet accompagnement multidimensionnel :



La connaissance des entreprises, par les jeunes d’une part et, d’autre part, les
professionnels qui les accompagnent sur la construction de leur projet professionnel : leur
fonctionnement, les métiers et les compétences nécessaires pour répondre aux
attentes, leurs exigences, leurs besoins en matière d’accompagnement.
Un besoin de coordination des différents acteurs dans l’accompagnement qui devrait être
multidimensionnel.
La lisibilité des informations (dispositifs, acteurs, handicap, …) afin de favoriser leur
mobilisation du fait d’une meilleure compréhension des familles et des différents opérateurs.
Ce sont ces enjeux sur lesquels il semble important de réfléchir et pour lesquels des solutions
d’amélioration seraient à trouver.
Des actions et expérimentations participant à répondre à ces enjeux sont déjà mises en œuvre en
Loire-Atlantique. De même, soulignons que chaque opérateur du projet professionnel s’applique à
son niveau à tendre vers une consolidation des parcours, chacun avec les moyens et les directives
dont il dispose, chaque organisation, chaque réseau, nous l’avons déjà précisé, ayant ses propres
orientations et fonctionnement.
L’objectif n’est pas de recréer des dispositifs identiques à ceux qui fonctionnent déjà mais bien de
renforcer l’existant d’une part, et de proposer des actions complémentaires d’autre part tout en
ayant la préoccupation d’en développer la coordination.
31
Conférence des directeurs de Service Universitaire de Formation Continue – Jean-Marie Filloque - Nantes, 23 juin 2010
60
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014
Citons quelques exemples d’expériences menées, cette liste n’étant pas exhaustive mais donnant à
voir qu’un certain nombre d’actions, qu’il pourrait être utile de recenser, sont déjà menées
localement :
 APICs (Agir Pour l’Insertion Citoyenne et Solidaire).
 DIAPSAH (Dispositif d’Appui Professionnel et Social des Apprentis Handicapés).
 Dispositifs Région tel que la PEO - Prestations d’Evaluation et d’Orientation ;
 Actions Agefiph / Cap Emploi : Un jour un métier en action (convention Agefiph – Cap
emploi)
 La pratique d’intégration progressive, en différentes étapes, de l’Entreprise Adaptée
rencontrée, ASI Production.
 La Matinale Handicap, organisée chaque année par la CGPME + Maison de l’emploi du Pays
de Châteaubriant (antenne de Nozay) en partenariat avec des entreprises.
 Diagnostic de pré-orientation en prévision d’expérimentation par le CRP La Tourmaline.
Au regard des axes de travail déterminés et des attentes et idées énoncées par certains des
interlocuteurs, des suggestions d’actions sont développées ci-après.
Ces propositions devront constituer une base de travail et de réflexion sur les actions pertinentes et
possibles à mettre en œuvre dans le cadre d’une expérimentation en territoire.
61
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014
1. AXE 1 : La connaissance de l’entreprise et des métiers
pour une meilleure adéquation poste / handicap
Objectifs :
Sensibiliser de façon ciblée les jeunes en situation de handicap et les professionnels qui les
accompagnent :
 au fonctionnement des entreprises en général et aux caractéristiques des métiers proposés par
bassin d’emploi,
 à l’évaluation de l’adéquation entre leurs capacités et leurs compétences et celles nécessaires
pour répondre aux attentes des entreprises,
 à la valorisation de ces compétences,
 à l’accompagnement des entreprises en matière d’accueil de jeunes en situation de handicap.
Proposition d’actions :

Renforcement en formation de la découverte et la connaissance des métiers pour analyser au
mieux les possibles de chaque jeune en situation de handicap
 (s’appuyer sur des outils existants type Kit MEDEF : http://www.onisep.fr/Mes-infosregionales/Pays-de-la-Loire/Dossiers/A-la-decouverte-des-entreprises-de-LoireAtlantique)
 Diversifier les secteurs de périodes en entreprise des jeunes en situation de handicap
pour optimiser la découverte de métiers et des possibles

Amélioration de l’expression des attentes et besoins par les entreprises, sur un métier donné, en
termes d’aptitudes, capacités et compétences
 Travail en partenariat avec des entreprises et les prescripteurs du secteur défini

Rapprochement des mondes éducatifs et professionnels sur un territoire défini et pour un
nombre restreint de branches professionnelles
 Visites d’entreprises et analyses de postes par les acteurs éducation et formation
concernés par l’insertion des jeunes en situation de handicap
 Visites de structures éducatives par les interlocuteurs d’entreprises

Valorisation des compétences des jeunes en situation de handicap
 Actions de mise en situation de recrutement du Type « Matinale Handicap » (MDE Pays
de Châteaubriant + CGPME)

62
Mutualisation et mise à disposition de ressources innovantes spécifiques handicap en matière de
découverte des métiers
 Recensement de ressources innovantes (au niveau local, national, international) traitant
spécifiquement de la question de l’intégration en entreprise de jeunes en situation de
handicap
 Inscrire ces ressources dans des progressions pédagogiques
 Développer des ressources (ex : vidéos illustrant des adaptations et compensations
possibles en entreprises, vidéos de témoignages de jeunes TH sur leur métier, etc.)
PLITH 44 – CAFOC de Nantes – Parcours d’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap – septembre 2014
2. AXE 2 : La coordination des différents acteurs dans
l’accompagnement
Objectifs :



Décloisonner et coordonner les actions
Développer la lisibilité des parcours
Tenir compte des questions périphériques au parcours d’insertion professionnelle dans
l’accompagnement du jeune (environnement social, logement, mobilité, situation financière …)
Proposition d’actions :

Développement d’un outil numérique de traçabilité de parcours et de compétences
 Outil personnel à accès individuel codifié (dans le respect de la loi informatique et liberté)
mais dont l’existence serait connue des structures de formation et des prescripteurs, ce
qui leur permettrait d’accompagner les jeunes dans l‘utilisation de cet outil

Développement d’un lieu ou de modalités d’échanges dédiés aux opérateurs de l’insertion
professionnelle des jeunes en situation de handicap
 Des espaces temps d’échanges de pratiques basés sur des cas réels en vue d’identifier et
de comprendre les différentes étapes et obstacles et de trouver des axes de progression,
voire de modéliser
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3. AXE 3 : La lisibilité des informations (dispositifs,
acteurs, handicap, …)
Objectifs :


Rendre l’offre de services lisible
Faciliter l’accès à l’information aux jeunes en situation de handicap, à leurs familles, aux
accompagnateurs de leurs projets professionnels, aux entreprises
Proposition d’actions :

Recensement de sources d’information
 des sites permettant d’avoir accès à l’information (ONISEP, CARIF OREF, AGEFIPH, MDPH…)
 des guides existant sur le thème du handicap, de l’accompagnement, etc.

Développement d’un outil d’informations hiérarchisées par catégorie d’acteurs
 Vous êtes professionnel en Mission Locale
 Vous êtes enseignant
 Vous êtes formateur
 Vous êtes un jeune en situation de handicap
 Vous êtes une entreprise
 …
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Glossaire
AVS : Auxiliaire de Vie Scolaire – L’AVS est une aide à la vie quotidienne dans l'établissement, qui intervient
pour permettre à l'enfant handicapé d'accomplir des gestes qu'il ne peut faire seul, travaille en collaboration
avec l'enseignant, facilite le contact entre l'élève et ses camarades de classe, tout en veillant à l'encourager
dans ses progrès en autonomie.
CPRDFP : Contrat de Plan Régional de Développement des Formations Professionnelles. Il est l’instrument
central de coordination des politiques régionales.
CLIS : Classe pour l'Inclusion Scolaire – C’est une classe de l'école et son projet est inscrit dans le projet
d'école. Elle a pour mission d'accueillir de façon différenciée dans certaines écoles élémentaires ou
exceptionnellement maternelles, des élèves (12 au maximum) en situation de handicap afin de leur permettre
de suivre totalement ou partiellement un cursus scolaire ordinaire.
CRP : Centre de Rééducation Professionnelle – Ils proposent des dispositifs de formation spécifiquement dédiés
aux personnes en situation de handicap et ont pour mission de faciliter la réinsertion sociale et professionnelle
des travailleurs handicapés.
ESAT : Etablissements et Services d'Aide par le Travail – Ils permettent à une personne handicapée d'exercer
une activité dans un milieu protégé si elle n'a pas acquis assez d’autonomie pour travailler en milieu ordinaire.
EA : Entreprise Adaptée – C’est une entreprise à part entière, qui permet à des personnes reconnues
travailleurs handicapés orientés par la Commission des Droits à l’Autonomie des Personnes Handicapées
(CDAPH) « marché du travail » d’exercer une activité professionnelle salariée dans des conditions adaptées à
leurs besoins.
IME : Institut Médico-Educatif – Ce sont des établissements médico-éducatifs qui accueillent des enfants et
adolescents atteints de déficience intellectuelle.
IMpro : Institut médico-professionnel - Ils accueillent des jeunes âgés de 14 à 20 ans présentant des déficiences
mentales. Ils assurent une prise en charge éducative et pédagogique et visent l'apprentissage professionnel. Ils
préparent ainsi à une future insertion sociale et professionnelle en milieu ordinaire ou protégé.
INJA : Institut National des Jeunes Aveugles
INJS : Institut National des Jeunes Sourds
ITEP : Institut Thérapeutique, Educatif et Pédagogique – Ce sont des établissements médico-éducatifs qui ont
pour vocation d’accueillir des enfants ou des adolescents présentant des troubles du comportement
importants, sans pathologie psychotique ni déficience intellectuelle.
PPS : Projet Personnalisé de Scolarisation - Il définit les modalités de déroulement de la scolarité et les actions
pédagogiques, psychologiques, éducatives, sociales, médicales et paramédicales répondant aux besoins
particuliers des élèves présentant un handicap.
SESSAD : Service d'Education Spéciale et de Soins A Domicile – C’est un service de soins destiné aux élèves en
situation de handicap scolarisés en milieu ordinaire ou dans un dispositif d'intégration collective (CLIS, ULIS).
ULIS : Unité Localisée pour l'Inclusion Scolaire – Elles permettent l'accueil dans un collège, un lycée général
et technologique, ou un lycée professionnel d'un petit groupe d'élèves présentant le même type de handicap.
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