EXTRAIT EXTRAIT
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août 2016
Le guide permanent
du développeur
économique
Sous la direction de
Didier TCHERKACHINE,
gérant du cabinet conseil Argo&Siloe
et Franck DUPESSEY,
directeur des actions économiques
de la chambre de métiers et de l’artisanat
de Haute-Savoie
les classeurs de La Lettre du cadre
Les clés du métier
Le guide permanent du développeur économique
Partie 5 - Économie de proximité, artisanat, commerce, ESS / Chapitre II
II Économie circulaire,
circuits courts,
économie collaborative…
Quel avenir pour les nouveaux
modèles économiques ?
Par Cécile DÉSAUNAY
Directrice d’études à Futuribles (www.futuribles.com)
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Les clés du métier - Juin 2016
Le guide permanent du développeur économique
Partie 5 - Économie de proximité, artisanat, commerce, ESS / Chapitre II - A
A - Définitions
De plus en plus d’analystes mettent en avant les limites de notre modèle économique actuel,
qualifié lui de linéaire, car il repose sur l’extraction de matières premières qui sont transformées
puis mises sur le marché économique et peu recyclées en fin de vie au niveau mondial. Ce modèle
génère donc de nombreux impacts environnementaux négatifs (pollutions, changement clima-
tique…) et suppose une croissance continue de la production et de la consommation pour main-
tenir la croissance économique et l’emploi, alors même que les économies européennes sont
aujourd’hui saturées. Par ailleurs, sur un plan humain, ce modèle est de plus en plus dénoncé car
il ne prend pas assez en compte les conditions de travail ni les attentes des consommateurs.
En réponse à ces limites du modèle de développement actuel, d’autres modèles sont aujourd’hui
proposés comme des alternatives considérées comme plus « durables ». Trois de ces alternatives
suscitent un intérêt particulier : l’économie circulaire, l’économie collaborative et les circuits
courts. Il s’agit là de trois modèles relativement anciens mais qui ont été remis au goût du jour en
y intégrant notamment les apports du numérique.
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Les clés du métier - Juin 2016
Le guide permanent du développeur économique
Partie 5 - Économie de proximité, artisanat, commerce, ESS / Chapitre II - B
B - L’économie circulaire
Le modèle de l’économie circulaire fait l’objet, depuis quelques années, d’une attention croissante
en Europe. La loi sur la transition énergétique indique ainsi que « la France se donne pour objectif de
dépasser le modèle économique linéaire consistant à « produire, consommer, jeter » en assurant une
transition vers un modèle d’économie circulaire fondé sur le développement d’un système de production
et d’échanges prenant en compte, dès leur conception, la durabilité et le recyclage des produits ou de leurs
composants de sorte qu’ils puissent être réutilisés ou redevenir des matières premières nouvelles, afin de
réduire la consommation des ressources et d’améliorer l’efficacité de leur utilisation ».1
Ce modèle est particulièrement ambitieux et englobant et, de fait, il intègre les deux autres, ainsi que
celui de l’économie de fonctionnalité, qui sera donc également abordé ici. L’économie circulaire est
ainsi définie par l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) comme un
système économique d’échange et de production qui, à tous les stades du cycle de vie des produits
(biens et services), vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à diminuer l’impact
sur l’environnement tout en développant le bien-être des individus2. L’agence identifie trois champs
d’application du concept, regroupant sept « piliers », ou domaines d’application.
Source : Ademe.
On retrouve dans cette définition les trois piliers du développement durable (environnement,
économie et social), l’économie circulaire fixant pour objectif d’entrer dans une logique de
boucles de matières et d’énergie, grâce à une grande diversité de pratiques, d’acteurs, de techno-
logies… C’est l’articulation entre les différents champs et piliers qui donne toute sa cohérence et
sa force au modèle, en permettant d’optimiser l’utilisation des ressources. Ce concept suppose
néanmoins d’être décliné de manière parfois très différente selon les filières, les matières, les
acteurs, les échelles géographiques, etc.
1 Loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte, JO n° 0189, 18 août 2015, article 19.
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000031044385&categorieLien=id
2 Alain Geldron, « Économie circulaire : notions », Fiche technique, octobre 2013. http://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/
documents/fiche-technique-economie-circulaire-oct-2014.pdf
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Les clés du métier - Juin 2016
Le guide permanent du développeur économique
Partie 5 - Économie de proximité, artisanat, commerce, ESS / Chapitre II - B
1. Les entreprises
Du côté des entreprises, l’économie circulaire doit permettre, en théorie, de sortir d’un modèle
économique de développement reposant sur la seule production et vente de biens neufs ou de
matières premières vierges, pour prendre en compte d’autres phases du cycle de vie des produits
et des matières, et surtout envisager de vendre l’usage des biens et de services associés. En pratique,
elle peut donner lieu à différentes catégories d’activités liées au cycle de vie des produits et des
ressources (extraction, fabrication, utilisation, fin de vie et recyclage). Les initiatives se revendi-
quant aujourd’hui de l’économie circulaire sont multiples, concernent différents acteurs et diffé-
rents secteurs3.
Exemple
Certaines entreprises cherchent à investir l’ensemble du cycle de vie des produits
qu’elles commercialisent. C’est le cas notamment de Patagonia, aux États-Unis, qui
propose toute une gamme de vêtements fabriqués avec du coton biologique ou des fibres recy-
clées, qui peuvent être réparés et/ou revendus4. Il s’agit d’une initiative particulièrement ambi-
tieuse, portée par une volonté interne historique, et qui a jusqu’à présent peu d’équivalents.
Une grande majorité d’initiatives se revendiquant de l’économie circulaire se concentre sur une
étape du cycle de vie des produits ou des matériaux, des partenariats pouvant être mis en place
avec d’autres structures pour étendre leur champ d’action.
Pour la fabrication, l’enjeu est celui de l’écoconception, donc de la réduction de l’impact environ-
nemental du produit dès sa conception. Ce concept à la fois flou et ambitieux peut consister à
réduire la quantité de matières premières vierges, à utiliser des matières recyclées, etc.
Exemple
L’un des exemples fréquemment cités d’écoconception est la machine à café Ek’Oh de
Malongo, fabriquée en Europe avec des matériaux à 75 % démontables, réparables et
recyclables. La machine consomme beaucoup moins d’électricité que la plupart des autres ma-
chines commercialisées.
Lors de la phase d’utilisation, il s’agit d’accroître la durée d’usage du bien grâce à la réparation, au
réemploi (vente d’occasion, don…) et à la réutilisation (remise en état d’un bien qui était inutili-
sable). Les acteurs ayant investi ces activités sont nombreux, et pour certains très anciens et qui
peuvent relever du secteur de l’ESS (économie sociale et solidaire), en partenariat avec des acteurs
nationaux et/ou territoriaux : réseaux Emmaüs, Envie, ressourceries, etc.5 D’autres sont plus
récents et facilitent le réemploi entre consommateurs (Leboncoin, Videdressing, etc.).
Enfin, des entreprises sont spécialisées dans la récupération et la valorisation de déchets, comme
Le Relais pour les vêtements. Certaines peuvent miser sur l’upcycling, consistant à transformer un
déchet en un produit de qualité et de valeur supérieure. C’est ce que fait par exemple Freitag, en
transformant d’anciennes bâches de camions en sacs, ou 727 Sailbags, qui fait de même avec des
voiles de bateaux.
2. L’économie de fonctionnalité
L’économie de fonctionnalité consiste à sortir de la logique reposant sur la vente de biens neufs,
pour passer à une logique de vente de services et de satisfaction des besoins des clients. Pour un
constructeur automobile, il ne s’agit plus de vendre des automobiles neuves, mais de répondre aux
3 Voir « Catalogue des innovations de l’étude Produire et consommer à l’ère de la transition écologique », in Cécile Désaunay,
François de Jouvenel (sous la dir. de), Produire et consommer à l’ère de la transition écologique. https://www.futuribles.com/fr/base/
document/catalogue-des-innovations-de-letude-produire-et-co/
4 Cécile Désaunay, « Note d’analyse 7 : Des initiatives favorisant l’économie circulaire », in Cécile Désaunay, François de Jouvenel (sous
la dir. de), op. cit. https://www.futuribles.com/fr/base/document/note-danalyse-7-des-initiatives-favorisant-leconom/
5 Cécile Désaunay, « Note d’analyse 4 : Réparation et réemploi », in Cécile Désaunay, François de Jouvenel (sous la dir. de), op. cit.
https://www.futuribles.com/fr/base/document/note-danalyse-4-reparation-et-reemploi/
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