EMBRYONS EXPERIMENTATION SUR EMBRYONS HUMAINS

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EMBRYONS
EXPERIMENTATION SUR EMBRYONS HUMAINS
Erreurs scientifiques et humanistes
La révision de la loi Bioéthique sera votée prochainement. Faut-il maintenir
la dérogation pour expérimenter sur les embryons humains ou plus
simplement ouvrir définitivement la recherche sur ces embryons en
surnombre qui n'entrent pas dans un projet parental ? La décision qui sera
prise par les représentants du peuple est lourde de conséquences.
Les arguments favorables à ces expériences sont surtout d'ordre
scientifique. Trois dominent : 1.L'embryon est une personne humaine
potentielle, donc n'est pas juridiquement une ”Personne” et de ce fait n'a
pas à être protégé par la loi destinée à protéger les plus faibles. 2. Des
embryons encombrent les CECOS (Centres d'Etudes et de Conservation des
Œufs et du Sperme), n’étant pas destinés à un projet parental, ils peuvent
être généreusement donnés à la science par leurs ”propriétaires
biologiques”. 3. Les chercheurs attendent que la loi les autorisent à faire des
recherches qui permettraient de mieux comprendre et peut-être guérir
nombre de maladies génétiques, la trisomie 21 jusqu'aux anomalies les plus
handicapantes, mais aussi des maladies de civilisation telles que le cancer,
le sida...
Empêcher de telles perspectives scientifiques et humanistes qui pourraient
faire l'objet de multiples Prix Nobel, c'est rester sur le versant rétrograde de
la science et de l'évolution humaine. C'est obliger notre pays à rester à la
traîne des grands pays en avance dans ces recherches.
Les arguments défavorables ne pèsent pas moins lourd et sont plus
nombreux.
1. Ces expérimentations sont déjà réalisées dans certains pays (y compris
chez nous) hors légalité et n'ont rien apporté pour la Santé humaine.2.La
compétition internationale ne peut pas entrer en ligne de compte lorsque
l’on parle d’éthique, pas plus que son corollaire « puisque d’autres le font
c’est qu’ils ont de bonnes raisons pour le faire ». 3. Le prétendu
« encombrement » des embryons : il faut savoir que les embryons congelés
sont très majoritairement transférés aux patientes en vue d’une autre
grossesse ; c’est seulement 25% des embryons congelés qui sont
abandonnés, ce qui représente à peu près 5% des embryons produits. 4. Le
danger vient non pas de la pratique de la congélation mais de la
soustraction à la congélation : quoi de plus facile d’utiliser pour la
recherche des embryons viables au lieu de les congeler. Il y a actuellement
des glissements dans ce sens, sous le prétexte que ces embryons seraient
moins viables.
5. Avant de programmer de telles études, il faudrait démontrer chez
l'animal, génétiquement très proche de nous, le babouin ou le macaque, que
de telles expériences ont déjà eu des répercussions positives pour la Santé
animale et aussi humaine. Ce n'est pas le cas aujourd'hui. Les divers
programmes de recherche pourraient et devraient donc être appliqués à
des espèces animales de mammifères. Il y a fort à parier qu’elles suffiraient
dans le cadre des progrès attendus dans le domaine de la Procréation
Médicalement Assistée.
6. Il est aussi tendancieux de penser que la recherche sur l’embryon va
servir à la thérapie génique. L’ADN de leurs cellules est le même que celui
des cellules somatiques qui sont normalement déjà les cibles de ces
recherches. Personne ne peut démontrer la supériorité des cellules souches
embryonnaires sur les cellules souches adultes ou reprogrammées, bien au
contraire. L’expérience animale montre qu’on ne sait toujours pas éviter les
risques de cancérisation induite, une fois sur deux, par les greffes de
cellules souches embryonnaires.
7. Quant à distinguer 2 régimes comme le suggère l'Agence de Biomédecine
: "un régime d'autorisation sous condition pour les travaux sur les embryons
surnuméraires dépourvus d'un projet parental" et "un régime d’interdiction
avec dérogations pour les travaux sur des embryons créés visant à améliorer
les techniques d’AMP", elle traduit la gêne des conseillers de cette
instance. La discussion entre « tout est permis sauf exception » ou « tout est
interdit sauf dérogation » constitue évidemment un sommet en matière
d’hypocrisie : la 2èmeproposition sera toujours préférée car elle donne
apparemment satisfaction aux objecteurs, sans mécontenter les partisans
de la recherche sur l’embryon.
8. Ces régimes ouvrent tout simplement la porte aux expérimentations sur
embryons humains. Le non-dit est que l'on cherche à justifier les recherches
en cours et d'autre part à sécuriser leurs chercheurs. En plus certains
piaffent d'impatience et sont certains d'obtenir satisfaction, car leur
lobbying est puissant. Ils demandent déjà l'attribution de fonds de
recherche dédiés, poussés par les laboratoires pharmaceutiques qui ont
déjà pensé à la commercialisation de produits pour le rajeunissement,
éviter l'Alzheimer et devenir peut être bicentenaire... L'argument faisant
croire que les embryons humains sont plus faciles à obtenir que les modèles
animaux est faux et traduit l'absence d'honnêteté scientifique et de
conscience humaniste minimale.
9. Puisque l'embryon n’est pas une personne humaine, il échappe à la
protection juridique : on peut souligner que s’il sort du champ législatif, il
ne sort sûrement pas du champ éthique. Il est parfaitement incontestable
que la vie ne commence pas à la nidation ou à la fin d’un hypothétique stade
de pré-embryon. Elle commence à la fécondation. Et on a le devoir de
protéger la vie humaine.
10. Les recherches sur les cellules du cordon ombilical et avec les cellules
souches adultes restent l'alternative majeure aux expérimentations sur
embryon ou avec des cellules souches embryonnaires ce qui revient au
même.
Mettre le petit doigt dans l'engrenage de la recherche sur l'Etre humain à
son tout début, c'est sans aucun doute évoluer vers l'eugénisme
scientifique, tel qu'il avait été conçu par Alexis Carrel et d'autres prix Nobel
qui ont oublié de penser l'humain autrement que comme un objet. La vraie
motivation des partisans de la recherche sur l’embryon, qui en sont tous et
uniquement des acteurs (potentiels ou non) est l’autosatisfaction et la
gloriole qu’ils espèrent en tirer.
Familiaux et Scientifiques peuvent se trouver en harmonie sur un tel sujet.
Le Conseil d’administration de l’Union nationale des associations familiales
(Unaf) ne s’y est pas trompé en votant massivement contre toute
expérimentation sur embryon humain sans dérogation.
Henri Joyeux – Professeur de chirurgie et cancérologie, président de Familles de France et Claude Humeau Professeur émérite d’Embryologie, ancien chef de service de Biologie de la reproduction (FIV-CECOS) -Faculté
de Médecine de Montpellier
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