La revue des utilisateurs des ondes de choc
Entretien
La thérapie extra-
corporelle par ondes
de choc (ESWT) et le
sport de haut niveau
Retour sur la conférence
SHOCK WAVE à Berlin
De bons arguments en
faveur de la thérapie
par ondes de choc
Bibliographie
Nouveau livre
«Multidisciplinary
Medical Applications»
Fascias
Ondes de choc et
traitement des fascias
Thérapie par ondes de choc
radiales
La «maladie des doigts
blancs», un danger pour
le thérapeute?
+
we
know
shock
wave
2/2014
© Stefan Schurr – Fotolia.com
Les ondes de choc
aujourd’hui
2
Depuis sa fondation en 1984, l’Institut de
médecine du sport de Francfort (SMI) est
devenu l’un des principaux centres de mé-
decine du sport en Allemagne. Le SMI a fait
appel à la thérapie extracorporelle par ondes
de choc dès 1995, notamment pour le suivi
d’athlètes de haut niveau lors des Jeux olym-
piques d’Atlanta, de Sydney et d’Athènes.
Le SMI a également mené de nombreuses
études scientifiques sur la thérapie par ondes
de choc. À l’occasion de la « 2e Conférence
internationale SHOCK WAVE» à Berlin, nous
avons discuté de l’utilisation de la thérapie
par ondes de choc dans le sport de haut ni-
veau, des dernières tendances et des pers-
pectives de cette méthode de traitement avec
le professeur Heinz Lohrer, directeur médical
du SMI.
Professeur Lohrer, en tant qu’ancien ath-
lète de haut niveau et sportif actif à vos
loisirs, vous êtes fort bien placé pour savoir
combien les blessures peuvent être désa-
gréables et combien leur prise en charge
est importante. Quand avez-vous eu l’idée
d’utiliser les ondes de choc extracorporelles
pour traiter des sportifs de haut niveau?
C’était il y a environ 25ans. Mon attention
a été attirée par la lecture d’un article sur le
travail expérimental de Valchanov en 1988,
qui montrait l’eet régénérateur potentiel
des ondes de choc sur les os. Déjà à cette
époque, en médecine du sport et surtout
pour les athlètes de haut niveau, on partait
du principe que les actes d’un médecin trai-
tant ne devaient jamais porter atteinte au
patient.
De plus, un traitement devait toujours être
le plus simple possible et ne pas présenter
d’eets secondaires notables. La thérapie ex-
tracorporelle par ondes de choc semblait sa-
tisfaire à toutes ces conditions. Pour moi, les
ondes de choc représentaient une alternative
aux « injections de remise en forme», mé-
thode encore très utilisée à l’époque sur les
sportifs. Mon intérêt a grandi encore lorsque
j’ai lu en 1992 un article décrivant l’applica-
tion d’ondes de choc extracorporelles pour
traiter la tendinite calcifiante. Je voulais donc
essayer cette méthode, mais j’étais encore
sceptique à l’égard des appareils disponibles.
Finalement, le MINILITH® SL1 de STORZ
MEDICAL m’a convaincu. Il s’agit d’un ap-
pareil conçu spécialement pour l’orthopédie
qui dispose d’une fonction de localisation par
ultrasons. Le MINILITH® SL1 a été installé au
SMI de Francfort en 1995. Sa première utili-
sation à l’échelle internationale a eu lieu en
1996 lors des Jeux olympiques d’Atlanta, où
nous avons soigné des athlètes de l’équipe
allemande avec cet appareil.
Quelle a été la réaction des athlètes
d’Atlanta?
À l’époque, un certain scepticisme régnait à
l’égard de cette nouvelle méthode thérapeu-
tique chez toutes les personnes concernées,
moi y compris. La première réaction des ath-
lètes a toutefois été très positive. Ils étaient
curieux, mais encore un peu réticents car ils
étaient habitués à d’autres techniques. Pour
cette raison, certains traitements n’ont pas
Entretien
Entretien avec le professeur Heinz Lohrer:
La thérapie extracorporelle par ondes de choc (ESWT)
et le sport de haut niveau
La thérapie extracorpo-
relle par ondes de choc
est utilisée au SMI de
Francfort depuis 1995
pour le traitement des
sportifs de haut niveau.
Des sportifs de haut niveau ont été traités pour la première fois avec le MINILITH® SL1 de STORZ MEDICAL dans le
cadre des Jeux olympiques.
© Valeriy Velikov – Fotolia.com
3
été réalisés. Cependant, les athlètes que nous
avions déjà pris en charge au SMI de Franc-
fort connaissaient l’eet des ondes de choc et
se sont volontiers prêtés au jeu.
Chaque année, le SMI de Francfort assure
le suivi de plus de 7000sportifs de tous
âges et tous niveaux, dont de nombreux
grands athlètes. Selon vous, quelles sont
les blessures les plus fréquentes en sport
de haut niveau que l’on peut traiter avec
la thérapie extracorporelle par ondes de
choc?
Chez nous, la première place revient clai-
rement aux tendinopathies, c’est-à-dire les
aections chroniques des tendons comme le
tendon d’Achille, le tendon patellaire ou dans
la région des épaules. Viennent ensuite les
problèmes du rachis lombaire inférieur, les
blessures au niveau des os et les ostéochon-
droses. Ces dernières sont diagnostiquées le
plus souvent chez les enfants et adolescents
pratiquant un sport.
Quels sont les avantages de la thérapie
extracorporelle par ondes de choc par
rapport aux méthodes conventionnelles?
Le fait que la fréquence des traitements par
ondes de choc soit moindre est un avan-
tage majeur. Il sut souvent de trois à cinq
séances à une semaine d’intervalle, ce qui
représenterait un sous-dosage en thérapie
manuelle. De nombreux patients apprécient
ce gain de temps. La durée du traitement par
séance est également plus courte. Cepen-
dant, la meilleure solution est parfois d’as-
socier la thérapie par ondes de choc à des
séances de physiothérapie.
Autrefois, on utilisait uniquement les
ondes focalisées. Puis sont arrivées les
ondes radiales. Il fallait un appareil spéci-
fique pour chaque méthode. Aujourd’hui,
des systèmes combinés de thérapie par
ondes de choc (focalisées/radiales) sont
disponibles. Qu’en pensez-vous?
La combinaison des deux méthodes en un
seul appareil a marqué un grand pas dans la
technologie des ondes de choc, d’autant plus
que des appareils comme le DUOLITH® SD1
«ultra» intègrent aussi un module ultrasons.
Sans changer d’appareil, je peux d’abord uti-
liser les ultrasons pour localiser une fracture
de fatigue, par exemple, puis appliquer des
ondes de choc focalisées. Enfin, si le patient
ressent des contractures au niveau du muscle
traité, je peux les traiter avec des ondes de
choc radiales. De cette manière, le patient
profite au maximum de la thérapie. Nous
sommes très satisfaits des ondes de choc
combinées.
Quels aspects de la thérapie extracorpo-
relle par ondes de choc pour les sportifs,
de haut niveau ou non, souhaitez-vous
voir progresser?
En orthopédie du sport, j’aimerais que les
indications concernant les os fassent l’ob-
jet de plus d’attention. Au SMI de Francfort,
nous avons mené ces dernières années plu-
sieurs études portant par exemple sur la thé-
rapie par ondes de choc dans les indications
osseuses chez les enfants et les adolescents.
Nous sommes extrêmement satisfaits des
résultats obtenus jusqu’ici. Un autre point
important est la recherche dans le domaine
des blessures musculaires. La thérapie par
ondes de choc peut encore faire beaucoup de
progrès dans cette application. Nous avons
besoin de nombreux cas pour nos études.
Un renforcement de la collaboration interna-
tionale au niveau de la recherche serait donc
bienvenu.
Pensez-vous que la thérapie extracorpo-
relle par ondes de choc est aujourd’hui
une méthode établie en sport de haut ni-
veau?
La thérapie extracorporelle par ondes de choc
ne fait pas encore partie des habitudes. Mais
je pense que les progrès techniques donnant
lieu à des appareils toujours plus compacts
renforceront son utilisation en sport de haut
niveau. Nous avons aussi besoin d’études
supplémentaires sur diérentes indications
comme l’achillodynie ou la tendinite rotu-
lienne. Dans le domaine de la fasciite plan-
taire, nous disposons déjà d’une très bonne
base: il a été prouvé que les ondes de choc
sont plus ecaces qu’aucune autre approche
(y compris la chirurgie) pour traiter cette
aection. Par conséquent, nous détenons
d’ores et déjà de très bons arguments en fa-
veur de cette méthode.
Comment envisagez-vous le développe-
ment international des ondes de choc
dans le sport de haut niveau?
De nombreux pays européens utilisent déjà la
thérapie par ondes de choc pour les athlètes
de haut niveau. C’est par exemple le cas dans
les grands clubs de football en Angleterre, en
Allemagne ou en Espagne, où on n’imagine
plus travailler sans ces appareils. Dans de
nombreux pays cependant, notamment de
grandes nations sportives comme les États-
Unis, le Japon ou le Brésil, des restrictions
d’homologations s’opposent à une utilisation
plus étendue des ondes de choc. Mais j’ai la
certitude que la situation va évoluer au cours
des prochaines années.
Merci Professeur Lohrer de nous avoir
accordé cet entretien.
Entretien
Le professeur Heinz Lohrer
est directeur médical de
l’Institut de médecine du
sport de Francfort (SMI). Il
est médecin spécialiste en
orthopédie, en physiothérapie
et rééducation, en médecine
du sport et en chirothérapie.
Pour en savoir plus:
www.smi-frankfurt.de
Professeur Heinz Lohrer
DUOLITH® SD1 «ultra»
4Retour sur la conférence SHOCK WAVE à Berlin
Tendances, technologies, perspectives:
la « 2e Conférence internationale SHOCK
WAVE» s’est tenue du 3 au 4octobre 2014 à
Berlin. Le professeur Heinz Lohrer, président
de la conférence, a accueilli plus de 250parti-
cipants venus du monde entier, dont de nom-
breux experts de renom.
Situé près du célèbre hôpital berlinois de la
Charité, le Kaiserin-Augusta-Hospital, rénové
avec soin par le groupe KARL STORZ, orait
un cadre idéal pour ces deux jours de col-
loques, d’ateliers et de débats animés sur le
thème de la conférence: «Shock Wave The-
rapy in Progress» (Les progrès de la thérapie
par ondes de choc). Des sujets comme la mé-
decine du sport, le diagnostic échographique
ou le traitement des fascias et des points gâ-
chettes, ainsi que de nombreuses indications
nouvelles issues de diérentes disciplines –
de l’orthopédie à la dermatologie, en passant
par la neurologie, l’urologie et la cardiologie
– ont focalisé l’attention. Les intenses débats
interdisciplinaires ont également abordé l’in-
fluence de la technologie des ondes de choc
sur la réussite du traitement.
Le traitement des fascias par les ondes de
choc
Pratiquement ignoré il y a quelques années
encore, le traitement des fascias enregistre
un essor fulgurant. La science a fait de grands
progrès dans ce domaine, en raison notam-
ment des congrès internationaux consacrés à
ce thème. On sait aujourd’hui que le réseau
de fascias de l’organisme est impliqué dans
les causes et le traitement des aections, en
particulier celles de l’appareil musculo-sque-
lettique.
En dehors de la thérapie manuelle classique,
le traitement des fascias fait de plus en plus
souvent appel à la thérapie par ondes de choc
– et ce, avec succès, comme l’ont démontré
plusieurs exposés au cours de la conférence
SHOCK WAVE. De nouveaux transmetteurs
d’impulsions à entraînement balistique
peuvent contribuer à optimiser ces résultats:
c’est ce qu’a établi le docteur Ulrich Piontko-
wski, Allemagne, dans sa conférence intitu-
lée «Fascial manipulation with shock waves»
(La manipulation fasciale à l’aide des ondes
de choc). Chez les patients sourant de dou-
leurs musculaires, les fascias sont fortement
altérés ou épaissis dans la région touchée.
STORZ MEDICAL, en étroite collaboration
avec des médecins chevronnés (parmi eux,
Dr Carlo Di Maio, Dr Stephan Swart et Dr
Ulrich Piontkowski), a développé des trans-
metteurs d’impulsions spécialement conçus
pour le traitement de ces structures, dont la
forme particulière est adaptée aux exigences
de la thérapie des fascias. Vous trouverez des
informations complémentaires sur les trans-
metteurs d’impulsions pour fascias en page7
de cette édition.
Sonographie et ESWT
L’exposé de Bert Evers, Pays-Bas, sur l’asso-
ciation de la sonographie et de la thérapie
par ondes de choc axée sur la pratique a
fait forte impression. Cet expert des ondes
de choc, par ailleurs président de la Société
néerlandaise de la thérapie par ondes de
choc et du diagnostic échographique, a
montré l’intérêt de la sonographie pour le
diagnostic ciblé ou l’application précise de
la thérapie par ondes de choc en s’appuyant
sur de nombreux exemples. Au demeurant,
le diagnostic par imagerie échographique
n’améliore pas seulement le traitement, mais
contribue aussi à augmenter la satisfaction
du patient puisque le résultat devient visible
2e Conférence internationale SHOCK WAVE à Berlin:
de bons arguments en faveur de la thérapie par ondes de choc
À Berlin, l’échange inter-
collégial et scientifique
a focalisé l’attention de
plus de 250participants.
Bert Evers a abordé l’association de la sonographie et
de la thérapie par ondes de choc.
Dr Ulrich Piontkowski
5
Retour sur la conférence SHOCK WAVE à Berlin
et contrôlable. Dans l’atelier qui faisait suite
à son exposé, M. Evers a insisté sur les avan-
tages des appareils modernes de thérapie
par ondes de choc qui disposent, en plus des
ondes de choc focalisées et radiales, de l’ima-
gerie échographique intégrée.
Nouvelles indications
Depuis ses débuts en urologie, le spectre des
indications de la thérapie extracorporelle
par ondes de choc n’a cessé de s’élargir – et
ce n’est pas terminé. Lors de la Conférence
SHOCK WAVE, de nombreuses indications
nouvelles ont focalisé l’attention.
Dr Jean-Paul Schmid, privat-docent en Suisse,
a présenté les derniers résultats sur l’appli-
cation de la thérapie par ondes de choc chez
des patients atteints d’angine de poitrine
chronique stabilisée. Ces résultats confir-
maient que la thérapie par ondes de choc
était bien supportée par un nombre croissant
de patients et qu’elle entraînait une amélio-
ration des symptômes et de l’endurance.
Au cours d’un autre exposé, le docteur Sch-
mid a décrit les eets positifs des ondes de
choc sur les cicatrices, dont elles stimulent
la guérison. Prenant appui sur des données
récentes, il a démontré que la thérapie par
ondes de choc constitue une approche très
prometteuse dans le traitement des blessures
cicatrisant mal ou pas du tout, par exemple
l’ulcère veineux ou la gangrène diabétique.
L’exposé du professeur Lars Lund, Danemark,
a montré que de plus en plus de patients
sourant de dysfonctionnement érectile
(ED) pourront bénéficier d’un traitement par
ondes de choc extracorporelles. Dans une
étude randomisée portant sur 112hommes
(âge moyen: 60ans), 57% des patients trai-
tés par ondes de choc ont retrouvé une érec-
tion, contre seulement 9% dans le groupe
placebo.
Présentation de livre:
«Multidisciplinary Medical Applications»
Le nouveau livre «Multidisciplinary Medical
Applications», présenté dans le cadre de la
Conférence SHOCK WAVE par ses deux édi-
teurs, les professeurs Heinz Lohrer et Ludger
Gerdesmeyer, traite lui aussi des divers
domaines d’utilisation et d’application de la
thérapie extracorporelle par ondes de choc
(plus d’informations en page6 de cette édi-
tion). L’approche interdisciplinaire de ce livre
montre l’incroyable spectre d’application de
la thérapie par ondes de choc et encourage
le transfert de connaissances entre les dié-
rentes spécialités. On a pu constater combien
de tels échanges peuvent être fructueux lors
de la 2eConférence internationale SHOCK
WAVE.
Résumé et perspectives
Outre la formation continue spécialisée sur
des sujets actuels et axés sur la pratique, la
Conférence internationale SHOCK WAVE de
cette année a porté une attention particulière
à l’échange intercollégial et scientifique. Les
exposés et ateliers ont montré une fois de
plus qu’il existe de nombreux arguments en
faveur de la thérapie par ondes de choc. Des
études à un haut niveau d’évidence ont dé-
montré son ecacité pour de nombreuses in-
dications. Afin d’améliorer l’évidence, notam-
ment pour les nouvelles indications, d’autres
études de haute qualité seront encouragées.
«Au cours de ces deux derniers jours, nous
avons entendu de nombreux exposés d’une
excellente qualité qui ont ouvert de nom-
breuses perspectives », a déclaré le pro-
fesseur Heinz Lohrer en conclusion de ce
colloque. Il a indiqué que la «3e Conférence
internationale SHOCK WAVE» se tiendrait en
octobre 2016 à Amsterdam.
Source: SHOCK WAVE Berlin, «2e Conférence
internationale SHOCK WAVE», Berlin, 3 et 4
octobre 2014.
Dr Jean-Paul Schmid, privat-docent
Prof. Lars Lund «3e Conférence internationale SHOCK WAVE» 2016 à Amsterdam
Le professeur Heinz
Lohrer, président de la
conférence, pendant
son atelier «ESWT in
sports medicine – Rare
indications» (L’ESWT
en médecine du sport –
Indications rares)
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