Introduction générale
1. Inquiétudes
Y a-t-il encore quelque chose à dire et peut-on encore dire quelque chose sur la
conscience morale ? Faut-il encore oser penser la conscience morale ? Les ouvrages
nombreux et divergents sur la conscience, la suspicion qui plane sur la conscience à l’époque
contemporaine, le désarroi qui menace ceux qui entreprennent d’en comprendre le sens
inspirent une réponse négative à ces interrogations.
Une inquiétude théologique et existentielle nous a néanmoins amené à voir dans ces
interrogations la possibilité de revisiter une sagesse déjà éprouvée, à découvrir des données
jusqu’alors peu connues, à avoir le courage de proposer de nouvelles formulations et d’y
articuler de nouveaux éléments. Mais cette inquiétude se manifestait avant tout comme une
perplexité devant la sensibilité changeante et même ambivalente qui réside au cœur de l’être
humain et qui fait de son identité – identité éthique en l’occurrence – une construction, plutôt
qu’un acquis, une mouvance, plutôt qu’une fixité, une continuité dans une discontinuité.
Ce présupposé recentrait alors la problématique de la conscience sur la compréhension
de son évolution. Comment la conscience évolue-t-elle ? Est-il possible de former la
conscience ? Y a-t-il des conditions qui permettent à l’être humain de développer sa capacité
de juger et de prendre une décision éthique ? De plus, pour nous, qui avons œuvré et vécu
auprès de nombreuses communautés chrétiennes où les personnes – tous âges confondus –