SIMON LEMIEUX
LA D*FIIPITION DE LA FONCTION SUJET
EN S&MANTIQUE GRAlldlldATICALE
Mémoire
présenté
à la Faculté des études supérieures
de l'université Laval
pour l'obtention
du grade de maître ès arts (M.A.)
Département de langues et linguistique
FACULT~DES LETTRES
UNIVERSIT* LAVAL
O Simon Lemieux,
1997
Nauonai uurary
DIUIIUUI ~ U IC
gauur l c i i ~
of Canada
du Canada
Acquisitions and
Bibliographie Services
Acquisitions et
services bibliographiques
395 Welrmgton Street
OttawaON K1AON4
395, me Wellington
Ottawa ON K I A ON4
Canada
Canada
The author has granted a nonexclusive licence aIlowing the
National Library of Canada to
reproduce, loan, distribute or seU
copies of this thesis in microform,
paper or electronic formats.
L'auteur a accorde une licence non
exclusive permettant à la
Biblotheque nationale du Canada de
reproduire, prêter, distribuer ou
vendre des copies de cette thèse sous
la forme de microfiche/film, de
reproduction sur papier ou sur format
électronique.
The author retains ownership of the
copyright in this thesis. Neither the
thesis nor substantial extracts fiom it
may be printed or othefwise
reproduced without the author's
permission.
L'auteur conserve la propriété du
droit d'auteur qui protège cette thèse.
Ni la thèse ni des extraits substantiels
de celle-ci ne doivent ê e imprimés
ou autrement reproduits sans son
autorisation.
Je tiens à remercier mon directeur de recherche. Monsieur Jacques
Oueilet. pour sa disponibilité, son sens critique et son appui.
Je tiens aussi à remercier ma famille pour l'intérêt qu'elle a manifesté
pour mon travail. Je remercie Bnalement du fond du coeur Jolaine et Pierre.
pour leur attentive oreille, tantôt éloignée. tantôt rapprochee, Caroline, pour
la contagion de son sourire et de sa bonne humeur. et Nicolas, pour sa
gentfflesse. sa patience et son amitie sans faille.
AVANT-PROPOS
INTRODUCTION...........................................................................iii
QUESTION................
CHAPITRE
.............. i
1.1 Introduction ........................................................................ 1
1 -2 La syntaxe ........................................................................... 1
1.3 Fonction grammaticale et fonction logique ............................6
1.4 L a fonction sujet ................................................................. 15
1 .4.1 Définition procédés d'identification et propri6tés .......-15
1.4.2 Nature du sujet ........................................................-24
1.4.3 Sujet grammatical et sujet logique..............................33
1.4.4 Repriçe du sujet .......................................................-37
1 -5Conclusion ..................... .
.
.
.
...
.
................................... 4 0
.
2.1 Introduction ...................................................................... -42
2.2 Le concept et ses composantes .............................................43
2-3La paradigmatique..............................................................-45
2.3.1 L'extension nominale................................................ -45
2.4 La syntagmatique............ .
.
...........cc....c.............................
48
2.5 La syntaxe .......................................................................... 52
2 -6Rapport grammatical et rapport logique .............................. -57
2 -7Conclusfon ........................................................................ -59
3.1 Introduction ....................................................................... 61
3.2 Le paradigme de l'aspect ..................................................... -62
3.3 Le désigné actif .................................................................. -63
3.4 Le désigné passif ................................................................ -64
3.5 Le mode, le temps et la personne ......................................... -66
3.6 Sujet grammatical et sujet logique ....................................... 70
3.7 L'attribut............................................................................ 74
3.8 Conclusion .........................................................................
4.1 IntroductfOn ..............................................rc.
4.2 Nature du sujet ................................................................... 81
4.3 L'accord du verbe avec le sujet.............................................-86
4.4 L a "reprisedu sujet"........................................................... -89
4.5 Le sujet de l'infinitif ........................................................... -91
4.6 Sujet grammatical et sujet logique dans les tournures dites
d m p e r s o ~ e i l ......................................................................
e~
-92
4.7 Le sujet logique du participe ................................................ 93
4.8 Conclusion .........................................................................95
CONCLUSION............................................................................ ..CE
BIBLIOGRAPHIE.......................................................................... 99
INTRODUCTION
Dans une phrase verbale, il arrive très souvent que le verbe soit associé à
un sujet grammatical. notamment dans les phrases du type Pierre marche
sur lapoutre. En raison de son rôle dans la phrase et de sa kéquence considérable. il s'agit de l'une des fonctions primordiales de la syntaxe du
fkançais. C'est pourquoi la plupart des grammairiens y ont accordé une
attention particulière; certains d'entre eux. comme Maurice Grevisse ou
Riegel. Pellat et Rioul proposent des moyens de la reconnaître et de l'identifier sans pour autant la définir. alors que d'autres. tels B a y , Tesnière ou
Martinet. tentent d'en d o ~ e une
r dé£inition qui rende compte de tous les
cas où elle se manifeste.
Cette fonction. tout comme celle d'objet, peut tenir aussi bien de la
structuration grammaticale que de la structuration logique du discours.
Bien que le sujet logique corresponde très souvent au sufet grammatical (Le
chat mange).il arrive parfois que ces deux fonctions soient dissociées; le
phénomène est mis en évidence, entre autres. lorsque le sujet grammatical
n'a pas de referent particulier. par exemple dans: l2 manque trois assiettes ou
dans: Ii ufeent deux hommes. Dans cette construction. le sujet grammatical
est le pronom 11 et le sujet logique est représenté par le syntagme attribut
(troisassettes; deux hommes), puisqu'fl renvoie a u sujet grammatical et que
c'est le référent de l'attribut qui est l'origine de I'evénement exprimé par le
verbe. C'est pourquoi on obtient une valeur référentielle logiquement equivalente en employant ce syntagme en fonction de sujet: Trots assiettes
manquent; D e w hommes viennent.
L'objectif de cette étude est donc de proposer une caractérisation et une
défînition de la fonction sujet qui soient plus adéquates que celies proposées en grammaire traditionnelle et en linguistique moderne. L a méthode
comparative exploitée vise à rendre compte de tous les cas possibles de
fonction sujet de façon à ce qu'aucun ne fasse exception à cette caractérisationL'état de la question présente l'examen qui a été effectué des analyses
des differents auteurs qui ont traité de cette fonction dans divers cadres
théoriques en vue de les confkonter à l'ensemble des faits en cause. Cette
évaluation a permis de comparer la façon dont chacun des auteurs aborde
les problèmes que pose I'analyse de cette fonction et de relever les déficiences de leur méthode.
Le cadre theorique de la sémantique grammaticale s u r lequel s'appuie
cette étude repose sur les principes de base suivants. Il pose en premier lieu
que la grammaire d'une langue fonde la structuration des concepts et des
phrases; l'analyse de cette structuration met en cause trois niveaux d'opération dtstincts: la paraàigmatique, où sont produits les morphèmes et les
lexèmes qui entrent dans la formation des concepts. la syntagmatique. où
ces composantes sont mises en relation pour structurer les concepts. et la
syntaxe,où les concepts s'associent pour former des phrases, ces unités qui
mettent également en cause la logique du discours.
Les concepts associent inkvitablement deux types de composantes. à
savoir une composante lexicale dont tient leur valeur spécifique e t une
composante grammaticale dont dkpend leur valeur catégorielle. Le signifié
lexical d'une unit6 se compose de lexèmes ou de morphemes qui lui confèrent sa valeur particuiière. alors que le signifie grammatical est constitué de
morphemes grammaticaux dont la nature et la fonction caractérisent les
dinérents types de concepts. Fondamentalement, les concepts se constituent
tous s u r la base de la représentation abstraite d'un ensemble
correspondant à ce qu'on a appelé traditionnellement l'extension d'un
concept; il s'agit d'un morphème grammatical auquel la composante
ledecaleconfère un type de propriété caractéristique de l'une ou l'autre des
parties d u discours selon sa fonction par rapport Ci ce morphème
fondamental.
Selon cette analyse. les relations grammaticales de détermination
mettent en cause un apport et un support: entre le support, terme déterminé, et l'apport. terme déterminant. s'instaurent différents modes de
détermination. On en distingue trois types: si I'apport confère une propriété
spécifique particuïière au contenu de l'ensemble support (Les chats gris).
c'est-à-dire s'il détermine une qualit6 des cléments qu'il contient. il s'agit
d'un rapport de désignation: si Fapport détermine une propriéte générique
pâTficuli&requi affecte cet ensemble uniquement en tant que contenant ou
en tant que tout (leschats chassent), il s'agit d'un rapport de prédication;
et si l'apport détermine une modalite d'existence de son support (Ce sont des
chats très indépendants) c'est-à-dire une modaiité d'appartenance à cet
ensemble. il s'agit d'un rapport de modalisation.
Mais tout rapport de détermination grammatical implique un autre type
de rapport, dit rapport logique ou rapport de référence. Les relations
logiques s'étabiissent entre les concepts pour opérer la référence aux faits
d'expérience auxquels renvoie une phrase. Elles peuvent aussi bien
s'instaurer entre les éléments d'une phrase qu'entre ceux de phrases
dlffi5rentes. Par exemple, dans: Pierre n'estpas là. K est malade.. le pronom Lf
employé dans la seconde phrase renvoie logiquement à Pierre dans la
première sans entretenir de rapport grammatical avec ce mot. De même,
dans IZ oient deux hommes. deux hommes est. logiquement, en tant qu'agent
de cette action, Ie e u j e t réeb de ufeBt. mais. grammaticalement, ce
syntagme remplit la fonction d'attribut par rapport à vlent et le pronom l2
celle de sujet. Cependant. même si tout rapport d'incidence grammatical
implique un rapport logique, l'inverse n'est pas vrai, car il ne peut
s'instaurer que des rapports de référence entre deux phrases.
Pour arriver à démir adéquatement la fonction sujet, les phrases qui
font l'objet d'une analyse dans cette étude sont tirées des exemples fournis
par les dU3érents ouvrages consult&. que ce soit des grammaires ou des
ouvrages plus spécialisés portant presque uniquement sur cette fonction
syntaxique, ou encore de textes d'auteurs fkançais. L e corpus finalement
retenu iiiustre les àkfférents cas de fonction sujet dans le plan grammatical
et dans le plan logique. L'analyse de ces dlfferents cas de fonction sujet vise
à déterminer le sens qui est hé A cette fonction en le dégageant clairement
des autres facteurs sémantiques qui intemennent dans la relation
sujet / prédicat. qu'il s'agisse de prédication grammaticale ou de predication
logique.
À partir de l'application des principes de la sémantique grammaticale
évoqués dans le cadre théorique, I'anaiyse comparative du corpus tend à
dégager le sens qui est lie à cette fonction syntaxique par comparaison ou
opposition à celui qui tient des autres fonctions dans le plan des relations
grammaticales et dans celui des relations logiques. Il s'agit d'identifier ce
qui est propre à cette fonction a f h d'élaborer une définition qui soit appïicable à tous les cas d'emploi. La comparaison porte donc sur le sens sousjacent à la fonction sujet et, par opposition. sur celui des autres fonctions
syntaxiques qui mettent en cause le verbe.
L'intérêt et la pertinence de cette recherche est double: d'une part. elle
vise à présenter une description et une définition adéquates de cette
fonction fondamentale en vue d'apporter une contribution à l'étude de la
syntaxe du français; par ailleurs, comme les grammaires scolaires qui
s'inspirent de la Unguistique moderne et de la tradition n'arrivent pas à
cerner convenablement cette fonction syntaxique. faute de paramétres
appropriés. cette étude entend contribuer à définir les paramètres qui
peuvent &Ireexploités dans l'enseignement en se fondant sur l'appréciation
du sens des séquences analyskes selon la méthode exploitée en sémantique
grammaticaie.
ÉTAT DE LA QUESTION
-
1.1 Introduction
L'analyse traditionnelle partage nombre de considérations ou d'analyses
avec difErents courants de la linguistique moderne. notamment la distinction de deux mes de sujets. à savoir le sujet grammatical et le sujet
logique. Solidement ancrées dans la tradition grammaticale. ces deux
notions ne sont pas toujours caractérisées de la même façon par les
linguistes. comme en temoignent les divergences qu'on relève quant au rôle
que leur assignent les grammairiens par rapport au verbe; par exemple. le
sujet grammatical est démi tantôt comme celui qui fait l'action exprimée
par le verbe, tantat c o m m e l'un des deux Cléments essentiels d'une phrase
verbale. Il importe donc. dans ce premier chapitre, de cerner ces deux
notions de sujet grammatical et de sujet logique de même que les concepts
plus généraux de syntaxe et de fonction, dont l'étude de la fonction sujet
implique d'abord Pexamen.
Afin de classer les mots en parties du discours ou en catégories grammaticales. l'analyse traditionnelle se fonde essentiellement sur des crittres
morphologiques et des critères syntaxiques. Une grammaire traditionnelle
comme L e Bon Usage dit ne pas tenir compte des définitions sémantiques.
car même si eelles ne sont pas dépourvues d'intérêt*(GREVISSE.
[ 19361,1993:178).Maurice Grevisse considère qu'elles ne sont pas
pertinentes. L e critère morphologique fondamental exploité par la tradition
est la variabilité ou l'invariabilité d'un mot et le seul critère syntaxique da
fonction (ou les fonctions) que le mot est susceptible de recevoir dans la
phrase, (idem:179). Dans le cas de l'adjectif, par exemple, l'analyse
traditionnelle considère qu'il s'agit d'une partie du discours qui varie en
genre et en nombre et qui est apte à servir d'épithète:
uLe moment attendu était arrivé, (idem:492).
ou d'attribut:
L'hurnSLIlfte est violente.
Le critère morphologique, qui concerne la nature du mot. s'oppose au
critere syntaxique. qui concerne sa fonction. E n grammaire traditionnelle,
morphologie et syntaxe sont deux notions qui se compl&ent et s'opposent à
la fois: la morphologie &tudie les morphémes ou éléments variables dans les
mots. (idem:6), alors que la syntaxe &tudie les relations entre les mots dans
la phrasa (idem:7). Cette défhition de la syntaxe a &ailieurs été adoptée par
plusieurs autres linguistes comme Lucien Tesniere de même que Riegel,
Pellat et Rioull. À la W'érence toutefois des autres grammairiens, Tesniére
distingue deux plans en syntaxe: le plan structural ou grammatical et le
plan sémantique ou logique. Selon lui, le plan structural est celui *dans
lequel s'élabore l'expression Unguistique de la pensé- et le plan semantique
ne relève pas de la grammaire; il s'agit d'un domaine *propre à la penséa
(TESNIÈREJ 1959].1976:40).
Afin de bien distinguer ces deux plans. Tesnière utiïise la notion de
e o m e x i o d . L a connexion, qui est à la *base de toute la syntaxe structurale. (idem:12).est un ïien à la fois invisible et présent entre les mots d'une
v- -EL.
PELLAT et RIOUL.1994:22.
V. f n f k 1 3 .
phrase, mais ce lien peut être d'ordre structural ou d'ordre sémantique. L à
ou il y a une connexion structurale Li y a toujours une connexion sémantique, puisqu'd n'existe jamais de connexion structurale sans connexion
sémantique (idem:44).Toutefois, d'inverse n'est pas nécessairement vrab
(ibidem),car il n'y a que des connexions sémantiques entre deux phrases. Le
fait que Tesnière tente de distinguer ces deux plans rend d'ailleurs sa d é h i tion de la syntaxe beaucoup plus intéressante que celle proposée par la
tradition. en raison du fait que la grammaire traditionnelle ne dlnérencie
pas clairement les notions que mettent en cause la syntaxe et la logique.
Tout c o m m e l'analyse traditionneiie. Damourette et Pichon considèrent
que morphologie et syntaxe sont indissociables et qu'ii serait tout à fait
inadéquat de les considérer séparément. Selon eux. la morphologie est en
rapport avec les côtés psychique et sémantique du langage, alors que la
syntaxe est directement ïiée à l'abservable, au texte et aux faits en soi.
donc, à ce qui est marqué par un signes. Toutefois. les rapports qui s'instituent entre les mots ou entre les syntagmes ne sont pas tous marqués par
un signe; par exemple, dans Courir épulse Jean, même s'il y a une relation
syntaxique entre cou* et Wlse et entre Jean et épulse. aucune d'eues n'est
marquée graphiquement sinon par l'ordre des mots. Aussi. cette définition
de la syntaxe ne rend-elle pas compte de tous les faits.
L a grammaire ghérative assigne à chaque phrase une description
etructurala qui consiste en un ensemble de relations abstraites jouant un
rôle médiateur entre la représentation phonétique et la représentation
sémantique de cette phrase. Dans le cadre d'analyse qu'elle propose, la
syntaxe est considérée comme la composante centrale du langage. celle qui
fournit l'essentiel de cette description structurale de telle manière qu'elle
determine univoquem ment. d'une part. la description phonétique, et. d'autre
part. la description sémantique des phrase- (RUWET. 1968:29).Il y a donc
trois parties à une grammaire: tout d'abord, une composante centrale, la
syntaxe. qui, selon les gh5rativistes. essocie à chaque phrase de la langue.
conçue comme une suite d'éléments syntaxiques minimaux ench&& (les
morphème^), une description structurale. celle-ci étant une sorte d'objet
abstrait. neutre entre le son et le sensa (Ibidem).D e part et d'autre de la
syntaxe,deux composantes interprétatives traduisent cet objet abstrait sous
une forme plus concréte: d'une. la phombgfe, le traduit en une séquence de
signaux sonores; l'autre. la sémantique. lui donne une interprétation
sémantique (ibidem).
Ces deux composantes renvoient à deux structures différentes; la phonologie renvoie à la structure d e surface d'une phrase et la sémantique à sa
structure aprofonda. Chacune de ces deux structures est représentée par un
ou plusieurs ddfcateurs syntagmatique*. L'indicateur syntagmatique est
défini comme la description et la ureprésentation sous forme d'arbre,
(idemAl2) d'une phrase. Celui de la structure de surface est appelé
dndtcateur syntagmatique dérivé finab (idem:248) et celui de la structure
profonde est dit eous-jacenb. Entre les deux, il y a des indicateurs syntagmatiques dérivé-, c'est-à-direceux qui résultent d e Pappïication d'une ou
de plusieurs transformations* (ibidem),car en principe. pour aboutir à la
structure de surface d'une phrase. il faut que la structure profonde de cette
phrase ait préalablement subi une ou plusieurs transformations. Par
exemple, Ptndicateur syntagmatique derivé &al de la phrase L e petlt garçon
mangeaft des pommes est le suivant4:
PHRASE
Yu
article
mange- -ait
RV = racine verbale.
TPS = affixe temporel.
PL = pluriel
des
pomme-
-
Les générativistes s'efforcent de déterminer les conditions formelles que
doit remplir une phrase pour qu'eue soit susceptible de recevoir une
interprétation sémantique (idem:29).Cependant. c o m m e ils ne cherchent
pas à définir les relations qui s'instituent entre les composantes de la
phrase. une telle vision de k syntaxe, parce qu'on considère qu'il s'agit
d'une structure formelle. c'est-à-dire non sémantique. ne distingue pas de
façon précise les dinérents types de relations d'ordre grammatical ou d'ordre
logique qui existent entre les mots ou entre les syntagmes; toute phrase
possède une structure formelle que manifeste la séquence de signes
phoniques ou graphiques qui la constituent. mais ce qui est plus important
encore, c'est que pour en arriver à une structure cohtrente. il faut
préalablement que des relations grammaticales et logiques s'instituent entre
les composantes conceptuelles de cette phrase.
Le fonctionnalisme pose un problème analogue. car en affirmant que
seules méritent examen en syntaxe ales relations entre les classes qui entretiennent, de l'une à l'autre. des rapports variables, (MARTINET,
[ 19791.1984:153).comme ceiles des noms et des verbes (le nom peut, par
exemple. être tantôt le sujet d'un verbe. tantôt l'objet d'un verbe, etc.). ces
linguistes négligent I'importance qui doit Otre accordée aux classes qui ont
entre elles des rapports eonstanb, comme celui qu'il y a entre le déterminant et le substantif nominal dans la formation d'un syntagme; la relation
qui les unit est toujours une relation de désignation où le déterminant est le
support et le substantif nominal l'apport, comme c'est le cas dans un chat
ou lejardin. En fait, tous les rapports syntaxiques sont importants lors de
l'analyse d'une phrase, puisqu'une unité doit ntcessairement rempiir une
fonction grammaticale pour fafre partie d'une phrase et s'intégrer à sa
structure.
La psychomécanique pose que l'étude des faits de langue constitue le
domaine de la morphologie et celle des faits de discours celui de la syntaxe.
Conditton essentielle à tout acte de langage. la langue e s t une possession
intime et permanente de notre esprit. (GUILLAUME.19912)et le discours,
c'est-à-dire le résultat de tout acte de langage. & l'inverse. n'est qu'un occupant de notre pense- (idem:3). Dans l'esprit du locuteur. la langue est
permanente et le discours momentané. L e fat de langue. dit Gufflaume. s
son aboutissant au mot. 11 occupe ainsi dans la pensée un champ de formation qui est celui de la construction d u mot. Le fait de discours. qui a son
départ au mot. a son aboutissant à la phrase. Il occupe. en conséquence. un
champ de formation qui est celui de la construction de la phrasa (ibidem).
De ce point de vue. la morphologie étudie le mécanisme de construction du
mot et la syntaxe celui de la construction de la phrase.
Selon Gufflaume, il y a d e s manieres très fixes d'employer les signes,
que les signes emportent avec eux, et qui c o m m e eux font partie de la
langue,(GUILLAUME. l987:ZOZ); c'est ce qui est généralement appelé l'ardre
grammatical des mots. Cet ordre ressortit à la syntaxe dite d'expressiorw;
par exemple. la déférence & la syntaxe d'expression fait dire Pieme arrtve,
(ibidem). À cette syntaxe d'expression s'en ajoute une autre, ceiie
dtexpressivit&,expIoitke pour "modifier"l'ordre des mots propre à la syntaxe
d'expression; ainsi. la qrt5pondérance donnée à la syntaxe d'expressivité fera
dire M u e Pierre> (ibidem). D'apres Gufflaume, il faut donc epasser sous
silence la syntaxe d'expressivité pour poser l'existence. dans une langue
comme le fiançais. d'un ordre grammatical des mots, rigoureum (ibidem).
Même s'il définit la syntaxe, Guillaume, qui a considére essentiellement
dans ses études la morphologie. a fort peu développé Pétude de la syntaxe en
dehors de ces principes généraux. Tout comme les générativistes. Gufflaume
ne définit pas les différents types de relations qui s'instituent entre les
composantes de la phrase. sauf en ternes d'dncidenc-5. ce qui ne veut pas
dire autre chose que aelation de déterminatiom.
1.3-Fonction slmmmaticale et fonction logique
Même si elle ne donne pas de définition explicite de la fonction
syntWque. la grammaire tradttionnelle indique qu'iï faut distinguer clairement nature et fonction6. Cependant, elle tend à les confondre en certains
cas; ce phenornene s'observe. entre autres, dans l'analyse des éléments
"subordonnés"au nom: même si I'effet de ces cléments est
toute fin
pratique identique (ils restreignent ~ ' e x t e n s i o ~c'est-à-dire
d.
le champ de
signification du terme qu'ils accompagnent). la dénomination de cette
fonction dinére à chaque fois que la nature de l'élément s u b o r d ~ au
~ e nom
change: s'il s'agit d'un adjectif ou d'un participe. la fonction est dite
si c'est une proposi&pith&a, lorsque c'est un nom, on la dit epposition,~;
tion relative. il s'agit d'une *relative déterminative et si c'est u n syntagme
prépositionnel, L1 s'agit d'un *complément déterminati6, ou &complémentdu
n o m . etc. Dans le cas de l'épithète et de l'apposition, la grammaire
t r a d i t i o ~ e i l eassimile complètement nature et fonction dans la mesure où
eiie les réserve respectivement à l'adjectif et au substantif : tl ne s'agit plus
de caractériser les fonctions remplies par des unités spécifiques, mais de
caractériser ces unités elles-mêmes lorsqu'eïles sont s u b o r d o ~ e e au
s nom:
Éaithète: &'épithèteest un adwtif ou un ~articipe(nous
soulignons) subordonnt B un n o m (GREVISSE,
[ 1936].1993:492).
A D D O S ~ ~&'apposition
~O~:
est un élément nominai (nous souïignons) placé dans la dépendance d'un autre élément
nominal et qui a avec celui-ci la relation qu'a un
attribut avec son sujet. mais s a n s copules
(idem:516).
En adoptant la terminologie traditionnelle, il faut donc considérer l'épithète non pas, en soi, c o m m e une fonction, mais comme un adjectif ou un
participe qui accompagne un nom. De même. l'apposition n'est pas à
proprement parler une fonction. mais un élément nominal placé dans la
dépendance d'un autre élément nominal. 11 faut donc, pour qu'une unit6
remplisse telle fonction, qu'elle soit de teiie nature. Ce qui pose un problème
dans les cas où une unité de nature ciifferente peut se substituer à cette
unite en cette même fonction : Un homme gentll / Un homme orchestre. Mals
on parle dors dans ce dernier cas d'un *nom employé adjectivementr et non
d'une apposition8.
En grammaire fonctionnaliste, la fonction syntaxique est définie comme
un rapport qui s'institue entre des unités appartenant à des classes déterminées? Cependant. en définissant la fonction syntaxique de cette manière,
on y confond rapport et fonction. pulsqu'une fonction n'est pas un rapport.
mais plutôt le rôle qu'une unité joue dans un rapport; par exemple, dans
Jean marche. les unités Jean et marche ont toutes les deux un rôle dans le
rapport qu'elles entretiennent. L e rôle de Jean est celui de sujet et celui de
marche est celui de prédicat; leur rôle respectif découle donc du rapport qui
les unit. et ce. sans que rôle et rapport ne soient confondus.
Le fonctionnaliste André Martinet afnrme que la fonction d'une unité est
son lien au contexte; par exemple. dans la phrase L'homme marche. homme
serait par nature un substantif et. par fonction. un sujet. Isolément. selon
Martinet. homme garde sa nature substanttve. mais n'a plus de fonction; la
fonction est ce qui le rattache au contexte dans lequel il flgure; c'est ce qui
distingue le mot dans un contexte du mot bol& (MARTINET.1985:171).
Consid&ant que les fonctions reiient des monèmes10 appartenant des
classes déterminées. les fonctionnalistes affirment qu'il est inexact de
présenter les syntagmes lefoumal et le solr, dans If lit lejournal le soir, comme
les élements qui sont. avec M. dans un rapport détermin6 (MARTINET.
[ 19791,1984:155). En fait. seuls seraient en cause les monèmes journal et
soir. En procédant par substitution. il est nécessaire de remplacer non
seulement sot. mais tout le syntagme le solr par tous lesjours ou sou^. par
exemple. a& que la phrase demeure cohérente:
'1 lit le journal le tous les jours.
Il lit le journal tous les jours.
*Ii Ut le joumai le souvent.
Il lit le journal souvent.
v. MARTINET.[ 1979].19&4:
153.
l0 Les fonctionnailstes définissent les monemes c o m m e des unités
eignificative-. c'est-à-dire des unités qui ont une forme et un sens.
Cette substitution montre donc que c'est tout le syntagme le soir qui est en
relation avec le verbe Ut et non pas uniquement le mot sok.
Le concept syntaxique le plus général en grammaire fonctionnelle est
celui de hiérarchie; certaines unités ont la capacité d'être des centres
d'énoncé, d'autres des expansions primaires* et des uexpansions non
primaire-. Les expansions primaires sont directement remes au centre
d'énoncé et les non primaires le sont indirectement. Le centre d'énoncé,
appelé qxt5dicatr. est ai'élément central par rapport auquel les autres t51t5ments marquent leur fonction, (BUREAU.[L 978].1994:36).Autrement dit. de
terme prédicat est réservé à l'élément irréductible d'un énoncé (vadans Va
le chercher) ou au noyau central de cet tlement (vadans lZ v a le chercher)
[ ...P (MARTINET.
1985:87). Ainsi. les fonctionnalistes analysent une phrase
comme Lapoule blanche picore d u maehdans la cour comme suit:
Prédicat: picote.
Emansions ~rtmaires:[La]
poule, [du] maLF et [dansla J cour.
Emansion non ~rïmaire:blanche.
11 existe aussi. selon ces grammairiens. trois façons de marquer les
fonctions ou les relations entre les unites en syntaxe qui se retrouvent à des
degrés &ers dans toutes les langues: premièrement. la position peut devenir
signe quand une permutation dans u n message donné change le sens du
message: ce serait notamment le cas du sujet et de l'objet en ncFnçais.
Deuxièmement, fl existe des monèmes ~fonctionnebqui indiquent les relations des autres unités entre eues. qEn français. comme en beaucoup de
langues. ce sont les prépositions et les conjonctions: dans c'est le chapeau de
P d . quelle que soit la probabilité sémantique que Paul soit Ie possesseur
du chapeau. ce rapport ne sera fixé que par la présence de d a
(FRANÇOIS,1977:14-15). Toutefois, dans une phrase c o m m e De Jeunes
enkfantsjouent a u ballon. il est dLfacile d'admettre que seule une préposition
peut marquer la relation entre jeunes enfats et jouent. car en remplaçant de
par le determinant les. la relation entre le syntagme les jeunes enfants et
jouent s'etabkt meme si les n'est pas considéré comme un montme fonctionnel. L a fonction du syntagme prépositionnel est également dinérente dans :
M a r vient de Montréal; ïï a de la chance ou IZ boit de l'eau. C'est pourquoi il
est primordial de toujours distinguer adequatement la nature d'une unité de
la fonction qu'elle peut remplir dans tel ou tel emploi et cela même lorsqu'il
s'agit d'une préposition. Finalement, certaines unités. appelées eiutonomes.
sont considérées c o m m e indiquant elles-mêmes leurs relations au reste de
l'énoncé;en français. seul le prédicat. qu'il soit nominal (aientôt m i n u b
(PROUST) BUREAU,[ l978],l994:
115).verbal (Je mange une pomme) ou
autres. aurait cette capacité d'être un centre d'énoncé autonome-indépendanb.
D'autre part. les fonctions seraient des unités de la langue au même titre
que les monèmes même s'il s'agit d'unités d'un type différent, qulelIes soient
manifestées au moyen d'un fonctionnel ou par un autre trait formel, comme
la position des éléments en cause ou l'absence de coordination*
(MARTINET.[ 19791.1984:155).Les fonctionnalistes s'efforcent donc toujours
de distinguer soigneusement les fonctions d e s monèmes dont elles
marquent les relatiomw (ibidem): par exemple. dans L'eau coule. il y aurait
deux monèmes. eau et coule reiiés par une autre unité, la fonction dite
eujetr. De même, dans IZ vient de Par&. les deux monemes ulent et Paris
seralent reiiés par une autre unité, la fonction marquée par de. Ce qui serait
fondamental, en syntaxe. d e s t pas la façon matCrielle dont s'exprime
une relation, mais Ikxistence d'une reïation marquCe formellement. que
ce soit de façon explicite au moyen d'un fonctionnel, ou du fait de la
position respective des unités, (ibidem). Selon les fonctionnalistes. la
fonction grammaticale est donc a n Lien entre deux élements, et non une
façon de se comporter d'un élément* (ibidem), c'est-à-dire son rôle dans une
relation.
Cette définition de la fonction syntaxique est nettement differente de
celle que proposent Riegel. Pellat et Rioul; ces trois auteurs suggèrent que la
fonction syntaxique est le rôle qu'un clément joue d a n s la structure
d'ensemble de la phrase oh il est employé, (RIEGEL. PELLAT et
RIOUL, 1994: 106).
Les auteurs de la Gmmmaire méthodique dufrançak affirment égaiement
que la fonction syntaxique est toujours définie en termes aelationnelsir. Par
exemple, a n adjectif sera e~ithèted'un nom. attribut du sujet/& c.0.d. ou
apposé Ci un groupe nominal, (ibidem). M n de cerner convenablement la
notion de fonction syntaxique, ces auteurs identifient clnq critères qui
permettent de la caractériser: ce sont les criteres ~positionnels>
~morphologiques>..atransformationnel*, e a t e g o r i e l s ~et les critères
*interprétatifs. L e s critères positionnels identifient eune fonction d o m & à
une place par rapport à d'autres éEments de la phrase (ibidem); à titre
d'exemple, les auteurs menffonnent que le sujet est généralement situé
devant le verbe ou le groupe verbal. Dans ce cas. comment doit-on f-e pour
reconnaître le sujet lorsque celui-ci est placé après le verbe. comme dans
Gmndfut mon étonnement?
Les critères morphologiques, pour leur part, sont ceux qui vont permettre
d'identifier quel est l'clément qui régit l'accord de tel autre; selon ces
auteurs, le sujet aégit l'accord en personne. nombre et, le cas écht5ant. en
genre du verbe (idem: 106-107).Les critères transformationnels associent
certaines fonctions à des changements structurels dans L'économie de la
phrasa (idem:107). Par exemple. le complément d'objet direct d'une phrase
active (Pierrefrappe P e u l ) devient le sujet de la phrase passive correspondante ( P a u l estfmppépar Bene). En affirmant que le verbe a un genre et un
nombre. ces auteurs confondent cependant le verbe e t le participe. car le
verbe n'a qu'une personne. alors que le participe a un genre et u n nombre.
ce qui le distingue nettement du verbe dont il n'est d'aiïieurs pas apte à
remplir les fonctions par rapport au sujet et à l'objet. Dans la phrase Paul
e s t f i q p é par Pieme par exemple. le verbe s'associe au participefmppé; en
substituant à Paul un sujet féminin (Paultne est frappée par Pierre). on
constate qu'il n'y a que le participe qui prenne le genre du sujet, mais cet
accord n'affecte nullement le verbe.
Quant aux critères catégoriels, ils .spécifient la nature des éléments
susceptibles de remplir une fonction données (ibidem). Ainsi, la fonction
sujet peut être remplie par un pronom, un syntagme nominal, une proposition complétive ou une construction infînitive. Finalement, les critères
interprétatffs essocient à une fonction syntaxique un rale sémantique dans
la structure semantique de la phrasa (ibidem). Ces critères sont largement
exploités, selon ces trois auteurs, par la grammaire traditionnelle,
puisqu'elle assigne motamment a u sujet le rôle d'agent, de patient ou de
siège d'un état» (ibidem). Riegel, Peiïat et Rioul soulignent que le sujet peut
également jouer d'autres rôles, comme ceux de &énéficiaire, (deana reçu un
cadecm (ibidem)).dt~lnst.mental,
(cette clef ouvre mon bureaw (ibidem))et
de 4ocatiED (dacarafe conHent d u vim (ibidem)).Par contre. le fait que le
sujet puisse jouer le rôle d'agent, de locatif ou de benéficiaire relève davantage de la logique que de L
a grammaire. ce qui met évidemment en doute la
pertinence des critères interprétatifb puisque la fonction ne dépend pas de
ces soi-disant "critibes" qui ne sont pas constants pour une fonction
donnée. Une même fonction ne manifeste-t-elle pas des caractéristiques qui
lui sont propres et qui se retrouvent dans tous les cas o ù on peut l'observee
Riegel. Pellat et Rioul soulignent que les fonctions syntaxiques detagent
selon les niveaux de l'organisation syntaxique de la phrasa (ibidem). De leur
point de vue, il y a deux niveaux: les niveaux eupérieur* (celui des fonctions
primaires (sujet. verbe. complément(s) de verbe et compléments circonstancfeIs))et .;inférieur* (celuides fonctions secondaires. c'est-à-dire celles qui
sont dh l'intérieur des éKments qui assurent les fonctions primaire*
(idem:108)).Entre les cléments d'un même niveau. ou entre ceux des deux
niveaux, il existerait des relations t sol id air es^ pouvant être soit
dntégrative-. soit distributionnellea. Une relation intégrative voit son
constituant immédiat participer directement à la constitution d'un
syntagme d'ordre supérieun (idem:116). alors qu'une relation distributionnelle voit, quant à elle. son constituant immédiat être directement lié au(x)
constituant(s) de même niveau Lavec le(s)quel(s)il forme un syntagme de
niveau supérieum (ibidem):
uLe chat de la voisine aime la bonne cuis(ibidem).
Sujet: p[ G N ( Lchat
~ de la uotsfne]~ W a î r nla
e bonne culsine]]:
relation intégrative.
Com~hnentdu nom:[[ ~ C t k~]( c h a t[l GP[~réd&l
ON
[Lauoislne]Il: relation distributio~elle.
C.0.d.: eV[ aime] ~ ~ l u b o n n e c u t s i n erelation
fl:
intégrative.
Pour ces auteurs. ce type de dé£inition(par relation) *permet de caracteriser des categories telles que les déterminants et les prépositions, (idem:117)
(ce que les grammairiens traàitionnels n'ont jamais fait. se contentant de
signaler qu'elles a e rapportent b.dépendent de. etc.) et eue permet aussi
de lever ~l'ambiguïtétraditionnelle de la catégorie du verbe qui désigne à la
fois une partie du discours identifiée par ses marques morphologiques et une
fonction qui est généralement conçue comme ceiie du pivot central autour
duquel s'organise le reste de la phrase (ibidem).
Pour sa part. Lucien Tesnière définit la fonction syntaxique comme le
rôle assigné à un mot dans le mécanisme d'expression de la pensée
(TESNIÈREJ19591.1976:40). Selon lui. la fonction que peut rempiir un mot
dépend directement des liens qui unissent les mots d'une phrase. c'est-&-dire
des connexions. Les connexions, qu'elles soient structurales ou sémantiques. etablissent entre les mots des rapports de dependance: dans chacun
de ces rapports, il y a un terme supérieur (le dgissanb) qui s'unit à un
terme inférieur (le esubordonnb). Par exemple. dans une phrase comme Je
mange, mange est le régissant etJe le subordonné. parce que le verbe mange
est le noeud central, de cet énoncé ou. en d'autres termes, l'unité qui n'est
subordonnée Zi aucune autre. Le fdt que Tesnière considère le sujet comme
un élément qui est subordonné au verbe ne concorde pas avec le point de
vue t r a d i t i o ~ eselon
l
lequel c'est le verbe qui est subordonné a u sujet. Afin
de représenter les connexions entre les mots. Tesniere utilise de petits traits
( / . \ ou 1 ); ainsi. la phrase Je m n g e se schématise de la façon suivante:
-ge
/
Je
Ce dessin, ou ce schéma, appelé etemms~r,contient un mioeucb, c'est-àdire un régissant, car à chaque régissant correspond un noeud formé du
régissant et de son ou ses subordonnés. Dans une phrase telle que m o n vieU
ami chante cettejolie chanson (id:14), il y a trois noeuds puisqu'iï y a trois
régissants (chante, ami et chanson):
chante
\
ami
chanson
/
\
/
\
mon vieil cette belle
/
Comme le montre cet exemple. un terme peut être à la fois régissant et
subordonné: c'est le cas d'm.puisqu'il est subordonné à chante et régissant
de mon et de vMI. En outre. le noeud eentrab de cette phrase. c'est-à-dire le
noeud aformé par le régissant qui commande tous les subordonnés de la
phrase, (idem:15). est un verbe (chante). ce qui fait que cette phrase est dite
werbab. Selon Tesnière, seuls les mots dont la forme est associee directement à une idem (idem:53], appelés a o t s pleina. auraient la capacité d'être
des noeuds centraux: ce sont le substantifll. le verbe. l'adjectif et l'adverbe.
De même, i l y aurait quatre types de phrases. à savoir les phrases substantivale. verbale. adjectivale et adverbiale:
Phrase substantivale: d e stupide
s l è c b (LÉONBAUDET)
(idem:100).
le siècle
/
\
XIXe
stupide
Phrase verbale: L e stgnal vert indique la voie ltbreb (ibidem).
indique
/
\
signal
voie
/
\
/ \
le
vert la libre
Phrase adiecthde: 4uvert la nuib (idem:10 1).
Ouvert
I
la nuit
Phrase adverbiale: *À la recherche du tempsperdzd2 (PROUST)
A la recherche
I
du temps
I
---
-
11 Selon Tesnière, on compte parmi ces substantifs certains apronoma.
comme les interrogatifs qui et quo€(v. idem:68).
12 Tesnière considere que le syntagme à la recherche est une locution
adverbiale. alors qu'il s'agit plutôt d'un syntagme prépositionnel.
perdu
Tesnière mentionne *que l'importance hiérarchique des mots (plan
structural) est en raison inverse de leur importance sémantique (plan
sémantique). (idemA3). Donc. *plus un mot est bas situé sur l'échelle
structurale. plus il a de chances d'être essentiel pour le sens de la
phrasa (ibidem);une phrase telle que de signal vert indique la voie libre,
(ibidem) n'aurait plus de sens sans les mots verf et Ubre. Toutefois. si les
mots signal et uote étaient absents. la phrase n'aurait pas de sens non plus
(*le vert indique la libre). ce qui indique que peu importe oh les mots se
situent sur l'échelle structurale. ils sont tous importants pour la compréhension de la phrase. Maigre le fait que ce grammairien ne définisse pas plus
clairement que les autres auteurs la fonction logique. la distinction des
plans structural (syntaxique) et sémantique (logique)est une caractéristique
qui lui est propre. puisqu'il est le seul à l'avoir proposée. L a distinction de
ces deux plans est d'ailleurs des plus importantes puisqu'elle correspond à
des relations de nature distincte dans la stmcturation linguistique: elle fera
l'objet d'une analyse approfonàie dans le second chapitre de cette étude.
1.4 La fonction sutet
Maurice Grevisse considere que la phrase verbale énonciative comprend
au minimum deux mots. comme c'est le cas dans Jean rougit. L a fonction du
premier est appelée a u j e b et celle du second qddicab. Entre ces deux é1éments. il s'institue une relation de *prédlcatiorw. c'est-à-dire eune solidarité
réciproque. qui n'a pas d'équivalent en syntaxe et qui est diffkrente de la
relation de coordfnafion (Jean et Marie rougissent) et de la relation de
subordlrintlon (Lasoeur de Jean mugit) [...P(GREVISSE.[19361,1993:301302).
Cet auteur chifke à quatre le nombre des caractères qui permettent
d'opposer le sujet au prédicat: premièrement. le sujet précède généralement
le verbe. ~puisqu'ilsne peuvent être intervertis Librementr (idem:301).
deuxièmement, de premier teme appartient la classe du nom et le second
il la classe du verbe (ibidem). troisièmement. d e premier terme donne a u
second ses marques de personne et de nombre13 (ibidem), et quatrièmement. ale premier terme représente ce dont je dis quelque chose et le second
ce que jten d i s (ibidem). Grevisse affirme cependant que cette quatrième
caractéristique stappiiqueaussi au theme. car même si le thème. c'est-à-dire
rre dont on parle. (idem:303) est toujours le e u j e t psychologique, de la
phrase. 11 n'est pas toujours représenté par Ie sujet grammatical:
d e a n do* (idem:303): Jean est à la fois le sujet et le thème.
*Dans cette maison naquit Victor Hug- (ibidem): le thème est
dans cette maison et le sujet est Victor Hugo.
Cependant. c o m m e -es quatre caractères ne sont pas constants,
(idem:301) (par exemple, fl n'y a pas que les termes appartenant à la classe
du nom qui peuvent remplir la fonction sujet). rauteur mentionne qu'4.l est
impossible de donner du sujet et du prédicat des définitions qui satisfassent
entièremenb (ibidem)et qu'il serait plus sage d e considérer le sujet comme
une sorte de postulat. et de fournir seulement des moyens de l'identifiem
(idem:304). ce qui semble indiquer qu'on n'a pas réussi à identifier ce qui
caractkrise fondamentalement et de maniere constan te cette fonction. Il
existerait deux moyens qui permettent l'identification du sujet: poser la
question Qui est-ce qui? (ou Qu'est-ce qui?) ou introduire la formule C'est...qui
dans la phrase. Ces moyens dridentiflcation ne s'appliquent toutefois pas
aux phrases présentant des verbes communément appelés impersonnelm m.
c'est-à-dire des verbes qui ont comme sujet grammatical un pronom. généralement il ou ce. qui ne réfère à rien de particulier:
d e professeur écrit a u tableau.
Qui est-ce qui écrit?
LE
PROFESSEURw (ibidem).
L a neige tombe à grosj'iocons -> C e s t LA NEIGE qui tombe à gros
j2ocom (ibidem).
13 Georges et Robert Le Bidois déibissent le sujet uniquement à partir de ce
principe; aussi. le sujet est d'après eux ale mot [...] qui donne la loi au verbe,
(LE BIDOIS et LE BIDOIS, 1935.1:382). Cette définition ne rend évidemment
pas compte de tous les faits, notamment lorsque la fonction sujet est
remplle par un syntagme ou lorsque c'est un infinitif qui la remplit (11 ne
peut d o ~ e la
r loi au verbe. car il n'a pas de personne).
4
2 conuient de p a r t f ~(idem:305)-> *C'est IL quf conuient de partir.
Qu'est-ce qui convtent? Il.
Tout c o m m e Maurice Grevisse, Riegel, Pellat et Rioul caractérisent la
fonction sujet sans toutefois la définir. À cette fin. ils distinguent deux
niveaux d'analyse. les niveaux syntaxique et sémantique. Au niveau
syntaxique. cinq propriétés caractériseraient le sujet: d'abord. c'est de
premier des deux élements nécessaires à la constitutîon d'une phrase. 11
n'est donc pas effaçable et précède normalement le GV, (groupe verbal)
(RIEGEL, PELLAT et RIOUL, 1994: 129):
&'avion a percuté la montagne, (ibidem).
*A percuté la montagne.
*A percute la montagne l'avion.
Cependant, une phrase telle que Viens icf!, est bien constituee syntaxlquement malgr6 l'absence d'un sujet grammatical. 11 n'est donc pas juste de
considérer que le sujet est nécessaire à la constitution d'une phrase et qu'il
n'est pas effaçabla. Par ailleurs. le sujet ne précède pas nécessairement le
groupe verbal putsquliIpeut souvent être postposé à ce groupe. comme c'est
le cas dans & peine était-il loin que je sortis (WARTBURG et
ZUMTHOR.[ l958],1989:87)
ou dans Auec ZeprInternps &vent les hirondelles.
A l'instar de l'analyse traditionnelle, Riegel. P e b t et Rioul considerent
que le sujet aégit l'accord du verbe en personne et en nombre (ibidem) (et
aussi en genre le cas échéant) (Coutes les mesures seront reconduit(RIEGEL. PELLAT et RIOUL, 1994:129). qu'il sppartient à la catégorie générale des constituants n o m i n a m (ibidem] et qu'il est de seul élément qui
puisse être extrait de la phrase au moyen de la locution discontinue
Ctest..qub (ibid.) ou qui réponde & la question Qui est-ce qui? / Qu'est-ce
quO. Par rapport à ces trois propriétés. il faut toutefois noter que dans la
phrase Toutes les mesures seront reconduites, reconduftes est un participe et
seront est le verbe. Selon la déhition meme de ces grammairiens, qui
considèrent que le verbe est un mot qui se conjugue. c'est-à-dire qui varie en
nombre et en personne. comment un verbe à l'infinitif, qui n'est d'atueurs
pas un constituant nominal, pourrait-il d o ~ e ses
r marques de personne et
de nombre au verbe dans une phrase comme Domir est essentiel. étant
donné qu'il n'en pas? Quant à la Locution C'est..qui et à Ia question Qui estce qui?. elles sont inopérantes avec les constructions dites impersonnelle*.
En proposant. comme cinquième propriété. que si
une phrase active
correspond une phrase passive. le sujet de la première peut devenir le
complément d'agent de la seconda (idem:130). ces auteurs confondent
logique et grammaire. car dans une construction active. le terme vise est le
sujet du verbe et non de la phrase. et dans la construction passive, c'est le
complément d'agent du participe et non de la phrase, comme c'est le cas
dans i'exemple suivant:
d'avant-centrea marqué tous les buts -z Tous les buts ont
été marques
l'avant-centra,(ibidem).
En d'autres termes. le sujet grammatical et le complement d'egenb. ne
sont pas des fonctions qui impliquent une relation avec une phrase; eues ne
servent qu'A la constituer en entrant en rapport avec le verbe et le participe
qui en font partie. D'ailleurs. ce n'est pas la phrase qui est active ou
passive. mais le sujet du verbe par rapport & l'événement représenté par le
verbe ou par le participe selon le cas.
D u côté de l'interprétation sémantique de la fonction sujet. Riegel, P e u t
et Rioul soulignent que la grammaire traditionnelle a considérablement
restreint le champ de signification de cette fonction grammaticale en désignant le sujet comme etant d'ttre ou la chose qui fait ou subit l'action ou
qui est dans l'état exprimé par le v e r b (ibidem). Selon eux. le sujet peut
avoir six rôles sémantiques: il peut &tre agent ( C u c cultive son Jardfm
(ibidem)). béneficiaire (+Marie a reçu une gerbe de fleurs, (ibidem)).
instrumental ( 4 e stylo écrit mal, (ibidem)),locatif (Q'autoroutecontourne la
u f l b (ibidem))ou bien être une cause tous ces événements ont ralenti les
t n w m (ibidem))ou un siège (@au1admire Iepaysagen (ibidem)).En fait, ces
trois hguistes croient que cchaque verbe opère sa propre eubjectivatiorùr
actancielle en couplant la fonction sujet avec un rôle semantique spécifique
(ibidem). C'est un principe que Riegel. Pellat e t Rioul partagent avec le
fonctionnaliste André Martinet qui écrit. pour sa part, que sémantiquement.
la fonction sujet d a pas de valeur proprm et que c'est de sens du verbe
qui va déterminer la valeur de la fonctiom (MARTINET.[19791.1984:158).
ce qui tient de la logique de la phrase et du texte. Mais si tel est le cas. quel
rôle sémantique a le pronom U dans les tournures dites impersonnelles?
À la merence de Grevisse et des auteurs de la Grammaire méthodique d u
fmnçals, qui s'en avouent incapables ou qui considerent qu'il n'est guére
possible de le faire, plusieurs auteurs ont tente de donner une definition du
sujet. Charles Bally avance que le sujet est le lieu du procès exprimé par le
verbe, car a n ne peut concevoir les mouvements, les bruits. les couleurs, la
vie, la mort, la souffrance, etc., etc., s a n s u n sujet»
(BALLY,[1932].1965:122). En d'autres termes. ale verbe ne se conçoit pas
sans un sujet et le sujet. qui est le lieu du prédicat, est inconcevable sans
une détermination verbale [ ...t (idem:114). Dans le cas de l'impératif,Bally
mentionne que le pronom sujet. parce qu'il est absent, est à un degré dit
aérolr. Certains fonctionnalistes proposent une défhition simiLaire, savoir
que le sujet n'est pas omissible et qu'il est donc le déterminant obligatoire
du verbe (FRANÇOIS,lW7:5 1).Une telie définition ne rend cependant pas
compte de tous les faits, car les verbes impératifs ne sont Jamais
accompagnés d'un sujet à moins de considérer qu'il est sémantiquement
intégré au verbe, mais ii ne s'agit pas alors d'une fonction syntaxique:
eFuyez les flatteurs, (GREVISSE.[1936],1993:622).
~Veuiilezme tenir la porte (ibidem).
De plus, la soi-disant présence obligatoire du sujet dans une phrase
verbale ne confère pas à celui-ci, selon l'analyse fonctionnaliste. l'égalite
hiérarchique avec le verbe; en fait, le sujet serait dans une position subordonnée par rapport au prédicat verbal. L a preuve en serait que les termes en
fonction sujet peuvent remplir d'autres fonctions alors que L
e verbe en position de prédicat ne le peut pas. L a position dominante du verbe pose par
contre probleme dans la relation d'dmplication réciproqua qu'il entretient
avec le sujet. À ce propos, Guy Serbat écrit:
L a place prééminente accordée au verbe, noyau de toute
fonction. mais lui mtme au-dessus de toute fonction, est
aussi critiquable. En effet si -dans la phrase minimale, plus
commode à manipuler- le eujet. n'exlste et n'a de fonction
que par rapport au prédicat. et grâce à i'existence de celui-ci.
inversement le predicat n'existe que grâce au sujet. La dépendance qu'on institue du sujet vers le noyau opère aussi du
noyau vers le sujet; ou alors il n'y a plus d'implication réciproque. Si de deux termes A et B également nécessaires. le
premier A assume une fonction. qui est d'être en relation avec
B, comment B, à l'autre bout de la chaîne qui les unit. seraitil dénue de fonction? (SERBAT.1981:170).
Lucien Tesnière estime, d'une manière analogue. que le sujet est subordonné au verbe. 11 considère que la fonction que peut rempk un mot dans
une phrase dépend directement des liens qui unissent les composantes d'une
phrase. c'est-à-dire des connexions. et donc du rôle de régissant ou de
subordonné qui est assigné à ce mot. 11 distingue deux types de fonctions: la
fonction nodale et les fonctions subordonnées. La première. qui est propre à
un terme régissant. lui .sissigna la tâche d e nouer en un seul faisceau les
différentes conneMons qui unissent à lui ses divers subordonnés~
(TEsNLÈRE.[ 19591. N76:39).Ainsi, selon Tesniére. en transformant une
phrase c o m m e m o n vieU ami chante cettejolie chanson, (idem:14)de façon à
ce que le sujet amL devienne un complément d'objet (cettejolie chanson
charme mon vieil m b (ibidem)),le substantif ami entraîne avec lui mon et
M .etant d o ~ qu'ils
é
lui sont subordonnés et que dout subordonné suit
le sort de son régbsanb. (ibidem):
chante
/
\
ami
chanson
/ \
/
\
mon vieil cette
jolie
charme
/
\
chanson
ami
/
\
/ \
cette
Joue mon vieil
Cependant, ce n'est pas uniquement ami qui est le sujet grammatical de
la première phrase. car il faut substituer tout le syntagme mon oieil ami B
une autre unité apte à rempiir cette fonction, par exemple il, pour que la
phrase demeure cohérente:
Il chante cette jolie chanson.
*Mon vieil il chante cette joue chanson.
Quant aux fonctions subordonnées, il y en aurait quatre: celles de sujet,
d'objet. de contre-sujet, mieux connue sous le nom de complément d'agenb
en grammaire t r a d i t i o ~ e l k et
, celle de complément indirect (ou d'attribution). Contrairement à la tradition. Tesniere considere que le sujet est
subordonné au verbe. car il complète le terme qui le régit, c'est-à-dire le
verbe. au même titre qu'un objet:
«Albert frappe Bemarb (TEsNIÈRE.[ 19591.1976:109): h p p e
/
\
Albert Bernard
Donc. du point de vue structurai. le sujet, appelé aussi prime actanb
par l'auteur, serait a n complément c o m m e les autr- (ibidem).
Quant à la valeur sémantique de cette fonction. Tesnière adopte la définition suggérée par Zumthor et ~ a r t b u r g l 4ainsi que par JeamClaude
cheva.lierl5, & savoir que le sujet est celui qui fait l'action, (idem:108). Il
existe toutefois des phrases où il n'y a aucune action. comme c'est le cas
dans Cette pomme est délicieuse. Zumthor et Wartburg de même que
Chevalier soulignent que le sujet peut étre aussi dans l'état exprime par le
verbe. ce qui ne s'appïique pas à tous les cas encore une fois. car dans une
phrase comme Il reste deux verres ou IZ pleut. le pronom f2 ne fait aucune
action et n'est pas dans un quelconque état non plus. En fait. dans ce type
de construcUon. l'action se realise ou l'état s'actualise à partir du pronom il,
mais celui-ci ne renvoie pas à un référent particuiier. En d'autres termes. Q
n'est pas l'agent de l'actionou de l'état exprime par le verbe. mais seulement
le iieu d'actualisation. ce qui est tout à fait nomai, puisque le verbe
implique toujours un lieu d'actualisation du proces. celui qui évoque I'origine de ce procès.
Pour sa part. le générativiste Edward L. Keenan, dans Unluemal
Grammar: 15Essays, idenme trois propriet& générales considérées universelles de la fonction sujet: les proprit5tés d'autonomie (eutonomy properties), le rôle semantique (eemantic rola) et la dominance imm6diate
14 v. ZUMTHOR et WARTBURG.[ l9471.1989:17.
15 v. CHEVALIER. 1936:55.
(~immediatedominam-). En ce qui a trait à l'autonomie. Keenan m e .
premierement. que le sujet possède une existence indépendante en-dehorsde
la phrase. Par exemple. dans l'énoncé A student wrote a p o e m
(KEENAN.1987:97).l'élève. selon cet auteur, existe hors de la phrase, mais
pas le poème s'il n'est pas composé. En proposant une telle conception du
sujet, Keenan confond toutefois le sujet et son référent, car comment le
sujet peut-il exister en dehors de la phrase si on considère que c'est une
fonction dans une phrase? Et qu'en est-il dans le cas de npleut lorsque le
sujet n'a pas de référent particulier?
Deuxièmement, le sujet serait pourvu d'une certaine autonomie référentielle. c'est-à-dire que le sujet doit &treidentifiable par lui-même et ne doit
pas renvoyer à des expikations suivant plus loin dans la phrase. Dans une
phrase comme L a tomate est mûre, le sujet la tomate est effectivement identifîable par lui-même. mais il faut lire des énoncés comme Elle est très belle
cette rose! ou Ii arrive des gens pour identifîer à quoi réfèrent les sujets elle et
U. Donc, contrairement à ce qu'affirme Keenan. ce critère n'est pas
universell6. Troisièmement, le sujet serait indispensable dans une phrase
verbale:
dohn hunts lions (fora iivingb (ibidem).
d o h n hunts (for a iivfn@ (ibidem).
~*hunts
iions (fora Uvingl, (ibidem).
Les phrases comportant un verbe à l'impératif, comme Sors de là! ou
Mange ta soupe!,vont toutefois à l'encontre de cette affirmation. puisqu'eiïes
sont bien constituées sans pour autant comporter un sujet.
À propos du rôle s6mantique du sujet, Keenan mentionne qu'il decoule
du verbe principal de la phrase; ainsi. le sujet serait agent dans L'homme
mange une pomme et patient dans L'homme a été mordu par un chien. En
général. le sujet serat l'agent de l'action. si le verbe exprime une actîon évi-
demment. Mais, conclut l'auteur. ce n'est pas une condition suffisante pour
identifier le sujet d'une phrase. U n autre gén&ativiste, Ch. J. Fillmore, a lui
aussi exploité le rôle sémantique du sujet pour le definir, mais contrairement à Keenan. FLllmore ne le considère que comme un agent&. c'est-àdire un *instigateur animé d e l'action exprimée par le verbes
(SERBAT. 1981:187). Sur le plan s&nantique, le sujet peut cependant être
autre chose qu'un agent et. de plus. il peut s'agir d'un inanimé (Le téléphone
sonne). ce qui fat que la définition proposée par cet auteur ne rend pas
compte de ces cas de fonction sujet.
Finalement. le fait que le sujet soit immédiatement dominé par le constituant appelé phrasa. c o m m e le montre l'indicateur syntagmatique dérlvé
mal de la phrase L e petit garçon mangeait des pornmes17. représente la
troisième propriété générale idenuée par Keenan pour caractériser le sujet.
Cependant. cette dominance, si elle est considéree indépendamment du
sens, ne tient que de la description formelle de l'indicateur syntagmatique
proposée par l'analyste.
Gustave Guillaume considére pour sa part que la notion de sujet
recouvre deux réaLit&: *une r&bté philosophique, qui est celle de détenteur
de puissance positive ayant la conduction des événements, et une réalité
étroitement Unguistique. qui est celle de support grammatical du verba
(GUILLAUME,
1986:131);autrement dit. du point de vue strictement Unguistique. le sujet est le terme auquel la predicativité du verbe se euspenb. Les
r6aiitt5s philosophique et linguistique se superposeraient en présence d'un
verbe appartenant à la voix active. comme dans Paul mange une pomme. car
en plus d'être le support grammatical du verbe mange. le sujet P d est
dynamique (ou ec-1 par rapport au procb manger (c'est Paul qui mange).
Ces mêmes rt2alités se dtssocieratent lorsque que le verbe appartient à la voix
passive. car dans une phrase comme Paul a été battu par Pieme, le sujet Paul.
même s'il est le support grammatical du verbe a été battu. subit l'action
exprimée par le verbe. En ce cas, le sujet est dit apassS. Aussi. selon
Guibume, le sujet peut-il ébe de deux types en fonction du proc&sexprimé
par le verbe: dynamiques ou e g i s s a n t lorsqu'il l'eexecute ou
lorsqu'il le subit.
Mais. dans une construction passive. le sujet est en situation passive
uniquement par rapport a u participe (bath). car le verbe. et plus
prCcisement son désigné. est toujours en situation active par rapport à
l'événement qu'il représente, même lorsque ce verbe évoque un étatl8. De
plus,le fait que le participe battu a un genre et un nombre indique qu'il ne
s'agit pas d'un verbe. étant d o ~ que
t le verbe personnel n'a qu'un mode, un
temps et une personne. ce qui est le cas de a. mais non du participe. Il n'est
donc pas juste de considérer que le sujet est actif dans un cas et passif dans
l'autre par rapport au verbe puisque ce n'est pas le verbe qui est en cause
dans les deux cas,
1.4.2 Nature du suiet
Dans le prolongement de la tradition grammaticale, les fonctio~aiistes
ainsi que Riegel. Pellat et Rioul admettent que la fonction sujet peut être
rempiie soit par un nom ou un pronom. soit par un infinitif19 ou par une
proposition relative ou conjonctive:
Nom: S e chien est l'ami de l'hommen (GREVISSE.[ 19361.
1993:308]20.
Marc mange une pomme.
Pronom:dous mourrons tous, (ibidem),
Inflnitifi araconnu n'est pas voler, (GENEVOIX) (idem:309).
(idem:310).
Pro-wsition relative: e u i a bu boMis & part Ies noms propres ou communs, Grevisse range parmi les noms
les éléments ~nomtnalisésr.c'est-à-dire ceux auxquels ont été données les
l8 v. lnfra:63-65.
l9 En raison de sa faculté de remplir plusieurs fonctions du nom. l'infinitif
est perçu par Maurice Grevisse de même que par les guillaumiens non pas
comme un verbe proprement dit, mais plutôt comme *la forme nominale du
v e r b (GREVISSE.[ 1936].1993:309)qui y correspond. Pourtant. cette soidisant forme nominale ne comporte ni genre, ni nombre.
20 Dans cet exemple. contrairement à ce qu'affirme Grevisse, c'est le
syntagme le chien qui remput la fonction sujet. ainsi que l'indique la
substitution à ce syntagme du pronom II: LE CHIEN est l'ami de l'homme ->
IL est l'ami de l'homme. On n'obtient donc pas : *LE IL est l'ami de
l'homme.
fonctions grammaticales du nom et qui peuvent être &entuellement accompagnés d'un déterminant. Ces éléments peuvent être des mots. des
syntagmes ou des phrases .<construitsavec un déterminant. (idem:308):
.<Lemoi qui Pavait aimé [ ...] resurgissait (PROUST)(ibidem).
un élément de la langue (sons,lettres. suffixes, mots, etc.) envisage en luimême:
&insi age s'ajoute en général à des verbesr (ibidem).
des nurn&w.xcardinaux exprimant la quantité d'une manière absolue. sans
aucune désignation d'êtres ou d'objeb (ibidem):
e e p t était un nombre sacr& (ibidem)21.
ou encore. les adverbes qui auraient des emplois équivalents à celui des
noms:
ùlemain est un jour de feta (ibidem).
Pour leur part, les psychomécaniciens affirment qu'il existe une opposition binaire à la base des parties du discours. à savoir Fopposition du nom
et du verb*.
L'univers d'entendement du nom est P~univers-espacewet
celui du verbe est I'aunivers-temps.. Au-dessous de ces deux catégories
d'entendement siègent des catégories dites dl~incidenca.Pour Gufflaume,
l'incidence est une mise en rapport entre un apport de signification et un
support de signification, deux notions qui ne sont pas déantes très explicitement. II y a deux types d'incidence: l'incidence dntema, -Ù l'apport de
signfflcation est identique au support, (JOLY,1987:275).et l'externe. où
l'apport de signification est dinérent du support. Les catégories du nom et
du verbe sous-tendent chacune des trois catégories d'incidence; du côté du
nom, il y a le substantif. l'adjectif et l'adverbe. et du côté du verbe, il y a
21 Avec ce type de sujet. c'est le substantif nominal. qui n'est pas un
cardinal. qui sert à parler du cardinal (référent).
22 V. GUILLAUME,195bL952.IA6.
l'inanitif. le verbe conjugué et l'adverbe encore une fois. Deux seulement ont
une incidence interne. à savoir le substantif et l'infinitif. car ce sont les
seules qui ne peuvent être déférées. par incidence. qu'à des supports pris
dans le champ de ce qu'eues signifient. En d'autres termes. l'incidence du
substantif et de l'infinitif est une incidence interne qui ne sort pas de la
signification générale du mot; la notion transportée par le substantif ou
l'infînitif se rapporte à elle-même23. Le fait que le substantif et l'infinitif
ont un tel type d'incidence leur permet de remplir la fonction sujet. car le
sujet est un support; il est impossible de retrouver un adjectif, un adverbe
ou un verbe conjugué en fonction sujet, étant donné que l'incidence
(externe) caractérisant ces parties du discours irnpiique la référence A un
support pris en dehors de ce que le mot signifie par lui-même:
gros chien: gros -> chien.
très grand: très -> grand.
Renée mange: mange -> Renée.
A propos du nom, Guillaume ajoute que les principaux déterminants d e
la partie du àiscours dénommée nom sont en fkançais le genre, le nombre et
le cas unique du fkmçais. qui est un cas synthetique indiscriminant en lui
les fonctions de sujet. d'attribut et d'obfetr (GUILLAUME.1987:22).
Cet
unique cas du fhnçais. appelé cas epaptiqua. porte puissamieliement en
lui ces trois fonctions24. Donc, selon les psychomécaniciens. tant que le
nom n'apparaît pas en discours, il peut potentiellement rempiir l'une ou
l'autre de ces fonctions. Aussi. ce n'est qu'en discours que le choix effectif
entre ces fonctions s'opère, dans l'instant même de l'acte de langage; selon
André Joly. seul l'ordre des mots permet de déclarer si le nom doit être
entendu comme sujet ou comme objet25. par exemple:
23 v. JOLY.1987:275.
24 Cependant, les fonctions sont alors traitees c o m m e des cas
morphologiques. ce qui existait dans le nom latin. mais qui est disparu du
nom en français. En ce cas. Gufflaume ne considère pas les pronoms
personnels où ces cas ont éte maintenus et où il n'y a pas de cas
synthétique indiscriminant les fonctions et il ne compare pas le nom à ces
pronoms.
25 v. JOLY. 1987:254.
Sujet: ~L'hommeest, je vous l'avoue. un méchant animalu
(MOLLÈRE) (JOLY.1987:254).
Obiet: .[Dieu] dit ensuite: Faisons l'hommeà notre image et
à notre ressemblance. (SACY) (ibidem).
Tout comme les grammairiens traditionnels, Joly fait l'erreur, dans le
premier exemple, de considerer que seul le nom est en fonction sujet, ce qui
n'est pas juste. car c'est tout le syntagme LRomme qui rempIit cette fonction.
D'aüieurs on peut remplacer ce nom par un adjectif sans que le syntagme
soit inapte à la fonction sujet: L a chemtse verte est sale / La blanche est
propre.
De plus, la position n'est pas un critère d'identl8cation pertinent, car le
sujet peut &idemment suivre le verbe:
G r a n d e fut ma surprise quand j'appris que le docteur
Babtnsky avait eu part à l'élaboration des D & q é e s ~ (A.
BRETON)(GREVISSE,[1936].1993:580).
Ce n'est donc pas la position, mais le sens de la séquence qui indique
quel est le sujet. En raison de la présence du cas synth6tique dans le nom.
les psychomécaniciens m e n t que cette partie du discours ne peut rempIir
de façon autonome que Les fonctions de sujet, d'attribut ou d'objet. C'est
pourquoi, iorsqu'il remplit d'autres fonctions, il se doit dl&treaccompagné
d'une préposition. comme dans la phrase ï 2 est allé a l'épicerte. Donc. d'aprés
eux, c'est de contexte. et plus particulii3rement l'ordre grammatical, ou
même I'ordre expresstf des mots qui sera charge. parmi les trois fonctions
que le n o m incorpore, de dégager celle en convenance avec la visée de
discours, (GUILLAUME,
1989:94). Toutefois, qu'en est-fl de la fonction de
malson dans Un gâteau maison ou de mon ami dans Paul, mon ami, est p a t i
où 11 n'y a pas de pr6position pour marquer la relation?
En ce qui a trait cette fois à l'emploi de l'infinitif, i l serait conditionné
*par les caractérisations nominales qu'il accepte et refuse,
(GUILLAUME,
1951- 1952.11:99). Refusant le genre, le nombre et la fonction
attributive et acceptant l'incidence interne et la convenance médiate aux
fonctions de sujet/objet (ibidem). il ferait figure de substantif dans le plan
du verbe. Autrement dit. l'infinitif serait d a n s le plan du verbe le substantif.
aussi substantif 1à que le permet ce plan. opposé à celui du nom,
(GUILLAUME. 1951-l952,I:53]; il serait verbe par aposition catégorielis (il
appartient à la catégorie du verbe) et substantif*par nature. par mécanisme
(GUILLAUME.
1951- 1952,m:268)
C'est
. pourquoi l'lnflnftif est considéré par
Guillaume comme un mode quasi-nominab. Cependant. contrairement à ce
qu'affirme Gufflaume, l'infinitif peut rempk la fonction attribut. comme
c'est le cas dans ~Voulotr,c'estpowoir, (GREVISSE.[1936],1993:1302).
Outre le nom-substantif et l'infinitif,le pronom peut tenir lieu lui aussi
de sujet. Transitionnelle enire les catégories du nom et du verbe. la catégorie
du pronom, selon l'analyse psychom&anique. se subdivise en deux séries:
celle des pronoms existentiels, Ve/me. tu /te, il /Ie/la/se,Us /les / s e ) et celle
des pronoms mntiquesr (mot,tol. luï/eIle/soi, nous, uous, eux/elles. leur). L e s
premiers sont appeles existentiels car. d'apres André Joly, ils aessortîssent
aux comportements, à l'existence, qui se démissent dans le tempû,
(JOLY, 1987:64) et les seconds sont dits ~ o n t i q u e s ~eparce
,
qu'ils
ressortissent à l'être. qui se définit dans l'espace (ibidem). Gufflaume
considère que les pronoms existentieis habitent dans le plan du verbe. car il
est impossible de les M t e r comme on traite le nom. c'est-à-dire d e les
prendre sous préposition. ou de les mettre en relief au moyen de l'expression
c'esb (GWUUME.1951-1952.m:271):
*c'est il qui l'a fait. (ibidem) -> c'est lui qui l'a fait.
qe parle à il -r je lui parle.
De plus. les pronoms je, tu, il et ils ne peuvent remplir que la fonction
sujet:
Tu parles.
*Je parle B tu -> je te parle.
Le pronom on devratt également s'ajouter à cette k t e , car il ne peut être
pris sous préposition ou mis en relief avec c'est et. B l'instar des quatre
pronoms précédents. il se retrouve uniquement en fonction sujet:
*il est venu avec on -> est venu avec nous.
*C'est on qui est venu -> C'est nous qui sommes venus.
On parle beaucoup de toi.
Contrairement aux pronoms existentiels. les pronoms antiques. qui
acceptent la préposition et la particule présentative c'est, habitent consequemment. selon ces grammairiens. dans le plan du nom:
je pense à lui, (idem:276).
d e s t lui qui parle (ibidem).
Les psychomécaniciens distinguent donc en français deux séries de
pronoms dans la categorie de la personne. une série intra-nominale, opérant
dans le plan spatial (moi,toi,etc.) et une série intra-verbale ue. tu. etc.) opérant dans le plan temporel. Quatre pronoms. c'est-à-dire nous. vous. elle et
ellesz6, appartiendraient aux deux plans, puisque même s'ils sont aptes à
suivre la préposition ou l'expression c'est* il peuvent quand m ê m e remplir la
fonction sujet:
Je pense a vous.
C'est vous qui avez téléphoné.
Vous mangez une pomme.
Ce livre est B eue.
C'est elle qui a manqué son examen.
Elle prend l'autobus.
Par rapport au pronom elles. de même qu'au pronom eux, Guillaume
signale qu'ils peuvent rempk non pas la fonction de sujet grammatical.
mais celle de sujet expressfâ. terme qui n'a pas été défini par cet auteur:
eux le savenb (idem:278).
elles le savenb (ibidem).
26 v. JOLY. 1987:64.
Pourtant. dans les deux exemples précédents. malgré que ces deux pronoms
soient sans doute utilisés pour des raisons expressives. il n'en reste pas
moins que c'est avec eux que le verbe m e n t est en relation. 11 est également
tres dtfncile d'admettre que. dans une phrase comme elles mangent. le
pronom e k ne soit utilisé qu'expressivement; c'est un sujet grammatical à
part entiere, tout comme I'est je dansje mange.
Finalement. pour certains linguistes, Ia fonction sujet est propre à Ia
catégorie du substantif; c'est notamment le cas de Charles Baily, Lucien
Tesnière et Damourette et Pichon. Pour B d y . le sujet est toujours un
substantif et plus précis&nent un eppeiiatl6, ou l'équivalent d'un appelïatif.
L'appellatif serait. en fait. un nom. simple (cheuaï)ou complexe [le cheval de
Jaqueç). qui désigne un être ou une chose. et les équivalents des appellatifs
seraient les représentants et les déictiques (II. ceci. moi. Je, qui, etc.). En
outre, le substantif,~préàestin62~ la fonction sujeb (BALLY,[ 19321,1965:122)
serait le seul signe qui soit determine sans être pour autant déterminant.
Afin d'etayer ses dires, BaUy affirme que. si de complt5ment d'objet
substantifest relit5 au verbe par une préposition. c'est que tout substantif
est prédestiné à être sujet et que dans toute autre fonction. il est transposé
et ne peut l'être que par une préposition^ (idem:164). Par exemple. en
observant les deux phrases suivantes. Ma scie ne fonctionne pas bien et Je
coupe cet arbre avec ma scie. le sujet de la première, c'est-à-dire scie (ma ne
serait qu'un déterminant de ce substantif avec lequel il s'accorde). est
transposé en complément d'objet indirect dans la seconde par le biais de la
préposition; Bally utilise le terme ~transpos&,car ce ne serait pas, s i l'on
peut dire. dans la "nature" du substantif d'être à la fois déterminant et
détermine (étantdonné qu'ii I'est toujours par ma).
Mais dans une phrase comme Je m'achète une scie. le syntagme une scie.
même s'il ne remplit pas la fonction de sujet mais celle d'objet direct. n'est
pas accompagné d'une préposition pour autant, ce qui invalide cette caracterisation du substantif. C'est également un phtnomène de transposition
qui se produirait avec l'infinitifcourir dans Courir rn'éputse. puisque ce verbe,
utout en conservant sa valeur sémantique, change de valeur grammaticale en
prenant lafonction d u n e categorie lexicale [ ...] & laquelle il n'appartient pas,
(idem:1 16). Toutefois, même s'il peut remplir la fonction sujet. l'infinitif
n'est pas un appellatif, un représentant ou un déictique. ce qui remet en
cause la validité des considérations de B a y à propos de la nature des unités
qui remplissent cette fonction syntaxique.
Tesnière afanne que ce sont les ectants, qui peuvent occuper la fonction
sujet. Globalement. les actants .;sont les êtres ou les choses qui. ik un titre
quelconque et de quelque façon que ce soit. même au titre de simples figurants et de la façon la plus passive. participent au proces,
(TEsNXÈRE.[ 19593,1976:
102),ce procès étant exprimé par le verbe. Ainsi,
parce que les actants sont des êtres ou des choses. ce sont utoujours des
substantifs ou des équivalents de substantif- (ibidem). Il y aurait deux
types de substantits: les substantifs généraux et les particuiiers; les premiers
correspondent à certaines catégories de pronoms en grammaire
traditionnelle et les seconds aux noms27:
GÉNÉRAUX:interrogatifs ( qui?
négatifs (personne)
personnels (moi )
indétermfn6s (quelquh )
PARTICULIERS: communs (cïzeud 1
propres (AiJYed)
En afnrmant que seuls les substantifs ou les équivalents de substantifs
peuvent remplir une fonction syntaxique. Tesniére. dans une phrase telle
que L e chat mange, n'admet comme sujet que le mot chat. car ce linguiste
considère le déterminant Ze comme un *outil grammaticab, un mot avide.
qui ne fait qu'indiquer la catégorie a laquelie appartient le mot chat;
cependant. faut-il le rappeler. c'est tout le syntagme le chat qui remplit la
fonction grammaticale de sujet. En examinant cette liste, un autre probleme
se pose inévitablement: pourquoi l'infinitif ne s l retrouve-t-il pas, puisqu'il
peut remplir la fonction sujet'? À ce propos. Tesnière souligne que ce n'est
pas plus un verbe q u e ce n'est un substantia (idem:418). car il a cette
faculte de pouvoir .être le régissant de deux esp&cesde subordonnes. les
actants et les circonstantsr (ibidem),ce qui est propre au verbe, et de remplir
les fonctions des actants. ce qui est propre cette fois au substantif. C'est
pourquoi l'infinitif se présenterait eomrne une espece intermédiaire entre
la catégorie du verbe et celle du substantii, (ibidem); toutefois la nature des
unités ne doit pas être caractérisée par les fonctions qu'elles remplissent,
mais par leur constitution propre.
En outre. cet auteur considére qu'il existe un phénomène nommé
&ansiatiom, semblable à celui de la transposition chez Bay. qui consiste
& transferer un mot plein d'une catégorie grammaticale dans une autre
catégorie grammaticale. c'est-à-dire à transformer une espèce de mot en une
autre espèce de motr (idem:364). Tout comme le principe de la transposition
chez Baiiy ne fatsait pas de ce verbe un substantif. celui de la translation ne
transforme pas l'infintif en actant pour autant, car il n'est ni un être et ni
une chose28, ce qui n'est pas une considération d'ordre grammatical, mais
d'ordre logique.
Damourette et Pichon avancent que le sujet e s t forcément un substantib29 (DAMOURETTE et PICHON,[1911- 1950].1968,I:94).
Selon eux, il y a
trois types de substantifs: les substantifs nominal, verbal et strumental. L e
premier correspond au nom en grammaire traditionnelle, le second au verbe
à l'infinitif et le troisième au pronom30. Cette cIassifkation des substantifs
exclut donc les con.onctions et les prt5positions; ces unités sont considérées
comme des &onctifs», c'est-à-dire comme des termes areprésentant une
modaütC s'appliquant à l'agencement des termes hguistiques entre e m
(idem90). El est pourtant possible de retrouver des syntagmes conjonctifs ou
prépositionnels en fonction sujet:
Svntagme conjonctif: que les dirigeants soviétiques aient ainsi
évité de fdre de Soljenitsyne un martyr
n'est pas en soi un sujet d'indignation, [P.
EMMANUEL) (GREVISSE,[ 19361, 1993:31 1).
28 v. idem: 105.
z9 Damourette et Pichon definissent le substantif c o m m e un terme
areprésentant un concepb. le concept étant, selon ces mêmes auteurs. une
chose* qui prend assez d'individualit6 pour devenir dans notre esprit l'objet
d'un classemenb (DAMOURETTE et PICHON.[ 1991- 1950J.1968.1:89).
v. idem:108.
Svntagme aréwsitionnel .Ah! De t'avoir parle m'a fait du bien»
(GIDE) (idem:309).
Ainsi. Damourette et Pichon. tout comme Tesnière. BaUy et Gustave
Gufflaume. ne cernent pas de façon adéquate la nature des unités qui se
prêtent Li la fonction de sufet. car l'inventaire qu'en font ces linguistes ne
rend pas compte de tous les fatts. Il faut par contre souligner que le facteur
substantivab identifié dans le cas des unitCs qui peuvent remplir la
fonction sujet correspond à une réaiité, et ce. même si les analyses ne sont
pas suffisamment approfondies. L a liste présentée par la grammaire
traditionnelle est sans doute ceile qui se rapproche le plus des faits, et ce.
malgré quelques lacunes dans l'analyse. notamment celle presentant un
nom commun tel que c N e n dans *Le chien est l'ami de l'hommsr (idem:308)
comme le terme remplissant la fonction sujet.
1.4.3 Suiet m a t i c a l et sufet Iodcaue
Dans les tournures communément appelées impersonnelles sr. quelques
auteurs tentent de distinguer le sujet grammatical du sujet logique31; c'est
notamment le cas de Maurice Grevisse. de Riegel. Peilat et Mou1 ainsi que
de Damourette et Pichon.
En analyse traditionnelle, le pronom Q d'une construction dite impersonnelle (IZpleut, lZ manque deux cartes, etc.) est dit sujet epparenb, car il
est sujet e n tant que donneur de marques (le verbe se met la se personne
du singuiier): il manifeste le caractère nécessaire et contraignant de la
structure formelle sujet-verb (LE GOFFIC.1994:146). En d'autres termes. L1
n'est qu'an indicateur de la troisième personne, puisque tout verbe conjugué (sauf à Fimpératif) doit normalement être introduit par un pronom
personnel à défaut d'être sujeu (GREVISSE.[1936J.l993:305).
Les auteurs de
la Grammaire méthodique dufmnçats donnent une défhition similaire du
sujet apparent [1; selon eux. ce pronom fonctionne eomme une forme
postiche (un pur régisseur verbal. reférentiellement vide) destinée à occuper
31 MOme si ces deux types de sujet sont. dans une certaine mesure.
disttngués. les auteurs ne definissent pas la notion de sujet logique.
la place canonique du sujet non pourvue ou devenue v a c a n t e (RIEGEL.
PELLAT et RIOUL,1994:448). Mais parce que le pronom U est un indicateur
de la troisième personne ou un régisseur verbal. la dénomination de forme
dmpersonnellm donnke à cette tournure par nombre de grammairiens ne
correspond pas à la réaiité; même si ce pronom ne refëre rien de particuiier, iî représente tout de même la troisieme personne et 11 régit l'accord du
verbe comme tout autre sujet.
Pour ce qui est de la fonction de sujet logique (ou de sujet réel). elle est
remplie. selon Maurice Grevisse et Pierre Le Gomc. par la eequence postverbal&% Par exemple, dans une phrase comme Il m v e deux hommes. le sujet
grammatical est II et le sujet logique deux hommes. Cette séquence est appelt5e sujet logique, car m&mesi le verbe s'accorde avec le pronom a, ce n'est pas
ce pronom qui areprésente logiquement la substance sémantique qui
supporte la pr~dlcatiorw(LE GOFFIC.1994:148).mais bel et bien la séquence
qui suit ce verbe?
Pour distinguer ces deux types de sujets. Damourette et Pichon utiiisent
les notions de eoutiem et de mepèret. Ancire Joly resume le point de vue de
ces deux linguistes en affirmant que le soutîen est de support de la phrase.
quelque chose s u r quoi l'esprit se repose. s'appui- (JOLY,1987:314).Dans la
phrase verbale, il correspond à l'élément fatsant fonction de sujet (nominal
ou pronominal). c'est-à-dire à l'élément avec lequel s'accorde le verbe34.
32 v. GREVISSE.[ l936].1993:306.
33 Selon Grevisse. le sujet réel suit genéralement le verbe, sauf s'il a la
forme d'un pronom personnel conjoint (61 f a u t MILLE FRANCS,
(GREVISSE.[1936],1993:308):
Ii me LES faut).d'un pronom relatif (*Prenez le
vêtement Qu'il vousf a u b (ibidem)). d'un pronom interrogatif ( Q U Efmt-tZ%
(ibid.)) ou as'il est accompagné d'un determinant interrogatif5 (ibidem)
(GUEL VÊTEMENT uousfaut-Ui** (ibidem)).Avec ce type d'impersonnel (II
faut). il est toutefois difacile de considérer la séquence c o m m e le eujet réeb
du verbe. étant donné qu'eue occupe kt fonction d'objet direct. Ce statut de
complément d'objet se conflrme d'ailleurs par le fait qu'il est impossible de
lui faire prendre la place du pronom 1, alors que c'est régulièrement le cas
du sujet réel des verbes comme m u e r ou conwnfr:
dl est m u é UN MALHEU& (idem: 305) -> UN MALHEUR est arrlvé.
*n conuient DE PARTIb (ibidem)-> DE PARTIR cornlent,
difaut MILLE FRANCS, (idem: 308) -> *MILLE FRANCSfaut.
34 v. idem.1:116.
Quant au repère, Joly mentionne qu'il correspond au uthi?rne de la prédicatiow. Parfois soutien et repère se confondent, c o m m e dans &e printemps
fut précoce. Parfois tls sont dissociés: dl (soutien) leur tombe un roi (repèreb.
(ibidem).Lorsque soutien et repère renvoient au même terme. Damourette et
Pichon lui donnent le nom de eoubassemenbr35 : ainsi, dans l'exemple
précédent, L e pdntemps est le soubassement. Lorsqu'ils sont dissociés, le
repère correspond au sujet tradftionnellement appelé dogiqua ou &eb. Pour
sa part, le pronom il. même s'il tient lieu de soutien, est perçu par ces
auteurs comme a n simple exposant de l'explicitation de la réalité du fab
(DAM0URE:TTE et PICHON,[L911-1950],1968,E91).
Il n'en reste pas moins
toutefois qu'ils considèrent ce pronom comme le sujet grammatical d'une
telle tournure. En outre. contrairement aux grammairiens traditionnels qui
l'appellent ~impersonneb. iis donnent à cette construction le nom
d'uostension unipersonnellm ou dspersonnelleb. reconnaissant ainsi le fait
que le pronom représente une personne.
Afin de justif!ier l'emploi de la tournure «inzpersonneUa, Pierre Le Gonic
souligne que conformément aux attentes du discours, l'information essentielle. à savoir celle contenue dans la séquence, apparaît à la toute fin de
i'6noncét et ce, en raison de la présence du sujet wide a. Ce procédk permettrait *de développer une dynamique d'information croissante& (LE
GOFFIC.1994:149). JeamClaude Chevalier avance quant à lui que c'est le
verbe qui serait mis en &idence plutôt que le complément qui tient lieu de
sujet logique. puisqu'il considère que cette tournure amet en reiief le verbe,
et l'idée subjective (jugement ou sentiment,idée d'importance) ou la valeur
pleut)
l qu'il contienb (CHEVALIER.
l936:57).
pittoresque (
L a présence en français du pronom dit amipersonneb chez Gérard
Moignet, est due, selon Gustave Guillaume, au fait que a h personne incluse
dans le verbe est passée comme le verbe même à la fonction prédicative. D'où
nécessite de rendre le sujet en dehors du verbe. au moyen d'un pronom
(GUILLAUME,1987:221).
Et c'est cette nécessité de sujet que traduit da
présence obligée du pronom dans des expressions telles que: U pleut. il neige.
Ll vente* (ibidem).Autrement dit, ce pronom sert de support spatial au verbe.
puisque #toute forme verbale conjuguée a besoin d'un support. qui est son
sujeb (JOLY. 1987:90);LI sert conséquemment d e support formel à I'événement qu'exprime le verbe - événement dont 11 est parlé et qu'on situe soit
dans l'univers physique (il pleut). soit dans l'univers mental [il paraît queb
(ibidem).L a présence du pronom unipersonnel en fiançais serait donc due à
l'impossibiiité pour le verbe b n ç a i s de rendre le sujet par lui-même. ce qui
n'&ait pas le cas en latin. puisque dans cette langue. .sous le verbe. la
personne incluse avait encore
un degré sufasant la fonction de sujet.
Aussi pouvait-on dire sans sujet extérieur. W. "il vient% (GUILLAUME.
l987:221).Pourtant.en ~ ç a i s il, existe des emplois du verbe qui n'exigent
pas de sujet. notamment lorsque le verbe est employé à i'imp&atif (Sortons
de W . Nettoie ta chambre!. etc.). Cette argumentation n'apparaît donc pas
satisfaisante puisque. dans certains emplois. le verbe personnel peut
également se dispenser de sujet e n français.
Prenant lui aussi comme point de départ les verbes météorologiques (a
pleut, il neige, U tonne,etc.), Lucien Tesniere &firme que ceux-ci n'ont pas de
walenca, c'est-à-dire qu'ils ne regissent aucun actant. D'après l'auteur, d
n'est en réalité que l'indice de la 3e personne et ne désigne nullement une
personne ou une chose qui participerait d'une façon quelconque,
(TESNIÈRE,[ 19591.1976:1 06) au phénomène, par exemple, de Ia pluie.
Tesnière préfère appeler ces verbes evalent* plutbt qu'dmpersonneb.
puisque,même s'ils ne regissent aucun actant. ils portent quand même la
troisième personne de l'dndice~11. Toutefois. étant donné que l'auteur considère que les fonctions subordonnées, dont fait partie celle de sujet. ne
peuvent être rempiies que par des actants. ce pronom. s'il n'est pas un
actant,ne devrait donc pas remplir cette fonction syntaxique.
L e s fonctionnalistes de même que Georges et Robert L e Bidois n'admettent pas l'existence d'un sujet dit d e l r ou dogiqua. A ce propos. Conrad
Bureau considère que les constxuctions impersonnelles *fonctionnent
comme les autres à sujet persomeb (BUREAU.[19781.1994: 90); la sequence
postverbale de la phrase Jlfatsait m vent gladab (PROUST)(ibidem)seraft
donc une expansion subordonnée (de premier degré) au même titre que la
porte dans J'ouvre la porte. Pourtant, André Martinet mentionne que les
emplois du pronom U impersonnel sont nine façon de rempk la place prévue
pour le sujet devant le verbe lorsque, pour des raisons diverses. ce aui fait
réellement fonction de sujet36 se trouve placé après le verbe: fl passe des
gens dans la rue. IZfaut courlr. ou que le sens même du verbe ne rklame pas
de sujet: IZ pleut, ïï neige, (MARTINET.[1979].1984:59). Le Bidois et Le Bidois
perçoivent le sujet logique comme un simple complément. e u sens obvie
aussi bien que grammatical du motr37 ( L E BIDOIS e t LE BIDOIS,
1935,1:384). qui ajoute Q l'énonciation ce qui lui est indispensable pour
qu'eue soit complèta (ibidem). Dans une telle construction. le pronom U.
.rincontestablement vagu-, demanderait donc à être ~précist,tclairé.
complété par ces complémenb (ibidem).
En granunaire traditionnelle. le sujet est considéré comme étant repris
lorsqu'il est exprime deux fois. par redondance. dans la même phrase ou la
méme propositîorur. en prenant. une des deux fois, da forme d'un pronom ou
d'un nom de sens vagua (GREVISSE,[
1936],1993:3
1 7).Cette tournure serait
exploitée tantôt pour des raisons grammaticales et tantôt pour des raisons
logiques. Cependant. on n'indique pas clairement à quoi correspondent les
terme de ~rammaticalesbet de dogique-. Le sujet serait repris pour des
raisons grammaticales de deux façons, savoir e o u s la forme du pronom
persomeb, (ibidem):
aMa femme et moi, nous sommes heureux de vous félicitew
(ibidem).
ou sous celle d e s pronoms démonstratifs neutres ce ou cela, (ibidem):
d e tromper, ce n'est pas un
(ibidem).
alors que pour des raisons expressives. iï le serait dans trois cas: lorsque Le
sujet dttaché au début de la phrase est repris devant le verbe par un
Nous souïignons.
Les deux auteurs ne spécifient pas de quel Srpe de complément il s'agit:
ne déterminent donc pas le veritable statut grammatical de ce
pronom personnel ou parfois par le pronom démonstratif (surtout s'il s'agit
de choses ou devant êbeb (idem:318):
.Le volcan, c'est le feu chez lui. tyran et maître, (HUGO)
(ibidem),
lorsque le sujet détaché Q la fln de la phrase est annoncé devant le verbe
par un pronom personnel (+ois par le pronom dernonstratifb, (idem:319):
*lie me fît peur. cette l e m (VIGNY) (ibidem).
ou bien, q u r insister s u r le sujet. notamment pour marquer une opposition, on le reprend sous la forme d'un pronom personnel disjoinb (ibid) :
votre père le sait, lut, (ibidem).
dbW, je le s a b (ibidem).
Mais que le sujet soit repris pour des raisons grammaticales ou expressives, un probléme se manffeste dans tous ces exemples: étant donné qu'il
ne peut y avoir qu'un seul sujet grammatical par rapport à un même verbe
dans une phrase, quelle fonction doit-on donner au terme reprls puisque le
sujet grammatical de ces phrases est le pronom qui reprend ce terme? Pierre
L e Gofnc considere cette difficulté dans l'analyse de la phrase Paul e s t 4
uenu?:
L'anaiyse de ce tour n'est pas sans difficulté: quel y est exsctement le statut respectif de Paul et de a? Le terme nominal,
point de départ. antéposé au verbe [...1. iié à lui par l'intonation, et lui donnant ses marques, s'interprète comme le sujet
d'un verbe assertif, jusqu'à ce que l'irruption du cïitique
postposé (qui reprend son compte la c o ~ t i o n
des marques),
vienne brutalement mettre en doute la convenance du
predicat au sujet (ou la convenance mutuelie du sujet et du
prédicat) (LEGOFFIC, 1994: 156-157).
Atln de résoudre cette ciiftlculté. il faudrait définir et caract6rlser clalrement la fonction de sujet grammat.tcaï. ce que l'analyse traditionnelle n'a
pas fait.
Le fonctionnaiiste Conrad Bureau definit quant à lui la reprise de la
façon suivante: 4 ..-1 réapparition d'un segment. sous la même forme ou sous
une autre, et avec la même fonction dans un même énoncé»
(BUREAU,[ 19781,1994:130- 131). En proposant une telle déflnltion, Bureau
admet que l'on peut retrouver deux sujets pour un même verbe dans une
même phrase sans qu'ils ne soient C O O ~ ~ O M & . ce qui ne correspond pas à
l'usage. De plus, il considère que la reprise d u sujet est en soi une fonction
grammaticale, alors qu'il s'agit plutôt d'une relation logique. Par exemple,
l'auteur analyse l'énoncé &'est une beIZefIeur, la rosm (idem:109) comme
suit:
Suiet: c'
Copule: est
Prédicat: unefleur
Ex~ansionsubordonnée (de mernier d e e l : belle
Suiet r e ~ r i s :la rose.
Le psychomécanicien André Joly tente lui aussi de r&oudre le probEme
que pose la reprise du sujet. LI avance que le nom. c o m m u n ou propre.
possède deux contenus. à savoir un contenu *matériel, et un contenu
dtformeb.le premier renvoyant à la notion lexicale transportée par L
e nom et
le second à la personne ordinale exprfmee par celui-ci, cette personne étant
toujours la troisiéme; par exemple, le mot cheucd transporte la notion
d'"animal à quatre pattes qui hennit"et la personne ordinale contenue en
lui est la troisième personne. Toutefois, si le nom comporte effectivement
une personne ordinale, la troisième, comment se fait-il qu'elle n'alterne pas
avec les autres personnes comme dans le personnel (moi. toi,nous. vous, soi,
lui), le verbe (al,as, a, avons, avez, ont) ou le possessif (mon, ton, notre. votre,
son,leur)?
Cette double composition du nom (matiere et forme) expliquerait
pourquoi on peut, sans inconvénient,dans une même phrase, dissocier un
contenu de l'autre, exprimer en quelque sorte le nom en deux temps, le
temps de la notfon(le contenu matériel placé avant ou aprés le bloc verbal) et
Le temps de la fonctlon (le contenu formel manlfestt par la troisième
personne. qui a effectivement pour fonction de recevoir l'apport verbal),
(JOLY,1987:306):
rPierre (notion). il (fonction)viendrav (ibidem).
di viendra. Pierra (ibidem).
L'impossibilité d'intercaler Rme entre 11 et uiendm (V.Pierre, viendra)
signifierait qu'on ne peut interposer le contenu matériel du support entre
l'apport verbal et son seul véritable support. la forme de la troisième
personne manifestee ici par
(ibidem). Si ce procédé était possible. cela
signifierait. selon Joly, q u e l'apport matériel verbal est incident au contenu
matériel du nom, alors qu'il l'est à son contenu formeb (ibidem), car la
matière contenue dans le nom serait toujours directement incidente à sa
forme. Pourtant. ce procede est tout à fait possible avec le pronom lu.
comme dans Lui,Pierre, viendm, ce qui confirme le fait que c'est la valeur
casuelle de II qui fait qu'il n'admet pas d'autre determinant que le verbe.
étant donné que luL n'est pas un casuel mais un personnel non casuel qui
admet Merentes fonctions. En outre, même si Joly affirme que le pronom
de la troisième personne est le sujet gxammatical du verbe, son analyse ne
perrnet pas eile non plus de déterminer la véritable fonction syntaxique que
remplit le contenu matériel du n o m dans ce type de phrase.
1.5 Conclusion
Selon les auteurs considérés, la caractérisation de la fonction grammaticale de sujet reposerait globalement sur les trois criteres suivants: le sujet
est celui qui fait l'action ou qui est dans l'état exprimé par le verbe, il
précede généralement le prédicat verbal et il est I'un des deux tléments
indispensables à une phrase verbale énonciative. Toutefois, plusieurs
exemples demontrent que ces caractéristiques ne se manifestent pas dans
tous les cas; il y a des sujets grammaticaux qui ne font ni une action et qui
ne sont pas dans un quelconque Ctat non plus, comme les pronoms dits
dmperso~eb
ou a n i p e r s o ~ e (Il
b manque deux livres), tout comme il y a
des sujets grammaticaux qui se retrouvent après le prédlcat verbal (Àpeine
&ta&-elleparttequeje mmassai mes a g i e s ) ou dans des phrases verbales qui
n'ont pas de sujet (Mangeta soupe!). L a grammaire traditionnelle considère
également que cette fonction syntaxique peut être identiflke grâce aux deux
procédés suivants: poser la question Qui est-ce qut? (ou Qu'est-ce qui?) ou
introduire la formule C'est..qui dans la phrase. M a i s ces procédés ne
s'appliquent pas à tous les cas de fonction sujet. notamment aux sujets dits
dmpersomelsr.
Tout c o m m e dans le cas de la fonction de sujet grammatical, les
linguistes n'ont pas réussi à cerner convenablement la fonction de sujet
logique;en fait. les auteurs posent l'existence d'un sujet logique. mais ils ne
définissent pas clairement cette fonction en regard de celle de sujet
grammatical. Par conséquent. Ctant donné que les procédés d'identification
et que les propri6tc5s considérées par les U k r e n t s analystes ne caract6tsent
pas tous les cas de fonction sujet. iï y a lieu de déterminer ce qui permet de
la reconnaître et de distinguer adéquatement sujet grammatical et sujet
logique. I l faut procéder B une analyse comparative appropriee dans le plan
de la sémantique pour le determiner, en particulier si l'on considère que
c'est la valeur sémantique de la phrase qui permet de reconnaître ces
fonctions.
CHAPITRE 2
CADRE THÉoRIQUE
2.1- Introduction
Cette étude s'inscrit dans le cadre théorique de la sémantique grammati-
cale. un cadre d'analyse qui permet d'apporter une contribution à l'étude des
dtf8cultés que présente l'analyse de la fonction sujet.
Le discours. c'est-à-dire le résultat observable de l'acte de langage. est
formé de phrases qui sont constituees de mots et de syntagmes. Chaque
élément entrant dans la composition d'une phrase y rempïit une fonction
syntaxique d'ordre grammatical. mais la phrase se distingue par le fait
qu'elle n'est pas af6ectée d'une telle fonction, ce qui la caractérise et permet
de la deiimiter. Les phrases sont un produit du système de la langue. lequel
inclut un système de aeprésentation conceptuella et un système de
aotation sémiologiqua. Le premier engendre les concepts alors que le
second produit tes mots qui sont les signes de ces concepts. L a langue est
donc un système de representation conceptuelle associé à un systeme
d'expression sémiologique.
Trois niveaux d'opération rel5vent de la représentation conceptuelle dans
le plan grammatical: la paradigrnatique. où sont produits les morphèmes et
les lexèmes qui entrent dans la composttion des concepts, la syntagmatique,
ou ces composantes sont mises en relation pour constituer les concepts, et
la syntaxe. oli les concepts s'associent pour former des phrases. des unités
qui mettent également en cause des relations qui relevent de la logique du
discours.
2.2- Le concent et ses composantes
Le concept marqué par le mot est un signifié constitué d'une composante
lextcaie et d'une composante grammaticale. L a première comporte des
lexèmes ou des morphémes lexicaux; généralement, le lexème se caractérise
comme un signifie relativement concret qui permet de faire ciirectement ou
spécifiquement référence à la réaîite. alors que le morphème ladcal se définit
comme un signifie plus abstrait qui se prête à une référence générique. L e
signifié lexical peut se composer uniquement de morphemes et la signiflcation du concept est alors plus abstraite et plus générale que celle d'un
concept comportant un lexeme; ainsi. par exemple. les pronoms qui ne
comportent que des morphemes, comme m.tof, deux. ou la, ont une signiflcation plus abstraite que celle d'un nom comme uache. chnt ou malson.
Les morphkmes lexicaux cornmutent en série fermée (iis sont en nombre
limité), contrairement aux Iexemes qui cornmutent en série ouverte. L a
capacité qu'ont les lexemes de cornmuter l'infini vient du fait que le
lexique d'une langue comporte un nombre de termes non limite. Malgré ces
quelques dinérences, le lexème et le morphème lexical ont toutefois un potnt
en commun: ils entrent dans la structuration de la composante lexicale de
dinerentes parties du discours. Par exemple, le lexème uert peut entrer dans
la composition d'un substantif nominal (Le wrt de cette robe est superbe).
d'un adjectif nominal (Unerobe v e r t s ) . d'un verbe infinitif (oerd-frlou d'un
adverbe (vert-ement).L a valeur du lexème n'a pas d'incidence sur la nature
d'un mot. L e s morphtmes lexicaux peuvent egalement entretenir des
rapports avec un lexeme; le cas échéant, Us correspondent. selon leur psition dans la séquence. à ce qu'on appelle des préfixes ou à des sufflxes (~ W B ,wls-iom.
.
etc. (OUELLET.1995:19)). Tout comme le lextme. le
morphème lexical n'affecte pas la nature ou la valeur grammaticale d'un
mot; un préfîxe comme extra. par exemple. permet de constituer aussi bien
un substantif (extra-uagance)qu'un verbe (extra-poler).
Le signifîé lexical oppose un concept à tous les autres concepts de la
même catégorie. Par exemple. les substantffs femme,
personne, chose.
table et chme s'opposent. étant donne qu'ils comportent tous un lexème
différent; mais Us ont une morphologie grammaticale et une structure
syntagmatique identiques. Le signif3.6 lexical d'un mot peut être formé d'un
lexème (acte/f&e). d'un lexème et d'un ou de plusieurs morphèmes lexicaux
(parfaire.inaction) ou seulement d'un morphème l a i c d (un, la, deux, etc.).
me,
Pour sa part, le signifie grarnrnatical se compose de morphi?mes;ces
morphèmes. dont la valeur est la plus abstraite et la plus géntkale, appartiennent à des paradigmes dont l'exploitation est obligatoire pour constituer
une partie du discours d'un type donnt5 (idem:21). ils servent à distinguer
les unes des autres les ciifErentes parties du discours; par exemple, les deux
morphémes de genre opposant le masculin au féminin se retrouvent réguiièrement dans le signifié grammatical des adjecm et des substantif3 nominaux ou pronominaux, mais jamais dans celui du verbe ou de l'adverbe.
Tout comme les morphèmes Iexicaux. les morphèmes grammaticaux
cornmutent en série fermée et leur nombre est ïimité, mais ils appartiennent
à des paradigmes qui sont communs à toutes les unités d'une catégorie.
Chacune des parties du discours présente un nombre tgalement limité
d'oppositions morphologtques; par exemple. s'opposent. entre autres. dans le
substantif les morphèmes du genre (masculin et feminin) et du nombre
(singuiier et plurlel). Fait à noter. les morph&mesappartenant à un même
paradigme s'excluent mu tuellement pour une même fonction. Ainsi, un
substantif nominal ne présente jamais simultanément Ies morphèmes de
genre m a s c u h et féminin ou de nombre singulier ou pluriel. Les morphèmes
appartenant à des paradigmes difErents peuvent cependant se combiner
entre eux; c'est pourquoi il est possible de retrouver dans un substantif
nominal B la fois le masculln ou le tminin avec le pluriel ou le singulier.
Lorsque les morphemes grammaticaux sont marqués par un signe. .Us
correspondent à ce qu'on appelle des désinences ou des t e m a i s o n s parce
que, en français, ces marques apparaissent toujours à la fin du motr
(ibidem)@ointe.elles. prendra).
Les morphèmes grammaticaux entrant dans la composition des concepts
sont produits par les paradigmes de la langue. L a valeur sémantique de ces
morphèmes est fonction d'un systeme qui oppose une série de notions e t
permet la conceptualisation d'une même chose sous dinérents aspects; par
exemple. le paradigme du nombre oppose les morphèmes de singulier et de
pluriel et celui du genre oppose ceux de mascuiin et de féminin.
Les concepts sont marqués par les mots et sont traditionnellement
classés en parties du discours selon des critères morphologiques et
syntaxiques spéctfiques. Pour déterminer à quelle partie du discours un
concept appartient. il faut examiner ses composantes grammaticales, les
relations qui les unissent à sa composante lexicale et qui donnent au
concept sa valeur, de même que les fonctions qui sont remplies par ce
concept dans la structuration de la phrase et les rapports logiques qu'il
permet d'instaurer. L'analyse paradigrnatique consiste donc à identifier les
morphémes qui entrent dans la constitution des concepts et à en définir la
valeur sémantique. Elle consiste Cgalement à identifier les propriMs
grammaticales qui caractérisent chacune des catégories de concept dites
parties du discours.
Le substantif nominal, par exemple, comporte trois composantes
grammaticales qui sont communes à toutes les unités de la catégorie: un
morphème de genre, un morphème de nombre et un morphème d'extension.
2 -3.1 t'extensionnominale
On reconnaît généralement que le substantifnominal est un concept qui
designe des êtres ou des objets,plus précisément l'ensemble des êtres ou des
ce qu'on
choses [. ..] auxquels 11 s'appiiqus (GREVISSE.[ 1936],1993:260);
appelle l'extension du nom. Cette composante aconf'ère à la partie du
discours une propriété sémantique très abstraite. mais fondamentale,
correspondant au fait qu'elle évoque un ensemble [ ...1 plus ou moins considérable (OUELLET.199541). Par exemple, le nom homme permet d'évoquer
non seulement un seul individu. mais aussi tout individu qui possède les
mêmes caractéristiques:
rLthommeentra dans la maison voisine, (ibidem) -> extension
individuelle.
~L'hommeest un animal raisonnable, (ibidem) -> extension
générale.
L'ensemble correspondant a u morphème d'extension est la
représentation de la mise en rapport d'un contenu et d'un contenant c'està-dire d'un espace individuel contenu dans un espace contenant
extensivement variable. Le contenant est da représentation abstraite d'un
espace d'étendue plus ou moins considérable qui fait oMce de lieu
d'incidence [...P.alors que le contenu est une 4vocation également abstraite
de l'individu qui tient lieu de contenu incident à ce lieu d'existence,
(OUELLET,l985:2O1).
L'extension s'oppose à la compréhension. définie comme l'ensemble des
Mments qui constituent le s e n s (GREVISSE,[1936],1993:260.).
ce qui
correspond en fait au signi£ie lexical; q l u s la compréhension est grande,
plus l'extension est restreinte. et vice versa (ibidem). En d'autres termes,
L'extension du nom représente l'étendue variable de ce qui appartient à
l'ensemble détermine par le signifie 1exlca.i du concept. Par exemple. dans
des phrase comme:
Lrhornrneest un animai raisonnable.
Le rosier est une plante.
Le chat est un félin.
l'extension des substanttfs nominaux animal,plante et fém n'évoque qu'une
partie de l'ensemble qu'ils caractérisent. contrairement à celle de rosier,
homme et c m , qui. eue. evoque tout ce que peut inclure l'ensemble que ces
trois noms caractt5riseat.
L'extension est, c o m m e tout facteur grammatical, une proprtété
commune à toutes les unités d'une catégorie et elle constitue. comme les
autres morphèmes. un paradigme. Les morphèmes de ce paradigme évoquent
la conceptualisation d'un ensemble sous deux aspects distincts qui
opposent I'adjectif au substantif; le substantif nous fait envisager
i'ensemble comme l'entier d'une série extensive définie, alors que l'adjectif
de represente comme paNe d'une série extensive indéfinie: ce qui implique
en syntaxe un renvoi à un ensemble substantivai auquel 11 se subordonne et
qui actualise l'ensemble dont il fait partie (OUELLET,1995:45).Substantif
et adjectif représentent grammaticalement un ensemble qui n'est pas du
même type: a n a d'un côté un ensemble intégral auquel on peut adjoindre
des déterminations complémentaires. de i'autre. un ensemble partiel qui est
fait pour être adjoint à un autre ensemble en tant que détermination
complémentaira (idem:46). Les exemples suivants. où uaIe et agréable sont
utilisés tantôt comme substantifs et tantôt comme adjectifs, illustrent bien
la dépendance de Padjectif:
.Un travail utile n'est pas toujours agréable (idem:45) (ut&
et qréable sont des déterminations complémentaires de
l'ensemble un trauall).
dl faut joindre l'utile à l1agr6bIa, (ibidem) (uttle et agréable
sont, dans cette phrase, deux ensembles comportant une désignation autonome et qui ne renvoient à aucun autre
ensemble).
Le fait que l'adjectif e e présente toujours comme partie d'une série
externe indéfinie, alors que le substantif represente in6vitablement l'entier
d'une série interne définie, un ensemble complet ou intégrab (ldem:46),
conditionne leurs aptitudes syntaxiques respectives; le substantifest apte à
rempk les fonctions de support sujet ou objet alors que l'adjectif ne s'y
prête pas:
aoblesse oblige. (ibidem).
4 *Noble]obligeb (ibidem).
Le même phénomène s'observe du caté du substantif pronominal et de
l'adjectif pronominal. puisque le substantif pronominal aemplit par rapport
au nom ou au verbe des fonctions auxquelles l'adjectif n'est pas a p t e
(idem:47),notamment celle de sujet:
tel est pris qui croyait prendre (ibidem).
.QfAutre]est pris.. .B (ibid).
11 faut egalement souligner que cette opposition caractérise également
les prépositions (substantffs modaux) et les adverbes (adjectifs modaux); les
prépositions. constituées s u r la base d'un morphème d'extension définie,
peuvent remplir la fonction de support de désignation. mais non les
adverbes. étant dome qu'ils sont. pour leur part, constitués s u r la base
d'un morpheme d'extension indéfinie. Ainsi. dans un tnoncé comme
Bendant la nuib (idem:70). pendant est le support de désignation du
syntagme substantivai la nuit, alors que dans Un look très classique. bès est
apport à l'adjectifnominal classique. C'est @ès qui détermine classtque et
non classtque qui détermine très.
En résumt5. l'extension représente un ensemble extensivement variable
ou sont mis en rapport un contenant et un contenu. L'ensemble apparaît
comme un ensemble déAni dans le substantif et comme un ensemble
indéfini dans L'adjectif; en conséquence. les unites de nature adjectivale
exigent la mise en rapport avec un support syntaxique qui évoque une série
définie.
Décrire la valeur d'un concept impiique que sa structuration soit prise
en considération. ce qui rel&vede l'analyse syntagmatique, c'est-à-direde
l'analyse des rapports de détermination qui s'instituent entre les
composantes de ce concept. En d'autres termes. ce sont les rapports ou les
relations de détermination instttuées à l'intérieur d'un concept qui sont
examinées, c'est-à-dire celles qui servent à d o m e r à ce concept sa structure
unitaire et sa valeur* (idem:59). Ces rapports de détermination ou
d'incidence mettent en relation deux unités. dont l'une est en fonction
d'apport et I'autre en fonction de support. L e support. l'unité déterminee,
évoque da chose dont on p a r b et l'apport, l'unité determinante. ce qu'on
dit de ce supporb. En syntagmatique. la fonction de support est remplie par
le morphème grammatical d'extension, car il représente l'ensemble dont un
concept nous dit quelque chose de particulier en raison de sa valeur
lexicalel. L a détermination d'un ensemble extensif peut mettre en cause un
rapport de désignation. un rapport de prédication ou un rapport de
modalisation.
Dans un rapport de désignation. l'apport lexical détermine une propriété
spécifîque de ce qui appartient à l'ensemble qui fonde la structuration du
concept. Ce rapport e toujours pour effet de conférer une propriété spéciBque qui fait d'un ensemble le lieu d'appartenance d'un contenu particullem
(idem:62),qu'il s'agisse d'une designation substantivale:
*La somme des parties fait un toub (ibidem).
.Ils ont réglé leurs diff'ientb (ibidem).
ou d'une désignation adjectivale:
aLa réussite n'est pas certaine (ibidem).
4!e sont des propositions différente* (ibidem).
Dans les deux premiers cas. les lexèmes tout et d@Zrends déterminent la
qualité des éitments qui sont contenus dans l'ensemble integral qu'ils
représentent. tandis que dans les deux autres, certatne e t d@ientes
évoquent partie de ce qui est respectivement c e a i n ou dwérent. Seuls les
noms sont construits sur la base de la relation de désignation. c'est-à-dire
les substantifs et les adjectifs nominaux; ce qui les oppose aux unités de
toutes les autres catégories.
Si. dans un rapport de désignation, l'apport détermine un caractère
spécifique au contenu de l'ensemble support. dans un rapport de prédication
par contre. l'apport détermine une propriété ghu5rique de cet ensemble,
c'est-à-dire une proprf6te de cet ensemble en tant que contenant. L a relation
de prédication e toujours pour effet de conférer une propriét6 génerique qui
fait d'un ensemble un lieu d'existence particulier de quantite ou de
localisation determinée selon Ia valeur du déterminant en c a u s e (idem:63).
Ce type de relation caractérise les pronoms:
dkrix personnes se sont présentées. (idem:64).
*eu de gens sont intéressés, (ibidem).
d e s ( / tee / ces / deux / quelques) fleurs sont fiide*
(ibidem),
à l'ensemble qu'il représente une propriété en tant
Tout pronom co-re
que contenant sans en specifier le contenu; tantôt il évoque la quantité de
l'ensemble (deux, peu. quelques). tantôt ii évoque à qui appartient cet
ensemble (tes). ou encore l'endroit où il se situe (ces), etc. De ce point de
vue, les articles. les possessits. les démonstratlfk et les quantifkateurs sont
consid&& comme des pronoms. car ils procèdent d'une telle structuration
syntagmatique: Us représentent une propriéte générique d'un ensemble de
contenu spécifique hd6teIlniaé. Les pronoms confèrent donc une propriété
générique à l'ensemble qu'ils représentent. c'est-à-dire une quantité
(quantificateurs numéraux cardinaux. quantificateurs approximatifs ou
quantiticateurs extensifs dits articles) ou une localisation (démonstratifs.
personnels. possessifs) d&exminée(s).
Même s'ils ont un signiflé lexical et un signifie grammatical identiques,
deux concepts peuvent ne pas avoir la même nature si le rapport syntagmatique qui les lie n'est pas le meme; le type de rapport qui s'instaure entre ces
deux signifiés confère à la partie du discours sa nature. Dans un exemple
corne:
Elie a trois huit et deux neuf dans son jeu.
les concepts bols. huit, deux et mf,
en dépit du fait qu'ils sont constitués
sur la base d'un morphème d'extension défînie qui represente un ensemble
substantiva1 ainsi que d'un morpheme lexicaï de nombre, ont une valeur
sémantique différente. D'une part. les morph5mes lexicaux bols et dewc
confirent une quantité aux ensembles qu'ils représentent. et d'autre part.
les morphèmes lexicaux huit et neuf déterminent le type d'élément qui
appartient à l'ensemble qu'ils représentent. c'est-à-dire la qualité de ces éléments. Le fait que ces unités ne soient pas de même nature ne relève pas de
leurs composantes syntagmatiques. puisqu'elles sont de même type: la
comparaison de leur valeur sémantique permet d'identifier la nature de
chacune d'elles en raison des relations instituées entre leurs composantes.
L a nature d'un concept dépend non seulement de ses composantes. maïs
aussi du rapport syntagmatique institué entre elles; et c'est sur la base de la
valeur sémantique de ces concepts qu'il devient possible d'en identifier de la
nature.
L a modaiisation syntagmatique consiste à déterminer non pas l'un ou
l'autre des termes qui intemennent dans la conceptualisation d'un
ensemble extensif. mais la relation d'appartenance qui le définib
(OUELLET.1995:65).Deux parties du discours évoquent ce mode d'appartenance un ensemble extensif dont le contenant et le contenu demeurent
indéterminés: l'adverbe et la prkposition. Puisque l'adverbe se structure sur
la base d'un ensemble d'extension indémie, il est considéré comme un
adjectif modal. alors que la préposition, qui se structure sur la base d'un
ensemble d'extension d é m e , est un substantif modal. Dans un enonce tel
que Je suis très grand par exemple. le concept très évoque une modaiité
d'ezdstence csintensive.
Tout comme dans le cas du nom et du pronom. *la nature adjectivale ou
su bstantivale de l'ensemble affecté par cette modalisation lexicale conditionne une valence syntaxique nettement distincteb [idem:66); les substantifs modaux se retrouvent en fonction de support de désignation. une
fonction qui est exclue avec les adjectifs modaux. car ii est impossible de
substituer un adverbe à une préposition qui rempiit la fonction de support
de designation:
Qe jeunes enf'ants s'amusent dans la ni&
(idern:68).
*Trèsjeunes enfants s'amusent dans la rue.
*Gaiementjeunes enfants s'amusent dans la rue.
2 Fait à noter. de ne peut être un article ou un substantif pronominal.
puisqu'iï n'a ni genre ni nombre.
Fait à noter, la préposition de évoque un mode de relation à un
ensemble dont eue fait un ïieu de provenance. À l'opposé, a évoque un mode
de relation à un ensemble dont LI falt un lieu d'arrivee:
d e r a Montr&ib (idem:68).
avenir de Québeor (ibidem).
Caract6ristique des prépositions et des adverbes. la determination de
cette relation d'appartenance qui caractérise un ensemble constitue a n e
relation de modaîisation puisque le déterminant lexical caractérise alors un
mode de relation à cet ensemble [idem:65).
L a syntaxe met en cause des rapports de détermination analogues à ceux
qu'on observe en syntagmatique,a savoir la désignation. la prédication et la
modaîisation. Toutefois, ils interviennent non pas entre les composantes
d'un concept, c o m m e c'est le cas en syntagmatique, mais entre les concepts
eux-memespour constituer la phrase. Iis associent également deux unités.
dont l'une est en fonction d'apport. c'est-&-dire de déterminant et l'autre en
fonction de support. c'est-à-dire de détermin& Ces relations syntaxiques
s'instituent, comme en syntagmatique, sur la base du morphème d'extension
qui fonde la structuration des concepts. L a syntaxe implique en outre des
relations logiques;ces relations sont conditionnées par la valeur lexicale et
par la fonction grammaticale des unités dans le plan de la reférence en
contexte.
Dans une relation syntaxique de désignation. l'unité qui remplit la
fonction d'apport détermine, tout comme en syntagmatique, une propriété
spéciaque de ce qui appartient à l'ensemble que représente l'unit6 en
fonction de support, ce qui provoque une restriction de l'extension de cet
ensemble si le support est un nom. Par exemple, dans une phrase comme
L e s maisons blanches sontjolies3, l'adjectif nominal blanches afoute une
proprieté caract&istique à ce qui appartient B l'ensemble maisons, ce qui a
pour effet d'en restreindre l'extension. C'est un phénomène similaire qui se
produit dans les exemples suivants:
*Lesjoueurs fatigués se reposèrenu (idem:51).
d e s rubans ro(AUDET.1994:49).
am air marim (ibidem).
Dans ces phrases. les adjectifs nominauxfatigués. rases et mar(n confirent une propriété partlculi&e à ce qui est inclus dans les ensemblesjoueurs.
rubans et air respectivement; il ne s'agit alors plus de tous les *joueur-.
mais uniquement de ceux qui sont fatigué-. tout c o m m e il ne s'agit plus de
tous les rubans et de tout aîr. mais uniquement de ceux qui sont dits roses
et de celui qui est dit marin.
Les substantifs nominaux peuvent eux aussi remplir cette fonction
syntaxique:
eUn professeur femme (OUELLET.1995:75).
aLfhommesinge (ibidem).
dJn gibus tromblon d'une insolence rare, (GIONO)
(ibidem).
C o m m e le montrent ces exemples, l'emploi des substantifs nominaux
femme. singe et tromblon comme complément de désignation restreint
l'extension du support nominal dont Ils caractérisent un sous-ensemble;
ainsi. de l'ensemble de ce qui est, par exemple. pmfesseur. il n'est consideré
que ce qui comporte la désignationfemme.Ce phénomène permet de constater que les unites qui sont construites sur la base du morphtme d'extension
(défînie ou indefinie) et d'un rapport syntagmatique de désignation ont la
faculte de rempk la fonction syntaxique d'apport de désignation.
Par contre, seules les unités de nature substantivale peuvent rempïir en
syntaxe la fonction de support de désignation; par exemple, dans I'tnoncé:
Je me suis acheté une chemise bleu vert.
le mot bleu est un substantif nominal qui régit l'accord de vert, puisqu'il est,
par référence interne. de genre mascuiin et de nombre singuiier. De plus.
bleu désigne ce qui est bleu en soi. ce qui est le propre de la désignation
substantivale (définie). Aussi, parce que l'adjectif est, pour sa part.
constitué sur la base du morphème d'extension indéfinie. il ne peut remplir
la fonction syntaxique de support de désignation.
Le rapport syntaxique de prédication est, quant à lui. un rapport par
lequel un apport détermine une propriété gentrique de son support, c'est-àdire une propriété d'un ensemble en tant que contenant; l'apport n'affecte
nuilement le contenu de l'ensemble support. En syntaxe, il existe Merentes
fonctions de prédication, notamment celle correspondant. en grammaire
tmditfomelle, à la fonction apposition. Le rapport de designation s'oppose
nettement au rapport de prédication:
aLes éIèves endormis n'écoutent pasr (AUDET. 1994:143).
aLes élèves, endormis, n'écoutent pasa (ibidem).
Dans la première phrase, en fonction épithète, eRdOnnis apporte à éIéves
un complément de désignation qui en restreint l'extension: il n'est pas
question de tous les élèves. mais seulement de ceux qui sont endormis. En
fonction apposition. endormis confire une proprieté générique à l'ensemble
lesélèws. ce qui fait que tous les élèves. sans exception. sont endormis; *il
s'agit alors d'un complément de prédication qui porte sur l'ensemble évoqué
par le pronom support et qui n'affecte pas la désignation de ce qui est inclus
dans cet ensemble. (OUELLET,
l995:?6).
Le même phénomène se manifeste dans les deux phrases suivantes:
*La maison, celle que vous voyez là, est j o b (AUDET,
1994:
142).
*La maison, n-aîchement peinte. est joiie, (ibidem)
où celle que mus uoyez là et fraîchementpeinte ne iimitent pas l'extension de
la malson. de teiie sorte que l'ensemble représenté par la malson et l'ensemble
représenté par celle que vous voyez là ou fraichementpeinte correspondent à
un ensemble de même extension. En fait. l'ensemble représenté par celle que
vous voyez là oufiakhementpeinte aecouvra4 celui de la makon.
L a modalisation syntaxique met en cause un apport qui détermine une
rnoddite ou un mode d'existence d'un support. Ii n'a donc pas le même effet
que les deux rapports précédents. Par exemple. dans les phrases:
d n enfant pauma (OUELLET,1995:74).
aUn pauvre enfant. (ibidem)
le f a t que p a u u ~ dans
.
la seconde phrase. se retrouve devant enJizrtt marque
une fonction dlnérente. Dans la premiére. cet adjectif tient Ueu de complément de désignation de enfQRt. mais dans la seconde il détermine aune
modalité du nom ifCLnf, une manière d'être ENFANT. soit le fait qu'un
individu soit pauvrement enfa* (ibidem).ce qui tient du fait que pauure a la
fonction d'apport de modaïhation. De plus, la dinérence de sens indique que
le changement de position de l'adjectifimplique un changement de fonction.
Ces deux exemples illustrent aussi le fait que des unites de même nature
peuvent remplir dinérentes fonctions syntaxiques pour donner à la séquence
un sens distinct. car. faut-il le rappeler. la fonction que peut remplir une
unité dépend essentiellement de deux choses: de la nature de cette unité. de
même que de la relation que cette unite entretient avec une ou plusieurs
autres unites. À titre d'exemple, les adverbes ne peuvent se retrouver que
dans des rapports syntardques de modalisation. que ce soit en fonction
d'apport:
*Des gens haut placés (idem:67).
*La grand route, (ibidem).
ou de support:
%Un projet très diî3cilement réalisable, (ibidem).
Il joue extr2mement bien.
Mais il n'y a pas que les adverbes qui peuvent être supports de
modabation; y sont également aptes le verbe:
.Paul marche rapidementv (idem:66).
le substantif nominal:
*La crème de cacao est une boisson très marche nuptialsr
(GIONO) [ibidem).
l'adjectif nominal:
.Un enfant particulièrement gentib, [ibid).
ainsi que le substantif pronominal:
Gui avait réussi cette épreuve? -- Seulement lub (ibidem).
et l'adjectif pronominal:
.La victoire était presque sien-
(ibidem).
Mais que le support modal soit un verbe. un nom ou un pronom. I'apport
a toujours le meme effet sur lui, c'est-à-dire qu'il lui confère un mode d'existence, une manière de marcher ou d'être gent& une façon d'être marche
nupWe ou d'être lui.
En résume. dans un rapport syntaxique de modalisation. l'apport
determine une modalité d'existence du support. L e rapport syntaxique de
désignation met quant à lut en cause un apport qui confère une propriété
spécifique à un support de désignation,ce qui provoque une restriction de
I'extension de Pensemble support. et le rapport syntaxique de prédication
impiique que l'unité ou le mot en fonction d'apport determine une propriété
génerique de l'ensemble support,ale caractérise en tant que contenant. et.
conséquemment, n'en restreint pas l'extension mais d'une certaine manière
la aecouvrs, (AUDET. 1994:142).
2.6 Ramort grammatical et r a ~ m r bpique
t -
Outre les rapports d'incidence syntaxique. un autre type de rapports peut
s'instaurer entre les mots en discours. A savoir des rapports logiques ou. en
d'autres termes. des rapports de référence en contexte. Contrairement aux
rapports d'incidence grammaticaux. les rapports logiques font l'objet non
pas de Panalyse grammaticale mais de l'analyse logique; il faut conséquemment distinguer la syntaxe grammaticale de la syntaxe logique. L'accord de
l'adjectif nominal ou du substantif pronominal avec le substantif nominal
manifeste des rapports de type logique. de même que la réference dite
pronominale.
L'accord de l'adjectif nominal ou du pronom avec le substantif nominal
est un fait de concordance logique plutôt que de détermination grammaticale: cet accord peut intervenir entre deux phrases sans qu'fl y att de reiation grammaticale entre les termes en cause; même si le substantif nominal
est absent d'une phrase, il peut quand même commander l'accord de
l'adjectif nominal ou du pronom qui y fait référence:
Fait 1: a e quelle couleur est sa plrune?
-- Vert- (OUELLET,1995:81).
Fait 2: Nous ne trouvez pas cette maison folle?
-- Oui, mais je préfère fa petite blaacha (ibidem).
L e fait que l'accord puisse s'instituer entre des unités appartenant à
deux phrases dfnérentes ne peut tenir que de la logique. car les phrases sont
grammaticalement indépendantes.Ce n'est que logiquement que la désignation évoquée par malson s'applique à l'ensemble que représente la petite
blmche et l'accord manifeste cette relation logique.
La référence pronominale tient du même phenornene:
aierre n'est pas venu. 11était maiad- (ibidem).
P i m e et IZ n'appartiennent pas à la même phrase et la référence pronominale
est également marquée par l'accord. Ainsi. L'enchaînement des phrases et la
logique discursive sont tributaires des rapports de référence. qui sont conditionnes par la structure grammaticale des phrases.
Contrairement à la valeur référentielle d'un concept. qui est fonction du
contexte ou ce concept est employé. sa valeur conceptuelle est fonction de
sa composition propre. Et un concept peut référer à divers faits d'expérience
selon le contexte où il est exploité. Par exemple, le substantif nominal Uon
peut avoir des référents de nature dinérente évoquant un animal:
uLe Hon est le roi de la jungl- (idem:89).
une configuration d'étoiles:
di observe la constellation du lion, (ibidem).
ou encore,un prix cinématographique:
+Ce Blm a gagné le lion d'or
V e n i s e (ibidem).
D e même. dans les deux phrases suivantes. le signifié du verbe marche
n'a pas la même valeur référentielle, puisque dans la première tl évoque
l'activité pédestre d'un animé et dans la seconde. le fonctionnement d'un
être inanimé:
marche dans la me,(ibidem).
C e t appareil ne marche pasb (ibidem).
pierre
U n même concept n'a donc pas toujours le même sens. c'est-&-dire qu'il
n'opère pas la même référence à l'expérience, dans les différents contextes
où il est employb (ibidem). C'est pourquot il faut sans cesse distinguer la
valeur inhérente du concept, cette valeur générique qui est marquée par le
signe, de sa valeur référentielle particulière. c'est-à-dire du référent ou des
différents referents auxquels il peut renvoyer selon son rôle dans une
phrase, (ibidem).
2.7 Conclusion
Le concept est un signifié formé d'une composante lexicale et d'une
composante grammaticale; il est noté sémiologiquement par le mot. L a
formation des concepts et des phrases manifeste trois niveaux d'opération. à
savoir la paradigmatique, la syntagmatfque et la syntaxe. À la fois distincts
et complémentaires. ces niveaux d'opération font tous l'objet de l'analyse
sémantique dans le plan grammatical.
L'analyse paradigmatique consiste à identifier les morphèmes qui entrent
dans la composition des concepts et à en définir la valeur. Elle cherche également à déterminer quels sont les morphèmes qui sont propres à chacune
des parties du &cours.
L'analyse syntagmatique a pour objet Pidentifîcation du type de relation
qui s'institue entre les composantes d'un concept, d'une part, et la démition de la valeur sémantique de cette relation d'autre part. II y a trois types
de relation ou de rapport syntagmatique où le s i g d # lexical est en fonction
d'apport et où le morph&megrammatical d'extension est e n fonction de
support: les rapports syntagmatiques de désignation, de prédication et de
modaiisation. Dans un rapport de d&ignation. rapport confère au contenu
du support une propriété spécifique qui en délimite l'extension; seuls les
substantifs et les a d j e c m nominaux sont caractérisés par ce type de relation. Le signiflé lexical en fonction d'apport de prédication confère au contenant de l'ensemble une propriété générique qui le caractérise en tant que
contenant. ce qui est le propre des substantifs et des adjectifç pronominaux.
Quant à la relation syntagmatique de modaiisation. qui caractérise les
substantifs et les adjectifs modaux, c'est-à-dire les prépositions et les
adverbes, eiie voit l'apport déterminer un mode d'existence du contenu au
contenant. La nature d'un concept est donc tributatre de ses composantes et
des relations qui s'instituent entre eues.
Finalement. I'objet de l'analyse syntaxique est de déterminer le type et la
valeur semantique des relations qui s'instituent entre les concepts euxmêmes afîn de donner sa valeur conceptuelle à la phrase. Tout comme
I'analyse syntagmatique, l'analyse syntaxique met en cause les rapports de
désignation, de prédication et de modalisation qui s'instituent entre
concepts. L'apport syntaxique de désignation confire une propriété spécifique au support qui en restreint Pextension si ce concept est un substantif
nominal. ce qui caractérise entre autres la fonction epithéte de la tradition
grammaticale. L'apport de prédication determine le support sous le rapport
du contenant en lui conférant une propriété générique, ce qui correspond.
par exemple. A la fonction apposition de la grammaire traditionnelle. et
l'apport de modalisation détermine. quant à lui, une modalite d'erdstence au
support. Évidemment, chacun de ces rapports d'incidence grammaticaux
d o ~ au
e syntagme une valeur distincte.
Outre ces trois rapports d'incidence grammaticaux, il existe aussi des
rapports de réference c o m m e l'accord et la référence pronominale. Ces
rapports. qui instaurent la logique textuelle, sont conditionnés par les relations grammaticales. De plus. la valeur référentielle d'une unité s'oppose à
sa valeur conceptuelie, car, tout dépendant du contexte dans lequel une
unité est employée, elle peut renvoyer à des faits d'expérience tout à fait
dinérents. Il faut donc tenir compte non seulement de la valeur conceptuelle
et de la valeur référentielle d'une unité, mais aussi des dinerents types de
rapports qui sous-tendent ces valeurs afin d'arriver à une analyse pertinente
et des concepts et des phrases.
LE VERBE ET LA PRÉD~CATIONVERBALE
3.1 introduction
Comme toute autre partie du discours, le verbe comporte une morphologie. une structure syntagmatique de même qu'une valence syntaxique qui lui
sont propres et qui le distinguent catégoriquement de toutes les autres
parties du discours.
L a tradition grammaticale définit le verbe comme un mot aqui se
conjugue (GREVISSE.[19361.1993:1 1 18).c'est-à-direqui varie en mode. en
temps, en voix, en personne et en nombre. En plus de pouvoir se conjuguer,
le verbe est traditionnellement reconnu comme un mot qui exprime une
action ou un état; ce qui est aussi le cas de certains substantifs nominaux:
Action: marche,course, etc.
État appel, souffrance. vieillesse, etc.
Cependant. dans le substantif nominal, l'évocation d'un procès tient de
la valeur lexicale du concept, non de la composante grammaticale. ce qui
fait que cette propriété n'est pas commune à toutes les unités de la catégorie
nominale. Toutes les unités appartenant à la catégorie du verbe désignent
un événement. Cette représentation d'événement est donc une propriété
grammaticale; elle est mise en rapport avec la composante lexicale qui en
détermine le caractère spécifiquel. Ainsi. contrairement à ce qui se produit
dans le substantif nominal. le signifié lexical détermine dans le verbe un
type d'événement plutôt que le contenu d'un ensemble extensif.
C'est le paradigme de l'aspect qui opère cette représentation d'événement:
ce paradigme oppose l'imperfectif, qui représente l'événement inaccompli
impltquant une perspective sur l'après, c'est-à-dire sur le terme de fin virtuel
de sa réakation. au perfectif, qui represente l'événement accompli impïiquant une rétrospective sur L'avant. c'est-à-dire sur le terme d'origine de sa
réalisation, (OUELLET.1990-1991,II:7-8):
IrnnerfectLf: r À son arrivee. Max mangeaib, (idem:9).
cette heure-là.Max travdleraib (ibidem).
Perfectif: deux jours plus tard. Pierre arriva de voyage (ibidem).
malgré cet accident. il travaiila encore deux a n s
avant de prendre sa retraites (ibidem).
a
Dans le cas de l'imperfectif. la réallsation de l'événement est presentée
comme inachevée. comme encore à venir. alors que dans le cas du perfectif,
elle est présentée comme accomplie. c o m m e effectivement réalisée.
L'imperfectif &roque donc une perspective sur l'après et le perfectif une
rt5trospective sur Pavant.
En plus d'opposer l'événement de valeur perspective à l'evénement de
valeur rétrospective. les deux morphèmes d'aspect manifestent dans l'emploi
rune variation qui n'est pas marquée par une sémiologie àistincte: un même
morphème d'aspect peut évoquer aussi bien un évhement de valeur dynamique ou opérative qu'un evénement de valeur statique ou résultative. et
exprimer alternativement l'action ou l'état. (idem: 10):
1 Cette évocation d'un procès est cependant commune à tous les participes.
un type de concept où ce procés n'a pas fonction de prédicat. comme dans le
verbe, mais fonction de désignation par rapport au support extensif.
Valeur dvnamiaue: %Pierrefaisait son t r a m (ibidem).
*Paul pencha la tête vers elle (ibtdem).
<Elle chantera une chanson, (ibidem).
Valeur statique: UU faisait chaudr (ibidem).
&e mur pencha longtemps avant de tombe(ibidem).
d e ne sais pas si ça lui chantera de venim
(ibidem).
Un même morphème d'aspect peut donc exprimer tantôt une action et
tantôt un état, selon le contexte où il est employé. Sa valeur d'emploi
correspond donc Q une variation sémantique M e au mode de représentation
de l'événemenb (ibidem).selon que cet événement évoque un seul ou toute
une série de moments de réalisation.
3.3 Le désigné actif
L a présence d'un désigné actif dans la structure syntagmatique du verbe
est une autre propri6te qui est commune à toutes les unités de cette catégorie. Il s'agit du support extensif qui est à Porigine de l'événement représente
dans le verbe. Par exemple. un verbe comme pleurer met en cause non seulement l'actionde pleur en mais aussi lr&ocationd'une apersonne, pleurante;
entre l'évenement représenté et ce quelqu'un, (cet ensemble) s'établit [ ...1
un rapport de prédication mettant en cause son a&&
(AUDET,
1994:109).
Autrement dit. 11e5ve5nementreprésenté dans le verbe ne fait qu'exprimer ce
que fait le désigné acttf ou ce qu'est la situation dans laquelle il se trouve: il
n'exprime pas un caractère spécifique du désigné; ll&énement est donc un
apport de prédication par rapport au support qu'est le désigné actif. Ce designt est dit actif car il est toujours en situation active par rapport à l'événement representé par le verbe. 11s'agit du même type d'ensemble que dans le
nom et le pronom et qui est représenté par un morpheme d'extension. de
valeur déante ou indéfinte avec la valence syntaxique correspondante.
Les verbes qui présentent un désigné indéfini manifestent. comme
l'adjectif nominal, un besoin d'actualtser syntaxiquement ce désigné: ils exigent donc soit un sujet grammatical dans le cas des verbes conjugués, qui
rempiissent alors la fonction de prédicat. soit un autre type de support qui
tient souvent lieu de sujet logique dans le cas des infinitifs imperfectifs,
c'est-à-direceux qui sont marques par la forme -ant:
Verbe coniuQw5: dl voit ta voiture, (OUELLET,
1990-1991 JI: 17).
di faut que vous soyez gentil, (ibidem).
Infinitif irmerfectif: &es gens aimant le spectacle vont au
théâtre (ibidem).
*erre. marchant lentement, rentrait chez
lut. (ibidem).
En revanche, les verbes qui présentent un désigné défini, tout comme les
substantifs. n'exigent pas que ce designé soit actuaïisé en syntaxe et ne
requièrent donc pas de support syntaxique. C'est le cas de l'infinitif perfectif
(Finkitif en -er, -ir, -air, etc.) et de l'impératff:
Infinitif mrfectif:
le détendaib (ibidem).
&hanter lui plaisaib (ibidem).
ImDératlf: BJRegardons-leb (ibidem).
soyez gentil!, (ibidem).
L a valeur du désigné défini est donc substantivale, ce qui permet à
l'infinitif perfectif de remph les fonctions de sujet et d'objet. ce qui n'est pas
le cas de l'infhitif de valence adjectivale.
Même si tous les verbes représentent un événement et comportent un
désigné actif, défini ou indéflnl, certains d'entre eux, ceux qui sont dits
transitifs. comportent en outre un désigné passif. Par opposition au désigne
actif, qui correspond à la représentation grammaticale d'un ensemble en
situation d'agent. c'est-à-diredu désigne qui est à l'origine de l'événement,
et dont le verbe est toujours doté. le désigné passif est la représentation
grammaUcale d'un ensemble en situation de patlenb (AUDET.1994: 1 IL).
Tout comme le désigné actif, ce désigné passif met en opposition les deux
morphémes du paradigme de l'extension, à savoir le morphéme de valeur
adjectivale ou virtuelle et celut de valeur substantivale ou actuelle. L e designé passif adjectival d'un verbe est souvent actualise syntaxiquement par un
support, lequel tient lieu d'objet. Celui-ci représente le iieu d'échéance qui
délimite la réalisation de l'événement désigné par le verbe. Tout verbe
comportant un désigné passif est transitif et peut admettre un objet:
Désiené passif adiectivai: *Max sortira [les valises] de la mafsorw
(OUELLET,1990-1991 ,II:25).
d e soleil rouglt [le cielb (ibidem).
les pirates coulhtnt [le navireb
(f bidem),
Je me change.
Dans ces exemples, les supports qui actualisent le désigne passifadjecttval
des verbes personnels sont respectivement les vallses. le cfeI,le navke et me.
Dans la phrase Je me change, malgré que l'objet me ne détermine pas
grammaticalement le sujet ue). il y fait cependant reférence.
Mais ce désigne passif adjectival peut également ne pas être actualisé
syntaxiquement par un objet: le lieu d'échéance de l'evenement verbal.
même s'tl est bel et bien representé dans le verbe. n'a pas de référent
particulier, puisqu'il n'est pas actualisé en syntaxe2 :
Jean boit,
Marc mange.
Le designé passif substantivai. quant à lui, est dit interne car il renvoie
au sujet. Le verbe comportant un tel désigné passif met donc en cause un
2 Dans ce type d'emploi, le verbe est consideré par la tradition comme un
«transitif absolu»,
support passif qui renvoie au support actif; ce type de verbe est appelé
transitif r é f l e a
aLa peau brunit au sole* (idem:26).
#La clef tourne dans la serrura (ibidem).
En comparant les verbes transitifs non r6f'iexifs et les réflexifs, il faut
noter. du côté des transitifs non réflexifs. que le support passif ne s'assimile
pas au support actif et que du côté des transitifs réflerdfs le sujet est à la
fois le support actif et l'objet logique de l'événement représenté par le verbe.
Ainsi, dans la phrase L e solefi rougit le ciel. le soleü est la chose ~rougissanta
et le ciel. la chose aougia. tandis que dans L a peau brunit au solefl. la periu
est à la fois la chose ~bmnissantaet la chose bruni-; lapeau est donc.
dans cette phrase. à la fois le sujet grammatical et l'objet logique du verbe
brunit.
Finalement. les verbes qui ne comportent aucun désigné passif et qui ne
mettent donc en cause aucun support passif sont dits intransitifs. À la
Mikence des verbes transitifs absolus. dont le désigné passif n'est pas
actualisé en syntaxe, les intransitifs ne comportent pas de désigné passif.
Dans les deux exemples qui suivent. le verbefonctionner n'implique rien qui
soit donctiom& et d e r n'irnpïique rien qui soit *vol&:
«La machhe f o n c t i o (idem:20).
~~
eLtoiseauvol* (ibidem).
Outre le désigné passif. il y a trois autres composantes qui sont propres
aux verbes personnel: le mode. le temps et la personne ordinale. Ces composantes font défaut aux verbes infinitifs.
Le mode, qui est da représentation grammaticale du lieu d'existence de
l'événemenb (AUDET.1994:114).est un paradigme qui oppose deux
morphèmes. le subjonctif et l'indicatif. *Par opposition à l'indicatif qui
donne à Farénement un lieu d'existence actuel, le subjonctif s'emploie pour
exprirner le fait que l'existence de l'événement n'est qu'une possibi~té.une
eventuaiit6 (OUELLET.1990- 1991.II:41):
veut acheter la maison qui est situee au bord du
fleuve, (ibidem).
*Vous viendrez lundbr (ibidem).
Subionctif: ail veut acheter une maison qui soit située au bord
du fleuve, (ibidem).
Qu'il vienne luncb (ibidem).
Indicatif:
Le temps, pour sa part. correspond à da représentation grammaticale de
la durée. ou de l'époque de L'événement, (ALIDET.19%: 1 17). C'est un paradigme qui oppose trois morphèmes: le temps present (contemporanéité),le
temps passe (antériorité)et le temps futur (postériorité).Employés par référence au présent du locuteur ou *par référence à un &ment du contexte,
(OUELLET.1990-199 1 ,II:37),les morphèmes de temps se combinent toujours
à l'aspect imperfectif ou perfectif:
Passé immrfectif: eMarie semblait fhtiguée (idem:9).
*À son arrivee, Max mangeah (ibidem).
Passé wrfectif: a d g r é cet accident, il travaiïh encore deux
ans avant de prendre sa retrait* (ibidem).
.Deux jours plus tard. Pierre arriva de voyage.
(ibidem).
Futur immrfectif: Sans son aide. il Cchoueraifs (ibidem).
dl lui sembletait difficiïe de r é u s s h
(ibidem).
Futur mdecttf: a n sait bien qu'il vienârm (ibidem).
cette heure-là, Max travailler(ibidem).
Contrairement aux temps passé et futur. le morphème de temps present
n'a pas de marque spécifique pour distinguer les deux aspects; il faut alors
se fonder exclusivement sur la valeur sémantique de la séquence pour
identifier l'aspect en causa (idem:15) et transposer au passé ou au futur:
Présent immxfectif: +Quand il revient du travail, iï mange
(ibidem).
%Maxtravaille sans se plaindre (ibidem).
Présent perfectif: *Il revient demain,(ibidem).
S a n s prévenir. Max prend la balle et la
lance dans la riviere, (ibidem).
Étant donné qu'ils déterminent da situation. ou la locaïisation (dans
l'espace et la durée) de l'événement dont ils parlenta (AUDET. 1994: 12 1 ). le
mode et le temps expriment des moddités d'existence de cet événement; ils
doivent par conséquent être considérés comme des apports modaux au
morphème d'aspect.
Pour ce qui est du paradigme de la personne, fi met en cause six
morphèmes. Le morpheme de personne dt5termine la situation du désigne
actif du verbe dans l'échange linguistique. ce qui a pour effet de le localiser
par rapport à l'instance de discours où interviennent le locuteur et l'interlocuteur qui participent A cet échange ainsi que le delocute qui n'y participe
pas, (OUELLET.1990- 1991.n:311. Contrairement à ce qu'affirme la tradition,
tl y a six personnes et non pas trois personnes du singulier et trois du
pluriel pour les deux raisons suivantes: premièrement. ce ne sont pas deux
nombres qui sont opposés maïs deux personnes. la personne individuelle ou
simple et la personne extensive (moi/ nous. toi/vous). et deuxièmement. les
première. deuxième et troisième personnes du "plufiel"ne sont pas le pluriel
des premiére. deuxième et troisieme personnes du "singulier".mais bien des
personnes ayant des caractéristiques dlffi5rentes3; par exemple. dans le cas
du possessif,qui oppose personne. genre et nombre. il est impossible d'af33.rmer que nob-e est un possessif de la première personne du "pluriel" car il
s'accorde toujours avec un nom de nombre singulier (notre cahier. notre
3 L a personne extensive dans le verbe a été. en analyse traditionnelle,
confondue avec le pluriel. de telle sorte que les trois personnes du singulier
et les trois personnes du pluriel ont eté distinguées en assimilant la
personne extensive au pluriel abien que le verbe ne comporte pas la
morphologie nominale ou pronominale de nombre et de genre. L a confusion
tient du fait que l'alternance de nombre dans le sujet entraîne, par
concordance logique. une alternance de personne dans le verbe*
(OUELLET.1990-1991 ,II:34).
votture). E n appliquant ces principes
aux pronoms personnels de cas nominatif. les six personnes suivantes sont obtenues parallèlement aux six
personnes du possessif :
Première erso on ne f i nterne-sim~lel:Je.
Deuxième Dersonne (externe-simolel:tu.
Troisieme Dersonne lexternel: il / elle. ils / eues (simple ou
extensive).
Quatrième riersonne (interne-extensive):nous.
Cimuième wrsonne (externe-extensive):vous.
Sixième erso on ne (interne1 sim~leou extensive : on.
Dans le cadre du pronom cependant. la personne ordinale est une
composante lexicale spécifique à cette catégorie de pronoms. tandis que
dans celui du verbe personnel. elie est commune à toutes les unités de la
catégorie. Dans le pronom. la personne sert d'opérateur de referen(AUDET.1994:123)
et eue joue le raie d'apport de prédication par rapport ii
l'ensemble représente dans le mot. L a personne ordinale a également. dans
le plan du verbe, fonction d'apport de prédication à l'ensemble représenté.
c'est-&dire au désigné actif.
Il y a un iien qui s'établit entre la personne contenue dans le verbe et la
personne évoquee par le sujet; ce qu'on appelle l'accord du verbe personnel
avec le sujet. Toutefois, ce phknomène n'est pas d'ordre grammatical, mais
d'ordre logique. puisque cet accord varie rselon qu'on considère l'ensemble
évoqué par le sujet en tant que simple contenant évoquant une entité
unique ou en tant que contenu plus ou moins extensif de cet ensemble
(OUELLET.1990-1991.II:35-36).
Par exemple. dans une phrase comme &es
misérables est une oeuure de Victor Hugo* (ibidem).le verbe. même si le sujet
est de nombre pluriel. est à la troisième personne. car ce sujet désigne un
groupe d'individus considéré comme une entité unique en tant que titre
d'une oeuvre Utteraire. S'emploi du verbe n'implique pas de référence
interne au contenu qu'il implique (ibidem). ce qui permet par conséquent
l'emploi de la personne individuelle. Par contre, dans Ces mlsémbles ont bnhl
leurpays!. le sujet évoque par rapport au verbe le contenu d'un groupe
d'individus plutôt qu'une entité unique: la personne interne extensive du
verbe ont renvoie à l'intérioritt5 de l'ensemble représenté par le sujet.
A la lumière des observations faites sur le verbe. il est d'ores et déjà
possible de définir et d'identifier les caractéristiques de la fonction sufet. Le
verbe, qu'il soit de forme infinitive ou personnelle. évoque toujours un
ensemble qui est le support actif de l'événement qu'U représente. à titre de
heu d'origine de cet événement. Lorsque ce support est adjectival, il doit @tre
actualisé par un support syntaxique de nature substantivale. celui qui
remplit la fonction de sujet. Et ce support rempïit la fonction de sujet
grammatical. L e sujet grammatical se démit donc c o m m e de support
prédicatif qui actualise en syntaxe le désigné actif indéfini du verbe
personneb (idem:50);il représente le heu de réalisation d'origine de l'événement exprirn6 par le verbe.
Entre le verbe et le sujet grammatical s'institue un rapport syntaxique de
prédication où le verbe est en fonction d'apport et le sujet en fonction de
support. En d'autres termes, le préàicat verbal e e dit de son sujet comme de
son lieu d'origine ou d'emergence. mais l'événement représenté en lui n'en
change en rien la compréhension. et n'en a£Tecte consdquemment pas la
désignation; il n'affecte pas non plus son m o d e d'existence,
(AUDET. 1994:154). Par exemple. dans Jocelyn parle, parle détermine le
comportement de Jocelyn; ainsi, parie ne désigne nuilement une propriété
spécifique ou une modallte d'existence de Jocdyn. En fait. tout ce que p m f e
dit de Jocelyn. c'est qu'ii est en situation de personne aparianta.
Ll n'y a que les unités substantivales qui peuvent remplir la fonction de
sufet grammatical, car eues seules peuvent remph la fonction de support de
la prédication verbale; cette fonction peut donc @treremplie par un
substantif noniinal:
serre fait un travail utile (OUELLET,1990-1991.k W ) .
un syntagme substantival:
&a machine fonctionna (idemr68).
%Tesdeux ïivres sont arrivésr (idem:102).
un substantif pronominal:
sui n'est parfaib (idem:1 0 1).
Quand vous reviendrez les amis. nous lui en parlerons,
(idem:105).
un infbitif perfectif:
aAbaudonner impilquait échouer, (idem.1I:b).
.bllre le détend*
(ibidem).
ou, en certains cas. par un syntagme prépositionnel4 :
4De jeunes gens marchent dans la rua (AUDET.1994: 9 1).
En grammaire traditionnelIe. le sujet est très souvent considéré c o m m e
celui qui fait l'action exprimée par le verbe; cette considération ne vaut
toutefois que lorsque le sujet est un anime et que le verbe est de valeur
dynamique:
ôes amis viendront ce s o b (OUELLET, 1990-199 1,II:46).
Comme le montrent les exemples qui suivent. elle devient invalide quand
i'évc5nement representé par le verbe est statique ou que le sujet est un
inanimé:
Valeur statioue: d a sentinelle montait la garda (idem:10).
4 Le fait que la préposition peut remplir la fonction de support de
désignation n'est pris en considération ni en analyse traditionnelle. oii la
seule fonction que l'on reconnait à la préposition est d'étabk une relation
entre deux unités - ce qui semble &treessentiellement une considération
d'ordre logique - ni dansles analyses où l'on ne se préoccupe pas de défînir
les fonctions grammaticales et ou on ne fait pas la distinction entre les
relations g r A t k a l e s et les relations logiques.
Suiet inanimé: e t t e église se voit de l o b (idem:47).
En outre. la valeur lexicale du verbe infiue aussi sur la perception du
rôle qui est joué par le référent du sujet; ainsi. dans 4 e t enfant souflre le
rnartgra (idem46).cet enfant. même s'ilest le sujet grammatical de soume et
à ce titre son support actif, n'en subit pas moins la s o u ~ c ePar
. contre.
dans Cet enfantjoue a u ballon, cet enfant f a t raction exprimée par joue. L e
lexème désignant l'événement verbal peut donc donner en certains cas un
rôle logiquement passif au sujet.
Il faut également se rappeler que seuls les verbes p e r s o ~ e l dont
s
le désigne actif est indéfini exigent un sujet grammatical. ce qui exclut l'impératif
et l'infinitif perfectif. étant donné que leur désigné actif respectif est
substantivai:
ImDératif: a o r t e z ! (OUELLET,
~
1990-1991 ,II:42).
dtevenez demsinb (ibidem).
Infinitif xm-fectif: .Rinle detendah (idem:17).
&hanter lui plaisaib (ibidem).
Quoiqu'il comporte lui aussi un désigné actif adjectival. l'in£initifimperfectif (en -ant) ne peut avoir de sujet grammatical, car la relation prédicative
qu'il y a entre un verbe et son sujet grammatical exige q u e le verbe
comporte une détermination personnelle de son désigné actif. ce qui
s'accompagne toujours des modalités de temps et de mode (idem:49);cette
condition fait defaut à l'infinitif imperfectif puisqu'il n'a ni personne, ni
mode. ni temps; i l ne peut donc s'employer avec le pronom casuel de cas
nominatif qui ne s'emploie que comme sujet d'un verbe personnel:
**Onchantant, (idem51f .
En fait. le seul sujet que peuvent avoir l'impératif et les infinitifs
perfectif et imperfectif, c'est un sujet logique, c'est-à-dire un sujet qui est le
référent representant logiquement le iieu de réalisation ou d'actualisation
d'origine de l'événement évoqué par le verbe. Par exemple, les verbes chante,
marchant et sortit ne font référence qu'à un sujet logique dans les phrases
suivantes. dont tiennent Ueu Max. les deux amis et II respectivement:
«Max. chante nous une chansom (ibidem].
d e s deux amis. marchant lentement. devisaient gaïemenb
(ibidem).
veut sortir*(idem:52).
D a n s une phrase comportant un sujet grammatical. il arrive souvent que
le sujet logique corresponde au sujet grammatical, c o m m e c'est Le cas dans
Pierre mange une pomme ou Le chat court après la souris. Ce phénomène.
même s'il est très kéquent, ne se produit pas toujours. car il anive parfois.
avec un même verbe personnel. que sujet grammatical et sujet logique soient
dissociés. C'est ce qui se produit lorsque le sujet grammatical n'a pas de
référent particulier:
est arrtv6 un malhem [ibidem).
ou lorsque sont employées des ~onstructionsdites qassives, structurées sur
la base du réflexif être et du participe passif attribubr (idem:53):
.Max est poursuivi par ses créancier- (ibid).
D a n s lZ est arrivé un malheur, le sujet grammatical est il et le sujet
logique est un malheur. Dans Mau est poursuiul par ses créanciers. le cornpl&
ment prépositionnel par ses créanciers du participe passlfpoumluI ~ f a t réfét
rence à son sujet logique alors que le sujet grammatical du verbe tient lieu
d'objet logique à l'égard de ce participa (ibidem); donc. ce n'est pas parce
qu'un mot ou un syntagme tient lieu de sujet grammatical qu'il tient
automatiquement lieu de sujet logique soit du verbe. soit du participe. En
l'occurrence. le sujet logique se définit comme de référent qui représente
le Heu de réalisation ou d'actualisation d'origine de l'événement évoqu6
par le verbe ou par le participa, (idem:54).
3.7 L'attribut
L'attribut s'oppose au sujet ainsi qu'a l'objet sen ce qu'il s'agit d'une
fonction d'apport et non d'une fonction de support; en conséquence aussi
bien les unités de valence adjectivale que les unites de valence substantivale
y sont aptes. et c'est en ce cas le verbe qui a fonction de supporb (idem:60).
Cette fonction d'apport se définit comme a n déterminant externe ou prédicatif du designé actif ou du désigné passif du verbe. ce qui correspond à deux
fonctions prédicatives distinctes, (OUELLET.
1988:234). Étant donné que
cette fonction syntaxique en est une de prédication, l'apport attribut confère
au support une propriété générique qui n'en restreint pas l'extension.
Autrement dit, il s'agit d'une détermination prédicative qui n'secte pas la
désignation de son support et n'en constitue donc pas une propriéte inhérente ou interne, mais lui confère une propriété anérente ou externe M e sa
relation à l'événement verbal, c'est-à-dire à sa situation de désigné actif ou
paç~ib
(OUELLET, 1990-1991 .II:60).
Correspondant à ce que la tradition appelle l'attribut du complément
d'objet. kttribut du désigné passif d'un verbe transitif confère à ce désign6
une détermination qui apparaît comme le résultat ou la conséquence de la
r~allsationou de l'actualisation de l'événement verbab (ibidem). Maigre qu'il
fasse référence à l'objet, cet attribut entretient une relation grammaticale
avec le verbe; c'est d'ailleurs ce que démontre. d'une part, la pronominaLisation de l'objet. auquel I'attribut ne stintQre pas5 :
dl mange son pain £?ais / Il le mange fiais, (ibidem).
aCe contretemps rend cet (stc) f e m m e [furieuse] / Ce
contretemps La rend hirieusa, (ibidem).
et le fait que ce rapport peut quand même s'instituer en l'absence d'objet.
d'autre part:
a n ne voit pas plus gents (ibidem).
5 Ce phenornene permet de distinguer l'attribut du designé passif de
I'épithète. car celle-ci s'intègre au syntagme objet lors de la
pronomlnallsation: 41 mange du pain irais / II en manga (idem:ô1).
4 1 préfère manger chaud, (ibidem).
Lorsque le support attribut est un verbe réfiexif* la determination predicative *intéresse le sujet auquel fait réference le désigné passif. bien que le
désigné actif du verbe ne soit pas le support syntaxique de I'attributr
(idem:63):
.Il leur était fkciïe de paraître gent111- (ibidem).
4 e t enfant devient homme, (ibidem).
En outre. l'attribut du désigne passif admet. en ce cas, la pronomfnallsation avec le pronom accusatif le qui n'admet pas d'accord en genre et en
nombre en fonction attribut parce qu'il ne sert qu'à évoquer la relation
prédicative au désigné passif du verbe; en conséquence la pronominalisation
de l'attribut met toujours en cause le pronom singuiier de genre masculln
inanimeb (ibidem):
dl paraît malade, (GREVISSE.[1936].1993:328/ Il le paraît.
Vous semblez faible / Vous le semblez.
Eues deviennent gentiUes / Eues le deviennent.
L a pronominalisation de l'attribut du désigné passif d'un verbe réflexif
permet d'ailleurs dopposer formellement cette fonction celle d'attribut du
désigne actif qui n'admet pas cette pronominallsation avec ce même type de
verbe (idem:66):
dl tomba épuisé / il *le t o m b (ibidem).
d l part soldat. mais ii reviendra officier / II *le part; Il *le
reviendrâ, (ibidem).
Contrairement à ce qui est observe lorsque le determinant attribut porte
sur le designé passif du verbe. la détermination met en cause non pas le
résultat de la réalisation de l'événement. mais ce qui existe à l'origine de sa
réalisation.
L'attribut du désigné actif peut se rencontrer aussi bien avec un transitif
qu'avec un verbe intransitif. alors que l'attribut du désigne passif exige que
le verbe comporte un tel désigne, ce qui n'est pas le cas de l'intransitif:
~Eliesoupira satisfaite (idem:67).
4 1 travaiUait paisible (ibidem).
Il est également impossible de pronominallser l'attribut du désigné actif
en présence d'un verbe transitif non réflexif; en présence d'un verbe transitif,
ce type d'attribut une fait pas référence à l'objet, mais au sujet du verbe
supporb (ibidem):
dl reprenait son chemin inconscient du dangen, (ibidem).
~ E i l ele suivait rassurée. (ibidem).
4 3 en présence d'un inhitif, c'est le sujet du verbe support qui tient
iieu de sujet logique de l'attribut.(idem:68):
.Ils chantaient gaiement oubliant ce que leur réservait
l'avenh (ibidem).
*Elle écoutait distraitement répondant B peine a leurs
questionm (ibidem).
U n verbe transitif peut donc tenir lieu de support à deux attributs et
comporter à la fois un attribut du désignt actif et un attribut du désigné
passif:
&lie les regardait jouer indifférent- (idem:68).
S e s amis la voyait passer rassurb (ibidem).
Ainsi, dans le second exemple. le verbe ooyalt est détermine par le verbe
infinitif passer, qui remplit la fonction d'attribut du désignt passif du verbe
et qui fait référence l'obfeth,et par l'adjectif nominal mssurés. qui lui, est
attribut du désignt actif du verbe et fait reference au sujet ses am&.
Dans certains cas. un verbe reflexif peut également être aIfectt5 de deux
attributs:
*II est mai en tout cas qu'il s'en occupab (ibidem).
41 est heureux en f a t qu'il soit venio, (ibidem).
Dans le deuxième exemple. est est déterminé et par l'adjectif nominal
haCreu qui détermine son designé passif et peut être pronominaïisé (Il 2' est)
et par le syntagme conjonctif qu'll soit wnu, qui determine quant à lui son
désigné actif. d u résultat. l'attribut du désigné passif intéresse logiquement
I'attribut du désigne actif puisque ce dernier tient lieu de sujet logique;
l'emploi de cette composante comme sujet grammatical produit donc une
equivalence référentielle, (ibidem):
%utilsoit venu est heureux en faib (ibidem).
3.8 Conclusion
Toutes les unites appartenant à la catégorie du verbe comportent un
morphéme d'aspect représentant un évenement de même qu'un désigné actif'.
Il y a deux types d'aspect: le perfectif et L'imperfectif. L'aspect perfectif représente l'évenement dont la réalisation est envisagée comme accompIie ou
rétrospective et l'aspect imperfectif représente l'événement dont la
réalisation est envisagée comme tnaccompïie ou perspective. Ces deux
morphèmes peuvent évoquer aussi bien un événement de valeur opéraive ou
dynamique qu'un &&nement de valeur r&ultative ou statique. c'est-&-dire
une action ou un état.
Le désigné actif correspond au support qui est à l'origine de l'évenement
representé dans le verbe. Toujours en position active par rapport i%
l'evenement représenté par le verbe, le design6 actif, qui tient lieu de support
fondamental du verbe, oppose comme dans le nom et le pronom, les deux
morphemes d'extension de valeur définie et indéfbie. S'il est indéfini ou
adjectival. ce designé doit être actuaiisé syntaxiquement par un support qui
tient alors heu de sujet grammatical: la relation syntaxique qui s'établit
entre le verbe personnel et son sujet en est alors une de predication, car le
verbe. en déterminant I'activite du sujet. n'en affecte pas la désignation. Si
le désigné actif est déflni ou substantival, le verbe ne requiert pas de
support. mais il fait tout de même référence à un sujet dit logique. Le sujet
grammatical actuaïise donc le désigné actif indéfini du verbe personnelalors
que le sujet logique est le référent qui représente le lieu d'actualisation ou
de réalisation d'origine de l'événement évoqué par le verbe. L a présence d'un
désigné actif substantivai caract&lse l'infinitif perfectif et l'impératif et celle
d'un désigné actif adjectival est propre aux verbes personnels conjugués et à
l'infinitif imperfectif. lequel ne peut toutefois pas avoir de sujet
grammatical. étant donné qu'il n'a ni mode. ni temps et ni personne.
Certains verbes, appelés transitifs. comportent. en plus d'un désigné
actif, un désigné passif. Celui-ci &ogue le lieu d'échéance de Pevénement
désigné par le verbe. Tout c o m m e le désigné actif, il peut être de valeur
adjectivale ou substantivaïe; s'il est adjectival, ii demande u n support objet
et s'il est substantivai. ii n'a pas besoin d'être actualisé syntaxiquement par
un objet, mais iï fait référence au designé actif. Lorsque son désigne passif
est adjectival. le verbe est dit non réflexif', et lorsquril est substantivai. il est
réflexif-Les verbes qui ne comportent pas de désigné passif sont intransitifs.
Le verbe personnel possède trois composantes qui lui sont propres: le
mode, le temps et la personne. L e paradigme du mode oppose l'indicatif a u
subjonctif; l'indicatif donne u n lieu d'existence actuel à l'événement et le
subjonctif lui donne un Ueu d'existence vtrtuel. Quant au paradigme du
temps. il oppose le passé, le présent et le futur; le passé situe l'événement
dans une durée antérieure ou accompiie, le present le situe dans une durée
contemporaine ou actuelle et le futur. pour sa part. situe l'événement dans
une durée post&kure ou inaccompiie. Seuls les verbes qui comportent ces
trois morphemes ainsi qu'un désigné actif adjectival peuvent être mis en
relation avec un sujet grammatical.
L a fonction de sujet grammatical, que l'on retrouve uniquement avec les
verbes personnels conjugués, ne peut être remplie que par des unités
substantivaies: substanWs nominaux et pronominaux. syntagme substantival. idhitif perfectif et syntagme prépositionnel. conjonctif ou relatif. Très
souvent. le sujet grammatical est l'agent de l'action exprfmee par le verbe;
cependant ce n'est pas le cas lorsque le sujet est un inanimé ou lorsque le
verbe a une valeur statique plutôt que dynamique, mais il s'agit toujours
d'un support actif à titre de Heu d'origine de la réalisation de cet événement.
Lfimp&atifet les n i t i f s perfectif et imperfectif ne peuvent avoir de sujet
grammatical. étant donné que le désigné actif de ltimp6ratif est défini ou
substantiva1 et que les deux infinitits n'ont ni mode, ni temps, ni personne.
Ces trois formes verbales peuvent toutefois avoir un sujet logique, c'est-àdire un référent qui représente le lieu d'actualisation d'origine de l'événement qu'elles Mquent.
Le sujet logique correspond le plus souvent au sujet grammaticaï d'un
verbe. comme c'est le cas dans Pierre mange une pomme, mais il arrive. dans
des circonstances bien particulières. qu'ils soient dissociés; c'est ce qui
arrive. par exemple, lorsque le sujet grammatical n'a pas de reférent particulier, comme dans IZ passe deux camions, où Q est le sujet grammatical et
deux camlons est le sujet logique du verbe passe.
4.1 Introduction
L e s multiples analyses de la fonction sufet qu'ont proposées les
grammairiens traditionnels et les linguistes modernes n'ont pu rendre
compte de tous les cas de fonction sujet. Que ce soit par exemple a u plan de
la définition de cette fonction ou au plan de la nature des unites qui la
remphsent, les descriptions qui en ont ét6 proposées ne valent que pour
une partie des unites qui peuvent remplir cette fonction syntaxique. En
sémantique grammaticale, le sujet grammatical et le sujet logique sont
respectivement définis, faut-il le rappeler, comme d e support prédicatif qui
actuaiise en syntaxe le désigné actif indefini du verbe personneb
(OUELLET.1990-1991 ,II:50)et comme d e leréférent qui représente le Ueu de
r&ai.isationou d'actuaïisation d'origine de l'événement 6voqué par le verbe ou
par le participa (idem54). En outre. le phénomène de l'accord en personne
du verbe que met en cause cette fonction est très souvent présenté par les
grammairiens comme un phenornbe grammatical. dors qu'il s'agit plutôt
d'un phénomène de concordance logique ainsi que l'indique I'analyse
sémantique des faits pertinents. A cet egard,la tournure appelee *reprise du
sujeb de meme que le tour dit dmpersonneb même s'il met en cause la
troisieme personne posent également problème dans ces analyses.
4.2 Nature du suiet
L a fonction grammaticale de sujet. comme la plupart des autres
fonctions. met en cause la valence syntaxique des unités puisqu'elle ne peut
être remplie que par certaines unites de nature bien définie en raison du fait
que leur nature conditionne leur valence syntaxique, c'est-à-dire leur
aptitude à remplir des fonctions grammaticales; en conséquence, étant
donné que le sujet est toujours le support de prédication d'un verbe personnel dont le désigné actif est indéfini et que seules les unités de nature
substantivale peuvent être supports de prédication. cette fonction
syntaxique ne peut être remplie que par des substantifs, nominaux. pronominaux ou modaux, et des syntagmes substantivaux ou, en certains cas.
prépositionnels. L a valeur démie ou substantivale du désigné donne à ces
unités la valence requise pour remplir cette fonction grammaticale. Les
substantifs nominaux (Noblesseoblige),entre autres, en particuiier ceux qui
sont traditionnellement appelés #noms propre-. peuvent, grâce à la valeur
définie de leur désigné. remplir la fonction grammaticale de sujet, ce qui est
le cas de Parts et de Jésus dans:
Paitis est une belle vile.
d h a été crucifi6 (GREVISSE.[1936],1993:308).
Ainsi, un mot comme cientain doit-il lui aussi être considéré c o m m e un
nom propre plutôt que comme u n adverbel, car en plus d'admettre la
fonction sujet (nDem.ainest un jour defêta, (ibidem)),ce qui n'est jamais le
cas de l'adverbe, il désigne spécifiquement le jour qui fait suite à
aujourd'hui, une telle designation étant une caractéristique propre aux
substantifs nominaux. À l'instar de lundt, murdl mercredi, etc., demain est
en fait le nom d'un jour bien particuiier.
Nombre de substantlfs pronominaux. employés sans complément, ont la
capacité de remplir la fonction sujet; par exemple. les démonstratifs ce, ceci,
cela et ça:
1 v. idem: 1431.
Ce n'est pas vrai!
Ceci fera tres bien I'afEàire.
4
& sentait l'aib (ARAGON) (idem:1 146).
puait là-dedans (ARAGON)(ibidem).
&eh manque d'air icb (ibidem).
a
les quantificateurs tout, rien et beaucoup,:
eTout est perdu, (idem:308).
4Uen ne me verra plus, je ne verrai plus rie(idem:I 1f O).
Beaucoup sont désespérés.
(HUGO)
le conjonctif combien et les personnels nous et vous:
a m b i e n sont 1à'% (idem:1067)Nous sommes chez mon père.
Wous êtes venues, (idem:967).
Fait à noter bien qu'il ne soit pas fréquent, une unité c o m m e Ià peut
tenir lieu elle ausst de sujet grammatical:
#Une idée m'était venue au cours de mes voyages; à force de
rôder sur les routes de l'espace. de savoir Ici que Lg m'attendait. bien que je n l fusse pas encore. j'ai voulu B ma maniere
m'aventurer sur les routes du temps, (YOURCENAR,
1968:164).
Tout comme demain, là ne peut en ce cas être considéré c o m m e un
adverbe.Cependant. contrairement à dernaln. cette unité ne désigne pas un
iieu spécifique; elle sert plutôt à locaiiser tout lieu qui est extérieur à celui
où l'on se trouve. Donc, parce qu'eue ne représente pas une designation
particulière mais fait plutôt office de localisateur et qu'eue peut rempiir la
fonction sujet. l'unite là est un concept de nature pronominale ainsi qu'on a
commencé à le mettre en évidence dans certaines analyses? D'aiiieurs. là
s'emploie en fonction de support de désignation, une autre fonction que
l'adverbe ne peut jamais rempiir; par exemple. dans &à oùje bauaUlats. je
serrais toutes les mains d'ailleurs. et plutôt deux fols qu'une (CAMUS)
(HADERMANN. 1993: 165).le syntagme oùje tmvdlals confère au support là
une propriété spécifique qui le caractérise en tant que désignation, une
fonction qu'un tel syntagme remplit egalement par rapport à un nom, par
exemple dans: L'endroitouje tmvaiilats. U n pronom peut ainsi se substituer à
un nom ou à un syntagme substantival en cette fonction. mais non un
adverbe. Et il en va de m ê m e de la fonction de complément de désignation
qui est également exclue dans le cas de l'adverbe gui ne peut pas se substituer au pronom ou au syntagme substantiva1 en ce cas; par exemple
lorsqu'il s'agit d'un compl&nent de désignation de la préposition:
Ça vient de la maison / Ça vient de tà
il passe par le sentier / R passe par là.
Ce qui n'exclut pas que ces unités puissent par ailleurs remplir le même type
de fonction qu'un adverbe. celles dites complément circonstanciel, par
exemple. sans pour autant changer de nature:
il passe le long de la rivière / ïï passe Ià.
D'autres substantifs pronominaux ont par contre tres souvent sinon
toujours besoin logiquement d'un complément de désignation pour rempiir
la fonction sujet. Par exemple. le démonstratif cet doit dans la plupart des
cas être accompagné d'un complément de désignation, comme homme dans
.Cet homme estfow (idem:919),pour remplir la fonction de support de prédication d'un verbe personnel. sauf lorsqu'il s'agit du verbe être, comme dans
Ce n'estpas tout àfaitjuste.
2 Par exemple. Haderrnann (1993:39)considere cette unite l a c o m m e une
aprofoma. c'est-&-direun pronom selon sa terminologie. en raison de sa
valeur semantique et de son comportement syntaxique.
Peu importe le type de substantifpronominal en cause, c'est toujours lui
qui donne sa nature substantivale au syntagme sujet. étant donné qu'il est
le support de ce syntagme, ce que démontre le fait que Ie syntagme conserve
sa valence substantivale. c'est-à-dire sa capacité de rempiir les fonctions de
sujet et d'objet par exemple, même lorsqu'on substitue au substantif nominal qui en fait partie à titre de complement de designation du pronom. un
adjectif:
L a chemise rouge est joue, mais je préfere ta verte.
La blanche est magnifique elle aussi.
Outre le démonstratif cet, presque tous les substantifs pronominaux, à
l'exclusion des pronoms casuels peuvent être support d'un syntagme apte à
remplir la fonction sujet, dont certains peuvent se dispenser d'un complément de désignation s'ils font référence à une désignation nominale antérieure; Il y a les articles:
dJne personne demande à vous vom (idem:869).
die soleil luit pour tout le monde, (idem:865).
les numéraux:
%Troispersonnes s o n t intéressées par le poste^
(OUELLET.1990-1991 ,I: 103)./ Trois sont intéressées par le
poste.
Six chats miaulent dans la nuit.
les quantiflcateurs:
aeaucoup des nôtres ont clisparus (GREVISSE,
[ 1936],1993:873).
/ BEAUCOUP ont disparu.
Plusieurs p e r s o ~ e sn'ont pas mange./ Plusieurs n'ont pas
mange.
les possesstfs:
&es a d e s sont gentiiie- (OUELLET.
1990-1991.1: 100).
Mon stylo ne fonctionne plus.
les relatifs:
Gui a bu boim (GREVISSEJ19361,1993:1045).
Qui sème le vent récolte la tempête (proverbe).
les conjonctifs:
Que les heutes consacrées a l'école, B la dictCe et a la
grammaire puissent avoir été du temps lamentablement
perdu est une pensée absolument intolérable, (MARTINET)
(idem:1602).
&omme vous le faites convient, (AUDET,1994:70).
-bien
vous en voulez importe peu, (ibidem).
UQUM~vous le ferez ne le regarde pasr (ibidem).
&'il réussirait l'inquiétait beaucoup (ibidem).
et le comparatif tel:
Tel est prls qui croyait prendre (proverbe).
Certains substantifs modaux doivent eux aussi avoir un complément de
désignation pour remph la fonction sujet; ce qui est le cas. par exemple. de
la préposition de:
d h ! De t'avoir parlé m'a
fait
du
bien,
(GIDE)
(GREVISSE.[1936],1993:309).
aEt de voir le pouce de Me Bopiface presser La poudre de
tabac dana les narines d'où sortaient les poils sombres lui
donnait le haut-le-coeum(SIMENON)(idem:309).
Fait à noter. la fonction de support remplie par la préposition par rapport à
L'infînitif dans ce type de syntagme est analogue à celle que la préposition
remplit dans des phrases où l'apport est un nom ou un syntagme nominal.
comme dans Dejeunes enfantsjouent au ballon.
En outre. l'infinitif perfectif, dont le désigne actif est de valeur
asubstantivala, est égaiement apte
tenir heu de sujet, comme dans
&raconnet n'est pas voler* (GENEVOIX)(GREVISSE.[
1936].1993:309]ou
*Écrireest demeuré la grande anaire de m a ulsr (BEAUVOIR)(ibidem).
4.3- L'accord du verbe avec le suiet
Contrairement à ce qu'on laisse entendre géneralement dans les
grammaires, l'accord du verbe implique non pas une relation grammaticale
entre le verbe et le sujet mais plutôt une concordance logique entre la
personne du verbe et celle du pronom sujet. C'est notamment le cas avec les
personnes locutives. c'est-à-direje,tu, nous et vous:
Je chantai.
Tu partiras.
NOUSmarchons.
Vous buvez.
Cette concordance logique peut prendre une valeur stylistique lorsque la
personne extensive est employée dans le verbe F u r faire référence au groupe
representé par le sujeb (OUELLET,
1990-1991 .Ii:33):
Lui et moi, nous lui en ferons voir de toutes les couleurs.
Toi et moi sommes d é s au restaurant.
Cete et notre vie étions d'un seul tenanb (CHAR) (idem:34).
Toutefois, dans le cas des personnes délocutives du verbe (estlsont), la
personne interne a toujours une valeur extensive. d o r s que la personne
externe a invariablement valeur de personne simple. En conséquence. on
emploie réguiièrement la personne interne extensive avec un sujet de nombre
pluriel et la personne délocutive externe simple avec un sujet de nombre
stnguiiei* (ibidem):
Cet homme partira en Allemagne.
Ces enfants iront bientôt jouer dehors.
Il est chanceux*
Ils sont chanceux,
Elle a mang&
Elles ont mangé.
L'emploi de la personne interne extensive dans le verbe n'apparaît pas
seulement avec un sujet de nombre pluriel; quand le sujet dvoque un groupe
et que l'emploi du verbe impïique reférence au contenu de ce groupa
(ibidem). c'est cette personne interne extensive qui est exploitée dans le
verbe pour operer cette référence. e t cela, méme si le sujet est de nombre
singulier:
4 1 y a assez de monde qui sont venus me voir, (HUGO)
(ibidem).
aLes tribus se révoltèrent. mais bientôt une partie se soumirent, (HANSE,L949:36).
%La plupart de ces fautes prouvent plus d'irréflexion que
d'ignorance; un grand nombre sont des fautes d'inattention,
(ibidem).
&a plupart se font des illusions, (ibidem).
aombre déjà l'ont fait, (idem:38).
dix éleves de cette classe sont intelligents, le reste sont des
ignorants, (idem:37).
En outre, lorsque le mot ou le syntagme qui évoque un groupe est accompagne d'un complément de désignation, la personne exploitée dans le verbe, si
celui-ci fait référence B la totalite de ce groupe, est la personne délocutive
externe simple, cela même si le nombre du complément de désignation est le
pluriel:
uUn torrent de pensées me roulait dans la tête (ibidem).
main tenant, d'ailleurs, la foule des professeurs
surveillants arrivait, (ESTAUNIÉ)(ibidem).
beaucoup de cierges valait mieuxr (idem:38).
et des
*Un grand nombre de fonctionnaires est un fardeau pour
L'État (ibidem).
alors que, si le verbe implique référence au contenu ou aux individus qui
font partie de ce groupe. c'est la personne interne extensive qui est exploitée:
*Une troupe de canards sauvages. tous rangés en file. traversent en silence un ciel mélancoiïqus (ibidem).
=Unefoule d'officiers de tous grades arrivaient à chaque joum
(ibidem).
Par ailleurs, la personne externe simple s'emploie également dans le
verbe lorsqu'un sujet de nombre singulier aimplique un unique individu ou
un groupe considére comme une entité unique, c'est-à-dire en tant
qu'ensemble. lorsque l'emploi du verbe n'implique pas de référence interne
au contenu qu'il implique, et cela même lorsque le sujet est de nombre
plurieb (OUELLET,1990-1991 ,ïI:35):
Les fous de Bassan est une oeuvre d'Anne Hebert.
.Les travailleurs de la mer a été porté à l'tcran~
(ibidem).
dJn groupe de voyageurs ne s'est pas présente B I'embarquemenb (ibidem).
da troupe marchait en silence (ibidem).
&a foule se pressait sur la place (HANSE,
1949:36).
En résume. raccord en personne du verbe avec le sujet grammatical est
principalement un fait de concordance lié & la façon dont la valeur logique
de la séquence nous fait envisager le rapport du verbe au sujet; cet accord
varie donc selon qu'on considère l'ensemble evoqué par k sujet en tant que
simple contenant évoquant une entité unique ou en tant que contenu plus
1990-1991 .II:35-36)L
.a variaou moins extensif de cet ensembls (OUELLET,
tion observée dans le verbe est une alternance de personne et non pas une
alternance de nombre puisque le verbe ne varie pas en nombre malgré ce
qu'impiique la distinction traditionnelle de "personnes du pluriel" et de
"personnes du singulier"; l'opposition personne stmple et personne extensive
est dinérente de l'opposition singulier / pluriel ainsi que le démontre le fait
qu'en nombre de cas, fl n'y a pas concordance entre les deux.
L'analyse traditionnelle considère que le sujet grarn~llaticalest repris
lorsqu'il est exprime deux fois. par redondance, dans la même phrase ou la
même propositiom, en prenant. une des deux fois, ala forme d'un pronom
(GREVISSE,[
l9361,1993:3
17).Cependant. c o m m e il ne peut y avoir qu'un
seul suJet grammatical dans une phrase, tl est impossible qu'un sujet soit
repris dans une même phrase.
Deux faits indiquent que l'unique sujet grammatical présent dans une
telle construction est le pronom casuel ou le pronom démonstratif qui
accompagne le verbe; d'une part, le pronom casuel de cas nominatif ne peut
remplir que la fonction sujet; c'est pourquoi,en fonction d'objet indirect par
exemple, ce sont les pronoms p e r s o ~ e l qui
s apparaissent:
*Je parle à il -> Je lui parle.
*il pense à tu -> I1 pense à toi.
*Ilsprennent soin de je -> Ils prennent soin de moi.
D'autre part, le soi-disant sujet repris n'entretient aucune relation
grammaticale avec le reste de l'énoncé. ce qui prouve qu'il fait phrase à lui
seul. Ainsi. dans les thonct5s:
.<Qu'il ait reconnu sa faute, cela mérite un compiimenb
(ibidem).
&ette sainte
montagne. au miiieu de nos pays de l'Est. elle
brille comme un buisson ardenb (BARRÈS)(idem:318).
a i i e m e fit peur. cette lettre (VIGNY)(idem:319).
d l s approchaient de la route, les contrebandiers, (LOTI)
(ibidem).
les syntagmes qu'il ait reconnu safaute, cette sainte montagne. cette lettre et
les contrebandiers font phrase. car la seule relation qu'iis entretiennent avec
le reste de l'énoncé est une relation logique: le pronom casuel fait reférence
a u syntagme, et en fait ainsi un sujet logique. L e pronom casuel peut
d'ailleurs être remplacé par le syntagme auquel il fait référence. ce qui
éiimine la mise en reiief et atténue la valeur expressive de la séquence, mais
sans que sa valeur référentielle fondamentale ne soit affectée:
Qu'il ait reconnu sa fkute merlte un comphnent.
Au miiieu de nos pays de 1'Est. cette sainte montagne brille
c o m m e un buisson ardent.
Cette lettre me flt peur.
Les contrebandîcrs approchaient de la route.
Le fait que ce syntagme puisse être relativement ïibrement déplacé à
l'intérieur de l'énoncé tient également au fait qu'il n'entretient pas de
rapport grammatical avec le reste de cet enoncé, mais uniquement un
rapport logique:
Elle me fit peur, cette lettre -> Cette lettre. elle me fit peur.
Cette sainte montagne, au milleu de nos pays de l'Est, elle
brille comme un buisson ardent -> Au milieu de nos pays de
l'Est. elle briïle comme un buisson ardent. cette sainte
montagne.
Il peut même tenir iieu d'incise lorsqu'il intervient à l'intérieur même de
cette séquence:
Au milieu de nos pays de l'Est. cette sainte montagne. elle
brllle comme un buisson ardent.
ce qui est analogue à:
Iï viendra. dit-il. la semaine prochaine.
ce déplacement étant normalement soumis à des conditions beaucoup plus
stricte dans le cas des fonctions grammaticales; avec, par exemple, le sujet
grammatical d'un verbe. la position des unités est soumise à des contraintes
qui impliquent certaines impossibillt& de changement:
Le chat mange la souris -> 'Mange la souris le chat.
Il fait le ménage -> *Fait le ménage il.
Pierre écoute de la musique -> *De la musique écoute Pierre.
L à comme ailleurs, ii semble donc important, pour expliquer adéquatement ce phénomène. de distinguer les relations logiques et les relations
grammaticales. distinction que tend à masquer la notion de areprise du
sujet. puisqu'il ne peut y avoir reprise que dans le plan de la logique. où
deux unités ont le même reférent, non dans la plan des fonctions grammaticales.
4.5 Le suiet de l'infinitif
L'analyse traditionnelle considère que, dans une phrase comme Zî a vu
Paul uoler ce bÿou. Paul est le eujet, de l'infinitif uoler. ce qui est juste logiquement. car c'est bien Paul qui est à l'origine du vol en ce cas; mais il ne
s'agit que d'un sujet logique puisque I'inkitif est une forme verbale qui
refuse d'admettre un sujet grammatical ainsi que l'indique le fait qu'il
n'admet pas le pronom de cas nominatif (Y2 voler). Paul est donc le sujet
logique de vdet. Cependant, dans le plau grammatical. Paul est l'objet du
syntagme verbal a vu et vder en est ramibut dit ettribu t de l'objet, en analyse traditionnelie. Autrement dit. d e r est donc l'attribut du désigné passif
du verbe a. designé qui est actuaïisé par l'objet Paul. auquel le désigne actif
de l'infinitif fkit reférence.
D e même. dans J e la sentis serrer mon bram ( A R L A N D )
(GREVISSE,[ 19361.1993:1280). Grevisse. allant B rencontre de sa propre
regle selon laquelle le verbe ne peut avoir qu'un seul objet direct. reconnaît
deux objets directs à sentis: la et semer puisque semer répond à la question
d e sentis quoi* et la à la question d e sentis qui%.L e grammarien confond
ainsi. et c'est courant en analyse traditionnelle. rapports grammaticaux et
rapports logiques;la est seul à tenir ïieu d'objet grammatical au verbe sen=
alors que semer mon bras est l'attribut du désigné passif de ce verbe et
renvoie à son objet h. exactement comme gmnde est attribut de trouvals et
renvoie à son objet dans Je la trouvais grande. ou c o m m e biste renvoie à k
dans Elle le boum m t e . Je la sentk serrer mon bras mantfeste la même
stmcture que d e kt sentis qui serrait mon b m ou que d e la sentis serrant
mon brasn: aussi. le substantif pronominal la constitue-t-il le sujet logique
de serrer à titre de réferent du désigne actif de ce verbe. mais il n'en
constitue pas le sujet grammatical puisqu'il n'a aucune relation grammaticale. c'est-à-dire de détermination. avec lui.
4.6 Suiet mammatical e t suiet
logique dans les tournures dites
D&S la plupart des phrases. c'est le sujet grammaticaï qui renvoie au
sujet logique puisque c'est le referent du sujet granmatical qui en tient lieu.
Par exemple. dans Jean mange une pomme ou dans L e chut saute par-dessus
le mur, Jean et le chat, qui tiennent ïieu de sujet grammatical. renvoient
également au sujet logique de mange et de saute respectivement, puisqu'ils
identiflent le référent qui est actif par rapport à l'événement auquel fait référence le verbe. Par contre. dans les tournures t r a d i t i o ~ e ~ e m eappelées
nt
dmpersomellesr. ( parce qu'on confond l'absence de reférent particuïier avec
l'absence de personne - en ratson de la confusion entre personne humaine et
personne ordinale-) où le substantif pronominal de troisième personne n'a
pas de référent particulier. le sujet logique est identifie par un terme distinct
du sujet grammatical comme c'est le cas dans:
Ji est amive une catastropha (GREVISSE.[
1936],1993:309).
4I pleut du sane (ibidem).
dl convient de par- (idemr305).
uII vient deux hommesr (AUDET,
1994:127).
Dans ce type de phrase. c'est le syntagme en fonction attribut qui fait
figure de sujet logique du verbe (unecatastrophe. d u sang,de partir et deux
hommes).alors que le sujet gramxnatical est toujours le substantif pronomîna1 U qui n'admet aucune autre fonction. Employe en fonction sujet, le
syntagme permet d'obtenir une séquence dont la valeur logique est équivalente à celle de la phrase originale:
il est amive une catastrophe -> Une catastrophe est arrivée.
Il pleut du sang -> Du sang pleut.
I l convient de partir -> De partir convient.
Iî vient deux hommes -> Deux hommes viennent.
Toutefois, malgré l'équivalence référentielle de la paraphrase, les deux
séquences n'ont pas la même structure syntaxique; dans la phrase de
départ. le verbe a comme support predicatif le pronom Q. tandis que dans la
seconde. c'est le syntagme qui tient lieu de sujet grammatical du verbe. Mais
ces deux structures grammaticales distinctes renvoient logiquement à un
même fait,
4.7 Le sujet loghue du earticinc
-
Dans les constructions dites ~passivespstructurées sur la base du verbe
réflexif être et du participe passif attribut, comme dans ~~ est poursuivi
par ses créanciers, (OUELLET.1990-1991.II:53), ce qui tient Ueu de sujet
logique du participe est le complément prépositionnel par ses créanciers.
tandis que ce qui tient lieu d'objet logique à l'égard de ce même participe est
le sujet gmmmatical du verbe est, c'est-à-dire Mau. En d'autres termes, le
réferent qui est à l'origine de l'action représentee par pou~suioiest ses créanclers et le rkférent qui en est le lieu d'tchéance est Mar.
Évidemment. c e s fonctions référentielles ne correspondent pas à la
structuration grammaticale de la séquenca (ibidem). puisque le participe
passif n'admet jamais de sujet ni d'objet grammatical, contrairement au
verbe. Ainsi. dans cet exemple. M a est le sujet grammatical du verbe est.
Associé B la préposition par. le syntagme substanttval ses créancfers exprime
quant à lui aune modalitt5 de l'événement represente par le participe passtfr;
.lavaleur de la préposition (par) et la fonction du syntagme mettent cependant ce complément dans une situation logiquement analogue à celle du
sujet de la séquence verbale dite activa (&es c r h c i e r s le poursulvenb)
(ibidem). où le sujet grammatical (ses créanciers) tient également lieu de
sujet logique du verbe @oum&mt). Par conséquent. même s'il y a une équivalence référentielle entre ces deux types de constructions. il n'y a par contre
aucune équivalence grammaticale entre eues. C e s d e w types de structuration. la syntaxique proprement dite et la logique qui s'y superpose. sont
donc nettement distinctes même si eues sont étroitement associées. en
particuiier lorsque le sujet logique du verbe coaï.cideavec son sujet grammaticab (ibid).
D'autre part, lorsque le participe passif est un complément de désignation des verbes êb-e ou mir qui exprime l'antériorité d'un événement.
comme dans:
Elles ont marché dans la rue.
Ils s'étaient enMs de la prison.
Quand ils ont eu mangé, ils sont parti- (idem:54).
Quand elle s'est eu lavbe. eue s'est couchée, (ibidem).
ii represente toujours le sujet logique du participe, ce qui n'est jamais le cas
lorsque le participe passif rempïit la fonction attribut:
*Lajambe lui a été cassée dans cet accident*(ibidem).
u1 a eu la jambe cassée dans cet accidenb (ibidem).
Avec le participe actif par contre, le réferent de ce participe tient toujours
ïieu de sujet logique de Ifévénementreprésenté:
a n la trouve étonnante (ibidem).
%La terre était riante et dans sa fleur premièra ( V I G W
(GREVISSE,[
19361.1993:1311).
*Deux femmes étaient gisantes côte à côte derriere le mur,
(HUGO) (ibidem).
&es difficultés toujours renaissantes le decourageaientr
(idem:1312).
SM.Paul Reynaud ne crut pas devoir prendre sur lui les décisions aussi exorbitantes de la normale e t du calcub (DE
GAULLE) (ibidem).
Ainsi, que l'on soit en présence d'un participe passif ou d'un participe
actif ou encore d'un verbe, le sujet logique est toujours le référent qui repré-
sente le heu de réalisation d'origine de l'évenement 6voqué par le verbe ou
par le participe.
4.8 Conclusion
Le sujet grammatical,avec lequel le verbe s'accorde en personne. est le
support de prédication qui actualise en syntaxe le désigné actif indéfini du
verbe personnel. Cette fonction syntaxique est toujours remplie par des unités de nature nominale. pronominale ou modale; elles remplissent cette
fonction ZL eues seules (Jemange une pomme) ou associées B un complément
de désignation pour former un syntagme substantiva1 (Roischats miaulent
dans la nuit). Par ailleurs, contrairement à ce que prétendent certaines
analyses, le sujet grammatical n'est jamais repris puisqu'il ne peut y en
avoir qu'un pour un même verbe; par conséquent, dans une phrase comme
Elle est belle cette fleur!,le sujet grammatical est eüe et cette fleur est un
syntagme substantiva1 qui fait phrase à lui seul, car même si le sujet eIle y
fait réf&ence. ce syntagme n'entretient aucune relation grammaticale avec le
reste de i'énoncé.
Par allleurs.le sujet logique est de référent qui représente le iieu de réalisation ou d'actualisation d'origine de l'événement t5voqué par le verbe ou par
le participe, (OUELLET,
1990-1991,II:54).Généralement. le sujet
grammatical et le sujet logique sont associés (L'oiseau chante). mais dans
certaines constmctions. notamxnent la construction dite dmpersonneiie,où
le pronom casuel n'a pas de référent particulier, ils sont dissociés; par
exemple, dans la phrase IZ reste deux tasses, le sujet grammatical est a. car
c'est avec ce pronom casuel que le verbe s'accorde en personne et le sujet
logique est deux tasses. puisque, logiquement. c'est le référent de ce
syntagme qui est à l'origine de l'événement 6voque; en raison de la fonction
attribut qu'il remplit, il fait référence au pronom a, qui n'a pas de reférent
particulier, mais qui remplit la fonction g~afllfllaticalede sujet.
CONCLUSION
Cette étude a permis d'examiner les difErents aspects de la fonction
sujet, notamment en regard des clifErentes définitions qu'en ont proposees
les grammariens en grarnrnwe traditionnelle et en Unguistique moderne.
Elle en arrive à la conclusion que le sujet grammatical n'est ni un
déterminant obligatoire du verbe. ni nécessairement celui qui fait l'action ou
qui est dans l'état exprimé par le verbe. En fait, faut-il le rappeler. le sujet
grafllfnatical est le support syntaxique qui actualise le désigné actif indéfini
du verbe personnel - il évoque toujours le lieu d'origine de la réalisation de
l'évhement verbal- et le sujet logique est le réferent représentant le iieu de
réakation ou d'actuallsatlon d'origine de l'événement qui est évoque par le
verbe ou par le participe.
L a méthode d'analyse exploitée a egalement permis de distinguer le pian
de la structuration grammaticale du plan de la structuration logique. une
distinction que la plupart des grammairiens n'ont guère r h s s i à faire ad&
quatement. mais qui est nécessaire à une juste analyse des fonctions en
syntaxe; le sujet grammatical et le sujet logique, qui sont deux notions
foncièrement dinérentes parce qu'elles appartiennent à deux plans d'opération distincts. ont ainsi été efficacement distingués, et ce. grâce à des
exemples qui illustrent clairement la dinérence entre ces deux types de
fonction. En outre. l'analyse démontre que l'accord du verbe avec le sujet
grammatical est un phénomène de concordance logique et non pas de relation grammaticale puisqu'il ne s'agit pas de détermination, mais de référence; ainsi. par exemple. l'emploi de la personne interne extensive dans le
verbe n'est pas associé exclusivement à l'emploi d'un sujet de nombre pluriel
(Mesam& sont wnus); iï se manifeste avec un sujet de nombre singulier
lorsque ce sujet &roque un groupe et que l'emploi du verbe impïique référence au contenu de ce groupe (OUELLET.1990-1991.II:33): L a plupart se
font des Illusions* (HANSE,1949:36).L a personne employee dans le verbe n'est
donc pas une simple redondance grammaticale;comme toute autre composante. elle joue un rôle approprié dans le plan de la logique du discours.
Par ailleurs. l'analyse de ce qu'on a considéré comme une *reprise du
sujeb. permet de démontrer que cette aeprise, résulte, non pas du fait qu'il y
a deux sujets dans le plan grammatical, mais de rassociation d'un sujet
logique au sujet grammaticai. En fait, dans ce type d'énoncé:
11 performe, ce bateau!
le pronom casuel(11)remplit la fonction grammaticale de sujet - c'est lui qui
est déterminé par le verbe - et la séquence
laquelle ii fait réference (ce
bateau)tient lieu de sujet logique du verbe et fait phrase lorsqu'eiie n'a pas
de fonction gramxnaticale dans l'énoncé:
n: sujet grammatical.
ce bateau: sequence grammaticalement autonome. mais
tenant iieu de sujet logique du verbe pe@ome en tant que
reférent du pronom.
Toutefois, un aspect de la fonction sujet n'a pas été traité à fond dans
cette étude, car ce traitement aurait a i g k qu'on déborde le cadre d'une analyse axee sur la caractérisation et la definition de cette fonction. Ainsi. ce
qui motive la position du sujet par rapport au verbe. en particulier dans le
cas de l'inversion simple (Via-tu?)
ou de l'inversion complexe ( M mpart-il
avec toi?), n'a pas et6 traité en profondeur parce la question exîge des
considérations qui vont au-delàdes objectifs de cette étude; ce problème met
en cause bon nombre de facteurs d'ordre syntaxique ou d'ordre sîyUstique
dont l'analyse demanderait des d&eloppements considérables. mais qui
n'ont pas d'incidence sur ce qui fait l'objet spécifique de cette étude: la
définition de la fonction.
Selon Robert L e Bidois (1953).par exemple. deux grands facteurs exercent une influence sur l'inversion du sujet, à savoir la syntaxe et la stylistique; il y aurait sept causes syntaxiques et quatre causes stylistiques qui
permettent ou empêchent l'inversion du sujet. En syntaxe, le mode, la
valeur sémantique et la nature du verbe (intransitif, pronominal. copule.
etc.). la présence d'un complément (objet ou circonstanciel) après ou avant
le verbe. la nature du teme introduisant une proposition subordonnée
(conjonction. relatif, etc.). la nature du sujet. ainsi que l'emploi d'une
negation avec le verbe peuvent favoriser ou défavoriser l'inversion. alors que
du côté de la stylistique, la longueur du sujet par rapport au verbe. la
distance qui le sépare du verbe. -si que le @me c o n d i t i o ~ e nl'ordre
t
des
mots. Il serait intéressant de vérifier, premièrement. si ce sont bel et bien de
tels facteurs qui empêchent ou permettent l'inversion du sujet, et.
deuxièmement, si ces facteurs sont effectivement d'ordre syntaxique ou
d'ordre stylistique.
L'inversion du sujet par rapport au verbe et les facteurs qui la motivent
pourraient d'atUeurs être traites dans une étude qui prendrait en considération tous les contextes dans lesquels l'inversion simple ou complexe se
produit pour vérifier avec exactitude ce qui provoque l'antéposition ou la
postposition du sujet. aussi bien avec un syntagme substantivai (&OIS
commença une journée d'unefolle agitattom (LE BIDOIS ,1953:
389)qu'avec
LUI pronom (Àpeineétait-il para queje pris mon btzin).
L'analyse de ce qui motive la position du sujet et son Fnversion par
rapport au verbe. - par exemple, dans les phrases interrogatives (WmU?) permettrait de mieux evaluer l'influence du contexte d'emploi. de la visée
expressive, ainsi que de la nature du sujet et du verbe sur la construction
d'une phrase verbale. E n outre. la comparaison des situations oh il y a
inversion simple du sujet avec celles oh il y a inversion complexe
permettrait s a n s doute d'expliquer ce qui conditionne l'ordre de
structuration de la phrase dans ces énoncés.
'AUDET. Charles-Henri,1994, Morphologie et syntaxe dufrançais:précis
théorique et méthodologique de sémantique grammaticale. Sainte-Foy.L e
Griffon d'argile.
BACH, Emmon. 1973,Introduction aux grammaires brutsfomafionneUes.
Paris, Librairie Armand Colin.
'BALLY. Charles. [ 19321. 1965. Linguistlque générale et Linguistlque
Jhmçafse, Berne. Francke, 4e éd. revue et corrigée.
BRUNOT, Ferdinand et C. BRUNEAU. 1969, Précis de grammaire hlstorique de la larguefiançaise, Paris,Masson et cie.
BUCHMULLER. Armin. 1975. L'inversioncomplexe. Zurich, Juris Dmck
Verlag.
+
*BUREAU. Conrad, [ 19781, 1994. Syntuxefoncffonnelle dufrançais écrlt.
Neufle, Bref, Se éd.
CELLA. Claudino. 1978. Système verbalfrançals et systéme uerbal porhrgais: étude compcua#oe. Metz. Centre d'analyse syntaxique de l'université
de Metz.
1 L'astWsque renvoie aux ouvrages cités.
CHARAUDEAU. Patrick 1992.Grammaire du sens et de l r q r e s s i o n , Paris.
Hachette.
CHERVEL. André, 1981. Histoire de la grammaire scolaire: e t il fallut
apprendre à écrire à tous les petits Français. Paris. Petite Bibliothèque
Payot.
CHEVALIER, Jean-Claude. 1936. Grammaire Larousse du
Paris, Librairie Larousse.
sWe.
CHEVALIER. Jean-Claude et al.. 1964, Grammaire Larousse du français
contemporafn,Paris. Larousse.
CHEVALIER. Jean-Claude et al.. 1976. Grammaire bpnsfonnatlonnelle:
syntaxe et lexique, Vffleneuve dlAscq. Publications de l'université de Lille
m.
CHOMSKY. Noam et George A. Miller, 1963,L'analysefonneUe des langues
mtnreUes, traduction de Ph. Richard et N. Ruwet, Paris,
Mouton/ Gauthier-VillarsCHOMSKY. Noam. 1965. Aspects of the theory of syntaw. Cambridge. The
MLT. Press.
COQUET, Jean-Claude.1984, Le discours et son sujet/essai de grammaire
modale, Paris.Kiincksieck.
*DAMOURETTE. Jacques et Édouard PICHON. 1968, D e s mots à la
pensée: essat de grammaire de la languefmnçalse (191 1-1950). Paris,
dlArtrq,2e ed., 7 vol. + 1 vol. de Compléments.
DANJOU-FLAUX, Nelly et Anne-Marie DESSAUX. L'interrogation en
français: donnees lingulstiques et traitements transformationnels. in
CHEVALIER Jean-Claude. 1976, Grnmmalre bansfmtloonnelle: syntcuce
et 1-e,
Villeneuve-d'Ascq, Pubkations de lfUniversit6de Lille III.
DESHAIES, Denise et Jacques OUELLET. 1982. &ontribution à l'analyse
des pronoms personnel-, in Langues et lingulstlque. tome 2 ( 1982).
Québec, Département de langues et Unguistique de l'université Laval.
DUBOIS,Jean. 1969.Grammaire structurale dufrançais: la phmse et les
bnnsfomatloons, Paris, Librairie Larousse.
DUBOIS. Jean et René LAGANE. 1989.La nometle gmmmaire dufrançais,
Paris,LarousseTRANÇOIS. Denise. 1977, Fonctionnalisme et syntaxe du français, in
Langue h ç a i s e (septembre 1977)'Paris,Larousse.
GARDÈS-TAMINE. JoëUe. 1990,L a grammaire,Paris,Armand Colin.
GOBBE, Roger et Michel TORDOIR. 1986. Grammairefrançalçe. StLaurent,Éditions du Trthmé (adaptationpour le Québec).
GREVISSE, Maurice e t André GOOSSE, 1989, Nouvelle grammaire
fmnçalse Louvain-la-Neuve,Ducdot.
.
*GREVISSE. Maurice, [ 19361. 1993, Le Bon Usage, Paris-Louvain-laNeuve, Ducuiot. 13e éâ. refondue par Andr6 Goosse.
GROSS , Maurice, 1 993, Grammaire transformationnelle du français:
syntaxe du nom. Paris, Larousse.
'GUILLAUME. Gustave, 1986,Leçons de linguistique (1945-1946):esquisse
d'une grammaire descriptive de la languefrançaise IV, strie A. publiées
sous la direction de R. VaUn, W. Hirtle et A. Joly, Québec, Presses de
Puniversité Laval. et Lffle, Presses universitaires de Lffle.
'GUILLAUME. Gustave, 1987. Leçons de linguistique (1 947-1948):
grammaire particulière du français et grammaire générale Rï, strie C ,
pubîiées sous la direction de R. Valin. W. Hirtle e t A. Joly. Québec.
Presses de l'université Laval, et Lille, Presses universitaires de Lue.
'GUILLAUME, Gustave, 1989. Leçons de linguistique (1 9461947):
grammaire particultère du français et grammaire générale Li. série C.
publiées sous la direction de R. Vaiin. W. Hirtle et A. Joly. Québec.
Presses de ï'Unfversitt5 Laval, et Lffle, Presses universitaires de Lue.
'GUILLAUME, Gustave. L 99 1. Leçons de linguistique de Gustave Guillaume
1944-1945: esquisse d'une gmmmaîre descriptive de la languefmnçatse (m)
suivi de Sémantèmes, morphèmes et systèmes. série A et B. publiées sous
la direction de Roch Vaïin, W. Hirtle et A. Joly. Québec, Les Presses de
I'llniversité Laval, et Lffle, Presses universitaires de Lffle.
*GUILLAUME, Gustave, 1951-1952, série A. cahiers 1, II et III, à parsûtre.
*HADERMANN.Pascale, 1993, Étude morphosyntaxique du mot & ParisLouvain-la-Neuve,Duculot,
*HANSE, Joseph. 1949. Dictionnaire des d@lcultés gmmmaticales et lexfcologiques, Bruxelles. Baude,Collection srbien écrire et bien parler*.
HARMER, Charles Lewis, 1979, Uncertainties in French Grammar,
Cambridge,Cambride University Press.
JOLY.A. et W.H. Hirüe. 1980.Langage et psychomécanique du tangage.
Québec. Presses de l'Université Laval. et Lille. Presses universitaires de
Lffle.
*JOLY, André, 1987, Essafsde systématique é n o n c ~ eLffle.
,
Presses universitaires de Lffle.
IKAYNE. RIchard S.. 1977, Syntaxe àufrançuis: te cycle transformationnel.
Paris,Seull.
IC
*KEENAN, EL.. 1987. Universal Grammac 1 5 Essays, London, Croom
Helm,
KUKENHEIM, Louis. 1967. Grammaire historique de la languefrançaise.
Leiden. Universitaire Pers Leiden.
LACANE, René et Jacqueiine PINCHON. 1969. a L a syntaxe, in Langue
fmnçaise ( f m e r 1969).Paris, Librafrie Larousse.
LAURENCE, Jean-Marie. 1977. Grammaire française fondamentale.
Montréal, Guérin.
*LE BIDOIS. Georges et Robert LE BIDOIS, [ 19351. 1967, Syntaxe du
français moderne: ses fondements historiques et p s y c h o l o g ~ e s ,Paris.
Éditions Auguste Picard, 1 et II.
.
LE BIDOIS Robert, 1953. L'inversion dz~sutet dans la prose contemporaine
(19ûû-1950)
6tudléeplus spécialement dans l'oeuvre de Marcel Proust, Paris.
Éditions d'Artrey.
*LE GOFFIC. Pierre. 1993. Grammaire de l a phrase française, Paris.
Hachette.
LOWE. Ronald. 1994. Intruduction a la psychomécanique du langage
~ v e r s l o n p r é l l m ~Québec.
e~.
Fonds Gustave Guillaume, Université Laval.
MARTIN. Robert. 1 9 8 3 , Pour une logique du s e n s . Paris. Presses
Universitaires de France.
*MARTINET, André, [ 1 979 1. 1984, Grarnrnalre fonctionnelle d u
fmnçais /École nonnule supér(eure de Saint-Cloud,Centre de recherche et
d'étude pour la d ~ u s i o ndu français;sous la direction d'André Martinet.
Paris. Didier. Se éd. revue.
'mT'INET. Andre. 1985,Syntaxegénéde, Paris. Armand Coiin.
NIQUE. Christian, [ 19741. 199 1. Initiation méthodique à la grammaire génératioe. fa.&, Librairie Armand Colin, 2e éd*OUELLET. Jacques. 1985, *Le paradigme des cas en français, in Reuue
québécoise de Itrzguls~ue(avril 1985). volume 4.1104.
*OUELLET, Jacques. 1988, Sémantique grammaticale du verbe I b . in
Langues et lingulstlque. no 14. Qutbec. Département de langues et
Unguistique de l'université Laval. pp. 199-249.
*OUELLET. Jacques. 1990-199 1, Sémantique grammaticale du françafs.
Département de langues et linguistique,Université Laval, tomes 1 et II.
*OUELLET. Jacques. 1995, Sémantique grammaticale du français.
Departement de langues et Unguistique, Université Laval.
PAPIC, Marko. 1970, L'expression et la place du sujet dans les essais de
Montafone, Paris,Presses Universitaires de France.
PARIS. Catherine. 1979, Relations prédicat-actant&) dans les langues de
types divers: actes des colloques tenus à I v y Centre de Recherches pluridisciplinaires du CNRS du 25 au 27 maL 1971 et du 22 au 26 mal 1978. Paris,
SELAF.
PINCHON, Jacqueline, 1986.Morphosyntaxe du fi-ançals: étude de cas.
Paris, Hachette.
RIEGEL. Martin, 1985. L'adfecaf attribut Paris. Presses Universitaires de
France.
'RIEGEL. Martin. Jean-Christophe PELLAT et René RIOUL. 1994.
Grammaire méthodique du franpis, Paris, Presses Universitaires de
France.
*RUWET. Nicolas. 1967. Introduction à la grammaire générative, Parfs.
Librairie Plon.
SANDFELD. KR., 1 1936 1. 1965, Syntaxe du français contemporain: les
propositions subordornées. Genève, Librairie Droz. 3e éd.
*SERBAT. Guy. 198 1. Cas etfonctions. Paris, Presses Universitaires de
France
SOUTET. Olivier. 1989.La syntaxe dufmnçais, Collection Que sais-je%,
Paris. Presses Universitaires de France.
.
SOUYRIS Pierre, 1969.La désintégmtion du verbe, Ahc-en-Provence. Impr.
P . Roub.
TELLIER. Christine, 1995. Éléments de syntaxe du français: méthodes
d'analyse en gmmmaLre génératloe, Montréal. Les Presses de PUntversité de
Montréal.
*TESNIÈRE, Lucien, [ 19591. 1976, Éléments de syntaxe structurale. Paris.
Kllncksieck. 2e ed.
VALIN, Roch. 1994. LEnuers des mots. Québec, Presses de l'Université
Laval-Klincksieck.
WAGNER. Robert Léon et Jacquehe PINCHON. 1962, Grammaire du
fmnçals classique et m o d m e , Paris. Librairie Hachette.
*WARTBURG. Walter von et Paul ZUMTHOR. 119581. 1989. PrécCs de
syntaxe dufrançais contempomin. Berne, Francke. 4e éd.
'YOURCENAR. Marguerite. 1968. L'Oeuore au Nob, Paris. Gnllfmard.