D O C U M E N T E N S E I G N A N T La mallette pédagogique de SOLEIL Thème : La lumière synchrotron Date de parution : février 2004 D a ns ce t te fi c h e : Le LINAC : La rampe de lancement des électrons et la ligne de transfert 3 Le booster : la ronde 5 endiablée des électrons Schéma de principe d’une machine synchrotron SOLEIL est une source de lumière extrêmement performante qui permet d’explorer la matière, inerte ou vivante. Toute particule chargée subissant une accélération perd de l’énergie sous forme de rayonnement électromagnétique. Lorsque cette particule chargée subissant une accélération atteint une énergie dite relativiste, elle émet un rayonnement appelé, dans ce cas, lumière synchrotron. Ce rayonnement revêt des qualités particulières de faible divergence, de polarisation, de cohérence, d’étendue du domaine spectral, etc... Captée à différents endroits d’un anneau de stockage (354 m de périmètre pour SOLEIL), cette lumière est canalisée vers des sorties, les lignes de lumières. Chaque ligne est un véritable laboratoire, instrumenté pour analyser les échantillons. L’anneau de stockage : la piste de fond des électrons 6 La lumière enfin 8 Les lignes de lumière : interfaces entre la machine et les expériences 9 Caractéristiques du rayonnement synchrotron 10 Solution des exercices 11 Mots-clés : • Accélérateur • Canon à électrons • Rayonnement synchrotron • Énergie relativiste Les installations dédiées à sa production sont des outils de choix pour sonder les structures et étudier les propriétés de la matière inerte et vivante. • Onde électromagnétique • Photons • eV, keV, MeV Opérationnel à partir de 2006, SOLEIL ouvre de nouvelles perspectives pour explorer la matière avec une résolution de l’ordre du millionième de mètres et une sensibilité à tous les types de matériaux. Ses applications sont multiples en physique, en chimie, en sciences de l’environnement, en médecine et en biologie... • Longueur d'onde • Lumière • Brillance • Polarisation La mallette pédagogique de SOLEIL Thème : La lumière synchrotron Page 2 Les Machines de SOLEIL SOLEIL est un centre de production et d’utilisation de rayonnement synchrotron. Il est constitué d’un ensemble de machines, qui sont détaillées dans les pages suivantes : le LINAC (LINear ACcelerator), le booster qui est un synchrotron et l’anneau de stockage d’où partent les lignes de lumière. Accélérateur et synchrotron Un accélérateur linéaire ou circulaire accélère des particules chargées (protons, ions, électrons par exemple). Il est utilisé tant en recherche fondamentale qu’en recherche appliquée, ou pour la médecine et l’industrie. Un téléviseur est un accélérateur d’électrons. Un synchrotron est un type d'accélérateur circulaire dans lequel les particules se déplacent en paquets sur un rayon fixé, contrairement au cyclotron, et le champ magnétique croît de façon synchrone avec la vitesse des particules. Perte d’énergie par rayonnement synchrotron Dès que des particules chargées relativistes (circulant presque à la vitesse de la lumière) subissent une accélération, elles perdent de l’énergie en émettant un rayonnement électromagnétique dit rayonnement synchrotron. La perte d’énergie due au rayonnement synchrotron n’est pas limitée aux seules machines dédiées. Ainsi, dans un accélérateur de particules comme le LEP (au Centre Européen de Recherche Nucléaire, CERN - Genève), la déperdition d'énergie est très importante, pour des particules que l’on cherche au contraire à accélérer ! Dans ce cas, la lumière synchrotron est gênante et considérée comme parasite. U 0 ( keV ) = 88 ,5 Quelques exemples de perte d’énergie par rayonnement synchrotron E 4 (GeV ) ρ (m) Circonférence de l’anneau en m Energie E de la machine en GeV et en keV Rayon de courbure ρ en m Energie U0 perdue par tour en keV Super-ACO (Orsay) 72 0,8 GeV = 0,8.106 keV 1,70 21,3 SOLEIL (Saclay) 354 2,75 GeV = 2,75.106 keV 5,36 944 ESRF (Grenoble) 844 6 GeV = 6.106 keV 23,40 4,9.103 27.103 70 GeV = 70.106 keV 3000 7,08.105 LEP (CERN – Genève) Les éléments magnétiques de guidage Des éléments magnétiques guident le paquet d’électrons tout au long de son « voyage ». Les dipôles (36 dans le booster et 32 dans l’anneau) sont à la fois des éléments magnétiques de guidage qui courbent la trajectoire des électrons et des sources de lumière. Les quadrupôles (44 dans le booster et 160 dans l’anneau) et les sextupôles (28 dans le booster et 120 dans l’anneau) sont des « optiques » magnétiques qui permettent de conserver au mieux les qualités du faisceau. Ces éléments sont rapidement traités dans « 3. L’anneau de stockage ». Vide dans l’anneau Afin de ne subir aucune déperdition d’énergie qui serait due aux collisions avec des molécules de gaz, il règne dans toutes ces machines un vide d’environ 10-10 bar. Pour cela on utilise de nombreuses pompes de divers types. Document enseignant Page 3 1. Le LINAC : la rampe de lancement des électrons et la ligne de transfert Le LINAC, accélérateur linéaire d’une longueur de 16 m, est le premier maillon de la chaîne. Son rôle est de fabriquer un faisceau d’électrons pulsés (des bouffées de 300 ns, trois fois par seconde soit une fréquence de 3 Hz) d’énergie de 100 MeV ± 5 MeV. Le LINAC débute par un canon à électrons comparable à celui que l’on trouve dans un téléviseur : un élément chauffé produit des électrons qu’un champ électrique regroupe en paquets de la taille d’un cheveu. Les paquets d’électrons vont être accélérés en voyageant sur une onde électromagnétique comme un surfeur sur la vague. Les éléments du LINAC sont : le canon à électrons, le groupeur, les sections accélératrices. 1.1 Le canon à électrons Rôle : fabriquer des paquets d’électrons de 90 keV d’énergie(1). Wehnelt à une tension de -90 kV Faisceau d’électrons Caractéristiques : - Tension : 90 kV Filament de tungstène - Intensité de sortie : de 10 à 100 mA Le Wehnelt est porté au même potentiel que la cathode, ici –90 kV. Il a pour but de concentrer les électrons émis à faible vitesse. On peut le considérer comme une optique électrostatique. (1) A titre de comparaison, un canon à électrons de téléviseur fournit des électrons dont l’énergie est d’environ 20 keV. Cathode à une tension de -90 kV Grille en or* Anode à une tension de 0 V *la grille d’or permet de pulser le faisceau d’électrons : ▪ tension 0 V : les électrons sont émis ▪ tension –100 V : les électrons restent piégés Pour aller plus loin avec quelques calculs Vous pouvez vérifier cette affirmation. : « à la sortie du canon, les électrons d’énergie 90 keV ont une vitesse d’environ c/2 » avec c la vitesse de la lumière dans le vide. Page 4 La mallette pédagogique de SOLEIL Thème : La lumière synchrotron 1.2 Le groupeur Rôle : accélérer les électrons à la sortie du canon jusqu’à la vitesse de la lumière. Au début du groupeur, les électrons sont non relativistes, c’est-à-dire qu’ils ont une vitesse v « faible » par rapport à c (v de l’ordre de c/2). Ils sont trop lents pour être accélérés par une section accélératrice classique (voir cidessous). Par contre, en voyageant sur une onde électromagnétique adaptée, ils sont accélérés jusqu’à atteindre la vitesse c. A la sortie du groupeur, l’énergie des électrons est de 15 MeV. 1.3 Les sections accélératrices Rôle : accélérer les paquets d’électrons de 15 MeV à 100 MeV. Le LINAC comporte deux sections accélératrices de 3 m de long et 42,5 MeV chacune. Dans chaque section, un générateur d’énergie, appelé klystron, injecte une onde électromagnétique de 3000 MHz(1). Les paquets d’électrons, qui continuent de « surfer » sur cette onde, accumulent au total une énergie de 100 MeV : les 15 MeV initiaux du groupeur + 2 fois 42,5 MeV. Exemple de section avec 9 cavités accélératrices (1) Cette onde est dite « de très haute fréquence ». A titre de comparaison, la fréquence de l’onde utilisée dans les téléphones portables est de 900 MHz et celle utilisée dans les fours à micro-ondes de 2500 MHz (valeurs approximatives). Pour aller plus loin avec quelques calculs Trouver à partir de quel endroit de la machine les électrons sont relativistes (vitesse v = 0,99 c). Quelques pistes : pour v = 0,99 c calculer l’énergie cinétique et admettre que dans le LINAC, la montée en énergie est linéaire. Vous avez deux formules, relativiste ou non. Laquelle choisir ? Peut-on faire l’approximation classique ? 1.4 La ligne de transfert du LINAC dans le booster Rôle : ajuster l’énergie moyenne des paquets d’électrons pour faire coïncider les caractéristiques du faisceau à la sortie du LINAC avec celui du booster. Le rendement de la ligne de transfert « LINAC-booster » est au mieux de 30 %, c’est-à-dire que 30 % des électrons fabriqués par le LINAC sont injectés dans le booster ; les autres se perdent. Cette « performance » correspond à peu près à remplir un tuyau avec un arrosoir ! Document enseignant Page 5 2. Le booster : la ronde endiablée des électrons A la sortie du LINAC, les électrons entrent dans le booster, synchrotron de 157 m de périmètre. En une fraction de seconde, leur énergie va passer de 100 MeV à 2750 MeV (ou 2,75 GeV) par une accélération due à un champ électrique. C’est pendant cette montée en énergie que les caractéristiques du faisceau vont être affinées : dimensions des paquets et dispersion en énergie par exemple. L’aimantation dans les dipôles du booster varie de 0,027 T (lorsque les électrons entrent dans le booster avec une énergie de 100 MeV) à 0,74 T (lorsque les électrons atteignent l’énergie de 2,75 GeV et vont quitter le booster). Pendant la montée en énergie, les électrons sont dans le booster. Ensuite, lors de la diminution du champ, dans la 2ème partie de la courbe, le booster est vide, les électrons ayant été transférés dans l’anneau. Pour passer de 100 à 2750 MeV en 166 ms, les électrons font environ 300 000 tours dans le booster. Pour aller plus loin avec quelques calculs Quelle est la vitesse moyenne des électrons dans le booster ? Comparez-la à c, vitesse de la lumière dans le vide. Quelques valeurs de champ magnétique : La Terre : 5.10-5 T (cette valeur moyenne varie dans le temps et dépend du lieu) Sous une ligne haute tension : 5.10-5 T (alternatif) Aimant permanent fabriqué à l'aide d'oxyde de fer : moins de 0,1 T Aimant permanent très fort (à base de composés de terres rares) : environ 0,5 T IRM (imagerie par résonance magnétique) : 1 T (les bobines des aimants sont refroidies à l’hélium liquide) Champ magnétique intense généré en laboratoire : 10 à 100 T Proximité d'une étoile à neutrons : 106 T La ligne de transfert du booster dans l’anneau Elle permet une adaptation du faisceau entre le booster et l’anneau. D’une longueur de 42 m, elle comporte 3 dipôles et 7 quadrupôles. Le rendement de la ligne de transfert « booster-anneau » est meilleur que celui de la ligne de transfert « LINACbooster »: au mieux 70 % des électrons sortant du booster entrent dans l’anneau. Pour aller plus loin avec quelques calculs Quel est le rendement de la machine, sachant que 30 % des électrons fabriqués par le canon entrent dans le booster et 70 % des électrons sortant du booster entrent dans l’anneau ? Page 6 La mallette pédagogique de SOLEIL Thème : La lumière synchrotron 3 . L’ a n n e a u d e s t o c k a g e : l a p i s t e d e f o n d d e s é l e c t r o n s Les électrons relativistes sont transférés dans l’anneau de stockage pour y tourner avec une énergie de 2,75 GeV pendant plusieurs heures. C’est un tube fermé d’environ 5 cm de diamètre constitué d’une succession : • de virages (où se trouvent les éléments magnétiques de courbure appelés aussi dipôles ou aimants de courbure), • de parties droites où se trouvent les éléments magnétiques d’insertion (wiggler et onduleur) et de réglage du faisceau (quadrupôles et sextupôles). Sur les 354 m de périmètre de l’anneau de SOLEIL, il y a 42 % de parties droites, ce qui en fait actuellement la machine la mieux optimisée comme source de rayonnement synchrotron. Chaque fois que les électrons se déplacent de façon non rectiligne et non-uniforme (ce qui est le cas dans les dipôles et dans les éléments magnétiques d’insertion), ils subissent une accélération et perdent de l’énergie sous forme de rayonnement synchrotron. La perte d’énergie est compensée par deux cavités accélératrices. 3.1 Les éléments magnétiques Du LINAC à l’anneau de stockage, il y a plusieurs dizaines d’éléments magnétiques. Les dipôles (ou aimants de courbure) font tourner les électrons, qui émettent alors du rayonnement électromagnétique. D’autres, les quadrupôles et sextupôles, sont des lentilles magnétiques chargées de concentrer les paquets de particules afin de conserver leurs qualités. Les dipôles Les quadrupôles Les sextupôles ou aimants de courbure Rôle : guider la trajectoire des électrons en les faisant tourner et produire de la lumière synchrotron. Dans l’anneau de SOLEIL, il y a 32 dipôles soit une rotation de 11°25’ à chaque fois. Longueur : 2 m Champ : 1,71 T pour chaque dipôle. Rôle : assurer la focalisation du faisceau d’électrons. Rôle : maintenir le faisceau le plus stable possible. Les quadrupôles ont une forme en 8. Leur culasse s’ajuste pour les sorties de lumière. Les sextupôles ont une symétrie parfaite d’ordre 6 dans la région des pôles. Ils doivent pouvoir produire des champs magnétiques correctifs. Longueurs : 0,32 m et 0,46 m Champ : de 0 T au centre à environ 0,6 T à 3 cm du centre. Longueur : 0,20 m environ Champ : de 0 T au centre à environ 0,25 T à 3 cm du centre. Document enseignant Page 7 3.2 Les éléments magnétiques d’insertion : onduleur et wiggler Ce sont des dispositifs magnétiques placés dans les parties droites de l’anneau. Ils sont formés de deux mâchoires faites de petits aimants juxtaposés qui obligent les électrons à suivre une trajectoire ondulée, un peu comme celle d’un skieur qui godille. A chaque ondulation, l’électron subit une accélération et émet de la lumière. La lumière émise dépend du type d’élément (onduleur ou wiggler) et de ses caractéristiques. Les wigglers Les onduleurs Dans le « wiggler », l’observateur voit un train d’impulsions lumineuses qui s’ajoutent de façon incohérente. Rôle : déplacer l’émission de rayonnement vers les plus courtes longueurs d’onde. Le spectre émis par un wiggler est continu comme celui d’un aimant de courbure mais avec un décalage vers les courtes longueurs d’onde. Et avec une plus grande brillance. Rôle : augmenter la brillance du rayonnement émis. Dans l’onduleur, les électrons ondulent en s’écartant très peu de leur trajectoire. Les nappes d’émissions se recouvrent. Certaines longueurs d’onde se trouvent « favorisées » et l’on obtient un spectre de raies. On perd en largeur de bande mais on gagne en brillance par un facteur N2 (avec N le nombre d’aimants de l’élément). Spectres des émissions de rayonnement synchrotron dues aux électrons dans les différents éléments magnétiques. La mallette pédagogique de SOLEIL Thème : La lumière synchrotron Page 8 4. La lumière enfin Le spectre de la lumière (ou rayonnement) synchrotron comprend toutes les longueurs d'onde depuis l'infrarouge jusqu'aux rayons X en passant par le visible et l'ultraviolet. On dit souvent que c’est un faisceau blanc. Les propriétés remarquables du rayonnement synchrotron ouvrent la voie à un nombre croissant d’utilisations en physique, chimie, sciences de l’environnement, médecine et biologie, ainsi que pour l’industrie. L’émission synchrotron se produit de l’infrarouge (10-5 m) aux rayons X durs (2,5.10-11 m) soit en énergie de 1 eV à 50 keV. Chaque utilisateur peut sélectionner la longueur d’onde adaptée à l’expérience qu’il conduit. La polarisation du rayonnement permet l’étude des propriétés de surface des matériaux et des interfaces. Le rayonnement pulsé (suite de paquets) permet l’étude dynamique de phénomènes, comme des réactions chimiques ou des déformations de molécules. L’émission de lumière synchrotron obtenue dans un aimant de courbure peut être comparée à la lumière émise par des phares de voitures dans un virage, et reçue par un observateur immobile. Ce dernier voit une nappe. Les petites longueurs d’onde sont au centre et les grandes à la périphérie. Pour caractériser ce rayonnement, les scientifiques utilisent « l’émittance », paramètre qui se définit approximativement comme le produit de la surface du faisceau par sa divergence. β = V c et γ = 1 1− β 2 Pour aller plus loin avec quelques calculs Observez la nappe du rayonnement synchrotron, sur la figure ci-dessus. Sur quel paramètre peut-on jouer pour ajuster la largeur de la nappe de lumière ? Document enseignant Page 9 5. Les lignes de lumière : interfaces entre la machine et les expériences Les expériences se déroulent dans des lignes de lumière, qui sont des « laboratoires » d’une vingtaine de mètres de long en moyenne. Chaque ligne de lumière est spécialisée pour un domaine bien défini. Chercher une protéine dans une cellule par spectroscopie ou microscopie infrarouge (IR) ou déterminer la structure d’une protéine par diffraction de rayons X (RX) ne s’effectuent pas sur les mêmes lignes de lumière. Les lignes de lumière sont constituées de trois parties ou cabines : La cabine optique : C’est la première cabine où arrive, d’un aimant de courbure ou d’un élément d’insertion (onduleur ou wiggler), le faisceau de lumière. Miroirs et monochromateurs sélectionnent la longueur d’onde nécessaire à l’expérience et focalisent le faisceau. Les dispositifs optiques sont différents suivant les longueurs d’ondes (RX mous : monochromateur à réseau, condenseur…, RX durs : monochromateur à cristaux, collimateur, etc.). La cabine expérience : L’échantillon à étudier, généralement très petit (< mm), est positionné sur son support. Lorsqu’il « reçoit » la lumière incidente, il « répond » de diverses manières. Cette réponse est enregistrée par un ou plusieurs détecteurs qui dépendent du type d’émission : la précision du positionnement de l’échantillon et de la trajectoire du faisceau incident doit être très fine, étant donné les petites dimensions du faisceau comme de l’échantillon. A SOLEIL, les cabines optiques et les cabines d’expérience sont entourées de murs de plomb afin d’éviter toute émission de faisceau vers l’extérieur de la ligne de lumière de rayonnement synchrotron. La station de travail : De cette cabine, chercheurs et ingénieurs assurent de nombreuses tâches. Ils interviennent sur certains par a mèt re s de l ’e xp é ri enc e (position de l’échantillon, focalisation, longueur d’onde, etc.) et suivent l’enregistrement des résultats via des systèmes électroniques et informatiques. C’est généralement dans cette cabine que se trouve la machine à café… 2000 robots à piloter : Un des points névralgiques d'un synchrotron comme SOLEIL est le système informatique de "contrôle-commande" : il consiste à faire communiquer ensemble plusieurs systèmes chargés de piloter des milliers d’équipements, depuis le canon à électrons du LINAC jusqu’à la sortie du faisceau de photons délivré aux expériences. De même, le système informatique de contrôle de chaque ligne d’expériences doit permettre en même temps par exemple, de fermer les mâchoires d'un onduleur, d’accéder à la valeur du courant stocké dans l’anneau, de lancer une acquisition de données, puis de récupérer les informations acquises. Un véritable défi technique et informatique pour atteindre un tel niveau d’intégration des équipements. La mallette pédagogique de SOLEIL Thème : La lumière synchrotron Page 10 6.Caractéristiques du rayonnement synchrotron Très forte brillance : flux (nombre de photons par seconde) de 1020. La brillance est le flux de photons (photons/seconde) par unité d’angle solide et de surface transverse de la source (en photons/s/mm2/mrad2/0,1% ∆λ/λ). Pour la majorité des expériences, cette unité caractérise les qualités d’une source. Faisceau de très faible « ouverture » : très collimaté, de l’ordre du mrad. Large gamme de longueur d’onde : de l’infrarouge aux rayons X durs, ce qui donne : • En énergie : 1 eV à 50 keV. • En longueur d’onde : 10-5 m à 2,5.10-11 m ou 104 nm à 2,5.10-2 nm. Rayonnement pulsé : pulse de 50 ps répété toutes les 3 ns. Rayonnement ayant une bonne cohérence spatiale, le diamètre de la source de l’ordre de quelques mm (et temporelle après le monochromateur.) Rayonnement stable en position de l’ordre de quelques mm, et d’intensité non fluctuante, ce qui est primordial pour la fidélité des résultats. Adaptable en longueurs d’ondes : le faisceau est « blanc », de l’infrarouge aux rayons X durs. Ce qui permet d’étudier en particulier : • des petits échantillons grâce à la faible divergence et au haut flux du faisceau refocalisable, • des phénomènes dynamiques (réaction chimique) et relaxations de système (fluorescence) car le rayonnement est pulsé. Fidélité des résultats du fait de la stabilité du faisceau. Bon rapport signal sur bruit car haut flux et faibles fluctuations. Longueur d’onde Sources classiques Remarques Infrarouge LEL et LASER IR Les LASERs ne sont pas accordables en longueurs d’onde (ou très difficilement). Spectre d’émission sous forme de raies. Ultraviolet LASER UV Mêmes limites que pour le domaine infrarouge. Ce type de source est utilisé pour des durées d’impulsions extrêmement brèves (fs). LASER X Au LULI (Laboratoire d’utilisation des lasers intenses, à Polytechnique– Essonne) longueur d’onde de 42 nm avec un tir toutes les 15 minutes ! Tubes RX Spectre d’émission sous forme de raies, faisceau non polarisé et de faible brillance. Rayons X Comparaison avec des sources classiques Document enseignant Page 11 7. Solution des exercices Vous pouvez vérifier cette affirmation. : « à la sortie du canon, les électrons d’énergie 90 keV ont une vitesse d’environ c/2 » avec c la vitesse de la lumière dans le vide. Calcul non relativiste 1 Æ Ec = m0 .v 2 2 1 Æ Ec = m0 .v 2 2 2Ec m 2E0 v 2 = c avec Ec = 90 keV = 90 x 1,60218 x 10-16 J et m0 = 9,1x10-31 kg m0 v2 = Ec : énergie cinétique. On obtient : v2 = 3 x 1016 Æ v ≈ 1,7x108 m.s-1 ce qui est proche de c/2 Calcul relativiste Et = E0 + Ec Et : énergie totale Et = m.c2 avec mm== mm0 0 v v2 2 11−− 2 2 cc 1 Ec = Et − E0 = E0 − 1 2 1− v c2 E0 : énergie au repos avec E0 = m0.c2 = 0,511 MeV où v est la vitesse de la particule et c celle de la lumière. E 0 1 − = v c Æ + E c E0 2 dans ce cas on trouve v ≈ c/2 Trouver à partir de quel endroit de la machine les électrons sont relativistes (vitesse v = 0,99 c). Quelques pistes : pour v = 0,99 c calculer l’énergie cinétique et admettre que dans le LINAC, la montée en énergie est linéaire. Vous avez deux formules, relativiste ou non. Laquelle choisir ? Peut-on faire l’approximation classique ? 1 − 1 avec v = 0,99 c et E0 = 0,511 MeV Sachant que Ec = E0 2 1− v c2 On obtient Ec ≈ 3 MeV. Ainsi les électrons deviennent relativistes dans le premier mètre du LINAC. Il faut prendre la formule relativiste : on ne peut plus faire l’approximation classique. La mallette pédagogique de SOLEIL Thème : La lumière synchrotron Page 12 Solution des exercices (suite) Quelle est la vitesse moyenne des électrons dans le booster ? Comparez-la à c, vitesse de la lumière dans le vide ? Sachant que les électrons font 300 000 tours (3.105 tours) du booster de 157 m de périmètre en 166 ms, on a v= distance 3.10 5 × 157 = = 2,84.10 8 m/s -3 durée 166 × 10 Si l’on compare avec c = 3.108 m/s, on obtient v = 0,95c Quel est le rendement de la machine, sachant que 30 % des électrons fabriqués par le canon entrent dans le booster et 70 % des électrons sortant du booster entrent dans l’anneau ? 21 % des électrons sortant du canon à électrons se retrouvent dans l’anneau, soit moins de 1 sur 4. Observez la nappe du rayonnement synchrotron, sur la figure. Sur quel paramètre peut-on jouer pour ajuster la largeur de la nappe de lumière ? On voit que la largeur du spectre est inversement proportionnelle au facteur de contraction γ qui dépend lui-même de la vitesse des électrons, et donc de leur énergie, comme l’indique le tableau ci-dessous. Avec v la vitesse de l’électron et E son énergie v/c γ-1= ψ en radian γ E en MeV 0 0,511 1 1 0,2 0,521 1,02 0,98 0,5 0,590 1,15 0,866 0,87 1,022 2 0,5 0,95 1,64 3,2 0,3 0,99 3,62 7,1 0,14 0,999 11,5 22 0,04 0,9999995 540 1057 (0,00095) 9,5. 10 -4 -4 0,9999998 800 1565 (0,00064) 6,4. 10 0,99999996 1850 3620 (0,00027) 2,7. 10 -4 -4 0,99999998 2750 5380 (0,00018) 1,8.10 0,999999996 6000 11741 (0,000085) 8,5. 10 Å ACO Å Super ACO Å DCI Å SOLEIL -5 Å ESRF ACO : Anneau de Collisions d’Orsay DCI : Dispositif de Collisions dans l’Igloo (Orsay) SOLEIL : Source Optimisée de Lumière d’Energie Intermédiaire du LURE LURE : Laboratoire pour l’Utilisation du Rayonnement Electromagnétique (Orsay) ESRF : European Synchrotron Radiation Facility (Grenoble) F I C H E É L È V E La mallette pédagogique de SOLEIL Thème : La lumière synchrotron Date de parution : février 2004 Replacez sur le dessin : Replacez sur le dessin : • Les couleurs au bon endroit du spectre visible : bleu jaune orange rouge vert violet • Les noms suivants en face des longueurs d’ondes λ : infrarouge micro-ondes ondes radio ondes submillimétriques rayons gamma rayons X ultraviolet visible • les six phrases suivantes, en haut et en bas : Petite longueur d’onde Grande longueur d’onde Haute fréquence Basse fréquence Photons de haute énergie Photons de faible énergie • la flèche indiquant le sens de variation de l’énergie, sachant que E = k avec 1 λ E énergie des photons, λ leur longueur d’onde, k une constante. Tr o u v e z . . . Trouvez des objets dans le même rapport de dimension que λIR/λRX Complétez ce texte à trous : _____________ (1642-1727) concevait la lumière comme un flot de particules se déplaçant très vite, en ligne droite. Cette description rendait bien compte de certains phénomènes comme la réflexion, mais en laissait d’autres inexpliqués. En 1801, ______________(1773-1829) montra que deux faisceaux de lumière peuvent se détruire ou se renforcer, selon la manière dont on les combine. Cette expérience marqua la consécration de la théorie ____________de la lumière. Pour les physiciens du XIXème siècle, la lumière était donc une ________, comme le son ou les vagues à la surface de l’océan. En 1865, ___________________ (1831-1879), formula les fameuses « équations de Maxwell ». En combinant ces équations, il réussit à montrer qu’un champ électrique variable produit un ________________variable qui en retour produit un champ électrique variable ; le résultat est une onde qui se déplace à la vitesse de la __________ et qui a toutes les propriétés de la lumière. Maxwell en conclut que la lumière est une onde _______________. Complétez ce texte à trous avec les mots suivants : ondulatoire lumière Thomas Young électromagnétique James Maxwell quantique Isaac Newton Mais au début de XXème siècle, de nouvelles expériences, comme l’effet photoélectrique, montrèrent que la lumière se comportait bel et bien comme un faisceau de particules ! Aujourd’hui, la lumière relève d’une théorie (la mécanique _________ ) pour laquelle elle est à la fois une onde et une __________ : la lumière est composée de photons qui possèdent chacun un comportement ondulatoire… onde champ magnétique particule Ce texte* ne présente qu’une infime partie de l’histoire de la lumière, à laquelle de nombreux savants ont contribué : Christian Huygens, Augustin Fresnel, François Arago, Léon Foucault, Hans Christian Œrsted, Albert Michelson, Edward Williams Morley, Hendrik Antoon Lorentz, Max Planck et bien d’autres… Vous pouvez compléter vos connaissances sur Internet en utilisant un moteur de recherche (comme Google) et en tapant l’un des noms propres cités ou tout simplement l’expression « histoire de la lumière ». * adapté d’extraits de « Astronomie et Astrophysique » de Marc Séguin et Benoît Villeneuve, Ed. Masson Appariez : Ces objets peuvent être des détecteurs d’ondes électromagnétiques. Appariez détecteurs et longueurs d’onde : antenne molécule d’eau peau plaque photo tissu de couleur infrarouge micro-onde ondes radio rayons X ultraviolet visible Devinette : Supposez que vous ne connaissiez pas la forme d’un l’objet. Les seuls renseignements à votre disposition sont les ombres portées sur l’écran. Trouvez la forme en 3 dimensions de l’objet. Vous pouvez essayer avec : cylindre, cube, sphère, etc. Cela vous rappelle peut-être quelque chose : le photon que personne n’a jamais « vu » est le constituant de la lumière. Il peut se manifester comme une onde ou un corpuscule suivant la façon dont on le sollicite, d’où le terme « dualité onde - corpuscule ».