L’auteur Zoom Professeur de psychologie clinique et pathologique à l’université de Paris VIII, Tobie Nathan est le grand représentant en France d’un courant de la psychiatrie travaillant sur l’origine culturelle des patients : l’ethnopsychiatrie. Il a fondé en 1993 le Centre Georges-Devereux, centre universitaire d’aide psychologique aux familles migrantes. Diplomate, il a été Conseiller de Coopération et d’Action Culturelle auprès de l’Ambassade de France en Guinée et à Conakry. L’étranger ou le pari de l’autre (éditions Autrement, 2014) L’œuvre D.R. Tobie Nathan France L’étranger ou le pari de l’autre (éditions Autrement, 2014) Les nuits de Patience (Rivages, 2013) Ethno-roman (Grasset, 2012) Psychothérapie démocratique (avec Nathalie Zajde) (Odile Jacob, 2012) La nouvelle interprétation des rêves (Odile Jacob, 2011) Qui a tué Arlozoroff ? (Grasset, 2010) Mon patient Sigmund Freud (Perrin, 2006) La Guerre des psy. manifeste pour une psychothérapie démocratique (Les empêcheurs de penser en rond, 2006) Serial Eater (Rivages, 2004) 613 (Odile Jacob, 1999 ; rééd. Rivages/Noir, 2004) Du commerce avec les diables (Les Empêcheurs de penser en rond, 2004) Nous ne sommes pas seuls au monde (Les Empêcheurs de penser en rond, 2001) Médecins et sorciers (avec Isabelle Stengers) (Odile Jacob, 1998) Dieu-Dope (Riavges, 1995) L’influence qui guérit (Odile Jacob, 1994) Psychanalyse païenne. Essais ethnopsychanalytiques (Bordas, 1993 ; Odile Jacob Poche, 2000) Saraka Bô (Rivages, 1993) Fier de n’avoir ni pays ni amis, quelle sottise c’était ! Principes d’ethnopsychanalyse (La pensée sauvage, 1993) Le sperme du diable. Elements d’ethnopsychothérapie (PUF, 1988) La Folie des autres. Traité d’ethnopsychiatrie clinique (Dunod, 1986) Psychanalyse et copulation des insectes (La Pensée sauvage, 1983) Un étranger, un autre, véritablement autre, « Qui veut connaître l’étranger, celui qu’il ne connaît pas, doit avoir fait l’expérience de la rencontre avec un invisible non-humain, faute de quoi il errera dans un monde regorgeant de semblables. » Accueillir l’étranger ne relève pas de l’amour du prochain, de la bonté ou d’une humanité bien pensante, c’est une expérience radicale et existentielle de l’altérité. L’étranger n’est pas ici un humain venu d’ailleurs, mais un autre radicalement autre, c’est la rencontre de celui qui n’est pas nous, « l’invisible non-humain ». Dans l’étranger, il y a en fait la chance inouïe de la rencontre de l’étrange, l’accès au magique, aux choses cachées qui nous transforment. Et l’hospitalité. Accueillir l’étranger est cette expérience fondamentale nous permettant d’accéder à une juste dimension de l’existence. Tobie Nathan a fait oeuvre d’un texte hybride, analyse et philosofiction : dans les pas d’Abraham, de Tirésias et des Bacchantes, de la rencontre des djinns, Samy contaminé par Yams fait l’expérience de cette mutation, sous les yeux du bienveillant docteur Sarah Petitbois. Mots-Clefs Culture Ethnopsychiatrie Etranger Migration Du 17 au 30 novembre 2014 / Un événement conçu et réalisé par la Villa Gillet / www.villagillet.net Pathologie Psychologie /5 Les nuits de Patience (Rivages, 2013) Ethno-roman (Grasset, 2012) Psychothérapie démocratique (avec Nathalie Zajde) (Odile Jacob, 2012) La nouvelle interprétation des rêves (Odile Jacob, 2011) Venue en France pour suivre des études mais chassée par sa famille, la jeune Patience est confiée au psychologue Ernesto Sanchez, à qui elle avoue qu’elle « sort la nuit et mange les gens ». Comment croire une chose pareille ? Religieux, exorcistes, politiciens, simples villageois ou migrants, autant de gens pour qui la sorcellerie n’a pourtant rien d’une vague superstition folklorique. Car la sorcellerie, et donc les sorciers, servent avant tout à tuer. « Né en Égypte, je suis égyptien, comme le furent mes ancêtres, enterrés dans le cimetière du Caire, à Bassatine, depuis des temps immémoriaux. (…) Ayant vécu enfant à Rome, je suis italien, comme il était inscrit sur nos passeports. Ayant grandi à Genevilliers, je suis communiste, comme l’était cette ville, héritière des années de guerre. Ayant eu vingt ans en 68, j’ai à la fois vécu passionnément la révolution culturelle française et traversé les événements comme Fabrice à Waterloo. Formé à l’Institut Saint-Jacques, j’ai essayé d’épouser au moins l’identité de psychanalyste, mais n’y suis pas parvenu. Je suis comme la goutte qui file entre les doigts pour s’en aller rejoindre la source… » La psychothérapie vit intensément son paradoxe. Elle est attaquée de toutes parts et, semble-t-il, à bon escient. Le dispositif est contraire aux habitudes démocratiques : théories opaques et floues, absence d’évaluations, déroulement des séances sans témoins, formations non universitaires au sein d’instituts privés, quelquefois livrés aux fantaisies de gourous. Et pourtant, il n’y a jamais eu autant de personnes touchées par la psychothérapie (de 10 à 20% de la population générale en France). Apprentissage scolaire, adolescence, premières rencontres sexuelles, grossesse et accouchement, deuils, chocs et traumatismes : tous les événements qui surviennent nécessairement dans la vie de chacun relèvent désormais de la psychothérapie. Si l’on jette un regard hors des frontières, dans des mondes non européens, en Afrique notamment ou dans les grands pays d’Asie comme l’Inde ou la Chine, on constate alors que les logiques y sont toutes différentes. Sans doute le même pourcentage de la population recourt-il à des dispositifs de prise en charge, d’accompagnement, de réhabilitation, mais ces dispositifs sont très différents de ceux qu’on rencontre au sein de la modernité occidentale et relèvent d’autres logiques, d’autres paradigmes. « Chacun d’entre nous rêve, et probablement de quatre à cinq fois par nuit. Mais un rêve qui s’évanouit est comme un fruit qu’on n’a pas cueilli. Un rêve qui n’est pas interprété est comme une lettre qui n’a pas été lue. J’ai voulu écrire ce livre comme un guide d’interprétation des rêves, pour aider chacun d’entre nous dans les moments difficiles qu’il nous arrive de traverser. J’ai également cherché à croiser les données les plus récentes des disciplines les plus variées comme la neurophysiologie du rêve, la psychophysiologie, l’anthropologie sur le traitement traditionnel du rêve dans différentes cultures, la psychanalyse, mais aussi la mythologie. » Tobie Nathan. Du 17 au 30 novembre 2014 / Un événement conçu et réalisé par la Villa Gillet / www.villagillet.net /6 Qui a tué Arlozoroff ? (Grasset, 2010) Mon patient Sigmund Freud (Perrin, 2006) La Guerre des psy. manifeste pour une psychothérapie démocratique (Les empêcheurs de penser en rond, 2006) Serial Eater (Rivages, 2004) Qui a assassiné en 1933, à Tel-Aviv, le dirigeant sioniste Haïm Arlozoroff, qui négociait avec les nazis la sortie des juifs allemands ? 70 ans plus tard, un autre meurtre pousse le journaliste Ezra Moreno à reprendre l’enquête. Face à ses découvertes, il s’interroge : comment Magda Goebbels, la femme du « diable », a-t-elle pu avoir une liaison avec Arlozoroff vingt ans avant d’épouser le ministre de la propagande d’Hitler ? Aurait-telle un lien avec son meurtre ? Sitôt arrivé à Vienne, Jack Bean, étudiant en médecine surdoué, est introduit dans le cercle très fermé de La Société psychanalytique. Il approche le maître, Sigmund Freud, qui se prend d’affection pour lui ; Jack devient son plus proche confident. Amours bigames, jalousies, excès, Freud lui livre tous ses secrets. Jack Bean est mort, mais il a laissé ses carnets intimes à sa descendance... Abandonnons la caricature! Il n’y a pas, d’un côté, des psys « dresseurs d’ours » et, de l’autre, des charlatans. Il ne s’agit pas du combat entre, à gauche, « l’humanisme psychanalytique » et, à droite, le scientisme américanisé menaçant la civilisation européenne... mais un domaine en effervescence, en crise, en mutation : la psychothérapie. Si les dix auteurs rassemblés ici par Tobie Nathan ont pour point commun de ne pas prendre pour argent comptant l’histoire officielle de la psychanalyse, ils ne sont certainement pas des dévots de l’évaluation ou des militants de l’arithmétique mentale. Ils ont le souci de ne pas faire à la psychanalyse le coup qu’elle a fait aux autres psychothérapies — à l’hypnose, au magnétisme, aux thérapies traditionnelles de notre monde et des mondes éloignés : les disqualifier au nom de la science ou de la vérité du sujet. La diversité des psychothérapies n’est pas un malheur, mais une chance ! C’est précisément au sein de cette multiplicité que peut se déployer l’expertise des patients qui regardent, expérimentent, discutent, critiquent. Il ne s’agit pas ici de reconstruire, en surplomb, une théorie ayant le privilège de tout expliquer — elles sont mensongères, staliniennes, terroristes et produisent immanquablement factions et inquisitions — il s’agit d’inventer des modes d’échanges enfin démocratiques entre expériences d’égale dignité... Nous avons donc réalisé un livre d’espoir qui incite les psychothérapeutes à s’ouvrir s’ils ne veulent pas disparaître sous les coups réciproques qu’ils se portent et la colère de leurs patients. Le mardi 11 septembre 2001, un psychiatre parisien nommé Abdelaziz Padoue reçoit un étrange patient : au lieu de se laisser examiner, c’est lui qui conduit l’entretien avec le praticien. Le vendredi suivant, une main de femme sectionnée est découverte sur l’autel d’une église de Paris. C’est une jeune et jolie juge, Béatrice Belle Darmentières, qui est désignée pour instruire cette affaire hors du commun. Elle s’adjoint les services d’un criminologue à la forte personnalité, connu pour ses méthodes peu classiques. Mais une relation intense et troublante se dessine bientôt entre les deux enquêteurs, et Belle Darmentières se retrouve plongée au cœur d’une tempête professionnelle et affective. Confrontée à une affaire qui la dépasse, elle ne sait plus qui croire ni à quel dieu se vouer. Serial Eater éclaire de façon remarquablement intuitive et érudite l’alliance qui s’est parfois nouée entre les religions et le meurtre. Roman mystique et féministe, c’est aussi une haletante chasse à l’homme qui comblera les amateurs de suspense. Du 17 au 30 novembre 2014 / Un événement conçu et réalisé par la Villa Gillet / www.villagillet.net /7 613 (Odile Jacob, 1999 ; rééd. Rivages/Noir, 2004) Du commerce avec les diables Empêcheurs de penser en rond, 2004) (Les Nous ne sommes pas seuls au monde (Les Empêcheurs de penser en rond, 2001) Médecins et sorciers (avec Isabelle Stengers) (Odile Jacob, 1998) Samuel Katzman — l’hommechat qui a sept vies et en a déjà utilisé six — se souvient que tout a commencé un vendredi de printemps, le jour où il a rencontré Abie. Abie a beau être psy, il a des problèmes existentiels, pris entre des fiancées qu’il n’arrive pas à garder et une mère juive qu’il ne peut pas virer, ce qui n’est rien à côté du reste : ayant réchappé de peu à un attentat, il est poursuivi et tabassé par les flics, kidnappé par une agente du mossad au physique de topmodel... Cela aurait-il à voir avec le fait qu’il est chargé de l’expertise d’un détenu africain qui suscite beaucoup d’intérêt ? Ce thriller à la fois drôle et profond avance à cent mots par seconde et pose la question bien actuelle de l’identité des peuples. Un régal pour tous les amoureux du langage. 613 a été publié pour la première fois aux éditions Odile Jacob. La présente version a été entièrement remaniée par l’auteur. Dès que l’on évoque les êtres « invisibles » (djinn, ‘afritt, zar) qui cohabitent avec les humains dans les pays du Maghreb, en Arabie, au Yémen, en Somalie, en Inde, au Pakistan, etc., les psychologues se précipitent dans des explications tout-terrain comme s’il fallait absolument éviter de se confronter à des théories, des pensées, qui mettent radicalement en cause leur volonté de faire science et d’avoir des explications a priori valables universellement. Qu’apprend-on, à l’inverse, si on se met à faire l’« écologie » de ces êtres ? Un thérapeute confronté à des populations en provenance de ces pays ne devrait pas fuir cette dernière démarche, sauf à renoncer à soigner et à guérir. Mais une autre question surgit inévitablement : qu’avons-nous perdu en voulant réduire les différents mondes à une explication universaliste et que pouvonsnous apprendre à leur contact ? « Nous ne sommes pas seuls au monde » — il existe d’autres pensées que la nôtre, d’autres façons de faire pour prendre en charge les douleurs de l’existence. « Nous ne sommes pas seuls au monde » — c’est par cette formule qu’en Afrique de l’Ouest on reconnaît l’action des esprits qui viennent perturber la vie des humains. Dans le cadre d’une psychothérapie, tous les patients doivent être pris en compte, écoutés et aidés comme des témoins et non comme des victimes, à partir de leurs forces et non de leurs faiblesses. Ils sont dès lors tenus pour des experts de leur propre souffrance : toxicomanes, migrants, anciens membres de sectes... deviennent ainsi acteurs de leur thérapie. Nous croyons savoir ce que font les guérisseurs : ils s’appuient sur les croyances (irrationnelles) des patients et agissent de manière « symbolique » ; s’ils obtiennent des résultats, c’est grâce à leur capacité d’écoute. Nous croyons aussi savoir ce qu’est la médecine moderne : une médecine très technique, rationnelle, mais trop peu à l’écoute des patients. Cette opposition est fausse et inconsistante, selon Tobie Nathan et Isabelle Stengers. Pour eux, les mots croyance, symbolique, rationalité empêchent d’appréhender les thérapeutiques traditionnelles comme de véritables pensées techniques. Pour Tobie Nathan, les guérisseurs sont intéressants justement parce qu’ils n’écoutent pas les patients : les techniques de « divination » s’opposent ainsi à celles du « diagnostic ». En interrogeant l’invisible et en identifiant ses intentions, les guérisseurs construisent de véritables stratégies thérapeutiques. Ce sont ces modalités d’interrogation de l’invisible auxquelles il faut s’intéresser. Les guérisseurs africains sont des virtuoses des techniques de guérison. La médecine moderne se caractérise, elle, par son empirisme et non pas par sa rationalité. La rationalité a en médecine un accent polémique pour combattre les autres techniques de soin. On en vient presque à regretter que certains puissent guérir pour de « mauvaises raisons « que l’on appellera suggestion ou effet placebo, des mots qui cachent notre ignorance. Ce livre, devenu une référence depuis sa première parution en 1995, est un véritable manifeste de l’ethnopsychiatrie. L’objectif commun du psychologue et de la philosophe est de nous obliger à repenser le rapport entre la culture occidentale et les autres. Les auteurs ont ajouté deux textes à cette nouvelle édition, qui permettent de répondre à leurs contradicteurs. Du 17 au 30 novembre 2014 / Un événement conçu et réalisé par la Villa Gillet / www.villagillet.net /8 L’influence qui guérit (Odile Jacob, 1994) Psychanalyse païenne : Essais ethnopsychanalytiques (Bordas, 1993 ; Odile Jacob Poche, 2000) Saraka Bô (Rivages, 1993) Fier de n’avoir ni pays ni amis, quelle sottise c’était ! Principes d’ethnopsychanalyse (La pensée sauvage, 1993) Guérir l’âme : c’est la prétention de nos psychiatres et de nos thérapeutes. Mais que savent-ils au juste de la santé psychique ? La médecine dispose d’une physiologie solide pour établir ce qu’est un corps sain mais il n’existe pas d’équivalent pour l’âme. Il y a pourtant des thérapies efficaces. Il est indéniable qu’un homme peut influencer l’état d’un autre par le simple pouvoir de l’écoute et de la parole. Mais tout est là : la psychothérapie est-elle autre chose qu’un art de l’influence ? Ce que fait le psychanalyste estil si différent de ce qu’accomplit le chaman ? C’est la confrontation aux migrants originaires de sociétés non occidentales qui a conduit le psychanalyste Tobie Nathan à se poser ces questions. Ces patients-là en effet, mis au rebut de la société française, font échouer les protocoles thérapeutiques classiques. Les maux dont ils souffrent trouvent leur origine dans une culture qu’ils ont laissée derrière eux et à laquelle la psychologie occidentale reste sourde. Dans le sillage de l’ethnopsychiatrie de Georges Devereux, l’auteur propose aux docteurs de l’âme occidentale de suivre son propre itinéraire : relever le défi de ces troubles trop exotiques pour la raison scientifique européenne, et se mettre à l’écoute des pratiques des guérisseurs et des sorciers des tribus traditionnelles pour mieux comprendre comment, par le truchement d’un élément tiers (démons, ancêtres…), un esprit peut en modifier un autre. Quand un cheikh kabyle fabrique un talisman et qu’il l’offre à un patient comme seule réponse à sa demande de soins, cela ne relève pas de la magie mais d’une logique impalpable, véhiculée par des objets, des rythmes, des chants, des sacrifices d’animaux. Comprendre cette logique propre aux sociétés traditionnelles : voilà qui est indispensable pour une bonne prise en charge des patients migrants. « Je m’appelle Nessim Taïeb, poète et psychanalyste, prince de la vie et de la misère, joyeux au bourbon "Quatre roses", incarnant tantôt l’hystérie du diable, tantôt le fol espoir de la mort ; parfois prophète pour certains et parfois étourdi de bonheur au petit matin, je peux dire des paroles de lumière, mais je sais aimer et haïr. » Ethno-polar foisonnant au ton unique qui fit date lors de sa parution en 1993, Saraka Bô (« Sortir les offrandes » en bambara) raconte à partir de meurtres de bourgeoises chic le désastre de la perte des repères et la puissance autodestructrice qu’il peut libérer. L’ethnopsychiatrie, discipline fondée dans les années cinquante par Georges Devereux a connu, depuis une quinzaine d’années, un essor sans précédent. Telle qu’elle se pratique en France, L’ethnopsychiatrie a comme principe de prendre en charge des familles migrantes de toute origine : 1) dans leur langue, 2) selon des manières-de-faire conformes à leur culture, 3) à l’aide de concepts et d’objets ayant cours dans leur univers culturel. L’ethnopsychiatrie clinique est parvenue à des conceptualisations riches, permettant naturellement d’aider les migrants en situation difficile, mais aussi — et peut-être surtout — d’offrir de nouveaux instruments pour penser la psychopathologie générale, surtout celle d’un avenir proche, qui sera pluriculturel... ou ne sera pas. Ce livre d’une grande rigueur méthodologique, enrichi de nombreux exemples cliniques, explicite les principes théoriques et techniques permettant de mettre en place une véritable consultation d’ethnopsychiatrie. Du 17 au 30 novembre 2014 / Un événement conçu et réalisé par la Villa Gillet / www.villagillet.net /9 Le sperme du diable. Elements d’ethnopsychothérapie (PUF, 1988) La Folie des autres. Traité d’ethnopsychiatrie clinique (Dunod, 1986) Tous nos fantasmes sexuels sont dans la nature : Psychanalyse et copulation des insectes (La Pensée sauvage, 1983) En janvier 1897, suite à sa lecture du Malleus Maleficarum, Freud s’interroge dans une lettre à Fliess : « Si j’arrivais seulement à savoir pourquoi dans leurs confessions les sorcières ne manquent jamais de déclarer que le sperme du Diable est "froid".» Par cette question, Freud vient de mettre le doigt sur un problème crucial. Au Moyen Âge, la sorcellerie était une théorie étiologique rendant compte de la maladie, de la malchance, du malheur, bref : de la négativité. En cela, le Malleus Maleficarum peut être considéré à bon droit comme un véritable traité de psychiatrie « traditionnelle ». Mais comment fonctionnent ces systèmes thérapeutiques qui semblent si éloignés de la rationalité scientifique ? Tobie Nathan présente le résultat de dix années de recherche technique et clinique sur les théories étiologiques traditionnelles, leur maniement, la spécificité de la relation dans le cadre de telles théories. Il fournit les éléments indispensables à tout clinicien qui nourrit le projet de prendre en charge l’un de ces patients, de plus en plus nombreux, originaire d’Afrique noire ou du Maghreb, des îles francophones de l’océan Indien ou des Antilles. Ce traité est le premier à développer une théorie cohérente de la clinique interculturelle, c’està-dire des problèmes concrets qui apparaissent dans les psychothérapies entreprises avec des patients originaires de cultures autres qu’occidentales. À l’occasion de cette 2e édition, l’auteur a rédigé une importante préface qui fait le point sur 10 ans d’ethnopsychiatrie. Tous nos fantasmes sexuels sont dans la nature. Preuve en est la copulation des insectes, qui offre le spectacle de la quasi-totalité des fantasmes sexuels humains décrits par la psychanalyse, dans ses différentes phases que sont les préliminaires, l’acte luimême et les conséquences post coïtum. Les punaises pratiquent le viol ; l’abeille castre le faux-bourdon puis s’envole avec son pénis, accomplissant le fantasme de la bisexualité ; quant au fantasme de la mort, il est réalisé aussi bien par les femelles moustiques, des araignées ou par la mante religieuse, fécondée tandis qu’elles tuent et/ou dévorent le mâle… À partir de recherches éthologiques et de sa propre pratique clinique, l’auteur constitue un étonnant répertoire des comportements (du papillon aux termites) qui lui permet d’analyser de manière originale les rapports de la pensée et du corps dans la théorie psychanalytique et plus généralement le type de lien qui peut unir le fantasme au réel. Du 17 au 30 novembre 2014 / Un événement conçu et réalisé par la Villa Gillet / www.villagillet.net / 10