Croissance et fluctuations L3-‐AES Corrigé du sujet de l

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Croissance et fluctuations L3-­‐AES Corrigé du sujet de l’examen 2012-­‐
2013-­‐Première session Question de synthèse 1 A) Une définition possible de la PTF est : ce que permet de produire un panier de facteurs de production comprenant une unité de chacun des facteurs. (c’est la définition que j’attendais) Plus généralement elle mesure la productivité des facteurs pris dans leur globalité par opposition à la productivité de chaque facteur pris séparément. La méthode de la décomposition de Solow est un moyen de mesurer le taux de croissance de la PTF en le considérant comme la différence entre le taux de croissance du PIB et le taux de croissance des facteurs de production, en particulier les taux de croissance du capital, du capital humain et du travail, pondérés par la part de la rémunération de ces facteurs dans la valeur ajoutée. Pour que cette méthode soit une bonne mesure du progrès technique, c’est-­‐à-­‐dire de la croissance de la PTF, il faut d’une part que l’on n’ait pas oublié des facteurs de production importants dans l’équation et d’autre part que le progrès technique ne soit pas incorporé, c’est-­‐à-­‐dire porté par des générations nouvelles de facteurs de production (nouveaux modèles d’ordinateurs, nouvelles générations de travailleurs différemment éduquées etc.). B) 1) a) La principale source de croissance sur l’ensemble de la période est due à la croissance du niveau moyen d’éducation, c’est-­‐à-­‐dire du capital humain (il représente environ 43% de la croissance du PIB par tête sur l’ensemble de la période). La mesure du niveau moyen d’éducation pose deux types de problème : tout d’abord, les différences des systèmes d’éducation des différents pays (en termes de programmes, de qualité des enseignants, d’assiduité des élèves etc.) font qu’une année d’étude dans un pays n’est pas équivalente à une année d’étude dans un autre pays. D’autre part, l’éducation génère des externalités dans la population, qui ne pas forcément les mêmes dans les différents pays, de sorte que l’impact réel du niveau moyen d’éducation officiel sur le capital humain disponible dans le pays n’est que partiellement mesuré. b) La principale différence entre les deux sous-­‐périodes concerne le rôle des deux autres sources de croissance : entre 1992 et 2001, la croissance est essentiellement tiré, en-­‐dehors de l’éducation, par la croissance du capital par tête ; entre 2002 et 2010, elle est essentiellement tirée par le progrès technique (la croissance de la PTF). Cette évolution est positive. En effet, le capital par tête est sujet à des rendements décroissants, de sorte qu’une croissance tirée par ce facteur tendra à s’étioler et ne sera pas durable ; à 2) l’inverse, le progrès technique donne lieu à des rendements croissants et permet donc une croissance soutenue, voire endogène. c) Le taux de croissance augmente entre les deux périodes. Ceci n’est pas surprenant car c’est cohérent avec ce qui a été dit précédemment : la croissance étant tirée par le progrès technique, elle doit augmenter par effet boule de neige (les rendements croissants) et elle devrait donc être durable. a) La principale source de croissance au cours de la période est le capital par tête, et la part de la croissance de ce facteur dans la croissance du PIB par tête augmente d’environ un tiers entre les deux périodes. b) Le taux de croissance diminue entre les deux périodes. Ceci n’est pas surprenant, car comme cela a été dit précédemment, l’accumulation de capital par tête est sujette à des rendements décroissants, de sorte que si la croissance est fondée sur cette accumulation, elle est vouée à s’étioler puis à disparaître. Elle ne sera pas durable. c) Le taux de croissance du niveau moyen d’éducation et celui de la PTF diminuent entre les deux périodes. Si on admet que ce sont les travailleurs éduqués qui ont les idées permettant d’engendrer du progrès technique, le fait que ces deux variables évoluent dans le même sens se comprend. 3) Pour les quatre pays considérés, le taux croissance est essentiellement expliqué par le taux de croissance du capital par tête, à tel point que, si on excepte le cas de l’Egypte, la croissance de PTF est négative dans ces pays. Ceci illustre bien la malédiction des ressources dans la mesure où ces pays vivent à crédit sur une source de croissance vouée aux rendements décroissants et ne font visiblement rien pour créer les conditions d’une croissance durable en investissant dans les facteurs permettant un accroissement de la PTF, comme la R&D et l’éducation, et même laissent leur productivité se dégrader. Question de synthèse 2 D’après la théorie néo-­‐classique de la croissance que nous avons vue en cours, la croissance d’un pays est due, à long terme, au progrès technique. Par ailleurs, dans la théorie de la croissance endogène, le progrès technique est vu comme l’accroissement du stock d’idées disponibles dans un pays. Or, dans la théorie de la croissance endogène, chez Romer (90) comme chez Aghion-­‐Howitt (92), l’apparition de nouvelles idées est liée à l’investissement en R&D, donc à la profitabilité de cet investissement. Or, la profitabilité de cet investissement est liée à la possibilité de profiter du pouvoir de marché que permet d’acquérir cette nouvelle idée : si on est le seul à vendre un bien innovant ou à utiliser une technologie de production innovante permettant de baisser les coûts de production, on bénéficie d’une position de monopole ou au moins d’une position dominante qui permet d’augmenter la marge, c’est-­‐à-­‐dire d’obtenir ce que l’on appelle une rente. Cependant, les idées sont des biens non-­‐rivaux : l’utilisation d’une idée par un individu ou une entreprise n’empêche l’utilisation de cette idée dans les mêmes quantités par un autre. La notion même de quantité d’une idée n’a pas de sens : elle existe ou elle n’existe pas, et si elle existe elle existe de la même manière pour tout le monde. Par ailleurs, par nature une idée est non-­‐exclusive : on ne peut empêcher quelqu’un de l’utiliser, du moment qu’il en a les compétences. Ceci entraîne le fait qu’en l’absence de réglementation, dès qu’une idée est trouvée par quelqu’un elle peut être immédiatement copiée par un autre, de sorte que l’entreprise ayant investit dans la R&D ne retire aucun bénéfice de son effort, et est même perdante puisque elle a investi seule et que les autres entreprises bénéficient de son investissement sans avoir à en supporter le coût. On peut donc penser que peu d’entreprises investiront. Le système des brevets permet de remédier à cette difficulté, en donnant à l’entreprise ayant investi un droit légal à l’exclusivité de l’usage du résultat de son investissement. Il est donc de nature à favoriser l’investissement en R&D en augmentant sa profitabilité, donc à favoriser l’augmentation de la PTF et à terme la croissance du niveau de richesse d’un pays. Les chiffres donnés ici illustrent le raisonnement ci-­‐dessus. Les Etats-­‐Unis et l’Union Européenne n’ont pas la même politique de brevetabilité. En particulier, les Etats-­‐Unis acceptent de breveter les logiciels, alors que l’Union Européenne non. Comme la croissance de la PTF est de plus en plus tirée par les idées et innovations relatives aux technologie de l’information et de la communication, on devrait trouver que le pays ou la zone qui permet de breveter ces innovations devrait avoir une croissance de la PTF plus élevée que le pays ou la zone qui ne l’autorise pas. Or, si entre 1979 et 1995, les principales économies de l’Union Européenne avaient un taux de croissance de la PTF de 0,95%, il est passé entre 1995 et 2000 à 1,07%. Dans le même temps, le taux de croissance de la PTF des Etats-­‐Unis est passé de 0,26% à 1,04%. Ainsi, sur la même période, le taux de croissance de la PTF des Etats-­‐Unis a été multiplié par 4, alors que celui des principales économies de l’UE a à peine bougé. L’augmentation du stock d’idées est donc beaucoup plus rapide dans l’économie où les logiciels sont brevetables que l’économie où ils ne sont pas brevetables, ce qui confirme le raisonnement ci-­‐dessus. Cette explication est d’autant plus vraisemblable que la période des années 1995-­‐2000 est celle du boom de ce que l’on appelé la « nouvelle économie » fondée sur internet, et qui a donné lieu à une forte croissance (celle des années Clinton) mais aussi à une bulle sur les marchés boursiers spécialisés (notamment le NASDAQ), la fameuse « bulle internet ». [Cette dernière phrase est plus un commentaire que quelque chose d’attendu.] 
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