
Voyage[s] à travers le « cerveau » du système immunitaire 
 
Vincent GEENEN 
Directeur de recherches au F.R.S.-FNRS de Belgique 
Université de Liège GIGA-I3, Centre d’Immunoendocrinologie (CIL), CHU-B34 
B-4000 Liège-Sart Tilman, Belgique 
 
 Nos travaux ont permis de démontrer que le thymus programme la tolérance immunitaire vis-à-
vis du Soi neuroendocrine via la transcription de gènes neuroendocrines dans les cellules épithéliales 
thymiques (CETs). Toutefois, les polypeptides neuroendocrines thymiques ne sont pas ‘sécrétés’ mais 
sont apprêtés comme la source  de self-antigènes neuroendocrines qui sont ensuite ‘présentés’ par 
les  protéines  thymiques  du  complexe  majeur  d’histocompatibilité  (CMH).  Ce  processus,  très 
spécifique  du  thymus,  a  permis  une  coévolution  intégrée  et  harmonieuse  des  systèmes 
neuroendocrine et immunitaire lorsque les gènes activateurs de la recombinaison des récepteurs à 
l’antigène des lymphocytes B  et T (BCR et TCR) et la réponse immunitaire adaptative subséquente 
ont émergé chez les poissons cartilagineux il y a environ 450-500 millions d’années.  
 Tous  les  membres  de  la  famille  de  l’insuline  sont  exprimés  dans  les  CETs  sous  le  contrôle  du 
facteur ‘AutoImmune REgulator (AIRE)’ et selon une hiérarchie précise : Igf2 > Igf1 >> Ins2 > Ins1. La 
transcription de Igf2 est déficiente dans le thymus des rats BB susceptibles au diabète auto-immun, 
et la tolérance immunitaire à l’insuline est nettement diminuée chez les souris Igf2-/-, de même que 
chez les souris Igf2-loxP/Foxn1-cre présentant une délétion de Igf2 ciblée dans les CETs. Par ailleurs, 
le  virus  diabétogène  coxsackie  B4 (CV-B4)  est  capable  d’infecter  les  CETs  humaines  et murines  de 
manière persistante et d’inhiber la transcription de Igf2 dans une lignée de CETs médullaires murines 
sans aucune influence marquée sur l’expression de Igf1 et de Ins2 (en collaboration avec D. Hober, 
Laboratoire de Virologie, CHRU et Université de Lille II). 
  Ces  différentes  études  confirment :  1°  que  l’IGF-2  est  le  précurseur  thymique  tolérogène 
dominant de la famille de l’insuline, 2° qu’un dysfonctionnement thymique joue un rôle crucial dans 
le  développement  de  la réponse  auto-immune  diabétogène,  et  3°  qu’une  infection du  thymus  par 
CV-B4  est  impliquée  dans  la  pathogénie  du  diabète  de  type  1  (DT1).  La  protéine  insuline  est 
hautement immunogène et elle est l’auto-antigène primaire ciblé dans le DT1. Ces caractéristiques 
de  la  réactivité  immunitaire  de  l’insuline  résultent  certainement  de  son  très  faible  niveau 
d’expression  dans  les  CETs.  Sur  la  base  des  propriétés  tolérogènes  de  l’IGF-2,  un  « self-
vaccin négatif » contre le DT1 est en cours de développement dans notre laboratoire. 
(Nos  travaux  ont  été ou sont  soutenus  par  le  Fonds Léon Fredericq  du  CHU  de  Liège,  l’Université de  Liège,  la 
Wallonie, le F.R.S.-FNRS et le FRIA de Belgique et le projet intégré FP6 Euro-Thymaide.)