salsa picante 4 - Reflets du cinéma ibérique et latino

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Salsa
Le journal des Reflets
Vendredi 13 mars 2009 / numéro 4
4
Picante
L’étrange histoire
De tomÁs gutiérrez alea
I
l y a du Benjamin Button chez Tomás
Gutiérrez Alea, sinon dans sa vie, du
moins dans sa carrière de cinéaste.
En décembre 1993, à La Havane, sort
son film Fresa y Chocolate, au XVème
Festival International du Cinéma Latinoaméricain. Puis, à partir de l’année suivante, 1994, ce film va entamer une carrière internationale, recueillant ainsi une
moisson de plus d’une vingtaine de nominations, prix et récompenses diverses et
variées.
A partir de là, on va se rendre compte que
Tomás Gutiérrez Alea, dit Titón, né en
1926 à La Havane, a derrière lui toute
une carrière, presque entièrement
conduite dans le contexte de la Cuba castriste, avec, ma foi, une production non
dépourvue d’intérêt et qui, éventuellement, pouvait intéresser un large public et
pas seulement un petit cercle de cinéphi-
les, latinophiles, postsoixantehuitards et
autres farfelus pas forcément politiquement corrects.
Peut-être la question était-elle
« Comment peut-on être (cubain) ? »
:
Petite précision, Titón est mort en 1996, à
69 ans, à Cuba, soit deux ans après sa
« découverte ».
Nous n’allons pas suivre l’exemple de Button et remonter le fil de sa carrière jusqu’à
son premier court métrage, mais
« bureaucratiquement » parcourir quelques
moments clefs de sa vie de cinéaste, car
c’est de vie dont il s’agit et non de carrière.
Il n’est pas aisé, en fait, d’évoquer la vie
et l’œuvre de Titón, et ceci parce que luimême, lors d’interviews, d’articles qu’il a
écrits ou d’ouvrages qu’il a publiés, s’exprimait sur ce sujet avec une telle lucidité,
une telle transparence et une telle fran-
chise, qui depuis les calendes grecques
sont le signe de la sagesse (« connais toi
toi-même »), qu’il n’est pas possible d’en
dire plus ni, bien évidemment, de le dire
mieux. Cette franchise lui a valu parfois,
reproches et rancunes, auxquels il a toujours répondu sans détours et avec pertinence. Il pratiquait l’autocritique aussi
radicalement que la critique et si, parfois,
il s’est montré critique à l’égard de la tournure que prenaient les événements en
regard de l’esprit de la révolution, dans
son pays, qu’il n’a jamais quitté, il s’en est
expliqué lui-même très clairement.
La critique a des visées constructives et
non agressives et destructrices : « …pour
que la révolution grandisse, pour que notre pays se développe dans une direction
positive, la critique est nécessaire. Il faut
avoir une conscience critique de ce que
(Suite page 2)
Reflets du Cinéma Ibérique et Latino-américain
(Suite de la page 1)
nous sommes et de ce que nous faisons.
Et ne jamais cesser de nous critiquer. …
Il faut défendre la nécessité de la critique
en tant que nécessité pour la survie de la
révolution. »
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Les deux films qui ont provoqué le plus
de défiance quant à la fermeté de son
engagement révolutionnaire sont sans
doute Memorias del Subdesarrollo
(1968) et Fresa y Chocolate (1993). Il
défend, surtout dans Fresa y Chocolate,
le droit pour chaque individu à exprimer
ce qu’il est et à avoir, comme tout un
chacun, sa place au soleil, quels que
soient ses particularismes.
Que fait-il d’autre que ce que faisait, en
1964, Nicolás Guillén, par exemple, dans
son poème « Tengo » : revendiquer le
droit à vivre ce que l’on est dans la liberté retrouvée, grâce à la révolution castriste de 1959.
Qui songerait à soupçonner de quoi que
ce soit Nicolás Guillén?
Le moyen d’expression est différent mais
le propos lui, l’est-il ? Célébration des
bienfaits de la révolution pour Guillén,
réflexion sur la révolution pour que durent ses bienfaits et qu’elle n’aille pas se
heurter aux écueils qui pourraient faire
chavirer le navire pour Alea. Même attachement à ce qui a été conquis.
Dans l’autocritique il se montrait tout
aussi radical, considérant sans doute
que, ne mettant en cause que lui-même
il avait les coudées franches. Un exemple, à propos de son film Cumbite,
(1964 - adaptation d’un roman haïtien) :
« J’ai de la difficulté à revoir Cumbite
jusqu’au bout. Je ne parviens à regarder
que quelques passages… C’est un film
qui n’est pas abouti, je n’y retrouve pas
une expression personnelle ». Point /
barre, on passe à autre chose.
D’autres choses, il y en aura beaucoup,
parmi lesquelles on peut rappeler les
films qui ont rencontré une audience internationale plus particulièrement large.
En 1966, La Mort d’un Bureaucrate que
lui-même a qualifié de « comédie ».
Puis, en 1968, Mémoires du Sousdéveloppement, où le ton change totalement. Un homme, Sergio, refuse de
suivre sa famille qui fuit la révolution et
s’exile, va, sans parvenir à s’intégrer à la
société telle qu’elle évolue autour de lui,
en faire une observation critique, du haut
il est vrai, de la tour d’ivoire dans laquelle
il s’est enfermé en solitaire.
Ce fut sans doute, au niveau international, son premier grand succès marquant.
La última cena, en 1976, peut, du point
de vue du genre, être classé historique
puisque le film s’inspire d’un épisode réel
du temps de l’esclavage. En ayant toutefois présent à l’esprit que l’abolition de
Page 2
l’esclavage à Cuba ne remonte qu’à
1880, un peu moins d’un siècle. Fondamentalement le film s’attaque à des problèmes de société intemporels : par delà
le questionnement sur l’utilisation de la
religion pour « …soumettre une classe
sociale et de toutes façons mettre un
frein au développement de la société… »
c’est l’hypocrisie des puissants prêts à
tout et n’importe quoi pour garder leurs
privilèges qui est dénoncée.
Suivirent des réalisations plus légères.
En 1978 Les Survivants, aventures et
mésaventures d’une famille bourgeoise,
recluse dans sa propriété, pour ne pas
être atteinte par le virus de la révolution.
En 1987, Lettres du Parc, une histoire
d’amour inspirée d’une nouvelle de García Márquez.
En 1993, Fresa y Chocolate, dont on a
déjà évoqué le retentissement international et qui incite à une réflexion sur la
différence, illustrée, ici, par l’homosexualité et la violence du rejet et de la répression qu’elle provoque, dans le contexte
cubain.
Puis, enfin, le dernier mot de Titón,
Guantanamera, qui, entre rires et larmes, revient au thème de la Mort d’un
Bureaucrate.
En définitive, c’est peut-être cela qui
pourrait définir le cinéma de Tomás Gutiérrez Alea, le rire grave. Ce qu’il souhaitait c’était tout à la fois offrir aux spectateurs un divertissement qui en même
temps et par le rire « …serve à mieux
comprendre le monde, à mieux comprendre la réalité et à aider le spectateur à
avancer dans cette direction. »
Annie Damidot
Note : Les citations de Tomás Gutiérrez
Alea sont extraites de l’ouvrage de J.A
Evora « Tomás Gutiérrez Alea » et traduites.
TitÓn,
de la habana a guantanamera
Film inédit
Lundi 16 à 18h30 au Zola
La mort d’un bureaucrate
Lundi 16 à 20h45 au Zola
+ présentation du film par Alain Liatard
Mercredi 18 à 14h au Zola
La Mort
d’un Bureaucrate
Il s’agit d’une comédie satirique qui met en
scène les faits et méfaits de la bureaucratie.
Un ouvrier modèle a été enterré, sur sa demande, avec ses documents de travailleur,
mais sa veuve, pour toucher sa retraite, doit
présenter ces documents à l’administration.
Donc il faut les récupérer. Oui, mais comment ? On ne visite pas les tombes impunément !
Le film part, en fait, de l’expérience personnelle de Tomás Gutiérrez Alea suite à ses
démêlés avec des administrations diverses
et variées. « Vint un moment où je me suis
senti si accablé que le désir m’est venu de
me faire la peau à un bureaucrate »
On ne peut pas être plus clair !
D’ailleurs il qualifie lui-même son film de
« psychothérapie ».
La mort n’est ici choisie qu’en tant que situation extrême. Les problèmes, quels qu’ils
soient, même bassement matériels, ne peuvent désormais pas être remis à plus tard. Il
faut les affronter, si absurdes soient-ils.
C’est ainsi que l’on entre dans des dédales
kafkaïens que Tomás Gutiérrez Alea a choisi
de traiter à la Laurel et Hardy, selon ses
propres dires, en accumulant des situations
« dans lesquelles tout se déchaîne à partir
d’un conflit insignifiant qui prend des proportions progressivement. »
Mais en aucun cas le ridicule des situations
n’a pour unique bût le rire et l’amusement du
spectateur. « Le réalisateur assume une
façon de raconter proprement comique pour
aborder un sujet qui dans la vie quotidienne
est exaspérant (et pas seulement dans une
situation limite représentée par la mort), ceci
dans l’espoir de rendre l’absurde plus évident encore en le ridiculisant et que par
conséquent le spectateur sorte du cinéma
décidé à le bannir. »
Lorsque Titon va reprendre le thème du film
dans Guantanamera il ne parle plus de
« psychothérapie » mais affirme avoir fait un
« documentaire ». En effet Cuba vit le tristement célèbre « periodo especial », l’île manque de tout et en particulier de carburant.
Pour ramener un cercueil de Guantanamo à
La Havane il va falloir se plier au système
mis en place par un zélé bureaucrate et
changer de voiture corbillard en même
temps que l’on passe d’une province à l’autre. En prime, évidemment, toutes les situations de manques vécues à Cuba font partie
du voyage et sont évoquées.
Tout ceci est parfaitement en accord avec ce
que remarque José Antonio Evora « Le cinéma de Tomás Gutiérrez Alea est davantage
un cinéma de synthèse et de dévoilement
que de fiction. », formule qui rend compte à
merveille de ce que sont Mort d’un Bureaucrate et Guantanamera.
Annie Damidot
Sal
Reflets du Cinéma Ibérique et Latino-américain
D
ans les années trente au cœur
du Mexique, Elias, chrétien
fanatique, a commis un péché
contre Dieu ; ainsi, il est
convaincu qu’il sera puni : il est persuadé que ses enfants vont mourir tôt ;
il tente alors de contrecarrer la volonté
divine en érigeant une église en plein
désert. Cette histoire de foi, de folie et
de fanatisme est racontée telle qu’elle
est vue et vécue par Aureliano, le plus
jeune et le plus fragile des enfants.
Aureliano est enfermé pendant de longues années et doit peindre l’histoire
sainte, nourri par ses frères et ses
sœurs. Mais le monde extérieur va peu
à peu se manifester…
L’argument de ce film, le premier long
métrage, en fait de Rodrigo Plá, n’est
pas sans rappeler un autre enfermement, et une autre relation père-fils,
celui de La Zona (La zona : propriété
privée), situé lui dans un futur proche
et dans un lieu quelconque d’Amérique
latine. Ainsi, avec Desierto adentro,
Rodrigo Plá revient sur l’enfermement,
la frontière, les difficultés des relations
père-fils et l’intrusion de l’extérieur
dans un monde fermé.
A propos de l’œil sur la nuque, court
métrage montré aux Reflets, il dé-
Désert intérieur
clare : « J’ai eu beaucoup de chance
de travailler avec Gael Garcia Bernal
et Daniel Hendler parce que ce sont de
très bons acteurs. J’ai contacté Gael
qui était alors dans une école en Angleterre. Il m’a envoyé une vidéo de
casting et on s’est revu ensuite à Mexico. Pablo Stoll avait vu mon précédent
court métrage, Novia mia , et s’était
proposé pour m’aider à tourner en Uruguay. Il m’a également beaucoup aidé
dans mes recherches, m’accueillant
chez lui durant le tournage. Tout cela
avant même qu’il fasse lui-même 25
watts. »
Pour finir, nous rappellerons que Rodrigo Plá est né en Uruguay et que ses
parents ont dû s’exiler alors qu’il n’avait que 9 ans. Il a suivi des études de
cinéma au CCC (Centro de Capacitación Cinematografica) du Mexique
dont il est sorti diplômé. Ses courts
métrages ont été très vite remarqués
et primés : Novia mia a obtenu le Prix
du meilleur court métrage au festival
de Biarritz et au Festival international
du Cinéma de Guadalajara. El ojo en
la nuca, lui, a reçu l’Oscar étudiant du
meilleur court métrage étranger et l’Ariel du meilleur court métrage de fiction. La Zona, qui a fait l’effet d’une
déflagration, a reçu quant à lui divers
prix internationaux : le Lion de l’Avenir
pour le Meilleur Premier film au 64ème
Festival International de Cinéma de
Venise et le prix de la Critique Internationale au Festival International
de Cinéma de
Toronto. Desierto Adentro qui
débute, lui, sa
« carrière internationale » a déjà obtenu 7 récompenses
au
Festival de Guadalajara.
Filmographie
de Rodrigo Plá
2008 : Desierto adentro
(réalisateur, scénariste, monteur et
producteur)
2007 : La Zona
(réalisateur, scénariste)
2001 : El ojo en la nuca
(réalisateur, scénariste)
1996 : Novia mia
(réalisateur)
1996 : Libre de culpas
(premier assistant réalisateur)
1991 : La mujer de Benjamin
(second assistant réalisateur)
Rodrigo Plá est actuellement occupé au montage de son troisième
long métrage et au tournage de
son dernier court métrage. Il nous
a promis d’être parmi nous lors des
26èmes Reflets pour nous les présenter en personne, en 2010. Rendez-vous pris !
www.lesreflets-cinema.com
Revenons à la carrière de Rodrigo
Plá : alors que le journaliste Cédric
Lépine (le 21 février 2008 à Paris) lui
demandait ce qui s’était passé avant
d’arriver à la Zona, sorti en 2008, le
cinéaste mexicain d’origine uruguayenne répondait :
« La grande difficulté était d’avoir un
budget. Après l’œil sur la nuque, j’avais écrit un scénario, le désert intérieur, qui n’a pu rencontrer assez vite
le budget nécessaire. Nous avons
commencé un autre scénario, celui de
La Zona. Une fois que ce scénario a
été terminé, nous avons reçu l’argent
pour les deux films. Alors nous avons
commencé aussi ce film que nous venons de terminer. Le désert intérieur
mêle film et animation ; lorsque nous
avons fini de filmer et que la partie animation plan par plan a débuté, nous
avons tourné La Zona. »
Rodrigo plÁ
Pascale Amey
Desierto adentro
Film inédit
Dimanche 15 à 21h au Zola
Mardi 17 à 20h au Comoedia
Pascale Amey
Salsa Picante n° 4
Page 3
Reflets du Cinéma Ibérique et Latino-américain
L
www.lesreflets-cinema.com
’art cinématographique au Venezuela est une longue histoire vieille
de cent douze ans, faite de hauts
comme le cinéma social des années soixante et soixante dix qui a
donné lieu à des œuvres remarquables
(Cuando quiero llorar no lloro de
Mauricio Wallerstein, El pez que fuma
de Román Chalbaud et Soy un delincuente de Clemente de la Cerda), et
de bas consécutivement à la profonde
crise économique des années 1980 qui
a fait chuter la production cinématographique à deux films par an.
De récentes lois de financements et la
création de soutiens institutionnels
comme le Cnac (Centro Nacional Autónomo de Cinematografía) ont donné
une nouvelle dynamique à une nouvelle vague de jeunes cinéastes et a
permis de relancer d’autres réalisateurs dont la carrière battait de l’aile
comme Luis Alberto Lamata (Jericó,
Desnudo con narajas) qui a réalisé le
premier film produit par le gouvernement d’Hugo Chávez Miranda Regresa (Le retour de Miranda, présenté
cette année aux Reflets).
L’inauguration de la Villa del Ciné le 3
juin 2006 a permis un nouvel essor de
l’activité cinématographique au Venezuela. Avec quinze mini studios, deux
grandes salles complètement équipées, un centre de haute technologie
pour la post-production et des formations permanentes, les cinéastes vénézuéliens(ne)s peuvent enfin résister
à la dictature de Hollywood en réalisant
sur place les activités jusque-là soustraitées à l’étranger. Mais si la Villa del
Ciné a incontestablement dopé les productions cinématographiques du Venezuela, cela n’empêche pas certains
cinéastes et politiques d’y voir un outil
de propagande au service du régime.
Néanmoins, la majeure partie des professionnels du cinéma estiment la
composition du centre cinématographique équilibrée et applaudissent la volonté du gouvernement d’en finir avec
le diktat américain…
En dix ans, l’Etat vénézuélien a financé
73 films et depuis sa création la Villa
del Ciné a financé 25 films et a donné
l’occasion à de jeunes cinéastes de
réaliser leurs premiers films tels Andrea Herrera et Anabel Rodríguez (1, 2
y 3 mujeres) Hernán Jabes (Macuro)
ou à des réalisateurs confirmés de
poursuivre leur œuvre tels Fina Torres
(Oriana) Luis Alberto Lamata, ou Román Chalbaud (El Caracazo).
L’activité cinématographique au Venezuela a été - et continue d’être liée - , à
la problématique des politiques culturelles et de la législation émanant de l’Etat.
Néanmoins, en dehors des circuits de
Page 4
COMMENT SE PORTE
LE CINéma
Vénézuélien ?
l’Etat se développe un cinéma indépendant dont font partie de jeunes cinéastes talentueux tels Jonathan Jakubowicz, dont son premier film Secuestro express a été l’un de plus gros
succès du cinéma vénézuélien, Eduardo Arias et son film en haute définition
Elipsis qui fut produit et distribué par
la 20th Century Fox, Franco de Peña
(Amor en Concreto) et Alejandro
Wieddeman (Plan B). Ces cinéastes
souhaitent montrer une autre image de
la réalité en décrivant le monde tel
qu’ils le ressentent. Ils représentent
une véritable bouffée d’oxygène au
sein d’une industrie cinématographique
instable qui souffre de l’interdépendance entre situation politicoéconomique et politique culturelle dans
un pays dont le statut d’exportateur de
pétrole l’expose inévitablement aux
aléas du marché international. Dans le
contexte actuel, le cinéma vénézuélien
a peu de chances d’échapper à cette
réalité incontournable.
Homero Vladimir Arellano
La Villa del Cine
Asphyxié par le néolibéralisme des années 80, le cinéma latino-américain
avait vu ses écoles privatisées, ses studios bradés et ses remparts légaux démontés. “Comment accepter que les
huit plus grands studios d’Hollywood se
répartissent 85 % du marché mondial
du cinéma et occupent 98 % de l’offre
en Amérique Latine ?” a demandé le
président Chávez en inaugurant le 3
juin 2006 une de ses promesses électorales, la Villa del Cine, un complexe de
studios de cinéma bâti sur un terrain de
4 hectares à Guarenas, près de Caracas. Cette inauguration a été suivie par
la création de La « Fundación Villa del
Cine ». Entité spécialisée dans la production cinématographique et audiovisuelle, elle possède le statut de Fondation d’Etat et se retrouve inscrite au Ministère du Pouvoir Populaire pour la
Culture.
Miranda Regresa (Le Retour de Miranda) est le premier film produit par le
gouvernement d'Hugo Chávez. Film de
commande, il a au moins contribué au
retour au premier plan de son réalisateur, Luis Alberto Lamata, dont la carrière s’écrivait alors en pointillés. Sans
être révolutionnaire d’un point de vue
formel, Miranda Regresa témoigne dé(Suite page 5)
Salsa Picante n° 4
Reflets du Cinéma Ibérique et Latino-américain
Pourquoi
tony manero
est un
grand film ?
(Suite de la page 4)
sormais de la possibilité de tourner des
films ambitieux 100% vénézuéliens.
Loin d’être une enclave (Lamata a par
la suite réalisé El Enemigo -présenté
lui aussi aux Reflets- un instantané d’un
Venezuela en perdition, puis est revenu
dans le giron de l’Etat pour son dernier
film, Boves), la Villa del Cine apparaît
comme un outil appréciable pour des
cinéastes dont la vision induit des budgets plus importants.
Depuis sa création, la Villa del Cine a
participé à la production et au tournage
de 25 films, ouvrant ainsi une nouvelle
voie dans la création cinématographique nationale. A travers la société de
Distribution Amazonia Films, ce ne sont
pas moins de quatre productions de la
Villa Del Cine qui ont été diffusées au
plan national et international en 2007.
C’est à la fois peu et beaucoup au sein
d’une production cinématographique qui
a toujours eu beaucoup de mal à s’exporter, en comparaison de ses voisins
argentins et brésiliens.
Homero Vladimir Arellano
Le comédien américain Danny Glover et le
président Chávez, lors de l’inauguration de la
Villa del Cine
Salsa Picante n° 4
J
e me suis posée et reposée la
question plusieurs fois après
avoir vu le film de Pablo Larrain. Non que je doive absolument écrire un article pour Salsa
Picante mais surtout parce que je
ne cessais de voir passer devant
mes yeux le visage d’Alfredo Castro, et ce, plusieurs jours après l’avoir vu incarner Tony Manero…
J’avais également remarqué que
mes amis chiliens semblaient mal
à l’aise pour parler de ce film… Ils
soulignaient la performance de
l’acteur, l’accueil du film dans les
festivals internationaux, mais éludaient finalement le propos-même
du film, comme si cela leur renvoyait un Chili tellement peu présentable, celui qu’ils avaient été
obligés de quitter…
Plusieurs scènes revenaient me
hanter : l’assassinat brutal d’une
vieille femme pour lui prendre sa
télévision couleur, le dépouillage
d’un opposant à Pinochet, agonisant près du fleuve, les chiens féroces gardant les propriétés, les
corps allongés, après une tentative
de rapport sexuel, le visage inexpressif de Raúl, son corps vieillissant, son obsession de la ressemblance au modèle...
Ce qu’il en ressort est pourtant
clair : la peur et la terreur engendrent la médiocrité, la trahison
mais aussi parfois (plus rarement)
la lutte clandestine et l’héroïsme
de certains. La domination d’un
modèle culturel qui se veut celui de
l’élite (Pinochet-dictateur soutenu
par les USA, l’idolâtrie de Raúl
pour le personnage de La fièvre
du samedi soir, rêve de paillettes
contre plomb, gloire de la danse
contre misère même si c’est dans
un cabaret de troisième zone) engendre l’aliénation et la folie, l’envie de devenir un autre, d’être autre.
Au-delà des immenses qualités
d’acteur d’Alfredo Castro (qui ressemble plus au Pacino de Lumet
ou même de Brian de Palma qu’au
John Travolta de John Badham),
au-delà des qualités indéniables
de Pablo Larrain en tant que cinéaste (recréation de l’atmosphère
de l’époque par le montage, caméra portée, la photographie, les cadrages et la direction d’acteur),
c’est tout le message qui soustend ce film qui en fait une œuvre
éminemment politique : la médiocrité du pouvoir de Pinochet, la
médiocrité de Pinochet tout court,
et pour finir l’aliénation à laquelle
conduit le modèle culturel américain… Un film essentiel !
www.lesreflets-cinema.com
Sa création et son action sont néanmoins controversées. Certains lui reprochent de n’être qu’un instrument de
l’Etat pour contrôler et diriger la création
cinématographique du pays. D’autres
soutiennent son action de réhabilitation
des cultures traditionnelles à travers
des œuvres audiovisuelles de qualité.
Pour pallier aux critiques, la Villa del
Cine vient d’approuver une politique
d’appui aux organismes publics et privés en établissant des alliances de coproduction avec des producteurs indépendants vénézuéliens pour mener à
bien des projets cinématographiques
d’envergure. Il est encore trop tôt pour
savoir si cette politique va porter ses
fruits mais au moins s’annonce t-elle
très intéressante et porteuse d’espoir
pour un pays qui ne peut se dispenser
d’un rayonnement culturel plus important.
pour le conserver dans une atmosphère délétère.
Pascale Amey
Peu à peu la lumière s’est fait
jour… ce n’était pas simplement
l’histoire du psychopathe, du minable, du sex-symbol impuissant et
mutique, du piètre danseur et de
son amoralité qui me fascinaient
mais bien la parabole du pouvoir
des médiocres et de leurs efforts
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Reflets du Cinéma Ibérique et Latino-américain
S
La sangre brota
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i Walter Salles et Daniela Thomas ont récemment dressé le
portrait type de la société brésilienne en dessinant celui
d’une Famille brésilienne, on peut se
demander si Pablo Fendrik voit la société
argentine comme il croque la famille de
La Sangre Brota : comme une cocotte
minute !
Si Salles et Thomas peignaient une famille brésilienne éclatée où mixité, quête
d’identité, d’origine et d’avenir répondaient à l’absence de la figure de guide
qu’est le père, Pablo Fendrik nous présente une famille plutôt classique : un
père, Arturo, chauffeur de taxi tranquille
et sans histoire ; Irène, la mère, cantonnée à la maison et plutôt effacée ; et
Leandro, le fils cadet, jeune loulou plutôt
charmeur et sympathique. Mais, comme
dans Une famille brésilienne, c’est l’absence qui va lancer la narration et bouleverser cette cellule familiale à l’équilibre
finalement fragile : celle du fils aîné, Ramiro, qui a émigré au Texas et appelle,
un jour, pour demander à son père de
l’aider et de lui envoyer deux mille dollars, d’ici 24 heures, question de vie ou
de mort.
L’inertie et la mollesse dans lesquelles
baignait jusque là le film et, incidemment,
son histoire, vont laisser la place à une
mise en mouvement quasi-circulaire et
concentrique des deux personnages
d’Arturo (le père) et de Leandro (le fils)
autour du siège familial (la maison) et
Irène (la mère) : Arturo qui va enchaîner
les courses pour essayer de gagner de
l’argent, mais aussi faire le tour de la ville
pour trouver une solution plus rapide ; et
Leandro qui va errer à la recherche d’un
bon plan d’achat et de revente de drogue. Chacun avec un objectif différent
mais une finalité identique : Arturo afin
d’aider son fils aîné, Leandro afin de quitter l’Argentine et partir rejoindre son frère
à Houston.
Et ce mouvement amorcé, à la fois narratif et esthétique, va donc agir comme une
spirale, se rapprochant sans cesse d’un
Ou « une famille argentine »
version cocotte minute
épicentre dramatique où se concrétisera
cette course contre la montre, qui laissera sans doute le spectateur KO. D’où cet
effet « cocotte minute »…
Et pourquoi ce mouvement autour de la
maison me direz-vous ? Simplement
parce que celle-ci abrite les économies
familiales, jalousement gardées par la
mère, mais qui vont devenir un véritable
enjeu pour Arturo et Leandro. Car une
fois toutes les solutions épuisées, ce sont
les économies d’une vie, pourtant insignifiantes mais qui les rendent justement
encore plus vitales, qui pourront seules
permettre aux deux personnages d’arriver à leurs fins.
Dans cette construction narrative complexe, mais admirablement mise en
scène par Pablo Fendrik, suit une évolution ad hoc de l’esthétique du film, avec
une première partie de film plutôt posée,
avec des plans prioritairement lumineux
et souples, et une lente évolution vers
une caméra à l’épaule, de plus en plus
en d’ombres et de noirs à mesure que
tombe le jour et que l’on se rapproche du
dénouement. Aussi, il est indéniable que,
depuis son premier film (L’assaillant,
2008), Pablo Fendrik a progressé, et vite
qui plus est, en parvenant à mettre en
place avec succès ce système « cocotte
minute » qui fait monter en pression, au
fil des plans, un film qui finit par vous
péter aux yeux.
Pierre angulaire de son système, l’interprétation de ses comédiens fait merveille.
Si l’on connaissait déjà les qualités d’Arturo Goetz (qui campe Arturo) pour, entre
autres, ses collaborations avec Daniel
Burman (Les lois de la famille, 2006 ;
Les enfants sont partis, 2008), la véritable découverte du film reste évidemment Nahual Pérez Biscayart. Les prémisses de son talent avaient pu être entrevues dans El Aura de Fabian Bielinsky (2005), mais qu’il s’annonce avec La
sangre brota comme l’un des prochains
grands comédiens argentins. Charismatique à souhait, l’œil rieur, une nonchalance quasi-chorégraphique, tout est réuni chez lui pour faire du personnage de
Leandro la lueur d’espoir du film.
Présenté à la Semaine de la Critique au
dernier Festival de Cannes, La sangre
brota avait divisé le public, certains le
trouvant choquant, pesant, traumatisant,
d’autres le trouvant terriblement maîtrisé,
profond, captivant, hypnotisant. N’est-ce
pas l’apanage de (futurs) grands réalisateurs que de savoir renvoyer le spectateur à sa condition, de le heurter ou de
l’aspirer dans ses histoires ?
Une chose est sûre, c’est que vous ne
sortirez pas indemnes de la cocotte minute
argentine !
Laurent Hugues
!
Avant première du film
le samedi 14 mars à 16h15
au Zola
Séance supplémentaire
Mardi 17 à 20h45 au Zola
Nahual Pérez Biscayart et Ailín Salas dans La Sangre Brota
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Salsa Picante n° 4
«
Reflets du Cinéma Ibérique et Latino-américain
Ce n'est pas facile de
trouver une histoire
avec laquelle débuter
dans le cinéma. Quatre
ans, entre la première idée et la fin
du processus de post-production
c'est un temps considérable, pour
parier et s'engager sur quelque
chose (…).
Lo mejor de mí parle de la bonté
de Raquel, de sa candeur et sa
naïveté, de son désir d'aimer de la
meilleure façon possible et de son
éloignement de tout ce qu'elle
aime. Mais au cours de son histoire, Raquel appréciera pour la
première fois les petites raisons,
lâchera prise pour pouvoir respirer.
Et elle apprendra à regarder la mer
et à se laisser porter.
Lo mejor de mí est un film sur la
perte de l'innocence. Il s'agit du
pas à faire entre la fantaisie et la
réalité. De l'amour, des silences et
de la douleur. Du doute. D'espérer
pendant longtemps retrouver quelque chose et se rendre compte ensuite que ce n'était pas ce qu'on
attendait. Et de se dire qu'il y a
toujours beaucoup plus.
Roser Aguilar
Lo mejor de mí est le premier film
de Roser Aguilar, scénariste de la
Télévision de Catalogne et réalisatrice du court métrage Cuando te
encontré. Il s'agit d'un drame qui
parle de la perte de l'innocence,
des illusions tronquées et les
conséquences de l'amour.
DE ROSER AGUILAR
Le film a participé à de nombreux
festivals et obtenu de nombreuses
récompenses, notamment : 60e
Festival International de cinéma de
Locarno en Suisse 2007 (Locarno
d'argent à la Meilleure Actrice,
Boccalino d'Or au Meilleur film),
Festival Cinehorizontes de Marseille (Mention spéciale du jury),
XVII Premis Turia de Valencia
(Prix du Meilleur Premier film et de
la Meilleure actrice).
La production du film s'est faite
dans le cadre du projet Ópera Prima, résultat d'un accord entre la
société de production Escándalo
Films et l'ESCAC (Escola Superior
de Cinema i Audiovisuals de Catalunya) dont l'objectif est de positionner les meilleurs élèves de
l'école dans le cercle audiovisuel
national, les propulser vers des
postes à responsabilité créative en
tant que chefs d'équipe afin de leur
ouvrir des portes dans leur trajectoire professionnelle. L'équipe du
film est donc composée intégralement par des anciens élèves de
l'école, jeunes talents et professionnels reconnus.
De l'ESCAC nous
viennent des réalisateurs aussi prometteurs que Guillem
Morales (nominé aux
Goyas 2005 pour son
film El habitante incierto), Juan Antonio
Bayona (L’orphelinat,
qui se passe de présentation), ou Alex
Pastor (Prix du Meilleur Court Métrage au
Festival de Sundance
Salsa Picante n° 4
2006 pour La ruta natural). Mais
aussi des chefs d'équipe des productions comme La secte sans
nom de Jaume Balagueró, Krampack de Cesc Gay, ou L'échine
du diable et Le labyrinthe de pan
de Guillermo del Toro.
En ce qui concerne les acteurs, la
presse et le public sont unanimes
et saluent le travail de la protagoniste, Marián Alvarez, connue en
Espagne pour son rôle dans une
série télé à succès. Dans le rôle de
son copain, Juan Sanz, que nous
avons pu découvrir à Villeurbanne
dans La vida mancha de Enrique
Urbizu (Reflets 2004) et qui est
bien présent dans le cinéma espagnol actuel. Avec eux, Lluís Homar
(acteur de longue date, nous
l'avons vu dans La Mauvaise éducation et (très) bientôt à nouveau
avec Almodóvar dans Los abrazos rotos), Alberto Jiménez (Los
aires difíciles, El principio de Arquímedes, El Bola) y Marieta
Orozco (Krámpack, Barrio).
Irene Sánchez Miret
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Malgré les difficultés, fort heureusement, j'ai trouvé une belle histoire à raconter et une équipe technique et artistique généreuse et
pleine d'entrain pour la mener à
bien. »
Lo mejor
de mÍ
Lo mejor de mi
Film inédit
Samedi 14 à 18h30 au Zola
Page 7
Reflets du Cinéma Ibérique et Latino-américain
S
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amedi 7 mars, sur les
coups de midi les Reflets présentaient au
Zola un film colombien,
Soñar no cuesta nada, du réalisateur Rodrigo Triana. Belle affluence pour ce film inédit présenté avec sous titrage anglais. Que
diable allait donc nous réserver
cette projection : drogue, violence,
paramilitaires… ?
En fait pas vraiment ça, mais plutôt une aventure rocambolesque,
tirée de faits réels survenus en
2003. Un compagnie de l’armée
colombienne « Buitre y Demoledor », à la poursuite de guérilleros
des FARC, découvre une cache,
« una guaca » de plus de 16 millions de dollars. « El tesoro escondido » est enterré dans des
bidons dans la forêt colombienne.
Les soldats, pour la plupart jeunes, exténués par des semaines
de marche, ne résistent pas à la
tentation et, après avoir récupéré
et s’être partagé le magot, se mettent à le dépenser sans compter
dans les restaurants et les bordels
de la petite ville de Popayán.
La suite est forcément moins festive (si l’on peut dire) : 129 soldats, 15 sous officiers et 3 lieutenants furent condamnés de 3 à 10
ans de prison.
On peut toujours rêver…
Même en colombie !!!
Rodrigo Triana n’est pas un inconnu pour les Reflets car il a réalisé
Como el gato y el ratón que
nous avions présenté en 2003
(souvenez vous, c’est l’année de
l’affiche avec les pots de confitures !). A partir de cette histoire, il
nous embarque dans une comédie
où Porras, Venegas, Lloreda et
Perlaza se trouvent mêlés. Devenus soudainement riches, certains
vont s’éclater à la ville à la recherche de Dayana ; d’autres, plus lucides, vont préserver l’avenir.
Bonne direction d’acteurs, scénario bien ficelé et le résultat est finalement là, à savoir un bon moment de divertissement qui valut à
Échos photo des Reflets
(ça s’est passé pendant les Reflets)
ce film une carrière impressionnante en Colombie, avec un record d’entrées.
Alors dimanche 15 mars, vers midi, n’hésitez pas : venez passez
un bon moment de suspense et de
détente à l’ombre du totem du Zola.
Michel Dulac
Soñar no cuesta nada
Film inédit
Dimanche 15 à 12h au Zola
Brèves
En 2009 deux films espagnols sont particulièrement attendus, Los abrazos rotos, le
17é film de Pedro Almodóvar dont nous savons peu de choses sinon qu’il s’agit d’un
« drame obscur mâtiné de thriller autour
d’un grand récit romantique à 4 voix » (www.
pedroalmodovar.es) et la superproduction
d’Alejandro Amenábar, Agora. Telecinco, le
producteur, vient de mettre en ligne la
bande-annonce (www.telecinco.es) de ce
deuxiéme film tourné en anglais après Los
otros (2001).
Cartes Postales de Leningrad ouvre le festival… devant une salle comble !!! Vous étiez
241 pour cette soirée d’ouverture ! Merci. (photo Guillaume Grasse)
Découvrez l’album photo des Reflets sur notre site www.lesreflets-cinema.com
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L’action se déroule à Alexandrie en 391
après J.C. C’est l’histoire d’Hypathie (Rachel
Weisz), première femme astronome et philosophe d’Occident, enfermée dans le Bibliothèque en train de se battre pour sauver la
sagesse du monde antique. Après trois ans
de recherche et 15 semaines de tournage, le
cinéaste de Tesis (1996), d’ Abre los ojos
(1997) et de Mar adentro (2004) « veut que
le public voie, sente, respire cette lointaine
civilisation comme une chose aussi réelle
que le présent. » Le film devrait sortir à l’automne. Attendons.
Alain Liatard
Salsa Picante n° 4
Reflets du Cinéma Ibérique et Latino-américain
M
regards
aría Lionza, divinité de l’amour et de la fertilité, symbole de l’histoire et de l’identité vénézuéliennes… de sa
légende racontée par un instituteur aux
enfants de l’école aux constantes réinventions de ses représentations. Un film didactique où se mêlent les visions d’artistes
sculpteurs, peintres, danseurs, metteurs en
scène etc… Où l’on suit Roger Canals dans
ses rencontres avec des chamans, des
spirites et des artistes ; parfois femme blanche d’une grande beauté, d’autres fois indienne, souvent bienfaisante, la Reina (ou
le professeur Lino Valles) prend possession
du corps de certains chamans pour faire
connaître sa pensée.
Ce film a reçu le prix d’anthropologie visuelle 2006 de l’École des Hautes Études
en Sciences Sociales (Paris) mais a aussi
été sélectionné dans des festivals prestigieux tels que le Festival International Jean
Rouch 2008 (Paris, France), le Festival of
Visual Culture, Viscult 2008 (Joensuu, Finlande), le XVII International Festival of Ethnological Film 2008 (Belgrade, Serbie), le
Delhi International Ethnographic Film Festival 2008 (Delhi, Inde), le Festival du Film
Ethnographique du Québec 2009 (Québec)
et enfin aux Days of ethnographic film in
Rovinj 2009 (Croatie).
Quelques questions à Roger Canals Vilageliu, réalisateur du film…
Pourquoi vous êtes-vous intéressé à
María Lionza ?
Interview du réalisateur Roger Canals
17 septembre dernier et qui se compose
d’un mémoire et du film Visages d’une
déesse vénézuélienne.
Comment êtes-vous entré en contact
avec les différents artistes et spirites
que l’on voit dans le film ? Est-ce que
cela a été difficile et/ou long ?
Le contact avec les croyants et les artistes
du film s’est fait à travers différentes voies.
Il y a eu néanmoins une rencontre cruciale :
à l’université de Caracas, où j’étais en
contact avec une professeure d’anthropologie spécialiste du culte à María Lionza, j’ai
fait la connaissance d’une élève d’anthropologie dont la famille vivait aux pieds de la
montagne de Sorte, centre de pèlerinage
des croyants en María Lionza. Elle m’a proposé de m’installer dans sa famille le temps
de mon travail de terrain, et c’est dans ce
magnifique environnement naturel que j’ai
établi le lien avec nombre de pratiquants.
Quant aux artistes, la personne qui m’a le
plus aidé a été Dixon Calvetti. Je l’ai rencontré grâce à un ami vénézuélien qui avait
étudié avec moi à l’Université de Barcelone.
Dixon et moi sommes devenus très amis, et
c’est lui qui m’a présenté les autres artistes
travaillant sur la figure de María Lionza.
Le travail de terrain au Venezuela n’a pas
été facile. C’est un pays fascinant mais en
même temps très dangereux, avec des
tensions sociales très marquées. Cela dit,
les Vénézuéliens sont en général très ouverts, et il est facile de discuter avec eux et
de susciter leur intérêt à faire partie d’un
projet comme celui-ci. Je suis resté au Venezuela plus d’un an, et pendant cette période j’ai dû dialoguer avec des acteurs
sociaux très variés comme le gouvernement, l’armée ou les responsables des
Parcs Naturels. Ce côté institutionnel de la
recherche a été souvent plus compliqué
que les rapports avec les pratiquants du
culte.
Le fait d’être initié, a-t-il facilité l’approche et la rencontre avec les artistes et
les spirites et/ou chamans ?
María Lionza. Pour être initié, il aurait fallu
que j’apprenne les techniques rituelles permettant « d’incorporer » dans mon corps les
esprits des dieux et des ancêtres. Je n’ai
jamais voulu faire cet apprentissage, même
si on me l’a proposé maintes fois. Ce que
l’on voit dans le film, c’est tout simplement
une salutation que je fais à une jeune fille
possédée par María Lionza. Cette salutation « de politesse » est souvent demandée
à un moment donné à toutes les personnes
assistant à la cérémonie et elle est très
habituelle dans les rituels du culte à María
Lionza.
J’ai toujours eu un énorme respect envers
les croyants du culte. Par exemple : lorsqu’ils me disaient qu’il fallait que je me purifie à l’eau et au tabac pour pouvoir filmer un
rituel, j’acceptais de le faire. Puisque j’étais
« chez eux », il me semblait que c’était à
moi de m’adapter à leurs coutumes. Je ne
leur ai jamais menti en faisant semblant
d’être croyant pour obtenir plus d’information.
En général, je dirais que le rôle de l’anthropologue n’est pas de porter des jugements
de valeur sur ce qu’il étudie (il ne s’agit pas
de déterminer si ce qu’on étudie est « vrai »
ou « faux ») mais de tenter de comprendre
le sens des phénomènes sociaux qu’on
étudie ainsi que les fonctions qu’ils développent dans un cadre culturel et historique
concret. En fait, l’anthropologue se trouve
toujours dans une situation frontalière : tout
en faisant partie activement de la réalité
qu’il étudie, il doit en même temps rester en
dehors pour pouvoir l’analyser et l’interpréter.
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Tout a commencé en 2003. A cette époquelà, je venais de terminer mes études de
philosophie et photographie à l’Université
de Barcelone, et je cherchais un sujet de
recherche pour mener une thèse de doctorat en anthropologie visuelle. J’ai rencontré
une anthropologue catalane qui venait de
rentrer du Venezuela et qui m’a offert une
statuette représentant une femme nue chevauchant un tapir. Elle m’a dit qu’il s’agissait de la déesse la plus connue du Venezuela. J’ai été tout de suite attiré par cette
image et j’ai commencé à faire des recherches. Je me suis rendu compte que le culte
à María Lionza était très peu exploré et j’ai
décidé de me consacrer à l’étude de cette
religion vénézuélienne. Pour réaliser la
thèse de doctorat, j’ai choisi de quitter Barcelone et de m’installer à Paris, où l’anthropologie visuelle était beaucoup plus développée que dans ma ville. J’ai donc appris
le français puis je suis parti en France pour
m’inscrire au département d’anthropologie
de l’École des Hautes Études en Sciences
Sociales de Paris où j’ai réalisé, sous la
direction de Monsieur Jean-Paul Colleyn,
un DEA puis ma thèse que j’ai soutenue le
Visages d’une déesse
vénézuélienne
Considérez-vous avoir fait de l’anthropologie participante ?
Je considère en effet avoir fait de l’anthropologie participative, et ce à deux niveaux
différents. D’une part, je me suis toujours
investi dans les processus sociaux que j’ai
étudiés. En ce sens, la caméra m’a beaucoup aidé à m’intégrer dans les rituels ou à
tisser une relation de proximité avec les
(Suite page 10)
Tout d’abord, je n’ai pas été initié au culte à
Salsa Picante n° 4
Page 9
Reflets du Cinéma Ibérique et Latino-américain
(Suite de la page 9)
artistes.
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D’autre part, j’ai fait une anthropologie participative en laissant aux croyants et aux
artistes la possibilité de me donner des
idées pour mon enquête et pour mon film.
Je n’ai pas toujours suivi leurs conseils,
mais l’important, c’est qu’ils ont toujours été
et eu l’impression d’être, à la fois, objets et
sujets de la recherche. Ceci est indispensable pour l’anthropologie d’un point de vue
éthique et méthodologique.
Puisque vous êtes fidèle du culte à María Lionza, en quoi est-elle en vous ?
Dans le film, l’un des protagonistes déclare « celui qui représente María Lionza, l’a en lui, il est aussi María Lionza ».
En quoi la Reina vous a-t-elle aidé ? En
quoi êtes-vous aussi María Lionza. Le
fait d’être frère était une condition sine
qua non pour rencontrer et partager
avec d’autres frères de culte ?
Comme je l’ai dit antérieurement, je ne suis
pas un adepte du culte à María Lionza. En
fait, je n’appartiens à aucune religion en
concret, mais je les respecte beaucoup.
C’est pour cela que je respecte les conventions du culte à María Lionza lorsque je suis
avec des pratiquants.
La phrase de Dixon disant que « María
Lionza est à l’intérieur de chacun de nous »
est très révélatrice de l’esprit de cette religion puisqu’elle met en évidence la plasticité de María Lionza. En effet, chaque
croyant, chaque artiste peut réinventer María Lionza et se l’approprier tout en lui attribuant de nouveaux sens. C’est ainsi qu’il
faut comprendre l’idée que María Lionza
est en chacun de nous et que nous, nous
sommes aussi María Lionza. La grandeur
de cette déesse se trouve là : dans sa capacité à se reformuler incessamment, à
accepter de nouveaux visages tout en restant toujours la même.
Pour répondre enfin à la dernière question,
le fait d’être croyant n’est pas une condition
nécessaire à l’établissement d’un contact
avec les membres des groupes de culte.
J’ai toujours dit aux croyants que je ne partageais pas leur religion mais que je voulais
l’apprendre, la découvrir. C’est cette sincérité qui a été valorisée. Les croyants sont
en général très ouverts : le culte n’a rien
d’une secte.
En commençant le film quelle était votre
intention ? Pensiez-vous déjà à regrouper tous les intervenants dans l’exposition finale ou c’est le fait de savoir qu’il
y aurait une expo finale qui vous a donné l’envie de rencontrer chaque artiste
ou chaman dans l’expression de María
Lionza ?
Le scénario du film s’est défini petit à petit,
au fur et à mesure de l’avancée de ma recherche. Quand je suis arrivé au Venezuela, je n’avais aucun scénario préétabli. En
fait, je n’avais même pas l’idée de rencontrer des artistes, puisque mon projet
initial était d’étudier uniquement les images
dans le culte. Ce n’est que plus tard que je
me suis rendu compte de la proximité entre
le domaine du culte et celui de l’art.
Page 10
L’organisation de l’exposition de San Felipe
a été pour moi une chance énorme. Je n’ai
appris l’existence de ce projet que très tard,
quand les scènes avec les différents artistes étaient déjà filmées. J’ai alors parlé
avec le commissaire de l’exposition, M.
Rafael Principal, et lui ai demandé la permission de filmer le jour du vernissage.
Cette dernière scène a une grande valeur
ethnologique, puisqu’elle montre la façon
dont tous les aspects du film (culte, art,
école, théâtre, possession) sont en relation
et comme les différentes images de María
Lionza se complémentent les unes les autres. En fait, le tournage de cette scène m’a
donné beaucoup d’idées pour la construction d’une théorie sur les images de la
déesse et pour la rédaction de ma thèse
doctorale.
María Lionza a de multiples visages, elle
est finalement toutes les femmes, selon
les époques, les classes sociales, etc. Et
pour vous ?
Il me semble qu’il n’y a pas de sens à dire
quel est le « vrai » visage de María Lionza.
Comme je le dis à la fin du film, elle est
« toutes les María Lionza à la fois ». Cette
pluralité du personnage met en évidence
que, depuis un point de vue ethnique, nous
sommes face à une figure « hybride » ou,
mieux encore, « métisse », qui ne peut être
rattaché à aucun « groupe ethnique » particulier (à supposer qu’ils existent !). Quant à
la féminité, María Lionza représente tantôt
la femme mûre et protectrice, tantôt la
femme sensuelle et à forte charge érotique.
Bref, María Lionza est la féminité dans sa
plus grande indétermination. C’est justement de là qu’elle tire son pouvoir et qu’elle
peut être réinventée et appropriée par n’importe quel artiste ou croyant.
Quels sont vos projets actuellement ?
J’ai plusieurs projets en tête dont la réalisation d’un deuxième film sur María Lionza,
d’une enquête sur l’esclavage noir au Venezuela et d’un documentaire en Inde, toujours sur le thème des images des dieux.
L’aboutissement de ces projets dépendra
surtout et malheureusement de mes possibilités financières. Néanmoins, je suis optimiste et, en fait, j’ai déjà commencé à faire
une recherche de terrain.
Pensez-vous tourner à nouveau un documentaire ou était–ce seulement pour
votre thèse ?
Je me sens autant cinéaste qu’anthropologue, et je ne conçois pas une chose sans
l’autre. Le cinéma est un outil merveilleux
pour faire des enquêtes ethnologiques, et,
en même temps, les processus sociaux et
culturels que l’anthropologie étudie sont
des sujets très aptes à être portés à l’écran.
Je crois au cinéma ethnologique et je ne
vais pas m’arrêter là. Certains de mes collègues anthropologues contestent l’usage
du cinéma dans les sciences sociales. Inversement, certains cinéastes disent que
nous sommes des amateurs et que nous ne
faisons pas du « vrai cinéma ». Je pense
qu’il faut revendiquer une place pour le
cinéma de recherche, c’est-à-dire pour un
cinéma qui soit à la fois rigoureux anthropologiquement et cinématographiquement
soigné. Il y a des indices qui nous invitent à
l’optimisme : à Barcelone, par exemple,
nous avons, depuis trois ans, un Master en
Anthropologie Visuelle qui marche très
bien, et où je travaille comme professeur.
Bref, ce film n’est pas mon dernier travail :
j’ai terminé récemment un court-métrage
sur les rituels de guérison dans le culte à
María Lionza intitulé « Le sang et la poule »
que j’ai présenté au Musée de l’Homme de
Paris le 25 février dernier et je ferai tout
mon possible pour ne pas m’arrêter là !
Qu’est-ce que cela vous a apporté (de
tourner un film, l’écrire, le tourner, le
monter ?)…
Intellectuellement, beaucoup. Je me suis
rendu compte qu’en faisant du cinéma, je
pouvais découvrir et interpréter le monde
qui nous entoure. Ceci n’est pas si évident.
Beaucoup de documentaires se font dans
des conditions fixées à l’avance. En fait, on
va filmer ce qu’on sait et connait déjà (ou
ce qu’on croit déjà connaître). Moi, je suis
resté plus d’un an sur le terrain et j’ai filmé
plus d’une cinquantaine d’heures. Toutes
mes décisions techniques et esthétiques du
film ont été prises sur une base anthropologique.
Le processus du montage a été aussi très
enrichissant, puisqu’il a été un moment de
réflexion et de construction de l’objet ethnographique. Je montais le matin et je rédigeais la thèse l’après-midi. En anthropologie visuelle, nous concevons le montage
comme faisant entièrement partie du processus de recherche anthropologique. De
plus, j’ai eu la chance de travailler avec
Marc-François Deligne, un monteur fort
expérimenté qui a toujours été à l’écoute et
qui a saisi parfaitement l’idée de María
Lionza que je voulais transmettre dans mon
film.
Interview réalisée par
Pascale Amey, Julien Fayet et Laura Haro
Visages d’une déesse vénézuélienne
2007 / France / 55 minutes / réalisation :
Roger Canals / vostf / production CNRS
Images
Séance de rattrapage
le samedi 21 mars à 15h30
Bibliothèque
du 4ème - Croix Rousse
12 rue de Cuire - 69004 Lyon
tél. : 04 72 10 65 41
Claire Girard
http://www.bm-lyon.fr/pratique/
bibliotheques/bib4.htm
Salsa Picante n° 4
Reflets du Cinéma Ibérique et Latino-américain
U
n cactus américain s’ennuie
ferme, tout seul de son côté,
aux USA ; de l’autre côté,
on chante, on danse, on
boit. Il décide alors de passer au Mexique où il semble faire bon vivre. Voilà
notre héros piquant qui tente de traverser la frontière sous l’œil alcoolisé du
redneck Jo… qui veille ! Une fable édifiante et aigre-douce, animée par Paul
Gómez, jeune réalisateur mexicain
formé à l’université de Guadalajara.
Nous avons eu envie d’en savoir plus
sur ce jeune réalisateur mexicain, très
doué…
Quelles études avez-vous faites à
l’Université de Guadalajara ?
Je suis diplômé en Arts audiovisuels
de l’Université de Guadalajara, promotion 2002-2006.
Que faites-vous actuellement
quels projets développez-vous ?
?
Depuis mi-2008 je travaille sur un autre projet indépendant de court métrage animé intitulé Antenas de conejo. Une sorte d’allégorie d’humour noir
sur le consumérisme de la société actuelle.
Vous ne voulez pas utiliser la 2D ou
la 3D ? Pourquoi avez-vous choisi
le Stop Motion ?
La frontera
Interview du réalisateur Paul GÓmez
Le projet sur lequel je travaille actuellement utilise des techniques d’animation mixtes. Le protagoniste est un
téléviseur qui sera animé en stop motion tandis que les personnages humains avec lesquels il inter-agit sont
faits en toon boom. Un travail dans la
droite ligne de l’Anglais Daniel Greaves et de son studio Tandem qui a
l’habitude de mélanger les techniques
traditionnelles et les nouvelles technologies. Je n’ai pratiquement aucune
expérience dans le domaine de la 3D
et l’utilisation de logiciels pour ça.
J’ai choisi le Stop Motion car c’est une
technique qui permet d’exercer les
différents champs du savoir-faire cinématographique : la photographie, le
dessin d’art, d’une manière plus palpable, plus plastique, ce qui me plait
beaucoup plus que de rester trop longtemps assis en face d’un ordinateur.
La frontera est un excellent film. Il
dénonce la bêtise de la frontière,
c’est pratiquement un film politique !
Mon intention était de faire un travail
qui traite des phénomènes migratoires
qui sont vécus dans ce pays
(Mexique) mais je ne voulais pas qu’à
une première lecture cela apparaisse
comme un pamphlet, comme le fait
traditionnellement un jeune étudiant.
Je voulais apporter un éclairage nouveau, plus frais, moins commun. C’est
pour cela que j’ai décidé de me
concentrer sur un personnage dont les
motivations étaient plutôt d’ordre psychologique, de ne plus se sentir seul.
Cela est parti d’un article que j’ai lu sur
l’augmentation des suicides en décembre de la part des migrants aux
USA. Le fait que le cactus tente de
s’arracher de ses racines, en refusant
sa nature sédentaire est déjà en soi
une action suicidaire.
Comment a été reçu La frontera par
le public mexicain et latinoaméricain ?
Le court a été bien reçu au Festival de
Guadalajara et à celui de Expresión
en Corto. Il a gagné un prix d’animation au festival Creanimax de Guadalajara en 2006 et a été sélectionné
dans d’autres festivals internationaux,
tel que ANIMA à Cordoue. Bien qu’il y
a eu des gens qui, à la lecture du synopsis ont crû qu’ils verraient une histoire de plus sur la frontière avec les
caricatures du coyote et du candidat
au passage, ils ont été déçus de voir
une histoire qui avait plus à voir avec
une toile de fond sociale qu’avec un
sketch animé comique.
Si vous voulez ajouter quelque
chose…
Ce court est ma première expérience
d’animation, à l’exception des travaux
d’apprentissage. Je suis de ceux qui
pensent que l’animation peut être un
genre par le biais duquel on peut
éveiller les consciences sur des thèmes importants plutôt que l’expression
d’une simple flamboyance, de virtuosité ou du caractère d’amusement distrayant pour les enfants, auquel on a
l’habitude de l’associer. J’espère que,
dans la mesure du possible, je vais
pouvoir continuer de raconter des histoires portant des thématiques importantes pour la société, par le biais de
ce genre cinématographique. Merci
beaucoup d’avoir programmé La frontera.
www.lesreflets-cinema.com
Actuellement, je travaille à Victoria
dans l’Etat de Tamaulipas dans le
nord-est du pays. Je travaille dans une
entreprise qui gère la production de
vidéos pour le gouvernement de l’Etat
et quelques campagnes politiques. Je
m’occupe plus particulièrement de la
postproduction et de l’animation, en
faisant des spots animés et des petites couvertures, des contenus pour
internet etc… J’ai également fait des
illustrations pour des imprimeries de
Guadalajara et des story-boards pour
différentes entreprises de production
et pour quelques court métrages
comme Señas particulares de Kenya
Márquez et Mala Memoria d’Alfonso
Esquivas. Ces projets ont tous été
produits par IMCINE.
Regards
Propos recueillis et traduits par
Pascale Amey, Julien Fayet
et Laura Haro
La frontera (2006 / Mexique / 5 :30
minutes / réalisation-sc énariomontage : Paul Gómez / stop motion /
vost anglais / production : Université
de Guadalajara)
La Frontera a été présenté le mardi 3
mars au Sirius
Salsa Picante n° 4
Page 11
Reflets du Cinéma Ibérique et Latino-américain
Regards
T
out en ombres chinoises et sans
paroles, Bendito Machine dénonce le pouvoir, la religion, le
sexe, l’asservissement et la folie
des hommes. Quelque soit le système,
celui-ci engendre ses propres dérives
et révoltes ; le Phénix semble néanmoins devoir toujours renaître de ses
cendres mais jusqu’à quand ?
www.lesreflets-cinema.com
Nous avons souhaité poser quelques
questions à Jossie Malis, le réalisateur,
chileno-péruvien, installé à Barcelone,
et dont le film percutant ne laisse personne indifférent…
Pourquoi avez-vous quitté le Chili ?
Vous qui êtes né au Pérou et qui
avez quitté votre pays pour le Chili,
vous avez fait vos études au Chili
puis vous vous êtes installé à Barcelone. Croyez-vous que l’animation
a plus d’avenir en Europe ?
Je suis né au Pérou, de père chilien et
de mère péruvienne. A 10 ans, ma famille a déménagé au Chili, que j’ai
quitté il y a pratiquement 10 ans, après
m’être consacré quelques années au
dessin et à la publicité. J’ai passé un
moment aux Etats-Unis avant d’arriver
à Barcelone en 2003 pour étudier le
stop motion. Le jour-même où je suis
arrivé, j’ai su que j’allais rester. J’ai
quitté le Chili sur un élan vital, de ceux
que l’on assume joyeusement.
En ce qui concerne l’animation, je ne
sais pas s’il y a plus d’avenir en Europe ou dans une autre partie du
monde, ce qui se passe ici c’est qu’il y
a une industrie puissante au niveau
commercial et, en même temps, il y a
des aides publiques, des circuits de
festivals, beaucoup de gens qui travaillent dans l’animation et de bonnes écoles. Tout bouge bien plus qu’en Amérique du Sud, sans aucun doute mais au
bout du compte, tu dois savoir bien
clairement ce que tu veux : entrer dans
ce circuit commercial ou rester à la
marge en développant tes projets personnels. Au final, ça dépendra de comment tu te débrouilles. L’animation présente cet avantage que tu peux la développer où que tu sois et arriver où tu
veux avec ton travail vu qu’il n’y a pas
de barrière. L’avantage principal c’est
que tu peux bouger d’un pays à l’autre
sans difficulté aucune et à terme ça te
permet de connaître plus de gens qui
bougent dans ce sympathique petit
monde.
Quels projets avez-vous en ce moment ? A quoi travaillez-vous en ce
moment ?
Je suis sur le point de présenter le troisième épisode de Bendito Machine,
je termine aussi un projet d’animation
pour enfants pour une entreprise de
Page 12
Bendito machine
Interview du réalisateur Jossie Malis
production du Chili et prochainement je
vais ouvrir avec une associée un magasin d’illustrations en ligne.
Vous ne voulez pas utiliser la 3D ?
J’ai quelques idées pour des courts
métrages qui, tels que je les imagine,
ne peuvent être développés qu’en 3D.
Je n’ai absolument pas l’intention d’apprendre à faire de l’animation 3D, je
préférerais reprendre le Stop Motion
après avoir terminé avec le projet de
Bendito Machine et laisser un peu de
côté les écrans et les curseurs. J’ai
des collègues qui se consacrent à la
3D et finalement, il faut juste que nous
trouvions un moment pour nous mettre
à faire quelque chose ensemble.
Votre film Bendito Machine est tout
à fait génial. Il dénonce tout : le pouvoir, la religion, le lucre, le sexe…
Qu’avez-vous de plus à dire aujourd’hui ? Est-ce, selon vous, le
rôle d’un réalisateur que de dénoncer ce type de choses ?
J’aime raconter des histoires, réinterpréter et parodier les conduites de l’être humain, dans leur majorité absurdes, et que certains illuminés tentent
de nous vendre jusqu’à plus soif !
D’une part, il est incroyable de voir la
quantité de couleuvres journalières
que la grande majorité des gens est
prête à avaler sans la moindre réflexion ; mais d’autre part, et cela me
réconforte, il existe des outils qui permettent de mettre en contact des milliers de personnes et là, tu peux leur
raconter ton histoire. Beaucoup de
gens réfléchissent et sont inquiets des
mêmes choses que toi, que l’on peut
résumer au final, et qui sentent bien
mauvais depuis pas mal de temps. On
peut les résumer en deux mots : la
peur et l’argent. La liste de ce qu’implique la peur est longue, il y en a pour
tous les goûts et les couleurs. L’argent,
pour sa part, ne provoque jamais la
peur, à moins que tu n’en aies pas !
C’est un jeu macabre dans lequel nous
sommes tous partie prenante, enfin,
pour résumer, ce que j’essaye de faire,
c’est rire de ces thèmes et inviter à la
réflexion, c’est très thérapeutique !!!
Comment Bendito Machine a-t-il été
reçu par le public en Espagne et en
Amérique Latine ?
Bien mieux que je n’aurais pu l’imaginer. A ce jour, il a participé à plus de
150 festivals et mostras tout autour du
monde et il a été primé 22 fois, tant par
des jurys que par le public. Ça me
remplit de joie !
Vous avez quelque chose à ajouter ?
Le bonheur est l’absence de peur.
Propos recueillis par
Pascale Amey, Julien Fayet
et Laura Haro
Bendito Machine
2006 / Pérou-Espagne / 6 minutes /
réalisation : Jossie Malis / animation
2D / vo / production : Zumbakamera
Ce film d’animation a été montré au
Sirius le mardi 3 mars
Séance de rattrapage
le mardi 31 mars à 19h
Bateau péniche le sirius
En face du 4 quai Augagneur
69003 Lyon
tél. : 04 78 71 78 71
www.lesirius.com
Entrée libre
Salsa Picante n° 4
Reflets du Cinéma Ibérique et Latino-américain
S
es films nous ont enthousiasmés, nous avons décidé de lui
poser quelques questions, Carlos Eduardo Nogueira nous ré-
pond :
Regards
Quelle idée vous avez des femmes !!!
Dans vos films, elles sont toutes folles ou
obsédées par leur jeunesse et la beauté
ou schizophrènes ou elles tombent amoureuses de plusieurs hommes, est-ce vraiment votre vision des femmes ?
Les femmes sont folles et elles veulent
vraiment être jeunes et sexy !!! ah ! ah !
ah ! je plaisante ! Au final, c’est la trace
d’une attitude très couramment trouvée
« chez les femmes ». Le fait que l’une de
mes protagonistes, Vanessa, se lie avec
beaucoup beaucoup d’hommes (Pálvida
Vanessa Pérvida) est un cas extrêmement particulier.
Pourquoi y a-t-il autant d’hommes
« faibles » dans vos films et pourquoi si
peu nombreux ?
Parfois, je me dis que l’animation est un
boulot trop pénible ! Il est toujours plus
sympa de travailler avec des femmes. Mais
sérieusement, je pense que le fait d’être un
homme, ça nous attire nous les réalisateurs
de films, ça attire notre attention vers les
femmes et nous pousse à penser à cet
univers que nous aimons mais dont nous
ne faisons pas partie. C’est un peu un truc
de voyeur, quelque chose de très habituel
dans la musique, le cinéma, la poésie. Mais
d’une façon ou d’une autre, dans la trois D,
cela attire l’attention bien plus que dans
d’autres média, les gens ont tendance à
créer des hommes très forts, très masculins et plein de testostérone dans les films
et les jeux vidéo. Moi je ne le fais pas.
L’idée de traiter de ce désordre comme d’un
problème physique m’amuse. Et si l’on pouvait vraiment séparer les différents aspects
de notre personnalité en deux personnes
réelles ? Là était l’idée de départ du film.
Pourquoi avez-vous choisi Milton Gonçalves – immense acteur brésilien comme récitant de l’histoire de Yansan ?
Milton Gonçalves est l’un des meilleurs
acteurs brésiliens. Yansan transporte le
mythe afro-brésilien de Yansan au Japon.
Puisque Milton est noir et qu’il a ses propres racines sur le continent africain, j’ai
pensé que nous pourrions faire entrer en
collision sa narration très émotionnelle
avec le visuel très futuriste et postmoderne créé pour le film. C’est cela la
véritable source de puissance de ce film.
Combien de temps travaillez-vous sur
chaque film ?
Je pense que je n’ai jamais travaillé moins
de 8 mois sur un film. D’autres m’ont pris
bien plus de temps. Vanessa, par exemple,
m’a pris pratiquement 18 mois. Yansan est
beaucoup plus complexe sur des tas d’aspects mais je m’étais amélioré en tant que
modéliste et animateur, ça m’a donc pris
moins de temps.
Salsa Picante n° 4
Interview du réalisateur
Vous travaillez toujours avec Ruggero
Ruschioni, comment vous êtes-vous
rencontrés ?
Ruggero est l’un de mes meilleurs amis.
Nous nous sommes rencontrés à l’Université de São Paulo. Au début des années
90, nous ne pouvions pas faire de
conception assistée par ordinateurs sans
l’aide de machines très chères ; j’ai donc
déménagé dans un labo de la faculté où il
y avait deux ordinateurs graphiques de la
Silicon. Ruggero, en tant que musicien,
se heurtait au même problème pour créer
ses morceaux de musique. Donc on s’est
rencontrés. Nous partageons beaucoup
d’opinions sur le cinéma, l’art etc… et
notre « connection » s’est encore améliorée au fil du temps. Nous avons écrit ensemble le script d’une animation long
métrage, appelée Hex. Je prépare un
nouveau film, avec des acteurs et de la 3
D, appelé Zigurate qui a également été
écrit conjointement. Ruggero est un super
partenaire très créatif.
Travaillez-vous sur un projet particulier en ce moment ?
Je viens juste de terminer mon travail sur
Zigurate ; Ruggero est en train de faire la
bande son et il travaille sur les effets sonores en ce moment-même. Je travaille
également sur un film court qui est contenu dans l’univers de Hex. J’espère que
nous pourrons faire le film long après
cette expérience de courts.
Que pensez-vous de la 3D et de l’industrie cinématographique brésilienne ?
Je pense que la 3D est adaptée pour les
effets visuels réalistes mais je pense que
les gens ont tendance à l’utiliser pour
figurer la réalité. Or, cet outil permet de
jouer avec les couleurs, les lumières, les
textures et les formes dans des proportions que le cinéma ne permet pas. Nous
n’avons pas besoin que les choses semblent être photographiées ou couper le
film comme on le ferait avec une action
filmée et des acteurs. Mais comme toute
technologie, je pense que la 3D commence à se comprendre, des choses
nouvelles et très intéressantes sont en
train de venir !
Propos recueillis et traduits par
Pascale Amey, Julien Fayet et Laura Haro
Quatre courts métrages de Carlos Eduardo
Nogueira (scénario, montage et direction
artistique) et Ruggero Ruschioni (bande
sonore et effets sonores).
Pálvida Vanessa Pérvida
2002 / Brésil / 28 minutes / Scénario, montage, direction artistique : Carlos Eduardo
Nogueira et Michelle Gabriel /Musique :
Ruggero Ruschioni / production : Petrobras
Vanessa souffre de schizophrénie, il lui faut
deux corps… Ange ou démon, dévote ou
perverse ?
Desirella
2004 / Brésil / 11 minutes / Scénario, montage, direction artistique : Carlos Eduardo
Nogueira / son : Ruggero Ruschioni / production : Petrobras
Desirella souhaite la jeunesse éternelle…
Elle chausse des escarpins magiques. Là
voici redevenue jeune, sexy, en un mot
irrésistible ; elle va dévorer le monde…
Multi primé au Brésil, il s’agit là du second
film de Carlos Eduardo Nogueira
Yansan
2006 / Brésil / 18 minutes / Carlos Eduardo
Nogueira / animation 3D / Production : Glaz
Cinema
Yansan, abusée par son père, s’enfuit de la
maison familiale et découvre ses pouvoirs
sur les objets. Seule, elle erre dans les
rues et rencontre Ogum qui, subjugué par
sa beauté, l’enlève et l’épouse. De leur
union, d’abord infructueuse naitront 9 enfants… jusqu’à ce que Xangô, le frère d’Ogum, ne jette son dévolu sur sa bien jolie
belle-sœur…
Canônes para três mulheres
2008 / Brésil / 9 minutes / Carlos Eduardo
Nogueira / animation 3 D / bande sonore :
Ruggero Ruschioni / Production : Glaz
Cinema
La routine de trois femmes dont l’une est
hôtesse de l’air, l’autre infirmière et enfin la
dernière secrétaire. Leur vie sexuelle, leur
retour à la maison etc…
www.lesreflets-cinema.com
Pourquoi traitez-vous de la schizophrénie avec deux corps, dans Pálvida
Vanessa Pérvida ?
Soirée Carlos Eduardo nogueira
Soirée Carlos Eduardo Nogueira
le mardi 31 mars à 19h
Bateau péniche le sirius
En face du 4 quai Augagneur
69003 Lyon
tél. : 04 78 71 78 71
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Entrée libre
Page 13
Reflets du Cinéma Ibérique et Latino-américain
cette rencontre…
Rafael : le groupe a démarré il y a trois ans
approximativement, comme passe-temps
entre voisins d’abord, puis nous avons répété plus régulièrement ; désormais nous
jouons dans des activités associatives.
Aujourd’hui, nous louons un local et nous
jouons chaque fois qu’on nous le demande,
mais nous continuons d’être des amateurs,
et fiers de l’être.
www.lesreflets-cinema.com
Pourquoi la musique des Andes…. N’est
ce pas un peu « daté » ? quel est votre
répertoire dans ce domaine. Qu’écoutez
vous de la musique des Andes d’aujourd’hui ?
INTILLAPUN
I
ls seront à la bibliothèque du 4èmeCroix Rousse le samedi 28 mars à
partir de 15h30 pour un concert exceptionnel qui clôturera les Regards dans
les bibliothèques de la ville de Lyon.
Ils sont cinq mais seuls trois d’entre eux ont
pu répondre à nos questions, les deux autres se préparent sur les plages cubaines
pour le concert qui suivra la projection de
Souvenirs de Madrid de Jacques Duron.
Pourquoi un nom quechua à votre
groupe et… que veut dire Intillapun ?
Tonio : Alors, c’est un nom un peu quechua
qui commence par le soleil (Inti) mais c’est
surtout un délire, en fait, on reprend surtout
des chansons de 3 groupes qui s’appellent
Inti Illimani, Illapu et Quillapayun, et quand
la question s’est posée de comment on
s’appellerait, on a mixé les 3 pour faire finalement Intillapun ;
Thomas : Le nom est venu de lui-même, au
cours d’une séance où nous reprenions des
morceaux d’Inti Illimani, d’Illapu et de Quilapayun.
Par ce mariage et par les musiques qui
composent notre répertoire nous voulons
rendre hommage à tous les peuples d’Amérique Latine, et pas seulement aux Quechuas ou aux Mapuches.
Rafael : C’est pas très orthodoxe mais bon !
Comment vous êtes-vous connus ?
Tonio : Intillapun, c’est surtout l’histoire de
rencontres, d’abord avec Rafa (seul réel
latino du groupe) qui s’est trouvé être mon
voisin sympa du dessus en 1999, à force
d’en parler, j’ai fini par y aller (au Pérou,
Bolivie et Chili) en 2003 avec mon pote
d’enfance (depuis la 6ème) Mickeul, en ramenant charangos et flûtes de pan et de la
musique plein la tête depuis un moment !…
Ensuite, on s’est retrouvés à habiter dans le
même immeuble : le 104 rue Marius Berliet
(haut lieu de la résistance !) : moi au premier, Rafa au 2ème, Mickeul au 3ème et Thomas au 4ème puis, de proches en potes,
Remy nous a rejoint il y a 2 ans.
Thomas : Les 4/5 du groupe ont vécu les
uns sur les autres au « 104 » pendant quelques années, ce qui a facilité grandement
l’organisation des répétitions. Nous avons
rencontré Rémy par amis interposés, mais
au vu de l’entente quasi immédiate qui s’est
produite, j’y vois une part de destin dans
Page 14
Tonio : La musique des Andes, c’est surtout intemporel, ça vient de loin, c’était interdit pour les indiens sous les espagnols,
et ça a la pêche, mais on joue aussi de la
musique cubaine, chilienne des années 70
(Los Jaivas, Victor Jara, Violetta Parra…)
d’ailleurs y a pas que là bas qu’il y avait de
la super bonne musique à cette époque,
aujourd’hui, on écoute surtout Awatinas, un
super groupe Bolivien…mais au niveau
engagement politique, ça vaut quand même
pas Quillapayun.
Thomas : Personnellement j’ai été initié à la
musique andine en arrivant au « 104 » et
séduit par son côté festif ainsi que ses paroles qui la rendent parfaitement actuelle,
certainement pas démodée. Et puis c’est
très enrichissant, musicalement parlant.
Rafael : En réalité, nous ne jouons pas seulement de la musique des Andes même si
elle est pour une part importante dans notre
répertoire ; nous interprétons aussi de la
musique du Mexique, d’Uruguay, de Cuba,
de la musique afro-péruvienne et nous essayons d’élargir le spectre. Moi personnellement, je continue d’écouter Inti Illimani, illapu, les awatinas, les Quila, los Jaivas etc…
ce qui ne m’empêche pas d’écouter aussi
des musiques plus modernes ou d’autres
latitudes.
Pourquoi les chansons révolutionnaires
du Mexique ? n’est-ce pas un peu
« vieux » ? ou trop « typique » ? Ecoutez-vous de la musique mexicaine actuelle ? et si oui, qui et quoi ?
Tonio : Du vieux et du typique : on nous
demande souvent « la Bamba », « El
condor pasa » ou des pubs pour le café !
alors ouais bien sûr que la révolution mexicaine c’est beaucoup trop vieux, et vivement qu’on remette ça pour de bon, petite
dédicace au passage aux camarades du
Chiapas.
Thomas : J’essaye de rester au fait de ce
qui se passe au Mexique (Chiapas, Oaxaca…) mais j’avoue ne pas connaître du tout
la musique contemporaine mexicaine. Sauf
ce que je peux entendre sur Radio Canut le
samedi…
Rafael : Comme le disait Victor Jara « Une
chanson courageuse sera toujours une nouvelle chanson », ceci pour dire que quand
une chanson contient un message
(historique, politique, social etc) la temporalité n’est pas très importante. Qui pourrait
dire que les Misérables de Victor Hugo sont
passés de mode. Pour ce qui est de la musique mexicaine, j’écoute Amparo Ochoa,
Cuco Sanchez (j’adore les corridos et les
rancheras), pour ce qui est plus moderne :
j’écoute Café Tacuba et Los tigres del
Norte.
Pourquoi ces deux pôles très distincts
dans votre répertoire : musique des Andes
et Chansons de la Révolution Mexicaine ?
Tonio : On ne parle pas QUE de la révolution mexicaine, mais aussi de révoltes au
Chili, à Cuba, de l’escapade du Che en Bolivie…Bref, on aime tout ce qui tend à changer radicalement ce monde de merde, les
Chávez, les Morales, (même s’ils sont encore un peu mous ;) mais on aime aussi les
fiestas de carnaval des Andes !
Thomas : Parce que !!
Rafael : en réalité il n’y a pas vraiment de
polarisation sur deux types de musique,
celle des Andes et la musique mexicaine,
notre objectif est de faire voyager le public
en Amérique latine, avec toutes les différences qui l’enrichissent.
Etes-vous déjà allé en Amérique Latine ?
Tonio : En plus des Andes, je suis allé à
Cuba en 2006, d’où j’ai ramené un tres.
Thomas : Non ! Je suis le seul du groupe
dans ce cas là. Mais je suis aussi le seul à
ne pas parler espagnol
Comment avez-vous appris à jouer d’un
instrument « traditionnel » ? (charango,
siku, etc.)
Tonio : Avec un pote musicien du nom de
Marcelo Donoso, adorable et super patient ;
Thomas : Guitare / Guimbarde / Harmonica
(un p’tit peu) : J’ai commencé tout seul, et
puis je dois beaucoup à Rafa depuis que
nous jouons ensemble.
Rafael : j’ai appris la guitare tout petit et le
folkloriste Pedro Yanes a été mon premier
professeur. Puis j’ai pris des cours de cuatro vénézuélien et de kena avec Pablo Morales, qui, à cette époque (les années 80)
jouait dans Barroco Andino.
Quel est le répertoire que vous allez interpréter le samedi 28 pour les spectateurs des Regards ?
Thomas : Vous verrez bien !! Je ne pense
pas qu’il y aura beaucoup de nouveautés vu
que notre groupe a été séparé pendant
quelques semaines…
Rafael : Dos palomitas, el bohio, el alcatraz, la fiesta de San Benito, La muralla, A
Cochabamba me voy…. Entre autres !
Il ne nous reste plus qu’à donner rendezvous à ces joyeux drilles le samedi 28 mars
à partir de 15h30 pour un concert latino qui
prévoit d’être exceptionnel !
Propos recueillis par
Pascale Amey, Julien Fayet et Laura Haro
Contact : Intillapun
Mickael (06 87 57 47 41)
[email protected]
Samedi 28 mars à 15h30
Bibliothèque
du 4ème - Croix Rousse
12 rue de Cuire - 69004 Lyon
tél. : 04 72 10 65 41
Claire Girard
http://www.bm-lyon.fr/pratique/
bibliotheques/bib4.htm
Entrée libre
Salsa Picante n° 4
FIESTA !!!
Reflets du Cinéma Ibérique et Latino-américain
Embarquement immédiat
avec CALLE ALEGRIA
Depuis les 20 ans des Reflets et la Fiesta
de Clôture qu’ils avaient enflammée en
2004, les Calle Alegria ont poursuivi leur
bonhomme de chemin et reviennent plus
en forme que jamais pour fêter les 25 ans
du Festival…
Quelques compilations et trois albums
plus tard, El barrio en 2004, Sin embargo en 2006 et enfin Hasta que qui sortira
d’ici un mois, la bande des quatre des
débuts (Véronique, Angélique, Alice et
Patrice) s’est adjoint un nouveau compère et l’esprit festif est toujours là ! Nous
avons demandé à Véronique ce qu’elle
pensait de leur aventure musicale…
èmes
Depuis la Fiesta de Clôture des 20
Reflets, cinq ans ont passé… En cinq
ans, votre carrière a décollé et vous
avez réalisé 3 disques, n’est-ce pas un
peu rapide ?
En fait, on a réalisé exactement 2 disques et une sortie d’un maxi 5 titres est
prévue le 23 avril 2009 au Sirius à Lyon :
un avant-goût des prochains titres de
l’album Hasta Que qui, lui, sortira fin
2009 ou début 2010. Rapide, je ne suis
pas sûre, car on prend le temps de s’entourer d’une bonne équipe afin de mettre
toutes les chances de notre côté…
Pourquoi vous êtes-vous adjoints un
nouveau complice ?
Qu’est-ce qui vous semble avoir changé, dans votre inspiration ou/et dans
les spectacles du groupe depuis vos
débuts ?
Ce qui a changé dans les spectacles,
c’est d’abord la technique des musiciens
qui s’est améliorée au fil des répétitions,
des nombreux concerts et résidences.
Mais aussi le son et le visuel (lumières,
costumes, enchaînements des morceaux), tout un travail et une rigueur qui
facilitent les prestations. Les nombreux
concerts ne sont pas arrivés seuls. La
création d’un poste de chargé de production au sein de notre association a fortement contribué à l’évolution de nos projets. Stf s’occupe de tout l’administratif, la
communication, la recherche et le suivi
des concerts ainsi que les rencontres
avec de nombreux professionnels. Sinon
notre inspiration n’a pas forcément changé, on compose tous dans le groupe et
Salsa Picante n° 4
l’interview
les idées arrivent comme avant : textes
poétiques, humoristiques, populaires et
engagés sont des sujets que l’on met
toujours en place avec envie, sourire et
fiesta. On a gardé notre côté « familia »,
le plaisir et l’inspiration sont donc toujours là !!!
Si vous deviez dire en quelques mots
ce que ces cinq dernières années
vous ont apporté ?
En quelques mots : maturité, professionnalisme, complicité et joie de vivre avec
la famille des musiciens et musiciennes
qui s’agrandit, et nous conforte dans l’idée de faire ce que l’on aime, la musique, notre musique.
Prévoyez-vous quelque chose de particulier pour la Fiesta de Clôture
2009 ?
La fiesta et un concert inoubliable !
Souhaitez-vous ajouter quelque chose
en particulier pour les spectateurs des
Reflets du cinéma ibérique et latinoaméricain ?
¡Qué viva el arte, la música para todos
en este mundo ! ¡ Hasta pronto ¡
Véro
(paroles lues et approuvées par toute
la Rue de la Joie !!)
Fiesta de clôture
Samedi 14 mars à partir de 20h
Centre Culturel et de la Vie Associative
Salle de Bal
234 cours Emile Zola - Villeurbanne
Métro Ligne A arrêt Flachet
Entrée : 10 € tarif unique
(entrée + 1 boisson)
En vente au Zola jusqu’au 14 mars
+ en vente à l’entrée de la fiesta
Calle Alegria au Zola
Jusqu’à la fin du festival, vous entendrez,
avant chaque séance, des morceaux
inédits de Calle Alegria en véritable exclusivité puisque le nouvel album ne sera en
vente qu’au mois d’avril. Petit cadeau de
Calle Alegria aux festivaliers des Reflets !!!
Alors ouvrez grand vos yeux…
et vos oreilles !!!
www.lesreflets-cinema.com
Suite au départ de notre percussionniste
l’an dernier, nous avons dû trouver une
solution et, naturellement, nous nous
sommes tournés vers le milieu professionnel. Une super rencontre avec Martial Marzoukou Macauley (Les Innocents,
Rachid Taha, ZenZila…) a boosté le
spectacle et enrichi la Rue de la Joie.
Son groove et ses influences font un super mélange avec notre Calle. Cela fait
maintenant un an que l’on travaille ensemble et notre spectacle a vraiment
évolué.
Calle alegria,
Entre reggae et rumba, ça va chauffer !
Calle Alegria sera en première partie de
la Fiesta des Reflets !!!
Pascale Amey
CALLE ALEGRIA
Stéphane Guieux
Email : [email protected]
tél. 06 08 35 37 69
http://www.callealegria.com
http://www.myspace.com/callealegriacom
Page 15
Reflets du Cinéma Ibérique et Latino-américain
Quand un fidèle d’entre les fidèles des Reflets,
romancier à ses heures, choisit le Zola et les
Reflets pour sa prochaine et sanglante nouvelle,
ça donne Sangre y Sangria, une histoire louche
dont nous sommes tous les héros…
Sangre y sangria
Episode 4
Pour lire d’autres exactions de l’auteur :
http://petitesnouvelles.blogspot.com/
Attention, épisode 4 !!!
www.lesreflets-cinema.com
samedi.
fiesta
Comme il n’y a pas eu de meurtre
depuis une semaine (Quel relâchement au niveau de l’organisation !)
la fiesta a été autorisée. Et croyez
moi, on a grand besoin de faire la
fête en ce moment. Ceux qui ont le
plus dérouillé, ce sont tous les potes latinos. Les flics ne les lâchent
pas. Alors pour les soutenir
(moralement) nous tapons dans la
sangria. Chaque année, c’est Michel, le président de l’association
qui prépare le doux breuvage, mais
cette année, avec tous ces évènements, il a un peu la tête à l’envers
et il a méchamment forcé sur l’alcool. Elle dépote sa sangria. Après
deux verres, les premières victimes
grimpent aux rideaux. L’ambiance
est chaude. Avec tous ces flics en
tenue appuyés contre les murs de
la salle, indifférents à la musique,
on se croirait au stade de Gerland
(Sans les Brésiliens, puisque ce
soir, ils sont tous en garde à vue).
Soudain, j’aperçois, au fond de la
salle, ma beauté brune en grande
discussion avec deux hommes que
je n’ai jamais vus ici. Je m’approche bien décidé à l’inviter à danser
et à ne pas la perdre cette fois. Je
suis à quelques mètres d’elle
quand elle me voit. Elle sursaute et
vient à ma rencontre. Elle pose ses
deux mains à plat sur mon torse
pour m’arrêter. Le doux contact me
fait vaciller (Je vous l’ai déjà dit
que j’étais sensible comme garçon)
« Vas-t’en, ne te mêle pas de cela,
je t’expliquerai plus tard » Et elle
me ramène doucement mais fermement au comptoir. Je suis tout
troublé et Laurent vient se moquer
de moi : « Alors Martin, les femmes
te ramènent au bar, maintenant ?
C’est le monde à l’envers. » Je ne
l’écoute pas, tout occupé à détailler
le groupe qui discute. Mon inconnue est avec un bel homme à
peine plus âgé qu’elle et un vieillard aux cheveux rares et blancs.
Le temps que je trempe mes lèvres
dans l’immonde breuvage, et le
groupe a disparu.
Une paire d’heures plus tard, l’ambiance a grimpé dangereusement,
grâce aux musiciens déchaînés et
à la sangria sur-vitaminée, quand
une femme secoue les policiers
endormis, en découvrant (et en
hurlant) dans les toilettes le corps
ensanglanté du vieillard qui a passé la soirée avec ma belle. J’ai
comme l’impression que mon histoire d’amour naissante a du plomb
dans l’aile.
L.
à suivre...
Échos photo
des Reflets
(ça s’est passé pendant les Reflets)
Le réalisateur espagnol Jaime Rosales, venu présenter Un tir dans la tête, juste avant une série
d’interviews. (photo Guillaume Grasse)
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Salsa Picante n° 4
Los
Momentos Picantes
tous les jours à partir de 18h30
chez Capoeira Senzala Lyon
(40 rue Hippolyte Kahn - métro république - Villeurbanne)
Cette année, les Momentos Picantes prennent l’accent brésilien et se dérouleront chez nos amis de l’Association Capoeira Senzala Lyon, à deux pas du Zola.
Les mercredi, jeudi et vendredi à partir de 18h30, retrouvez toute l’équipe de
Senzala et leurs invités pour des moments festifs et conviviaux !
Entrée Libre
Vendredi 13 mars : soirée latino
avec baila conmigo
Initiations et animations : merengue, bachata, salsa, ambiance Caraïbes avec
Baila Conmigo.
Boissons et plats latinos en vente sur place.
www.senzala.org
Los
Momentos Picantes
« Bonus »
Trois concerts vont encore se tenir
à la Brasserie Le Zénith
Restaurants partenaires
des Reflets
Cette année, trois établissements
vous permettent de vous restaurer
pendant les Reflets. Pour s’acheter
un sandwich ou une barquette de
pâtes avant de rejoindre la file d’attente, prendre un verre ou déguster
des tapas entre deux films, ou bien
encore dîner à plusieurs pour finir la
soirée ?
Trois adresses à deux pas du Zola :
Brasserie Le Zénith
73 rue Francis de Pressensé
tél. 04 78 17 28 55
Ouverte tous les jours de 10h à 23h
(samedi et dimanche compris)
Tapas, chili, paëlla, etc.
Pizzeria Zanotti
2 bis cours de la République
tél. 04 72 44 04 15
Ouverte tous les jours à midi et le soir
(samedi et dimanche compris)
Spécialités italiennes, pizzas
et pâtes à emporter.
Crousty Chaud
71 rue de Pressensé
tél. 04 78 94 09 99
Ouvert du lundi au vendredi
De 9h à 19h
Sandwiches, quiches, paninis.
Vendredi 13 mars à partir de 19h : Abraço (musique brésilienne)
Le « Duo Abraço » est né de la rencontre de deux passionnés de musique brésilienne. Josiane
Valsésia (« Josianinha do Pandeiro quebrado » au chant et percussions) et Benjamin Lubrano
(« Benjinho do cavaco » au chant, guitare et cavaquinho). Enrichi de ses voyages au Brésil, ce
duo tendre et rythmé est dans la pure tradition de la musique populaire de Rio de Janeiro.
Mercredi 18 mars à partir de 18h : Les noix de Côco (musique brésilienne)
Le Trio de Côco explore de nombreuses facettes de la musique brésilienne, notamment le
Pagode,ou Samba de Raiz (Samba des racines) dont le principe est de reprendre des sambas des années trente à aujourd'hui; des sambas chantées, pleurées, des airs où la mélancolie et l'allégresse s'entrecroisent.
Entrée libre !!!
1 033
et vous, et vous
et vous !
Dernière minute !!!
www.lesreflets-cinema.com
(73 rue Francis de Pressensé - Villeurbanne - métro république)
Infos pratiques
Ont collaboré à ce numéro : Pascale Amey, Homero Vladimir Arellano, Annie Damidot, Michel
Dulac, Loulou Esparza, Julien Fayet, Laura Haro, Laurent Hugues, Irene Sánchez Miret, Monica
Sessin
Reflets du Cinéma Ibérique et Latino-américain
Ben, rien, désolé…
Tout va bien !
Vous avez participé à l’enquête 2009 et voulez connaître les résultats ?
Vous avez laissé des questions et voulez connaître les réponses ? Vous
trouverez tout cela sur l’Emile N°32 d’octobre 2008 à consulter sur
http://www.lezola.com/Files_archives_emile/qLZ__emile_n_260_32_.pdf
Salsa Picante n° 4
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25èmes Reflets du Cinéma Ibérique et Latino-américain
Cinéma
Comoedia
Cinéma Le Zola
10h
12h
14h
16h15
El tiempo prestado
(16’) +
Barcelona
(un mapa)
(1h30 / vostf)
Inédit
Mer 4
18h30
Ver llover (13’) +
Mutum
(1h30 / vostf)
Parque vía
(1h26 / vostf)
Inédit
20h45
20h
Ouverture
Cartes postales
de Leningrad
(1h30 / vostf)
Avant Première
®
Paseo (13’)+
Tras los visillos (16’) +
Jeu 5
Lo mejor de mi
(1h25 / vostf)
Inédit
Ven 6
La cité
des hommes
(1h50 / vostf)
Sam 7
Fados
(1h27 / vostf)
Soñar
no cuesta nada
(1h40 / vost anglais)
Inédit
Dim 8
Smoking Room
(1h33 / vostf)
Sleep Dealer
(1h30 / vostf)
La dama en
el umbral (14’20) +
De profundis
(1h15)
Inédit
Cartes postales de
Leningrad
(1h30 / vostf)
El tiempo prestado
(13’) +
Los bastardos
(1h30 / vostf)
Interdit - 12 ans
Todos estamos
invitados
(1h35 / vost anglais)
Inédit
Mutum
(1h30 / vostf)
Puisque nous
sommes nés
(1h30 / vostf)
®
Paseo (13’)+
Yo sólo miro (18’) +
Todos estamos
invitados
(1h35 / vost anglais)
Inédit
Un tir dans la tête
(1h34 / sans dialogue)
Avant Première
®
Ver llover (13’) +
18H15
Parque vía
(1h26 / vostf)
Inédit
Lapsus (3’30) +
Leonera
(1h53 / vostf)
Une famille
brésilienne
(1h48 / vostf)
Avant Première
Barcelona
(un mapa)
(1h30 / vostf)
Inédit
La femme sans tête
(1h27 / vostf)
Avant Première
Lun 9
Mutum
(1h30 / vostf)
Travail & Cinéma
Smoking Room
(1h33 / vostf)
®
Travail & Cinéma
Casual Day
(1h34 / vostf)
Inédit ®
La camara oscura
(1h25 / vostf)
Avant Première
Mar 10
Casual Day
(1h34 / vostf)
Inédit
Fados
(1h27 / vostf)
Ce cher
mois d’août
(2h30 / vostf)
Avant Première
El camino
(1h31 / vostf)
Inédit
Si loin
(1h32 / vostf)
Calavera Highway
(1h28 /
vost espagnol)
Inédit ®
Soy Andina
(1h10 /
vo intégrale)
Inédit ®
Jeu 12
Sleep Dealer
(1h30 / vostf)
18H15
Tropa de Elite
(1h55 / vostf)
Interdit - 16 ans
14 kilomètres
(1h35 / vostf)
®
Ven 13
Si loin
(1h32 / vostf)
Los bastardos
(1h30 / vostf)
Interdit - 12 ans
Tony Manero
(1h38 / vostf)
Interdit - 12 ans
Tras los visillos (16’) +
21H
Miranda regresa
(2h22 / vostf)
Inédit
La dama en
el umbral (14’20) +
De profundis
(1h15)
Inédit
Mer 11
La Escala Benzer
(21’20) +
Sam 14
14 kilomètres
(1h35 / vostf)
La cité
des hommes
(1h50 / vostf)
El enemigo
(1h30 / vostf)
Inédit
La sangre brota
(1h40 / vostf)
Dim 15
Puisque nous
sommes nés
(1h30 / vostf)
Soñar
no cuesta nada
(1h40 / vost anglais)
Inédit
Tropa de Elite
(1h55 / vostf)
Interdit - 16 ans
Tony Manero
(1h38 / vostf)
Interdit - 12 ans
Lo mejor de mi
(1h25 / vostf)
Inédit
Hoy no estoy (8’) +
El camino
(1h31 / vostf)
Inédit
Desierto adentro
(1h52 / vostf)
Inédit
La mort d’un
bureaucrate
(1h25 / vostf)
®
Lun 16
16H
Miranda regresa
(2h22 / vostf)
Inédit
Titón, de la Havane
à Guantanamera
(1h33 / vostf)
Inédit
Mar 17
14 kilomètres
(1h35 / vostf)
Leonera
(1h53 / vostf)
El enemigo
(1h30 / vostf)
Inédit
Si loin
(1h32 / vostf)
Mer 18
La mort d’un bureaucrate
(1h25 / vostf)
Harraga (20’) +
La Escala Benzer
(21’20) +
La sangre brota
(1h40 / vostf)
Casual Day
(1h34 / vostf)
Inédit
Desierto adentro
(1h52 / vostf)
Inédit
Una abuela virgen
(1h40 / vostf)
Inédit
Séances non ouvertes aux invitations
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