LE CAMEROUN DANS LES RELATIONS INTERNATIONALES
LE CAMEROUN COLONIAL
SANGO MATHIAS
A- Le Cameroun : du protectorat allemand à la colonie allemande
(1884-1916)
1- L’étabLissement du protectorat aLLemand sur La côte camerounaise
Les Allemands n’étaient pas restés à l’écart des côtes camerounaises. Après 1860, les firmes
allemandes Woermann, ainsi que Jantzen et Thormalen s’impliquèrent davantage dans le
commerce avec les Douala. Aussi, à cause du déclin des activités commerciales autour de
Bimbia, le poste de commerce allemand de Bimbia dut fermer et son personnel fut envoyé au
« Cameroun » (Douala). En 1868, Adolph Woermann, un marchand de Hambourg, fonde une
maison de commerce à Douala. C’est ainsi que les relations commerciales entre Les
Allemands et les Douala s’accrurent réduisant l’influence britannique dans la région. Or,
jusqu’en 1884, l’Allemagne était anticolonialiste. Cette année-là cependant, l’Allemagne se
lança soudainement dans les conquêtes coloniales. Elle acquît un certain nombre de
possessions coloniales au rang desquelles les côtes du « Cameroun ».
En effet, après avoir échoué dans leurs tentatives de demande de protectorat Anglais, les chefs
Douala se retournent vers les Allemands. Le 12 juillet 1884, Eduard Schmidt, Eduard
Woermann et Voss, représentants de l’Allemagne, rencontrèrent les rois Akwa, Bell et leurs
subordonnés à Douala et signèrent le traité Germano-Douala. Ce traité
instituait un
protectorat allemand sur Douala
. Ce traité définitif n’était pas conforme aux clauses du traité
initial. Il modifiait par exemple l’étendue territoriale concernée. Le 14 juillet, le Docteur
Gustave hissa le drapeau Allemand sur la ville de Douala lors de la cérémonie Officielle. Le
drapeau allemand flottait à "Cameroon Towns" devenu "Kamerun" pour les allemands et plus
tard Douala. Max Buchner fut désigné représentant impérial dans le territoire. Le 15 juillet
Nachtigal informa les commerçants britanniques de la signature du traité du 12 juillet.
L’arrivée tardive de Hewett
à Douala justifia son appellation de « too late consul ». Déçu, il
quitta Douala et s’en alla à Victoria qu’il annexa pour le compte de la Grande-Bretagne. En
août 1884, le lieutenant A. Furlonger du Forward signa des traités préliminaires avec les
chefs Batoke pour le gouvernement britannique.
D’autres territoires de la côte connurent le même transfert de souveraineté que Douala par
voie de traité. Ce fut le cas de celui de Bimbia du 11 juillet 1884 entre Eduard Woermann,
Schmidt et Schultze, représentant la firme Woermann, et le roi William de Bimbia ; celui
couvrant la région de Bapuko à Saint-Jean entre les chefs et rois et August Lucke,
Certains universitaires ont réfuté le terme « traité » arguant que l’entente entre l’Allemagne et les rois Douala
était un accord et non un traité. Ndam Njoya, par exemple, dans Le Cameroun dans les relations internationales
écrivit que le traité du 12 juillet 1884 n’en était pas un mais un accord entre des firmes privées allemandes et les
princes Douala. Il souligne que si le traité préliminaire fut signé par le représentant de l’Etat allemand (Emil
Schutze), le traité final ne fut signé que les firmes allemandes au « Cameroun » même si l’Etat allemand le
reconnut plus tard.
L’une des clauses du traité définitif cédait les droits de souveraineté, de législation et d’administration sur le
territoire « Cameroun » aux firmes privées allemandes.
Pour les circonstances qui ont présidé à la signature du traité du 12 juillet 1884 et notamment la compétition qui
eut lieu entre Britanniques, Français et Allemands, voir le cours sur les « conquêtes et résistances au
Cameroun », classe de Première enseignement technique.