Étude de cas sur la problématique de recrutement et de maintien des agents d’inventaires forestier MÉMOIRE DE FIN D’ÉTUDES Soumis comme exigence partielle pour l’obtention du Baccalauréat en science forestière Par Marie-Lou Deschênes FACULTÉ DE FORESTERIE UNIVERSITÉ DE MONCTON (UMCE) AVRIL 2007 ii REMERCIMENTS Je tiens à remercier M. Stephen Wyatt qui m’a guidée dans l’élaboration de ce projet de fin d’études durant ma dernière année de formation. Grâce à lui, j’ai été en mesure d’explorer les phénomènes sociologiques qui entourent certains corps de métiers en foresterie. Je remercie également mon lecteur, M. Michel Soucy, pour son regard critique envers mon travail et pour les explications qu’il m’a données au cours de la rédaction de l’étude. Merci à vous deux pour le temps et la disponibilité que vous m’avez accordés afin que je mène à bien ce projet. Je remercie non moins M. Alain Jacques qui a accepté de participer à cette étude en me faisant part de son opinion sur la problématique étudiée. Je remercie également Madame Denise Dubeault, spécialiste en main-d’oeuvre forestière, de m’avoir fourni une liste de références très pertinentes portant sur le phénomène étudié. Pour terminer, merci à toutes les personnes qui ont su m’encourager et m’appuyer dans la réalisation de ce projet. iii RÉSUMÉ L’objectif de cette recherche fut d’étudier la problématique de recrutement et de maintien de la main-d’œuvre au sein d’une entreprise de consultant forestier dans la province de Québec. Plus particulièrement, l’étude a cherché à déterminer si une firme de consultant forestier avait un problème de recrutement et de maintien des techniciens chargés de réaliser le sondage dendrométrique en forêt. La réponse à cette question a d’abord demandé de vérifier quels sont les facteurs qui influencent le recrutement et le maintien et comment l’entreprise gère l’influence de ces facteurs. La méthodologie utilisée est une étude de cas fondé sur l’observation des travailleurs et sur une entrevue avec le directeur des inventaires de la firme de consultant. L’étude de cas a dévoilé que plusieurs facteurs exercent une influence sur le recrutement et le maintien des techniciens réalisant l’inventaire forestier. L’importance de l’effort physique à déployer, le salaire, l’éloignement, la saisonnalité de l’emploi et l’image sociale de la profession sont des variables prenant part à la problématique. Pourtant, la firme de consultant forestier à l’étude n’a pas de problème de recrutement et de maintien de la maind’oeuvre avec un taux de roulement annuel des agents d’inventaires de 10 %. L’expérience de l’entreprise dans la réalisation de ce type de travaux, le salaire versé aux employés, la qualité de l’hébergement et de la nourriture fournie lors des séjours de travail contribue à la rétention des techniciens dans la compagnie au fil des ans. Mots Clés : étude de cas, travailleurs forestiers, inventaire forestier, recrutement, maintien, main-d’oeuvre, consultant forestier, éloignement, effort physique, salaire, profession forestier, saisonnalité, taux de roulement, problématique iv TABLE DES MATIÈRES Page REMERCIMENTS .................................................................................................................... ii RÉSUMÉ ..................................................................................................................................iii TABLE DES MATIÈRES ........................................................................................................ iv LISTE DES FIGURES ............................................................................................................. vi LISTE DES TABLEAUX ....................................................................................................... vii 1. INTRODUCTION ................................................................................................................ 1 2. REVUE DE LITTÉRATURE .............................................................................................. 3 2.1 FONDEMENT DE L’INVENTAIRE FORESTIER ...................................................... 3 2.2 LITTÉRATURE SUR LES TRAVAILLEURS FORESTIERS .................................... 6 2.3 LITTÉRATURE SUR LA GESTION DES RESSOURCES HUMAINES ................. 11 2.4 CONCLUSION DE LA REVUE DE LA LITTÉRATURE......................................... 28 3. MÉTHODES DE RECHERCHES ..................................................................................... 30 3.1 RECENSION DES FAITS PERTINENTS SE RAPPORTANT À LA PROBLÉMATIQUE ET CHOIX DES TECHNIQUES DE RECHERCHE .............. 33 3.2 MÉTHODE DE COMPILATION ................................................................................ 39 4. RÉSUTATS ........................................................................................................................ 40 4.1 RÉSULTATS DES OBSERVATIONS DES TRAVAILLEURS ................................ 40 4.2 RÉSULTAT DE L’ENTREVUE AVEC LE DIRECTEUR DES INVENTAIRES DE LA FIRME DE CONSULTANT................................................................................. 46 4.3 CONCLUSION DES RÉSULTATS ............................................................................ 52 5. DISCUSSION..................................................................................................................... 53 v 5.1 COMBINAISON DES RÉSULTATS .......................................................................... 53 5.2 PROBLÈME DE RECRUTEMENT ET DE MAINTIEN DE LA MAIN-D’OEUVRE POUR LA FIRME DE CONSULTANT FORESTIER............................................... 55 5.3 FACTEURS INFLUENÇANT LE RECRUTEMENT ET LE MAINTIEN DES TRAVAILLEURS ....................................................................................................... 56 5.4 GESTION DU RECRUTEMENT DANS L’ENTREPRISE ....................................... 59 5.5 GESTION DU MAINTIEN DES TECHNICIENS FORESTIERS DANS L’ENTREPRISE.......................................................................................................... 60 6. CONCLUSION .................................................................................................................. 62 RÉFÉRENCES ........................................................................................................................ 64 ANNEXE 1 .............................................................................................................................. 67 vi LISTE DES FIGURES Page Figure 2.1 Évolution des classes d’âges pour les tous les titres d’emplois reliés à l’industrie forestière de 1996 à 2001........................................................................................ 13 Figure 2.2 Évolution des classes d’âges pour les techniciens forestiers de 1996 à 2001 ......... 14 Figure 2.3 Évolution du nombre d’inscriptions de l’effectif débutant à temps plein pour le programme Technologie forestière pour l’ensemble des Cégeps autorisés pour les sessions d’automne 1996 à 2004 ............................................................................ 15 Figure 2.4 Nombre de diplômes émis au programme Technologie forestière pour l’ensemble des Cégeps autorisés dans les établissements publics pour les années 1996 à 2003 ................................................................................................................................ 16 Figure 2.5 Pyramide des besoins de Maslow ........................................................................... 20 Figure 2.6 Lien entre la pyramide des besoins d’Abraham Maslow et les deux facteurs de Frederic Herzberg ................................................................................................... 22 Source : Réhayem 2003 ............................................................................................................. 22 Figure 2.7 Évolution annuelle moyenne du nombre de salariés dans l’industrie foresterie et exploitation forestière, comprenant les activités de soutien à la foresterie pour la période 1993 à 2005 ............................................................................................... 27 Figure 3.1 Organigramme représentant les étapes de recherche. ............................................. 33 vii LISTE DES TABLEAUX Page Tableau 2.1 Taux de diplômation des nouveaux inscrits ayant suivi le programme de Technologie forestière pour les cohortes de 1996 à 2003 .................................... 15 Tableau 2.2 Types de rémunération ......................................................................................... 24 Tableau 2.3 Possibilité de rémunération................................................................................... 25 Tableau 3.1 Questions portant sur les facteurs influençant le recrutement et le maintien de la main-d’oeuvre. ..................................................................................................... 37 Tableau 3.2 Questions portant sur les concepts de gestion des ressources humaines utilisées par l’entreprise pour remédier à l’impact des facteurs influençant le recrutement et le maintient de la main-d’oeuvre. ..................................................................... 38 Tableau 4.1 Liste de facteurs influençant le recrutement et le maintien de la main-d’oeuvre selon l’observation des travailleurs. ..................................................................... 45 Tableau 4.2 Liste de facteurs influençant le recrutement et le maintien de la main-d’oeuvre selon les résultats de l’entrevue auprès du directeur des inventaires. ................ 47 Tableau 5.1 Combinaison des résultats obtenus auprès des travailleurs et du directeur des inventaires ............................................................................................................ 54 1 1. INTRODUCTION Le secteur de l’aménagement forestier joue un rôle déterminant dans l’industrie québécoise des produits forestiers. Approximativement 16 000 Québécois oeuvraient dans le domaine de l’exploitation forestière et dans les activités de soutien à la foresterie en 2001 (CSMOAF 2005). L’importance de ce secteur dans l’industrie québécoise n’écarte pas l’existence de plusieurs problématiques au niveau de la main-d’œuvre. Plusieurs enquêtes et sondage ont mis en évidence les problématiques telles que la difficulté de recrutement, l’absence de relève, le vieillissement de la main-d’oeuvre, le roulement de personnel et la qualification de la maind'œuvre. Les principaux facteurs en cause sont la faible rémunération, la saisonnalité des emplois, l’éloignement, l’effort physique important, métier peu valorisé et concurrence avec d’autres secteurs d’activité économique (CSMOAF 2005). Malgré le fait que nous sommes conscients de la présence de plusieurs problématiques touchant la main-d’œuvre forestière et des principaux facteurs en cause, peu de recherches spécifiques touchant les agents d’inventaires forestiers ont été réalisées. Cette réalité ainsi que mes expériences d’emplois antérieurs comme technicienne forestière ont guidé mes choix dans la détermination de l’objectif de cette recherche. L’objectif de celle-ci est d’étudier la problématique de recrutement et de maintien de la main-d’œuvre au sein d’une entreprise de consultant forestier dans la province de Québec. Afin d'y arriver, je cherche à déterminer si une firme de consultant forestier a bel et bien un problème de recrutement et de maintien de la main-d’oeuvre. J'examinerai également quels sont les facteurs qui influencent le recrutement et le maintien et comment l’entreprise gère l’influence de ces facteurs? 2 Dans le but d’explorer ces questions, j’ai entrepris une étude de cas. Dans les conditions de cette recherche, le terme travailleur forestier ou technicien forestier désigne les personnes qui sont chargées de réaliser le sondage dendrométrique. Plus particulièrement, ils exécutent des contrats d’inventaire étant octroyés par le MRNF aux compagnies se spécialisant dans ce domaine. Dans un premier temps, il sera question d’une revue de la littérature concernant les travailleurs forestiers et la gestion des ressources humaines. Ensuite, la méthodologie qui a été utilisée dans le cadre de cette recherche sera présentée. Cette partie sera suivie des résultats obtenus auprès des travailleurs et du directeur des inventaires de l’entreprise. Pour faire suite aux résultats obtenus, la section discussion répondra aux questions de recherches en comparant et en analysant les phénomènes observés avec la littérature. Ce projet est une exigence partielle pour l’obtention du Baccalauréat en science forestière de l’Université de Moncton, campus d’Edmundston. 3 2. REVUE DE LITTÉRATURE Pour bien comprendre l’objectif de l’étude il est important de savoir qu’est-ce qu’une problématique de recrutement et de maintien dans une entreprise. Une problématique de recrutement c’est lorsque plusieurs postes sont vacant dans une entreprise ou lorsqu’un employeur a de la difficulté à trouver de la main-d’oeuvre. Une problématique de maintien c’est lorsque le taux de roulement du personnel est élevé et les coûts de formation sont élevés en conséquence du fort taux de roulement. J’ai décidé d’étudier ce sujet auprès d’une entreprise qui réalise l’inventaire forestier puisque la littérature ne nous informe pas précisément sur l’état de cette problématique auprès des entreprises employant des agents d’inventaire. Afin de bien cerner la problématique à l'étude, ce projet débute avec une revue des connaissances existantes. En premier lieu, ce chapitre explique les fondements de l’inventaire forestier au Québec et le contexte de travail des techniciens d’inventaires. Ensuite, deux corpus de littérature seront utilisés : littérature sur les travailleurs forestiers et littérature sur la gestion des ressources humaines. 2.1 FONDEMENT DE L’INVENTAIRE FORESTIER Le MRNF organise des inventaires forestiers pour acquérir et diffuser les connaissances sur les écosystèmes forestiers québécois. L’inventorisation du territoire permet également d’identifier les peuplements forestiers, de mesurer leurs superficies, leur âge et de calculer les volumes de bois sur pied. La périodicité des inventaires (période de 10 ans) donne la possibilité de suivre l’évolution des caractéristiques des peuplements. Ces travaux sont entrepris par les sociétés spécialisées qui s'engagent avec le MRNF par lien contractuel. 4 Le territoire forestier québécois est divisé en unité de sondage afin de tracer le portrait de tous les types de forêt que l’on y trouve (MRNF 2008). Une période de trois ans est nécessaire pour inventorier chaque unité. La période s’échelonne de la manière suivante : 1) Photo-interprétation et cartographie Lors de cette première année, les photos-interprètes délimitent les contours des peuplements forestiers, caractérisent le milieu et déterminent les types écologiques à l'aide des photos-aériennes en format numérique. La construction des cartes numériques est basée à partir de l’information obtenue sur ces photos. 2) Sondage dendrométrique Pendant la deuxième année, l’échantillonnage des peuplements cartographiés est exécuté afin de valider l'information obtenue à partir des photos-aériennes. Sur le terrain, un ensemble de mesures dendrométriques sont prisent par les techniciens. Ces mesures sont prisent à l’intérieur des placettes-échantillons temporaires ou à l’intérieur de placettes-échantillons permanentes. Dans les placettes-échantillons temporaires, on mesure l’âge, la hauteur et le diamètre des arbres, la nature du sol, le drainage, etc. Dans les placettes-échantillons permanentes, on récolte ces mesures ainsi que d'autres données qui serviront à évaluer la croissance des peuplements. 3) Compilation des données Au cours de la troisième année, le personnel du Ministère rassemble les données récoltées lors de l’étape deux afin d’estimer et de qualifier les volumes de bois sur pied disponible dans un territoire forestier donné (MRNF 2008). 5 2.1.1 Caractéristiques des tâches et responsabilités du technicien forestier Les caractéristiques qui suivent sont typiques aux travailleurs participant à la réalisation de l'inventaire forestier pour la firme de consultant à l'étude. Les techniciens forestiers effectuent le sondage dendrométrique des peuplements cartographiés afin de permettre au MRNF d’obtenir des renseignements sur la disponibilité des volumes de bois sur pied. À chaque année, une unité de sondage est inventoriée. La compagnie responsable de la réalisation du contrat planifie, gère et exécute les travaux. Par exemple, les compagnies deviennent responsables d’engager la main-d’oeuvre, de faire un plan de sondage, de trouver un logement approprié dans la région concernée. À la suite de la planification de la réalisation des travaux, des groupes de deux travailleurs sont formés. Chaque équipe est formée d’un chef d’équipe et d’un assistant. Le chef d’équipe est responsable : • de la prise des diamètres des arbres, • de l’identification des défauts sur les essences feuillues, • de l’analyse du peuplement et du site afin de déterminer le nom du peuplement, son âge, le type écologique et le dépôt de surface. L’assistant compile les données dictées par le chef d’équipe dans un ordinateur portable conçu pour ce type de prise de donnée. Il doit sonder les arbres et conserver un échantillon. Généralement, les travaux se déroulent du mois de mai au mois de novembre, et ce, sur des périodes de travail de 10 jours consécutifs suivis de 4 jours de congé. Les travailleurs sont tenus de respecter une productivité de 4 placettes-échantillons par jour. Le niveau de productivité est fixé par la compagnie responsable de l'inventaire sur une 6 unité de sondage donnée. Les placettes-échantillons sont réparties dans divers peuplements sur une virée pouvant varier entre 2 à 4 km aller-retour. Parfois, certaines virées peuvent atteindre plus de 4 km aller-retour. Lorsque celles-ci dépassent 4 km aller-retour, le superviseur ajustera la productivité à atteindre en conséquence. Les unités de sondage changent chaque année. Pour la saison 2007, les unités de sondage se situaient dans la région de la Gaspésie, du Bas-St-Laurent et Nord du Québec. Certaines conditions de travail varient pour les employés oeuvrant dans la région du Nord du Québec. Parfois, la faible accessibilité du territoire (réseau routier limité) oblige l’utilisation de l’hélicoptère comme moyen de transport. De plus, l’éloignement de la région nécessite des périodes de travail de 15 jours consécutifs au lieu de 10 jours. 2.2 LITTÉRATURE SUR LES TRAVAILLEURS FORESTIERS L’analyse des problèmes de recrutement et de maintien de la main-d’œuvre dans une entreprise forestière nécessite d’abord de dresser le portrait des travailleurs forestiers. Grâce à une série d’entrevues, Camille Legendre a dressé le portrait des travailleurs forestiers (bûcherons) qui ont commencé leur travail en forêt à la suite de la Seconde Guerre mondiale (Legendre 2005). La crise économique des années 30 a engendré un délaissement de l’agriculture pour se tourner vers les emplois disponibles en milieu urbain ou vers les métiers en forêts. Certains agriculteurs ont donc décidé de vivre de la forêt plutôt que de quitter le milieu rural. Les premiers travailleurs forestiers, surnommés bûcherons, étaient à l’origine des agriculteurs. Avant les années 50, chaque hiver, de 13 000 à 90 000 Québécois se faisaient bûcherons (Dionne 1997). Cette variation dans le nombre de travailleurs s’explique par le fait qu’à la fin de l’hiver une grande partie des ouvriers retournaient dans leur famille et les autres 7 continuaient de travailler à la drave. Alors, en automne les hommes de maison quittaient leur famille pour se diriger vers les chantiers forestiers. La récolte de la matière ligneuse se réalisait à l’aide de sciotte et de chevaux. Le transport des billots vers les ports maritimes le long du fleuve St-Laurent s’effectuait par la voie des grandes rivières, plus spécifiquement on nommait ce mode de transport le flottage. Sous forme de billots, la matière ligneuse flottait sur les grandes rivières du Québec. Le métier de draveur est issu de ce mode de transport, les draveurs veillaient à faire sauter les digues de billots qui c’étaient formées sur les rivières. Dans les années 60-70, les travailleurs forestiers ont quitté le travail en forêt pour se diriger plutôt vers le travail en usine offert en milieu urbain. Avec un manque de maind’œuvre, la mécanisation des opérations forestières a été inaugurée afin d’augmenter la productivité des opérations forestières. Cependant, celle-ci a entraîné un délaissement des pratiques de récoltes de la matière ligneuse traditionnelle (sciotte et chevaux). Cette grande étape dans l’histoire de la récolte de la matière ligneuse est un début dans la chute de la disponibilité de la main-d’oeuvre forestière et dans le désintéressement de la société envers ce type de métier. Dans le cadre de l’étude d’une problématique de recrutement et de rétention de la main-d’oeuvre pour une compagnie de consultant forestier, la définition du travailleur forestier a été élaborée afin de mieux cerner les grandes dimensions caractérisant le profil d’un travailleur forestier. 2.2.1 Définition du travailleur forestier aux fins de mon étude Un travailleur forestier professionnel a la capacité de réaliser une variété de tâches et responsabilité reliées à l’aménagement des forêts. Il existe deux façons de définir cette profession : soit à l’aide de la formation professionnelle ou soit par les fonctions de l’emploi. 8 Aujourd’hui on distingue trois niveaux de formations : ingénieur, niveau universitaire; technicien, niveau collégial et agent technique, niveau secondaire (Dubois 2001). Selon Dubois (2001), un forestier est celui qui a des fonctions dans le milieu forestier. Par extension, celui qui en vit ou qui l’exploite. Ce dernier définit également un forestier comme étant une personne qui entretient, gère et exploite la forêt (Dubois 2001). Dans le cadre de la problématique étudiée, la main-d’oeuvre qui exécute les travaux terrain a principalement suivi une formation collégiale ou secondaire (technicien et agent forestier). Cependant, certains étudiants au niveau universitaire sont employés durant la saison estivale pour réaliser les travaux terrains. Alors, dans le contexte de cette recherche, le terme travailleur forestier ou technicien forestier désigne les personnes qui sont chargées de réaliser l’inventaire forestier. 2.2.2 Facteurs influençant le travail en forêt Le Comité sectoriel de la main-d’oeuvre en aménagement forestier émet des rapports sur la main-d’oeuvre de l’industrie québécoise de l’aménagement forestier afin de valoriser la mise en valeur et le développement de celle-ci (CSMOAF 2005). À la suite de l’analyse des documents émis par ce comité, cinq facteurs influençant le travail en forêt ont été ressortis : 1. les conditions physiques du travail en forêt; 2. les conditions salariales; 3. l’assurance-emploi; 4. la participation sociale; 5. l’éloignement. 9 Les sections suivantes traiteront chacun des facteurs indépendamment afin d’assurer davantage de compréhension de ceux-ci. 2.2.2.1 Conditions physiques du travail en forêt Dans le contexte de cette étude, la principale saison active des travailleurs forestiers se déroule de mai à novembre. Le travail en forêt implique des déplacements avec l’équipement requis pour la prise de donnés. Par exemple, des rubans de mesurage, une sonde de Pressler et un pied à coulisse. La chaleur, les intempéries et les conditions physiques du terrain influencent la productivité des travailleurs. Tel que mentionne Legendre (2005) et Toupin (2004), les travailleurs forestiers s’entendent pour dire que le principal effort physique à déployer dans une journée se trouve dans les déplacements. Ceux-ci sont influencés par les pourcentages de pentes, les déchets au sol (arbre renversé, débris de coupe), la température et par les distances de déplacement (Toupin 2004). 2.2.2.2 Condition salariale Dépendamment de la spécificité du rôle du travailleur forestier, il sera rémunéré soit à la semaine, à la journée ou bien au rendement. L’exploitation de la matière ligneuse et les travaux sylvicoles sont des domaines où la rémunération à la pièce peut être utilisée par les entreprises. Dans ce type de rémunération, le salaire est directement relié au rendement de chacun (Ex : paiement à l’hectare, au nombre de plants, au nombre de parcelles réalisées). Dans le cadre de l’étude s’appliquant à la compagnie de consultant forestier, les techniciens forestiers sont rémunérés à la journée. Les accidents de travail sont plus nombreux lorsque les salariés sont rémunérés à la pièce puisque leur productivité a un impact direct sur les sommes obtenues à la fin d’une 10 semaine (Toupin 2004). Ce type de rémunération amène les travailleurs à maintenir un rythme de travail constant afin d’atteindre la cible salariale qu’ils se sont établie. Les travailleurs adoptent des comportements imprudents pour assurer leur salaire. De plus, la fatigue engendrée par l’effort physique déployé pour atteindre leur but entraîne davantage d’expositions à des accidents de travail (Langlois 2004; Mercier 2002; Thériault et St-Onge 1999; Olivier 1992; Berthelette et Abenhaim 1984 tiré de Toupin 2004). Le mode de paiement journalier entraîne donc une diminution des accidents de travail. Cependant, ceux-ci ne sont pas complètement éliminés puisque les entreprises exigent une productivité à atteindre et la vitesse de travail est un facteur influençant les risques d’accident de travail. La plupart des recherches traitent des accidents de travail des bûcherons et des débroussailleurs, mais le cas des travailleurs en inventaire qui sont payé à la journée, n’a pas encore été étudié. 2.2.2.3 Assurance-emploi La saisonnalité de l’emploi pour les travailleurs réalisant l’inventaire peut entraîner la demande de prestation d’assurance-emploi durant l’hiver. Selon le Conseil sectoriel de maind’œuvre en aménagement forestier (CSMOAF 2005), les techniciens forestiers travaillent approximativement 30 semaines par année avec en moyenne 47 heures par semaines. D'après ces informations, ils sont éligibles à l’assurance-emploi pendant 22 semaines. Le gouvernement du Canada définit l’assurance-emploi comme étant une assistance financière temporaire aux chômeurs canadiens pendant qu’ils cherchent un nouvel emploi ou perfectionnent leurs compétences (Gouvernement du Canada 2008). 2.2.2.4 La participation sociale et éloignement Habituellement, les travailleurs forestiers doivent se déplacer dans les camps puisque les forêts à inventorier ne se situent pas toujours près des grands centres urbains. Les 11 industries ont construit ces établissements dans l’intention de loger leur employé. Les camps sont souvent en milieu isolé où les travailleurs ne vivent qu’en fonction du travail de production. Dans ce contexte, on définit la participation sociale des ouvriers comme étant leur intérêt et leur présence dans leurs camps. Selon Camille Legendre (2005), le faible degré de participation sociale s’explique par la nature du travail. L’intensité du travail physique, les longues heures de travail, la monotonie de certaines phases du travail sont des facteurs déterminants de leur désintérêt. La principale chose qu’un travailleur pense en revenant aux camps c’est de manger et de reprendre des forces pour le lendemain afin d’être dans la possibilité de recommencer le travail jour après jour. On distingue également un autre type de participation sociale du forestier au niveau du milieu familial et communautaire. Considérant l’éloignement des lieux de travail et la durée des séjours de travail, la plupart sont séparés de leur milieu familial et communautaire pendant une longue période de l’année dans l’intention de gagner leur pain. 2.3 LITTÉRATURE SUR LA GESTION DES RESSOURCES HUMAINES J’ai établi ce corpus de littérature afin de cerner et de comprendre les facteurs influençant le recrutement et la rétention de la main-d’oeuvre forestière. Pour y arriver des concepts de gestion des ressources humaines tel le recrutement, la formation, la mobilisation et la rémunération ont été survolés. La gestion des ressources humaines (GRH) est l’une des activités les plus complexes du gestionnaire, elle doit motiver les équipes de travail vers l’atteinte d’objectifs. Cette complexité repose sur le fait qu’un superviseur encadre formellement plusieurs types de comportement. La qualité de la supervision influence les résultats et le milieu de travail des organisations. Une bonne équipe de superviseurs est un élément essentiel à l’intérieur d’une entreprise qui éprouve des problèmes de recrutement et de 12 rétention de la main-d’oeuvre. Une bonne équipe de superviseur peu influencé positivement le recrutement puisque ce sont eux qui planifient et gèrent la réalisation des travaux (Réhayem 2003). Un superviseur désorganisé peut entraîner une mauvaise réputation de l’entreprise et ainsi réduire le recrutement. Ce phénomène s’applique également à la rétention de la maind’oeuvre dans une entreprise. 2.3.1 Le recrutement Le recrutement regroupe l’ensemble des activités qui visent à fournir à l’entreprise une banque de candidats potentiellement qualifiés parmi lesquels celle-ci fera son choix. Préalablement, le recrutement c’est la détermination des compétences requissent pour un poste particulier. Plus tard, l’entreprise fait connaître la disponibilité du poste et invite les candidats potentiellement qualifiés à poser leurs candidatures (Cascio 1999). L’analyse des rapports émis par le CSMOAF permet d’expliquer la présence d’un problème de recrutement de la main-d’oeuvre dans l’industrie forestière québécoise. Les difficultés de recrutement peuvent s’expliquer par les phénomènes suivants : le vieillissement de la main-d’oeuvre en aménagement forestier, une diminution du nombre d’inscription en aménagement forestier et une mauvaise image de la disponibilité d’emploi dans ce domaine. Le CSMOAF (2005), affirme que le recensement de 1996 et de 2001 indique une nette tendance vers le vieillissement de la main-d’oeuvre dans tous les titres d’emplois reliés à l’industrie forestière. La proportion des travailleurs âgés de 45 ans et plus a augmenté de 6.6 points entre 1996 et 2001 pour tous les titres d’emplois pour atteindre 38.7 % (Figure 2.1). Lorsque nous observons l’évolution des proportions par classe d’âge pour les techniciens forestiers, on remarque la même tendance (Figure 2.2). Parmi ce groupe de travailleur, il est également possible de déceler une augmentation de la proportion du nombre de travailleurs 13 âgés de 45 ans et plus ( + 3.5 points) entre 1996 et 2001. Cependant, le nombre de travailleurs dans la classe d’âge 15-24 ans a connu une augmentation de 4.5 points entre 1996 et 2001. Une baisse de 7.6 points dans la classe d’âge 25-44 entre 1996 et 2001 appuie le fait du vieillissement de la main-d’oeuvre dans cette catégorie d’emploi au profit des 45 ans et plus. 80,00% 70,00% Pourcentage 60,00% Recensement 1996 (proportion en %) 50,00% 40,00% Recensement 2001 (proportion en %) 30,00% 20,00% 10,00% 0,00% 15-24 25-44 45 + Classe d'âges Figure 2.1 Évolution des classes d’âges pour les tous les titres d’emplois reliés à l’industrie forestière de 1996 à 2001 Source : CSMOAF 2005 14 80,00% 70,00% Pourcentage 60,00% 50,00% Recensement 1996 (proportion en %) 40,00% 30,00% Recensement 2001 (proportion en %) 20,00% 10,00% 0,00% 15-24 25-44 45 + Classe d'âges Figure 2.2 Évolution des classes d’âges pour les techniciens forestiers de 1996 à 2001 Source : CSMOAF 2005 Le CSMOAF (2005) déclare que le nombre d’inscription en technique d’aménagement de la forêt est en décroissance (Figure 2.3). Ce programme technique possède la troisième place parmi tous les programmes d’études techniques ayant connu les plus importantes baisses d’inscriptions entre 1999 et 2004 avec 48 %. Il révèle également que contrairement à la baisse importante du nombre d’inscriptions au programme de Technologie forestière, le nombre de diplômes émis a augmenté depuis 1996 (Figure 2.4). Pourtant, le taux de diplomation dans ce programme est en dessous de la moyenne globale de tous les programmes techniques confondus (Tableau 2.1). Selon le rapport émis par le Comité interministériel sur le développement de la main-d’œuvre en aménagement forestier (2001), le délaissement du métier de forestier professionnel s’explique par une rémunération faible, des normes minimales de travail, la saisonnalité, l’endurance physique, les risques élevés d’accidents au travail, l’éloignement et les absences prolongées du foyer, le métier est peu 15 valorisé socialement, peu de reconnaissance des compétences professionnelles, secteur d’activité qui offre peu de sécurité d’emploi. Tableau 2.1 Taux de diplômation des nouveaux inscrits ayant suivi le programme de Technologie forestière pour les cohortes de 1996 à 2003 Taux d'obtention d'un DEC à la fin de la formation prévus de 3 ans (%) Moyenne du taux de diplomation en Technique forestière 19,8 Moyenne du taux de diplomation pour tous les programmes 30,2 Source : CSMOAF 2005 Figure 2.3 Évolution du nombre d’inscriptions de l’effectif débutant à temps plein pour le programme Technologie forestière pour l’ensemble des Cégeps autorisés pour les sessions d’automne 1996 à 2004 Source : CSMOAF 2005 Nombre total de diplômés 16 200 180 160 140 120 100 80 60 40 20 0 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 Année scolaire Nombre de diplômés en aménagement de la forêt Figure 2.4 Nombre de diplômes émis au programme Technologie forestière pour l’ensemble des Cégeps autorisés dans les établissements publics pour les années 1996 à 2003 Source : CSMOAF 2005 Image de la disponibilité d’emploi Une étude émise par Emploi-Québec conclut que les perspectives d’emploi dans le secteur de l’aménagement forestier sont restreintes (Gouvernement du Québec 2007). Cependant, le CSMOAF (2005) vient contredire cette affirmation en critiquant la méthode utilisée pour arriver à cette conclusion. Leur rapport explique qu’Emploi-Québec arrive à cette affirmation en comparant le nombre de chômeurs avec une estimation de la demande de la main-d’oeuvre. L’utilisation du nombre de chômeurs créerait une confusion au niveau du nombre de chômeurs réels dans les emplois ciblés et les personnes ayant déjà vécu une expérience dans le secteur de l’aménagement forestier et qui ne désirent plus travailler dans ce secteur. Le CSMOAF (2005) mentionne que Emploi-Québec prendrait leurs données de base 17 sur la situation des emplois au mois de mars de chaque année, la période où les activités forestières sont à leur plus bas niveau annuel. La réputation des disponibilités d’emplois vis-à-vis ce métier contribue aux problèmes de recrutement. Un futur étudiant qui scrute les divers métiers s’offrant à lui peut remarquer que les disponibilités d’emplois sont restreintes dans le secteur de l’aménagement forestier. Simplement cette petite affirmation par Emploi-Québec aide au désintéressement des futurs étudiants envers ce type de métier (CSMOAF 2005). À la suite de l’analyse des trois phénomènes étant susceptible d’influencer les problèmes de recrutement, on peut conclure que le vieillissement de la main-d’oeuvre en aménagement forestier s’applique lorsqu’on observe l’ensemble de tous les titres d’emplois relié au secteur. Cependant, l’observation des variations du nombre de technicien forestier par classe d’âge entre 1996 et 2001, nous permet de relever la même tendance, mais un grand nombre de diplômés en 2001 vient en partie contredire cette généralité appliquée aux travailleurs de l’industrie forestière. 2.3.2 La formation Cette section s’intéresse à la déclaration du CSMOAF (2005) concernant les méthodes de formation des futurs travailleurs forestiers puisque celle-ci serait en lien avec la problématique de recrutement et de maintien de la main-d’œuvre. Elle nous informe également sur les besoins de formation à l’intérieure de toutes les entreprises en général, les caractéristiques d’un bon programme de formation et les obligations des entreprises en matière de formation au point de vue législatif. 18 La formation professionnelle et technique des étudiants est en lien avec les problèmes de recrutement et de maintien de la main-d’oeuvre forestière. Selon l’enquête effectuée par le CSMOAF (2005), la formation dans les écoles serait mal adaptée à la réalité des entreprises et aux attentes des étudiants du à un manque de formation pratique dans les programmes. Cette faille entraînerait une faible production des nouveaux diplômés et subséquemment plusieurs se décourageraient et quitteraient le domaine. À l'heure actuelle, la formation est une partie importante dans le bon développement d’une entreprise. Cependant, regardons en arrière afin de bien comprendre l’apparition des nombreux programmes de formations dans les compagnies. Un sondage effectué en 1987 démontre que 75 % des entreprises canadiennes ne donnaient pas de formation à leurs employés. Le sondage révèle également que les organisations québécoises investissaient en moyenne 0.6 % de leur masse salariale dans les programmes de formation professionnelle de leurs employés (Cascio 1999). Un bon programme de formation prend en compte l’importance des différences individuelles des employés afin d’atteindre les objectifs de la formation. La vitesse d’apprentissage est différente selon les individus. Certains apprennent très rapidement tandis que d'autres demandent plus de temps et d’explication avant de bien assimiler la matière. Cascio (1999), mentionne que « ces variations dans la démarche d’apprentissage résultent de différences de capacité et de motivation entre les apprenants ». La prise en considération des variations d’apprentissage interindividuelles est remise entre les mains du formateur qui doit adapter son programme selon les besoins d’un groupe d’individus. Conséquemment, en 1995, le gouvernement québécois décide de remédier à cette situation en adoptant la Loi 90. L’objectif de cette loi est d’améliorer les compétences des 19 travailleurs québécois en augmentant la somme d’argent investit par les entreprises dans la formation de leurs mains d’oeuvres. Elle stipule que les employeurs, dont la masse salariale, est supérieure à 250 000 $ à débourser l’équivalent de 1 % de cette masse salariale dans la formation professionnelle de leurs employés. Aujourd’hui, cette loi s’applique à 13.7 % des entreprises du Québec, qui produisent à elles seules 84.6 % de la masse salariale (Cascio 1999). 2.3.3 La mobilisation des ressources humaines Un grand nombre de pratiques de gestion des ressources humaines (GRH) utilise des approches de gestion qui visent à contrôler la performance des employés plutôt que de les impliquer activement dans leur travail. La mobilisation des ressources humaines encourage davantage la participation des employés dans le but d’obtenir un plus haut degré de performance. Elle constitue une pratique de GRH associée à l’organisation du travail, à la communication avec les employés, à l’engagement de l’employé envers l’organisation et la reconnaissance de la contribution des employés (Cascio 1999). D’après les auteurs Wils et al (1998), « un employé mobilisé est une personne qui déploie volontairement des efforts audessus de la normale pour améliorer continuellement son travail, pour l’aligner stratégiquement (c'est-à-dire sur les priorités de l’entreprise) et pour le coordonner au sein de son équipe de travail en coopérant ». Les informations présentées dans cette section nous aident à expliquer le maintien de la main-d’oeuvre au sein d’une entreprise forestière à l’aide de la relation entre la mobilisation et la motivation du personnel. On explique cette relation à l’aide de deux grands modèles théoriques : la théorie des besoins d’Abraham Maslow (1943) et la théorie des caractéristiques de l’emploi de Frederic Herzberg (1968). Celles-ci font référence aux besoins et à la 20 motivation d’un individu. Une entreprise qui contribue à combler les 5 grands besoins établis par Maslow et réussit ainsi à motiver ses employés peut améliorer le maintien des travailleurs dans l’entreprise. Abraham Maslow (1943) a élaboré la théorie des besoins, expliquant que le comportement humain est influencé par la satisfaction de besoins. Sous une forme pyramidale, il a hiérarchisé cinq catégories de besoins (Figure 2.5) (Réhayem 2003). Figure 2.5 Pyramide des besoins de Maslow Source : Le sémioscope 2007 Selon Maslow (1943), on réalise les besoins à la base avant de passer à un niveau supérieur. À la base, on retrouve les besoins physiologiques (se loger, se nourrir, se vêtir, se reposer), ce type de besoins est rattaché à la notion de survie de l’espèce. Les besoins de sécurité se retrouvent au deuxième rang, ils représentent la protection, la stabilité, l’ordre et les lois. Les besoins d’appartenances (troisième rang) sont ceux où un individu désire appartenir à 21 un groupe, avoir des amis, être accepté et être aimé. Les besoins d’estime se retrouvent au quatrième rang, c’est le prolongement, des besoins d’appartenance. L’individu désire atteindre la réussite et être reconnu pour celle-ci. Les besoins d’accomplissement (de réalisation) s’inscrivent au sommet de la pyramide, il vise le développement personnel d’un individu et son désir de créer. La théorie des besoins de Maslow (1943) s’inscrit dans la psychologie du travail, car elle décrit les leviers de motivation d’un individu. Cependant, d’autres éléments influencent la motivation des individus aux travails, la théorie des caractéristiques de l’emploi complète la relation qui existe entre la motivation et la mobilisation des ressources humaines (Réhayem 2003). Selon Frederic Herzberg (1968), certaines particularités de l’emploi contribuent à la motivation de l’employé, alors que d’autres empêchent son sentiment d'incomplétude. Alors, il a défini deux facteurs dans le milieu de travail : 1. Les facteurs de satisfaction sont liés au contenu du travail, ils représentent les niveaux de responsabilités; les défis; la reconnaissance; la possibilité de se développer et les promotions par exemple. En d’autres termes, ce sont des sources de motivation et ils comblent les trois derniers besoins de la pyramide de Maslow (1943). 2. Les facteurs d’hygiènes sont liés aux contextes du travail, ils désignent la rémunération; le style de supervision; les conditions de travail; la sécurité d’emploi et les politiques de l’entreprise. L’absence de certains de ces facteurs peut causer l’insatisfaction d’un employé, pourtant leurs existences ne les motivent pas forcément. La Figure 2.6 représente le lien entre les deux théories, on retrouve les facteurs d’hygiène à la base de la pyramide (besoins physiologiques et besoins de sécurité). Les 22 facteurs de satisfactions répondent aux besoins d’appartenances, les besoins d’estimes et les besoins de réalisation de soi (Réhayem 2003). Figure 2.6 Lien entre la pyramide des besoins d’Abraham Maslow et les deux facteurs de Frederic Herzberg Source : Réhayem 2003 La théorie des besoins et la théorie des caractéristiques de l’emploi permettent de comprendre davantage la relation entre la mobilisation du personnel et la motivation. Il est possible de relier les éléments de la Figure 2.6 avec la problématique à l’étude. Certaines conditions de travail se retrouvent dans la partie inférieure de la pyramide et influencent, à la fois, les besoins physiologiques et de sécurité : • risque d’accident élevé; • saisonnalité des emplois; • environnement difficile; 23 • efforts physiques importants; • éloignement. Dans la partie supérieure de la pyramide, on retrouverait d’autres facteurs pouvant influencer le recrutement et le maintien de la main-d’oeuvre dans le secteur de l’aménagement forestier : • Manque de reconnaissance des compétences professionnelles; • manque de valorisation du métier; • conciliation travail-famille (CSMOAF 2005). À la suite de la disposition des différents facteurs pouvant influencer sur le recrutement et le maintien de la main-d’oeuvre dans les deux parties de la pyramide, nous serons davantage en mesure d’expliquer certains résultats de la recherche. Par exemple, une entreprise qui n’éprouve pas de problème de maintien des employés peut, en autre, se fonder sur l’accomplissement du besoin d’appartenance à l’entreprise. Le sentiment d’appartenance à une entreprise contribue au maintien puisque les travailleurs se sentent pleinement impliqués dans le bon développement de l’entreprise. 2.3.4 La rémunération Lorsque la rémunération représente une reconnaissance du travail, elle peut agir comme levier de mobilisation du personnel (Réhayem 2003). Le rôle de la rémunération globale, les modes de rémunération utilisés pour les travailleurs forestiers et les avantages sociaux reliés au salaire ont été traités dans cette section. En dernier lieu, une analyse générale des statistiques québécoises représentant le nombre d’emploi en foresterie a été réalisée. 24 2.3.4.1 La rémunération globale La rémunération globale se définit comme étant l’ensemble des compensations financières et non financières consenties aux employés (Réhayem 2003). Les avantages sociaux reliés au salaire de base d’un employé sont une partie intégrante de la rémunération globale. Le CSMOAF (2006) distingue deux types de rémunération : la rémunération directe et indirecte. La rémunération directe comprend les salaires de base et la rémunération indirecte renferme les avantages sociaux et les services offerts par l’entreprise (Tableau 2.2). Tableau 2.2 Types de rémunération Types de rémunération Rémunération directe Rémunération indirecte Salaire de base Assurance collective Boni ou prime de rendement REER collectif Participation aux profits Prime aux initiatives Octroi d'options ou d'actions de l'entreprise Allocation de dépenses d'affaires Source : CSMOAF 2006 Dans l’établissement des politiques de rémunération, les entreprises possèdent une variété de possibilités de rémunération. Dans le milieu forestier, certains modes de rémunération sont davantage utilisés (Tableau 2.3). Les modes de rémunérations peuvent influencer la motivation des employés. L’étude de Toupin (2004) indique que les travailleurs sont plus imprudents dans leur manoeuvre de travail afin d’atteindre leur objectif salarial malgré des conditions terrain difficiles. Ceci nous indique que parvenir à l’objectif salarial constitue un élément important de motivation tout en devenant un risque supplémentaire d’accident de travail. 25 Tableau 2.3 Possibilité de rémunération Modes de rémunération Description Rémunération à l'heure Taux à l'heure Rémunération à la journée Taux à la journée Rémunération à la semaine Taux à la semaine Rémunération à forfait Rémunération mixte Compensations Primes Taux à l'hectare, aux nombre de plants, aux volumes récoltés Combinaison d'un salaire de base fixe et rémunération à forfait Compte de dépense pour déplacement, avantage financier pour travail de nuit et de fin de semaine Bonus de production pour augmenter le rendement des travailleurs Primes de groupe Pour encourager la collaboration à l'intérieur d'une équipe Gratifications Employé du mois ou de l'année Remise de prime proportionnelle aux profits pour une période donnée Développement le sentiment d'appartenance envers Achat de part ou d'actions dans l'entreprise l'entreprise Participation aux profits Source : CSMOAF 2006 Avantages sociaux Les avantages sociaux peuvent se traduire sous différentes façons, il existe des bénéfices financiers reliés au salaire, des bénéfices non financiers et des facteurs améliorants la qualité de vie. • Bénéfice financier relié au salaire : bonus de production, frais de voyage ou de transport fourni, contribution REER, assurance-médicaments. 26 • Bénéfice non financier/marginaux : vacances et congés, gymnase et café gratuit, garderie à proximité ou dans l’immeuble. • Qualité de vie : région/ville, disponibilité d’emploi pour conjoint, coût de la vie, plusieurs types de loisirs et de divertissements sont offerts dans la région. Les bénéfices non financiers sont à l’avantage des employés, mais ils peuvent être avantageux autant pour l’employeur que l’employé. Par exemple, la Société d’exploitation des ressources de la Neigette (SERN) dans le comté de Rimouski a entrepris un programme visant l’amélioration cardiovasculaire de la main-d’œuvre forestière. Un programme d’entraînement a été construit avec comme objectif de valoriser le métier de travailleur forestier en améliorant les conditions physiques. Le service est offert par un club d’entraînement de la région et financé par le gouvernement du Québec dans le cadre d’une expérimentation. Les travailleurs participants au programme ont fait baisser leur tension artérielle jusqu’à 125 sur 79 comparativement au groupe témoin dont la tension artérielle moyenne était de 141 sur 80. En plus, les travailleurs affiliés au programme ont perdu de la matière grasse et augmentée leur masse maigre. Les effets se répercutant sur le travail se traduisent par une meilleure productivité et aucun accident de travail (Thériault 2004). Un programme d’entraînement offert aux employés est autant bénéfique pour eux (santé) que pour l’entreprise (productivité et accident de travail) (Thériault 2004). Bien entendu, les coûts encourus par ce type de programme s’élèvent entre 37 000 $ et 40 000 $ seulement pour un groupe de 10 travailleurs. Cependant, les entreprises ingénieuses pourraient diminuer ces coûts en offrant des rabais dans des centres d’entraînements au lieu de défrayer tous les coûts pour un programme d’entraînement. 27 Le lien entre la problématique à l’étude et les avantages sociaux s’expliquent par le fait que ces avantages peuvent contribuer à des problèmes de recrutement et de maintien de la main-d’oeuvre au sein d’une entreprise particulière. 2.3.4.2 Statistiques québécoises concernant l’évolution du nombre d’emploi Les statistiques portant sur le nombre d’emploi direct dans le domaine de l’exploitation forestière et des activités de soutien à la foresterie peuvent expliquer les problèmes de recrutement de la main-d’oeuvre dans les entreprises. Il est possible de déceler une diminution relativement constante du nombre total de salariés de l’industrie depuis 1997, malgré des gains Nombre total de salariés temporaires entre 2003 et 2004 (Figure 2.7). 24000 21000 18000 15000 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 Moyenne annuelle Année Figure 2.7 Évolution annuelle moyenne du nombre de salariés dans l’industrie foresterie et exploitation forestière, comprenant les activités de soutien à la foresterie pour la période 1993 à 2005 Source : CSMOAF 2005 28 2.4 CONCLUSION DE LA REVUE DE LA LITTÉRATURE À l'aide de la revue de la littérature, un cadre de référence a été élaboré. Le cadre de référence guidant les observations faites sur le terrain est issu de la revue de littérature. L’analyse de la littérature a permis de ressortir six éléments étant susceptible d’influencer le recrutement et le maintien des agents d’inventaires. Les points suivants ont été utilisés afin de diriger la récolte des données dans l’étude de cas : 1. Travail physiques : effet de la météo, topographie, accessibilité du territoire, perturbation des peuplement sur le travail physique à déployer 2. Rémunération du travailleur : mode de rémunération, satisfaction des salaires 3. Nombre d’heures de travail journalier; 4. productivité versus rémunération : nombre d`’heure nécessaire pour atteindre la productivité demandé 5. méthode de travail : répartition des tâches entre les membres de l’équipe et influence sur la productivité de l’équipe 6. éloignement et participation sociale : durée des périodes de travail L’évolution du métier de forestier et les multiples spécialités s’y rattachant demandent d’élaborer le profil du travailleur forestier dans le contexte d’une compagnie de consultant forestier oeuvrant dans la réalisation d’inventaire forestier. Les grandes dimensions déterminant le profil du travailleur forestier sont les conditions physiques du travail en forêt; les conditions salariales; l’assurance-emploi; la participation sociale et l’éloignement. Afin d’assurer la compréhension et l’explication des causes engendrant des problèmes de recrutement et de rétention de la main-d’oeuvre, le cadre de référence s’étend également 29 jusqu’à la description de concept de gestion de personnel. Des concepts tels, le recrutement, la formation, la mobilisation de la main-d’oeuvre ont été expliqués. À partir du moment où l’élaboration du cadre de référence est terminée, il est possible de réaliser une entrevue et des observations sur la population enquêtée. 30 3. MÉTHODES DE RECHERCHES L’objectif de cette recherche est d’étudier la problématique de recrutement et de maintien de la main-d’œuvre au sein d’une entreprise de consultant forestier établie dans la province de Québec. Plus particulièrement, je cherche à répondre aux trois questions suivantes : 1. L’entreprise a-t-elle un problème de recrutement et de maintien des techniciens forestiers? 2. Quels sont les facteurs qui influencent le recrutement et le maintien des techniciens en inventaire forestier pour une entreprise de consultant forestier établie au Québec? 3. De quelle façon l’entreprise gère t’elle le recrutement et le maintien des techniciens forestiers réalisant l’inventaire forestier? À l’aide de ces questions, il sera plus aisé de répondre à l’objectif de la recherche en établissant un lien avec la problématique étudiée. Chacune des questions de recherche contient deux volets, le recrutement et le maintien. Cependant, j’ai traité distinctement ces volets au niveau de la présentation des résultats et de leur analyse puisque les explications aux questions ne sont pas nécessairement les mêmes pour le recrutement et le maintien. Dans le but d’explorer ces questions, j’ai entrepris une étude de cas. La méthode de recherche (étude de cas) utilisée consiste dans l’examen détaillé et complet d’un phénomène lié à une entité sociale. L’entité peut être un individu, un groupe, une 31 famille, une communauté ou une organisation (Gauthier 2000) (Fortin et al. 2006). Selon Fortin et al. (2005) l’étude de cas peut remplir deux buts : 1. Accroître les connaissances que l’on possède sur un groupe ou un individu; 2. faire la rédaction d’hypothèses à ce propos, ou étudier les changements susceptibles de se produire dans le temps chez l’individu ou le groupe (Fortin et al. 2006). Dans cette étude de cas, l’objectif principal s'inscrit dans le premier de ces deux buts, on veut accroître nos connaissances sur un groupe de travailleurs forestiers œuvrant dans une firme de consultant forestier parce que la littérature généralise les problématiques de maind’œuvre à l’ensemble de l’industrie forestière. Selon le type de données ou d’information recueillie, une étude de cas peut être qualitative ou quantitative. La présente étude de cas est qualitative, ce qui signifie que la recherche s’intéresse à une problématique particulière vécue par une organisation précise. L’obtention d’une liste de résultats peut se faire à l’aide de diverses techniques comme les questionnaires, les entrevues, des observations, un journal de bord (Fortin et al. 2006). Dans le cadre de cette recherche, j’ai utilisé l’entrevue et l’observation comme technique de recueil d’information pour ensuite ressortir les principales tendances. Certains scientifiques reprochent le manque de rigueur scientifique aux études de cas. Cependant, un auteur comme Yin (2003) défend les études de cas en précisant qu’elles possèdent une valeur réelle du point de vue scientifique puisqu’elles permettent de réaliser une analyse poussée de comportements ou de phénomènes (Fortin et al. 2006). À la suite d’une brève description de l’étude cas, on peut passer à l’énumération des avantages et des désavantages de son utilisation. a) Les avantages 32 • Obtention d’information détaillée sur un phénomène particulier ou nouveau; • permet de ressortir et de synthétiser les tendances et les idées pour un sujet précis; • permet d’établir des relations entre les variables à l’étude; • donne la possibilité de conduire à la formulation d’hypothèse ou d’ouvrir des portes vers d’autres études plus approfondies sur le sujet (Fortin et al. 2006). b) Les désavantages Ce type d’étude possède des possibilités limitées : • les résultats peuvent être généralisés à d’autres populations ou situations; • les données peuvent être en nombre insuffisant ou difficilement comparable entre elles (Fortin et al. 2006). En terminant, on peut conclure qu’il est important de choisir la bonne méthode de recherche dans le but de répondre à l’objectif de l’étude. À partir du moment où les objectifs de recherche sont établis, on élabore un organigramme des différentes étapes à réaliser dans l’intention d’atteindre les objectifs de recherches. La Figure 3.1 résume l’ensemble des étapes que j’ai accomplies dans la rédaction de cette étude. 33 Détermination de la problématique à Établissement des objectifs de recherche l'étude Détermination du devis de recherche Recension des faits pertinents se rapportant à la problématique Entrevue et observation de la population enquêtée Compilation des résultats obtenus Analyse des résultats Conclusion Figure 3.1 Organigramme représentant les étapes de recherche. 3.1 RECENSION DES FAITS PERTINENTS SE RAPPORTANT À LA PROBLÉMATIQUE ET CHOIX DES TECHNIQUES DE RECHERCHE Dans cette étude, la revue de la littérature est utilisée en tant que cadre de référence. Postérieurement à la réalisation de cette première étape, il est possible de déterminer et de mettre au point les modes de collecte de données. Les méthodes utilisées sont l’observation et l’entrevue. D’abord, j’explique les deux modes de collecte de données. 3.1.1 Entrevus et observations de la population enquêté L’observation des agents d’inventaires contient des limites au point de vue de la récolte d’information puisque les observations doivent être généralisées à un groupe de travail et non ressortir d’un seul individu. Dans l’intention de compléter la réponse à cet objectif, le directeur des inventaires a été interrogé. Les observations ont été faites sur un groupe de dix travailleurs selon les principaux points présentés dans le cadre de référence. 3.1.1.1 Observation des travailleurs 34 Dans le cadre d’une recherche, le terme « observation » peut posséder plusieurs variations dans son sens (De Ketele & Rogiers 1996). La plupart des chercheurs utilisent les observations avant d’émettre une hypothèse de recherche. Cependant, on peut inférer qu’il considère ce phénomène comme étant actuellement défini sous un seul sens puisque rares sont ceux qui s’efforcent de définir l’observation. Ils utilisent ensuite ce terme dans leur recherche de manière équivoque avec une attribution au particulier d’une valeur générale (De Ketele & Rogiers 1996). Pour faire suite à ces observations, certains auteurs (De Ketele & Rogiers 1996) ont donc décidé de définir le terme observation en son premier et second sens. La définition du terme observation en son sens premier est : « Observer est un processus incluant l’attention volontaire et l’intelligence, orienté par un objectif terminal ou organisateur et dirigé sur un objet pour en recueillir des informations ». Il est maintenant possible d’affirmer que « l’observation est un processus et non un mécanisme simple de reproduction comme celui de la photocopie » (De Ketele & Rogiers 1996). Dans le contexte de cette recherche, l’observation est réalisée et guidée sous un cadre de référence (Chapitre 2). Les limites d’observances créées par ce cadre amènent le processus d’observation à prendre un sens plus singulier. Voici la définition du terme observation en son second sens selon De Ketele (1980) : « À l'origine, observer signifiait « se conformer à ce qui est prescrit » (se mettre en position de serf devant la loi). De ce fait, on parle d’observance : on surveille, on observe quiconque enfreint la règle pour lui faire une observation [...] » (De Ketele & Rogiers 1996). Les auteurs De Ketele & Rogiers (1996) définissent l’observation en son second sens afin de mieux comprendre les différentes significations plus particulières que peut prendre l’observation. Voici les définitions dérivées du premier sens qu’ils nous présentent : 35 • Aptitude à développer son sens de l’observation; • méthode pédagogique; • méthode clinique ( psychologie du comportement humain); • phase exploratoire permettant l’émission d’une hypothèse, dans le cadre d’une recherche expérimentale; • résultat : l’observation est le résultat de l’acte d’observer suivi de l’acte d’interpréter, ce qui suppose pour le chercheur la référence à un cadre théorique de référence (De Ketele & Rogiers 1996). Dans le contexte de la présente étude de cas, c’est une observation participante des travailleurs forestiers qui a été réalisée. En d’autres termes, moi-même en tant que travailleuse forestière, je réalisais le même travail que la population observée. J’ai établi les objectifs de recherche et les méthodes de prise de données, avant d’entamer l’emploi. Ce mode de collecte de donnée a été réalisé dans l’intention de répondre aux questions de recherche. Il est important de noter que les résultats des informations obtenues sont parfois issus de discussions avec les travailleurs (Ex : expérience de travail antérieure). Ces discussions ont eu lieu pendant le travail et après le travail. 3.1.1.2 Entrevue avec le directeur J’ai décidé d’interroger le directeur des inventaires de la firme à l’étude afin de compléter mes observations réalisées auprès des travailleurs. La rédaction détaillée des observations a été faite en premier afin de me permettre de les synthétiser. Ensuite, j’ai construit une banque de question pour l’entretien avec le directeur des inventaires. L’entretien a été enregistré afin d’assurer la justesse des réponses lors de leur rédaction. Par la suite, 36 j’étais dans la possibilité de ressortir l’information me permettant les réponses aux questions de recherche. Les questions de l’entrevue avec le directeur des inventaires sont basé sur le contenu des observations Dans le but de comparer la vision des travailleurs et celles du directeur des inventaires qui coordonne les travaux, des questions portant sur les énoncés mentionnés précédemment (point 1 à 6, section 3.1.2.1) ont été posées. Précisément, la première série de questions porte sur les exigences du travail physiques, les conditions salariales, les tâches reliées au travail, l’éloignement et la participation sociale (Tableau 3.1). Ensuite, elle porte sur les concepts de gestion des ressources humaines comme le recrutement, la formation et la mobilisation des employés (Tableau 3.2). Selon De Ketele et Rogiers (1996), la définition de l’entrevue est une méthode de recueil d’information qui consiste en des entretiens oraux, individuels ou de groupes, avec plusieurs personnes sélectionnées soigneusement, afin d’obtenir des informations sur des faits ou des représentations, dont on analyse le degré de pertinence, de validité et de fiabilité en regard des objectifs du recueil d’informations. 37 Tableau 3.1 Questions portant sur les facteurs influençant le recrutement et le maintien de la main-d’oeuvre. Exigences du travail physique 1.1 Quelles sont les exigences physiques du travail? 1.2 Quels sont les facteurs qui influencent, c’est exigence? Condition salariale 2.1 Salaire moyen d’un travailleur? 2.2 Est-ce qu’ils sont basés sur le rendement ou bien c’est à l’heure, à la journée ou à la semaine? Tâches reliées au travail 3.1 Combien d’heures de travail par jour pour un employé? 3.2 Qu’est-ce qui influence le nombre d’heures travaillé dans une journée? Est-ce qu’un certain nombre d’heures par jour est visé par les travailleurs? Si oui, de combien s’agit-il et comment font-ils pour l’atteindre? Est-ce que les travailleurs élaborent des moyens pour augmenter leur productivité? 3.3 3.4 3.5 Combien de parcelles doivent-ils faire par jour? 3.6 Est-ce que les employés doivent travailler le soir? Si oui, quelles sont leurs tâches? 3.7 En général, les travailleurs sont-ils satisfaits de leurs salaires? 3.8 Quels sont les avantages sociaux reliés à la rémunération des employés? Éloignement et participation sociale 4.1 Croyez-vous que l’éloignement du travail affecte les travailleurs? Si oui, comment (hébergement, loisirs, famille...)? 4.2 Quelle est la longueur des périodes de travail? 4.3 L’aspect saisonnier du travail : avantage ou désavantage? 4.4 L’entreprise donne-t-elle du travail de bureau l’hiver? Si oui, lequel? Comment croyez-vous que le métier de travailleur forestier affecte la participation sociale? Comment croyez-vous que la société voit la profession de forestier? 4.5 4.6 38 Tableau 3.2 Questions portant sur les concepts de gestion des ressources humaines utilisées par l’entreprise pour remédier à l’impact des facteurs influençant le recrutement et le maintient de la main-d’oeuvre. Recrutement 5.1 Principales compétences recherchées chez les candidats lors du recrutement? 5.2 Quels sont les modes de recrutement? 5.3 Quels sont les coûts approximatifs reliés au recrutement par années? 5.4 Quel est le taux de roulement du personnel qui réalise l’inventaire forestier? 5.4.1 Quel est l'impact économique sur l'entreprise due au taux de roulement du personnel? (avantage et désavantage) *(Que le taux de roulement soit bas ou élevé, je désire avoir de l'information sur l'impact économique dans la mesure du possible) 5.4.2 Impact sur le taux d'accident de travail, la masse salariale, les coûts de formation, la productivité et la performance des travailleurs Formation 6.1 Avez-vous établi des programmes de formation pour améliorer le rendement des personnes, des groupes ou de l’organisation? 6.2 Quels sont les techniques et méthodes de formation employés? 6.4 Comment évaluez-vous l’atteinte des objectifs de formation? 6.5 Quel est le pourcentage de la masse salariale investi dans la formation des employés? Mobilisation des ressources humaines 7.1 Pratiquez-vous la mobilisation des ressources humaines? Si oui, comment? (La mobilisation des ressources humaines est une pratique de gestion des ressources humaines (GRH) associées à l’organisation du travail, à la communication avec les employés, à l’engagement de l’employé envers l’organisation et la reconnaissance de la contribution des employés (Cascio 1999). 39 3.2 MÉTHODE DE COMPILATION En premier lieu, j’ai fait la rédaction des observations des travailleurs selon les grandes dimensions définies dans le cadre de référence : exigences physiques du travail, rémunération du travailleur, nombre d’heures de travail journalier, productivité versus rémunération, méthode de travail, éloignement et participation sociale. À partir de ces informations, j’ai construit un questionnaire afin de vérifier auprès du directeur des inventaires si mes observations s’accordaient avec sa vision du travail d’un technicien forestier réalisant l’inventaire. Ensuite, une entrevue en personne a eu lieu entre moi et le directeur des inventaires de la firme. J’ai enregistré cet entretien afin d’être fidèles aux réponses lors de la rédaction. Une fois que la rédaction des observations et de l’entretien était faite, j’étais en mesure de construire des tableaux synthèses montrant les facteurs étant susceptibles d’influencer soit le recrutement ou le maintien des travailleurs forestiers. J’ai établi trois tableaux synthèse : soit un pour les observations, un pour l’entrevue et un montrant la combinaison des résultats. Ce type de démonstration des résultats (tableau synthèse) m’a permis de relever les grandes tendances en fonction des objectifs de l’étude. 40 4. RÉSUTATS Un ensemble de facteurs est susceptible de donner lieu à des problèmes de recrutement et de maintien de la main-d’oeuvre dans une compagnie de consultant forestier. À la lumière de la revue de la littérature et du cadre de référence utilisé pour faire les observations, les principaux facteurs en cause sont l’exigence physique élevée, le traitement salarial, la qualité de vie au travail et l’éloignement. La première partie des résultats provient d’observation réalisée auprès de dix travailleurs ouvrant pour une compagnie de consultant forestier. La deuxième partie résulte d’une entrevue auprès du directeur des inventaires d’une firme de consultant forestier. 4.1 RÉSULTATS DES OBSERVATIONS DES TRAVAILLEURS Le détail des observations portant sur l’exigence du travail physique, le traitement salarial, l’éloignement et la qualité de vie au travail est présenté en premier lieu. Ensuite, on retrouve une synthèse des résultats obtenus suite aux observations (Tableau 4.1). La synthèse montre si un facteur influence le recrutement et le maintien à la fois ou bien s’il affecte seulement le recrutement ou seulement le maintien. 4.1.1 L’exigence du travail physique L’exigence physique qui doit être déployé durant une journée de travail varie selon les conditions terrains. Celles-ci sont influencées par les perturbations des peuplements, par exemple, un chablis partiel, une épidémie légère ou un ancien feu. Ce type de perturbation augmente le nombre d’arbres au sol et ralentit la vitesse de marche. La pente, les types et la structure des peuplements influencent aussi les déplacements. Le relief augmente l’effort physique à déployer lorsque le terrain est en pente. Supposons une même distance de marche 41 dans un peuplement de résineux avec une densité élevée de régénération en sous-étage et ce même peuplement avec une faible densité de régénération. Les déplacements seront beaucoup plus aisés et rapides dans le deuxième peuplement. La faible accessibilité du territoire à inventorier entraîne parfois quelques kilomètres (2 ou 3) supplémentaires de marche. Cela peut signifier, que les infrastructures pour atteindre un secteur particulier sont tellement anciennes que la végétation a envahi la structure et empêche ainsi les déplacements motorisés. Elle peut également désigner qu’aucun chemin n’a été construit pour atteindre un territoire particulier. Les travailleurs doivent donc utiliser un moyen de transport aérien pour atteindre le secteur de travail. De tels moyens de transport demandent un effort physique supplémentaire de la part des travailleurs. Ils mentionnent qu’un déplacement en hélicoptère nécessite une trouée d’envergure près des peuplements à inventorier durant une journée. Cependant, ces espaces où l’hélicoptère est dans la mesure de déposer les techniciens se trouvent parfois à deux ou trois kilomètres du secteur de travail. Donc, si on prend en compte les distances de déplacements entre les peuplements à inventorier et le retour au point de départ, la distance de déplacement journalière peut s’élever à six kilomètres. Les travailleurs expliquent qu’en plus, des distances de déplacements, le temps est limitant lors de l’utilisation de transport aérien. Les heures de retours sont précisées en début de journée et les équipes doivent être ponctuelles du fait que l’hélicoptère ou l’hydravion ne loge pas toutes les équipes, donc plus d’un aller-retour est effectué. En résumé, les agents d’inventaire doivent déployer un effort physique supplémentaire lorsque l’accessibilité du secteur de travail diminue. D'autre part, les conditions météorologiques ont un impact sur l’effort physique à déployer. Une chaude journée d’été demande de conserver un effort physique plutôt modéré 42 comparativement à une journée où la température est tempérée (20 degrés Celsius comparativement à 30 degrés Celsius) afin d’éviter une déshydratation qui pourrait entraîner un coup de chaleur. Les journées pluvieuses influencent directement les conditions physiques du travailleur puisque son moral est atteint et une baisse d’énergie s’en suit automatiquement. Ils ont également ajouté que la pluie agit sur la vitesse de déplacement en forêt, puisque les arbres renversés deviennent glissants et demandent beaucoup plus d’attention lorsqu’ils marchent. La condition et l’endurance physique d’une personne contribuent au niveau du travail physique à déployer dans une journée. 4.1.2 Le traitement salarial Tous les travailleurs sont rémunérés à la journée, les salaires varient entre 120 $/jour et 170 $/jour selon leur ancienneté dans la compagnie et leur expérience dans la réalisation de placette temporaire ou permanente. Ils sont responsables de fournir leur botte de travail. L’entreprise donne 70 $ par années pour l’achat d’un imperméable et le reste du matériel de travail est fourni par l’entreprise. Les travailleurs s’entendent pour dire que le nombre d’heures travaillé dans une journée peu variée selon les conditions terrains mentionnées précédemment. Elles peuvent varier entre 8 et 12 heures par jour. Par exemple, cette variation peut être due à l’accessibilité du site à inventorier ou à un véhicule défectueux. Cependant, ils désirent tous sans exception minimiser leurs heures de travail en forêt dans une journée compte tenu du mode rémunération journalier. Dans l’intention de diminuer les heures de travail en forêt ils développent des méthodes leur permettant d’optimiser leur temps. Les travailleurs expérimentés (2 à 3 ans d’expérience) s’organisent pour travailler entre huit et dix heures par jours, donc les travailleurs moins expérimentés produisent dix à treize heures par jour. Le travail n’est pas totalement terminé lorsqu’ils sont de retour au camp, ils sont tenus de 43 transférer les données récoltées dans un ordinateur. Ils doivent également noter des informations obtenues sur les arbres-études dans les placettes échantillons. Dernièrement, il planifie la journée du lendemain. En déterminant les chemins à emprunter pour se rendre au secteur à inventorier et en transférant les positions géographiques (MTM) des placettes échantillons dans les GPS (Système de Positionnement Géographique). Le traitement des conditions salariales a amené les travailleurs à décrire quelques-unes de leurs tâches ou moyen qu’ils utilisent pour minimiser leurs heures de travail. Cependant, la question fondamentale se situe dans la satisfaction des rémunérations reçues pour le travail accompli. Ils sont satisfaits des salaires reçus dans la mesure où ils sont capables de réaliser leur travail tout en ne dépassant pas dix heures par jour. Le salaire leur convenait du fait que le logement, la nourriture et le transport sont incluent lors des périodes de travail. 4.1.3 Éloignement et qualité de vie au travail Dans le contexte de cette étude, les périodes de travail ont une durée variant entre 10 et 15 jours consécutifs. Les quarts de 10 jours sont accompagnés de 4 jours de congé et les quarts de 15 jours sont accompagnés de 6 jours de congé. La longueur de ces périodes (10 ou 15 jours) est principalement due à l’éloignement des régions de travail. La première et la dernière journée sont utilisées à des fins de transports. L’employeur décide de la durée des quarts de travail lorsqu’il planifie les offres de services au client. Durant une période de 10 jours de travail, il est possible de remarquer une certaine accumulation de fatigue à partir de la huitième journée de travail pour les travailleurs en général. Toutefois, les conditions terrains et météorologiques (pluie et chaleur) ainsi que le degré d’accessibilité du secteur à inventorier sont des éléments étant susceptible d’influencé le recul ou l’avancement de cette journée pointée. Les conditions physiques de chacun des 44 travailleurs et leurs profils personnels influents également le niveau de fatigue durant une période de travail. L’éloignement et la qualité de vie au travail ont été jumelés ensemble puisque l’influence de l’éloignement sur un travailleur peut être réduite en améliorant leur qualité de vie. En choisissant des campements convenables et de la très bonne nourriture, un employeur diminue grandement l’influence de l’éloignement. La signification d’un campement convenable peut varier selon les individus. Cependant, pour les travailleurs forestiers en général, un camp convenable, c’est un endroit où il y a une salle de bain, des lits propres, et une sale de repos. Concernant les niveaux d’attente envers la nourriture, les observations m’amènent à affirmer que les travailleurs forestiers sont très exigeants. En plus, d’une grande variation des goûts de chacun, les travailleurs désirent avoir de la variété de repas servi au cours d’une période de travail. Ils veulent également avoir des repas complets (viande, légume, céréale, produit laitier) et non des fritures. Selon mes observations, ceci s’explique par le fait que les techniciens dépensent beaucoup d’énergie lors l’accomplissement de leurs tâches. De plus, certains ne mangent pas beaucoup de nourriture pour le dîner, afin de ne pas ralentir leur rendement. La digestion demande de l’énergie et un gros repas pour le dîner demande au corps de l’énergie supplémentaire. Cependant, ces observations varient selon les individus. En résumé, la durée des périodes de travail versus nombre de jours de congé, le logement et la nourriture sont des facteurs à analyser par un employeur puisqu’ils influencent la main-d’œuvre. 45 Tableau 4.1 Liste de facteurs influençant le recrutement et le maintien de la main-d’oeuvre selon l’observation des travailleurs. Facteurs 1) Exigence du travail physique Condition et endurance physique Conditions terrains naturelles (Type de peuplement, perturbation naturelle, travail extérieur) Conditions terrains de nature anthropique (infrastructure en place, récolte de la matière ligneuse) Distance de marche Conditions météorologiques Niveau de productivité à atteindre 2) Traitement salarial Salaire Avantages sociaux (Logement, nourriture, transport) Type de rémunération (journalier) Satisfaction des salaires reçus 3) Variables influançant l'accomplissement des tâches Nombre d'heures de travail à accomplir afin d'exécuter les tâches Méthode de travail Expérience des travailleurs 4) Éloignement des travaux Durée des séjours de travail versus nombre de jours de congé Climat de travail 5) L'aspect saisonnier du travail Déroulement des travaux de juin à octobre Facteurs influençant Facteurs influençant le recrutement le maintien X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X Il est possible de remarquer que les facteurs agissants sur l’effort physique à déployer agissent davantage sur le maintien des personnes dans la compagnie que sur leur recrutement. Le nombre d’heures de travail nécessaires pour réaliser les tâches, les méthodes de travail et l’expérience des travailleurs influence la conservation du personnel dans l’entreprise. Le traitement salarial, la durée des séjours de travail versus le nombre de congés et le climat de travail influencent la problématique dans les deux cas. 46 4.2 RÉSULTAT DE L’ENTREVUE AVEC LE DIRECTEUR DES INVENTAIRES DE LA FIRME DE CONSULTANT La série de questions posées au directeur des inventaires avait en partie pour but d’obtenir une liste de facteurs pouvant influencer le recrutement et le maintien de la maind’oeuvre dans l’entreprise. Premièrement, le groupe de facteurs tirés de l’entrevue est présenté. Ensuite, une partie de l’entretien est publiée afin d’être en mesure de répondre aux questions recherche (# 2 et # 3). La totalité des résultats de l’entrevue est présentée en Annexe 1. 4.2.1 Facteurs influençant le recrutement et le maintien Selon le directeur des inventaires, les principales variables sont l’exigence du travail physique, les conditions salariales, les tâches reliées au travail et l’éloignement des travaux. Le tableau 4.2 présente ces éléments et leur impact sur la problématique à l’étude. 47 Tableau 4.2 Liste de facteurs influençant le recrutement et le maintien de la main-d’oeuvre selon les résultats de l’entrevue auprès du directeur des inventaires. Facteurs 1) Exigence du travail physique Condition et endurance physique Conditions terrains naturelles (Type de peuplement, perturbation naturelle, travail extérieur) Conditions terrains de nature anthropique (infrastructure en place, récolte de la matière ligneuse) Distance de marche Conditions météorologiques Niveau de productivité à atteindre Facteurs influençant Facteurs influençant le recrutement le maintien X X X X X X X X 2) Traitement salarial Salaire Avantages sociaux (Logement, nourriture, transport) Type de rémunération (journalier) Satisfaction des salaires reçus 3) Variables influançant l'accomplissement des tâches Nombre d'heures de travail à accomplir afin d'exécuter les tâches Nombre de variables à mesurer Méthode de travail Expérience des travailleurs 4) Éloignement des travaux Durée des séjours de travail versus nombre de jours de congé Climat de travail 5) L'aspect saisonnier du travail X X X X X X Déroulement des travaux de juin à octobre 6) Image sociale de la profession de forestier X X X X X X X X X X X X L’importance de l’exigence physique du travail a davantage de répercussions au niveau du maintien. Selon le directeur des inventaires, le type de rémunération (journalier) n’a pas d’effet sur le recrutement de la main-d’oeuvre. Les variables reliées à l’accomplissement des tâches touchent seulement la problématique de maintien des ouvriers dans la compagnie. L’éloignement des travaux et l’aspect saisonnier du travail agissent sur les deux phénomènes 48 étudiés. L’image sociale de la profession de forestier altère les possibilités de recrutement de la main-d’oeuvre au sein des compagnies de consultant forestier. 4.2.1.1 Synthèse des réponses aux questions portant sur le recrutement et le maintien de la main-d’oeuvre Afin de répondre aux questions de recherches # 2 et # 3, je présente une synthèse des résultats concernant les techniques de travail, la satisfaction des travailleurs vis-à-vis leur salaire, l’éloignement des travaux, le recrutement et la mobilisation des ressources humaines. Les techniques de travail Une variété de moyens est utilisée par les techniciens pour augmenter leur productivité dans le but de diminuer le temps passé en forêt. Lors de l’entrevue avec le directeur des inventaires, je me suis intéressée plus particulièrement aux méthodes employées chez la plupart des travailleurs. Dans une équipe de travail, chaque personne a des tâches à faire. Elles connaissent leurs responsabilités et elles possèdent le matériel nécessaire pour les exécuter dans leur sac à dos. Le travail devient donc répétitif et permet ainsi d’améliorer les techniques de travail. L’aspect de la préparation des journées en soirée est également un point important dans le perfectionnement de la productivité. La planification du réseau routier à emprunter pour accéder au territoire à inventorier permet de réduire le temps de transport. La préparation du matériel en soirée permet aussi d’augmenter le rendement parce que suite au déjeuner, ils sont prêts à partir sur le terrain. Lors de la réalisation des placettes échantillons, les techniques de travail sont développés en fonction des critères d’évaluations basés sur la qualité de la prise des données. 49 Satisfaction des travailleurs vis-à-vis leur salaire D'après le directeur des inventaires, les travailleurs sont satisfaits de leur salaire en général. Il précise qu’il observe cette satisfaction notamment depuis 2003. Cette année-là, les revenus des techniciens ont été augmentés. La dernière augmentation des honoraires remonte à loin puisqu’auparavant il n’y avait pas de reconnaissance de ce type de travail (inventaire forestier). Antérieurement, n’importe qui pouvait faire ce travail. Maintenant ce n’est plus le cas, car il y a des variables à mesurer qui demande d’avoir des connaissances spécifiques. Les gens qui désirent faire de l’inventaire ont besoin de plus d’instruction et cette formation a un prix. Il m’a expliqué l’influence de la clientèle sur le montant des salaires. Ils sont contraints de suivre la vision de leur client envers la réalisation d’inventaire forestier. En tant que compagnie qui offre des services d’inventaire, ils doivent convaincre leur client que la formation des travailleurs qu’il emploie a un prix. Les clients doivent être conscient que plus les gens sont formés, plus le coût des travaux sera élevé. Il s’avérerait qu’au niveau des services offerts au gouvernement et aux municipalités, la compagnie aurait une plus grande facilité à vendre une équipe d’inventaire à un salaire qui est considéré « décent » pour l’entreprise. Au contraire, les industries forestières sont beaucoup moins enclin à payer des bons prix pour un service d’inventaire parce qu’ils considèrent que la qualité des données inventoriées a moins d’importance que celle qui doit être fournie au gouvernement. Éloignement des travaux Il croit que l’éloignement du travail affecte un peu tous les employés considérant le fait qu’ils vont tous travailler durant un séjour prédéterminé dans une région du Québec. Il mentionne que certains travailleurs gèrent mieux cette variable que d’autre. Selon lui, 50 l’éloignement peut faire en sorte que des personnes changent de métier ou de champs d’activité. Parfois les individus deviennent lassés de travailler en région éloignée et ce n’est pas juste due, à la famille, il a aussi observé ce phénomène chez les célibataires. La durée des séjours influence l’impact de l’éloignement sur les techniciens. Cependant, elle est beaucoup moins élevée que dans les années 70 et 80. Les agents d’inventaire devaient travailler durant toute la période de réalisation d’un mandat et ces périodes pouvaient s’échelonner entre 30 et 45 jours. À cette époque, la durée des séjours de travail n’avait pas d’importance, ce qui comptait c’était de faire le travail en entier avant de quitter. Les gens étaient habitués à cette structure et c’était convenable pour eux. Ensuite, la durée des périodes de travail a commencé à descendre. Elles sont passées par les 21 - 7 (21 jours de travail, 7 jours de congé), les 15 - 6 (15 jours de travail, 6 jours de congé) pour arriver aujourd’hui avec 10 jours de travail et 4 jours de congé (communément appelé 10 - 4). Il est préférable pour la compagnie de ne pas réduire davantage le nombre de jours travaillés puisque les employés perdent le focus sur le travail. Ce phénomène a été observé pour les quarts de 5 jours de travail suivi de 2 jours de congé. Il a également été mentionné qu’il est nécessaire de bien loger et nourrir les employés afin de diminuer l’effet de ce facteur sur les travailleurs. Le recrutement Le recrutement se fait sur les sites gouvernementaux d’emploi, dans les écoles et grâce au bouche à oreille. Il s’échelonne sur toute l’année, mais les principaux mois d’activité sont entre janvier et avril. Les coûts annuels associés à cette activité varient entre 0 et 10 000 $ pour le département d’inventaire. Le taux de roulement des techniciens en inventaire est faible, il est de 10 %. Ils sont trente techniciens, seulement trois d’entre eux ne reviennent pas 51 à chaque année. L’employeur accepte ce taux de roulement. Il ne désire pas que ça devienne plus bas, parce qu’il croit que l’arrivée de quelques nouvelles personnes dans une équipe de travail motive la troupe déjà en place. Je me suis informée de l’impact économique d’une augmentation de ce taux, malgré le fait que le taux de renouvellement de personnel est petit pour cette compagnie. Il se traduirait par une baisse de la valeur des soumissions offertes aux clients. Les employés aurait moins d’expérience dans la réalisation des services offerts par la compagnie et en résulteraient une chute la qualité du travail. Une réduction de la valeur des soumissions entraîne également une diminution des salaires versés aux employés. Les personnes finissent donc par quitter le travail, faute d’un salaire adéquat. De plus, une grande quantité de nouveaux salariés crée une augmentation des coûts de formation. Le maintien des subordonnées dans l’entreprise est tout d’abord basé sur le profil des candidats recherchés. Une bonne équipe doit posséder différents types de sujets. L’employeur favorise cette diversification, car des employés avec une personnalité semblable créer une équipe homogène. Malgré tout, certains éléments sont demandés auprès de ces individus : • Bonne condition et endurance physique; • polyvalence; • formation technique ou professionnel en aménagement forestier; • diplômé favorisé; • capacité de prendre des bonnes décisions rapidement. 52 4.3 CONCLUSION DES RÉSULTATS Les résultats de l’entretien avec le directeur des inventaires et ceux obtenus avec les observations des travailleurs coordonnent sur certains points particuliers au niveau des facteurs étant susceptibles d’influencer le recrutement et le maintien des techniciens forestiers dans l’entreprise. Afin de savoir plus particulièrement quelles sont ces différences, la combinaison des résultats est présentée dans le chapitre 5. 53 5. DISCUSSION On retrouve dans ce chapitre les réponses aux questions de recherche. La combinaison des résultats obtenus auprès des travailleurs et du directeurs des inventaires est présenté en premier lieu. Ensuite, on déterminera s’il y a oui ou non un problème de recrutement et de maintien des techniciens forestiers réalisant l’inventaire forestier. Les deux dernières questions s’intéressent à savoir quels sont les facteurs qui affectent le recrutement et le maintien de la main-d’oeuvre pour une entreprise de consultant forestier établie au Québec. La quatrième division discutera de quelle façon l’organisation gère l’embauche. La cinquième section définira de quelle façon la firme gère le maintien des travailleurs. 5.1 COMBINAISON DES RÉSULTATS La combinaison des résultats permet de comparer la vision des travailleurs et celles de l’employeur vis-à-vis les facteurs altérant le recrutement et le maintien de la main-d’oeuvre (Tableau 5.1). 54 Tableau 5.1 Combinaison des résultats obtenus auprès des travailleurs et du directeur des inventaires Facteurs influençant le recrutement Facteurs Observation chez les travailleurs Selon le directeur des inventaires X X Facteurs influençant le maintien Observation chez les travailleurs Selon le directeur des inventaires X X X X 1) Exigence du travail physique Condition et endurance physique Conditions terrains naturelles (Type de peuplement, perturbation naturelle, travail extérieur) Conditions terrains de nature anthropique (infrastructure en place, récolte de la matière ligneuse) Distance de marche Conditions météorologiques Niveau de productivité à atteindre X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X 2) Traitement salarial Salaire Avantages sociaux (Logement, nourriture, transport) Type de rémunération (journalier) Satisfaction des salaires reçus 3) Variables influançant l'accomplissement des tâches Nombre d'heures de travail à accomplir afin d'exécuter les tâches Nombre de variables à mesurer Méthode de travail Expérience des travailleurs 4) Éloignement des travaux Durée des séjours de travail versus nombre de jours de congé Climat de travail X X X X X X X X 5) L'aspect saisonnier du travail Déroulement des travaux de juin à octobre 6) Image sociale de la profession de forestier X L’observation des résultats permet de constater que selon la liste de variables obtenue un plus grand nombre d’entre elles agiraient au niveau de la problématique de maintien de la main-d’oeuvre comparativement à celle de l’embauche. Il est aussi possible de remarquer que les variables modifiant l’accomplissement des tâches n’affecteraient pas le recrutement selon le directeur des inventaires et les observations faites chez les techniciens forestiers. L’entrevue a permis d’obtenir deux facteurs supplémentaires. L’aspect saisonnier du travail et l’image sociale de la profession de forestier n’avaient pas été relevés lors des discussions avec les technologues. 55 5.2 PROBLÈME DE RECRUTEMENT ET DE MAINTIEN DE LA MAIN-D’OEUVRE POUR LA FIRME DE CONSULTANT FORESTIER Dans cette section on retrouve la réponse à la question trois, soit « L’entreprise a-t-elle un problème de recrutement et de maintien des techniciens forestiers? ». Le taux de roulement annuel des techniciens en inventaire est de 10 %. La compagnie emploi approximativement 30 technologues et la majorité on obtenus leur diplôme en aménagement forestier. Afin de combler les postes manquants, la firme engage 3 personnes chaque année et certains sont des étudiants en foresterie. Le directeur du département des inventaires ne désire pas que le pourcentage de remplacement soit plus bas puisqu’il considère que l’arrivée de nouveau employée stimule les équipes. La valeur du taux de roulement et l’appréciation de ce taux par l’employeur justifient le fait que l’organisation ne possède pas de problème de recrutement et de maintien des techniciens en inventaire. Cependant, cette observation va à contresens de la littérature, le contenu des rapports du CSMOAF mentionne la présence d’une problématique de recrutement et de maintien de la main-d’oeuvre pour les compagnies œuvrant dans le domaine de l’exploitation et des activités de soutien à la foresterie dans la province de Québec. Leur justification se base principalement sur des données de recensement et d’enquête réalisée par des firmes spécialisées. J’explique ce phénomène par le fait que les rapports du CSMOAF généralisent leurs résultats à l’ensemble de l’industrie forestière. À titre d’exemple, les données statistiques contenues dans leur rapport prouvent l’existence du vieillissement de la main-d’œuvre forestière dans le domaine de l’exploitation et des activités de soutien à la foresterie. Pourtant, lorsqu’on observe seulement la tranche des techniciens forestiers, aucune tendance majeure de vieillissement de la maind’œuvre n’est percevable. On retrouve même une augmentation de techniciens forestiers dans 56 la classe d’âge 15-24 ans. De plus, le CSMOAF justifie l’existence d’une problématique de recrutement et de maintien avec une diminution du nombre d’inscriptions en aménagement de la forêt. Malgré cette réalité, on observe quand même une légère augmentation du nombre de diplômes émit entre 1996 et 2003. Ce second phénomène justifie également l’absence d’un problème au niveau du recrutement. 5.3 FACTEURS INFLUENÇANT LE RECRUTEMENT ET LE MAINTIEN DES TRAVAILLEURS Certains facteurs influencent le recrutement et le maintien à la fois ou seulement l’un ou l’autre des deux éléments. Les facteurs affectant le recrutement et le maintien ensemble sont présenté dans la première partie. Ensuite, on retrouve les facteurs touchant seulement le recrutement et seulement le maintien dans les deux subdivisions ultérieure. 5.3.1 Recrutement et maintien Les observations faites auprès des techniciens et du directeur des inventaires révèlent que les facteurs suivants peuvent affecter à la fois le recrutement et le maintien des travailleurs : • la condition et l’endurance physique, les conditions météorologiques, le salaire, les avantages sociaux, la satisfaction des salaires reçus, l’éloignement des travaux et l’aspect saisonnier du travail. Les résultats révèlent que la condition et l’endurance physique sont susceptibles d’influencer le recrutement et le maintien des employés. Une personne qui n’est pas en mesure de déployé un effort physique important et soutenu durant une période de 6 à 7 mois possède davantage de chance de se démotivé et de quitter l’emploi ou tout simplement ne pas être attiré 57 par ce type d’emploi. Les conditions météorologiques demandent aux techniciens de détenir une très bonne résistance face aux chaleurs excessives pendant la saison estivale et aux pluies froides d’automne. Le salaire influence le recrutement et le maintien des techniciens forestier puisque la profession n’est pas reconnue de par les paires selon le directeur des inventaires. Le directeur des inventaires mentionne que les avantages sociaux sont le logement, le transport et la nourriture lors des séjours de travail. Le recrutement et le maintien des techniciens forestiers peut être affectés si la qualité de l’hébergement et de la nourriture est désuète parce que c’est une source de démotivation. Selon mes observations et l’entretien avec le directeur des inventaires, la satisfaction des salaires versée aux employés affecte le recrutement et le maintien des employés. Le maintien d’un employés est bouleversé lorsque l’individu n’est plus satisfait de son salaire. Le recrutement est influencé plutôt au niveau de l’image de la profession de forestier. Une reconnaissance salariale insuffisante des travailleurs n’incite pas d’autres personnes à se diriger dans ce corps de métiers. L’éloignement des travaux et l’aspect saisonnier du travail affectent le recrutement et le maintien puisque la plupart des employés vont travailler durant un séjour prédéterminé dans une région du Québec. Cependant, certains travailleurs gèrent mieux cette variable que d’autre. D’après le directeur des inventaires, l’éloignement peut faire en sorte que des personnes changent de métier ou de champs d’activité. Deux motifs supplémentaires ont été observés auprès de l’équipe de travail : les conditions physiques du terrain et la rémunération journalière. L’influence des conditions physiques du terrain s’explique par le fait que les salariés sont continuellement en contact avec les variations du territoire (Exemple : relief, perturbation et structure des peuplements). Le 58 type d’honoraires préoccupe davantage les employés qui réalisent plus de dix heures de travail dans une journée. Il visualise leur salaire journalier en salaire horaire et constate qu'il n'est pas très élevé. Le Comité interministériel (2001) divulgue des résultats semblables, il justifie le délaissement du métier de forestier professionnel par une rémunération faible, des normes minimales de travail, la saisonnalité, l’endurance physique, l’éloignement et les absences prolongées du foyer, manque de valorisation sociale du métier et peu de reconnaissance des compétences professionnelles. 5.3.2 Recrutement Lors de l’entrevue avec le directeur des inventaires, l’impact de l’image sociale de la profession de forestier sur le recrutement a été relevé. Il a expliqué que la profession n’est pas reconnue sur le plan légal et de par les paires. Ce phénomène entrainerait une dévalorisation du métier et ainsi des problèmes de recrutement. Le CSMOAF (2005) confirme que les problèmes de recrutement sont influencé par une diminution du nombre d’inscription en aménagement forestier et par une mauvaise image de la disponibilité d’emploi dans ce domaine. De plus, leur rapport de 2001 mentionne que la profession de forestier est délaissé par un manque de valorisation sociale (Comité interministériel 2001). 5.3.3 Maintien Toutes les variables se trouvant dans le tableau 5.1 affectent le maintien des techniciens oeuvrant dans l'inventaire mis à part un seul « L'image sociale de la profession de forestier ». Toutefois, les ouvrages sur le sujet n’excluent pas l'effet de ce paramètre sur la problématique de préservation de la main-d'œuvre comme mentionné dans la section 5.2.1 59 (manque de valorisation sociale du métier). D'après le directeur des inventaires, les éléments suivant perturbent le maintien des technologues dans l'entreprise : le nombre d'heures de travail nécessaire afin d'exécuter la récolte des données, le nombre de variables à mesurer, les méthodes de travail et l'expérience des ouvriers. Les éléments de cette liste sont inter relié. Le nombre d’heures de travail peut varié selon le nombre de variable à mesurer dans une placette échantillon et selon les méthodes de travail utilisé pour récolté ces données. Les méthodes de travail sont également influencé par l’expérience des ouvriers, plus un travailleur a de l’expérience dans la réalisation d’inventaire forestier plus les probabilités d’avoir développé des méthodes de travaille efficaces sont élevées. 5.4 GESTION DU RECRUTEMENT DANS L’ENTREPRISE Le recrutement des agents d’inventaires est fait par l’entremise des sites gouvernementaux d’emploi (Emploi Québec). L’employeur se présente également dans les écoles offrant des formations en aménagement forestier afin de rencontrer des candidats. Le bouche à oreille permet aussi de recruter les techniciens forestiers. L’embauche s’échelonne sur toute l’année, mais les principaux mois d’activités se situent entre janvier et avril. Le directeur des inventaires précise qu’il est important de ne pas retarder l’embauche au mois de mai puisque plusieurs candidats potentiels ont déjà trouvé leur boulot à ce moment. Dans l’intention d’établir et de conserver un contact avec les personnes, l’employeur rencontre tous les postulants qui proposent leur service même s’il n’y a pas d’emploi disponible. L’entreprise garde toujours la porte ouverte à de nouveaux aspirants, cette stratégie permet d’encourager les individus à poser leur candidature. Les coûts de recrutement annuels pour le département d’inventaire varient entre 0 et 10 000 $. 60 Une bonne planification de l’embauche contribue à un meilleur recrutement, mais n’empêche pas l’impact des facteurs influençant le recrutement. Le recrutement est influencé par les variables de l’emploi et de l’individu indépendantes de l’employeur. Par exemple, on retrouve la condition et l’endurance physique d’une personne, les conditions physiques du terrain, les conditions météorologiques, l’aspect saisonnier du travail et l’image sociale de la profession. Dans la littérature, on inscrit l’aspect saisonnier et l’image sociale de la profession comme étant des facteurs étant susceptible d’influencer le recrutement des entreprises forestières. 5.5 GESTION DU MAINTIEN DES TECHNICIENS FORESTIERS DANS L’ENTREPRISE La théorie des besoins de Maslow (1943) s’inscrit dans la psychologie du travail, car elle décrit les leviers de motivation d’un individu. Le maintien des employés dans peut donc s’expliquer avec cette théorie puisqu’il est en lien avec la motivation. Abram Maslow a hiérarchisé cinq grands besoins sous une forme pyramidale : besoins physiologiques, besoin de sécurité, besoin d’appartenance, besoin d’estime et besoin de s’accomplir. Selon cet auteur, on réalise les besoins à la base avant de passer à un niveau supérieur. L’employeur veut une équipe diversifiée. Il croit que les différents profils de personnes contribuent au maintien des employés puisqu’ils associent cette diversité à un climat de travail favorable. La diversification du profil des individus dans une équipe de travail s’associe aux besoins d’appartenances de la pyramide de Maslow. De plus, la sauvegarde des agents d’inventaires dans la firme se situe au niveau de la durée des séjours de travail (10 -4), de la qualité de l’hébergement et de la nourriture fournie durant ces périodes. La durée des séjours de travail ainsi que la qualité de l’hébergement et de la 61 nourriture s’inscrivent dans la catégorie des besoins physiologiques et de sécurité d’un individu. Les techniques de travail inculqué aux personnels sont également des moyens pour diminuer le désintéressement des techniciens. Un travailleur qui parvient à réaliser régulièrement ses tâches journalières en dix heures possède davantage de chance d’apprécier ses responsabilités et d’être motivé. En plus de participer au maintien des spécialistes en inventaire, la séparation des tâches dans une équipe favorise l’amélioration de la qualité des travaux et du rendement. Les techniques de travail et la séparation des tâches dans une équipe de travail permettent de remplir le besoin d’estime et le besoin de s’accomplir. La satisfaction des salaires reçus joue un rôle pour la conservation des ouvriers dans la firme. Les variables à mesurer lors des inventaires demandent d’avoir acquis des connaissances spécifiques. Les travailleurs possèdent des formations techniques et professionnelles en aménagement forestier. La compagnie considère que l’éducation dans le domaine a une valeur monétaire. Elle s’engage à persuader ses clients de l’importance d’une telle instruction dans l’exécution des travaux. À partir du moment où les clients sont convaincus, les coûts chargés peuvent être plus élevés. Cette hausse permet alors d’augmenter les salaires versés aux personnels. La satisfaction des salaires s’associe aux besoins physiologiques et la reconnaissance de l’éducation en aménagement forestier pour leurs employés contribue à remplir le besoin d’estime des travailleurs. 62 6. CONCLUSION Depuis quelques années, nous développons des stratégies de développement et de mises en valeur et de la main-d’oeuvre en aménagement forestier dans l’intention de contrer une problématique de recrutement et de maintien des employés dans les compagnies forestières. La généralisation de ce problème à l’ensemble de l’industrie forestière m’a incité à vérifier si ce phénomène s’applique bel et bien aux techniciens forestiers réalisant l’inventaire forestier auprès des firmes spécialisées dans ce domaine. J’ai donc entrepris une étude de cas qui s’intéresse aux facteurs qui influencent le recrutement et le maintien des techniciens réalisant l’inventaire forestier. Cette recherche vise également à déterminer quels sont les moyens utilisés par une entreprise pour gérer le recrutement et le maintien des travailleurs. Enfin, j’ai déterminé si cette entreprise possédait un problème de recrutement et de maintien des techniciens forestiers. J’ai utilisé les méthodes de recherches telles que les observations des travailleurs et une entrevue avec le directeur des inventaires d’une firme de consultant forestier pour rencontrer les objectifs de l’étude. En conclusion, plusieurs facteurs exercent une influence sur le recrutement et le maintien des techniciens réalisant l’inventaire forestier. L’importance de l’effort physique à déployer, le salaire, l’éloignement, la saisonnalité de l’emploi et l’image sociale de la profession sont des variables prenant part à la problématique. Malgré le fait qu’une entreprise possède les meilleurs moyens pour recruter, certains facteurs sont indépendants de l’employeur : l’effort physique à déployer, la saisonnalité de l’emploi et l’image sociale de la profession. La compagnie a un contrôle sur les salaires versés et sur la durée des séjours de travail en région éloignée. Néanmoins, la firme de consultant forestier à l’étude n’a pas de problème de recrutement et de maintien de la main-d’oeuvre avec un taux de roulement annuel 63 des agents d’inventaires de 10 %. À la suite de cette étude, ma recommandation est de valider auprès d’autres entreprises semblables si le même phénomène s’applique pour la tranche de travailleurs oeuvrant dans l’inventaire forestier. Malgré tout, il existe tout de même une problématique de recrutement et de maintien de la main-d’oeuvre dans le secteur de l’aménagement forestier au Québec. Est-ce que la crise de l’industrie forestière dans laquelle nous souscrivons affecte davantage l’image de la profession et ainsi crée une diminution du nombre d’inscriptions dans les programmes de formation en foresterie? 64 RÉFÉRENCES Cascio, W.F., Thacker, J.W., Blais, R. 1999. La gestion des ressources humaines. Les Éditions de la Chenelière inc. Montréal (Québec). (Cascio 1999). Comité interministériel, 2001. Développement de la main-d’œuvre en aménagement forestier. Gouvernement du Québec, Québec. [En ligne] Adresse URL : http://www.mrn.gouv.qc.ca/publications/forets/amenagement/RAPPORT.pdf Comité sectoriel de la main-d’oeuvre en aménagement forestier (CSMOAF 2005), 2005. Diagnostique sectoriel de la main-d’oeuvre en aménagement forestier. Gouvernement du Québec, Québec [En ligne] Adresse URL : http://www.csmoaf.com/new/pdf/diagnostic_s/d_secto_06.pdf De Ketele, J.-M., Rogiers, X. 1996. Méthodologie du recueil d’informations (troisième édition). DeBoeck Université, Paris, Bruxelles Dionne, L., Pelletier, G. 1997. Des forêts et des hommes 1880-1982. Centre d’archives de Québec des Archives nationales du Québec. Ste-Foy (Québec). Dubeau et al. 2005. Le dégagement de la régénération, l’effet réel...sur le travailleur. L’aubelle numéro 149, été-automne, 1-43. Dubois, H. 2001. Petit dictionnaire d’un forestier (deuxième édition). Édition de la forêt, Langres, Saints-Geosmes. Fortin, M.-F. et al. 2006. Fondement et étapes du processus de recherche. Chenelière Éducation, Montréal. Gauthier, G. 2000. La structure de la preuve, Recherche sociale. De la problématique à la collecte des données. Presse de l’Université du Québec, Québec. 65 Gouvernement du Canada, Service Canada, Assurance emploi (Page consulté le 10 janvier 2008). Service Canada, [En ligne] Adresse URL : http://www1.servicecanada.gc.ca/fr/ae/menu/accueilae.shtml Gouvernement du Québec, 2007. Le marché du travail au Québec, perspective professionnelles 2006-2010. 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Statistique Canada, Thériault, C. 2004. Expérience-pilote à Rimouski, des travailleurs forestiers au gym. Le soleil, actualité, samedi (17 avril, p. A30). 66 Toupin, D. 2004. Étude multidisciplinaire des débroussailleurs forestiers au Québec, Intégration des mesures de l’effort du travailleur dans le système de rémunération. [En ligne] Adresse URL : http://www.theses.ulaval.ca/2004/21932/21932.pdf Yin, R. 2003. Case Study Ressearch, (deuxième édition). Thousad Oaks (Calif.), Sage. Tiré du livre de Réhayem, G-P. 2003. 67 ANNEXE 1 Résultats de l’entrevue Exigences physiques demandées au technicien forestier Selon le directeur des inventaires, les techniciens doivent posséder une excellente condition physique puisque le travail est soutenu sur une période de 6 à 7 mois. Durant, cette période les travailleurs marchent beaucoup en forêt avec une charge à traîner (sac à dos). Les travailleurs doivent être très résistants physiquement et mentalement face aux conditions météorologiques et terrain. La chaleur de l’été et les pluies d’automne influencent les conditions physiques du travailleur. Une chaleur intense demande plus d’énergie à une personne qui déploie un effort physique afin de rétablir la température du corps. La déshydratation est aussi plus rapide dans de telles conditions. En plus de posséder une bonne résistance physique face aux intempéries, les travailleurs doivent posséder une bonne capacité mentale pour supporter les conditions météorologiques. Il existe l’influence des conditions terrains naturelles et des facteurs anthropiques. Les conditions terrains sont reliées au relief, à la quantité et à la grosseur des composantes hydriques à contourner, à la qualité de la forêt au point vu de la densité et de la composition des peuplements. Les attaques de la tordeuse des bourgeons d’épinettes augmentent le nombre de débris ligneux au sol et la densité de la régénération. L’influence de l’homme et de la machinerie sur un terrain peut affecter le niveau d’effort physique à déployer par rapport à l’accessibilité d’un territoire à inventorier. Les chemins d’hiver peuvent rallonger les distances de marches, car ils ne sont pas conçus pour le transport en saison estivale. Les barrages de castor créé parfois des inondés dans les chemins 68 et une fois de plus la distance de marche est augmenté. Les secteurs de coupe à traverser sont remplient d’ornière à traverser par les travailleurs. Les conditions salariales et les tâches reliées à l’emploi Les conditions salariales et les tâches réalisées par les techniciens forestiers sont traitées ensemble puisque la satisfaction du salaire versé pour l’accomplissement des tâches peut affecter le recrutement et le maintien de la main-d’oeuvre au sein d’une entreprise. Les facteurs influençant l’application des tâches en inventaire forestier seront aussi décrits. Les résultats de cette section de l’entrevue sont divisés en trois parties. En premier lieu, le salaire et la productivité seront regroupés dans une même partie. En deuxième lieu, les facteurs influençant le nombre d’heures de travail par jour et les techniques de travail employé pour augmenter la productivité seront traités. La dernière partie se penchera sur la satisfaction des travailleurs vis-à-vis leur salaire. Salaire et productivité Le mode de rémunération utilisé par l’entreprise est journalier puisque c’est plus difficile à évaluer sur une base horaire. L’entreprise a besoin d’un montant fixe pour préparer les offres de services et ainsi évaluer comment un contrat d’inventaire peut coûter. Le salaire moyen journalier pour l’ensemble des techniciens de l’entreprise est de 150 $ par jour pour approximativement dix heures de travail par jour. Généralement pour les mandats gouvernementaux, la productivité demandée est de 4 placettes temporaires par jour ou de deux placettes permanentes par jour. La productivité exigée peu variée selon le nombre de variables à mesurer, le réseau routier en place, la proximité d’un logement près du site de travail. Il est important de noter que la production 69 demandée aux travailleurs est basée sur des standards élevés, ce n’est jamais à la baisse qu’on planifie le rendement. On demande toujours un peu plus. Les employés travaillent le soir. Il termine leur journée en validant que les données récoltées soient conformes et claires. Ils vérifient le réseau routier et remplacent le matériel brisé. Le directeur des inventaires mentionne que ce fait constitue une grosse différence avec les débroussailleurs et les reboiseurs. Souvent, ils n’ont pas de travail à faire le soir parce qu’ils n’ont pas récolté de données durant la journée. En général, il y a toujours du travail le soir pour les gens responsables de la gestion, de la supervision et des mesures prisent en forêt. Les avantages sociaux reliés à la rémunération durant un mandat sont le logement, le transport, la nourriture. Au niveau du personnel plus régulier, il y a des assurances collectives, le paiement des congés fériés et les bonus de performance accordés au chargé de projet. Facteurs influençant le nombre d’heures de travail par jour et les techniques de travail Facteurs influençant le nombre d’heures de travail Considérant le mode de rémunération journalier, c’est à l’avantage des employés de faire leurs tâches vites et bien pour ne pas avoir à retourner aux placettes déjà réalisées. En fait, la compagnie veut d’abord avoir de la qualité. Une fois que les travailleurs sont capables d’atteindre cette qualité, il devient à leur avantage de diminuer le nombre d’heures pour réaliser le travail. Le nombre d’heures de travail par jour peu varier selon les facteurs naturels, les conditions météorologiques, le type de mandat, le nombre de variables à mesurer, la précision des données récoltées, l’accessibilité au territoire et l’expérience des techniciens dans le domaine. 70 La charge de travail varie selon le type de mandat. Par exemple, la réalisation de placette à rayon variable pour l’industrie est beaucoup plus rapide comparativement à la réalisation de placette à rayon fixe pour le gouvernement. Le nombre de variables à mesurer et la précision des données récoltées sont plus élevés dans le deuxième cas et peuvent augmenter le nombre d’heures de travail par jour. Selon le directeur des inventaires, l’utilisation de l’hélicoptère permet de finir les journées dans un plus bref délai, car les journées débutent plus tôt et se terminent plus tôt. L’expérience de travail des techniciens dans l’inventaire leur permet de prendre de bonnes décisions plus rapidement et de diminuer le nombre d’heures de travail en forêt. Le superviseur de l’inventaire donnait l’exemple suivant : « Disons toutes les équipes de travail dans les mêmes conditions, c’est sûr qu’il y en a qui finissent avant. ». Il a mentionné que la composition des équipes pouvait aussi influencer la vitesse de travail. Il doit monter les équipes de travail adéquatement au départ et être prêt à les changer en cas de besoin. Les techniques de travail Une variété de moyens est utilisée par les techniciens pour augmenter leur productivité dans le but de diminuer le temps passé en forêt. Lors de l’entrevue, je me suis intéressée plus particulièrement aux méthodes employées chez la plupart des travailleurs. Dans une équipe de travail, chaque personne a des tâches à faire. Elles connaissent leurs responsabilités et elles possèdent le matériel nécessaire pour les exécuter dans leur sac à dos. Le travail devient donc répétitif et permet ainsi d’améliorer les techniques de travail. L’aspect de la préparation des journées en soirée est également un point important dans le perfectionnement de la productivité. La planification du réseau routier à emprunter pour accéder au territoire à inventorier permet de réduire le temps de transport. La préparation du matériel en soirée 71 permet aussi d’augmenter le rendement parce que suite au déjeuner, ils sont prêts à partir sur le terrain. Lors de la réalisation des placettes échantillons, les techniques de travail sont développés en fonction des critères d’évaluations basés sur la qualité de la prise des données. Satisfaction des travailleurs vis-à-vis leur salaire D'après le directeur des inventaires, les travailleurs sont satisfaits de leur salaire en général. Il précise qu’il observe cette satisfaction notamment depuis 2003. Cette année-là, les revenus des techniciens ont été augmentés. La dernière augmentation des honoraires remonte à loin puisqu’auparavant il n’y avait pas de reconnaissance de ce type de travail (inventaire forestier). Antérieurement, n’importe qui pouvait faire ce travail. Maintenant ce n’est plus le cas, car il y a des variables à mesurer qui demande d’avoir des connaissances spécifiques. Les gens qui désirent faire de l’inventaire ont besoin de plus d’instruction et cette formation a un prix. Il m’a expliqué l’influence de la clientèle sur le montant des salaires. Ils sont contraints de suivre la vision de leur client envers la réalisation d’inventaire forestier. En tant que compagnie qui offre des services d’inventaire, ils doivent convaincre leur client que la formation des travailleurs qu’il emploie a un prix. Les clients doivent être conscient que plus les gens sont formés, plus le coût des travaux sera élevé. Il s’avérerait qu’au niveau des services offerts au gouvernement et aux municipalités, la compagnie aurait une plus grande facilité à vendre une équipe d’inventaire à un salaire qui est décent. Au contraire, les industries forestières sont beaucoup moins enclin à payer des bons prix pour un service d’inventaire parce qu’ils considèrent que la qualité des données inventoriées a moins d’importance que celle qui doit être fournie au gouvernement. 72 Éloignement des travaux Cette section explique la vision du directeur des inventaires concernant l’impact de l’éloignement et de la durée des séjours de travail sur les travailleurs. Elle précisera de quelle manière l’entreprise gère l’aspect saisonnier du travail. En plus, elle décrira de quelle manière il croit que la société voit la profession de forestiers. Impact de l’éloignement et de la durée des séjours de travail sur les travailleurs Il croit que l’éloignement du travail affecte un peu tous les employés considérant le fait qu’ils vont tous travailler durant un séjour prédéterminé dans une région du Québec. Il mentionne que certains travailleurs gèrent mieux cette variable que d’autre. Selon lui, l’éloignement peut faire en sorte que des personnes changent de métier ou de champs d’activité. Parfois les individus deviennent lassés de travailler en région éloignée et ce n’est pas juste due, à la famille, il a aussi observé ce phénomène chez les célibataires. La durée des séjours influence l’impact de l’éloignement sur les techniciens. Cependant, elle est beaucoup moins élevée que dans les années 70 - 80. Les agents d’inventaire devaient travailler durant toute la période de réalisation d’un mandat et les exodes pouvaient durer entre 30 et 45 jours. À cette époque, le nombre de temps n’avait pas d’importance, ce qui comptait c’était de faire le travail en entier avant de quitter. Les gens étaient habitués à cette structure et c’était convenable pour eux. Ensuite, la durée des périodes de travail a commencé à descendre. Elles sont passées par les 21 - 7 (21 jours de travail, 7 jours de congé), les 15 - 6 (15 jours de travail, 6 jours de congé) pour arriver aujourd’hui avec 10 jours de travail et 4 jours de congé (communément appelé 10-4). Il est préférable pour la compagnie de ne pas réduire davantage le nombre de jours travaillés puisque les employés perdent le focus sur le travail. Ce phénomène a été observé pour les quarts de 5 jours de 73 travail suivi de 2 jours de congé. Il a également été mentionné qu’il est nécessaire de bien loger et nourrir les employés afin de diminuer l’effet de ce facteur sur les travailleurs. L’aspect saisonnier du travail L’entreprise possède plusieurs départements, elle peut offrir aux travailleurs des emplois durant l’hiver. Le type d’emploi offert est un service technique dans les différents départements. Les travailleurs peuvent donc être attitrés soit à la dendrochronologie, à la photo-interprétation, à la création de carte forestière, à la réalisation de relevé faunique pour le gros gibier. La diversité dans l’entreprise permet en autre d’augmenter le recrutement et de maintenir la main-d’oeuvre qui est assignée à l’inventaire forestier. Opinion sur la profession de forestier J’ai jugé important de demander comment il croyait que la société voyait la profession de forestier puisque cette vision exerce une influence sur le recrutement de la main-d’oeuvre. Il a répondu en commençant par le fait que certains groupes de gens croient encore que n'importe quelle personne peut faire ce travail. La profession n’est pas reconnue sur le plan légal et de par les paires, ce phénomène entraîne en partie la dévalorisation du métier. C’est pour cette raison que les techniciens forestiers sont encore vus comme des hommes qui coupent du bois. Comme mentionnées précédemment, les industries veulent avoir des services d’inventaires de qualité, aux moindres coûts, il se préoccupe plus ou moins de la scolarité des gens qui réaliseront les travaux. Il est donc possible de dire que l’industrie crée un peu ce manque de personnel en disant que n’importe qui peut le faire pourvu que ce soit le moins cher possible. La compagnie essaie de faire comprendre aux gens l’importance de l’instruction dans le domaine. Maintenant, les variables à mesurer en forêt demandent d’avoir une formation adéquate pour atteindre les standards de qualités. De plus, il a mentionné que les 74 entreprises devront être en mesure d’offrir des salaires qui égalent les autres corps de métiers s’il désire attirer la relève dans ce domaine. Le recrutement Le recrutement se fait sur les sites gouvernementaux d’emploi, dans les écoles et grâce au bouche à oreille. Il s’échelonne sur toute l’année, mais les principaux mois d’activité sont entre janvier et avril. Les coûts annuels associés à cette activité varient entre 0 et 10 000 $ pour le département d’inventaire. Le taux de roulement des techniciens en inventaire est faible, il est de 10 %. Ils sont trente techniciens, seulement trois par années ne reviennent pas. L’employeur accepte ce taux de roulement. Il ne désire pas que ça devienne plus bas, parce qu’il croit que l’arrivée de quelques nouvelles personnes dans une équipe de travail motive la troupe déjà en place. Malgré le fait que le taux de renouvellement de personnel est petit pour cette compagnie. Je me suis informée de l’impact économique d’une augmentation de ce taux. Il se traduirait par une baisse de la valeur des soumissions offertes aux clients. Les employés aurait moins d’expérience dans la réalisation des services offerts par la compagnie et en résulteraient une chute la qualité du travail. Une réduction de la valeur des soumissions entraîne également une diminution des salaires versés aux employés. Les personnes finissent donc par quitter le travail, faute d’un salaire adéquat. De plus, une grande quantité de nouveaux salariés crée une augmentation des coûts de formation. Le maintien des subordonnées dans l’entreprise est tout d’abord basé sur le profil des candidats recherchés. Une bonne équipe doit posséder différents types de sujets. L’employeur favorise cette diversification, car des employés avec une personnalité semblable créer une équipe homogène. Malgré tout, certains éléments sont demandés auprès de ces individus : 75 • Bonne condition et endurance physique; • polyvalence; • formation technique ou professionnel en aménagement forestier; • diplômé favorisé; • capacité de prendre des bonnes décisions rapidement. La formation La certification ISO oblige la compagnie à établir des programmes de formation pour améliorer le rendement des groupes de travail, mais aussi pour perfectionner la connaissance du personnel à certains niveaux dans leurs champs d’activité. Plus précisément, il y a des formations pour les chargés de projet et pour les chefs d’équipe au niveau de l’évaluation des placettes échantillons et de la prise de données. Les méthodes de formation sont soit l’élaboration d’un plan de travail, les présentations PowerPoint, l’invitation d’un expert provenant d’organismes gouvernementaux comme le Ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec. L’évaluation de l’atteinte des objectifs de formation est faite grâce aux évaluations terrains qui permettent de vérifier la qualité de la prise de données. Les chargés de projets doivent aussi poser des questions aux travailleurs afin de s’assurer de la compréhension de la matière vue dans les formations. Le pourcentage de la masse salariale investi dans les programmes de formation est de 1 %. Toutefois, il précise qu’il donne de la formation indirecte tous les jours, mais celle-ci n’est pas documentée. 76 Mobilisation des ressources humaines L’entreprise ne possède pas de département de gestion des ressources humaines, il est donc difficile pour lui de ressortir les termes techniques de mobilisation du personnel. Néanmoins, il m’a expliqué que l’expérience de la firme au niveau des projets et du personnel permet de créer un cadre de travail favorable, proactif et dynamique. La grande implication des patrons dans les champs d’activités de la compagnie déteint sur le personnel et les guide vers une amélioration continue.