La partie continentale du bassin méditerranéen abrite une concentration exception-
nelle en espèces, notamment chez les végétaux supérieurs, les oiseaux, les reptiles
et les invertébrés. Sur cette surface égale à 2% de la superficie du globe, on recense
par exemple 20% des plantes à fleur et des fougères de la planète. En France, la
zone soumise au bioclimat méditerranéen ne représente que 11% du territoire natio-
nal, mais elle abrite environ les trois-quarts des végétaux supérieurs et entre 55 et
90% des vertébrés du pays. La forte richesse en espèces du bassin méditerranéen
s’explique aussi par l'histoire géologique et la biogéographie mouvementées de cette
région, auxquels s’ajoutent la diversité des habitats et des bioclimats, et l’ancienneté
de l’impact humain. Ayant abrité de nombreux refuges pendant les glaciations Plio-
Pléistocènes, c’est aussi un lieu de brassages de flores et de faunes, et de spécia-
tion active.
Une démographie en constante augmentation
La présence de l’homme est attestée depuis au moins 8000 ans. Les impacts les plus impor-
tants de la civilisation humaine ont été la déforestation, le pâturage intensif et les incendies,
et le développement des infrastructures, en particulier sur la côte, qui ont profondément arti-
ficialisé et fragmenté les milieux naturels depuis un siècle.
Environ 300 millions d'êtres humains vivent actuellement dans le bassin méditerranéen. Les
pénuries d'eau et la désertification sont parmi les problèmes les plus graves pour l’homme.
L’artificialisation et la fragmentation des habitats constituent les menaces sans doute les plus
sérieuses pour la persistance de la biodiversité. Nombre d’espèces endémiques dans le
bassin sont confinées à de très petits espaces et sont donc extrêmement vulnérables à la
perte d'habitat, le surpâturage et l'expansion urbaine (très visible à Marseille et suivi, à terre
comme en mer; dans le cadre de la mise en place du Parc National des Calanques).
Le développement du tourisme a un impact important sur les écosystèmes côtiers. Les rives
de la Méditerranée sont la plus grande attraction touristique dans le monde, avec 110 mil-
lions de visiteurs par an (30% des destinations touristiques mondiales), un chiffre qui devrait
doubler au cours des deux prochaines décennies. La construction de l'infrastructure touristi-
que et les impacts directs représentent donc un danger sans cesse croissant pour les zones
côtières. L’augmentation des populations humaines, permanentes et saisonnières, le long
des côtes va amplifier ces pressions qui concernent aussi bien les milieux continentaux que
marins. La prise en compte efficace de ces phénomènes, dans un cadre de développement
durable, nécessite une démarche intégrative dans l’étude de ces milieux et dans la recher-
che et la définition de modes de conservation dépassant nécessairement le clivage
terre/mer.
Les pressions engendrées
La composition et l'organisation de la faune, de la flore et des habitats marins et continen-
taux changent sous l'influence du climat et de l'activité humaine. Il est reconnu que cette
dernière est à l'origine de la détérioration de nombreux environnements et que depuis les 50
dernières années, la rapidité et l'extension de cette détérioration sont sans précédent, de
même que les conséquences de ces changements sur la diversité biologique. On distingue
parmi les causes de la perte et de la dégradation de la biodiversité :
9 Fragmentation et perte des habitats naturels
9 Augmentation de la population humaine et de l'exploitation concomitante des
ressources
9 Invasions biologiques
9 Pollutions (retombées atmosphériques - embruns et aérosols -, apports des
fleuves, des émissaires, mariculture, hydrocarbures, peintures anti-fouling, eaux
chaudes, intrants chimiques, détergents, métaux lourds, radionucléides, déchets, vi-
rus et bactéries [eaux usées], envasement, navigation de plaisance)
9 Augmentation des trafics maritime et terrestre, développement aéroportuaire
côtier