PINEL.
Le traitement moral renvoi également aux pratiques de l’église catholique, très présente et influente
au XIXè siècle. L’on pensait à l’époque, que certaines pathologies telles que la monomanie pouvaient
être traitées grâce au recours de pratiques religieuses. La parole, l’écoute ou la confession étaient
alors privilégiées.
Nous ne pouvons pas encore parler clairement d’altérité, comme nous l’entendons dans la
pratique clinique, mais la posture de P. PINEL et de J-B. POUSSIN marque une réelle prise en contre
de ce qu’est l’autre en tant que sujet en souffrance. Pour autant, ce bref rappel historique n’élucide
pas les questionnements bien actuels du soin dans un contexte d’interculturalité, entendu ici, comme
les différentes représentations des origines d’un syndrome, de son traitement et de sa guérison.
2. Présentation de l’objet d’étude
Les questions des liens entre la religion et le soin psychique me sont apparues dans la cadre
de mon activité professionnelle, d’assistant de service social dans un centre médico-psychologique
(CMP) en pédopsychiatrie, rattaché à un centre hospitalier spécialisé public.
Au cours d'entretien avec une famille ou lors d'une consultation, certains parents ont pu
exprimer leur croyance religieuse. Cette expression prend souvent la forme d'une phrase ou d'une idée
qui peut paraître anodine de prime abord, tel que "si Dieu le veut", "Inch Allah" ou "que dieu vous
bénisse". Parfois, la religion est exprimée par des rites religieux, tel que le baptême, la circoncision
ou le ramadan. J'ai également observé que certains parents expliquaient la cause des troubles de leur
enfant, par des manifestations de l'ordre du divin ou de croyances religieuses. La question du mauvais
œil, ou la question de la punition divine est clairement exprimée.
Ces discours m'interpellent à plusieurs niveaux. Ces familles sont en souffrance et elles
expriment par leurs paroles et leurs discours des éléments convoquant la religion. Or, les
professionnels du soin psychique que nous sommes, travaillons dans la majeure partie des cas avec
les propos des patients. Il n'est pas aisé pour les soignants d’intégrer ce discours empreint de religieux
dans le travail d’élaboration clinique. Ces discours peuvent être éloignés de nos références
professionnelles. Les soignants peuvent être alors pris dans des mouvements d’incompréhension,
d’incapacité à penser, voir d’un relatif rejet vis-à-vis de ces propos.
Ce mémoire présentera la situation d'une adolescente prénommée Dajana, dont les parents
musulmans, pensent qu'elle est possédée par un être malveillant, appelé djinn. Dajana est née au
Kosovo en 1998 et elle est arrivée en France avec le reste de sa famille en 2004.